Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des magasins E. Leclerc, était l'invité de BFMTV-RMC ce lundi. Il a notamment proposé un "bouclier sur les propositions tarifaires des agriculteurs, on ne les discute pas. On protège".
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00:00Il est 8h32, vous êtes bien sûr RMC et BFM TV, bonjour Michel-Édouard Leclerc, merci d'être ce matin à mon micro,
00:06vous êtes le président du comité exécutif des magasins Leclerc et il y a de nombreuses questions à vous poser ce matin,
00:11sur les prix, sur la fin peut-être des hypermarchés sur la chute de casinos, les licences immanchées aux champs,
00:17mais d'abord sur la colère des agriculteurs, vous partagez une part de leur colère sur le Mercosur, on va y revenir dans un instant,
00:23mais la mobilisation qui est donc partout en France aujourd'hui avec 85 points de manifestation au moment où l'on se parle,
00:30a aussi en ligne de mire, non seulement les normes qui les étouffent, mais la fabrication des prix,
00:36et ils vous reprochent, à vous la grande distribution, une pression sur les prix qui serait décorrélée du prix de production des matières premières,
00:43le mieux c'est qu'on les écoute, ce matin mon invité à 7h40 sur RMC, c'était le président des jeunes agriculteurs, Pierrick Aurel, écoutez.
00:52Redonner de la valeur aux agriculteurs, appliquer Egalim, parce qu'on a affaire à des petits malins et c'est bien normal,
00:57ils ont ce logiciel-là de production, de vente de nos produits depuis toujours,
01:03où on a toujours été la variable d'ajustement, là on dit stop c'est fini, et on a besoin que la grande distribution se positionne aussi
01:09en tant que fervent défenseur de la souveraineté alimentaire française.
01:12Les petits malins c'est vous ?
01:13Oui, j'accepte la demande d'alliance pour défendre la souveraineté alimentaire française,
01:20c'est même un breton qui le dit, moi je crois qu'on peut travailler ensemble,
01:26en fait c'est beaucoup le politique qui nous a mis les uns contre les autres et dos à dos,
01:31parce que nous sommes très français dans nos achats, que ce soit Leclerc,
01:35vous me parlez souvent de ma manière de citer les autres, mais c'est positif,
01:39Système U est très vendéen en Vendée, les intermarchés ont toutes leurs usines agroalimentaires en Bretagne,
01:46ils sont très beaucoup dans la pêche, nous nous sommes partis liés avec la production française,
01:51nous la défendons, et c'est pour ça que sur l'accord Mercosur, sur le volet agricole de l'accord Mercosur,
01:57on trouve que c'est une ineptie que d'aller signer des contrats qui sont mal négociés,
02:03et d'ailleurs qui sont négociés sans nous.
02:05Sans vous, ça veut dire quoi ça Michel Leclerc ?
02:07Je ne vous oublierai pas sur la fabrication des prix, je vais y revenir dans un instant,
02:11mais puisque vous parlez du Mercosur qui est donc évidemment ce qui a mis à nouveau le feu aux poudres,
02:16vous dites que c'est négocié sans nous, ça veut dire quoi ?
02:18Vous auriez apprécié que la grande distribution, que les agriculteurs,
02:23soient également partie prenante dans la réflexion autour de ce contrat de libre-échange ?
02:28Eh bien écoutez, j'ai entendu Sophie Prima juste avant d'un studio qui parlait sur BFM Business,
02:35on parle des commissaires européens,
02:37moi je ne sais pas, j'ai été pendant très longtemps à la tête exécutive du plus grand groupe français de distribution,
02:43on ne m'a jamais demandé mon avis sur les capacités ou pas de freiner des importations d'Amérique latine
02:50qui ne respecteraient pas les clauses par exemple écologiques,
02:53je n'ai jamais rencontré, je n'ai jamais été associé,
02:55nos acheteurs n'ont jamais été associés à la construction de ces traités,
02:59et d'ailleurs si je me souviens bien, pour l'accord sur l'Ukraine c'est pareil,
03:04les agriculteurs, notamment sur le poulet,
03:07donc les fédérations agricoles, les producteurs agricoles, les distributeurs,
03:14je voudrais bien savoir qui nous représente dans ces débats qui ont duré, pour le Mercosur, 15 ans.
