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Alain Jakubowicz, avocat, président d'honneur de la LICRA, était l'invité d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV, ce vendredi 15 novembre. Il a réagit aux réquisitoires du procès du RN et à la tenue du match France-Israël.

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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Alain Jakubowicz, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:07Vous êtes avocat, vous êtes également président d'honneur de la LICRA. Il y a deux points sur lesquels j'aimerais entendre votre point de vue Alain Jakubowicz.
00:17L'un c'est la question de la justice, après le réquisitoire à l'encontre de Marine Le Pen prononcé hier, et puis l'autre c'est la tenue de ce match France-Israël hier soir.
00:28Vous êtes l'un des piliers de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Cinq ans de prison, dont trois ans avec sursis, 300 000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution probatoire,
00:40c'est-à-dire avec une application immédiate possible lors du jugement à l'encontre de Marine Le Pen. Comment vous réagissez à ce réquisitoire vous, l'avocat ?
00:52Écoutez, c'est la sévérité à laquelle la justice nous a habitués dans ce type de dossier. Je rappelle M. Sarkozy, je rappelle M. Fillon, je rappelle M. Juppé,
01:01qui lui-même avait été privé de se présenter comme il pensait qu'il allait le faire à la présidence de la République. Les Français n'en peuvent plus de ces histoires d'argent avec les élus.
01:11Et les juges sont le juge au nom du peuple français. Donc cette sévérité, c'est la sévérité à laquelle les juges nous sont habitués. Là, pour l'instant, on en est au stade du réquisitoire.
01:22Ce qui est assez singulier, mais je sais que tout le monde l'a déjà souligné, c'est de voir Mme Le Pen et le Rassemblement national venir hurler à la sévérité de la justice
01:31quand, généralement, c'est exactement le contraire de ce qui se passe en disant qu'elle est trop laxiste. Donc voilà, il y a un petit jeu qui se produit.
01:40Je crois que la question importante dans cette affaire, au-delà de la peine... Enfin, le dossier a l'air lourd. Moi, je ne le connais pas. Je ne parle pas d'un dossier que je ne connais pas.
01:49Vous, comme nous, avez suivi ce procès. Les faits sont, selon le parquet, caractérisés. Ils parlent d'un système avec... Il n'y a pas d'enrichissement personnel, mais il y a effectivement
02:04l'utilisation des fonds du Parlement européen pour rémunérer des assistants qui, vraisemblablement, ne travaillaient pas tant pour le Parlement que pour le parti.
02:12C'est une manière d'avoir utilisé l'argent du Parlement pour le fonctionnement du parti.
02:18Le Rassemblement national, apparemment, n'est pas le seul parti à avoir usé et à l'utiliser de cela. Il semblerait que le délai soit plus long, que les sommes soient plus importantes.
02:26Mais laissons cela de côté. Je veux dire que c'est à la justice d'apprécier. Je rappelle quand même que nous en sommes au stade du réquisitoire.
02:32Il y a quand même une défense qui va s'exprimer. Et j'espère d'ailleurs qu'on donnera autant de lumière aux explications de la défense qu'à l'accusation.
02:42Le problème important, évidemment, et celui sur lequel le focus a été mis, c'est celui de l'exécution provisoire, qui est l'exception.
02:50Il faut quand même savoir que le principe dans notre droit, c'est le double degré de juridiction et le caractère non-exécutoire de la décision de premier instant.
02:58Si on prend juste le temps déjà de comprendre ce que ça veut dire, ça veut dire que si Marine Le Pen faisait appel, ça ne changerait rien.
03:07La peine serait malgré tout appliquée en attendant l'appel, c'est ça ?
03:11Absolument, c'est ce qu'on appelle l'exécution provisoire, qui existe en matière civile et qui existe également en matière pénale.
03:18C'est-à-dire, on dit oui, vous avez le droit de faire appel, mais l'appel ne sera pas suspensif alors que normalement l'appel est suspensif.
