Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires Etrangères, était l'invité de Neïla Latrous sur RMC et BFMTV, ce jeudi 31 octobre. Il est notamment revenu sur l'élection américaine et les crues en Espagne.
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00:00Il est 8h32 sur BFMTV et RMC. Mon invité est le chef de la diplomatie française, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
00:11Bonjour Jean-Noël Barraud. Bonjour Nella, à toi.
00:14Cinq jours avant les élections américaines, BFMTV et RMC sont d'ailleurs mobilisés ici à Paris, à New York, à Washington, partout aux États-Unis
00:21pour vous faire vivre cette élection historique. Mais avant cela, je voulais d'abord revenir sur ces inondations gigantesques en Espagne. 95 morts.
00:29Le bilan risque encore de s'alourdir parce qu'il y a encore des dizaines de disparus, des villes entières ont été ravagées.
00:36Et évidemment, la France et l'Europe sont solidaires pour porter assistance à l'Espagne si elle en faisait la demande.
00:41Jean-Noël Barraud, à l'heure où on se parle, la France a-t-elle reçu une demande d'assistance de Madrid ?
00:46C'est évidemment une tragédie absolue et la France a exprimé hier sa solidarité vis-à-vis du peuple espagnol,
00:53a exprimé ses condoléances aux familles des victimes et à leurs proches et a proposé à l'Espagne de l'aide.
00:58Et 250 pompiers se tiennent prêts à intervenir dès lors que l'Espagne acceptera cette demande.
01:04Évidemment, notre priorité, vous l'avez cité en introduction, c'est la sécurité de nos ressortissants,
01:08puisque 4 000 Français vivent dans la région de Valence et c'est pourquoi notre ambassade, notre consulat sont pleinement mobilisés
01:14pour pouvoir répondre à toutes les questions, pouvoir leur porter secours lorsque cela est possible.
01:19Et nous suivons l'évolution de la situation d'heure en heure.
01:22Vous savez me dire si à ce stade on a des nouvelles de chacun d'entre eux ?
01:25Est-ce qu'il y en a qui ne répondent pas à l'appel, pour lesquels on est encore inquiets ?
01:29On est encore inquiets, on est encore dans l'attente de confirmation.
01:33On n'a pas eu de nouvelles tragiques à ce stade, mais malheureusement on ne peut pas l'écarter.
01:38C'est pourquoi les équipes sur place sont pleinement mobilisées.
01:41Je veux leur rendre hommage parce qu'elles sont face à une situation extrêmement complexe
01:44et elles sont mobilisées de jour comme de nuit.
01:46Donc consulat et ambassade en Espagne pour répondre aux Français sur place.
01:50À Paris, pour les proches, il y a des dispositifs ?
01:53Une cellule de crise qui a été ouverte encore ?
01:55Il y a un centre de crise et de soutien rattaché au ministère des Affaires étrangères
01:59qui en lien avec l'ambassade et le consulat s'assure que toutes les réponses peuvent être apportées.
02:04Ce que le consulat a fait jusqu'à présent, c'est d'orienter les personnes
02:08qui rencontrent des difficultés ou qui sont dans une situation d'urgence
02:12vers les numéros dédiés pour que les secours espagnols puissent leur porter assistance au plus rapidement possible.
02:17Jean-Noël Barreau, vous êtes revenu du Maroc ce mercredi soir,
02:19hier, après une visite d'État de trois jours avec le président de la République.
02:23Des accords signés dans plusieurs domaines économiques pour un montant évalué jusqu'à 10 milliards d'euros.
02:28Visite importante qui scelle la réconciliation entre Paris et Rabat.
02:34Et il a fallu pour cela que la France fasse évaluer sa position sur le Sahara occidental,
02:38que la France réaffirme la souveraineté marocaine sur ce territoire disputé.
02:42Vous avez d'ailleurs présenté au Maroc une nouvelle carte de la diplomatie française
02:46qui englobe le Sahara occidental dans le Maroc.
02:49Jean-Noël Barreau, pourquoi ce virage de la diplomatie française ?
02:53La France soutient depuis 2017 ce que l'on appelle le plan d'autonomie
02:57présenté par le Maroc pour la région du Sahara occidental.
03:01Ce plan suscite un consensus de plus en plus large de la communauté internationale,
03:06y compris au sein de l'Union européenne.
