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00:004,9% c'est le taux de chômage des jeunes estimés en Côte d'Ivoire en 2023, un taux qui, bien qu'il
00:12soit bas, cache les nombreuses difficultés de cette couche de la population à trouver un emploi. En effet
00:19bien des jeunes, malgré leur diplôme, peinent à trouver un emploi et d'autres encore pensent à la
00:24réinsertion, là encore non sans difficulté. L'insertion et la réinsertion professionnelle
00:30constituent donc dans ce contexte des défis majeurs pour le développement économique mais aussi et
00:36surtout la stabilité sociale. Pour en parler nous recevons dans ce nouveau numéro de C'est-à-dire
00:40Jean-Luc Adepo, consultant formateur. Monsieur Adepo, bienvenue. Merci, bonjour. Alors pouvez-vous
00:47brièvement nous dresser un tableau du marché actuel de l'emploi en Côte d'Ivoire ? Il faut
00:53dire qu'on a un marché assez dynamique qui nourrit beaucoup de besoins et beaucoup d'aspirations
00:59par rapport à cette tranche de la population qui sont les Bac plus 5 en fin de formation. Cependant
01:04ces Bac plus 5 ne répondent pas toujours aux besoins de ces entreprises et donc peinent
01:10à pouvoir convaincre ces entreprises à les utiliser comme personnel dans ces organisations. Alors
01:16beaucoup de jeunes qui sont à la recherche d'un emploi ont tendance à dire que le marché du
01:22travail est saturé mais qu'est-ce qu'il en est vraiment ? En réalité c'est eux qui n'ont pas la
01:26capacité à convaincre ce marché-là. Ce marché-là a des besoins et recherche en ces étudiants-là des
01:32solutions. Cependant ils viennent en espérant pouvoir mettre en pratique ce qu'ils ont appris
01:37en théorie à l'école alors que ce marché n'a pas besoin de former d'autres individus mais veut
01:42plutôt régler des problèmes et aspire trouver auprès de ses étudiants donc ses nouveaux diplômés
01:48ces solutions-là et malheureusement ils ne sont pas capables de proposer ces solutions.
01:52Quels sont les secteurs et domaines et même les diplômes qui sont les plus recherchés
01:57actuellement sur le marché de l'emploi ? Je vais vous supporter. En réalité tous les
02:04différents domaines qui sont proposés par le marché sont des domaines extrêmement intéressants.
02:09Que nous soyons en aide moderne, que nous soyons même en sociologie, en psychologie,
02:15il y a des possibilités pour chacun d'eux. Cependant là où on les attend, ils ne sont pas
02:20là. Ils sont plutôt dans la recherche d'un poste de travail au lieu de se positionner sur les
02:26problèmes qui les concèdent et qui normalement doivent être traités par ses compétences utiles
02:31qui ont été manifestées durant leur formation. Monsieur Adepo, est-ce qu'aujourd'hui la formation
02:35universitaire prépare-t-elle vraiment les étudiants aux exigences du marché du travail ? Je dirais
02:41partiellement. Parce qu'au niveau du marché du travail, on parle donc de compétences productives.
02:48Au niveau des compétences productives, il y en a trois catégories. Les compétences techniques,
02:53je pense que nos différents professeurs de l'université communiquent aux étudiants un
02:59ensemble de compétences techniques pour pouvoir accomplir un ensemble de missions personnelles.
03:03Cependant au niveau des compétences non techniques, c'est-à-dire celles-là qui
03:06sont tout autour des leaderships. À ce niveau-là, il y a de nombreuses insuffisances parce que
03:15nos étudiants n'ont pas pu mettre en pratique ce qu'ils ont pu développer pendant la formation.
03:20Donc à ce niveau-là, ils peinent beaucoup. Et aussi malheureusement au niveau des compétences
03:24fondamentales, il y a aussi des insuffisances. Qu'est-ce que vous appelez les compétences
03:28fondamentales ? C'est-à-dire savoir écrire en français sans faire de fautes d'orthographe,
03:34savoir s'exprimer avec un vocabulaire qui correspond au niveau du Bac plus 5 que nous
03:40représentons, savoir, je dirais, faire une analyse critique par rapport à un problème
03:44qu'on considérait comme un problème qui doit être traité par ce Bac plus 5. Ensuite,
03:49cette question aussi, il y a des insuffisances. Et donc cela participe à faire que ces étudiants
03:57n'arrivent pas à convaincre suffisamment pour pouvoir s'imposer sur le marché.
