Qui de la démocrate héritière de Joe Biden, Kamala Harris ou du républicain populiste et revanchard, Donald Trump, vaincra lors de l'élection américaine 2024 ? Alors que les sondages sont plus serrés que jamais, Libération vous plonge dans cette présidentielle américaine en compagnie de Sonia Delesalle-Stolper, cheffe du service planète. Dans cette vidéo, elle décrypte notamment la stratégie de Kamala Harris qui joue le rassemblement pour gagner.
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00:00Kamala Harris, héritière de Joe Biden, démocrate, elle porte les espoirs des progressistes américains
00:05et elle est face à un Donald Trump qui semble représenter l'isolationnisme, la xénophobie, le nationalisme.
00:11À un jour de l'élection américaine, je vous propose de discuter avec Sonia de Lestal-Shtolper.
00:15Sonia, tu es la chef de notre service Planète. Salut Sonia.
00:18Salut.
00:19Alors pour commencer, ma première question est dans le vif du sujet.
00:22Est-ce que Kamala Harris a une chance de remporter cette élection américaine ?
00:26Absolument, elle a une chance. Elle a une chance notamment parce que d'abord, les sondages sont tellement serrés.
00:32Je vous fais une toute petite pause pour vous rappeler de vous abonner à la chaîne YouTube de Libération.
00:35On fait des discussions comme ça toutes les semaines.
00:37Commentez sous cette vidéo pour nous donner votre avis.
00:40Likez-la si elle vous plaît et je vous souhaite un bon visionnage.
00:43D'abord, les sondages sont tellement serrés que c'est très difficile de prévoir qui va se présenter et qui va être le vainqueur.
00:50Et puis, on décèle depuis quelques jours, depuis peut-être une semaine, dix jours, une sorte de renouvellement.
00:58En fait, ça s'est passé par vagues, l'enthousiasme Kamala Harris.
01:01On a senti une vraie dynamique qui s'est installée quand Joe Biden s'est retiré
01:06et que Kamala Harris a été officiellement investie comme la candidate démocrate.
01:12Donc ça, c'était juillet, début août.
01:15Et puis, depuis septembre, octobre, on sentait qu'il y avait un petit plateau.
01:19La dynamique était un petit peu moins là.
01:21Et puis, depuis quelques jours, on sent qu'il y a des frémissements un peu partout.
01:24Ça s'est notamment caractérisé par un sondage qui a surpris tout le monde dans l'Iowa ce week-end.
01:31En fait, qui a été publié samedi.
01:33Et qui donne Kamala Harris en tête de trois points, donc à 47 contre 44.
01:42Et ce qui est intéressant, c'est que cet état n'est pas un état, ce qu'on appelle les swing states.
01:47Donc ce sont ces états qui, en fait, selon les élections, vont une fois côté républicain, une fois côté démocrate.
01:53Et ce sont eux qui, en général, déterminent le résultat de l'élection.
01:57Donc ça, c'est un état qui est vu comme un état extrêmement rouge, donc républicain.
02:05Les deux dernières élections, il a voté pour Donald Trump largement, plus de 10 points d'avance.
02:09Et là, on a ce sondage qui est en faveur de Kamala Harris.
02:14Et ce qui est intéressant, c'est que le sondeur ou la sondeuse, plutôt, pour ce sondage,
02:19est quelqu'un qui est extrêmement réputé et qui a toujours fait des pronostics qui se sont révélés justes.
02:24Alors, pour les gens qui nous regardent, est-ce qu'on peut faire déjà un premier point sur Kamala Harris ?
02:29En fait, qui est Kamala Harris ? D'où est-ce qu'elle sort ?
02:32Notamment, elle a repris, comme tu disais, le flambeau de Joe Biden.
02:35Oui, c'est la vice-présidente des États-Unis.
02:37Elle était sur le ticket dès la dernière élection avec Joe Biden, comme sa vice-présidente.
02:42Elle est née en Californie.
02:46Elle a une mère indienne et un père afro-américain.
02:50Donc, elle est métisse.
02:52C'est une femme qui, au cours de sa carrière, a cassé ce qu'on appelle à chaque fois le plafond de verre.
03:00Donc, elle a été procureure générale en Californie.
03:04Tout au long de sa carrière, elle a eu des étapes comme ça.
