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Le Premier ministre, Michel Barnier, était en déplacement à Meaux, en Seine-et-Marne, pour les commémorations du 11-Novembre, célébrant l’Armistice de la Première Guerre mondiale. Le Premier ministre a visité un musée dédié depuis 2011 à la Grande Guerre et à ses près de dix millions de morts militaires en quatre ans. 

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00:00Pour beaucoup de raisons, je suis très touché et ému par l'accueil à l'invitation de Jean-François Copé que vous m'avez fait tout à l'heure.
00:08Le monde s'est remonté, tous ces citoyens vêtus des habits de l'époque, dans toutes les dimensions de cette tragédie.
00:18Et mes premiers mots seront pour vous remercier. Remercier le maire de Meaux pour son invitation.
00:25Nous nous connaissons depuis longtemps et je sais l'attention, la ténacité, Jean-François, que la municipalité de Meaux,
00:33sous votre impulsion, a portée pour la création de ce lieu. Saluer naturellement à vos côtés, M. le maire, les ministres qui sont ici.
00:44Et naturellement, mesdames et messieurs les parlementaires, le président de ce département, Jean-François Parigi.
00:52Et comme le maire de Meaux l'a dit, tous les présidents du département d'Ile-de-France qui sont ici, les officiers généraux,
01:00les autorités civiles, militaires et religieuses qui montrent l'importance de ce moment. Merci aux enfants de Meaux.
01:09Merci à tous vos professeurs, le gouvernement auquel je fais confiance, pour ces textes poignants, émouvants, pour cette chanson,
01:25elle aussi émouvante, qui nous rappelle à la fois le courage de nos soldats et l'horreur de ce qu'ils ont vécu ici autour de Meaux,
01:34dans ce pays de Meaux, il y a 110 ans. C'est à ces soldats, mesdames et messieurs, que nous sommes venus rendre hommage aujourd'hui,
01:45avec le ministre délégué aux armées, aux anciens combattants, Jean-Louis Thiriot et François Durevray aussi qui est ici.
01:54Ces soldats parmi lesquels Charles Péguy, tombé à Villeroy tout près d'ici le 5 septembre 1914, l'aviateur Georges Guenemeyer
02:07qui a perdu la vie trois ans plus tard dans le ciel de la Belgique et dont votre école porte le nom, à tous ceux connus ou inconnus
02:18qui sont morts pour la France au fil de notre histoire. Honorer la mémoire de ces combattants, c'est d'abord avoir la mémoire de cette histoire tragique.
02:32C'est pour ça que je suis heureux de vous retrouver en ce 11 novembre. C'est une journée fériée à laquelle nous sommes attachés au musée de la Grande Guerre
02:42Cher Jean-François, pour l'inauguration de cette tranchée reconstituée, et je le dis en pensant à Jean-Pierre Vernet qui nous écoute sans doute,
02:52et qui nous souhaitons un bon rétablissement collectionnaire, historien, respecté auquel ce grand musée doit tant,
03:00et de saluer à vos côtés tous ceux qui ont contribué, régions, départements, collectivités locales, mais aussi mécènes et entreprises
03:08pour permettre la réalisation de ce lieu si expressif de la mémoire. Honorer la mémoire de ces combattants, c'est rappeler ce qu'ils ont vécu sur cette terre de la Marne à la fin de l'été 14.
03:23Depuis le 2 août, cette année-là, les Français reculent devant l'invasion allemande. Le 5 septembre, les Allemands sont à Épernay, à Chalon,
03:35et ici à Meaux, à 50 kilomètres de Paris. 30 minutes de train aujourd'hui, 10 heures de marche à l'époque pour les troupes allemandes.
03:47Le gouvernement est alors à Bordeaux. 500 000 Parisiens ont quitté la ville et notre pays, notre patrie est alors au bord du précipice.
04:00C'est à ce moment-là que se produit un revirement inespéré. Et comme Jean-François Coppel a dit, dans la nuit du 6 septembre, le général Joffre écrit aux armées.
04:14Et au petit matin, Français, Britanniques et d'autres font volte-face et repartent et partent à l'offensive. Après une semaine de combat, ils emportent la victoire.
04:26Nous sommes le 12 septembre 1914 et c'est le miracle de la Marne, mais au prix de tant de morts. En réalité, cette victoire n'a rien de providentiel.
04:40Rien n'était prédestiné, tout restait à écrire. Et ceux qui ont écrit cette histoire, ceux par qui le miracle est advenu, ce sont les soldats français,
04:52vêtus de leur capote bleue, de leurs pantalons de garance. Ce sont les deux régiments coloniaux de tirailleurs de la brigade marocaine, ceinturés de rouge.
