Dans Tout Public du mardi 5 novembre 2024, Marc Dugain pour son roman "L'Avion, Poutine, l’Amérique… et moi", le journaliste Xavier Yvon et sa fille Sacha pour le podcast "Taylor Swift, le monde, ma fille et moi", et la country à l'heure des élections américaines.
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00:00Et en musique Marie, pas celle des candidats, pas forcément les stars qu'on a vues dans
00:07les meetings de Kamala Harris par exemple, mais cette musique qui incarne les divisions
00:12du pays, la musique country, la campagne profonde contre les élites urbaines, le match Trump-Harris
00:17en filigrane.
00:18Bonjour Yann Bertrand.
00:19Bonjour à tous.
00:20Et ces divisions, vous nous les racontez à travers trois personnages, plus ou moins
00:23connus.
00:24Et d'abord, impossible de ne pas la citer.
00:25Dolly Parton, 75 ans, icône au sens premier du terme de la musique country, souvent caricaturée,
00:36objectivée, moquée.
00:37Mais elle a réussi l'année dernière un comeback relativement inattendu avec un album
00:42rockstar rempli de duos avec de grands noms, comme Oasar, Paul McCartney, Sting, Lizzo
00:47ou Miley Cyrus.
00:48Si je vous en parle, c'est parce que Dolly Parton a tout pour représenter l'Amérique,
00:53éternelle, blanche et patriote, chère à Donald Trump, de nombreux électeurs se reconnaissent
00:58d'ailleurs en elle, mais elle n'a jamais pris position formellement pour l'un ou l'autre
01:02des candidats.
01:03C'est une Amérique au sens traditionnel du terme qui s'affiche ici, une carrière
01:06longue comme le bras et des admirateurs un peu partout.
01:09Et parmi ces admiratrices, justement, une certaine Beyoncé.
01:12C'est la figure la plus clivante, car la plus militante, la superstar s'affiche avec
01:17Kamala Harris, forte de son virage musical, très remarqué cette année.
01:23Avec Cowboy Carter son dernier album, la Texane d'origine montre une fois de plus,
01:33outre son talent, que la country est aussi depuis ses origines travaillée par des artistes
01:38noirs.
01:39Mais son irruption dans le paysage très chasse-gardée d'une Amérique dite profonde et très attachée
01:43à ses traditions, ne s'est pas fait sans commentaires, négatifs souvent de la part
01:48d'une partie du public, malgré le succès immense de l'album et de certains artistes
01:52au point qu'elle n'a même pas été nommée aux derniers Country Music Awards, objectivement
01:56une aberration, et alors qu'elle apparaissait sur son album, la Dolly Parton précédemment
02:01citée a défendu ce choix, affirmant en gros que chacun devait rester dans son couloir.
02:06Définitivement, la country raconte en creux le fossé raciste qui s'est établi au cœur
02:10des Etats-Unis.
02:11Et c'est un soutien de Donald Trump qui raconte bien tout cela.
02:13Son nom, Frédéric Jason Aldin, né en Géorgie il y a 47 ans, certainement pas le plus connu
02:20des chanteurs de country jusqu'à ce single.
02:22« Suck and punch somebody on the sidewalk, Carjack an old lady at a red light,
02:29Pull a gun on the owner of a liquor store, You think I'm crazy... »
02:33« Try that in a small town » que je vais acrobatiquement traduire par « Essaie donc
02:37de faire ça dans une petite ville », évoque les cambriolages, les vols dans les supérettes,
02:41les drapeaux américains qui brûlent ou les agressions du quotidien.
02:44Le fond est évidemment anti-woke, profondément, Jason Aldin se revendique d'une Amérique
02:48blanche, attachée à ses armes, patriote et fier de ses racines.
02:52Une Amérique trumpiste, donc, lui qui s'affiche en meeting avec son champion aux côtés de
02:57Kid Rock ou Hulk Hogan, pas franchement des célébrités de toute première fraîcheur.
