Le maire LR de Meaux est notre invité à 8h20, pour évoquer la situation nationale et internationale mais aussi la Première guerre mondiale, un conflit auquel sa ville consacre un musée, le premier musée de la Grande Guerre en Europe. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-11-novembre-2024-9283270
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le maire, les Républicains de la ville de
00:11Maux.
00:12Question, réaction au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:18Jean-François Copé, bonjour, et bienvenue sur Inter, on voulait vous entendre sur la
00:23réélection de Donald Trump, sur les premiers pas du gouvernement Barnier, mais aussi en
00:29ce 11 novembre, jour de commémoration de l'armistice de 1918, vous entendre sur la
00:35Première Guerre Mondiale, comme président du pays de Maux, vous accueillez dans votre
00:40ville le musée de la Grande Guerre, et vous y recevrez tout à l'heure Michel Barnier,
00:45pour inaugurer une tranchée à ciel ouvert, longue de 110 mètres, c'est une véritable
00:53tranchée comme celle où se battaient les soldats de 14, c'est ça ce qu'on va voir,
00:58c'est cette expérience de la guerre qu'on va pouvoir éprouver dans le musée ?
01:03Absolument, c'est ce que nous avons voulu faire au pied du musée de la Grande Guerre
01:08du pays de Maux, qui est le plus grand musée d'Europe, dédié à la Première Guerre
01:11Mondiale, qui est un musée à la fois passionnant et bouleversant, puisqu'on y voit ce qu'était
01:16la réalité quotidienne des Poilus, mais aussi des hommes, des femmes, des enfants,
01:21et de toutes les nations en guerre, c'est vraiment une collection absolument exceptionnelle,
01:26et nous avons voulu l'enrichir avec la reconstitution d'une tranchée, pédagogique
01:32bien sûr, un caractère pédagogique, mais qui montre de manière très concrète ce
01:35qu'était la vie cauchemardesque des soldats pendant cette Première Guerre Mondiale, enterrés
01:41dans ces tranchées.
01:42Qu'est-ce qu'on voit, qu'est-ce qu'on ressent, parce que c'est vrai qu'il y a un grand reportage
01:46dans le Parisien de ce matin, ça donne vraiment envie d'y aller et d'emmener les enfants
01:50voir cette tranchée.
01:52Qu'est-ce qu'on ressent quand on rentre dans ces couloirs de 110 mètres ?
01:57C'est tout l'intérêt de la reconstitution qui a été faite, c'est de pouvoir vraiment
02:01montrer comment les hommes s'enterraient dans la tranchée, on y voit le poste de secours,
02:06on voit là où ils mangeaient, là où ils dormaient, là où ils se battaient, là où
02:09il fallait ramper pour être dans le poste d'observation, tout ça est très très bien
02:12fait, c'est une Première Mondiale, avec des technologies modernes effectivement,
02:16notamment sonore, voilà, exactement, et on vit des attaques, des bombardements, on
02:22vit des moments de calme aussi, on entend le bruit de la souffrance, il a fallu essayer
02:27d'ailleurs de trouver le bon équilibre, bien entendu, pour lui garder aussi une certaine
02:31forme de solennité à cet édifice, mais tout cela se fait évidemment dans une seule
02:37et même logique, c'est de faire connaître la Première Guerre Mondiale, parce que ce
02:41qu'il y a derrière tout cela, et moi je vis évidemment sur ce sujet depuis longtemps
02:45maintenant grâce à Jean-Pierre Vernet, qui nous a donné cette collection exceptionnelle.
02:50Oui, c'est l'historien, c'est lui, il a failli pas se faire ce musée, il faut dire
02:53que ça fait dix ans qu'il existe, qu'il est effectivement la référence, c'est le
02:57premier musée de la Grande Guerre de toute l'Europe.
02:59Absolument, et cette collection unique au monde a été réalisée par un grand français
03:03qui est Jean-Pierre Vernet, auquel je pense beaucoup ce matin, et c'est vrai que moi
03:07je milite pour qu'on connaisse l'histoire de la Première Guerre Mondiale, parce qu'en
03:11fait, elle est la clé d'explication de tout ce que nous vivons aujourd'hui, parce
03:15que les tragédies que nous avons connues, que nous connaissons dans les Balkans, en
03:20Ukraine, au Proche-Orient, l'émergence des États-Unis, la puissance de la Chine,
03:26tout autant que ce qui s'est passé dans le continent africain, tout ça a puisé,
03:30en réalité, et la construction de l'Europe aussi, a puisé sa source dans la tragédie
03:34de la Première Guerre Mondiale, qui a fait tout d'un coup prendre conscience de l'horreur
03:39absolue de la guerre totale, et il a fallu ensuite subir le nazisme, le communisme,
03:45toutes ces tragédies du XXe siècle, qui trouvent aussi leur source dans la Première
03:48Guerre Mondiale.