03:06Et déjà, sa nomination et son élection sur le ticket Biden comme vice-présidente des États-Unis,
03:12c'était déjà une première et elle avait déjà cassé en partie le plafond de verre.
03:17Ce qui est intéressant dans cette campagne, c'est que si Kamala Harris était élue présidente des États-Unis,
03:24elle sera la première femme présidente des États-Unis.
03:27Et pourtant, ce n'est pas quelque chose qu'elle a beaucoup mis en avant pendant sa campagne.
03:31Elle en a parlé, mais quand on lui a parlé de ça, elle a très souvent répondu
03:36« En fait, avant d'être une femme, je suis, je pense, la personne la plus compétente pour devenir présidente des États-Unis. »
03:42Et c'est marquant parce qu'il faut savoir que les démocrates sont traumatisés par l'élection de 2016 avec Clinton,
03:49Hillary Clinton, qui, elle, avait utilisé cet argument énormément pendant la campagne
03:53et ça s'était en partie retourné contre elle.
03:55Donc, Kamala Harris a été extrêmement prudente par rapport à ça.
03:59Pour parler justement de sa campagne, comment est-ce que Kamala Harris a mené sa campagne aux États-Unis ?
04:05Alors, au pas de charge. Mais ça, c'est quelque chose que les deux candidats ont en commun.
04:09Ils ont arpenté les États-Unis et particulièrement ces fameux « swing states ».
04:15Donc, il y en a sept qui vont être absolument cruciaux et qui pourraient vraiment faire basculer l'élection
04:20au cours de la nuit de mardi à mercredi.
04:23Mais aussi, peut-être pas, parce que si c'est trop serré, on peut se réveiller
04:27et ceux qui ne seront pas debout dans la nuit de mardi à mercredi pourraient se réveiller
04:31avec toujours pas de président clair aux États-Unis, comme on peut aussi avoir une grande surprise.
04:36Donc, Kamala Harris, elle a arpenté tout ça et elle a visé...
04:39Alors, effectivement, elle a beaucoup utilisé...
04:42Je disais qu'elle n'avait pas utilisé la question de son genre, le fait qu'elle soit une femme.
04:48En revanche, elle a beaucoup utilisé des arguments qui touchent les électrices, donc les femmes,
04:53et notamment le recul dramatique et absolument phénoménal sur les droits de la femme à disposer de son corps,
05:04donc notamment les droits à l'abortement.
05:06Et ça, c'est quelque chose qu'elle a martelé meeting de campagne après meeting de campagne.
05:12Et c'est vrai qu'on sent, au niveau des électrices, il y a un vrai sujet là.
05:19Ce sujet là, le fait que les droits des femmes qui ont été tellement longs à acquérir aux États-Unis
05:25soient grignotés, voire balayés petit à petit par Trump et sa clique,
05:31et qui promet en plus d'aller encore plus loin,
05:34il n'y a pas de doute que c'est un élément fondamental dans le vote des femmes.
05:39Et d'ailleurs, dans le fameux sondage dont je vous parlais au début, dans l'Ohio,
05:42ce qui était intéressant, c'est que ce sont les femmes plutôt éduquées et de plus de 65 ans,
05:48donc des femmes qui ont connu la lutte des droits pour les femmes,
05:52justement à disposer de leur corps, le droit à l'avortement, etc.,
05:57qui sont massivement tournées vers Kamala Harris dans un État, en principe, particulièrement républicain.
06:05Et justement, concernant le droit des femmes, il y a un argument qu'elle a beaucoup mis en avant,
06:09c'est le droit à l'avortement. On se souvient du retour sur l'arrêt Roe v. Wade
06:13qui garantissait l'avortement aux États-Unis. En quoi ça a été un argument fort pour Kamala Harris,
06:19ce droit à l'avortement aux États-Unis ?
06:21Parce que je crois que ça fait partie des droits fondamentaux.
06:25Les États-Unis et les Américains sont toujours très fiers de leur démocratie,
06:31de leur pays et des droits qui ont été très chèrement acquis.
06:34Et comme les droits, et Kamala Harris là-dessus, elle joue aussi,
06:38les droits des communautés afro-américaines aussi, la ségrégation,
06:43toutes ces luttes-là sont des luttes qui ont fait des États-Unis une démocratie particulièrement forte
06:53jusqu'à ces dernières années.