03:09Et considérant tout cela, le président de la République a décidé le 30 juillet dernier
03:13de préciser encore notre position.
03:15Et c'est cela qui s'est concrétisé lors de cette visite d'Etat historique
03:19par la présentation de cartes actualisées tenant compte de cette évolution de la position française.
03:23Le Sahara occidental, pour bien présenter ce que c'est,
03:26c'est un territoire qui se trouve en fait au sud du Maroc,
03:28entre le Maroc et la Mauritanie, qui était une colonie espagnole
03:31et dont le Maroc revendiquait donc la souveraineté.
03:34Vous dites que le consensus international a évolué en la matière.
03:38C'est vrai de la part de certains pays qui ont fait évoluer leur position.
03:43Mais les Nations unies considèrent toujours ce territoire comme non autonome.
03:47Le Maroc d'ailleurs s'était engagé sur un référendum pour consulter les populations sahraouies,
03:51pour savoir si elles souhaitaient être marocaines ou indépendantes.
03:54Ce référendum n'a jamais eu lieu.
03:56Et juste avant ce voyage historique, la Cour de justice de l'Union européenne
03:59a invalidé des accords de pêche et d'agriculture avec le Maroc,
04:02en disant très basiquement si vous pêchez du poisson,
04:04si vous produisez des fruits et légumes dans le Sahara occidental,
04:07il doit y avoir une mention « produits au Sahara occidental »
04:10et non pas « produits au Maroc ».
04:12C'est-à-dire que la France a fait un choix qui est indépendant
04:14de ce que disent les instances au fond international.
04:17Mais vous savez, je le disais tout à l'heure,
04:19c'est aujourd'hui plus de 20 pays européens qui ont adopté une position très similaire à la France.
04:23Mais pas l'ONU.
04:24Quelle est-elle cette position ?
04:25Elle consiste à dire qu'il faut pour cette région du sud du Maroc,
04:29qu'il faut trouver une solution politique durable,
04:32qui soit juste, qui soit acceptable pour toutes les parties,
04:36qui soit scellée sous l'égide des Nations Unies.
04:39Mais ce que nous disons aussi, c'est que la seule voie pour y parvenir aujourd'hui,
04:43c'est le plan d'autonomie du Maroc.
04:46Et pour cela, il faut que le Maroc poursuive son travail de conviction auprès des Nations Unies,
04:51qu'il puisse, à une échéance qui lui appartient,
04:54présenter les détails de ce plan d'autonomie.
04:57Et ce que nous voulons, c'est l'accompagner dans cette voie
04:59au bénéfice des populations du Sahara occidental.
05:01Jean-Noël Barreau, si je me faisais l'avocat du diable,
05:03je me dirais quelle différence au fond entre des populations sahraouies
05:06qui réclament leur autonomie,
05:08le Maroc qui réclame la souveraineté sur ce territoire,
05:10et la situation de la Crimée que la Russie revendique.
05:13Est-ce que vous ne créez pas un précédent dangereux
05:16avec cette reconnaissance, indépendamment de ce que disent les Nations Unies ?
05:20Non, je ne crois pas qu'on puisse comparer les deux situations.
05:23Il faut regarder la composition des populations
05:26qui habitent aujourd'hui le Sahara occidental.
05:28Il est vrai qu'il y a un débat, qu'il y a une question qui est posée,
05:31mais je le redis, et c'est ce que nous considérons depuis 2017,
05:34mais nous l'avons précisé le 30 juillet dernier,
05:37la seule voie pour parvenir à une solution politique durable
05:40et juste au bénéfice des populations locales,
05:42c'est ce plan d'autonomie présenté par le Maroc.
05:44Sur un autre dossier, le dossier migratoire,
05:46est-ce que vous vous félicitez d'une coopération retrouvée avec Rabat ?
05:49Le ministre de l'Intérieur faisait partie de cette délégation
05:52et on a pu assister à cette déclaration commune avec son homologue marocain.
05:55Je ne voudrais pas réduire cette visite historique à la question des OQTF.
05:58C'est une question importante, mais ce n'est pas la seule, bien heureusement.
06:01C'était une visite majeure qui va marquer l'histoire de nos deux pays,
06:04qui a été l'occasion d'ouvrir un nouveau livre,
06:07ce sont les termes que le roi du Maroc a utilisé.