03:49Voilà pourquoi il est important d'enseigner l'histoire et de faire comprendre aux jeunes
03:53générations, avec leurs professeurs qui viennent très nombreux, ce musée, ce que
03:56l'on doit en comprendre pour comprendre les phénomènes d'aujourd'hui.
04:00Justement, aujourd'hui, 100 ans après la Première Guerre, vous aimez citer cette
04:03phrase du maréchal Foch, parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple
04:07sans mémoire est un peuple sans avenir.
04:09Michel Barnier a dit qu'il voulait venir profiter de cette visite, pour s'adresser
04:15à la jeunesse de France, souligner l'importance de la transmission de l'histoire, ce que
04:18vous dites ce matin, et son attachement à l'idée européenne.
04:20On a pourtant le sentiment que la jeunesse aujourd'hui n'a plus tellement le souvenir
04:24des guerres, encore moins de la première.
04:26Quant à l'idée européenne, croyez-vous vraiment qu'elle mobilise la jeunesse ?
04:29C'est la grande question.
04:30D'abord, je pense qu'il y a derrière tout cela une réalité, c'est qu'on a la mémoire
04:36qui flanche, tout simplement, parce qu'on a perdu conscience de ce que c'était que
04:39le tragique.
04:40Et vous savez, je pense toujours à cette histoire, très personnelle, mais je partage
04:44parce que je pense qu'elle peut être partagée avec beaucoup de nos auditeurs.
04:47C'est le jour où ma fille de 12 ans m'a dit « Papa, c'est tragique ! ». Je lui
04:51dis « Mais qu'est-ce qui se passe ? ». Elle m'a dit « Mon portable ne marche plus ».
04:53Et je lui ai dit « Ecoute, non, ce qui est tragique, c'est ton grand-père qui échappe
04:57à une rafle, sauvé par des justes en 1943, à Aubusson, ça c'est tragique ». Et tout
05:02d'un coup, elle m'a dit « Oui, c'est vrai, on a recalé les choses ». Mais je
05:05me dis, en fait, le sens du tragique, c'est la guerre, c'est ce qui fait que des générations
05:10entières, depuis 2000 ans, on perdait son père, son frère, son fils, et que l'on
05:15vit avec la mémoire vive de la mort.
05:17Et aujourd'hui, on a perdu tout ça parce que c'est heureux, il n'y a plus de guerre
05:21sur le continent de l'Europe occidentale, à l'exception des Balkans.
05:24Mais c'est tout récent et vous voyez combien beaucoup de Français aujourd'hui, même
05:28beaucoup de citoyens européens disent « Pourquoi mourir pour l'Ukraine ? », ça rappelle
05:32d'autres souvenirs.
05:33Et donc ce sujet-là, il est présent, omniprésent, et le rôle des hommes politiques, des responsables
05:39politiques justement, c'est d'avoir cette culture historique.
05:42C'est ce qui fait que j'ai toujours pensé que la différence entre un responsable politique
05:47banal et un homme d'État, c'était la culture historique.
05:50On ne doit pas accepter la concurrence des mémoires, on ne doit pas accepter la déconstruction
05:55des contextes historiques, on doit la partager avec les jeunes générations, c'est notre
05:59devoir premier.
06:00Et c'est pour ça aussi que j'ai voulu ce musée de la Grande Guerre dans le Pays de Maux.
06:04Jean-François Copé, dans le cadre des difficultés budgétaires de la France, il y a une proposition
06:09qui circule de supprimer un jour férié.
06:12Pas touche au 11 novembre.
06:15Parce qu'il est sur la table le 11 novembre.
06:17Vous savez, il n'y a jamais de bon jour férié à supprimer.
06:21On connaît tout ça par cœur.
06:23Et pour avoir été ministre du budget, je peux témoigner, je me souviens encore du
06:26débat sur la suppression du jour de Pentecôte, que nous avons courageusement fait avec Jacques
06:30Chirac et Jean-Pierre Raffarin.