03:25La question est de savoir à quoi s'applique cette exécution provisoire. Parce qu'on a dit ça va l'empêcher de se présenter,
03:32elle va être obligée de démissionner de son poste de député à l'Assemblée nationale. C'est faux, c'est faux. Je veux dire, c'est objectivement faux.
03:39Il y a des arrêts du Conseil constitutionnel qui ont été rendus dans des situations analogues, strictement analogues,
03:44notamment un arrêt de référence qui est celui qui concerne M. Gaston Flos, qui était également parlementaire,
03:50qui avait été soumis à une peine d'inégibilité, qui n'avait pas démissionné de son mandat.
03:56Dans ces cas-là, c'est le préfet effectivement qui demande à la justice de le déchoir, en fait.
04:04Et en fait, on a répondu non. C'est pas possible. L'inégibilité ne s'applique pas à un mandat en cours.
04:10C'est très intéressant ce que vous dites Alain Jacobovit ce matin, c'est que comme il a parfois été évoqué, donc semble-t-il à tort,
04:17Marine Le Pen n'aurait pas à démissionner immédiatement de son mandat en cours, c'est-à-dire son mandat de député.
04:23La jurisprudence est claire.
04:24En revanche, pourrait-elle se présenter aux élections de 2027 ?
04:29Alors là, il y a un débat effectivement qui consiste à savoir est-ce que la peine doit être définitive ou pas pour qu'elle puisse se présenter.
04:35Je rappelle que c'est 2027, que de toute façon, il est évident que s'il y avait cette condamnation,
04:41car encore une fois, on ne s'en porte pas, on reste prudent, c'est pas une présidente qui rend une décision,
04:47c'est une collégialité, c'est trois magistrats avec une excellente présidente, elle a entendu le parquet,
04:53elle a suivi les débats, elle a mené les débats, elle va entendre la défense et une décision...
04:59En liberté de juge ?
05:01En liberté totale, je vais vous dire, si j'avais un doute sur cette liberté totale, je prendrais ma robe et je l'arrangerais.
05:08Non, je ne veux pas y croire et je ne peux pas y croire.
05:11En revanche, il s'est produit au cours de ces débats une chose qui est absolument scandaleuse,
05:16c'est le propos de la représentante du parquet.
05:18Un avocat ne peut pas accepter que cela soit dit et que cela soit dit...
05:24Alors vous faites référence, vous faites révérence...
05:26On reviendra peut-être sur le sujet de l'égibitude.
05:28Mais là, c'est très important ce que vous dites, parce qu'effectivement, c'est aussi l'un des points sur lesquels le RN s'offusque.
05:34La même qui, le soir, faisait ce réquisitoire, dans la journée, a évoqué l'un des dossiers pour lesquels semble-t-il,
05:42l'un des prévenus pour lesquels, semble-t-il, les faits ne sont pas suffisamment constitués,
05:47pour lesquels il pourrait donc y avoir la relaxe, et elle aurait marmonné,
05:53mais la salle et tous ceux qui y étaient, y compris les journalistes l'ont bien entendu,
05:56ça me fait mal de le dire.
05:58Ça me fait mal.
05:59Je pourrais prononcer la relaxe, mais ça me fait mal.
06:01Marine Le Pen avait initialement dit qu'elle avait entendu,
06:05ça me fait mal au cul, je le dis avec beaucoup de guillemets,
06:08elle a dit ça me fait mal, mais enfin on entend tous, effectivement, cette expression.
06:11Ça vous paraît, à vous, un aveu insupportable ?
06:14C'est terrible.
06:15C'est terrible, je veux dire que, par rapport à la perception que nos concitoyens peuvent avoir de la justice,
06:20cette magistrate que je ne connais pas, moi je n'y étais pas,
06:22j'entends ce qui a été rapporté et il semble que ses propos aient effectivement été tenus,
06:26ça veut dire qu'elle fait passer son point de vue personnel avant les intérêts de la société,
06:31elle représente la société, c'est pas rien de représenter la société.