03:1915 ans sur le Mercosur, puisque vous évoquez l'Ukraine,
03:22un mot juste pour redire à ceux qui nous écoutent ou qui nous regardent de quoi il s'agit,
03:26au moment où la guerre en Ukraine a éclaté, par soutien aux populations ukrainiennes,
03:31a décidé d'abaisser considérablement les droits de douane d'importation de produits agricoles ukrainiens,
03:38c'était une solidarité avec le peuple ukrainien,
03:40mais c'est parfois vu comme une concurrence déloyale de la part de nos agriculteurs,
03:45à la fois sur la question du poulet notamment,
03:46puisque plus de la moitié du poulet consommé en France vient d'Ukraine,
03:51où il n'y a pas forcément les mêmes normes,
03:52où il n'y a pas forcément effectivement les mêmes attentions à l'élevage du poulet.
03:58– Mais, M. Dédor-Leclerc, ça veut dire quoi ?
04:00Vous auriez dit quoi ? Vous auriez dit quoi ?
04:02On vous aurait associé, Emmanuel Macron ou ses prédécesseurs,
04:05vous auriez appelé, vous auriez dit, écoutez, venez,
04:07on va négocier un traité de libre-échange avec l'Amérique du Sud, vous dites quoi ?
04:10– Déjà, pour sortir d'une situation stressante,
04:13pour être contributeur positif,
04:16à sortir d'une situation stressante pour les agriculteurs,
04:18pour les consommateurs qui se demandent où on va, d'accord ?
04:21Déjà, on pourrait partir du principe qu'aucun accord ne serait négocié
04:26sans la participation des professions impactées,
04:30ce serait la moindre des choses.
04:32En plus, vous voyez bien aujourd'hui,
04:33le fait que Leclerc, Intermarché, Carrefour,
04:37prennent position autour de la Fédération de la Commerce et de la Distribution
04:41pour soutenir les demandes des agriculteurs sur Mercosur,
04:43c'est une alliance qui nous permet de mieux négocier.
04:46C'est quand même… L'Union fait la force.
04:49– L'Union ne peut pas faire ça contre les agriculteurs,
04:50ils peuvent encore moins faire ça contre agriculteurs plus grandes distributions.
04:54– Vous devenez plus nombreux, vous posez davantage,
04:56mais encore une fois, je vous pose la question.
04:57Très bien, la méthode, vous voulez être évité, vous dites quoi ?
05:01Vous auriez dit quoi, là ? Vous auriez dit le Mercosur,
05:03pour l'instant, vous auriez dit quoi ?
05:04– Nous, non, on s'est négocié, d'accord ?
05:06Et on ne négocie pas sur du papier.
05:09On ne commence pas par dire,
05:10on va compenser pour nos agriculteurs, jusqu'au dernier moment, on négocie.
05:13Vous allez voir le Donald Trump, là,
05:15c'est que un dealer dans tous les sens du terme.
05:18Donc, face à des gens comme ça, face à des Chinois
05:20qui arrivent sur l'Amérique latine,
05:21face à la route de la soie qui nous arrive en Europe,
05:24il faut arrêter d'avoir une vision sur le papier
05:26de ce que seront les échanges internationaux.
05:28– Mais est-ce que ça veut dire qu'il a raison, Donald Trump ?
05:30Est-ce qu'il faut qu'on fasse la même chose ?
05:31Est-ce qu'il faut qu'on utilise les mêmes méthodes ?
05:32– Non, à partir du moment où il va prendre ces méthodes,
05:35on n'est plus en première année de Sciences Éco,
05:37on n'est plus dans un cabinet de notaire,
05:38on n'est pas chez un cabinet d'avocats,
05:39on est chez des gens qui prennent le pouvoir,
05:41qui jouent des rapports de force.
05:42Construisons déjà des rapports de force.
05:44Donc, c'est très important, déjà,
05:46que distributeurs, industries agroalimentaires et agriculteurs
05:50en disent la même chose.
05:51– Sauf qu'il y a aussi une autre manière pour vous,
05:53puisque, de fait, vous n'avez pas été associé jusqu'à présent
05:55à l'écriture de ces accords de libération.