06:10La question des mobilités est un chapitre qu'il nous faut traiter.
06:13Sur la question des retours, de l'exécution de ces OQTF,
06:17nous avons déjà progressé avant même cette visite, nous allons continuer.
06:20Sur la question de la mobilité des talents,
06:22de part et d'autre de la Méditerranée,
06:24là encore, nous devons progresser,
06:26car il existe des liens très forts entre le peuple marocain et le peuple français.
06:30Sur l'immigration, Bruno Retailleau veut nommer un émissaire
06:33pour négocier avec les pays d'origine la réadmission de leurs ressortissants.
06:37Est-ce que ce n'est pas le rôle de votre ministère à vous ?
06:40Ce n'est pas le rôle de la diplomatie française de négocier avec les autorités étrangères ?
06:43Vous avez raison de dire qu'il y a un ambassadeur dont la responsabilité
06:47est de coordonner le volet diplomatique de notre politique migratoire,
06:52qui est un des volets importants.
06:54Qu'en pensez-vous de l'expression de Bruno Retailleau ?
06:58Nous travaillons de manière très étroite, c'est un sujet dont il a voulu s'emparer,
07:03sur lequel nous avons pu échanger, mais nous avons des idées très claires sur le sujet.
07:09D'ailleurs, l'ensemble des postes du réseau diplomatique de la France
07:13est aujourd'hui mobilisé pour que cette politique migratoire soit un succès,
07:16c'est-à-dire qu'on puisse éloigner les étrangers en situation régulière,
07:21mais qu'on puisse aussi favoriser l'immobilité des talents
07:24entre les pays d'origine et la France.
07:26Deux images qui ont marqué cette visite.
07:28La première, celle du roi Mohamed VI se déplaçant difficilement, assez aminci,
07:32s'appuyant sur une canne.
07:34Ces images suscitent beaucoup de commentaires et beaucoup d'interrogations.
07:37Vous, comment vous l'avez trouvée ?
07:39Ce sont trois images qui ont marqué cette visite d'État.
07:43La première, c'est la ferveur populaire par laquelle le président de la République a été accueilli.
07:48J'y viens.
07:49La deuxième, c'est l'ovation qui a été réservée par le Parlement marocain
07:54au discours du président de la République.
07:56Et la troisième image, c'est la joie des Français du Maroc
07:59de voir cette relation entre nos deux pays refondée et projetée pour les décennies à venir.
08:03Mais comment vous avez trouvé le roi du Maroc, Mohamed VI ?
08:05Il ne m'appartient pas de commenter la santé du roi du Maroc.
08:08Vous ne l'avez pas trouvé affaibli ? Vous avez pu le voir de près ?
08:10Vous l'avez trouvé en forme ?
08:12Je vous assure, Naila Latrousse, qu'il ne m'appartient pas de discuter
08:16ni de commenter de la santé du roi du Maroc.
08:19Pour tout vous dire, on s'est posé la question de, est-ce qu'il fallait traiter ce sujet-là ?
08:22Et puis on s'est dit, la semaine où Michel Barnier fait la transparence sur son opération,
08:25l'année où Joe Biden renonce à la présidence américaine pour des raisons de santé,
08:29il n'y avait pas lieu de faire un distinguo dans le traitement
08:31entre des dirigeants occidentaux et des dirigeants orientaux.
08:34C'est pour ça que je me permets de vous reposer la question, comment vous l'avez trouvé ?
08:37Et c'est pour ça que je me permets de vous rappeler à ces images très fortes
08:40qui ont marqué cette visite, la ferveur populaire, l'ovation au Parlement, la joie des Français du Maroc.
08:45Est-ce que la visite n'est pas gâchée aussi par la présence de Yassine Belattar ?
08:49Je ne sais pas si vous avez lu la presse française ces derniers jours, il en a été énormément question.
08:55Qu'est-ce qu'il faisait là ?
08:56Voilà un sujet qui est totalement insignifiant et ne comptez pas sur moi
08:59pour commenter la composition de la délégation qui a accompagné le président de la République.
09:03Vous n'avez pas été gêné par sa présence ?
09:05D'abord parce que ça serait trop long.
09:06Est-ce que vous avez été gêné par sa présence ?
09:07Et ensuite, parce que si vous le souhaitez, je suis à votre disposition
09:10pour vous détailler les contrats qui ont été signés par Suez, par Engie,
09:14par Aegis, par Alstom, par VOG, à votre disposition.