06:31La réalité, c'est qu'il n'y a jamais de bonnes économies, personne ne les supporte.
06:36Regardez le débat absurde entre nous sur la suppression du jour de carence pour la
06:40fonction publique, alors que le privé n'en bénéficie pas.
06:43Regardez les débats sur travailler une heure de plus, sur travailler un an de plus.
06:47Ma question est sur la mémoire de la guerre.
06:49Mais en réalité, on a tous nos bonnes raisons.
06:52Moi, je pense qu'on n'a pas forcément besoin d'un jour férié pour commémorer.
07:00Il y a mille manières de commémorer sans pour autant ne pas travailler.
07:04Ou alors ça veut dire que nous avons 65 millions de Français qui sont au pied des monuments
07:07aux morts le 11 novembre.
07:08Ça se saurait.
07:09Bon, donc en réalité, les commémorations c'est une chose, le jour férié c'en est
07:15un autre.
07:16Que nous conservions pour des moments symboliques le 14 juillet, tout ça, je peux l'entendre,
07:19mais en réalité, il me semble que le jour férié, c'est une manière de faire des
07:23économies.
07:24Dans un pays qui a besoin de dépenser beaucoup pour préserver notre modèle social, il faut
07:29effectivement travailler plus.
07:30Alors reprenons Duchamp, on va revenir à ses questions budgétaires.
07:33Aujourd'hui, l'Europe vous semble-t-elle menacée de dislocation, de marginalisation
07:39avec la réélection de Donald Trump ?
07:41Non, je pense que ce sont deux choses différentes.
07:44Je pense que l'élection de Donald Trump, c'est un événement planétaire, que tous
07:50n'avaient pas anticipé, mais qui dit comment « moi je ne vais pas faire le malin plus
07:54que les autres ».
07:55La réalité, c'est qu'il y a des sujets sur lesquels je ne fais plus de pronostics
07:58depuis très longtemps, je ne réponds plus depuis très longtemps.
08:00Le prix du pain au chocolat, vous ne m'aurez plus jamais là-dessus, le résultat des élections
08:04avant qu'il n'arrive, vous ne m'aurez plus non plus.
08:06En revanche, la réalité, c'est que personne ne sait véritablement ce que Trump va faire.
08:10On sait que Trump déteste la guerre, qu'il adore les tarifs douaniers, qu'il méprise
08:16les Européens et qu'il est obsédé par la Chine.
08:19Voilà ce qu'on sait à peu près.
08:21Après, il a tous les pouvoirs aujourd'hui et sa victoire, en réalité, c'est un message.
08:26Parce que derrière tout ça…
08:28Quel est le message ?
08:29Le message, pour moi, il est très simple.
08:31Parce que c'est vrai, c'est encore difficile d'appréhender les vraies raisons, ou la
08:34vraie raison.
08:35S'il y en a une, peut-être qu'il y en a plusieurs, de l'ampleur de cette victoire.
08:39Mais partagez avec vous mon analyse personnelle du sujet, pour bien connaître les Etats-Unis.
08:43Je pense que les Américains ont voté pour Trump parce qu'ils y veulent de l'ordre.
08:47Et qu'il a, à tort ou à raison, incarné l'autorité.
08:51D'abord, il a incarné un leadership, et ça, je pense qu'il y avait une attente
08:55de leadership aux Etats-Unis, il n'y a pas qu'aux Etats-Unis d'ailleurs.
08:58Et puis d'autre part, parce qu'il a incarné, avec son discours, d'ailleurs assez… partant
09:04un peu dans tous les sens, mais il a incarné l'ordre sur les questions migratoires, sur
09:08les questions du wokisme, qui constitue un débat très important aux Etats-Unis, et
09:15je pense que derrière tout cela, c'est un message que nous devons entendre.
09:19Et je pense que nous, Européens, devons y penser sérieusement.
09:23Vous posiez la question de la dislocation de l'Europe, moi je ne pense pas que l'Europe
09:26se disloque.
09:27Je pense que l'Europe, elle est en attente de leadership.
09:30Parce qu'aujourd'hui, il n'y a plus de chef d'Etat et de gouvernement, me semble-t-il,
09:34dans les principaux pays d'Europe, qui soient au niveau de la difficulté des défis que
09:39nous avons à relever.
