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Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry CABANNES et ses invités débattent des causes de la fusillade à Poitiers impliquant des centaines de jeunes.
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00:00Merci de nous accueillir sur Europe 1 et sur CNews avec moi pour commenter cette actualité
00:04en ce Vendredi soir des fidèles Louis-Odor Agnel, journaliste, merci d'être avec nous Louis.
00:09Olivier Vial, directeur du CERU, vous vous rappelez ce qu'est le CERU en quelques mots, bonsoir Olivier Vial.
00:14Un laboratoire d'idées universitaires, bonsoir Thierry.
00:17Vous êtes bien armé pour répondre à toutes les questions que je vais vous poser.
00:20Kevin Bossuet, professeur d'histoire, fidèle également de Punchline, Thierry.
00:23Mickaël Sadoun, expert en politique publique, bonsoir Thierry.
00:27Bonsoir Mickaël, on va commencer donc avec cette fusillade dont on vous parle depuis ce matin,
00:33fusillade incroyable à Poitiers hier soir qui a éclaté devant un restaurant.
00:38On va y revenir largement mais on va retrouver notre équipe sur place,
00:42Marie-Victoire Diodonné et Sacha Robin, bonsoir Marie-Victoire Diodonné.
00:46On l'a vécu tout à l'heure, le procureur de la République s'est exprimé, ça a été assez court,
00:52c'est le moins que l'on puisse dire, quels sont les éléments apportés par le procureur Marie-Victoire ?
00:58Exactement Thierry, le procureur a tenu à revenir sur les moyens mis en place dans le cadre de cette enquête.
01:06Les relevés ADN, les analyses des vidéosurveillances et puis également les enquêtes de voisinage sont actuellement en cours.
01:13Une perquisition a déjà eu lieu ce matin, donc dans la journée.
01:17Elle a permis de découvrir des munitions dans le logement qu'un homme récemment arrivait à Poitiers occuper.
01:25Cet homme se serait récemment également livré à la vente de produits stupéfiants, il est en tout cas activement recherché.
01:32Alors, cinq mineurs, est-ce que le procureur s'est exprimé sur l'évolution de l'état des victimes Marie-Victoire ?
01:42Oui, exactement, l'une des victimes est donc en urgence absolue, elle a été hospitalisée ainsi.
01:48Le pronostic vital de cet adolescent de 15 ans est toujours engagé.
01:52Pour rappel, il avait été retrouvé au sol près de la terrasse du restaurant Kebab de la place Coimbra où nous étions tout à l'heure.
02:01Il avait été donc blessé par balle au niveau de la tête et son pronostic vital est toujours engagé.
02:07En attendant, au premier soir à la suite de cette rixe, les moyens ont été renforcés ici à Poitiers
02:14puisque une centaine de policiers ont été mobilisés ainsi que la CRS 8 ici au quartier des Couronneries.
02:21Merci beaucoup Marie-Victoire Dieudonné, accompagnée de Sacha Robin depuis Poitiers.
02:25Je vous fais réagir dans quelques instants mes amis, mais tout de suite priorité au témoignage.
02:29Nous sommes avec Solange Laoud Jamail, conseillère municipale d'opposition de Poitiers.
02:34Bonsoir madame, merci d'avoir accepté notre invitation.
02:39Que vous inspire cette fusillade à Poitiers, Solange ?
02:44Oui, choquée, très choquée en tant que maire, en tant qu'habitant du quartier.
02:53C'est des situations qu'on n'a pas l'habitude de voir et c'est tous les habitants de Couronneries
03:04qui sont sous le choc par rapport à cet événement.
03:06Qu'est-ce qui se passe à Poitiers, Solange ?
03:11Je ne vous ai pas bien saisi.
03:13Qu'est-ce qui se passe en ce moment à Poitiers ?
03:16Par rapport au drame qui s'est produit hier soir, qui touche des jeunes, des mineurs,
03:25et qui fait que pour nous, on n'a pas l'habitude.
03:32C'est vrai que depuis quelques années, on entend dans les médias par-ci, par-là,
03:37Marseille, Grenoble, mais c'est quand même une première à Poitiers qui est en tant de victime.
03:43Mes pensées pour ces jeunes et ces parents, c'est vraiment un choc pour nous.
