• il y a 2 heures
Ancien haut fonctionnaire et ancien élève de l’ENA, Paul-Marie Coûteaux est essayiste et directeur de la revue "Le Nouveau Conservateur". Il est aussi et surtout l’animateur de l’émission dominicale à succès de TVL "Les Conversations".
Profitant de la diffusion d’un double entretien exceptionnel avec le prince Jean de France, Paul-Marie Coûteaux évoque, sans détour, le principe du retour de la monarchie en France. Il considère que, face à l’effondrement des institutions de la Vème République et à la déréliction voire la quasi paralysie de l’Etat, il faut un pouvoir impartial à la tête de la France. Pour l’essayiste : "La République s’est tuée elle-même !".
Au cours de cet entretien, Paul Marie Coûteaux évoque la personnalité du prince Jean, actuel comte de Paris. Il aborde frontalement les querelles dynastiques et esquisse les contours d’un régime monarchique en France : roi régnant ou roi symbole.
Enfin, en qualité de directeur du "Nouveau Conservateur", il revient sur la thématique du dernier numéro de la revue et annonce une parution dorénavant mensuelle.

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Transcription
00:00Ancien haut fonctionnaire et ancien élève de l'ENA, Paul-Marie Couteau est essayiste.
00:10Il est directeur de la revue Le Nouveau Conservateur et il est surtout, ici, sur TVL, l'animateur
00:16de l'émission dominicale Conversation.
00:18Paul-Marie Couteau, bonjour.
00:20Bonjour, Martial.
00:21Paul-Marie, et puisque nous parlons du magazine Conversation, notre invité en octobre est
00:28le prince Jean de France.
00:30Le comte de Paris est prétendant au trône de France.
00:32Est-ce que la petite musique du retour de la monarchie, au moment où l'on observe un
00:37effondrement des institutions de la Ve République, la déréliction, voire la quasi-paralysie
00:42de l'État, est-ce que cette petite musique commence à se faire entendre ?
00:47Oui, parce que la preuve est faite que la Ve République, à laquelle je suis attaché,
00:51ne fonctionne pas si bien.
00:53Elle fonctionnait pour le général de Gaulle, c'est-à-dire avec une autorité impartiale
00:55à la tête de l'État, qui s'est pris pour un roi.
00:57Elle était faite pour ça, cette constitution.
01:00Et tous les Français voient, avec une consternation croissante, que chaque fois qu'on élit un
01:04nouveau président de la République, il descend une marche dans les fonctions que l'on attend
01:09d'un chef de l'État, c'est-à-dire l'impartialité, la capacité d'arbitrage, la capacité d'assurer
01:15la continuité de l'histoire de France et de l'incarner en France et à l'étranger.
01:19Tout ça s'est peu à peu volatilisé.
01:21Donc la Ve République, et je crois à la République tout court et par terre, tout moins la conception
01:26de la République, qui a fini par prévaloir en France, qui est l'opposée de la monarchie.
01:32Or, la République, de tout temps à jamais, pour ceux qui ont fait un peu de science politique,
01:37c'est simple, est histoire.
01:39La res publica, c'est l'idée qu'il y a un bien commun qui surplombe et qui s'impose
01:44aux intérêts particuliers.
01:46Voilà, c'est d'ailleurs ça qui a fait la France.
01:48Et en grande partie incarnée par un personnage qui n'est pas nécessairement, encore une
01:52fois, on confond tout, qui n'est pas nécessairement le maître des horloges, comme dit l'actuel
02:00non-tenant du titre évaporé.
02:03C'est la garantie de la pérennité de l'État, de l'impartialité de l'État, y compris
02:09en ce qu'elle doit s'imposer au service public, et notamment au service public de
02:13l'information, ce n'est pas vous qu'il faut le dire.
02:15Donc il faut une impartialité à la tête de l'État, une continuité, une capacité
02:20d'arbitrage.
02:21Elle s'est évaporée.
02:22Donc la République, finalement, s'est tuée elle-même.
02:25Ça ne veut pas dire du tout qu'il faut supprimer les élections.
02:29Non, il faut retrouver une autorité.
02:31D'ailleurs, je signale que nous parlons aujourd'hui de façon...
02:36La Providence vient à notre aide de façon très opportune.
02:39Hier, le Conseil économique et social et environnemental, le CESE, a rendu public en
02:48proposant à l'Assemblée nationale et au Sénat une étude qui, pour la première fois,
02:53a fait passer au-delà de 50% le nombre de Français qui attendent un pouvoir fort.