09:20Oui ou non, avez-vous été gêné par sa présence ?
09:23Je refuse qu'une visite aussi historique soit éclipsée par des détails aussi insignifiques.
09:28Et ça a été le cas, en partie.
09:30Pas du côté marocain, en tout cas au Maroc, on n'en a pas entendu parler.
09:33Je n'aurai pas de réponse non plus là-dessus.
09:35Jean-Noël Baroud, dans cinq jours et quelques heures,
09:37le scrutin sera clos aux Etats-Unis, Donald Trump, Kamala Harris,
09:41qui pour succéder à Joe Biden, c'est un feuilleton qui tient en haleine la planète entière
09:45et sans doute aussi la diplomatie française.
09:47Car évidemment, selon la victoire de l'un ou de l'autre,
09:49les conséquences ne seront pas les mêmes sur le plan commercial, économique, géopolitique, écologique,
09:53sur les terrains de guerre évidemment.
09:54Y a-t-il un scénario que la France craint particulièrement, Jean-Noël Baroud ?
09:58Ou si on pose la question différemment, un scénario qu'elle espère ?
10:01L'amitié entre la France et les Etats-Unis, il y a plus de deux siècles,
10:05on a résisté à 59 élections présidentielles américaines, on résistera à la 60e.
10:08Quel que soit le futur président, ça ira.
10:09Je crois que c'est une élection, vous l'avez dit, qui est très importante.
10:12C'est une élection dont je souhaite qu'elle puisse se passer dans des conditions apaisées,
10:17ce qui ne semble pas être absolument garanti,
10:20et ce qui serait évidemment pour la démocratie, pour les démocraties, extrêmement grave.
10:26Ensuite, évidemment, nous nous préparons, en France comme en Europe,
10:31à tenir compte du résultat qui sera celui de l'élection présidentielle,
10:36sans pour autant indexer nos positions sur la vie politique américaine.
10:40Vous avez vu que l'opinion française souhaite très massivement une victoire de Kamala Harris,
10:43et le sondage est là pour BFMTV.
10:4564% des Français souhaitent l'élection de la candidate démocrate,
10:48et parmi les 13% uniquement qui soutiennent Donald Trump,
10:51se trouve par exemple Éric Ciotti, député français, ancien patron de la droite,
10:55qui considère, je le cite, que Donald Trump sera le plus à même
10:59de régler les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine.
11:01Qu'est-ce que vous lui répondez ?
11:03Qu'il n'a pas le droit de vote aux États-Unis,
11:06et qu'il a le droit évidemment d'avoir son avis,
11:08mais il appartient au peuple américain de choisir son président,
11:11et nous prendrons celui ou celle qu'il nous donnera,
11:14et nous ferons avec, comme nous l'avons toujours fait.
11:16Est-ce qu'il y a une crainte, quel que soit le résultat,
11:18d'un retour de l'isolationnisme américain en matière de politique étrangère,
11:22notamment par exemple sur le volet ukrainien ?
11:24Est-ce que si les États-Unis décidaient de se désengager,
11:26l'Europe pourrait seule continuer à soutenir l'Ukraine militairement et financièrement ?
11:30Se désengager et abandonner les Ukrainiens
11:33serait pour les États-Unis une erreur historique.
11:36Ce serait oublier que Vladimir Poutine est aujourd'hui très affaibli,
11:40ce serait prendre le risque de déstabiliser les cours de l'énergie
11:45et des céréales au niveau mondial,
11:47et ce serait surtout encourager les envahisseurs
11:50à envahir leurs voisins, les uns à envahir les autres.
11:53Et ceux-là, les États-Unis, qui sont quand même très attentifs,
11:56y compris en Asie, à ce type de situation, ne peuvent pas s'y résoudre.
12:00Mais on s'y prépare à devoir faire seul dans le soutien à l'Ukraine ?
12:03L'Europe, dans ce contexte, et quel que soit le résultat de l'élection européenne,
12:07doit effectivement se réveiller, elle doit se doter d'une assurance vie
12:10pour pouvoir assurer sa propre sécurité et celle de son voisinage.
12:13C'est ce que la France dit depuis sept ans.