09:40Ce qui se passe en Allemagne aujourd'hui, ce qui se passe en France, ce qui se passe
09:43en Espagne, montre que dans un certain nombre de pays, il y a une crise de leadership.
09:47Nous devons absolument restaurer une véritable autorité, parce que sinon, les peuples vont
09:53les uns après les autres choisir l'extrême droite.
09:55L'élection de Trump est une bonne nouvelle pour Marine Le Pen ?
09:57Bon écoutez, j'ai vu que tout le monde se réjouissait, même Mélenchon trouve ça
10:01formidable.
10:02Moi, je vais vous dire une chose, je pense qu'en réalité, ceux qui devraient se réjouir
10:06de cette élection, ce sont les partis de gouvernement, et singulièrement de droite
10:10de gouvernement.
10:11Pourquoi ? Parce que c'est un avertissement sans frais que nous avons le devoir d'entendre
10:19et que nous devons les uns et les autres comprendre qu'il y a une vraie fermeté à afficher,
10:25il y a une attente d'ordre dans nos pays, d'autorité à rétablir.
10:28Je pense qu'on doit combattre beaucoup plus fermement l'idéologie woke, c'est-à-dire
10:33en fait ce travail méthodique de déconstruction du savoir, qui est sous-jacente à une contestation
10:40de l'autorité, alors que ça partait au départ d'une intention que tout le monde
10:43pouvait partager, la lutte contre le racisme et les discriminations, c'est notre combat.
10:48Mais en fait, quand on creuse un peu plus, on se rend compte que c'est l'éloge du
10:51communautarisme, c'est la mise en exergue de tensions très fortes.
10:56Et puis il faut bien le dire, les woke, ou les wokistes, je ne sais pas comment on dit,
10:59ils choisissent leur combat, ils combattent le racisme, ils combattent le sexisme.
11:04Les woke, comme vous dites, c'est beaucoup de la jeunesse aujourd'hui, de la jeunesse
11:08américaine, de la jeunesse française.
11:10Sans doute.
11:11Oui, mais dans ces cas-là, lutter contre le wokisme, c'est lutter contre ce que pense
11:15aujourd'hui une écrasante majorité de la jeunesse.
11:17Je ne sais pas, vous êtes beaucoup plus fortes que moi pour considérer que c'est une écrasante
11:21majorité de la jeunesse.
11:22Moi, je constate qu'il y a beaucoup de jeunes qui se radicalisent du coup dans l'autre sens
11:25parce qu'ils n'ont pas envie de ça, et il faut arrêter de caricaturer les choses.
11:28Et puis, je vais vous dire, ce que je pense aussi, c'est que ce n'est pas parce qu'une
11:31idée est communément admise qu'elle est bonne, il faut quand même à un moment ou
11:34un autre mettre les pieds dans le plat.
11:36Moi, je suis très inquiet de voir aujourd'hui les idées d'extrême-gauche bénéficier
11:41d'une telle complaisance, pour ne pas dire d'une telle lâcheté, de la part de partis
11:44socio-démocrates, socialistes comme en France, qui se compromettent en réalité.
11:48Parce qu'ils acceptent tout et n'importe quoi.
11:51Car derrière tout ça, vous me voyez venir.
11:53Quand je vous dis tout à l'heure qu'ils choisissent leur combat, je n'entends rien
11:56sur l'antisémitisme de la part des wokistes, puisqu'ils considèrent que l'homme blanc,
12:01judéo-chrétien, supposé privilégié et riche, est à la source de tous les problèmes.
12:06Un mot encore sur l'Europe, les 27 doivent-ils être plus carnivores qu'herbivores comme
12:15l'a dit Emmanuel Macron ? Est-ce qu'il faut être dur vis-à-vis de Trump sur la guerre
12:22économique qu'il peut nous faire, ou risque de nous faire ? Sur les droits de douane,
12:26sur l'Ukraine aussi ? Est-ce qu'on va devoir se prendre en main, défendre l'Ukraine seule
12:33? Comment voyez-vous les choses ?
12:34D'abord, c'est une punchline, le président de la République adore les punchlines, herbivores,
12:40carnivores.
12:41Ce n'est pas lui qui l'a inventé, comme vous le savez, puisque c'était à l'origine
12:44une formule d'un grand ministre allemand.
12:46Mais je crois que derrière toutes ces formules, il y a une réalité concrète.