04:02Vous avez évoqué les soft skills ou les compétences interpersonnelles. Est-ce qu'elles
04:08sont aujourd'hui aussi importantes que ça pour trouver un emploi ?
04:12Elles sont déterminantes. Parce que qu'est-ce qui va convaincre un chef d'entreprise d'utiliser
04:19ce Bac plus 5 ? C'est déjà sa présence. C'est déjà l'argumentaire qu'il va pouvoir
04:27développer par rapport à sa volonté d'intégrer l'entreprise. Mais il peut être techniquement
04:32outillé. Mais son vocabulaire n'est pas influencé.
04:35Mais là, on rentre dans les compétences que vous avez appelées fondamentales.
04:39Non, mais lorsque vous allez le mettre pendant un master en droit, vous le confrontez à un cas.
04:47Un cas pratique. Un cas pratique. Il peut commencer à rédiger, il peut identifier.
04:54Mais avant de le mettre devant le cas, vous avez d'abord besoin de vous rassurer et de vous échanger avec lui.
04:59Il ne vous convient pas. C'est un juge, mais qui n'a même pas le vocabulaire d'un juge.
05:06Qui n'a pas l'argumentaire. Mais il peut écrire. Avec le BIC, il peut faire quelque chose.
05:13Mais il ne représente pas ce qu'il peut faire. Donc, il ne peut pas convaincre.
05:17Mais d'un autre côté, M. Adepo, vous avez parlé d'un cas pratique avec les masters en droit.
05:21Je vais prendre notre domaine, la communication et l'information.
05:26Les jeunes aujourd'hui qui sortent de l'ISTC, qui font face à une concurrence rude parce que le marché du journalisme est saturé,
05:34et aussi des facteurs extérieurs comme les influenceurs qui, de par leur visibilité,
05:39sont aujourd'hui préférés à des journalistes qui sont passés par une voie d'entregriffe plus classique.
05:45Est-ce qu'ils ont vraiment le temps de se poser, de réfléchir à tous ces soft skills-là? Non?
05:53Ils auraient dû y penser depuis, d'abord l'université.
05:57Et c'est là que ça ne parle à leur faute, puisque le système de formation dans lequel ils sont rentrés ne leur a pas proposé cela.
06:04Maintenant, ils n'ont pas pu le faire. Ils sont sur le marché.
06:06Et ils se rendent bien compte qu'un CV déposé, une lettre de motivation déposée n'arrive pas à imposer leur profil.
06:14Il faut donc trouver une autre postule.
06:17Il faut donc d'abord travailler sur son projet professionnel, avoir un vrai projet à présenter.
06:21Et sur la base de ce projet-là, il faut aller revendiquer sur ce projet.
06:24Mais pour revendiquer sur ce projet, malheureusement, il va falloir qu'il s'entraîne.
06:27Il va falloir qu'il ait un ensemble de compétences pour pouvoir rassurer le marché qu'il est capable de pouvoir supporter ce projet qu'il présente.
06:33La postule qui consiste à venir chercher un poste pour pouvoir essayer de développer des compétences, cette postule-là est caduque,
06:40justement parce que le marché a des besoins.
06:43Et ce marché-là recherche des pépites qui vont pouvoir justement occuper ces postes de qualité pour pouvoir donc accomplir ses missions spécifiques.
06:50Vous êtes plutôt consultant formateur en insertion et en réinsertion professionnelle.
06:57Aujourd'hui, comment on formule le CV et la lettre de motivation ?
07:02Est-ce qu'elle est encore nécessaire pour que la candidature soit acceptée ?
07:07Déjà, vous convenez avec moi, un CV d'un candidat ou d'une candidate qui n'a aucune expérience et qui n'a aucune certification de référence, donc qui n'a qu'un diplôme, comment peut-il le convaincre ?
07:26Qui va-t-il convaincre ?
07:27C'est une très bonne question.
07:28Donc la question, je dirais plutôt, c'est plutôt, quelles sont les valeurs ajoutées que peut intégrer un nouveau diplômé dans son profil pour pouvoir rassurer le marché de sa capacité à faire ce qu'il dit qu'il veut faire ?