02:57Je ne pense pas qu'ils veuillent un pouvoir fort.
02:59Ils veulent un pouvoir impartial, c'est-à-dire qu'ils ne soient pas au service des partis,
03:04au service des oligarchies surtout, parce que la démocratie a dégénéré en oligarchie.
03:09Tout le monde peut le voir.
03:11Et ces oligarchies, elles ne servent pas le bien commun.
03:13En d'autres termes, elles ne servent pas les Français.
03:15Je crois qu'ils ont besoin d'un État qui soit extérieur,
03:18en tous les cas d'une incarnation à la tête de l'État,
03:22qui soit extérieur aux partis et aux oligarques.
03:26Puisqu'il faut aussi parler des oligarques en France.
03:28Paul-Marie Couteau, vous avez eu cette phrase importante.
03:31Vous dites que c'est la fin de la Ve République.
03:34C'est la fin de la République.
03:35C'est la fin de la République ou c'est l'annonce d'une sixième République,
03:38voulue par un constitutionnaliste comme Louis Dalio pour le Rassemblement national
03:41ou par Jean-Luc Mélenchon pour la France insoumise ?
03:44C'est la fin de la République dans le sens où la République est la République,
03:47c'est-à-dire c'est une autorité qui s'impose aux intérêts particuliers,
03:53que ce soit l'incorporation des journalistes,
03:56que ce soit les syndicats, que ce soit les partis,
03:59et que ce soit surtout les oligarchies de tout bord,
04:02y compris les oligarchies économiques et financières, mais pas seulement.
04:05Si la République n'est pas ça, elle n'est rien.
04:08Or, je suis assez partisan du regard de Jean Baudin,
04:14qui est le théoricien de la République,
04:16qui prétendait que pour que la République tienne debout,
04:18il fallait à sa tête un roi.
04:20Ça ne veut pas dire, encore une fois, que le roi fait tout,
04:22mais il est garant de l'impartialité, de la continuité et de l'arbitrage.
04:25Paul-Marie Couteau, Français, nous voulons une France,
04:27mais à la France, il faut un roi.
04:29Moi, je comprends bien cela, mais...
04:30Ça, c'est une chanson de l'action française.
04:31J'ai l'impression.
04:32Certains ne manqueront pas de vous dire que c'est quand même un propos...
04:34C'est une classe.
04:36Que c'est un propos de factieux.
04:38D'autres, plus raisonnables, vous retorqueront que l'idée,
04:40elle est invraisemblable.
04:42Non raisonnable. Irréalisable.
04:44Elle est invraisemblable.
04:45Elle a prévalu pendant des siècles.
04:46Et si la France s'est constituée, en effet, c'est la partir de roi.
04:48On est en 2024.
04:50Je suis au courant, mon cher.
04:51Vous savez, on est en 2024, aussi, en Suède, au Danemark, en Espagne.
04:55L'Espagne, par exemple, est un bon exemple d'un roi qui a réussi,
05:00Juan Carlos, ça peut avoir un peu dégénéré, il faut bien le dire,
05:03qui a réussi à rétablir la démocratie.
05:05Vous avez remarqué qu'en Espagne, Franco était à la tête d'une république.
05:10Et que lorsque l'Espagne a renoué avec la monarchie,
05:14elle a aussi renoué avec la démocratie.
05:16Il faut faire attention aux catégories.
05:17Il faut regarder de près.
05:18Il ne faut pas dire qu'on est en 2024.
05:22Je crois plutôt que le roi, en ce que les États subissent
05:26les coups de boutoir des oligarchies nationales et internationales,
05:30le roi a beaucoup d'avenir.
05:32Parce qu'il est la garantie que les oligarchies ne peuvent pas tout se permettre.
05:36Or, aujourd'hui, elles ont une puissance énorme à l'échelle occidentale,
05:41à tout le moins, et elles se permettent tout.
05:43– Le retour du roi, ce n'est quand même pas pour demain.
05:46Si ça reste peut-être qu'une simple vue de l'esprit,
05:48une très belle vue de l'esprit.
05:49D'ailleurs, même la question la plus importante que je vous pose,
05:52c'est quel type de régime monarchique ?