03:02Pas convaincu, Frédéric, sachez que le clip de son tube, désormais proche des 70 millions
03:08de vues sur Youtube, a été tourné devant le tribunal de Columbia dans le Tennessee.
03:11Vous me direz, quel rapport ? Il y a 100 ans, Henry Chote, jeune afro-américain de 18 ans,
03:17y avait été lâché par la foule.
03:19La country raconte donc aussi les démons de l'Amérique.
03:22Et vous le racontez très bien, Yann Bertrand sera en musique avant 14h encore sur les traces
03:26de Taylor Swift.
03:27Mais d'abord, accueillons un des romanciers français sans doute le plus inspiré par
03:31les Etats-Unis.
03:32Il y a vécu, travaillé, c'est le décor de plusieurs de ses livres.
03:34Bonjour Marc Dugas.
03:35Bonjour.
03:36Le dernier notamment, L'avion, Poutine, l'Amérique et moi.
03:38Chalbin, Michel, chez vous, c'est plus l'Amérique des villes que la country, mais ça vous parle
03:42quand même ou pas du tout la country ?
03:44Oui, ça me parle.
03:45Toutes les musiques américaines me parlent, d'abord parce que j'en joue, du jazz en
03:50particulier.
03:51Et c'est vrai qu'il y a dans la musique, aujourd'hui, le clivage qu'on a dans la société
03:58américaine.
03:59On le retrouve chez certains chanteurs qui sont derrière Trump ou qui sont derrière
04:03Kamala Harris.
04:04J'ai quand même l'impression qu'il y a plus de musiciens qui sont derrière Kamala
04:08Harris que derrière Trump.
04:09Ce qui est quand même un bon signe, qui est que l'art se range derrière un petit peu
04:13de raison.
04:14Et comment vous regardez, vous l'amoureux des Etats-Unis, vous parlez des clivages,
04:17ces deux Amériques quasiment qui se font face depuis des années et encore plus pour
04:20cette élection ?
04:21Je la regarde avec beaucoup d'inquiétude parce que je la regarde même si je connais
04:28l'Amérique.
04:29Mon grand-père a servi dans l'armée américaine pendant la dernière guerre.
04:33Mon père a travaillé aux Etats-Unis, moi j'ai travaillé aux Etats-Unis.
04:36Mais là, je le regarde avec inquiétude comme Européen, c'est-à-dire que là, il y a
04:41des enjeux, à la fois comme Européen et comme démocrate, c'est-à-dire cette menace
04:47qu'il y a sur la démocratie par Trump qui ferait qu'on aurait, je ne dis pas que c'est
04:54un dictateur, on va peut-être pas aller jusque-là, mais il y a chez lui quand même une tendance
04:58autoritaire.
04:59Mais il n'y a eu qu'à 30 de Trump, entend-on ? Après tout, il n'y a eu qu'à 30 de Trump,
05:02déjà l'Amérique s'en est relevée.
05:03Mais on a l'impression que c'est quand même durci entre les deux.
05:07Et se dire que l'Amérique peut être sous l'effet de l'autoritarisme au moment où
05:12la Russie l'est, la Chine l'est et l'Inde l'est, on va commencer à se retrouver un
05:17peu seuls, nous, Européens, à défendre des valeurs démocratiques qui, en plus, sont
05:21extrêmement menacées.
05:23Et c'est cette crainte que j'ai, en particulier sur, alors là, on rentre dans des choses
05:30plus, évidemment, je dirais plus politiques, mais c'est évidemment l'attitude de Trump
05:37par rapport à l'OTAN et le fait que nous, on est en première ligne aujourd'hui.
05:41On est en première ligne d'une guerre avec la Russie et que l'attitude de Trump est extrêmement
05:46fluctuante, extrêmement dangereuse.
05:49C'est-à-dire qu'à 30 de plus de Trump face à Poutine, pas de deux entre les deux.