03:49Poitiers avait la réputation d'être une ville plutôt tranquille, Solange,
03:53mais je le rappelais, il y a un certain nombre de faits qui ont eu lieu récemment à Poitiers.
03:59Je ne fais pas le lien, évidemment, entre cette fusillade d'hier soir,
04:03mais je vous les rappelle très rapidement, dans la nuit du 24 au 25 octobre,
04:06des plaques de rue ont été recouvertes par des affiches au nom des leaders du Hamas.
04:11Le 3 octobre, une église, l'église Saint-Hilaire-le-Grand, a été incendiée.
04:15Le 31 octobre, c'était derrière l'agression de deux agents de la patinoire de Poitiers.
04:21Conséquence, cette patinoire est fermée.
04:25On a l'impression qu'il se passe beaucoup de choses à Poitiers.
04:29Je me trompe dans ce regard, dans cette analyse ?
04:32Racontez-nous, bouquet de surplace.
04:35Je pense que c'est quand même des cas isolés.
04:38On ne peut pas faire l'amalgame par rapport à ces faits,
04:44cette drame qui s'est surgie hier soir.
04:48Mais c'est vrai qu'il y a des choses qui se passent, mais pas de cette ampleur-là.
04:54Oui, mais là, il y a un certain nombre de faits qui s'enchaînent.
04:56Et encore une fois, je le précise, et c'est important, je ne fais pas le lien,
05:00mais c'est vrai qu'on n'avait pas l'habitude de parler de Poitiers.
05:02On parlait de Rennes, on en parlera d'ailleurs dans notre émission tout à l'heure.
05:05On parlait de Grenoble, on parlait de Marseille, pas trop de Poitiers.
05:08Et là, depuis quelques temps, sur l'antenne de CNews,
05:10on commande quand même un certain nombre de faits d'actualité
05:12qui se déroulent dans votre ville.
05:14On ne peut pas être dans le déni.
05:18Ce n'est pas qu'on est dans le déni,
05:19parce que c'est fléau que vous êtes en train de faire le lien.
05:25C'est ce qu'on voit un peu partout ailleurs,
05:28qu'il y ait des similitudes à Poitiers.
05:32Mais on ne peut pas dire que par rapport à ces drames,
05:37on n'y parle, mais c'est des faits parfois individuels qui s'enchaînent.
05:44Je dirais que ce fléau, c'est un peu national, c'est d'actualité.
05:52Dans toutes les villes, on voit ces phénomènes un peu partout.
05:56Est-ce que c'est des gens qui se disent qu'on parle de Marseille ?
06:00Nous aussi, on veut qu'on parle de nous à Poitiers.
06:02Donc, c'est difficile de dire que...
06:06Parce que Poitiers reste quand même une ville paisible
06:09où tout le monde se connaît.
06:10Donc, pour nous, c'est un choc.
06:13Je vous fais écouter la maire de Poitiers, Léonore Monconduit.
06:16Et vous allez me dire si vous êtes d'accord avec son regard.
06:22Poitiers est une ville plutôt calme,
06:24historiquement plutôt épargnée par les violences extrêmes de ce type-là
06:28liées au trafic de drogue.
06:29Et le fait que des événements aussi violents
06:32aient désormais lieu dans des villes comme Poitiers,
06:34ça montre bien combien le problème lié au trafic
06:37se développe partout en France et touche des territoires
06:39jusqu'à présent plutôt tranquilles.
06:41Et donc, il faut renoncer à l'idée de croire qu'il y a une baguette magique
06:45et que la solution est simple.
06:488h15.
06:49Merci beaucoup Solange Lawat de Jamaïque.
06:52Je vous rappelle que vous êtes conseillère municipale d'opposition de Poitiers.
06:54On marque une pause et on se retrouve dans quelques instants.
06:57Merci d'avoir accepté notre invitation dans Punchline Week-end
06:59et sur CNews et sur Europe 1.
07:24Merci de nous accueillir sur Europe 1 et sur CNews
07:26et d'accepter votre Punchline Week-end jusqu'à 19h.
07:28Une actualité très chargée à mes côtés pour commenter cette actualité.
07:31Louis de Ragnel, Olivier Vial, Kévin Bossuet et Mickaël Sadoun
07:35reviennent évidemment sur cette fusillade de Poitiers
07:39avec le témoignage de cette conseillère municipale d'opposition de Poitiers,
07:45Solange Lawat de Jamaïque.