05:57– Je prône l'alliance des professions,
06:00et je demande aux politiques d'arrêter de nous diviser.
06:02C'est nous qui pouvons faire en sorte, ensemble,
06:06qu'il n'y ait pas de ces produits importés.
06:07On peut modifier les cahiers des charges,
06:08on peut se faire confiance pour modifier les cahiers des charges,
06:11ne pas importer les produits qui n'ont pas de cause miroir.
06:13– Même si vous ne les achetez pas, ils ne seront pas importés ?
06:16– Est-ce que vous pouvez vous engager ce matin ?
06:18J'avais un des agriculteurs qui s'appelle Pascal,
06:20qui m'a appelé tout à l'heure sur RMC,
06:23qui est producteur de viande de bœuf en Vendée,
06:27et il disait, en même temps, si on ne l'achète pas,
06:30cette viande-là, il n'y aura pas d'importation.
06:32C'est aussi à vous, à un moment, de dire,
06:33la viande du Brésil, dont on n'est pas absolument sûr
06:37de la traçabilité, on ne la prend pas.
06:39– Eh bien, moi, je ne sais pas d'où vient le poulet,
06:43des produits transformés qui sont dans les recettes
06:48de mes fournisseurs, donc, par exemple,
06:51une autre suggestion, c'est d'étendre le Origine Info,
06:56d'obliger toute l'industrie agroalimentaire
06:59de dire d'où vient ces produits, et d'ailleurs,
07:02on me demande, et je reviens à votre question initiale,
07:04de payer plus cher, ou en tout cas de payer son prix
07:07à l'agriculture française, moi, pour pouvoir le faire,
07:10je voudrais bien qu'on ne m'oblige pas à payer plus cher
07:13le porc espagnol, le poulet brésilien,
07:18et d'appliquer la loi qui est faite pour protéger
07:20les agriculteurs français, je voudrais que ces industriels
07:23soient transparents.
07:24– Le produit français, oui, ça m'interpelle quand même,
07:28quand vous dites, je ne sais pas d'où provient le poulet
07:32dans une barquette ou dans des nuggets, j'imagine,
07:35de certains des industriels qui sont vos clients.
07:39Si vous, vous ne le savez pas, comment nous, on peut le savoir,
07:41nous, mère et père de famille qui allons acheter des nuggets
07:44pour nos enfants ?
07:44– Donc nous sommes alliés pour le demander, vous voyez,
07:47c'est des choses très pragmatiques, pas besoin de grands débats
07:50à l'Assemblée nationale.
07:51– Pourquoi vous acceptez, Michel-Édouard Leclerc,
07:52c'est vous qui avez le pouvoir, pourquoi vous acceptez
07:54d'acheter des nuggets dont vous ne savez pas d'où ils viennent ?
07:56– Non, et c'est pour ça que nous, distributeurs,
07:58nous demandons plusieurs choses aux parlementaires,
08:00qui ont déjà fait plusieurs versions de la loi
08:03qui réglemente les rapports avec les agriculteurs,
08:06nous leur demandons d'abord pour les agriculteurs français
08:08que le premier contrat entre les industriels et les agriculteurs
08:11soit fixé avec un prix avant que les industriels
08:14ne se retournent vers nous pour renégocier la suite
08:17et les produits transformés, d'accord ?
08:18Ça s'appelle les contrats amonts, ça c'est une chose
08:20qui peut être très mise en place.
08:22Sur nos marques de distributeurs, et ce n'est pas un effet d'annonce,
08:24210 millions, 230 millions de litres de lait vendus
08:28à marque repère EcoPlus, ce sont des contrats tripartites
08:31avec, à l'accord, des producteurs qui comme ça savent
08:35à quel prix l'industriel les achète.
08:38Pour nous, et les transformer pour nous.
08:40Vous avez vu que Thierry Cotillard,
08:42qui est donc le président du groupement Les Mousquetaires,
08:44a annoncé que Intermarché et Les Mousquetaires
08:48n'assureraient aucune négociation commerciale,
08:50je cite, avec les fournisseurs de produits laitiers,
08:52y compris des très gros fournisseurs comme Lactalis,
08:55comme Bell ou comme Danone,
08:57tant qu'aucun accord avec les producteurs de lait ne sera conclu.