12:52Il faut qu'on sache exactement où on va, nous, Européens, dans ce contexte.
12:55Que ce soit Kamala Harris ou Donald Trump, ne nous racontons pas d'histoire.
12:59Ce qu'ils appellent le pivot asiatique, c'est-à-dire de réorienter toute la politique étrangère
13:04américaine sur l'Asie, c'est une réalité.
13:07Oui, mais ce n'est pas nouveau ! Obama l'avait déjà commencé, la marginalisation de l'Europe
13:13à Washington n'est pas nouvelle.
13:15Mais vous avez mille fois raison.
13:16C'est donc bien un nouvel avertissement que nous nous prenions en main dans le domaine
13:21de la défense, mais aussi dans le domaine du commerce.
13:23Et ça veut dire quoi ? Parce que là, soyez concrets, s'il augmente les droits de douane
13:28sur les vins, par exemple, ou le champagne français, est-ce qu'il faut répondre ou
13:34il faut tendre l'autre joue ?
13:35Écoutez, votre question implique directement la réponse.
13:39Nous avons deux choses à faire.
13:41La première, c'est que les droits de douane, on peut de temps en temps les augmenter, mais
13:45ça n'est qu'une réponse de court terme.
13:46C'est vrai pour eux aussi, ne nous y trompons pas.
13:48S'il augmente massivement les droits de douane, il va se retrouver avec une poussée
13:50inflationniste qu'il aura beaucoup de mal à contenir.
13:53Le premier sujet pour les Américains, c'est leur pouvoir d'achat, comme pour tous les
13:57citoyens du monde.
13:58Mais nous, notre vrai sujet, c'est notre attractivité, c'est notre compétitivité.
14:02Il va bien falloir que nous fassions des arbitrages.
14:05Et il faut que Madame von der Leyen modifie considérablement son braquet par rapport
14:10au premier mandat qu'elle a fait et qu'elle fasse vraiment, comme elle vient de l'annoncer,
14:15de l'attractivité et de la compétitivité de l'Europe la clé absolue.
14:19Sinon, nous serons complètement distanciés.
14:21Aujourd'hui, on peut avoir les idées les plus généreuses de la Terre, nous avons,
14:25nous Européens, le modèle social le plus protecteur, mais il faut pouvoir le financer.
14:29Aujourd'hui, nous ne pouvons plus le financer.
14:30Revenons en France, considérant, Jean-François Copé, le dérapage budgétaire, les 6,1%
14:36de déficit prévus en 2024.
14:39Estimez-vous que Michel Barnier a raison de dire que les grandes entreprises qui font
14:44des profits et les plus riches doivent faire un effort de solidarité nationale ? C'est
14:50normal ou pour vous, ça risque de casser la croissance ?
14:53Le risque, effectivement, de porter atteinte à la croissance, comme toutes hausses d'impôts.
14:58Quand on fait des hausses d'impôts, ça ne rapporte jamais ce qu'on prévoit et
15:01tout le monde le sait.
15:02Moi, je veux juste rappeler un contexte.
15:03Ce budget, il a été fait dans l'hyperurgence.
15:07Le gouvernement précédent n'avait pas bien travaillé.
15:10Car en réalité, depuis le 1er janvier, du fait de l'irresponsabilité éliséenne
15:14ambiante, on a empêché le gouvernement de préparer ce budget.
15:18Entre le fait qu'il n'y ait pas de ministre du budget pendant les deux premiers mois de
15:22l'année 2024.
15:23Moi, j'ai été ministre du budget, je peux vous dire que c'est incontinuable de faire
15:25le budget.
15:26Ensuite, on rentre dans la campagne européenne, on donne l'ordre au ministre du budget de
15:29ne plus communiquer, de ne plus rien sortir pour ne pas que ça affole les électeurs.
15:34Arrive l'élection européenne et la dissolution, plus de gouvernement pendant l'été.
15:38M. Barnier est nommé mi-septembre et on lui donne 15 jours pour faire un budget avec
15:42une copie blanche.
15:43Donc pour vous, ce dérapage, c'est la faute d'Emmanuel Macron, pour être clair ?
15:46Totalement.
15:47Totalement pour vous ?
15:48La responsabilité du président de la République dans la situation que nous connaissons, elle
15:52est immense.
