• il y a 2 semaines
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, s'est exprimé, ce vendredi 1er novembre, au sujet du trafic de stupéfiants, notamment à Rennes où un enfant de cinq ans, dont le père est connu pour des faits de trafic et consommation de stupéfiants, a reçu deux balles dans la tête.

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Transcription
00:00— Bruno Retailleau, on va l'écouter, qui va prendre la parole depuis Rennes.
00:05— Avec les élus, il y ait vraiment un dialogue qui soit franc. Et ma collègue Françoise Gattel,
00:15M. le préfet, qui vient tout juste d'être nommé, on sort d'une réunion qui était importante avec des élus,
00:22qui étaient de partis politiques, qui avaient des parcours partisans qui étaient très très différents.
00:30Et devant l'adversité, parce que quand je parle de guerre, de combat dans des termes très martiaux,
00:36parce que je le pense, quand je dis qu'avec les narco-racailles, avec le narco-banditisme,
00:42on a un énorme défi à relever, ce que je constate, c'est quand on en parle avec les élus,
00:49quelles que soient en réalité leurs étiquettes, comme c'était le cas dans cette salle, je sens qu'on doit pouvoir,
00:55y compris au Séné et à l'Assemblée nationale, quand ce sera nécessaire, voter des textes,
01:00même si on n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale. Et ça, je pense que c'est une condition très importante.
01:08Très rapidement, pour reformuler, la raison pour laquelle je suis venu. Au moment où on se parle,
01:16un enfant de 5 ans est entre la vie et la mort, il a reçu deux balles dans la tête.
01:21Cette nuit, j'ai été alerté avec d'autres événements sur fond de narcotrafic qui se sont déroulés à Poitiers.
01:29Il n'y a pas de semaine, presque de journée, sans que me parviennent des éléments extrêmement graves
01:35et extrêmement incrétents sur le narco-banditisme. Ce que je veux dire aujourd'hui, c'est que cet enfant
01:43qui a été touché par ces tirs, ce que je veux dire, c'est que ce qui s'est passé à Poitiers, c'est ici,
01:51c'est dans la France de l'Ouest, c'est pas en Amérique du Sud. Cette France de l'Ouest, que je connais bien
01:56puisque j'en viens, qui avait une tradition de tranquillité, qui a perdu cette tranquillité.
02:01Aujourd'hui, les narcotrafiquants sont partout, en milieu urbain, mais aussi, je viens de le voir, en milieu rural.
02:10Ils n'ont plus de limites. Et on est à un point de bascule. Vraiment. Vraiment, je vous le dis avec toutes les informations
02:18qui me parviennent quotidiennement. Ce point de bascule, il nous impose des choix. Soit il y a une mobilisation générale
02:27pour ce grand combat qui prendra des années, mais on le gagnera. On le gagnera. Soit il y a la mexicanisation du pays.
02:36C'est le choix qu'on a devant nous. Ce que je vois, moi, c'est une toile de la corruption qui s'étend dans diverses administrations.
02:45Ce que je vois, c'est que sur le territoire national, il y a des enclaves, des narco-enclaves qui sont en train de se créer,
02:54qui sont en train de se soustraire à la souveraineté nationale, à la loi de la République et à l'État de droit.
03:03— Mais concrètement, vous parlez d'un projet de loi. Ça va prendre du temps. Qu'est-ce que vous pouvez faire dans l'immédiat
03:08pour tous ces territoires ? — Je vous réponds. Je pense qu'il y a 3 temps. Il y a 3 réponses, en fait.
03:13Il y a les réponses dans l'immédiateté, la réponse ensuite sur la consommation, une autre temporalité et le vrai cadre
03:25qu'il va falloir changer, la vraie rupture qu'il va falloir assumer avec un arsenal législatif. Rapidement, ce que j'ai annoncé.
03:32La réaction immédiate, c'est une réponse sécuritaire policière, c'est une réponse judiciaire et c'est une réponse administrative.
03:41Ça, c'est le premier temps. La réponse sécuritaire, c'est d'abord la CRS 82. Ensuite, dès ce soir arrive la 40.
03:49Ils vont se relayer. Et tant qu'on n'aura pas retrouvé la tranquillité, on restera avec des unités de force mobile à la CRS.
03:58Ça, c'est la réponse sécuritaire. C'est aussi le renforcement des moyens que j'ai annoncé, notamment sur la BST,
04:05la brigade spécialisée de terrain. Ce sont des policiers en tenue qui connaissent bien les quartiers, qui dialoguent avec les habitants,
04:12mais qui sont capables d'interpeller. On va les renforcer pour que 7 jours sur 7, ils soient capables d'avoir 2 patrouilles,
04:20de 3 hommes en permanence. Ça, c'est la réponse sécuritaire. Il y a la réponse judiciaire qui dépend bien entendu de la justice.