07:47Vous aviez envie de réagir.
07:50Elle était assez prudente, c'est le moins que l'on puisse dire,
07:54cette conseillère municipale d'opposition.
07:56Oui, j'avais envie de réagir parce que cette conseillère nous a parlé d'actes isolés.
08:01Mais non, le trafic de drogue, c'est un véritable phénomène de société.
08:06En France, il y a 240 000 personnes qui vivent directement
08:10ou indirectement du trafic de drogue.
08:11Ça génère 6 milliards d'euros par an de chiffre d'affaires.
08:16Il y a un point de deal pour cinq bureaux de tabac.
08:19Un quart de la population carcérale en France est due au trafic de drogue.
08:2440% des mineurs qui ont affaire à la justice, c'est dû au trafic de drogue,
08:28avec des conséquences qui sont de plus en plus dévastatrices.
08:32Une augmentation de la violence des jeunes qui sont de plus en plus
08:35embrigadés dans ce trafic.
08:38Souvenons-nous de Sokaïna à Marseille, qui est morte à cause d'une balle perdue.
08:43Souvenons-nous de ce garçonnet de cinq ans.
08:46Encore récemment, on l'avait parlé, c'est que la France est gangrénée par ce trafic.
08:52Et ça a des conséquences sur la vie quotidienne des gens.
08:56Il y a une forme de totalitarisme.
08:57Allez interroger les gens dans des quartiers gangrénés par le trafic de drogue.
09:01Ils vivent en fonction du trafic de drogue.
09:03Ils se déplacent en fonction du trafic de drogue.
09:05Ils ont peur à cause du trafic de drogue.
09:07Donc non, c'est un véritable phénomène de société.
09:10Et ça touche en priorité qui ? Les milieux populaires.
09:13Et ça, il faut le redire et le redire.
09:15Et quand on voit que dans certaines municipalités de gauche,
09:18comme c'est le cas évidemment à Poitiers, comme c'est le cas à Grenoble,
09:22comme c'est le cas à Nantes,
09:24on voit bien que c'est le laxisme aussi qui fait prospérer ce trafic de drogue.
09:28Et malheureusement, il faut aujourd'hui des solutions
09:30parce que la guerre contre la drogue, on va la perdre.
09:33Alors, j'en profite puisque vous parliez de ce dramatique fait d'hiver à côté de Rennes.
09:38Enfin, à Rennes même, c'était un quartier qui s'appelle Moropa,
09:40avec ce jeune garçon de cinq ans qui était touché à la tête.
09:43Je surveille mes écrans parce que Bruno Rotaio, on l'a évoqué, est en déplacement.
09:47Il va prendre la parole incessamment sous peu.
09:49Donc, mes amis, ne soyez pas surpris si je vous interromps dans votre élan.
09:52Évidemment, puisque la priorité sera à donner à Bruno Rotaio
09:56qui doit annoncer un certain nombre de choses.
09:57Louis, a priori.
09:58Oui, absolument.
09:59D'ailleurs, il est venu.
10:00Vous savez, cette visite, elle s'inscrit.
10:02Alors, le hasard a fait qu'il y a eu ce qui s'est passé.
10:06Effectivement, cette nuit à Poitiers,
10:09il avait prévu depuis quelques jours de se rendre à Rennes.
10:11Et puis, la semaine prochaine à Marseille,
10:13il doit annoncer conjointement avec le ministre de la Justice,
10:17tous les deux, le plan de lutte contre les stupéfiants, le plan gouvernemental.
10:21Moi, je voulais simplement revenir sur ce qu'a dit l'élu d'opposition
10:26de la ville de Poitiers.
10:28Elle explique que ce sont des faits isolés, que Poitiers reste une ville calme.
10:33Sauf que ce qui est très intéressant, c'est que Poitiers est une ville préfecture.
10:36C'est le chef lieu de la Vienne qui n'a jamais vraiment fait parler d'elle,
10:40cette ville, pour des questions d'ordre public, de grandes criminalités
10:44ou pour des faits de trafic de stupéfiants.
10:46Et justement, c'est l'illustration de ce qu'on explique
10:48depuis des semaines et des semaines.
