A l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Evelyne Carrer, la présidente de l'association Femmes à Cherbourg-en-Cotentin était l'invitée d'Ici Matin Cotentin. Pour elle, étendre la possibilité du dépôt de plainte à l'hôpital est "une excellente idée".
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00:00Ici matin, il est 7h45. L'an passé, plus de 271 000 victimes de violences conjugales ont été accueillies par les forces de l'ordre en France.
00:09Pierre Coquelin.
00:10Aujourd'hui, 25 novembre, c'est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
00:14On en parle avec l'invitée d'ici matin, Cotentin, la présidente de l'association Femmes à Cherbourg.
00:19Bonjour Evelyne Carrère.
00:20Bonjour.
00:21Merci d'être présente dans nos studios ce matin.
00:24D'abord, ces violences conjugales représentent 1300 interventions pour les forces de l'ordre l'an dernier dans notre département.
00:31C'est 3 à 4 par jour.
00:333 à 4 par jour.
00:35Comment vous réagissez à ce chiffre ?
00:36C'est une concernation pour nous.
00:38Ça fait des années que nous déplorons cette situation et elle n'évolue pas.
00:44On pourrait même dire qu'elle s'aggrave car les personnes qui sont prises en charge sont davantage éprouvées que précédemment.
00:53Justement, vous vous accueillez à travers des structures, vous êtes une sorte de refuge pour ces femmes.
00:59Combien de places vous avez-vous à Cherbourg par exemple ?
01:02Nous avons 44 places dans le centre d'hébergement de réassertion sociale de l'association Femmes.
01:09Parmi ces 44 places, 14 sont dédiées aux violences intrafamiliales.
01:15Il y a des listes d'attente malheureusement ?
01:17Il y a des listes d'attente.
01:18On a un remplissage annuel de plus de 106%
01:22et en ce qui concerne les places victimes de violences intrafamiliales, on passe à 140% d'occupation des locaux.
01:33Et en 2019, il n'y en avait pas, c'est ça ?
01:35Ça a été un chiffre qui a été augmenté ?
01:39Voilà, ça a été une demande que l'on a faite pour justement pouvoir pérenniser ces places
01:44et qu'elles soient toujours disponibles pour quelle que soit la femme qui vient faire appel à notre aide.
01:52Alors justement, il y a eu des manifestations ce week-end d'Evelyne Carrère dans le département.
01:56Il y a eu 200 personnes notamment devant le tribunal de Cherbourg.
01:59C'était une manière justement viser le tribunal de dire quoi ?
02:03C'était une manière de dire que la justice doit aussi faire des efforts,
02:07qu'il n'y a pas simplement aux associations de prendre en charge les femmes, les victimes,
02:13mais aussi qu'il faut que ce soit conjointement avec la police et la justice.
02:17Sinon, on n'y arrivera pas. La situation n'évoluera pas.
02:21Tant qu'on parle de justice, justement, il y a eu un procès ces dernières semaines.
02:26Aujourd'hui, c'est le début des réquisitions d'ailleurs au procès des viols de Mazan, l'affaire Pellicot.
02:31Il représente quoi pour vous ce procès ?
02:34Pour moi, c'est quelque chose d'assez exceptionnel.
02:38J'espère que cela va permettre une prise de conscience plus importante d'une situation,
02:47sachant, comme il a été dit et écrit, que tous les hommes ne sont pas des violeurs,
02:52mais que les violeurs sont des hommes comme tout le monde, des hommes ordinaires.
02:56Et que dans ce procès, dans la mesure où les faits sont incontestables,
03:01j'espère qu'il va y avoir une amélioration de la prise de conscience.
03:06Cela peut être un tournant, en quelque sorte ?
03:08Vous savez, à un moment, l'actualité est telle que tout le monde réagit.
03:15Et puis après, les choses rentrent dans les habitudes.
03:20C'est très ancré. On a un patriarcat en France qui est assez résistant et il va falloir du temps.
03:29Et la volonté, je trouve, des femmes et des hommes aussi.
03:337h49, l'invité est d'ici matin cotentin.
03:36Evelyne Carrère, présidente de l'association Femmes à Cherbourg.
03:39Evelyne Carrère, aujourd'hui le Premier ministre doit dévoiler un plan de lutte contre ces violences faites aux femmes.
03:45Il prévoit notamment des dépôts de plaintes à l'hôpital. Est-ce que ce serait une bonne solution ?
03:50C'est une excellente idée qui est déjà expérimentée à Paris par les HPSP.
03:56Et effectivement, porter plainte, c'est très difficile pour une femme.
04:01C'est très difficile parce que ça touche vraiment à l'intimité de la femme qu'il faut révéler à une tierce personne.
04:08Lorsque la femme est très atteinte, cette démarche physiquement est compliquée.
04:14Et que même à l'hôpital, elle est souvent accompagnée de son mari qui lui a donné les coûts pour lesquels elle est hospitalisée.
04:23Et s'il peut y avoir discrètement la réception, recevoir ses paroles, sa parole, ça peut être un plus, effectivement.
04:34J'avais une dernière question, Evelyne Carrère. On est dans un département majoritairement rural.
04:39Est-ce que c'est plus compliqué de parler de ces questions, j'allais dire, à la campagne ?
04:44Est-ce que c'est plus compliqué quand on est dans une sorte de huis clos, dans un milieu rural, de dire « je suis victime de violence » ?
04:51Oui, oui, c'est plus compliqué. Mais on voit que l'on prend en charge des personnes qui viennent de la Lille-du-Puy, de Montebourg,
05:00finalement dans des communes moins importantes que l'agglomération de Cherbourg.
05:04Et que la gendarmerie fait aussi un gros travail pour informer et pour renvoyer vers l'agglomération les personnes concernées.
05:16Merci beaucoup Evelyne Carrère, présidente de l'association Femmes à Cherbourg. Bonne journée à vous.
05:21Merci, vous aussi.