05:53Oui, oui, parce que quand vous dites qu'on a eu Trump, mais on l'a eu à un moment qui
05:57était un moment de relatif paix.
05:59Là, aujourd'hui, on a Trump dans une situation qui est extrêmement conflictuelle avec la
06:05Russie. Et la Russie, bon, j'en parle évidemment beaucoup dans mon livre, mais la Russie, c'est
06:10un pays qui est essentiellement orienté vers la guerre et donc la guerre ne s'arrêtera
06:15pas comme ça.
06:16Donc là, il y a de vraies questions pour nous et ça pose évidemment la question de
06:20la construction européenne, de la construction d'une armée européenne ou pas, ou le repli
06:25sur nous-mêmes avec le non-alignement qu'on a connu sous De Gaulle.
06:29Tout ça, c'est des questions qui vont se poser très vite et très fortes.
06:32Une autre vaste question qui était au cœur de vos précédents livres, vous avez tué
06:36Robert Kennedy, les théories du complot, post-vérité, post-réalité, on y est en
06:40plein là. On y est totalement avec Trump et avec cette Amérique.
06:44Je pense que si Trump doit rester dans l'histoire de l'humanité, il y restera pour une seule
06:50chose, c'est d'avoir donné autant de force aux mensonges qu'à la vérité.
06:55C'est-à-dire qu'en fait, aujourd'hui, on est dans un brouillard entre mensonge et
07:00vérité et lui assume le mensonge.
07:02C'est ça qui est extraordinaire.
07:03C'est-à-dire qu'on peut lui mettre les faits devant les yeux de toutes les turpitudes
07:08financières, sexuelles, tout ce qu'on veut.
07:11Il nie avec un aplomb qui est extraordinaire.
07:14Et ça, on n'avait jamais vu ça à ce point-là, en fait, dans l'histoire.
07:18Parce que l'Amérique, elle a toujours été, moi j'ai beaucoup travaillé sur les Kennedy,
07:22le clivage entre une droite dure américaine et des démocrates.
07:27Il a toujours été là, mais il était relativement respectable.
07:31On parlait de la même chose d'une certaine manière.
07:33On avait des avis différents, mais on parlait de la même chose.
07:36Même si, il ne faut pas oublier qu'ils ont quand même tué leur président dans les années 60.
07:42Donc, ça reste un traumatisme.
07:46Mais là, aujourd'hui, cette façon populiste de créer le chaos, c'est assez effrayant.
07:54Parce que ça reste la première puissance mondiale.
07:57Et nous, c'est vrai aussi pour des raisons financières.
08:00De ce point de vue-là, c'est la seule chose sur laquelle je ne lui donne pas tort.
08:04C'est qu'on s'est mis sous le parapluie militaire américain en donnant,
08:09je ne dis pas le moins possible, mais peut-être pas à la hauteur des enjeux.
08:12Et qu'aujourd'hui, on se rend compte que ce parapluie américain,
08:16que le grand frère n'est plus un grand frère, mais au mieux un allié.
08:19Et que la suite de l'histoire, on va la raconter dans les quatre ans qui viennent.
08:24Vertigineux tout ça.
08:25Votre Amérique, dans votre nouveau livre, c'est business, la banque, l'aéronautique.
08:29Vous écrivez, je vous cite,
08:30« Pour les Américains qui m'entouraient, personne ne faisait de la politique.
08:33Personne ne voulait rien savoir.
08:34On était là pour prendre de l'argent et du bon temps, picoler avec nos clients
08:38qui trouvaient dans l'alcool le moyen d'oublier leur absence de moralité ».
08:41En lisant ça, je pensais à des grands patrons comme Elon Musk,
08:44qui s'engage à fond derrière Trump, comme Jeff Bezos, le patron d'Amazon,
08:48qui veut préserver l'Amérique au cas où l'argent, il va vers Trump.