05:05Ce sont aussi les membres du corps expéditionnaire britannique, enveloppés dans leur vareuse khaki. Et je pense qu'il était symbolique et aussi important aujourd'hui
05:16que le premier ministre britannique, Kerstarmer, ait été invité par le président de la République et présent ce matin à l'arc de triomphe.
05:26Leur corps était épuisé, leurs esprits abattus après la longue épreuve de la retraite. Et pourtant, le 6 septembre, ils repartent et reçoivent les encouragements
05:40du sous-lieutenant Maurice Genevoix, pour qui, et je le cite, « l'immobilité nous coûterait plus de morts que l'assaut ». Le vrai miracle de la Marne, ce fut leur courage.
05:53Le courage de ne pas renoncer face à des épreuves trop dures, trop longues, trop éprouvantes. Le courage d'avancer, de repartir, de tomber, de se relever, de combattre, de tenir.
06:07Ce fut, cher Jean-François, ce sursaut qui secoua la France et conduisit à la victoire, à l'époque, inespérée. Etats-majors et soldats partageaient un même mot d'ordre,
06:21ne pas regarder en arrière, attaquer, refouler l'ennemi, se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Tels étaient les propres mots de Joffre dans son message du 6 septembre.
06:35Tels étaient les mots qui raisonnaient déjà en chaque soldat avant même qu'il n'ait pris connaissance du message du Général.
06:43Ne pas tourner le dos, faire face, encore une fois tenir, car aucune bataille n'est jamais perdue avant même d'être livrée.
06:55Mesdames et messieurs, ils s'appelaient Émile, Youssef, Maurice, Ezequiel. Ils étaient parfois à peine plus âgés que les lycéens d'aujourd'hui.
07:08Et à un siècle de distance, que pouvons-nous retenir de leur histoire et de la tragédie qu'ils ont vécue ?
07:17Le premier message qu'ils envoient à la jeunesse de France, c'est, je le crois, le message du courage, de l'engagement, qui ne sont jamais vains.
07:26Ce message est toujours valable aujourd'hui en temps de paix.
07:30Devant des difficultés personnelles, mais aussi face aux grands défis du monde, le changement climatique aujourd'hui, les défis économiques,
07:50les inégalités sociales, le retour de la guerre sur notre continent, on peut quelquefois avoir la tentation de se résigner, de s'abandonner à un sentiment d'impuissance.
08:03Mais il y a une autre voie qui consiste en effet à faire face, à relever la tête et à agir, à se dire une chose simple, il n'y a jamais de fatalité tant qu'il n'y a pas de fatalisme.
08:20Comme ceux de 14, chacune, chacun d'entre vous a en elle, en lui, et je le dis en particulier en m'adressant aux plus jeunes parmi nous,
08:29vous avez chacun d'entre vous des ressources, des idées, de l'énergie, de la créativité, de la combattivité, de la générosité.
08:40Et ces forces personnelles, il faut qu'elles soient actives.
08:44Voilà le premier message aux jeunes d'aujourd'hui que je voulais vous dire, un mot. Engagez-vous. Engagez-vous pour le climat.
08:54Engagez-vous contre la pauvreté, la précarité, l'isolement. Engagez-vous pour la transmission de notre patrimoine, de notre histoire, notre culture, notre patrie.
09:06Pour les plus âgés d'entre vous, engagez-vous dans des mouvements de jeunesse, des associations pour la défense de notre pays.
09:14Engagez-vous, y compris dans des mouvements politiques. Ce que j'ai appris personnellement, mesdames et messieurs, très tôt,
09:21c'est que si vous ne vous occupez pas de politique, c'est la politique qui s'occupe de vous.
09:29La France a besoin de vos talents pour irriguer notre nation et concevoir des réponses aux défis de l'avenir.
09:38Voilà le premier message. Le second message de la bataille de la Marne, c'est que le sursaut doit être et ne peut être pour être vainqueur que collectif.
09:48Le courage individuel est nécessaire. Il doit s'accompagner de solidarité. Solidarité civile, fraternité militaire,
09:57solidarité entre civils et militaires. Quelle aurait été, chers amis, mesdames et messieurs, l'issue de la bataille et plus généralement de la grande guerre
10:08si le courage avait été l'affaire seulement de quelques-uns ? Si les taxis de Paris n'avaient pas conduit près de 5 000 hommes sur le front ?
10:18Si les femmes n'avaient pas montré comme les hommes leur capacité à travailler la terre et à faire tourner les usines ?
