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Xerfi Canal a reçu Frédéric Jallat, professeur de marketing à ESCP Business School et directeur académique du MSc en management pharmaceutique et des biotechnologies, pour parler des hôpitaux victimes de cyberattaques.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00Bonjour Frédéric Jallat. Bonjour Jean-Philippe. Frédéric Jallat, vous êtes professeur ESCP
00:13Business School. Vous dirigez le Master in Science Management Pharmaceutique et des
00:18Biotechnologies. Vous êtes à la croisière des sciences humaines et sociales et des sciences
00:22du vivant. Absolument. Papier dans Conversation France consacré aux cyberattaques. C'est très
00:28intéressant parce qu'il y a une actualité très forte dans les universités en ce moment sur les
00:32cyberattaques. Mais je crois qu'il y a surtout un effet de prise de conscience. Il y a eu une
00:36attaque contre le muséum d'histoire naturelle. Les attaques se multiplient. Et en fait, quand
00:42ça arrive, on pense toujours que ça n'arrivera qu'aux autres. Un peu comme l'accident sur
00:47l'autoroute. À un moment donné, ça peut vous tomber dessus. Et là, c'est le ciel qui vous
00:50tombe sur la tête, si je résume. Alors, première question, c'est pourquoi on attaque des hôpitaux,
00:54des universités, pour des dirigeants qui ne sont pas très au fait des logiques d'action
01:00de cybercriminels ? Première idée, je pense que quand vous parlez d'universités, d'hôpitaux,
01:05d'un certain nombre d'institutions gouvernementales, collectivités territoriales, nous sommes là face
01:12à des organisations, des institutions où la donnée est très sensible d'une part,
01:18elle est également éventuellement stratégique d'autre part, et elle est massive de surcroît. Et
01:26puis, elle fait perdre la mémoire de la capitalisation, de la sédimentation informationnelle
01:32bâtie au préalable. Donc, je pense que ces institutions-là, et notamment les institutions
01:39de santé et de soins, sont particulièrement vulnérables pour deux choses. La première,
01:44c'est que les malwares et les attaques massives, comme vous dites, vont se faire à leur encontre
01:51parce que la donnée est sensible, et que donc, le désir de récupérer ces données, ou le désir de
02:00répondre à la cyberattaque du mieux possible, va être absolument crucial. Ça n'est pas marginal.
02:07Et puis, par ailleurs, la donnée, elle est sensible également sur le plan du patient,
02:13sur le plan du soignant, sur le plan de l'institution, sur le plan de la santé publique.
02:18Donc, c'est la première raison. Et la deuxième raison, c'est que les attaques qui se font contre
02:27ces institutions, je pense que les hackers ont, disons statistiquement, probablement davantage
02:36de chances d'avoir une réponse malheureusement positive à leur requête.
02:42Est-ce qu'il faut envisager une forme de... Enfin, dire que ce sont finalement des experts
02:47de marketing, parce qu'ils ont parfaitement identifié les points de tension chez les cibles.
02:51C'est une sorte de macro-marketing, en quelque sorte, où il repère exactement... Vous parliez
02:56des hôpitaux. Si on ne peut plus soigner les patients, tout s'arrête. Je parlais des
03:00universités. Si on ne peut plus organiser une rentrée, si on n'a plus d'emploi du temps,
03:02tout s'arrête. Absolument, vous avez raison. Alors, des experts marketing, j'allais dire
03:07plutôt et plus largement des experts en politique, en sociologie, en évolution sociétale. Et vous
03:15avez formulé le mot macro-marketing. Alors, je suis un fervent partisan du macro-marketing. Donc,
03:23le macro-marketing, c'est quoi ? C'est d'une certaine manière, c'est une relation à double
03:28sens. Les relations entre société et marketing, marketing et société. Je suis un peu tordu,
03:36puisque ça fait déjà pas mal de temps que je travaille sur l'interface, par exemple,
03:42entre géopolitique et marketing. J'ai pu m'intéresser, par exemple, à la communication
03:48terroriste suite à Charlie Hebdo. J'ai pu m'intéresser à des éléments de tension et de
03:56communication lorsque, par exemple, des fronts s'ouvrent entre l'Ukraine et la Russie ou entre
04:01les États-Unis et la Chine. Toutes les fake news, les problèmes de désinformation, et pas seulement
04:08en période électorale, sont, de mon point de vue, absolument passionnantes. Ce papier publié dans
04:17The Conversation a été précédemment enrichi et publié dans Sécurité globale. On est donc,
04:24en fait, avec ma co-autrice Élise Gobert, ancienne étudiante de mon programme,
04:30on est donc vraiment à l'interface de la géopolitique, du terrorisme et du marketing.
04:36Pas de paranoïa, pas de psychose, mais quand même une vigilance très active sur ces questions. Ça
04:44peut vous tomber dessus à n'importe quel moment. Absolument. Merci à vous. Merci.

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