09:00Est-ce que vous allez faire la même chose ?
09:01C'est une proposition que nous avons faite ensemble,
09:03l'ensemble des distributeurs, on fera pareil.
09:06Vous n'acheterez pas de yaourt à Danone
09:09si Danone ne s'est pas engagé à bien payer son producteur de lait ?
09:11On va demander pareil, mais il faut que la loi soit avec nous pour demander ça.
09:16En fait, Thierry a un peu tiré d'avance,
09:18et c'est bien, moi j'aime bien quand les autres font du Leclerc,
09:21c'est... bah oui.
09:23Oui, vous êtes tous un peu pirates, mais c'est bien, il l'a été avancé.
09:26Un peu corsaire.
09:28Et en fait, dans la réalité,
09:30nous serons bien obligés de prendre les tarifs quand ils vont nous arriver.
09:33Donc aujourd'hui, ce que nous proposons l'ensemble des distributeurs,
09:36c'est que ça devienne un principe de la loi,
09:39que tous les contrats, avant qu'on aille discuter avec les industriels...
09:43Donc en fait, c'est du bluff quand il dit on ne va pas prendre ces produits ?
09:45Non, il fait de la pression, il fait de la négo,
09:49et c'est bien, c'est bien.
09:50Sur la question de la fabrication des prix, je ne vais pas vous lâcher.
09:54Vous avez entendu ce que vous a dit le jeune agriculteur.
09:56Il parle notamment de la question de la fabrication des prix en marche avant.
09:59Alors moi, je ne comprenais plus très bien ce que ça voulait dire,
10:01donc je lui ai redemandé de préciser, parce que c'est une expression
10:03qu'on vous entend tous utiliser depuis quelques jours.
10:06Je réexplique pour qu'on comprenne bien de quoi il s'agit.
10:09En marche avant, ça voudrait dire partir du prix du producteur.
10:12En gros, on veut savoir combien va coûter la tranche de jambon.
10:16Et bien, on part du prix que ça coûte à l'agriculteur d'élever son cochon
10:20et de le faire abattre.
10:21Lorsqu'aujourd'hui, vous négociez, vous le faites en marche arrière,
10:24comme il dit, c'est-à-dire que vous partez de la tranche de jambon d'ERTA
10:27en lui disant voilà, moi, je veux t'acheter ta tranche de jambon à temps,
10:30et c'est à ERTA de se débrouiller,
10:32et donc forcément de mettre la pression sur l'agriculteur
10:35pour que la tranche de jambon arrive à tel prix.
10:37Est-ce que vous êtes prêt à inverser le processus ?
10:39Oui, c'est ce que nous proposons.
10:41Ce n'est pas ce que la loi a prévu, c'est ce que nous proposons.
10:44Nous proposons qu'il y ait une sorte de bouclier,
10:47je vais parler comme ça, une sorte de bouclier
10:49sur les propositions tarifaires des agriculteurs.
10:51On ne les discute pas.
10:52La loi Egalim, c'était ça le principe.
10:54On ne renégocie pas la matière première agricole,
10:58les coûts de production agricole.
11:00On protège, on protège.
11:03On pouvait parler...
11:03Certains partis politiques, pardon.
11:05Prenez le temps.
11:06Certains partis politiques.
11:09J'ai eu froid avant d'arriver.
11:11Oui, ça se rafraîchit, ça se rafraîchit beaucoup,
11:12et en plus, il va pleuvoir.
11:13Mais Michel-Edouard Leclerc, dites-nous...
11:15Un bouclier tarifaire, c'est technique,
11:18c'est vous qui êtes...
11:19Allez-y, prenez le temps, c'est très important justement.
11:21Je pense que tout le monde est capable de l'entendre.
11:22Nous sommes d'accord avec l'esprit de la loi Egalim
11:25et la pratique qui en résulte.
11:27On ne touche pas aux prix agricoles
11:30tels qu'ils ont été négociés entre l'agriculteur et l'industriel.