05:54Parce que là, vous me parlez du roi d'Espagne, un roi symbole,
05:57qui est encore le garant des 10 brides de l'unité nationale,
06:00ou un roi qui règne comme au Maroc ?
06:05– Regardez la 5ème République, la constitution de la 5ème République.
06:08Je disais qu'elle n'était pas si mal
06:10quand elle avait à sa tête un personnage du genre du général de Gaulle.
06:14Il faut simplement reliser la répartition des pouvoirs.
06:20Il n'y a presque rien à changer à cette constitution.
06:22Il faut simplement que le président de la République échappe à l'élection.
06:26Et c'est une aporie que le général de Gaulle avait vue.
06:29Justement, parce qu'il a essayé de remettre en piste le comte de Paris,
06:32le grand-père du prince Jean,
06:34– Vous comprenez, dans quelques instants d'ailleurs.
06:36– Qui nous a accordé pour TVL, spécial TVL de conversation.
06:40Parce que de Gaulle, vous voyez bien qu'on ne pouvait pas à la fois élire
06:45un président de la République qui s'impose,
06:48alors qu'il n'est pas majoritaire,
06:50il est élu par une partie du peuple contre l'autre,
06:53et faire en sorte que ce président, par une espèce de tour de passe-passe,
06:56soit en même temps le président de tous et le garant de l'impartialité.
07:00Ça ne marche pas.
07:02Il faut un chef d'État qui échappe à l'élection,
07:05qui échappe à la division,
07:07qui échappe à la contingence politique,
07:09– Il faut pouvoir des partis.
07:11– Des partis au sens très large.
07:13Ce qui me fait peur aujourd'hui, ce sont les oligarchies.
07:16Il faut un État qui échappe aux oligarchies,
07:19et donc à sa tête, quelqu'un qui soit indépendant.
07:22– Mais vous leur donnez un rôle qu'ils n'ont pas en Europe.
07:24– Les oligarchies ?
07:25– Non, les rois.
07:27– Écoutez, la France montrera l'exemple une fois de plus.
07:30La constitution de la Vème République est parfaite.
07:32Il faut simplement enlever au fond l'élection au suffrage universel
07:39du président de la République.
07:41Ça n'empêche pas qu'on peut très bien voter.
07:44On votait beaucoup au Moyen-Âge, vous savez.
07:47On vote pour des assemblées,
07:49on vote pour des assemblées locales, des assemblées nationales.
07:53Et c'est ce que recommandait Aristote, en somme.
07:56Un bon gouvernement fait sa part à la légitimité démocratique,
08:01à la légitimité aristocratique, disait-il,
08:04et à la légitimité monarchique.
08:06Au fond, à bien y regarder, la Vème République
08:08est un peu organisée comme ça.
08:10Mais il faut que la légitimité monarchique
08:12ne soit incarnée par un de Gaulle,
08:14par un être impartial qui assure la continuité de la nation
08:17et sa grandeur, sa hauteur, et non pas par un Macron.
08:21Voilà. Et nous sommes tombés à Macron.
08:23Donc, dans le Macron, on peut dire...
08:26Il n'y a rien de bon.
08:28On a donc vraiment besoin de restaurer nos institutions.
08:31Revenons au prince Jean de France,
08:33le prétendant d'Orléans au trône de France.
08:35C'est une personnalité qui s'exprime peu,
08:37vous l'avez d'ailleurs quasiment rappelé,
08:39que les Français connaissent mal,
08:41d'où un caractère exceptionnel avec cet entretien accordé à TVL.
08:44Oui. On a décidé le principe il y a longtemps,
08:48mais le prince Jean,
08:50on le verra si on regarde ses conversations.
08:54La première est déjà en ligne,
08:56la seconde sera dimanche prochain.
08:58Oui, le dimanche 27.
08:59Il y en a deux.
09:01C'est un être réservé, très prudent.
09:04Ça s'explique un peu par les nombreuses contrariétés
09:07qui ont accompagné sa jeunesse et son enfance.
09:11Il y a eu beaucoup de bisbilles dans les familles de France.
09:14À un moment, un certain Alphonse de la branche espagnole
09:17a vraiment brillé.
09:19Je l'ai rencontré, je l'ai trouvé formidable.
09:21Il est passé un peu sur les traités du Trèche,
09:23parce qu'il faut dire, pour être très très simple,
09:25que la maison d'Orléans...
09:26Soyons simples.
09:27Oui, je sais, mais c'est très simple.