10:25Si les civils n'avaient pas porté secours aux blessés ? Chaque acte individuel était courageux. Mais tous ces actes, pris ensemble, furent victorieux.
10:39C'est parce que les tirailleurs marocains du général Imbert associèrent leur action à celle des Vendéens du 77e régiment d'infanterie
10:49que le château de Mont-de-Mans fut repris le 9 septembre 1914. C'est parce que Maurice Genevoix trouva aux côtés de son camarade Porchon
10:58et de tous ceux de 14, de l'ardeur à vivre, qu'il combattit jusqu'à entendre crier victoire. Ces hommes ne se connaissaient pas.
11:08Ils se sont découverts, à l'été 1914 et plus tard dans les tranchées, un même amour, une même fierté de la patrie. Frères d'armes, car frères d'âmes,
11:21unis par une histoire, une langue, une culture commune. Une histoire, une langue, une culture, mesdames et messieurs, apprises auprès de leurs parents,
11:30auprès de leurs instituteurs, aimées, parfois critiquées, mais profondément intégrées, telle était notre culture. Une langue qui, déjà à cette époque,
11:42n'était pas seulement la langue des Français, mais une langue parlée à cette époque par près de 60 millions de personnes en Europe et dans le monde,
11:51beaucoup plus aujourd'hui. Des hommes unis aussi, pour beaucoup d'entre eux, par une vision de la France, porteurs de valeurs universelles, combattantes de la liberté.
12:04Aujourd'hui, la Première Guerre mondiale paraît loin, même si la guerre en Ukraine nous rappelle en effet certaines de ses horreurs. Et si la France reste militairement engagée
12:16sur des théâtres extérieurs, elle vit depuis longtemps en paix avec tous ses voisins. Les circonstances sont heureusement moins dramatiques, mais notre pays fait face,
12:27doit faire face à de profonds bouleversements climatiques, technologiques, économiques, sociaux, des bouleversements de la sécurité qui sont autant de défis
12:39pour chacune et chacun d'entre nous et pour nous tous en tant que nation, en tant que patrie. À nouveau, nous nous trouvons face à des forces adverses,
12:50des menaces dans le voisinage immédiat de l'Union européenne, mais aussi, plus près de nous encore, le découragement, les divisions, le rejet de l'autre, la violence,
13:02la dette écologique qui s'alourdit toujours plus pour nos enfants et, je le redis, comme je l'ai dit devant l'Assemblée nationale et le Sénat, le poison insupportable
13:13de l'antisémitisme et du racisme. Face à ces menaces, nous avons à nouveau besoin d'un sursaut collectif pour lutter contre le changement climatique et adapter notre pays
13:26au réchauffement, pour garder notre capacité d'investir pour la santé, pour l'école, la recherche, pour développer notre capacité de production dans l'agriculture et dans l'industrie,
13:38notre esprit d'innovation, pour assurer la sécurité mais aussi la défense de la patrie, des Françaises et des Français dans nos villes, dans nos campagnes, dans nos outre-mer,
13:49pour faire respecter partout les valeurs de la République que je viens d'évoquer et l'esprit de fraternité dont nous avons tant besoin.
13:59Je suis, mesdames et messieurs, convaincu que ce sursaut est possible, à condition que chacun y mette de la bonne volonté, à condition que nous soyons prêts à écouter,
14:12à dialoguer et à nous respecter, nous respecter les uns les autres. Et cela, je vous le dis, à la place où je me trouve aujourd'hui, restera l'état d'esprit de l'action du gouvernement.
14:29Après l'engagement individuel et le sursaut collectif, mon troisième et dernier message, celui que nous envoient les soldats de la Marne, concerne l'Europe, qui a évoqué le maire de Meaux.
14:42Le 6 septembre, à l'aube, sur toute la ligne de front, ce sont près de deux millions d'hommes, deux millions d'hommes qui se lancent à l'assaut les uns contre les autres.
14:54Entre Français et Allemands, un tel affrontement nous semble aujourd'hui inimaginable.
15:01C'est Victor Hugo qui écrivait déjà en 1870 qu'une guerre entre Européens est comme une guerre civile.
15:11L'horreur de Verdun abonde d'une certaine manière en ce sens puisque les soldats, quelle que soit leur nationalité, vivent la même vie de tranchée.
15:21On le voit mieux aujourd'hui en visitant cette tranchée reconstituée, en partageant le froid, la faim, le danger.