12:15Nous avons commencé à bâtir les conditions de cette autonomie, de cette capacité,
12:19ne serait-ce qu'à nous approvisionner en matériel militaire européen,
12:23et il nous faudra accélérer, ça sera peut-être un moment de vérité pour l'Europe.
12:27Jean-Noël Barreau, une partie de ce qui se passe au Proche-Orient
12:30semble liée à l'élection américaine.
12:33Un certain nombre d'observateurs font d'un grand espoir
12:36dans cette période de trêve qui pourrait s'ouvrir à partir du 5 novembre,
12:39entre l'élection d'un président ou d'une présidente américaine
12:42et son installation au mois de janvier prochain.
12:45Quel rôle la France joue dans tout cela ?
12:47On a l'impression d'avoir un peu perdu la main.
12:49Est-ce que sur le Liban, par exemple, la France a encore un rôle à jouer ?
12:52Je ne peux pas vous laisser dire ça,
12:54puisque un mois après le début des opérations terrestres au Liban,
12:59c'est la France qui a accueilli la semaine dernière
13:02la première conférence internationale de soutien à la population
13:05et à la souveraineté du Liban.
13:07Nous avons à cette occasion levé plus d'un milliard de dollars
13:11qui vont permettre de financer de l'aide humanitaire,
13:13mais aussi le soutien à l'armée du Liban,
13:16seule institution susceptible de tenir le pays debout.
13:19Dès ce soir, la France joindra les actes à la parole,
13:24puisque nous livrerons une première tranche d'aide humanitaire
13:27de 30 tonnes qui viendra en secours des personnes déplacées.
13:31Vous savez qu'il y a près d'un million de personnes déplacées au Liban,
13:33du sud vers le nord, avec des tapis de sol, des kits d'hygiène,
13:37des couvertures, des lampes, des jerrycans,
13:40pour pouvoir pourvoir aux nécessités urgentes
13:45auxquelles font face les Libanais déplacés.
13:4730 tonnes d'aide humanitaire qui décollent ce soir vers le Liban
13:51pour les populations déplacées.
13:53Est-ce que vous croyez à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
13:57dans les prochains jours ?
13:59C'est évoqué notamment par le nouveau chef du Hezbollah,
14:02même s'il semble considérer que les conditions ne sont pour l'instant pas réunies.
14:06Nous y travaillons activement, puisque vous savez qu'il y a un mois,
14:09la France et les Etats-Unis ont proposé, ont mis sur la table
14:12une formule de trêve suivie d'une application des résolutions
14:18du Conseil de sécurité permettant une paix durable
14:21des deux côtés de la ligne bleue qui sépare le nord d'Israël du sud du Liban.
14:25Le Hezbollah se dit prêt à poursuivre aussi ces frappes pendant encore des mois.
14:28Bien sûr, et donc il nous faut, nous, Français, Américains,
14:31convaincre les deux parties qu'il existe un chemin,
14:34qui est celui de la diplomatie.
14:35Mais il y a un cessez-le-feu à portée de main, là, à l'heure où on se parle,
14:38c'est un scénario qui est plausible, qui est le plus plausible pour vous ?
14:42Vous savez, dans les périodes de guerre, la peine n'est jamais certaine.
14:47C'est pourquoi la diplomatie doit redoubler d'efforts
14:49pour convaincre les belligérants qu'il faut que les armes,
14:53qu'il faut que la force cèdent la place au dialogue et à la négociation.
14:57Et c'est pourquoi, avec les Américains, nous travaillons
15:01pour définir le plus précisément possible les conditions permettant
15:04de garantir d'un côté la souveraineté et l'intégrité du Liban
15:07et puis de l'autre, la sécurité d'Israël pour que les 60 000 déplacés d'un côté
15:12et le million de déplacés de l'autre puissent rentrer chez eux.
15:14On parle du Liban, Jean-Noël Barreau, on parle un petit peu moins en ce moment
15:17de Gaza dans l'actualité internationale.
15:20Il y a pourtant plus de victimes civiles en un an de guerre à Gaza
15:22qu'en deux ans et demi sur le sol ukrainien.
15:25Des ministres du gouvernement de Benjamin Netanyahou
15:27appellent désormais ouvertement à la colonisation de Gaza
15:31sans que le premier ministre israélien ne s'en désolidarise.
15:35Est-ce que ça vous choque ? Est-ce que c'est une ligne rouge
15:38pour la diplomatie française que la réintégration de la bande de Gaza
15:42dans le territoire israélien ?