04:27Je voudrais, à ce sujet, saluer l'action du procureur de la République Frédéric Tellier. Il a eu des propos très forts.
04:36Il a désigné comme sa priorité la lutte contre le narcotrafic. C'est rassurant parce que le ministère de l'Intérieur comme le ministère de la Justice
04:44doivent être au coup d'à-coup. Ce que nous, nous ferons, puisque c'est le ministère de l'Intérieur qui fournit les moyens des enquêteurs,
04:50les moyens de l'investigation, j'ai indiqué aux procureurs, j'ai indiqué aux enquêteurs que nous allons mettre à leur disposition
04:56une toute nouvelle unité qui a été créée il y a quelques mois, une unité nationale d'investigation qui a une expertise de très très haut niveau
05:05et qu'on pourra mobiliser pour appuyer les besoins de l'enquête au niveau local parce qu'il faut non seulement rétablir l'ordre républicain,
05:15mais il faut essayer de démantibuler ses frontières. Et puis la réponse administrative, elle est pour briser l'écosystème, le briser dans toutes ses dimensions.
05:25Donc, sous l'autorité du préfet, dans différents cercles, enceintes qui existent, mais j'ai demandé à ce qu'on mobilise tous les services de l'État,
05:33douaniers, fisc, police du séjour, etc., etc., inspection du travail pour que, là encore, on arrive à briser un écosystème économique tapé au portefeuille.
05:46Je le dis souvent, Al Capone n'est pas tombé pour une affaire de narcotrafic, de narcosupéfiants. Il est tombé sur une enquête fiscale.
05:55Ça, c'est le premier temps de la réponse.
05:58— Mais le renfort sécuritaire, il est pour règle. Qu'est-ce que vous allez faire à Poitiers, à Brenoble, quand ça va éclater ? Vous allez pas pouvoir envoyer des revenus...
06:04— Non, non. C'est pour ça qu'il faut d'autres réponses. Vous avez totalement raison. Il y a la réponse qui vise les consommateurs.
06:11Ce que je veux dire, encore une fois, ce que j'ai déjà dit, c'est qu'il n'y aurait pas d'offre de produits stupéfiants s'il n'y avait pas une demande.
06:21Et il faut qu'on arrête avec la culture de la banalisation, cette culture qui considère que fumer un joint, prendre un rail de coque, c'est du récréatif.
06:31Non, c'est pas du récréatif, parce que le joint, le rail de coque, il a le goût des larmes, il a le goût du sang,
06:38et qu'au bout de la chaîne, il y a des narcotrafiquants, ceux qui ont mis 2 balles dans la tête d'un enfant de 5 ans, ceux qui, il y a quelques semaines,
06:45ont brûlé vif un adolescent de 15 ans sur Marseille, etc., etc. Les réseaux de proxémitisme, c'est ça, la réalité. Nous allons faire une campagne
06:56qui n'a jamais été faite, puisqu'on a des campagnes de communication, je pense, en matière de sécurité routière. Eh bien il faut le faire pour mettre
07:03les consommateurs devant leurs responsabilités. Voilà. Quand on fume, quand on prend de la coque, etc., on participe à un système, à toute une chaîne
07:13qui sème la mort partout en France.
07:15Elle dira quoi, cette campagne de communication ? Elle rappelera les amendes ?
07:19Elle sera beaucoup plus cache que ça, beaucoup plus. Et le troisième temps de la réponse, il est fondamental. Il nous faut un arsenal nouveau,
07:29il nous faut un arsenal législatif, il nous faut un nouveau texte de loi. Et ce que je veux, moi, c'est que cette bataille, cette guerre qu'on engage,
07:38ce soit l'équivalent de celle qu'on a engagée il y a une dizaine d'années contre le terrorisme. À l'époque, la France s'est fait surprendre.
07:44À l'époque, on avait des difficultés, un manque de coordination entre nos services de renseignement. À l'époque, on manquait d'outils législatifs, etc.
07:53Eh bien là, il faut forger un nouvel arsenal qui va d'abord frapper au portefeuille ces réseaux avec le blanchiment, avec des saisies administratives,
08:04etc., etc., des enquêtes de patrimoine, mais beaucoup plus largement un domaine qui concernera mon collègue, le garde des Sceaux, bien sûr,
08:13une nouvelle organisation pour une meilleure réponse aussi judiciaire. Mais il nous faut cet arsenal, des techniques de renseignement qui nous permettront
08:20d'intercepter des conversations sur une échelle beaucoup plus importante que celle qu'on peut pratiquer aujourd'hui. Et ça, c'est un changement de cadre.