06:35Et là elle vient faire son petit commentaire personnel, venir dire,
06:39il n'y a rien dans le dossier, il n'y a pas suffisamment,
06:42mais moi ça me fait mal, effectivement, ça vous fait mal où ?
06:45Et ça vous fait mal pourquoi ?
06:48Je rappelle que le parquet est indivisible,
06:50c'est-à-dire qu'en tenant ce propos,
06:52ça veut dire qu'en tenant ce propos, cette magistrate a engagé la parole du parquet.
06:57Pour moi c'est quelque chose qui est absolument terrible,
07:00moi je monte sur la table si j'entends ça à l'audience,
07:02je fais un incident de tous les liens,
07:04ce n'est pas acceptable, ça n'entache en rien l'impartialité des juges,
07:09ça n'a pas de conséquences sur le procès lui-même,
07:11mais ça a des conséquences sur le principe même,
07:14ça veut dire qu'effectivement le conseil supérieur de la magistrature,
07:16pour moi, doit être saisi,
07:17et moi j'aurais aimé entendre le procureur de la République de Paris sur ses propos,
07:21parce que d'une certaine façon c'est en son nom que ses propos ont été tenus.
07:24Je veux dire que ce n'est pas quelque chose d'indifférent,
07:27je veux dire que ce n'est pas une anecdote.
07:30– Est-ce que ça veut dire que ça met de l'eau au moulin
07:32de ceux qui disent que la justice est politique ?
07:36– Non, non, mais à cet instant-là, oui,
07:40je veux dire que ce n'est pas du tout contradictoire ce que je veux dire,
07:43on dit qu'elle était très fatiguée,
07:45vous savez, in vino veritas d'une certaine façon,
07:47je veux dire qu'elle était très fatiguée,
07:48donc elle a lâché quelque chose qu'elle n'aurait pas dû lâcher,
07:51mais il y a tant de choses qui vont derrière,
07:53qui se sous-tendent, qui s'entendent,
07:55notamment ce que vous venez d'évoquer,
07:56c'est-à-dire qu'il dit c'est un procès politique,
07:58c'est de la justice politique,
08:00non, mais il y a un problème effectivement dans notre justice,
08:05il ne date pas d'hier,
08:06et pour moi ce propos est un propos qui est absolument inacceptable,
08:10et pourtant je pense que chacun sait
08:13que je n'ai pas de sympathie particulière
08:15à l'égard du Rassemblement National et de Marine Le Pen,
08:18mais ce sont des justiciables comme tous les autres,
08:19et ils doivent être jugés comme tous les autres.
08:21– Revenons quand même d'un mot sur ce que vous disiez
08:23sur l'inéligibilité et son application,
08:27encore une fois, on n'y est pas,
08:29c'est le réquisitoire du parquet,
08:30il y aura le jugement au printemps prochain,
08:32probablement en février ou en mars,
08:35et si l'inéligibilité était prononcée,
08:39on a bien compris qu'il y avait la question du mandat en cours,
08:41ça s'est exclu, la possibilité de se présenter,
08:44vous vous faites partie de ceux qui disent
08:45que la jurisprudence pourrait ne pas imposer véritablement
08:50qu'elle ne se présente pas.
08:52– Alors d'abord, vous savez,
08:53cette réquisition pour moi elle est politique, clairement.
08:57– Ah tout de même ?
08:58– Oui, mais d'une certaine façon.
08:59– La justice ne l'est pas, cette réquisition l'est.
09:01– Elle l'est, elle l'est indirectement,
09:03puisqu'elle vise le calendrier électoral, clairement,
09:07je veux dire, dans l'esprit du magistrat qui le requiert.
09:09– Pourquoi une application immédiate ? Parce qu'il y a 2027.
09:11– Mais qu'est-ce que c'est qu'une application immédiate pour 2027 ?