06:55Donc je pense que la remise en question de ce droit-là fondamental,
06:59en tout cas considéré comme fondamental par énormément de femmes et d'hommes aussi,
07:03a joué particulièrement, là on est au-delà des questions de programme,
07:08on est vraiment dans un truc qui, je pense, touche les tripes.
07:12C'est quelque chose de vraiment important d'avoir le choix,
07:15le choix de disposer de ton corps et de prendre tes propres décisions en étant une femme.
07:20Parmi les arguments de Harris face à Donald Trump,
07:25donc il y a ces arguments par rapport aux droits des femmes,
07:27est-ce qu'il y en a d'autres qu'elle met en avant dans sa campagne ?
07:30Elle met en avant, alors paradoxalement, où c'est intéressant,
07:33parce qu'il y a deux campagnes, les candidats ne pourraient pas être plus différents, ça c'est sûr,
07:39mais dans le ton de la campagne, elle met beaucoup l'accent sur le rassemblement,
07:44sur être la présidente de tous les Américains.
07:46Elle a pris extrêmement garde à ne surtout pas,
07:49alors c'est pour ça qu'une gaffe de Joe Biden a été un problème pour elle
07:53quand Joe Biden a comparé certains des électeurs de Trump à des ordures.
07:57Elle, elle dit, moi je serai la présidente de tous les Américains,
08:00sous-entendu y compris de ceux qui auront choisi Trump.
08:02Donc elle a beaucoup pété dans cette espèce de rhétorique sur le rassemblement.
08:08Elle a fait une campagne aussi assez joyeuse, entre guillemets,
08:11elle est très souriante, on l'a vu encore samedi soir,
08:14elle a fait une apparition surprise sur l'émission culte sur NBC,
08:19Saturday Night Live exactement, où elle a fait un sketch qui est assez hilarant
08:24et encore une fois très souriant, etc.
08:26Et son colistier, Tom Waltz, pareil, ils ont essayé d'être extrêmement,
08:32plutôt positifs, contrairement à Trump qui est beaucoup plus dans l'invective,
08:36dans la violence, la division, l'outrance, etc.
08:40Au fil de cette campagne, est-ce que ces arguments,
08:42ils ont réussi à toucher les Américains ?
08:44Comment est-ce que les sondages ont évolué ?
08:47Est-ce qu'elle a réussi à rassembler des gens, Kamala Harris, face à Donald Trump ?
08:52Ça on le saura, on espère le 6 au matin, c'est difficile de le dire.
08:57Les sondages sont restés très serrés, avec parfois un avantage à Trump,
09:00parfois un avantage à Kamala Harris.
09:02Elle a perdu, par exemple, une partie de l'attraction que les démocrates avaient
09:08au sein de la communauté afro-américaine, par exemple.
09:11Jusqu'à présent, c'était traditionnellement le vote afro-américain,
09:14c'était le vote pour les démocrates,
09:16ça a été le vote pour Joe Biden à une immense majorité.
09:20Là, il y a clairement eu un peu de grignotage à ce niveau-là,
09:24et notamment dans des États comme la Caroline du Nord, par exemple.
09:28Donc, elle essaie de rassembler, et c'est lié à...
09:32Trump est très fort pour jouer des divisions,
09:35donc c'est par exemple, il va dire, vous avez perdu vos emplois,
09:38les immigrés mexicains ont mangé les emplois,
09:42ou ont pris les emplois des afro-américains.
09:45Et ça, c'est des choses qui touchent, parfois,
09:47quand il y a une crise économique ou pas,
09:49ou quand on est dans une situation où on a l'impression
09:52que la vie est de plus en plus chère,
09:54et qu'on n'arrive pas à joindre les deux bouts,
09:56même si on a un emploi, etc.
09:58Donc, elle a fait attention à ça.
10:00Donc, c'est vrai qu'il n'y a pas une image très claire,
10:04il n'y a pas de doute, les femmes, il n'y a pas de doute qu'elle les attire,
10:07et qu'il y a vraiment un penchant pour les femmes,
10:10y compris, je parlais des femmes plus âgées,
10:13mais il y a aussi les femmes très jeunes,
10:16ce qu'on appelle les primo-votantes,
10:18donc celles qui vont voter pour la première fois.