07:45La première chose, il s'agira d'abord de s'appuyer sur un ensemble de certifications professionnelles.
07:53Mais toutes ces certifications ne pourront qu'être adossées à un projet professionnel bien défini, c'est-à-dire un secteur dans lequel il veut s'imposer, il veut révendiquer, il veut proposer quelque chose.
08:07C'est à ce moment qu'il ne viendra plus juste avec un CV plat, mais il viendra avec un CV qui est enrobé d'un projet professionnel et de certification qui rassure le marché qu'effectivement, il peut faire quelque chose.
08:18Donc la même la lettre de motivation, elle aussi, elle sera teintée de ce projet professionnel et sera renforcée par les certifications qu'il aura pu faire pour pouvoir justement justifier qu'il est capable de faire ce qu'il veut faire.
08:28Alors dans l'imaginaire collectif, les stages et les expériences pratiques constituent cette valeur ajoutée-là, mais est-ce qu'ils sont suffisants dans le cursus universitaire du moins pour favoriser l'employabilité des jeunes ?
08:42Je l'ai dit, les entreprises ne cherchent pas des stagiaires de type recherche d'apprentissage. Les entreprises recherchent des stagiaires qui ont un projet professionnel de qualité et qui viennent proposer ce projet professionnel.
08:57Alors l'entreprise dit « ok, ce projet semble nous intéresser, donnons-lui trois mois pour pouvoir tenter de nous convaincre davantage par rapport à la mise en oeuvre de ce projet. Après, nous évaluerons et nous verrons avec lui si nous continuons ou pas ».
09:11Donc vous voyez que déjà tous ceux qui n'ont aucun projet et qui viennent dans le but juste de « mais même là, quand ils rentrent, qu'est-ce qu'il faut ? On les utilise pour aller acheter l'arachide, on les utilise pour nettoyer les tables, on les utilise pour baller, alors que ce n'est pas pour ça qu'ils sont là ».
09:28Mais puisqu'ils n'ont rien à proposer et que l'entreprise est occupée à pouvoir travailler sur son marché, l'entreprise n'a pas le temps de détacher un personnel pour pouvoir encadrer un stagiaire. Non, non, non.
09:40Mais si ce stagiaire, lui, il sait ce qu'il veut venir faire et si son projet est convaincant, quand il rentre, il est concentré sur son projet et tout le monde le regarde. Et lorsqu'effectivement, il fait ses preuves, le marché ne peut que le haper et lui permet de pouvoir faire ce qu'il veut faire.
09:56Dans la continuité des stages et des expériences pratiques, dans quelle mesure le volontariat et les expériences de bénévolat peuvent-ils aider à combler les lacunes ?
10:04Moi, je suis d'accord. Je suis d'accord avec les bénévolats. Mais le bénévolat doit toujours être teinté de sa volonté d'agir. C'est-à-dire que si je m'assure un droit et je veux intervenir, par exemple, sur la question de la famille, c'est le sujet qui m'intéresse.
10:22Et dans ce sujet-là, les filles-mères me préoccupent. Donc je me dis, bon, je vais donc créer une organisation non gouvernementale, une ONG, et nous allons pouvoir travailler pour le compte de ces filles-mères et participer à la révendication par rapport à leurs droits, par rapport à leurs avantages.
10:37Donc je me lance dans l'humanitaire parce que le sujet m'intéresse. Mais ça ne m'empêche pas de passer mon concours de CAPA, ça ne m'empêche pas de passer mon concours de magistratie. Donc le lendemain, lorsque j'ai fini mon concours de magistratie et que je suis maintenant magistrate, la question de la famille m'intéresse.
10:52Parce que j'ai creusé déjà sur cette question. Donc pour moi, le bénévolat peut être un sujet comme un autre. Soit le bénévolat, soit une prestation de services, donc l'entrepreneuriat peut être des supports pour pouvoir matérialiser sa volonté d'agir et ne pas se croiser les bras en disant qu'il n'y a rien à faire, il y a trop de choses à faire. Il faut identifier le marché et se lancer.
11:15C'est sur ces mots que nous arrivons à l'entame de la première partie de cet entretien. Nous revenons après une courte pause.

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