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00:00Il est 7h45, 500 personnes, Simon Kohlbock, 500 personnes hier dans les rues d'Alénia.
00:05Une marche blanche était organisée pour rendre hommage à Emiliose, cette adolescente de 14 ans tuée chez lui.
00:11Simon, votre invité ce matin, le président de l'association Enfance en danger, Osé parler.
00:15Bonjour Jean-Louis Gérante.
00:16Bonjour.
00:17Enfance en danger, Osé parler, c'est une association de Perpignan, association de protection de l'enfance.
00:21Avant, l'association s'appelait L'Enfant en majuscule, 66.
00:26D'abord cette marche blanche à Alénia hier, vous n'y étiez pas, pour quelles raisons ?
00:31Nous considérons déjà que les marches blanches c'est essentiel pour les familles, pour les proches, pour faire le deuil, pour dépasser quelque chose.
00:40Nous on préfère intervenir avant, parce qu'une marche blanche c'est toujours un échec.
00:45Ça veut dire qu'il y a un enfant qui est décédé.
00:48Or on peut, en connaissant les bonnes démarches, peut-être éviter que certaines issues aussi fatales arrivent.
00:58Donc on intervient nous en amont.
01:00La marche blanche c'est bien, mais c'est un échec pour moi.
01:04C'est quoi les bons réflexes ?
01:05Les bons réflexes seraient déjà que tout le monde, un peu comme les gestes de premier secours,
01:11puisse déterminer qu'un enfant est susceptible d'être maltraité.
01:16Je dis bien susceptible, parce qu'on n'a aucune preuve.
01:19Il y a des signes d'alerte.
01:21Si les gens connaissaient ces signes d'alerte, et que puissent prévenir les familles...
01:25Quels signaux par exemple ?
01:27Déjà cet enfant, si j'ai bien compris, tout d'un coup il était devenu un peu plus, entre guillemets, mutique.
01:33Il ne parlait plus, il s'était un peu refermé sur lui-même.
01:35C'est un signe.
01:36Les changements de comportement.
01:39Je ne parle pas des changements de comportement qui ne durent qu'une journée, parce qu'on a une contrariété.
01:44Mais c'est des choses qui durent longtemps, qui restent comme ça, qui se chronicisent.
01:48Et l'enfant, quelque part, il nous jette des signaux à nous de les identifier et d'être vigilant.
01:58Je crois que c'est là qu'il y a un vrai travail à faire.
02:01Quand un enfant meurt sous les coups, c'est le cas d'Emilio.
02:05C'était aussi le cas il y a un an à Perpignan du petit Imran, seulement 7 ans ce petit garçon.
02:10Ce genre d'affaires ça fait toujours les gros titres.
02:12Est-ce que ça veut dire pour autant que les violences contre les enfants augmentent ?
02:16Les violences contre les enfants n'augmentent pas forcément.
02:19On en parle peut-être, entre guillemets, un peu plus quand ça se produit.
02:23Les chiffres n'existent pas, mais on estime que ça n'évolue pas beaucoup.
02:27Comment ça les chiffres n'existent pas ?
02:29On n'a aucun chiffre sur la maltraitance, ou très peu sur la maltraitance,
02:33et surtout sur les décès d'enfants liés à la maltraitance.
02:36Il n'y a aucune statistique officielle à ce jour qui existe.
02:41Tout le monde le déplore.
02:42Il y a eu des études de fait par Antwerp, par exemple, directrice à l'Inserm.
02:48Mais ces chiffres sont contestés parce que c'est vrai que c'est un peu fort
02:52avec deux enfants qui meurent tous les jours.
02:54On entend parler d'un enfant tous les cinq jours.
02:57Le dernier chiffre que j'ai moi en ma possession, c'est le chiffre de l'ONPE,
03:01l'Office National de la Protection de l'Enfance, qui est de 111 en 2016.
03:05Qu'est-ce que ça veut dire finalement qu'il n'y ait pas de statistiques officielles
03:08sur un sujet aussi grave que les violences, que les enfanticides ?
03:11Aujourd'hui, on compte les femmes qui meurent sous les coups de leurs conjoints,
03:15de leurs ex, les féminicides, on les compte.
03:17Il y a des associations qui les martèlent, qui les répètent,
03:20et à juste titre pour qu'il y ait une vraie prise de conscience de la population.
03:24Pourquoi, pour les enfants, ça n'existe pas ? Est-ce que c'est un mot ?
03:28Déjà, dans les phénomènes de maltraitance, il y a des décès qui passent sous le radar.
03:35Vous allez avoir un enfant qui meurt brutalement, on prévient le médecin de famille,
03:40le médecin de famille vient, il constate le décès, la famille est effondrée.
03:43Il ne va peut-être pas forcément chercher à savoir pourquoi, comment.
03:47Bon, ça se trouve surtout dans le cadre du syndrome du Beskoué,
03:51qui jusqu'à il y a dix ans était mal connu encore.
03:55Donc, ça passe sous le radar. C'est un enfant qui est décédé et donc il n'y a pas de statistiques.
04:00On va parler de statistiques quand ce sont des morts violentes,
04:04comme là, malheureusement, la petite Emilio, le petit Imran et d'autres,
04:08parce qu'il y en a toute une liste comme ça.