10:20Et c'est très difficile, du coup, de les attraper dans les sondages,
10:24parce que ce sont des personnes qui vont voter pour la première fois,
10:26donc on ne sait pas exactement où elles sont,
10:28on ne peut pas forcément les retrouver dans les sondages,
10:33mais c'est vrai qu'on sent auprès des femmes jeunes,
10:38pareil, une attraction pour la candidature de Kamala Harris.
10:41On a un commentaire de Bandini Fred,
10:44qui dit qu'il y a une vraie polarisation de la société américaine,
10:47et qu'on voit très bien dans cette campagne électorale.
10:49Comment est-ce que cette polarisation, justement,
10:52elle s'exprime dans le combat Trump face à Kamala Harris ?
10:56Elle s'exprime dans le sens où, à l'heure actuelle,
11:00quel que soit le résultat,
11:02il y a près de la moitié des Américains, au moins,
11:05qui sont prêts à voter pour une candidature aussi extrême
11:09et polarisante que celle de Donald Trump,
11:14qui a toujours été quelqu'un de très outrancier,
11:17de parfois vulgaire ou violent,
11:20mais là, c'est parti, ça a atteint des niveaux
11:23qu'on n'avait jamais vus jusqu'à présent.
11:25Enfin, il n'y a pas plus tard qu'hier,
11:26dans un de ses derniers meetings de campagne,
11:28il a expliqué, lui qui a été l'objet de deux tentatives d'assassinat
11:32pendant cette campagne,
11:34il a quand même trouvé utile de dire
11:37qu'il ne verrait aucun problème à ce qu'on tire sur des journalistes.
11:40On est dans une démocratie,
11:42c'est un appel au meurtre direct devant des foules,
11:45et ce n'est pas que des journalistes.
11:47Il a aussi dit la même chose pour Liz Cheney,
11:51une républicaine qui soutient Kamala Harris
11:53et qui ne veut absolument pas soutenir Donald Trump.
11:56Donc, en fait, on est dans un contexte,
11:59et c'était intéressant,
12:00il y avait un de nos envoyés spéciaux
12:02qui a fait un papier qui est dans le journal aujourd'hui
12:05et qui est sur le site,
12:06et qui explique comment, en fait,
12:08les électeurs, tu as à la fois les électeurs démocrates
12:12qui ont un timide espoir qu'on puisse avoir une grosse surprise
12:15et avoir une victoire très nette de Kamala Harris,
12:18et de l'autre côté, tu as un camp Trump
12:20qui est super optimiste,
12:23mais pas parce que les sondages sont en sa faveur,
12:25mais parce qu'en gros,
12:26ils ont décidé qu'ils n'accepteront pas le résultat,
12:28surtout s'ils perdent.
12:29Et c'est là que le danger est,
12:31il y a une vraie angoisse aux Etats-Unis à l'heure actuelle,
12:33qu'on puisse assister à des scènes de violence,
12:36à des tentatives de ne pas reconnaître l'élection.
12:40Il faut quand même rappeler que le candidat républicain,
12:43donc Donald Trump, aujourd'hui en 2024,
12:46continue à dire qu'il a gagné l'élection de 2020,
12:50continue à refuser de reconnaître.
12:53Il vient de dire
12:54« Je n'aurais jamais dû quitter la Maison Blanche,
12:56parce que j'étais le vainqueur. »
12:57Et justement, comment est-ce que Kamala Harris,
12:59elle, qualifie Trump,
13:01traite Trump dans ses apparitions, dans sa campagne ?
13:03Comment elle le considère ?
13:05Alors, elle est beaucoup moins outrancière,
13:07mais elle est assez directe.
13:08Donc elle n'a pas hésité,
13:10puisqu'il y avait eu un des anciens membres
13:13de l'état-major de l'armée,
13:16au moment où Trump était à la Maison Blanche,
13:19qui avait dit « Trump, aujourd'hui,
13:21affiche toutes les caractéristiques d'un fasciste. »
13:24Et quand on lui a posé la question,
13:25elle a dit « Oui, c'est un fasciste. »
13:27Donc elle ne mâche pas ses mots.
13:30Et elle rappelle ça.