11:33On ne remet pas ça en cause,
11:34ni la matière première agricole,
11:36ni les coûts de production, d'accord ?
11:38Mais une fois que je discute avec Nestlé,
11:40avec Mars, avec eux,
11:42ils ont des marges, ils ont transformé le produit
11:44et sous prétexte de prix agricole,
11:47qu'ils ne me disent pas combien ils ont payé...
11:49Ils ne vous donnent pas la transparence,
11:50ils ne vous disent pas combien ils l'ont acheté au départ.
11:52Non, c'est pour ça qu'il faut que leur contrat soit fait avant.
11:54Mais on a presque l'impression que c'est les politiques
11:56qui se sont trompés.
11:56Quand on vous écoute, quand on écoute les agriculteurs...
11:58On peut améliorer une loi.
11:59On peut améliorer encore cette loi.
12:01Michel-Edouard Leclerc,
12:03est-ce que vous allez les rencontrer, ces agriculteurs ?
12:05Je ne fais que ça.
12:06Je me rappelle que l'année dernière,
12:08vous m'avez mis un petit peu en avant
12:11en disant il est où Michel-Edouard, etc.
12:13J'étais dans les fermes.
12:14Il faut le rappeler, effectivement,
12:15pendant toute la période de l'an dernier
12:17de la colère des agriculteurs,
12:18on peut le dire, c'est quand même l'acte 2 cette année,
12:21vous aviez un peu déserté les plateaux.
12:23Oui.
12:24Est-ce que vraiment c'était effectivement
12:26pour aller leur parler et vous allez le faire cette année,
12:29mais en même temps, vous assumez à nouveau...
12:31Mais moi, je n'ai pas arrêté de parler avec les agriculteurs, d'accord ?
12:35Parce que d'abord, on a déployé énormément
12:38nos rapports professionnels avec les agriculteurs.
12:41Nous avons 18 000 contrats d'alliances locales.
12:43Ça suppose d'aller beaucoup dans les exploitations.
12:46Les alliances locales, c'est 100 kilomètres autour d'un magasin.
12:49On prend comme si on était une place de marché,
12:51sans trop discuter, les productions locales,
12:53qui sont souvent des toutes petites entreprises.
12:55Est-ce que vous vous dites, Michel-Édouard Leclerc,
12:56que vous allez réussir à éviter que vos magasins,
13:00pas seulement les vôtres, pour le coup, ce n'était pas que Leclerc,
13:02vos magasins, vos centrales d'achat, les grands hangars aussi,
13:06ne soient pris pour cibles par la colère des agriculteurs ?
13:08Ce qui faut arriver dans une période qui est très difficile
13:10pour les consommateurs français et qui ont été tapés
13:13au pouvoir d'achat quand même de 25-26% sur 3 ans
13:17sur les produits alimentaires,
13:19ce qui est important, c'est de retrouver la confiance.
13:21Et c'est pour ça que moi, autant je suis pour qu'on bagarre
13:24pour le Mercosur, autant il faut que les agriculteurs
13:28et les distributeurs trouvent le bon discours
13:30qui rassure les consommateurs.
13:32Le consommateur, il est pour les paysans,
13:33il est pour l'agriculture, il est pour sa province
13:37et les gens qui travaillent dans sa province,
13:38parce que ça dit ça aussi, la révolte agricole.
13:40Mais par contre, il s'est fait énormément avoir
13:43avec une inflation spéculative.
13:45L'industrie agroalimentaire a la sortie des bons résultats
13:47l'année dernière.
13:48Beaucoup de députés parlent de super profit.
13:50Donc, il faut trouver le juste prix,
13:53mais le juste discours aussi.
13:55Moi, je crois aujourd'hui que l'intérêt des agriculteurs,
13:57ce n'est pas de dire tout le temps qu'il faut payer plus cher.
14:00C'est important que l'agriculteur soit garanti
14:03sur la visibilité de son prix, sur sa rémunération.
14:07Il est important, après, qu'on s'occupe de savoir
14:10si le prix agricole va arriver de manière accessible.
14:12Parce que s'il n'y a pas la vente,
14:13s'il n'y a pas la vente au consommateur,
14:15si le prix n'est plus acceptable au consommateur,
14:17il n'y aura pas de revenu.