08:52Vous savez, il y a dix ans, avec mon ami Christophe Labbé du Canal en Chine,
08:56on avait écrit un livre qui a eu beaucoup de succès à l'époque,
08:59qui était « L'homme nu sur le numérique et la révolution numérique ».
09:02C'était en 2014.
09:04Et dedans, on disait que tous ces grands du numérique
09:08n'avaient qu'une idée, c'était de défaire l'État, en fait.
09:10Parce qu'ils sont des libertariens.
09:12Et l'idée que l'État puisse entraver la marche de leur business leur est insupportable.
09:17Et là-dessus, c'est très intéressant parce que
09:20s'ils sont derrière Trump aujourd'hui,
09:23c'est parce que l'Europe commence à vouloir les faire contribuer au bien commun.
09:27On a dit « bon, ça suffit maintenant, Google, tout ça,
09:30il va falloir passer à la caisse quand même.
09:31Vous avez des activités en Europe qui sont extrêmement lucratives.
09:34Il faudrait que proportionnellement à ces activités, vous payiez un impôt.
09:39Et en fait, ils sont totalement opposés et ils pensent qu'avec Trump,
09:44ils vont avoir celui qui va leur permettre de négocier
09:48ou en tout cas d'imposer aux Européens de ne pas taxer les big data
09:56pour éviter qu'on taxe nos produits, évidemment l'exportation.
09:59Donc là, c'est un jeu.
10:00Et je pense même qu'à terme, l'idée des libertariens
10:05étant la suppression de l'État ou un État mondial,
10:08je pense que pour eux, Trump est une forme de marionnette,
10:11en fait, et ils le conçoivent comme ça.
10:13C'est-à-dire quelqu'un qui est là en façade, mais qui est derrière.
10:18C'est leurs intérêts qui pilotent le président.
10:20Tout dernier mot, Marc Dugas, si on regarde aujourd'hui de façon grossière,
10:24ce pays pourrait élire soit la première femme noire qui plus est présidente
10:28ou un homme qui fait campagne sur la masculinité la plus toxique.
10:33C'est ça l'Amérique d'aujourd'hui ?
10:34Ce sont ces deux Amériques-là ?
10:36Oui, mais en même temps, moi, j'essaie d'être positif,
10:38ce qui est très, très difficile dans les temps qu'on vit.
10:40Mais qui aurait pensé il y a 30 ans qu'une femme métisse
10:46puisse accéder à la présidence ?
10:48C'était...
10:49Enfin, moi, quand j'ai commencé à m'intéresser aux États-Unis, c'était impensable.
10:53Le président devait être un homme et un homme blanc.
10:55Et évidemment, le clivage, il n'a jamais été aussi violent parce que
11:00parce que d'abord, Trump, c'est les hommes, c'est les hommes blancs et c'est les hommes vieux.
11:05Et Kamala Harris, c'est les jeunes, c'est les femmes,
11:10c'est aussi en partie les gens de couleur.
11:13Et donc, ces deux Amériques qui sont...
11:16Si on va au bout, c'est vrai qu'on a le sentiment d'être au bord de la sécession.
11:19C'est-à-dire qu'on ne voit pas comment ils vont arriver.
11:23Si en tout cas, demain, ça se passe mal et que la violence éclate,
11:28là, on va vraiment se poser des questions sur la périodité de l'Amérique telle qu'elle est.
11:33Vertige de l'Amérique, Marc Dugan, merci beaucoup.
11:35Votre livre, je le rappelle, L'Avion, Poutine, l'Amérique et moi, publié chez Alban Michel.
11:40Merci beaucoup. Merci à vous.
11:42On est sur les traces de Taylor Swift.
12:03La vertu dangereuse, un essai salvateur aux éditions de l'Observatoire.
12:08Réapprendre à 40 ans, c'est toujours mieux que de faire toute sa vie un métier qu'on n'aime pas.
12:13Chez Actual, nous pensons qu'on a le droit de choisir son travail.