10:50C'est que le trafic de stupéfiants est en train de contaminer
10:52toutes ces villes préfectures et même les sous-préfectures du pays.
10:56Alors que jusqu'à aujourd'hui, il n'y a qu'une dizaine d'années,
11:01les gros trafics de stupéfiants, les règlements de comptes
11:03étaient concentrés dans les métropoles.
11:06Et donc, ça, c'est la nouveauté.
11:07Et d'ailleurs, l'élu le dit elle-même.
11:10Elle se contredit un petit peu.
11:11Elle explique d'un côté que c'est isolé et par ailleurs.
11:15Mais de toute façon, c'est partout en France.
11:17Et donc, ce qui se passe à Poitiers, c'est un peu le reflet
11:19de ce qui se passe sur tout le territoire national.
11:21Et c'est ça qui est extrêmement inquiétant,
11:23parce qu'il y a une forme de banalisation, d'acceptation.
11:25Ça se passe à Poitiers.
11:26Bon, après tout, ça se passe aussi à Rennes.
11:28Et en fait, on est tous concernés par le même fléau.
11:31Et c'est ça que je trouve
11:33qui est intéressant de remarquer et de souligner.
11:36Et il va falloir que Bruno Retailleau annonce des choses.
11:40Mais ça va être la grande difficulté de prise de parole,
11:42parce qu'en réalité, il n'y a pas de baguette magique.
11:45Il n'y a pas de solution miracle.
11:46Vous savez, si vous dézoomez un tout petit peu la situation de la France,
11:49vous remarquez quand même que dans le monde entier,
11:52la consommation de produits stupéfiants explose,
11:54que la drogue est de plus en plus dangereuse,
11:56que les trafiquants sont de plus en plus rusés
12:00et qu'il y a de plus en plus de moyens.
12:03Vous évoquiez la question des sous-marins.
12:06Et que toutes les grandes démocraties sont en train de...
12:09Alors, il y a certains pays d'Europe qui vont dans l'autre sens,
12:11mais la plupart des grandes démocraties sont en train de continuer
12:14d'essayer de protéger les droits de la défense,
12:16les libertés individuelles, les droits de l'homme.
12:18Et forcément, du coup, ça entrave le travail des policiers.
12:21Je vous donne deux exemples pour vous montrer ça.
12:23Le premier, vous savez combien de conteneurs sont contrôlés
12:26par les douaniers et la police judiciaire dans le port du Havre ?
12:28Non, mais vous allez me le dire.
12:302 %, c'est très intéressant.
12:312 %, donc vous avez beau annoncer...
12:34Non, mais après, il faut voir le monde tel qu'il est.
12:37Soit vous êtes favorable au libre-échange et donc vous dites
12:40on va essayer d'accentuer les contrôles, mais on n'arrivera jamais à 100 %.
12:43Si vous décidez de contrôler 100 % des conteneurs du port du Havre,
12:48vous, clairement, vous isolez la France parce qu'il y aura beaucoup moins
12:51de trafic commercial.
12:52On ne va pas recruter 200 000 douaniers pour simplement, entre guillemets,
12:55faire du contrôle de conteneurs.
12:57Et je vous donne un deuxième exemple sur l'entrave
13:00dont sont un peu victimes les policiers dans leur travail.
13:02Je discutais, moi, il y a quelques semaines avec un policier
13:05de la police judiciaire de Marseille et qui m'expliquait que pour certains dossiers,
13:09il appelait les policiers italiens pour qu'ils mettent sur écoute
13:12des individus, des cibles que lui suivaient,
13:16parce que le droit français ne lui permettait pas de faire ça,
13:18que c'était trop compliqué.
13:20Et donc, il sous-traite à des services, à des services de police étrangers,
13:24ce travail-là. Et quand vous écoutez ça, vous vous dites,
13:28c'est un exemple, il y en a plein, et c'est un exemple qui montre
13:30à quel point les policiers sont entravés dans leur travail.
13:34Aujourd'hui, ils ne demandent pas, certes, ils ont besoin de moyens,
13:36ils ont besoin d'être plus nombreux, notamment en police judiciaire,
13:39mais ils ont surtout besoin qu'on leur laisse une liberté,
13:41un champ d'action le plus large possible pour pouvoir travailler.