14:18Et c'est ce qui est arrivé sur le bio.
14:20Le bio, quand il est devenu 60% plus cher
14:23qu'un produit agricole naturel sur un marché,
14:25eh bien, ils en ont plus.
14:27Aujourd'hui, le bio est en très grande difficulté.
14:28Je propose qu'on soit partie liée
14:30entre ceux qui ont besoin d'avoir du prix,
14:33mais qu'on laisse les commerçants,
14:35qu'ils le fassent avec des commerçants
14:37qui assurent l'accessibilité de leurs produits au consommateur.
14:40Vous venez de dire, Michel-Édouard Leclerc,
14:41les Français ont été tapés sur le pouvoir d'achat.
14:44Vous en parlez au passé.
14:45Est-ce qu'aujourd'hui, on peut se dire
14:46que l'inflation est vraiment derrière nous
14:49et qu'on retrouve un équilibre prix-production
14:53qui est globalement équilibré aux yeux des consommateurs ?
14:56On n'y est pas.
14:56On n'y est pas.
14:57Non ?
14:57Toujours pas ?
14:58Non.
14:58L'inflation, elle pourrait redémarrer très vite
15:01parce qu'avec tout ce débat à l'Assemblée nationale,
15:05personne n'y comprend trop.
15:07Qui va avoir le dernier mot ?
15:08On sait qu'il y aura un 49-3.
15:10On parle de beaucoup de taxes.
15:13Au début, ce n'étaient que les taxes chez les riches.
15:14Maintenant, c'est des taxes sur le sucre, sur tel produit.
15:18Et donc, les consommateurs retiennent leur consommation.
15:20On le voit, nous, dans les magasins.
15:22Ils sont attentistes ?
15:24Ils sont très attentistes.
15:25Alors, sur l'alimentaire, ça a repris un petit peu,
15:28mais c'est juste juste.
15:28On ne peut pas attendre pour manger.
15:29Et là où on a offert des vraies baisses,
15:32par exemple pour la rentrée des classes,
15:34il y a une amélioration, même sur le textile,
15:37pour la rentrée des classes.
15:37Mais le marché est très sensible à l'innotion de pouvoir d'achat.
15:41C'est la première préoccupation des Français.
15:43C'est pour ça aussi que des enseignes comme les nôtres
15:45marchent vachement bien
15:46et que des enseignes comme Casino se sont complètement plantées.
15:49Vous avez dit qu'ils étaient 30% plus chers que vous ?
15:5130% plus chers, oui.
15:52Je n'arrive pas à comprendre comment on peut rester 30% plus cher.
15:56Mais vous dites, attention, ça peut repartir.
15:59Oui, pour le moment, la consommation tient son rang.
16:01Elle tire la croissance française.
16:03Mais tout ce discours sur les prix élevés, sur les taxes,
16:06sur les injonctions de l'État,
16:07il faut payer plus cher pour l'écologie, contre l'obésité.
16:11La taxe sur le sucre, qui est effectivement évoquée
16:13comme une mesure anti-obésité,
16:15ça donnerait quoi pour vous concourir ?
16:17Aujourd'hui, on a compris que tout ce discours,
16:19c'est pour couvrir une discussion budgétaire où on cherche des sous.
16:22En fait, ce n'est pas contre l'obésité,
16:24c'est juste pour trouver des sous, c'est un prétexte.
16:27Oui, bien sûr.
16:27Alors attention, il y a une vraie lutte contre l'obésité
16:30à mener sur la composition des produits.
16:32Ça passe par l'éducation, ça passe par revoir les recettes et tout ça.
16:36Mais là, dans l'urgence politique qu'on nous impose,
16:38qui surdramatise le déficit français, la faillite française, etc.
16:44Ça déconne, on fait peur à tous les Français.
16:47Du coup, la consommation est retenue.
16:48Mais ça aurait quel impact pour vous ?
16:50Ça pourrait mettre tous nos PME en difficulté,
16:54y compris de l'agroalimentaire.
16:56Oui, nos biscuiteries...
16:57Écoutez, on a un taux d'épargne comme jamais on a eu,
16:59alors qu'on a un problème de pouvoir d'achat.