09:14D'autant plus que si effectivement,
09:17moi je ne suis pas du tout certain,
09:18et je pense même, je m'avance beaucoup,
09:20moi je ne suis pas dans le dossier,
09:22je vois mal le tribunal prononcer cette exécution provisoire,
09:25qui vraiment au regard des éléments de l'ancienneté des faits,
09:29de ce pourquoi l'exécution provisoire est faite d'une certaine façon,
09:33éviter la récidive.
09:34– Condamnation, oui.
09:35– Éviter la récidive.
09:36– Application immédiate, non.
09:37– Oui, moi je… alors la condamnation,
09:39apparemment, moi je n'en sais rien encore une fois,
09:41je ne sais pas si mes confrères vont me plaider de la relax,
09:43je n'en sais rien, je ne connais pas le dossier.
09:45Sur l'inégibilité, pour moi c'est un effet d'annonce en réalité,
09:49qui fait beaucoup de bruit dans les médias,
09:52mais en réalité, évidemment, si elle est prononcée,
09:55il va y avoir appel, et la cour d'appel statuera avant 2027,
09:58parce que si la cour d'appel ne statuait pas avant 2027,
10:02là on aurait vraiment des questions à se poser.
10:03– Une crise démocratique.
10:05– Ça ne serait pas normal, quand on voit ce qui s'est passé pour M. Fillon,
10:08je veux dire que la justice est allée avec une célérité
10:11assez inhabituelle s'agissant de M. Fillon.
10:14Alors là, si on disait, il y a exécution provisoire,
10:17on repousse le procès d'appel pour Mme Le Pen,
10:19franchement, je serais inquiet, mais je n'y crois pas.
10:22– Pour une fois, Alain Jakubowicz,
10:24vous êtes d'accord avec Jean-Luc Mélenchon,
10:26une fois n'est pas coutume, qui hier disait,
10:29Mme Le Pen et le Rassemblement national
10:31seraient condamnés pour des délits que la justice leur reproche,
10:33soit, mais qu'elles soient décrétées inéligibles,
10:37reste à l'appréciation du juge, c'est bien.
10:39Contrairement à Hérène, nous sommes contre les peines automatiques.
10:41Mais il ajoute, enfin en France et dans le monde,
10:44il y a un doute sur l'action de la justice dans le champ politique,
10:47ces décisions devraient donc s'appliquer sur les principes constants,
10:49mais une peine d'inéligibilité, pour lui,
10:52ne doit pas être appliquée avant l'appel.
10:56Il considère que ça doit être effectivement suspendu par un appel,
11:01et il appelle à cela.
11:02Oui, enfin écoutez, c'est un débat,
11:04la seule différence entre M. Mélenchon,
11:06enfin il y en a d'autres, entre M. Mélenchon et moi,
11:08c'est que lui, il plaide pour lui, moi je plaide pour la justice.
11:11Donc ce n'est pas tout à fait la même chose.
11:13Vous pensez, parce que vous évoquiez effectivement
11:15les autres parties qui sont poursuivies pour des faits comparables,
11:20il y a eu le Modem, la plupart des prévenus ont été condamnés,
11:25François Bayrou, il y a échappé lui-même,
11:28n'était pas parlementaire européen,
11:31et la France Insoumise, également,
11:33fait partie de ceux qui seront poursuivis pour des cas comparables, disons.
11:36Absolument, oui, non, mais je veux dire que le sujet est posé,
11:40d'autant plus que si exécution provisoire il y a,
11:44il y a effectivement un trou dans notre système juridique et judiciaire,
11:48parce que l'exécution provisoire au civil,
11:50on peut demander à une juridiction supérieure,
11:52le premier président de la Cour d'appel,
11:54de suspendre l'exécution provisoire.
11:56En matière pénale, ça ne serait pas possible.
11:58Donc on a un vrai problème à cet égard,
12:01mais il y a un point sur lequel je veux insister,
12:03et qui pour moi est un point de rupture,
12:06c'est ceux qui disent qu'il appartient au peuple,
12:09le peuple est supérieur à la justice,
12:11et qu'en réalité la justice n'a pas à se substituer à la volonté du peuple.
12:15Moi je ne suis pas d'accord.