13:32Elle rappelle « il divise, il ment,
13:37il est quand même inculpé,
13:41condamné pour plusieurs affaires,
13:44c'est l'homme le plus sexiste qui puisse exister,
13:47ou un des plus sexistes.
13:49Et il y a une vraie mouvance masculiniste
13:52qui le vénère.
13:54C'est presque comme un strike particulier.
13:56Quand vous assistez aux meetings de Donald Trump
14:00et quand vous regardez la foule
14:01et tous nos envoyés spéciaux
14:03qui ont assisté à la fois
14:05à des meetings de Kamala Harris
14:06et des meetings de Donald Trump,
14:08et pas seulement à l'un des deux,
14:10à chaque fois, ils ont la même réflexion.
14:13Ils disent « ça ressemble à une secte, en fait. »
14:15C'est comme si on était complètement envoûté
14:17d'une certaine manière
14:18par ces espèces d'outrances
14:20et de violences verbales,
14:22voire physiques.
14:24On parlait tout à l'heure des électeurs de Kamala Harris,
14:27et donc notamment des électrices.
14:29Il y a une part de ces électeurs qui sont des femmes,
14:32et notamment des femmes primaurentantes.
14:34À part ces femmes,
14:35qui sont les électeurs de Kamala Harris ?
14:38C'est qui aujourd'hui ?
14:39Ils représentent quoi ?
14:40Alors, les électeurs de Kamala Harris,
14:42les démocrates,
14:43c'est beaucoup de gens plutôt plus éduqués.
14:46Donc plutôt des femmes, effectivement.
14:49Plutôt urbains, aussi.
14:54Il y a aussi, effectivement,
14:56les communautés
14:58des différentes ethnies,
15:00que ce soit afro-américains, etc.,
15:02qui sont quand même en majorité,
15:04plutôt tendance à voter pour des démocrates.
15:07Voilà, c'est ça.
15:09La grosse différence,
15:11elle est au niveau du genre, effectivement,
15:13puisqu'on a plus de femmes.
15:15Au niveau de l'âge,
15:17c'est souvent plus des jeunes
15:19qui votent pour Kamala Harris.
15:21Et en termes de...
15:25Oui, non, âge,
15:27genre, et effectivement,
15:29niveau d'éducation,
15:31c'est souvent plutôt des populations plus éduquées
15:33vont avoir plus tendance à aller vers Kamala Harris.
15:36Et ces électeurs, justement,
15:38à l'arrivée du scrutin,
15:39comment est-ce qu'ils se sentent ?
15:40C'est quoi leur état d'esprit
15:41à J-1 du scrutin des élections américaines ?
15:45Alors, côté démocrate,
15:46il y a une très, très, très forte angoisse.
15:49Il y a un timide espoir.
15:53J'ai parlé avec plusieurs Américains démocrates
15:58qui m'ont dit
15:59oui, on voit qu'il y a une petite dynamique Harris,
16:02mais en fait, on est traumatisés par 2016,
16:05donc on n'ose même pas espérer
16:07que ça puisse être ça, la solution,
16:09et qu'en fait, le résultat puisse être clair et net
16:11pour Kamala Harris.
16:13Donc il y a ça,
16:14et il y a une grosse angoisse aussi,
16:15parce qu'on sait que si le résultat est serré,
16:18en imaginant que Kamala Harris arrive en tête,
16:20mais que le résultat soit très serré,
16:22on sait d'ores et déjà que le camp Trump
16:24va refuser de reconnaître le résultat
16:26et va faire tout ce qu'il pourra,
16:27c'est-à-dire essayer de lancer des recours en justice,
16:32mais aussi des procédures d'intimidation
16:34qui ont déjà commencé,
16:35puisqu'il faut que chaque comté reconnaisse
16:37et valide chaque résultat,
16:39et vont essayer tout ce qu'ils pourront,
16:42par tous les moyens,
16:43et on l'avait vu en 2020 déjà,
16:45il y a quand même eu l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021,
16:48il ne faut pas l'oublier,
16:49c'est après que Trump a appelé très directement au micro
16:53ses partisans à marcher sur le Capitole.
16:55Donc il y a une vraie angoisse de guerre civile,
16:58n'ayons pas peur des mots,
16:59cette angoisse elle est là aussi.