04:10Généralement, tous ces enfants-là, c'est toujours au bout d'un long calvaire.
04:15Il est 8h30 sur France Bleu Roussillon.
04:18Notre invité, Jean-Louis Gérante, président de l'association Enfance en danger.
04:22Osez parler.
04:23Il y a trois associations de protection de l'enfance dans notre département.
04:26La vôtre, Jean-Louis Gérante.
04:27Il y a aussi l'association à Perpignan, Il faudra leur dire.
04:31Et à Elne, l'association La Mouette.
04:33Est-ce que vous vous sentez soutenu ?
04:35On entend bien que le sujet, pour l'instant, il n'y a pas de chiffre officiel,
04:39qu'on en parle assez peu des infanticides.
04:41Est-ce que vous vous sentez soutenu, vous, dans vos actions de prévention ?
04:44Soutenu par les collectivités, départements, mairies ?
04:46Soutenu.
04:48Moralement, oui.
04:50Après, quand on voit le niveau des subventions que nous touchons,
04:541000 euros du département, 200 euros de la ville de Perpignan,
04:57ça fait pleurer.
04:59Vous touchez 200 euros de la ville de Perpignan ?
05:02Oui.
05:03Les chiffres, c'est ce qu'on touchait cette année.
05:07Nous sommes des bénévoles, nous sommes des militants.
05:10Nous ne nous remboursons aucun frais.
05:12On prend rien pour nous.
05:14Tout l'argent que nous octroient les autorités,
05:20ça sert au fonctionnement de l'association,
05:22le loyer, le téléphone, l'assurance.
05:25Mais ça ne couvre pas les frais.
05:27Et ces subventions, elles ont tendance à stagner ?
05:30Elles ont baissé.
05:32Le conseil départemental, de moitié.
05:34La ville de Perpignan, il y a deux ans, on était à 1000 euros.
05:37Maintenant, on est à 200.
05:39C'est assez édifiant, terrifiant, même pour dire les choses,
05:41ce tableau que vous nous décrivez ce matin.
05:43C'est-à-dire qu'en termes de prévention, les budgets baissent.
05:46En termes de statistiques officielles, on est dans le brouillard ?
05:49Oui.
05:51Heureusement, aujourd'hui, on commence,
05:55du fait du harcèlement,
05:57à être mieux, entre guillemets, je ne veux pas dire considéré,
06:01mieux accepté pour l'éducation nationale.
06:03Mais on a tendance à trop focaliser sur le harcèlement
06:06et oublier les autres maltraitances.
06:08Parce que les autres maltraitances, physiques, psychologiques,
06:10sexuelles, négligences, sont là.
06:12Le petit Émilio en est un exemple.
06:14Donc là, c'est le harcèlement.
06:16Par contre, les centres d'information,
06:18ont tendance à nous solliciter.
06:21Les écoles s'ouvrent enfin à vous,
06:24à votre association et aux associations du même type ?
06:27Elles s'ouvrent plus facilement.
06:29Mais c'est un sujet tabou,
06:31c'est un sujet toujours sensible.
06:33En plus, eux, ils ne sont pas bien situés.
06:37Il y a un téléphone commun, on peut le rappeler,
06:39le 119 qui a été mis en place pour les appels d'urgence,
06:41pour justement tenter d'alerter.
06:43On entend bien le tableau que vous nous décrivez,
06:45qu'on est très en retard,
06:47ou en tout cas qu'on ne met absolument pas les moyens suffisants,
06:50selon vous, en termes de prévention.
06:52Est-ce que dans l'accompagnement des victimes,
06:54au moins, nous sommes à la hauteur ?
06:55Le cas d'Émilio, par exemple,
06:57il avait une petite sœur, Héléna, neuf ans.
07:00Qu'est-ce qui va se passer pour elle, par exemple ?
07:03Parce qu'elle a probablement assisté
07:05au décès de son grand frère.
07:07Alors, là, je vais faire un vœu pieux.
07:09J'espère qu'elle va être accompagnée correctement.
07:12Déjà, si on veut qu'elle guérisse de ce traumatisme,
07:17parce qu'elle aussi est traumatisée.
07:19N'oublions pas qu'elle a perdu en même temps son frère, sa maman.
07:22Parce que sa maman est en prison, donc elle l'a perdue.
07:25Donc, si autour d'elle, elle a une famille aimante,
07:30elle peut être confiée à sa famille
07:32et essayer de se reconstruire avec un accompagnement psychologique.
07:35Mais là, il faut des moyens.
07:37C'est les moyens qui vont manquer.
07:39Sinon, c'est beaucoup plus compliqué
07:42pour se reconstruire de manière, on va dire, solide.
07:47Et que cette gamine-là ne souffre pas toute sa vie,
07:50parce que les séquelles sont à vie pour les enfants maltraités.
07:54Merci beaucoup, Jean-Louis Gérand.
07:56C'est moi qui vous remercie.
07:57Je rappelle que vous êtes le président de l'association perpignanaise
07:59« Enfance en danger, osez parler ».
08:02Bonne journée, merci d'être venu nous voir en studio.
08:05Et nous invités seraient, écoute, pas de soucis,
08:07c'est sur l'application ici, ICI.
08:09Et d'ailleurs, le nom ICI, c'est le nouveau en 2025 de France Bleu Roussillon.

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