12:17On vit dans un état de droit, c'est la justice,
12:20et les juges qui rendent la justice, pas le peuple.
12:22Alors que les magistrats rendent au nom du peuple.
12:24Et là ce que vous dites, c'est que si finalement,
12:26au bout de ce processus, en effet,
12:28la justice finalement décidait de rendre Marine Le Pen inéligible,
12:34y compris de manière immédiate,
12:36et bien il ne faut pas appeler à une forme,
12:38parce que c'est presque ce qu'on entend déjà,
12:40une forme presque de révolte,
12:42ou en tout cas Jordan Bardella, le président du RN,
12:45hier qui demande aux Français de ne pas accepter,
12:47ça veut dire quoi ?
12:49Et là vous dites non.
12:51Absolument, je veux dire que c'est le principe même de l'état de droit.
12:53Le respect absolu.
12:55Je me bats depuis toujours,
12:57et jusqu'à mon dernier souffle,
12:59pour l'état de droit.
13:01Mais évidemment l'état de droit doit être digne aussi,
13:03et il ne doit pas y avoir de doute.
13:05Il ne doit pas y avoir de doute.
13:07Cette phrase, on l'a bien compris.
13:09Malheureusement, cette phrase, même si elle n'engage pas les juges,
13:11et je vais vous dire, pour moi,
13:13ça pourrait être une indication de la décision qui va être rendue.
13:17Parce que les juges du siège ne voudront pas de ce procès-là.
13:21Et il se pourrait qu'avec cette maladresse,
13:24ça soit un élément qui conduise le tribunal à dire
13:28qu'il n'y aura pas d'exécution.
13:30Que le parquet ce soit en quelque sorte discrédité,
13:32avec ce fameux ça me fait mal.
13:35Alain Jakubowicz, vous êtes l'un des piliers, je le disais,
13:38de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
13:40Vous êtes le président d'honneur de la LICRA.
13:43Le match France-Israël a eu lieu hier,
13:46sous très haute surveillance.
13:48Certes, quelques échauffourées,
13:50mais globalement dans le calme.
13:52Il fallait que ce match ait lieu.
13:54On pourrait dire ce matin tout ça pour ça, à tous égards,
13:57y compris sur le plan sportif.
13:59Mais il fallait qu'il ait lieu.
14:01C'était une question de principe.
14:03On n'est pas la Belgique.
14:05Il fallait que ce...
14:07La Belgique qui avait refusé, pour des raisons de sécurité,
14:10qu'un match comparable ait lieu sur son sol.
14:13Il fallait que ce match ait lieu,
14:15et il fallait qu'il ait lieu ici,
14:17et là où il s'est tenu.
14:18C'est une question de principe.
14:20On ne cède pas à la haine, aux invectives,
14:23à tout ce qui est en train d'inonder, malheureusement,
14:25notre société et notre pays.
14:27Il fallait une marque de force.
14:29Force doit rester à la loi.
14:31Force est restée à la loi.
14:32Maintenant, pour le reste, effectivement,
14:34cette débauche de moyens, d'argent gaspillé,
14:37disons-le clairement, pour 4 000 policiers,
14:40pour 15 000...
14:41C'est vrai que ça fait peur,
14:43mais il fallait une réponse forte,
14:45et cette réponse a été apportée.
14:47Voilà, c'est fait.
14:48C'est fait ?
14:49Les présidents, anciens présidents, premiers ministres
14:51qui étaient dans les gradins...
14:53Ah, ça, ça...
14:54Vous êtes un peu...
14:55Non, non, mais je veux dire,
14:56pour les présidents, anciens présidents,
14:57en tout cas, moi, je vais parler du président,
14:59parce que les anciens présidents, finalement,
15:00ce n'est pas très important.
15:01Ce qui est important, c'est le président.
15:03Moi, ce n'est pas au match que j'aurais aimé le voir,
15:05notre président.
15:06C'était à la manifestation contre l'antisémitisme.
15:08Je veux dire, cette espèce...