09:28C'est simple parce que ça n'intéresse pas forcément beaucoup de monde.
09:30Mais beaucoup, en tout cas, posent la question.
09:32Alors je réponds.
09:33La maison d'Orléans, d'où est issu le prince Jean,
09:36vient de Philippe d'Orléans,
09:41c'est-à-dire le rei Jean,
09:43c'est-à-dire le fils du frère cadet de Louis XIV,
09:49et la maison d'Espagne vient de Louis XIV.
09:52Bon, ils ont en commun Louis XIII, c'est déjà beaucoup.
09:54Mais les traités du Trèche, en 1713 et 1715,
10:00ont prévu, ce qui est tout à fait normal,
10:02que la branche espagnole ne peut pas aussi régner en France.
10:04Donc la branche espagnole est écartée.
10:06Il se trouve que malgré tout,
10:08elle se monte de temps en temps, le prince Alphonse.
10:12Mais il ne s'est pas aussi attaché aux traités ?
10:14Aux traités ?
10:15Des fois, vous dites qu'il faut déchirer les traités.
10:18Il ne faut pas les déchirer, il faut les dénoncer.
10:20Je ne sais pas pourquoi on dénoncerait le traité du Trèche.
10:23Vous voulez que le roi d'Espagne soit aussi la famille d'Espagne,
10:26soit aussi la famille de France.
10:29Je dis cela parce qu'il y a un autre prétendant,
10:31qui est Louis de Bourbon, très actif sur les réseaux sociaux.
10:33Que j'ai rencontré, que je connais.
10:35Que vous l'avez dit, le descendant du rei de Louis XIV,
10:37le chef de la maison de Bourbon.
10:39Le président, le prétendant, pardon, légitime, légitimiste.
10:43Il n'est pas légitime à cause de ces fameux traités du Trèche.
10:46C'est bien simple.
10:47Comment voulez-vous que la famille d'Espagne soit aussi la famille de France ?
10:50Ce n'est pas possible.
10:51Cela a été écarté.
10:52C'est le bon sens.
10:53Alors, je reconnais que de temps en temps,
10:56un rejeton de la famille d'Espagne vient en France.
10:59Je l'ai rencontré.
11:00Je lui ai dit, mon seigneur, écoutez, faites-vous connaître.
11:03À tout le moins, il m'a dit, mais toutes mes affaires sont à l'étranger.
11:05Avec un accent espagnol prononcé.
11:07Il vit à Madrid.
11:08Beaucoup à New York.
11:09Il fait des affaires.
11:10Bon, il ne prétendra rien à réalité.
11:12Bon, voilà.
11:13Il a été très sportif.
11:14Il portait beau.
11:15Son père était un personnage magnifique.
11:17Curieusement mort, d'ailleurs, lors du millénaire capétien.
11:22La tête coupée par un fil.
11:25Tandis qu'il faisait une descente de ski.
11:28C'est très étonnant.
11:29Mais la question est réglée.
11:31On ne va pas retomber dans la démocratie.
11:34J'entends bien.
11:35Vous avez considéré que le prince Jean est le prince de la démocratie.
11:38Ce n'est pas moi qui l'ai considéré.
11:39Le protocole de la République, aussi, le considère.
11:42D'accord, je reviens à cette personnalité-là.
11:44Je reviens à sa personnalité, si vous me permettez, Paul-Marie Couteau.
11:46Allez-y.
11:47Vous la connaissez bien, cette personnalité.
11:48Oui, je le connais depuis longtemps.
11:50Alors, il se trouve que je le connais de différentes manières.
11:53J'ai bien connu son grand-père, le comte de Paris.
11:57Son père, aussi, qui, accessoirement, est le parrain de mon frère.
12:00Il était un ami de mon père.
12:02C'est des coïncidences familiales.
12:04Et puis, j'ai connu son grand-père, qui était un ami de Philippe de Saint-Robert
12:08et qui avait demandé à Philippe de Saint-Robert que quelqu'un,
12:11j'étais à ce moment-là son collaborateur,
12:13qu'il aide à organiser le millénaire capétien.
12:15Et notamment, j'ai préparé un voyage au Québec en 1987.
12:22C'était mille ans après l'élection de Capet.
12:27Et c'est à cette occasion que j'ai fréquenté à peu près toute la famille de France.
12:33Et, d'une certaine façon, je suis content que le prince Jean soit sorti bien des conflits.