13:45On a tous vu le film Bac Nord et on voit bien les dérives auxquelles,
13:50et surtout, ce ne sont pas les dérives, en fait, on voit bien
13:53la difficulté à laquelle les policiers sont confrontés.
13:57On n'est pas, si vous voulez, quand vous travaillez dans la lutte
13:59contre le trafic de stupéfiants,
14:01tout est dans le gris, vous êtes dans la zone grise.
14:03Donc, vouloir encadrer à tout prix le travail de ceux qui luttent
14:06contre le trafic de stupéfiants, c'est impossible.
14:09Vous êtes obligé de parler avec des dealers,
14:11vous êtes obligé de négocier avec eux, vous êtes obligé de...
14:14Et pour s'informer, pour être crédible un petit peu,
14:16quand vous êtes policier, pour pouvoir infiltrer ces réseaux-là,
14:19eh bien, il faut utiliser des moyens qui ne sont pas des moyens
14:23forcément très légaux.
14:24Et c'est ce que font d'ailleurs les services de renseignement,
14:26qui, eux, leur travail est engadré différemment par la loi
14:32et qui peuvent tout à fait discuter avec des gens
14:34qui sont les ennemis absolus de la France.
14:36Sans que, pour autant, ils soient inquiétés dans leur travail.
14:39Je vous donnerai la parole dans quelques instants, Olivier Vial.
14:41Je voudrais qu'on revienne sur, évidemment, sur la ville de Poitiers
14:44avec le préfet qui était mon invité dans Medi-News.
14:49C'est en fait assez inédit pour un territoire comme celui de Poitiers
14:53d'avoir une action de cette nature avec autant de victimes
14:59qui traduit à la fois une forme de banalisation de la violence,
15:03des accès aux armes aussi, que l'on retrouve de plus en plus souvent
15:07lors des différentes perquisitions, visites de caves
15:10qui sont menées par les forces de police.
15:12Olivier Vial.
15:14Oui, de toute manière, cette banalisation, effectivement,
15:16aujourd'hui, on s'aperçoit qu'elle est très importante.
15:1980 à 90 % des règlements de comptes entre délinquants,
15:24c'était ce que rapportait le rapport du Sénat,
15:26sont liés au trafic de drogue.
15:28Et aujourd'hui, effectivement, le trafic de drogue,
15:30c'est devenu une pieuvre qui touche l'intégralité du territoire.
15:36Les trafiquants sont à la fois extrêmement violents,
15:40mais surtout très opportunistes.
15:41Ils vont choisir les endroits où ils ont le plus de facilité.
15:44Et donc, ils essayent de prendre le contrôle de certains quartiers.
15:47Et pour ça, ils savent que s'ils arrivent à déstabiliser un quartier,
15:50et c'est ce qu'on voit à Poitiers, notamment,
15:52parce que tous les événements, même mineurs,
15:54dont vous citiez les exemples,
15:55toutes ces actions contre l'autorité de l'État,
15:58c'est un moyen pour les trafiquants d'imposer leur autorité
16:01par rapport à celle de l'État.
16:02Quand ils font ça, effectivement,
16:04ça leur facilite la prise de contrôle.
16:06Et ils sont très intelligents,
16:07parce qu'en utilisant des mineurs et des jeunes enfants
16:11pour faire soit les guêpes, soit pour utiliser le trafic,
16:14ils déstabilisent à la fois le quartier,
16:17puisqu'on sait qu'effectivement,
16:19la réponse pénale n'est pas à la hauteur sur les mineurs,
16:22mais c'était rappelé dans un des sons que vous avez passés précédemment,
16:26ils déstabilisent la famille,
16:27parce que quand c'est un enfant ou un jeune adolescent
16:30qui ramène de l'argent de la famille,
16:33les parents n'ont plus l'autorité.
16:36Et en faisant ça, on supplie l'autorité des parents
16:39à celle des dealers qui deviennent effectivement les vrais adultes.
16:43Il me semble, Kévin, que vous étiez à mes côtés,
16:44mais il y a deux étés, on avait parlé d'un quartier,
16:46je ne sais plus dans quelle ville du Sud,
16:48qui avait littéralement organisé une kermesse
16:51avec des piscines, des...
16:55Tout était organisé sans...
16:57C'est le système social qui est organisé.
16:58Mais oui, c'est le système social,
16:59en portant des colis, de nourriture, etc.