15:44Bien sûr que cela me choque.
15:46La colonisation agressive à l'œuvre depuis deux ans,
15:50d'ailleurs sous les incitations, les encouragements
15:54de certains ministres du gouvernement Netanyahou,
15:57est une violation manifeste du droit international,
16:00ce qui a conduit la France d'ailleurs à prendre des sanctions
16:02à titre national contre 28 entités, individus étant rendus coupables
16:06ou complices de colonisation dans la bande de Gaza.
16:09D'entendre aujourd'hui qu'il faudrait coloniser le nord de Gaza,
16:14c'est évidemment quelque chose qui me choque
16:16et c'est un propos qui est extrêmement grave
16:18et qui nuit à la seule solution susceptible de garantir durablement
16:22à Israël et à son peuple la paix et la sécurité,
16:25c'est-à-dire la solution à deux États, un État d'Israël et de Palestine
16:28vivant côte à côte en paix et en sécurité.
16:31Quel est le jour d'après à Gaza ?
16:33Il y a un projet de trêve d'un mois qui est mis sur la table par des médiateurs.
16:37Il se passe quoi ensuite ?
16:39Cet État palestinien que vous évoquez ?
16:41Avant même le jour d'après, ce qu'il faut à Gaza,
16:44c'est un cessez-le-feu immédiat.
16:46La disparition, la mort de Yahya Sinwar,
16:49qui était l'architecte de l'attentat terroriste du 7 octobre,
16:53doit être le moment de tourner la page de ces opérations militaires d'ampleur à Gaza.
16:59Trop de civils ont péri, trop de femmes et d'enfants ont perdu la vie,
17:03trop de destructions ont eu lieu,
17:06y compris des destructions en matière patrimoniale.
17:11Ce qui s'est passé depuis un an à Gaza est dramatique et cela doit cesser.
17:15Quant au jour d'après, la seule solution possible,
17:19c'est celle qui consiste à avoir deux États qui vivent côte à côte
17:23avec des garanties de sécurité pour chacun.
17:25Un dernier mot Jean-Noël Barraud de l'Institut d'études politiques de Strasbourg
17:28qui a annoncé hier suspendre son partenariat avec une université de Tel Aviv
17:32au regard, je cite le communiqué,
17:34de ses positions profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste.
17:39Est-ce que c'est la seule liberté et responsabilité des établissements ?
17:42On voit que des pressions se multiplient, par exemple à Sciences Po Paris,
17:45également pour dénoncer ce type de partenariat.
17:48Ou est-ce que vous voyez une forme regrettable d'importation du conflit sur notre territoire ?
17:52C'est une décision qui est affligeante et qui me désole profondément.
17:57L'université, c'est le lieu du débat, de la tolérance, de l'ouverture sur l'autre.
18:01C'est le temple de l'esprit critique.
18:04Je suis moi-même universitaire et je tiens fondamentalement
18:08à ce que ces principes puissent être respectés.
18:10Je rappelle d'ailleurs que ce n'est pas cette université
18:14qui aujourd'hui bombarde au Liban ou à Gaza,
18:17et que c'est d'ailleurs dans les universités israéliennes
18:20que l'on trouve les plus fervents partisans de la paix et de la solution à deux États.
18:24Merci Jean-Noël Barraud d'être venu à ce micro ce matin.
18:26Je rappelle ce que vous venez de nous annoncer à l'antenne de BFM TV et RMC,
18:31ce soir 30 millions de tonnes d'aide humanitaire qui part pour le Liban,
18:40pour les populations déplacées.
18:42Je rappelle aussi les nouvelles que vous nous donniez pour les Français
18:46qui se trouvent dans la région de Valence.
18:49Le consulat est en lien avec eux et on essaye d'identifier où se trouve chacun d'entre eux
18:54et évidemment de rassurer leurs proches en Espagne ou en France
18:57qui peuvent s'inquiéter.
18:59Consulat d'Espagne, le numéro trouvable sur internet et j'imagine sur le site du Quai d'Orsay
19:05pour tous ceux qui s'interrogent.
19:07Merci encore Jean-Noël Barraud, ministre des Affaires étrangères et européennes.
19:10Je vous souhaite une bonne journée à vous et à tous ceux qui nous regardent et qui nous écoutent.