12:16Alors, nous vous proposons des formations pour trouver un emploi qui vous correspond,
12:19même si vous en avez déjà un.
12:21Pour se réinventer, il y a forcément une agence actuelle près de chez vous.
12:24Actual, construisons ensemble votre travail.
12:28Et à 13h47, avant de retourner sur les traces de Taylor Swift, le Fil-Info, Virginie Lebrun.
12:41Après le Goncourt et le Renaudot, le prix féminin vient d'être décerné.
12:44Il récompense cette année Miguel Bonnefoy et son roman Le Rêve du Jaguar.
12:48Une épopée familiale s'étendant sur plusieurs décennies, parue aux éditions Rivage.
12:53Michelin va fermer deux usines d'ici 2026, celles de Cholet et de Vannes.
12:57Plus de 1 200 salariés sont concernés par cette annonce.
13:00Le ministre de l'Industrie demande un plan d'accompagnement exemplaire pour ses salariés.
13:05Le maire de Cholet dénonce des méthodes de capitalistes voyous car Michelin gagne beaucoup d'argent.
13:10L'entreprise a créé sa propre concurrence au détriment des sites français
13:14en délocalisant une partie de sa production à l'étranger, déplore donc l'élu de Cholet.
13:20Le coup prêt est aussi tombé pour les salariés d'Auchan.
13:23Le distributeur nordiste annonce vouloir supprimer près de 2 400 emplois.
13:27Un drame, un coup de massue, le fruit d'une mauvaise gestion du groupe,
13:30dénonce sur X le communiste Fabien Roussel.
13:33Pas de bus aujourd'hui à Echirol en Isère.
13:36Un contrôleur a été menacé avec une arme à feu ce matin alors qu'il verbalisait un voyageur.
13:40Ses collègues ont décidé d'exercer leur droit de retrait.
13:43En Espagne, après les inondations historiques qui ont ravagé le sud-est du pays,
13:47le gouvernement annonce un premier plan d'urgence de plus de 10 milliards d'euros
13:51pour venir en aide aux sinistrés.
13:53Le nombre de soldats et de policiers déployés sur le terrain est lui doublé.
13:57Il est à présent de près de 15 000 personnes.
14:00En France, l'état de catastrophe naturelle est reconnu dans près de 400 communes
14:03sinistrées par les inondations de mi-octobre.
14:06L'arrêté est paru au journal officiel.
14:08Enfin, c'est jour d'élection présidentielle aux Etats-Unis.
14:11Une élection qui s'annonce particulièrement serrée.
14:13Les premiers résultats ne seront pas connus avant la nuit prochaine.
14:16Une nuit américaine et une journée américaine aussi à vivre sur France Info.
14:27Et au moment où l'Amérique élit son nouveau président, je vous embarque dans une grande
14:31tradition américaine, le road trip, qui va vous permettre à la fois de mieux comprendre
14:35le phénomène Taylor Swift, le rôle qu'elle a pu jouer dans cette campagne et peut-être
14:40surtout de regarder différemment les adolescents qui vous entourent, de savoir mieux ce qu'il
14:46fait, de les guider et les remuer parce que ce podcast Taylor Swift, le monde de ma fille
14:50et moi, c'est la balade d'un père et sa fille et je vous laisse vous présenter tous
14:55les deux comme vous le faites dans chacun des épisodes.
14:57Alors le père c'est moi, Xavier Yvon, je suis journaliste, je suis le chef du service
15:02des reportages à France Inter.
15:03Et sa fille, c'est moi, Sacha, j'ai maintenant 14 ans mais j'avais 13 ans quand on a fait
15:08le podcast et je suis en troisième.
15:10A la rencontre donc pendant des jours et des jours des Swifties, Sacha c'est une passion
15:16depuis quand ?
15:17Je voudrais dire un an et demi à peu près, peut-être bientôt deux ans.