12:41Il y avait un côté très désabusé chez son grand-père,
12:44qui a un peu torpillé, notamment, le patrimoine.
12:47Il a réussi à confier à la Fondation Saint-Louis
12:51tout ce qui ressort du patrimoine d'Orléans.
12:54Il y a quand même de belles choses.
12:56Dreux, empoise.
12:59Et maintenant que les choses sont réglées,
13:02que les relations sont apaisées,
13:04elles ont été longtemps compliquées avec cette fondation,
13:07et qu'au fond la question dynastique est réglée,
13:10il se sent maintenant un peu plus libre de ses mouvements.
13:17Et comme je le connais de longue date,
13:19pour l'anecdote, je lui avais même proposé en 2009,
13:21je ne voulais pas renouveler mon mandat de parlementaire européen.
13:25A l'époque, les élections au Parlement européen se faisaient par ses conscriptions.
13:28Je voulais qu'il soit, puisqu'il était compte de Paris,
13:31ou putativement compte de Paris, son père vivait encore,
13:34candidat à ma place aux élections de 2009.
13:37Il a hésité, il a dit non.
13:39Bref, je le connais de longue date et de plusieurs biais, si on peut dire.
13:43Donc il y a des relations entre lui et moi assez régulières,
13:46et il a accordé à moi, donc à TVL,
13:51ces entretiens qui, je crois, en annoncent d'autres,
13:54non pas simplement pour nous, mais enfin la porte d'entrée c'est TVL,
13:56on peut le souligner sans satisfaire.
14:00Donc ce prochain épisode de cet entretien, c'est dimanche 27 octobre,
14:05comment est-il ?
14:06Par exemple, beaucoup d'observateurs notent, sans acrimonie d'ailleurs,
14:10qu'il est réservé.
14:12Certains parlent même d'une forme de timidité.
14:15Il est un peu timide, oui.
14:17Il voit très clair, mettez-vous à sa place.
14:20Il ne faut pas faire de faux pas.
14:21Il y a tellement d'équivoques autour de son titre et des fonctions
14:26que l'on attribue bêtement,
14:30fonctions dictatoriales ou, vous le disiez vous-même tout à l'heure,
14:34un peu passéistes, qui sont celles d'un monarque,
14:38qu'il ne peut pas dire n'importe quoi.
14:40Il doit s'avancer sur un chemin très étroit.
14:43Mais je pense qu'au cours des conversations que, déjà,
14:46beaucoup de nos amis de TVL ont regardées,
14:49puisqu'elle a déjà un certain succès,
14:51et je les invite à le faire,
14:53ainsi d'ailleurs que j'avais préparé les choses
14:56par deux autres conversations avec deux monarchistes,
14:59d'abord Frédéric Rouvillois,
15:02professeur de droit constitutionnel et monarchiste déclaré,
15:07et puis quelqu'un qui est président d'honneur de l'Action française
15:12et qui a été longtemps le précepteur du prince Jean,
15:17c'est-à-dire l'ère de Crémier.
15:19Alors, il y a eu deux conversations, l'une avant les vacances,
15:21l'une au début septembre, avec ces deux personnages
15:24qui préparent un peu l'aspect plus théorique de la chose.
15:27Et puis, je conclue avec ces deux conversations avec le prince Jean
15:30que l'on découvrira tel qu'il est.
15:32Je ne dis pas qu'il casse la baraque, mais il n'a pas à le faire, à mon avis.
15:35Il montre un prince très attentif, qui aime voyager à l'étranger.
15:39Il est reçu, quelquefois, de façon très étonnante.
15:42Le Liban, par exemple, toutes les communautés ont voulu le rencontrer.
15:46Au Québec, c'était très émouvant aussi,
15:48parce qu'évidemment, l'histoire commune avec le Québec, elle est monarchiste.
15:51Donc, le passé revient quand on le voit.
15:54Il y a même une anecdote très curieuse.
15:56L'ère de Crémier avait préparé un voyage en toutes les provinces.
16:00Un jour, c'était le tour du nord de l'île.
16:04Pierre Mouroir, qui était sur la fin de sa vie, je crois que c'était 2010-2011,
16:10a appris que le prince Jean donnait une conférence
16:14et a demandé qu'on organise très vite à la mairie, à l'hôtel de ville de Lille,
16:18une réception pour le recevoir, pour l'accueillir,
16:22avec les honneurs dus à un rang qu'au fond, il n'a que dans l'esprit des Français.