08:29Ça, c'est une rupture. Si on ne fait pas cette rupture, j'aurais beau mettre des policiers, des CRS, on aurait beau renforcer l'investigation,
08:39on n'arrivera à rien. C'est un changement total de cadre législatif. C'est un combat qu'on commence, qui prendra des années. Je ne suis pas venu ici,
08:48à Rennes, pour dire que seul le ministre de l'Intérieur pouvait tout régler en quelques instants. Ça prendra des années. Et ce combat, on va les gagner.
08:58Et ce que je veux dire aux narcotrafiquants, c'est qu'on va les retrouver. On les débusquera. Nos enquêteurs sont exceptionnels. Je veux les saluer.
09:07Et on retrouvera, on ne laissera aucun crime impuni. On trouvera ceux et celles qui les ont commis et on les punira, bien entendu.
09:17— À quoi ressemble la loi devant le Sénat ? — Le plus vite possible. Je pense qu'on peut trouver une niche... Fin d'année, c'est très court. On y est quasiment.
09:27Mais au plus tard, en tout début d'année... Encore une fois, c'est une commission d'enquête qui était transversale, présidée par un sénateur socialiste.
09:35C'est le groupe LR qui en avait eu l'initiative, avec un rapporteur qui était... Un rapporteur Étienne Blanc, LR. Et le texte de loi est aussi transversal.
09:45Ce que j'ai entendu tout à l'heure avec des députés et avec des sénateurs qui n'appartiennent pas à ma famille politique est encourageant.
09:52Je pense qu'on peut trouver, notamment à l'Assemblée nationale, un consensus. Et faut pas que ce soit de l'eau tiède, faut pas que ce soit un consensus mou.
10:01Ça doit impacter toute la chaîne. Il faut tout réorganiser. — M. le ministre, qu'est-ce que vous répondez aux habitants qui dénoncent un effet d'annonce,
10:09qui disent qu'à chaque fois que le ministre revient, on a beaucoup d'annonces qui sont faites, et finalement, dès son départ, rien ne s'en suit ?
10:16— Moi, ça me sert de parler aux habitants. Ça m'a servi de parler aux responsables associatifs. Ça me sert de parler aux enquêteurs.
10:22Je l'ai fait, puisqu'il s'agit de procédures judiciaires, dans la discrétion. Et ce que je suis venu dire ici à Rennes, c'est que ce que vivent les habitants...
10:33Vous avez entendu, comme moi, les deux habitantes qui m'ont interpellé tout à l'heure. Eh bien j'y suis sensible. On va y répondre.
10:39Je suis pas là pour dire que dès demain, ça va s'arranger. Nous avons mis des moyens, CRS, policiers, en renfort. Mais je sais qu'il faudra du temps.
10:49Mais croyez-moi, ce combat, on le gagnera. Et j'ai parlé de ces 3 réponses qui vont s'échelonner dans le temps, une réponse immédiate,
10:56une réponse qui va viser la culture de la consommation, de la banalisation de la drogue, et puis surtout un changement de braquet, comme disent les cyclistes.
11:04Et je sais que la Bretagne est aussi une terre de cyclistes. Un changement de braquet législatif.
11:09— Le policier... — Attendez. Si vous êtes 6 ou 7, je n'arriverai pas à répondre.
11:14— Si vous avez des éléments sur les profils... — C'est l'option, un peu, de fonctionnaire.
11:20— Les profils, bien sûr, on les connaît. Il y a des enquêtes qui sont menées. Ces filières-là profitent de jeunes. Voilà.
11:31Profitent parfois d'immigrés. Ils profitent de toutes les opportunités qu'ils peuvent saisir, voilà, pour faire de l'argent.
11:40Et ces réseaux sont des réseaux... C'est la raison pour laquelle il faut parler pas seulement de stupéfiants, de narcotrafiquants, mais de crimes organisés.
11:48Parce que quand je parle avec les enquêteurs, ici et ailleurs... J'étais l'autre jour à la police judiciaire dans un département parisien
11:56avec une saisie qui était une énorme saisie, d'une tonne. À chaque fois, c'est la même chose. On voit qu'il y a une interpénétration de tous ces réseaux.
12:05Réseau de stupéfiants, réseau de proxénétisme, réseau de trafiquants d'êtres humains, parfois de travail clandestin.