15:23Même si j'adore d'autres artistes, je pense qu'elles constituent à peu près 90% de
15:27ma playlist.
15:28Et incompréhension du père ou méconnaissance qui conduit à faire cette balade ?
15:33Oui, méconnaissance parce que des enfants qui adorent des artistes que les parents méconnaissent,
15:39méconnaissent ou ignorent, c'est vieux comme le monde.
15:42Sauf que là, l'artiste en question, Taylor Swift, c'est un tel phénomène avec une
15:46telle échelle que ça m'a interpellé.
15:48Je me suis dit, on est journaliste, on est curieux du monde qui nous entoure.
15:51Si je n'arrive pas à comprendre ce phénomène et ce qu'il dit de l'époque dans laquelle
15:56grandit ma fille, j'ai raté quelque chose.
15:58Du coup, je m'y suis intéressé.
15:59Allez, on s'envole pour les Etats-Unis avec vous, on est à New York, devant le premier
16:04appartement où ont vécu à New York, Taylor Swift, des fans venus du monde entier.
16:08On vient de Suède, on voulait qu'on prenne en photo, mais oui, carrément, mon dieu,
16:29allez parler à ce mec, un jeune homme couvert de tatouages Taylor Swift arrive à son tour.
16:33Il va aller là où elle habite aujourd'hui.
16:36Lui aussi fait la tournée des lieux new-yorkais liés à son idole et il propose de nous emmener
16:40à sa nouvelle adresse.
16:41Une promenade de Swifties ? Ah, j'adore !
16:44Et voilà que je me retrouve à arpenter les rues de New York à pied avec ma fille adolescente,
16:48deux Suédoises et un homme tatoué de partout, tous réunis par leur amour pour Taylor.
16:53Bon, Xavier, je m'en excuse, ça c'est peut-être le seul moment caricature du reportage de
16:58ce podcast, mais il faut en passer par là, parce qu'il remue tous ceux qui sont aussi
17:03attachés à Taylor Swift.
17:05Ça veut dire, Sacha, que tout ce qui touche à Taylor Swift t'émeut d'une manière
17:11ou d'une autre ? Oui, surtout là, c'est un rapport de communauté,
17:14c'est la communauté des Swifties qui est hyper importante et du coup, ça faisait
17:18aussi bizarre de les rencontrer comme ça et de marcher avec eux, mais en même temps,
17:24je leur faisais confiance comme ça, juste parce qu'ils étaient Swifties.
17:26Oui, c'est ça.
17:27Le mot confiance, il est essentiel, sans doute.
17:29Vous allez évidemment, Xavier et Sacha, essayer de savoir pourquoi, justement, ce
17:36que tu dis, cette communauté partout dans le monde, de gens différents mais réunis
17:40par quelque chose d'extrêmement profond, pourquoi il y a ça ? Et vous passez même
17:44par Harvard, Xavier, parce que Taylor Swift, elle est enseignée.
17:47Oui, elle est enseignée par une professeure du département d'anglais d'Harvard.
17:51Elle est étudiée avec d'autres auteurs.
17:54Le cours est basé sur Taylor Swift, mais après, il s'est relié à des poètes du
17:5718e siècle, etc.
17:58Mais parce que l'écriture de Taylor Swift, c'est sa principale force.
18:02Taylor Swift, ce n'est pas la meilleure chanteuse, ce n'est pas la meilleure danseuse,
18:06mais son talent, ce qui remue les Swifties comme Sacha, c'est son écriture.
18:11C'est qu'elle raconte des choses simples, mais qui parlent à tout le monde.
18:14C'est assez paradoxal et ça dit beaucoup aussi de notre époque, c'est qu'elle
18:17parle de choses extrêmement personnelles, avec parfois les noms propres de ses petits
18:20amis, de ses ex, etc.
18:22Mais les fans de Taylor Swift s'y retrouvent.
18:24Ils ont l'impression qu'on parle d'eux-mêmes.