17:02Et la mairie n'était pas au courant.
17:04Ma mémoire me fait défaut, mais c'était il y a deux étés dans une ville.
17:07Ils le font de plus en plus.
17:08Ils le font de plus en plus, ils organisent la vie sociale.
17:10De temps en temps, être capable de reloger des personnes.
17:13Bien sûr.
17:14Effectivement, ils jouent le rôle
17:15que d'autres organismes ne jouent plus.
17:18Et effectivement, tout ce qu'ils peuvent faire
17:19pour mettre en dehors les institutions classiques et les suppléer,
17:23ça leur donne des moyens, après, d'avoir justement...
17:26On le voit dans cette fusillade.
17:28Ce qui est intéressant, c'est la fusillade,
17:29mais c'est surtout que tout de suite après,
17:31il y a une rixe de plusieurs dizaines de personnes,
17:34presque plusieurs centaines.
17:35Alors oui, il y a eu un petit problème de communication
17:39sur le nombre de personnes qui ont reçu cette rixe.
17:41Il y en a au moins une centaine.
17:43Et le fait d'avoir une rixe de cette ampleur-là
17:46montre qu'il y a une garde de territoire
17:47et que le quartier peut prendre fait des causes
17:49pour certains délinquants.
17:52Mickaël, je vous donne la parole, Kévin.
17:54Très important de rappeler que dans le trafic de drogue,
17:58ou en tout cas, ce qui devient avec l'ampleur qu'il a pris,
18:00ce n'est pas la substitution de l'ordre par le désordre,
18:04c'est la substitution de l'ordre actuel par un autre ordre
18:07qui est géré par le trafic de drogue et par les trafiquants,
18:10qui deviennent en fait des substituts à l'État.
18:13Quelques réponses quand même pour traiter ça.
18:15On a souvent parlé de la réponse judiciaire,
18:16mais en effet, il faut une réponse globale.
18:19La question des containers a été évoquée tout à l'heure.
18:22Évidemment, la grande majorité de la drogue
18:23qui circule sur le territoire vient de l'étranger.
18:26D'ailleurs, c'est pas souvent que je vais être d'accord avec lui,
18:28mais c'est Manuel Bompard qui a évoqué le contrôle
18:30le plus systématique des containers dans les ports français.
18:36Donc, on pourrait s'accorder sur ce point-là.
18:39Deuxième chose, le rôle de l'immigration,
18:41qu'on n'évoque pas assez,
18:43parce qu'évidemment, la mafia corso-marseillaise
18:45qui régnait dans le Sud à l'époque a été remplacée
18:48par une mafia largement africaine et maghrébine.
18:51On l'a vu récemment, quand il y a eu un règlement de compte,
18:54entre, je cite, la DZ mafia,
18:57donc la DZ mafia, c'est les Algériens,
18:59et ce qui s'appelait eux-mêmes le gang des blacks.
19:01Donc, évidemment, il y a des affrontements
19:03qui se font sur fonds communautaires,
19:05avec, je l'ai dit tout à l'heure,
19:06l'utilisation des mineurs non accompagnés.
19:08Donc, évidemment, la dimension de l'immigration
19:11est fondamentale dans le traitement de la chose.
19:13La dernière chose, évidemment,
19:14et là, c'est peut-être un côté un peu plus de gauche, je dirais,
19:19mais il faut quand même une reconstruction de l'économie
19:22et une projection de la société,
19:24parce que les jeunes générations,
19:25quand elles peuvent gagner 200 euros par jour en cash,
19:29en étant chouf, c'est-à-dire en observant le trame...
19:31En observant, tout simplement.
19:33...et en criant en prague quand les policiers viennent,
19:36quand on leur propose ça, c'est très difficile de dire non,
19:39parce que que leur propose la société à côté ?
19:42Parce que les emplois publics
19:45sont de moins en moins bien considérés et rémunérés
19:48parce que l'État n'est plus capable
19:50de projeter un modèle de société intéressant pour ces gens-là.
19:53Donc, évidemment, il faut reconstruire l'économie,
19:56relancer le dynamisme, je dirais, du pays,
19:58redonner un espoir, un modèle de société
20:00pour que ces gens arrêtent de se reporter, en fait,
20:05sur une économie parallèle, sur d'autres valeurs
20:07qui sont contraires à celles de l'Occident, etc.