17:01On a un commentaire sur Twitch, Rafou35,
17:04qui te demande si on compare au Parti politique français,
17:06où est-ce qu'on pourrait situer Kamala Harris et son programme ?
17:11Alors c'est toujours compliqué de comparer le système,
17:18d'abord le système électoral américain,
17:20qui est très différent du système électoral français,
17:22puisque le système électoral américain,
17:24on élit des grands électeurs,
17:25et ça veut dire qu'en gros,
17:26celui qui a rassemblé le plus de voix,
17:28enfin le plus de pourcentage de voix,
17:30est celui qui remporte l'État,
17:32qui ensuite permet d'aller au Congrès,
17:34et d'être élu président.
17:36Donc ce n'est pas un suffrage direct comme en France.
17:39Je dirais que le programme démocrate,
17:42c'est un programme, probablement en France,
17:45qui est très centriste,
17:47ce n'est pas un programme de gauche.
17:49Quand Donald Trump dit Kamala Harris,
17:51les démocrates sont des communistes,
17:53ou même des socialistes,
17:55c'est faux en fait.
17:56Si on regarde le programme,
17:57ça reste un programme très centriste,
17:59voire centre droit,
18:00mais qui sont pour les États-Unis,
18:03sur l'échiquier politique,
18:04plutôt situés vers la gauche.
18:06Et justement, avec Kamala Harris à la tête du pays,
18:09les États-Unis et le monde ressembleraient à quoi ?
18:13Alors, ressembleraient,
18:15alors c'est compliqué aussi à dire avant,
18:18mais son programme n'est pas catégoriquement,
18:22fondamentalement différent de celui de Joe Biden.
18:25On oublie, il y a eu un...
18:27Elle risque, si elle est élue,
18:29elle bénéficiera sans doute des retombées,
18:32des réformes assez profondes,
18:34notamment au niveau des infrastructures
18:37qui ont été mises en place par l'administration de Joe Biden,
18:40et qui vont porter leurs fruits.
18:42L'économie, en fait,
18:43en dépit de ce qu'on entend dans le camp Trump,
18:46l'économie américaine va plutôt pas trop mal,
18:49voire pas mal du tout.
18:50Après, il y a la question de l'inflation
18:52qui ralentit sérieusement,
18:54et c'est ça qui pose souvent un problème,
18:57parce que les gens ne voient pas les prix des aliments,
19:00de tout baisser,
19:02ça reste très très élevé,
19:04donc c'est ça qui pose un problème.
19:06Mais ce qui est sûr,
19:08c'est que probablement, en tout cas pour les Européens,
19:11pour la guerre en Ukraine,
19:13pour pas mal de grands sujets géopolitiques du jour,
19:17avoir une Kamala Harris à la Maison Blanche
19:20permettra un dialogue beaucoup plus positif
19:24et beaucoup plus facile qu'avec un Donald Trump.
19:28Sonia, c'est quoi les dernières estimations
19:32sur cette élection américaine,
19:34notamment dans les États-clés, les swing states ?
19:36Comment est-ce que ça se passe pour Kamala Harris
19:38selon ces dernières estimations ?
19:40Alors, ça reste super serré.
19:42Selon les États, et ça change minute par minute,
19:45il faut rappeler que les sondages
19:47se sont complètement plantés aux dernières élections,
19:49plusieurs dernières élections,
19:51y compris les élections mid-term de 2022
19:53où ils avaient sous-estimé le résultat démocrate.
19:57Donc en fait,
19:59les instituts de sondage ont essayé de retravailler
20:03leurs méthodes de travail,
20:05leurs pondérations, etc.
20:07La grande question qui se pose,
20:09c'est est-ce que justement, après le plantage
20:11qui a sous-estimé à chaque fois
20:13le vote démocrate, est-ce que cette fois-ci
20:15ils ont trop sous-estimé aussi
20:17et que du coup on pourrait avoir une surprise de ce côté-là ?
20:19C'est extrêmement difficile.
20:21Pour le moment, les sondages sont extrêmement serrés.
20:23Et dans les swing states,
20:25on est à 49-48 pour l'un,
20:2747-46 pour l'autre,
20:29pour 100.
20:31Mais c'est extrêmement...
20:33On ne peut pas dire qu'il y en a un qui est catégoriquement
20:35en tête dans tel ou tel swing state.