18:26Et ça, c'est ce que vous explique un historien arvate qui s'appelle Matthew Jordan.
18:30Avec sa musique, Taylor Swift t'invite à te recentrer sur toi-même et à considérer
18:35tes émotions, ton vécu comme les choses les plus importantes au monde.
18:40Taylor Swift n'a pas inventé l'idée de se construire un personnage à l'ère
18:46d'Internet, mais elle est un modèle en la matière.
18:50Je suis un historien et je pense que dans 100 ans, quand on regardera le phénomène
18:56de Taylor Swift, on comprendra quelque chose de très profond à propos de notre époque
19:03hyper individualistique.
19:05Après avoir fait beaucoup d'interviews comme ça, je me suis rendu compte que tout
19:08le monde se sentait comme ça.
19:10Mais oui, parce que je me retrouve, je retrouve ma vie d'une enfant française de 13 ans
19:16dans des chansons écrites par une star américaine qui n'a pas du tout la même vie que moi.
19:21Reliée à tant de gens qui n'ont pas non plus forcément la même vie que toi.
19:26Et ça, tu le savais déjà ou tu l'as encore plus rendu compte là-bas ?
19:32Je pense que je le savais déjà, mais je ne voulais pas l'admettre que je n'étais
19:34pas la seule à sentir ça.
19:36Mais après, maintenant, oui, je m'en rends vraiment compte.
19:38Individualisme et pas solitaire, c'est formidable.
19:40Ça, c'est la vertu Taylor Swift.
19:43Aussi, l'influence, Xavier, de Taylor Swift, elle va jusqu'à la vie la plus intime.
19:49Avant Me Too, elle avait initié un procès pour agressions sexuelles et vous êtes allé
19:55à Nashville, la ville où elle est arrivée adolescente.
19:57Justement, Taylor Swift, elle a commencé la musique des deux femmes qui sont très
20:01impliquées dans la défense des victimes d'agressions sexuelles.
20:04Oui, tout à fait. C'était une des étapes de notre road trip.
20:06C'est le centre contre les agressions sexuelles de Nashville, où là, on a rencontré
20:10deux femmes absolument formidables, Lauren Maguire et Rachel Freeman, qui gèrent ce
20:15centre, qui reçoivent des victimes, qui viennent témoigner, parfois porter plainte,
20:18chercher de l'aide, etc.
20:19Et qui nous ont raconté à quel point, quand Taylor Swift, à son procès, n'en
20:24démordait pas, disait non, non, mais il m'a agressé, il m'a touché, je ne voulais pas,
20:27etc. Ça a résonné dans leur centre et à quel point, surtout, ça a provoqué des appels.
20:34Ce que nous avons remarqué pendant le procès, c'est que ça avait un impact direct sur
20:38le nombre d'appels et de personnes qui sollicitaient nos services.
20:42Nous ne souhaitons ça à personne, mais nous sommes également tellement reconnaissantes
20:45qu'une personnalité comme Taylor Swift utilise sa célébrité pour donner une voix
20:50aux si nombreuses personnes qui n'en ont peut-être pas, ou ne se sentent peut-être pas
20:54prêtes ou assez fortes pour prendre la parole.
20:56Il y a des effets directs.
20:59Les gens se disent, si Taylor Swift ou une personnalité connue peut en parler de
21:03manière si publique, alors peut-être que moi aussi, je peux en parler, sortir du silence,
21:08et être aidée.
21:10Oui, elle aide, elle m'aide à parler à mes parents des fois, à parler à tout le monde
21:16et à identifier les sentiments que je sens.
21:21Y compris les choses qui, parfois, peuvent être les plus perturbantes.
21:24Oui, et oui, ça aide à les clarifier, en fait, et à les rendre moins graves,
21:29ou moins durs à exprimer.
21:31Il y a des fois où je me dis, ah non, mais comme ça, ça n'arrive à personne.
21:37C'est horrible et tout.