15:30Après-guerre, des juristes, des hommes d'État comme Aristide Briand, Gustave Streisman réfléchissent déjà aux moyens d'éviter de nouveaux conflits.
15:41Avec le recul, il est facile d'ailleurs de leur reprocher une forme d'idéalisme.
15:46L'Europe, disait Robert Schuman le 9 mai 1950, n'a pas été faite et nous avons eu la guerre.
15:56Mais les premières graines de la construction européenne étaient semées dès cette époque.
16:02Elles trouveront un terreau fertile à partir des années 1950.
16:07Et elles ont donné des résultats uniques à l'échelle du monde.
16:12La réalisation du marché unique jusqu'à l'euro, du pro-amérasmus jusqu'au système de navigation par satellite Galileo et tant d'autres.
16:21Ces réalisations ont été obtenues par les ennemis d'hier, main dans la main aujourd'hui, comme l'ont été dans cette image si symbolique,
16:32à l'époque, le président François Mitterrand et Helmut Kohl devant l'ossuaire de Douaumont.
16:39J'ai eu le privilège, personnellement, de siéger dans le même gouvernement que Simone Veil et j'ai souvent bénéficié de ses conseils.
16:50Je n'ai jamais oublié que cette femme d'État, si forte, si belle, si courageuse, elle-même déportée à Auschwitz à l'âge de 16 ans,
17:00fut l'une des toutes premières revenant d'Auschwitz et s'engageant à militer pour la construction européenne.
17:09Cette Europe que nous avons construite et dont nous sommes les héritiers nous a tant apporté.
17:15Évidemment, cette Europe n'est pas parfaite. Il reste tellement de choses à changer pour accélérer la transition écologique,
17:24pour assurer la réciprocité dans nos échanges commerciaux, pour encourager l'innovation en investissant dans les secteurs de la production,
17:32je l'ai dit, mais du numérique, de la santé, de l'espace, de la défense, pour donner à cette Europe la souveraineté qui la rendra plus forte.
17:42Mais au-delà de ces problèmes d'aujourd'hui, au-delà des avancées pratiques pour notre vie quotidienne, au-delà de la force vitale
17:52que nous donne simplement le fait d'être ensemble plutôt que d'être les uns à côté des autres, chacun chez soi, chacun pour soi,
18:00au-delà de tout ça, nous avons besoin de cette union pour discuter, pour nous faire respecter par les autres grandes puissances
18:09que sont les États-Unis d'un côté ou la Chine de l'autre. Souvenons-nous, parce que c'est la vérité, que la promesse de paix
18:17faite en 1950 dans ce fameux appel de Schuman et de Monet aura été respectée, une promesse respectée jusqu'à aujourd'hui.
18:27Cette Europe, nous devons, mesdames et messieurs, en prendre soin parce qu'elle est à la fois fragile et nécessaire.
18:35Cette Europe, pour vous, les plus jeunes, vous devez en prendre soin. N'oublions pas ceux de 14, ce père de famille parti combattre,
18:45cette femme engagée à l'arrière, ses enfants livrés à eux-mêmes. Et en leur mémoire, nous devons rester patriotes.
18:55Mais plus que jamais, pour tirer la leçon de cette tragédie qui est si bien décrite ici à mots, représentée dans ce musée,
19:05dans cette tranchée, je pense que nous devons être aussi définitivement patriotes et européens. Je vous remercie.
19:13– Bravo.
19:14– Applaudissements
19:20– Et voilà le message du Premier ministre à l'occasion de ce 11 novembre, un message on ne peut plus politique de Michel Barnier
19:28qui fait un lien très clair avec les défis, les batailles livrées par les poilus pendant la Première Guerre mondiale
19:34et les défis auxquels font face les Français aujourd'hui.
19:37Le Premier ministre qui appelle à un sursaut, Alexis Cuvillier, un sursaut collectif pour justement lutter contre tout ce qui arrive aujourd'hui,
19:44faire face aux défis politiques, économiques, climatiques, il les a aigrénés comme ça.
19:48Donc un message très politique qui fait un lien avec la situation en France aujourd'hui.
19:51– Oui, c'était un passage dans son discours qui était en effet…
19:54– Pardon Alexis, on va écouter La Marseillaise par les jeunes.
19:57– La tyrannie, les hondards sanglants élevés, les hondards sanglants élevés,
20:08entendez-vous dans les campagnes, mûsir ces féroces soldats,
20:17ils viennent sur ce grand mont Bras, et lancés dans les grandes campagnes,
20:26hondards citoyens, formez vos bataillons, marchons, marchons,
20:39dansons un peu, à droite de Brassillon.

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