20:09Mais on avait un reportage très intéressant
20:10tourné par notre correspondant Stéphanie Rouquier à Marseille
20:13avec un dealer repenti qui expliquait tout le système, d'ailleurs.
20:16Bien sûr.
20:17Il a fait de la prison, etc.
20:18Mais il expliquait comment tout cela fonctionnait.
20:22Et en revanche, il disait qu'aujourd'hui, c'est ultra violent.
20:25Mais ultra violent.
20:26Entre le moment où lui faisait le chouf,
20:31voilà,
20:32et aujourd'hui, les choses ont considérablement changé
20:35et qu'il n'y ait qu'une violence extrême, extrême.
20:38Mais ils font vivre aussi parfois leur famille.
20:39Mais ils font vivre leur famille et c'est toute la problématique.
20:43En effet, c'est extrêmement violent.
20:45Souvenons-nous, il y a quelques semaines,
20:47de cet adolescent qui était brûlé vif.
20:49On s'est rendu compte que c'était un règlement de compte dû à la drogue.
20:53Avec ce phénomène de jambisation pour régler leur compte,
20:56les trafiquants de drogue n'hésitent pas à tirer dans la jambe de quelqu'un
21:02pour bien montrer qu'il faut qu'il reste dans le trafic de drogue.
21:05Et s'il en sort, il va lui arriver quelques problèmes.
21:07Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est véritablement ces mafias
21:10qui sont en train de constituer une véritable contre-société,
21:14notamment dans nos banlieues.
21:15On l'a vu il y a un an et demi, au moment des émeutes,
21:17où parfois les trafiquants de drogue ont mis eux-mêmes fin aux émeutes,
21:20puisque ça perturbait notamment le trafic de drogue.
21:23Et le caractère éthique, en fait.
21:26Parce que regardez ce qu'a fait Desaine Mafia,
21:28ce groupe mafieux marseillais.
21:29C'est qu'il a organisé une conférence de presse
21:32pour s'exonérer d'un meurtre en disant qu'il y avait une certaine éthique,
21:36qu'il y avait des lois qu'il fallait respecter.
21:38Et le but, c'est quoi ?
21:39C'est d'offrir une belle vitrine afin de favoriser les recrutements,
21:42notamment chez les plus jeunes.
21:45Et en fait, c'est complètement faux,
21:47parce qu'on a affaire à des mafieux complètement crapuleux
21:50qui assassinent parfois depuis l'étranger,
21:52qui font assassiner depuis les prisons.
21:54Et on a un bon exemple, c'est cette mafia marocaine,
22:00Moukro Mafia, qui a agi notamment en Belgique et aux Pays-Bas,
22:06et ça a débouché sur l'assassinat d'un avocat,
22:09sur l'assassinat d'un journaliste.
22:10Vous avez, par exemple, une princesse héritière des Pays-Bas
22:14qui a été menacée.
22:15Vous avez le ministre de la justice belge.
22:18Vous avez également le premier ministre néerlandais.
22:21Donc, on voit bien que ce sont des groupes qui font égal à égal
22:24avec notamment l'État.
22:26Et c'est là où ça devient inquiétant,
22:28avec des mafieux qui ont des moyens illimités au niveau budgétaire
22:32et un État qui a de plus en plus de mal à faire face,
22:35voire qui subit un véritable antrisme
22:39à travers notamment la corruption.
22:41Merci de nous accueillir chez vous et sur Europe 1 et sur CNews.
22:45À mes côtés, ce vendredi soir, pour commenter cette actualité
22:48très concentrée sur les trafics de drogue, hélas, à Louis de Raguenel.
22:53La semaine prochaine, avec le déplacement de Bruno Taillaud à Marseille
22:56avec le garde des Sceaux.
22:58Alors, je vous préviens, je surveille avec attention,
23:00puisqu'on va l'évoquer dans quelques instants.
23:02Bruno Taillaud est à Rennes.
23:03Il devrait intervenir incessamment, sous peu,
23:08et annoncer un certain nombre de choses.
23:09Vous êtes toujours avec moi pour commenter cette actualité.
23:11Louis de Raguenel, Olivier Vial, Kevin Bossuet et Mickaël Sadoun.