21:38Et puis, ensuite, je me dis, ah, mais elle aussi.
21:40Donc déjà, si ça me...
21:42Parce qu'elle le raconte dans une chanson.
21:43Oui, donc ça le rend moins dur.
21:46L'écoute de ce podcast aussi, ça corrigera peut-être quelques idées.
21:49Ce que vous pouvez voir sur les Swifties, c'est une de ses vertus.
21:52Et il y a Nathan, il y a le fond et il y a la forme.
21:55C'est un road trip et on est passagers à bord d'une voiture qui est tellement importante
21:59pour vous pendant tout ce voyage.
22:00Avec Sacha, nous roulons en direction de la dernière étape de notre périple, Washington.
22:05En chemin, nous allons faire quelques stops en Pennsylvanie,
22:07dans la région natale de Taylor Swift.
22:09Et nous commençons par sa maison d'enfance, une ancienne ferme de sapins de Noël.
22:13On ne va pas se faire tirer dessus, on n'est pas en Amérique.
22:19Tu penses qu'ils vont nous tirer dessus?
22:22Non, mais sinon, on serait au Texas, oui.
22:27Au début, méfiant, les nouveaux propriétaires se laissent amadouer par la présence de Sacha.
22:33On fait un podcast sur Taylor Swift.
22:34C'est bien la maison où elle a grandi.
22:35Bon, donc la voiture essentielle et la voiture transformée.
22:39Sacha, Xavier, presque en studio, d'où le naturel qu'on entend dans tout ce podcast.
22:44Ouais, bah en fait, on a essayé plusieurs techniques pour s'organiser.
22:49Au départ, on mettait un enregistreur sur le tableau de bord
22:53et puis on essayait, mais ça n'arrêtait pas de tomber, donc on arrêtait.
22:57Moi, j'enregistrais mon petit journal de bord avec mon enregistreur
23:02et papa, il avait son Nagra et il tenait en conduisant en même temps.
23:06Le Nagra, c'est donc l'enregistreur professionnel des reporters radio.
23:09Et effectivement, j'avais une main sur le volant et une main qui tenait le micro.
23:12Heureusement, c'était une voiture automatique et on a parlé comme ça pendant des heures sur la route.
23:17Ouais, t'enregistrais tout, même si ça n'avait aucun rapport avec le sujet.
23:23Vous êtes devenu Swifties, Xavier?
23:25C'est la question qu'on me pose de plus en plus souvent.
23:28Alors non, parce que je ne suis pas un fan absolu de Taylor Swift.
23:30Après, je comprends mieux pourquoi ma fille est fan,
23:33pourquoi ils sont des centaines de millions dans le monde.
23:36Je suis plus admiratif de sa personnalité aussi,
23:38parce que j'ai appris beaucoup de choses sur elle.
23:40On a parlé de Me Too et de tout son rôle dans l'émancipation,
23:45la libération, la parole des femmes, etc.
23:47Mais c'est aussi une femme d'affaires incroyable.
23:49C'est une personne extrêmement intelligente.
23:52Et donc, oui, je suis très impressionné par Taylor Swift.
23:55Et toi, tu as appris quelque chose, Sacha, sur Taylor Swift,
23:57que tu ne savais pas ou sur ton rapport à Taylor Swift?
23:59En fait, je pense que ça a surtout développé mes idées,
24:02parce que j'avais beaucoup d'idées, mais rien n'était certain.
24:05C'était ce que je pensais.
24:06Et puis, d'y aller, vraiment, ça m'a éclairée.
24:09Mais en même temps, j'avais quand même mes propres petites idées.
24:14Oui, ça s'entend.
24:16Oui, tu les as, tes propres petites idées.
24:17Et ça s'attend tout au long de ces six épisodes de ce podcast
24:21France Inter, Taylor Swift, le monde, ma fille et moi, Xavier, Yvon et Sacha.
24:26Un podcast qui est un bijou d'humanité et de radio-réalité.