12:12Donc le narcotrafic, c'est une cause racine de l'hyperviolence, mais aussi qui s'attaque finalement à tous les pans de notre société
12:21et qui est en train de s'infiltrer dans tous nos territoires. Ils sont parfois très jeunes. Ils sont parfois très jeunes. Bien sûr qu'ils sont très jeunes.
12:31Ils commencent par être guetteurs. Et malheureusement, ils grimpent dans cette échelle. Et souvent, ces jeunes sont de la chair à canon.
12:40On les utilise pour faire des contrats, pour leur demander, pour leur confier des armes de guerre, pour aller jambiser, pour aller tuer.
12:47C'est quelque chose qui est absolument terrifiant. Et il y a un règne de la terreur. Les habitants tout à l'heure dans le quartier m'ont dit qu'ils n'osaient même plus
12:56aller dans le commerce, dans les commerces qui sont là, parce qu'ils ont peur de recevoir des balles perdues. On est en France. On est à Rennes.
13:03— Vous avez évoqué la corruption à l'administration. Qu'est-ce que vous voulez dire concrètement ? La corruption à l'administration, qu'est-ce que vous voulez dire concrètement ?
13:12— Je veux simplement dire qu'il y a un certain nombre d'affiltrations, parce qu'on a des milliards qui sont en jeu. Ce sont des puissances financières
13:22qui parviennent à corrompre, y compris jusque dans l'administration de l'État. J'en dis pas plus. Il y a eu déjà un certain nombre d'affaires.
13:31Mais je pense que... Et l'audition, d'ailleurs, de la commission d'enquête l'avait montré. Cette toile de la corruption est en train de s'étendre. Je n'en dirai pas plus.
13:42— Merci. — Le produit sur les étés, c'est ça qui est aujourd'hui devant des marchés effectifs en Europe et qui devraient probablement...
13:50— Partout, on demande des effectifs. Partout, on demande des effectifs. Moi, je ne vendrai jamais la lune. Je dois travailler avec un budget qui est contraint
14:00dans une période de crise budgétaire. Donc on va donner des renforts. J'ai parlé tout à l'heure d'un certain nombre d'effectifs qui seront renforcés,
14:07notamment sur la BST. Et c'est important. J'ai parlé aussi... On en a beaucoup parlé du renforcement de la filière de l'investigation, parce que cette filière,
14:18pour la police nationale, est aujourd'hui en situation difficile. Et je veux impérativement la revigorer et la relancer de façon déterminante.
14:30Mais encore une fois, en France, souvent, on ne raisonne qu'avec des moyens, qu'avec des effectifs. Bien sûr qu'il en faut. Mais le plus important,
14:40c'est de changer de braquet. C'est de donner justement à nos enquêteurs des techniques de renseignement qui vont permettre de capter les communications,
14:49de décrypter, etc. C'est de leur permettre de donner des outils qui leur permettront dans leurs enquêtes de s'attaquer au portefeuille, au blanchiment, etc.
14:57C'est ce qu'il faut aussi. C'est une réponse cohérente, globale, qui devra s'inscrire dans une constance de l'action politique. Ce n'est pas un coup, un petit tour,
15:08et on s'en va. Ça va s'inscrire, et je le dis, dans la durée. Voilà. — Très rapidement, M. le ministre. Comment est-ce qu'aujourd'hui, vous expliquez,
15:17d'un point de vue étatique, la présence d'autres armes à Rennes ? Vous parliez de l'enfant qui s'était tué. Comment vous l'expliquez ?
15:22— Mais parce que c'est exactement ce que j'indiquais tout à l'heure. C'est que ces réseaux-là sont des réseaux transversaux. Et à chaque fois qu'on a des saisies...
15:33Je l'ai vu hier dans un commissariat de province, à Chessy-sur-Marne, où on m'a montré une saisie et on m'a montré aussi des photos d'armes.
15:43Et dans ces armes, il y avait des armes de guerre. C'est pour ça que... Croyez-moi, quand les policiers, les CRS ou les gendarmes sont sur le terrain,
15:54ben moi, je leur donne un grand coup de chapeau, parce que quand on a en face de soi des individus qui utilisent des armes de guerre, c'est très très dangereux.
16:03Et j'aimerais simplement dire aussi un message à celles et à ceux qui veulent parfois déconsidérer les forces de l'ordre, les policiers et les gendarmes.
16:11Il ferait bien, justement, de savoir ce qu'ils risquent leur vie pour nous protéger, nous, contre des trafiquants, contre des gens qui s'engraissent,
16:20et qui s'engraissent malheureusement dans le malheur des autres, les plus faibles.

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