23:14Donc, Bruno Taillaud est à Rennes. On ne cesse de le répéter.
23:17Il est allé dans ce quartier de Moropa,
23:20très gangréné par les trafics de drogue, avec, je le rappelle, ce drame.
23:23Vous l'évoquiez tout à l'heure, mon cher Kevin Bossuet,
23:25ce drame de cet enfant qui a été touché à la tête
23:27parce qu'il était dans la voiture de ses parents,
23:29avec, en toile de fond, évidemment, le trafic de drogue,
23:33ce trafic de drogue.
23:34Bruno Taillaud a déambulé dans le quartier de Moropa cet après-midi.
23:39Je vais vous proposer deux séquences très intéressantes.
23:42Écoutez bien la façon dont Bruno Taillaud,
23:44le ministre de l'Intérieur, a été interpellé.
23:46C'est un son qui va faire beaucoup réagir, me semble-t-il.
23:51Enfin, je reprends le pari.
23:54J'ai demandé à un appartement,
23:57au centre commercial, au CTS, un appartement,
24:00parce que mon mari a des problèmes de santé.
24:02Moi, j'ai des problèmes de santé actuellement.
24:04J'ai donné deux ordonnances.
24:05Vous savez ce qu'on m'a répondu ?
24:07On m'a dit, excusez-moi, madame Colas,
24:09mais vous n'aurez pas d'appartement,
24:10parce que la mairesse de Rennes a fait un contrat avec Paris
24:14pour les immigrés, était prioritaire.
24:16Voilà. Et on n'a le droit à rien.
24:17Nous, on n'est plus en France. On n'a plus le droit à rien du tout.
24:21On vit sur la peur. On n'a le droit à rien.
24:23Rétablir l'ordre républicain,
24:25c'est pas pour les gens qui sont riches.
24:27C'est souvent pour des gens qui sont modestes.
24:29C'est souvent pour des gens qui sont comme vous,
24:31qui ont une vie de labeur,
24:32et c'est vous qui encaissez les conséquences du désordre.
24:35Parce que quand c'est la loi du plus fort,
24:38quand c'est la loi de la jungle,
24:39celui qui trinque, c'est le plus faible, c'est le plus petit.
24:42Et quand on veut rétablir l'ordre,
24:44c'est ce que je dis toujours,
24:46il y a une dimension sociale, c'est s'occuper des plus faibles.
24:50Olivier Vial, réaction.
24:51Là, c'est du concret. Ça, c'est du concret.
24:54Oui, c'est du concret.
24:55Et ce qu'on voit à la fois dans le témoignage de cette habitante,
24:57c'est justement la perte d'espoir dans les institutions.
25:01Et c'est cette perte d'espoir qui est le facilitateur
25:05pour les trafiquants, pour imposer leur ordre.
25:08Donc Bruno Retailleau est dans son rôle
25:10d'essayer de redonner de l'espoir
25:12en reprenant au moins par la parole dans un premier temps.
25:15Il faut espérer qu'effectivement demain,
25:17il y ait des annonces,
25:18ou même ce soir, il y ait des annonces qui soient très fortes,
25:20parce qu'en faisant ça, effectivement,
25:22il montre qu'il a compris l'ampleur de la situation.
25:26Il montre aussi qu'il est en position de facilitateur
25:31et surtout d'enclencher une dynamique.
25:33Il faut espérer que derrière, le gouvernement,
25:35notamment son collègue à la justice,
25:39prennent sa roue et comprennent qu'effectivement,
25:42aujourd'hui, il y a 80 % des Français
25:43qui attendent cette reprise en main sur les questions de sécurité
25:47et une lutte vraiment ferme sur la question des narcos de l'Afrique.
25:50On va attendre les annonces de Bruno Retailleau.
25:52Puis on suivra avec attention ce qu'évoquait notre ami Louis de Ragnel,
25:56ce voyage à Marseille.
25:57On verra s'ils parleront de concert.
25:59Et M. Migaud et M. Retailleau.
26:01On marque une pause publicitaire et sur Europe 1 et sur CNews.
26:04On se retrouve dans quelques instants,
26:05puisque Bruno Retailleau doit intervenir incessamment sous peu.
26:09A tout de suite.
26:10Ne nous quittez pas. On vous retrouve dans quelques instants.

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