15:09Où il n'avait pas été.
15:10Voilà, je veux dire que, bon,
15:12il est allé au match, il est allé au match,
15:13bon, voilà, très bien, il est allé au match.
15:15Voilà, point.
15:16Ça, ce n'est pas un événement.
15:17Sa présence à la manifestation eût été un événement,
15:19et c'était un événement qui était absolument indispensable.
15:22Voilà, bon, pour moi,
15:23cette blessure, elle restera.
15:25Elle est présente,
15:26elle restera.
15:27Tout ce qui suit également, c'est ça.
15:29Le problème, c'est ça.
15:30C'est la position claire, nette, précise
15:33de notre pays, de la France,
15:35qui n'est pas n'importe quel pays dans ce conflit.
15:37Pourquoi il n'y a pas été ?
15:38Vous continuez à vous dire que c'est une blessure,
15:40on sent d'ailleurs dans votre voix
15:42que vous restez meurtri par le fait
15:44qu'il est sciemment décidé de ne pas se rendre
15:47à cette marche républicaine
15:50contre l'antisémitisme il y a un an.
15:52Vous avez compris depuis ?
15:53Pourquoi ?
15:54Ou alors c'est presque pire de comprendre ?
15:56Oh non, c'est presque pire.
15:58Je veux dire que ces dernières déclarations,
16:00c'est effectivement une inconstance totale
16:02qui est à l'aune de toute sa politique,
16:05d'une certaine façon.
16:06Je ne fais pas de politique,
16:07mais je veux dire, par rapport à ça,
16:09on ne sait pas où on va.
16:11Rien n'est clair.
16:12Ces dernières petites phrases assassinent.
16:15Monsieur Netanyahou devrait se souvenir
16:17que son pays a été créé.
16:18D'abord, ça montre une ignorance crasse,
16:21pour commencer,
16:22qui est absolument assez stupéfiant
16:23de la part du président de la République,
16:25sur l'histoire.
16:27Sa référence à la barbarie, etc.
16:30Vraiment, moi, je ne retrouve pas mon pays.
16:32Mon président, peu importe, il va changer.
16:34Peu importe, voilà.
16:36Il passe, le président.
16:38Je ne retrouve pas la puissance de la France,
16:40son autorité et une ligne claire
16:44sur un sujet, certes, ô combien complexe,
16:46effectivement,
16:47mais j'ai l'impression qu'on essaye
16:48de ménager la chèvre et le chou.
16:51Et puis, il y a ces histoires
16:53de ces conseillers,
16:55occultes ou pas,
16:56qui lui donneraient des bons conseils,
16:57des mauvais conseils.
16:58Est-ce que, finalement,
16:59M. Macron n'est pas finalement
17:00une personne faible
17:02qui finalement suit les conseils,
17:05pas toujours très éclairés,
17:07aux gens qui n'auraient pas
17:08normalement à lui en donner ?
17:10Alain Jakubowicz, vous avez dit
17:11nous ne sommes pas la Belgique.
17:13Nous ne sommes pas non plus la Hollande.
17:16J'ai reçu hier sur RMC
17:18l'ambassadeur d'Israël en France
17:20qui, pour le coup, ne mettait pas
17:21tellement d'huile sur le feu,
17:22contrairement à, parfois,
17:23certains de ses prédécesseurs
17:24ou même des politiques israéliens.
17:27Il disait, j'ai toute confiance
17:28dans la France.
17:29Je pense que, certes,
17:30l'antisémitisme est élevé
17:32ici en France, mais en revanche,
17:33je pense que l'État français,
17:36les forces de l'ordre,
17:37savent sécuriser.
17:38Et ce que l'on a vu, disait-il,
17:40dans les rues d'Amsterdam,
17:42on ne pourrait pas le voir
17:43dans les rues de France.
17:44Pensez-vous la même chose ?
17:45Absolument, mais moi aussi,
17:46j'ai confiance dans la France,
17:47ô combien je suis français
17:48et j'ai confiance dans mon pays.