15:53Et je regrette que Bruno Le Maire, pour des raisons que j'ignore, n'ait pas dit à
15:58la commission d'enquête qui l'auditionnait, que la totalité de ses demandes d'arbitrage
16:02ont été refusées et qu'il n'y a jamais eu à l'Elysée de Blancyn pour maîtriser
16:09les dépenses publiques.
16:10La politique du chèque est une folie.
16:11En réalité, autant ils ont bien géré la crise du Covid, autant ils ont mal géré
16:15la crise de l'énergie et que, je suis désolé de le dire, la politique de l'offre, quand
16:19on baisse les impôts, c'est très bien, mais continuons à condition de baisser les
16:22dépenses.
16:23Or ils n'ont jamais baissé les dépenses, c'est irresponsable et nous payons ça plein
16:27pot aujourd'hui.
16:28Donc on ne peut pas demander au gouvernement Barnier de régler ce problème en quelques
16:32semaines alors que c'est le travail d'une année.
16:35Et donc du coup, la décision de Michel Barnier d'augmenter les impôts sur les plus riches
16:39et sur les grandes entreprises qui font du profit, vous la comprenez ? Vous qui êtes
16:43clairement ouvertement et de manière assumée libérale, vous vous dites, il faut qu'il
16:46le fasse là maintenant, on est trop dans la bouise ?
16:48Je pense qu'il faudra beaucoup nettoyer, parce que ça a été le festival du délire
16:53fiscal à l'Assemblée, entre l'extrême droite et l'extrême gauche.
16:58Je remarquais l'avantage pour ceux qui n'avaient pas compris, c'est que les extrêmes se touchent
17:01toujours.
17:02Je vous l'ai dit, l'extrême droite, ce n'est pas l'extrême gauche, ils ont de
17:04mon point de vue plein de points communs, mais en particulier le délire fiscal.
17:07L'extrême droite, elle y est allée plein pot, il n'y a plus besoin de socialistes
17:10en France.
17:11Madame Le Pen s'occupe de tout.
17:12Donc en réalité, par rapport à ça, qu'est-ce qu'on voit ? On voit une extrême droite
17:17et une extrême gauche qui ont montré leur incapacité à comprendre les problèmes économiques
17:21du moment, autrement que par la démagogie.
17:24Donc dans l'urgence, il faut limiter au maximum ces hausses d'impôts et surtout, dès le
17:281er janvier 2025, préparer un budget de compétitivité, donc rebaisser les impôts,
17:34mais à condition de pouvoir baisser vraiment les dépenses.
17:37Et dans ce domaine…
17:38Mais lesquelles ? L'école, l'hôpital, la police ? Où est-ce que vous coupez Jean-François Copé ?
17:42Mais partout.
17:43Mais l'erreur, c'est de, à chaque fois, de…
17:45Il y a trop de monde dans les hôpitaux ?
17:47Mais ce n'est pas qu'il y a trop de monde dans les hôpitaux.
17:48Trop de profs dans les écoles ?
17:49Mais arrêtez, ça c'est le cliché habituel.
17:52Non, je vous pose la question, parce qu'on entend toujours « il faut tailler dans les
17:55dépenses ». D'accord, mais lesquelles ?
17:57C'est tout simple.
17:58Écoutez, on a parlé du jour férié, on a un très bon exemple.
18:01Si on travaille plus, par définition, on ramène plus de croissance.
18:03Quant à l'éternel débat sur les effectifs, ça n'arrête pas d'augmenter, et pour
18:08autant, on n'est jamais plus mécontent que d'une année sur l'autre, que ce soit
18:12à l'hôpital ou à l'école.
18:13Donc il y a bien un problème de productivité, d'organisation du travail, tout le monde
18:17le sait.
18:18Regardez les rapports de la Cour des comptes, ils en sont pleins.
18:20On n'a même pas besoin de payer les auditeurs privés, tout est écrit, il faut juste le
18:23faire.
18:24Par contre, vous avez remarqué qu'à chaque fois qu'un ministre propose une économie,
18:28c'est « branle-bas de combat » et pas que à France Inter.
18:30Partout.
18:31Tout le monde explique que tout est nul, qu'il ne faut surtout pas faire ça, qu'on peut
18:34s'occuper des autres mais pas de nous.
18:35Bon, tant qu'on fera comme ça, il ne faudra pas s'étonner de voir les blocages d'un
18:40pays qui accumule les déficits au détriment de nos fameux « jeunes » dont on parlait
18:44tout à l'heure.
