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À l'âge de 16 ans, un cadeau d'anniversaire a conduit le compositeur français Laurent Petitgirard à découvrir le classique littéraire oriental « La pérégrination vers l'Ouest (Xi You Ji) », dont il est tombé profondément amoureux. Plus de cinquante ans plus tard, ce compositeur interprète sa passion et sa compréhension de « Xi You Ji » à travers le ballet « Xi You », recréant par la musique le périple vers l'Ouest de Tang Seng à la recherche des canons du bouddhisme. Écoutons ensemble Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France, partager son lien avec « Xi You Ji », le parcours créatif de la composition du ballet « Xi You », ainsi que ses attentes concernant les échanges artistiques entre la Chine et la France. #ArtEnMiroir #60ansChineFrance #ChineFranceEtMoi

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Transcription
00:00J'avais un grand frère, parce que malheureusement il est décédé,
00:03qui avait dix ans de plus que moi, qui était un grand compositeur,
00:07très passionné par l'Asie, par les cloches, les cymbales, tout ça, etc.
00:13Et Alain m'a offert, quand j'avais seize ans,
00:16les deux livres, les gros livres du C.U.C. que j'avais là,
00:20mille paves,
00:22et ça m'a passionné.
00:24Je les ai lus, relus,
00:27et j'ai décidé d'écrire
00:30une grande chose musicale, et j'ai commencé à prendre des grandes partitions,
00:33et j'avais, quoi, dix-sept ans, et j'ai commencé à écrire, écrire.
00:37Mais je me suis très vite essoufflé,
00:41c'est-à-dire que c'est un livre qui a tellement de niveaux de compréhension
00:46qu'il est à voir avec tellement de recul.
00:49Je me suis vite rendu compte que j'étais trop jeune.
00:53Au fond, la question c'est de savoir
00:57est-ce qu'on peut faire passer l'émotion de quelque chose
01:00dont on n'a pas compris tous les aspects.
01:05Oui, mais il faut quand même en avoir compris suffisamment,
01:08et j'étais trop jeune pour ça.
01:10Quand je suis allé en Chine la première fois, il y a
01:14douze, treize ans, pour diriger l'orchestre de l'opéra,
01:17dans l'opéra de mon ami Paul Andreux, l'architecte,
01:23voir la Chine comme ça, ça m'a vraiment donné un choc,
01:26et quelques années plus tard, en tant que secrétaire perpétuel
01:30de l'Académie des Beaux-Arts, je suis allé
01:34aussi bien à Beijing, Pékin, qu'à Chengdu,
01:38et là, vraiment, de revoir tout ça, ça m'a beaucoup touché.
01:44Et donc, je me suis mis dans l'idée d'écrire un ballet,
01:46et j'ai parlé à un ami qu'on voit souvent ici,
01:49qui est un des correspondants de l'Académie des Sciences Morales et Politiques,
01:54qui s'appelle Dong Qiang,
01:57et qui était un des patrons du département français
02:03de l'université à Pékin, et qui m'a dit
02:06« Ah, il faut que je vous fasse rencontrer une très bonne chorégraphe
02:12qui à la fois maîtrise la danse contemporaine,
02:15mais en même temps, la grande tradition chinoise,
02:18et qui est Wang Yabin. »
02:20Donc j'ai rencontré Wang Yabin, ça a tout de suite bien fonctionné,
02:25et au moment où j'ai dit à mon frère
02:28que j'allais écrire le ballet,
02:3053 ans après qu'il m'ait offert, ou 54 ans après qu'il m'ait offert le livre,
02:35il était très très ému, vraiment très heureux,
02:39il est mort deux mois après, il n'aura jamais entendu le ballet,
02:42mais il était tellement content que je commence à travailler.
02:45Mais si vous voulez, fondamentalement,
02:48ce qui m'a fasciné dans ce livre,
02:51c'est que j'ai vu l'équivalent de l'Iliade et l'Odyssée,
02:56Homer, ou bien du Ramayana indien,
02:58c'est-à-dire où la divine comédie dente,
03:01ces grands livres du voyage,
03:04et où la vérité n'est pas au but du voyage,
03:09la vérité est dans le voyage, est dans les épreuves.
03:12Si vous regardez bien le livre,
03:16Samsang, il fait ce voyage avec trois disciples,
03:22qui représentent chacun un aspect de la nature humaine.
03:29Inche, puisqu'il s'appelle d'abord Inche, puis il devient Suen Wukong,
03:34celui qui a pénétré le vide,
03:36avec les 72 pouvoirs de transformation,
03:40il représente l'intelligence.
03:44Chupakay, c'est la bestialité, c'est la sensualité,
03:48c'est la nourriture, c'est la chair, c'est tout ça.
03:51Chaseng, c'est l'émotion, c'est la pesanteur.
03:56Et puis il y a le quatrième cheval qui porte.
03:59Et au fond, chacun de ces personnages représente un aspect du maître.
04:05Et c'est un trésor qu'il faut redécouvrir,
04:09parce qu'il est extraordinaire.
04:10C'est un livre à lire et à relire,
04:13il est un peu fatigant, il est un peu répétitif par moments,
04:16mais je trouve que c'est quelque chose d'extraordinaire.
04:18C'est une histoire qui est complètement connotée
04:22avec la musique classique chinoise,
04:28les instruments chinois qu'on connaît,
04:31les costumes traditionnels qu'on connaît,
04:35et une danse traditionnelle.
04:40Et tout d'un coup,
04:41Yabine est un peu entre les deux au point de vue chorégraphie,
04:44mais tout d'un coup, il y a une musique qui n'a strictement rien à voir.
05:08Et ça, ça surprend beaucoup,
05:09et ça interroge, ça fait découvrir à beaucoup de Chinois
05:14que ce livre est tellement important que les Occidentaux s'y intéressent.
05:18Et en Chine, ça a ouvert des portes.
05:21Donc je pense que cette collaboration,
05:26ça éveille l'esprit à se dire,
05:28oui, il y a vraiment des corrélations entre ces deux pays.
05:31Les collaborations artistiques, en ce moment, c'est essentiel.
05:34Il y a eu une rencontre avec quelqu'un de très important,
05:37qui est Wu Weishan, le sculpteur,
05:40qui est aussi le directeur du Musée des Beaux-Arts à Pékin.
05:44Et alors, on a commencé à organiser.
05:47Ça avait commencé avant moi, mais je l'ai amplifié.
05:50On va faire des échanges musicaux,
05:52des échanges artistiques au niveau, bien sûr, du ballet,
05:56mais au niveau aussi de sculpture, peinture, dessin.
06:00On est parti sur un rythme maintenant.
06:03Et ce ballet, si, il a aidé quand même,
06:06parce qu'on a créé une dynamique.
06:09Donc maintenant, il faut la continuer.
06:10On est dans un domaine de l'élévation de l'esprit.
06:15Et dans ce travail, il y a une extraordinaire qualité chinoise
06:20qu'on retrouve dans le Si Yu Zi.
06:23C'est la persévérance.
06:25C'est le fait que quand on commence à tracer quelque chose,
06:29on va jusqu'au bout de la ligne qu'on s'est fixée.
06:32Et ça, c'est quelque chose qui devrait nous réunir.
06:36Sous-titrage Société Radio-Canada

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