17:01Il y a un million de plus pauvres qu'avant.
17:05Et en même temps, alors que les Français disent vouloir consommer,
17:10vous voyez bien que cette épargne, c'est de l'argent qui n'est pas dépensé.
17:14Tout le monde stresse, tout le monde a peur d'équiper le logement.
17:16Alors nous, dans la distribution, les enseignes les plus...
17:21qui rendent le plus confiance marchent bien,
17:24mais les cartes tombent pour un certain nombre d'autres.
17:27Dans le contexte actuel dont vous nous dites,
17:29vous Michel-Édouard Leclerc, qui faites partie de ceux
17:31qui avaient vraiment alerté sur le début de l'inflation,
17:35qu'au fond, elle reste extrêmement fragile et que ça pourrait partir à tout moment.
17:38Dans ce contexte-là, il y a aussi l'idée d'une TVA sociale qui est évoquée,
17:42notamment par le MEDEF, qui propose de réinstaurer une TVA sociale
17:46avec une augmentation mécanique des prix,
17:50puisque ce serait une augmentation de la TVA de 1, 2, 3 %.
17:54Est-ce que vous vous dites attention au MEDEF ou est-ce qu'au contraire,
17:56vous pensez que la consommation peut encaisser une éventuelle hausse de la TVA sociale ?
18:03En peu de temps, c'est difficile à dire,
18:05mais moi, je suis pour qu'on transfère une partie des charges sociales
18:11qui pèsent sur le coût du travail sur les concurrents du travail.
18:14Il faut détaxer le travail et taxer plus le digital, taxer plus la robotique,
18:19parce que c'est eux qui menacent le travail.
18:20Ce ne sont que ceux qui créent des emplois,
18:22qui payent les charges patronales et les charges sociales.
18:24Donc, je suis pour un transfert à masse constante,
18:27ce n'est pas inflationniste, d'accord ?
18:29Et je suis pour rapprocher le salaire brut du salaire direct.
18:32Ça permettrait de sortir de la trappe à bas salaire,
18:34ça permettrait de redonner de l'ascenseur social.
18:37Mais ce n'est pas une TVA sociale, ce n'est pas sur vos produits.
18:40Dans la rapidité de l'argumentaire, je ne peux pas développer,
18:44mais l'idée, c'est qu'aujourd'hui, il faut donner plus de salaire
18:48et pour donner plus de salaire sans que ça coûte autant en charges patronales
18:51qu'en charges sociales, il faut transférer ces charges sur autre chose.
18:55À léger les charges.
18:57Vous voyez, mon appli téléphone aujourd'hui, elle remplace mon banquier.
19:00Mon appli, elle ne paye pas de charges patronales
19:03et elle ne paye pas de cotisations sociales.
19:06Moi, je trouve qu'il faut que l'appli, elle paye sa part
19:09pour que ça allège celle de celui qui travaille chez le banquier.
19:13Et que l'emploi soit moins cher et qu'il y ait plus d'embauches.
19:17La deuxième idée, c'est dans un contexte où on a dit
19:20on bouche les trous, il y a des trous, la France a trop de dettes,
19:24arrêtons de parler de taxes, d'impôts, de nouveaux impôts.
19:28On sait que c'est pour boucher les trous.
19:30On reprendra ce débat.
19:31Moi, je pense qu'on aurait pu avoir ce débat maintenant,
19:33mais politiquement, Michel Barnier n'a pas une fenêtre de tir très grande.
19:37Et donc, dans le cas présent, tout ce qui est impôts motivés,
19:41tout ça, il ne faut le faire pas dans ce contexte.
19:44Pas de taxes punitives, pas de taxes moralisatrices, pas d'impôts nouveaux.
19:49Il faut aujourd'hui rassurer les consommateurs.
19:50Surtout dans un moment, effectivement, où vous le dites,
19:52l'inflation n'est pas complètement derrière nous.
19:53Merci Michel-Édouard Leclerc d'être venu répondre à mes questions
19:56et à celle des agriculteurs.
19:57Ce matin, PDG du comité exécutif des magasins Leclerc.
20:01Il est 8h52 sur RMC BFM TV.