18:45Pourquoi vous n'êtes pas au gouvernement ?
18:46On ne peut pas être partout.
18:48Oui, mais encore… Parce que c'est vrai que cette union, je ne sais pas comment vous
18:53l'appelez, coalition entre LR et les macronistes, vous l'avez toujours prônée et vous n'êtes
19:02pas au gouvernement.
19:03Maintenant que ça se fait…
19:04Oui, mais écoutez, d'abord, c'est assez marrant ce que vous me dites parce qu'effectivement,
19:08moi ce qui m'a fait sourire, c'est que moi ça fait quand même deux ans et demi
19:10que je dis qu'il faut absolument reconstituer une coalition avec les macronistes pour gouverner.
19:15Et tous ceux de mes amis qui m'ont expliqué que j'étais vraiment un abruti, que j'avais
19:19rien compris, qu'il ne fallait surtout pas le faire, se sont roulés par terre pour aller
19:22au gouvernement.
19:23Donc ça m'a touché parce que j'ai eu le sentiment que c'était une espèce d'hommage
19:25post-mortem.
19:26Donc ça c'est sympa.
19:27Vous êtes déjà mort.
19:28Ensuite pour le reste, non mais je commence à être un peu doyen de l'humanité avec
19:31le temps qui passe.
19:32Mais ce qui du coup fait qu'un certain nombre d'ailleurs de responsables politiques de
19:36ma génération commencent à s'inquiéter quand même de voir arriver d'un côté un
19:40délitement des responsables de gouvernement au bénéfice des populistes.
19:45Donc il y a un moment où il faut quand même s'y remettre un peu et c'est pour ça que
19:48j'ai décidé de revenir un peu dans le débat public, un peu plus qu'avant en tout cas.
19:52Après pour le reste écoutez…
19:53Vous auriez aimé que Michel Barnier vous appelle ?
19:55En tout cas écoutez, il ne l'a pas fait et ce qui n'est pas grave du tout et donc
19:59par définition c'est la meilleure raison que je puisse vous donner pour vous dire que
20:03je ne suis pas au gouvernement.
20:04Mais pour le reste je suis en revanche extrêmement heureux d'accueillir Michel Barnier aujourd'hui
20:08à mot pour inaugurer la France et le musée de la Grande Guerre.
20:11Un mot, craignez-vous le match de jeudi au Stade de France, match de foot France-Israël ?
20:18Alors je ne crains pas parce qu'il ne faut jamais avoir peur.
20:22Deuxièmement je suis très heureux que ce match ait donné lieu de la part du ministre
20:27de l'Intérieur à des déclarations très fermes car il est hors de question de reculer.
20:31Les actes antisémites ignobles qui ont été commis aux Pays-Bas ont été heureusement
20:37condamnés sauf par un ou deux députés d'extrême gauche, toujours les mêmes, Mme Mesmer, M.
20:46Arnault qui ont tenu des propos absolument indignes qu'à ma connaissance M.
20:51Mélenchon ni aucune de la nomenclatura de l'extrême gauche n'a condamné.
20:55Il va bien falloir qu'un jour ou l'autre tous ces gens-là rendent des comptes quand
20:58même.
20:59Et puis il faudra qu'un jour les socialistes nous expliquent pourquoi ils ont accepté
21:02de se compromettre avec ces gens-là pour gagner quelques sièges.
21:05Mais qu'est-ce qu'on n'aurait pas entendu si nous autres, les Républicains, nous avions
21:09fait une alliance avec l'extrême droite.
21:12Nous ne l'avons pas fait.
21:13Et j'entends…
21:14Oui, mais il est parti tout seul comme vous avez pu le constater.
21:16Non, pas tout seul.
21:17Si, si, tout seul.
21:18Non, non, non.
21:19Il est parti tout seul et vous avez le droit de l'admettre et de le reconnaître parce
21:22qu'il est parti tout seul et qu'on lui a tous bien signifié qu'il était tout
21:25seul.
21:26Bon.
21:27Donc ça, au moins reconnaissons-nous ça.
21:28Parce que les socialistes, ils y sont tous allés avec l'extrême gauche.
21:30Il n'y a pas eu un bouton de guette qui a manqué, l'extrême gauche, pour aller
21:33sauver leurs sièges.
21:34Nous, on en a perdu des sièges parce qu'on a refusé cette alliance avec l'extrême droite.