17:50J'ai un peu moins confiance,
17:51actuellement, dans notre président.
17:53Ça n'a rien à voir.
17:54C'est pas du tout la même chose.
17:57J'ai une confiance inébranlable
17:59dans mes concitoyens
18:00et dans la position des Français
18:02qui est historique.
18:03On le voit, on l'entend.
18:05Malheureusement,
18:06c'est la majorité silencieuse
18:07et par définition,
18:08on entend plus ceux qui hurlent
18:10et qui gueulent,
18:11pardonnez-moi l'expression,
18:12que ceux qui, effectivement,
18:13pensent et qui sont sur cette ligne.
18:15Vous êtes devenu l'un des porte-parole
18:16des Juifs de France.
18:18Qu'est-ce qu'on ressent aujourd'hui
18:20quand on est Juif en France,
18:22quand on a vu, effectivement,
18:23les images de ce qui se passe
18:24à Amsterdam,
18:25quand on voit la levée de boucliers
18:26contre la tenue de ce match ?
18:29Moi, je suis le porte-parole
18:30de rien ni de personne.
18:31Simplement, j'ai une certaine expérience
18:33et j'ai, effectivement,
18:34beaucoup œuvré
18:35pour ce qui est, pour moi,
18:37le plus précieux dans ce pays,
18:39qui est l'universalisme.
18:41En fait, le véritable combat
18:43qui, aujourd'hui, est le choc,
18:45non pas des cultures,
18:46mais de ce que l'on veut pour la France.
18:49La France est un pays,
18:50par définition, universaliste
18:52et aujourd'hui,
18:53les communautaristes ont pris le dessus.
18:56En fait, l'opposition des communautés.
18:58Tout est communauté.
18:59C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
19:02chacun a ses revendications identitaires.
19:04C'est ça, mon combat.
19:06Actuellement, effectivement,
19:08on n'est pas très bien placé,
19:10mais on a les ressources.
19:12Ce pays, je crois en la France.
19:14On a ses ressources
19:15et je pense que l'universalisme
19:17reprendra le dessus
19:18parce que c'est cela, la France.
19:20C'est qui, les communautaristes ?
19:21Écoutez, c'est tous ceux
19:22qui gueulent actuellement.
19:23Il n'y a pas d'autre terme.
19:24Ceux qui, effectivement,
19:25ont des revendications
19:27qui sont identitaires
19:28pour leurs pommes,
19:29pour leur communauté.
19:31Mais il n'y a pas seulement
19:32les communautés nationales,
19:33ethniques, religieuses.
19:34La France est communautarisée.
19:36Tout est communauté.
19:37En fait, vous aimeriez bien
19:38que je ne vous pose pas la question
19:40de savoir si vous parlez
19:41au nom des Juifs de France.
19:42En fait, cette question-là même,
19:44vous être enfermé presque
19:47dans cette étiquette,
19:48vous êtes insupportable.
19:49Je l'ai dit au moment du 7 octobre.
19:51Je ne comprenais pas des copains,
19:52des gens très proches
19:53qui disaient,
19:54alors, comment ça va ?
19:55Je suis français.
19:56Je suis français.
19:57Personne ne devrait
19:58l'écrire, en fait.
19:59J'appartiens à une communauté
20:00qui est la communauté nationale.
20:02À côté de cela,
20:03comme vous,
20:04comme chacun de ceux
20:05et celles qui nous entendent,
20:06eh bien, j'ai d'autres attaches.
20:07J'ai d'autres attaches
20:08de cœur, spirituelle,
20:10éventuellement religieuse,
20:11historique, etc.
20:13Mais je suis français.
20:14Et c'est ça, notre mal profond.
20:16C'est de se retrouver.
20:17C'est le communautarisme
20:19qui est en train de saper
20:20la société française.
20:21Merci, Alain-Jacques Hubévis,
20:22d'avoir été mon invité ce matin,
20:24d'avoir répondu à mes questions.
20:25Avocat, président d'honneur
20:27de la LICRA.

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