16:28Mais vous voyez que cet esprit-là, y compris, d'ailleurs,
16:31c'est assez inattendu dans la tête de Pierre Mouroir, cet esprit-là perdure.
16:35Pourquoi ? Parce que les Français ont besoin non seulement d'impartialité,
16:38c'est-à-dire de quelqu'un qui dit le droit est tel et on ne peut pas l'enfreindre.
16:43Aujourd'hui, même la Constitution est pulvérisée.
16:46Et qu'ils disent, la France a une continuité, elle se doit à son histoire,
16:50je l'incarne et je veillerai à ce que les institutions soient fidèles à cette continuité.
16:55– Double question, Paul Maricouto, comment vit-il ? Il est à Paris ?
16:59– Alors il vit très simplement, je dirais presque trop simplement,
17:02mais on ne peut pas juger ses princes.
17:06Il vient à Paris régulièrement, mais il préfère la province.
17:10Il pense d'ailleurs que si un surseau national vient, à travers sa personne ou pas,
17:16il est à disposition, on fait ce qu'on veut, il est en réserve.
17:20Ce mot consonne avec sa réserve naturelle, d'ailleurs.
17:24C'est le titre de notre deuxième conversation.
17:28Il vit dans le sud, pas loin de Carcassonne, il a de nombreux enfants,
17:33il y veille, parce qu'évidemment, il faut transmettre.
17:36Il a six enfants, il a eu l'hiver dernier un sixième enfant,
17:40je pense que c'est le dernier, parce que c'est un quinquagénaire bien assis maintenant.
17:46Et il fait des voyages très discrets, tout au moins,
17:50qui passent en dessous des radars médiatiques, c'est le moins qu'on puisse dire.
17:54– Et de son épouse, elle n'est pas d'origine française ?
17:56– Non, mais on peut dire que lui non plus, parce qu'enfin, en grande partie, oui,
18:00mais sa mère, de Charles Gutenberg, est une Allemande, elle est toujours de ce monde,
18:05il y a eu des contrariétés, parce que ses parents, et ça explique aussi son personnage,
18:11ses parents ont divorcé.
18:14Le comte de Paris, son père, que vous avez reçu ici d'ailleurs aussi,
18:18à l'occasion d'un livre dont le titre est extrêmement beau,
18:21La royauté de l'homme, c'est peut-être un très beau titre,
18:24et c'est tout à fait très Orléans ça, comme conception, très chrétienne aussi, évidemment.
18:30Son père a divorcé de sa mère et s'est remarié, pour mon malheur,
18:36il s'est remarié avec une femme qu'il avait rencontrée à la table de mon père,
18:39alors le prince Jean aurait pu me regarder d'un sale œil,
18:42parce qu'il n'a pas voulu des initiatives, d'ailleurs bien innocentes de mon père,
18:48mais ça a contrarié son enfance, et je dois dire que ce personnage-là,
18:54je crois, peut donner beaucoup de choses, à condition qu'on l'écoute tout simplement.
18:58– Est-ce qu'on pense pouvoir un jour être heureux ?
19:00Est-ce qu'il a au moins cette notion-là en lui ?
19:02Par exemple, on sait que son grand-père a pensé pouvoir remonter sur le thône,
19:07il a même cru que De Gaulle pouvait le faire.
19:10– De Gaulle a montré 50 témoignages,
19:13quand il va voir Franco quelques mois avant de mourir,
19:15il dit vous avez réussi à faire en Espagne ce que je n'ai pas réussi à faire en France.
19:19– Il a créé la parole de De Gaulle lui.
19:22– Non, il le voulait simplement, vous savez ce qu'il s'est passé Martial ?
19:26C'est très simple, De Gaulle voulait rétablir la monarchie,
19:29il avait bien compris qu'il fallait aller au bout de ces institutions,
19:32la Vème République était faite pour ça, elles étaient monarchiques,
19:35des sens, il fallait aller jusqu'au bout.
19:37Le problème, c'est que le comte de Paris, très légaliste,
19:41ne voulait pas accéder à quelque fonction que ce soit en dehors de l'élection.
19:45Bon, on s'est aperçu que ça ne marchait pas du tout,
19:48De Gaulle lui-même en 65 a eu quelques contrariétés,
19:51souvenez-vous, il a fait 45% au premier tour, il s'attendait à beaucoup plus,
19:54je pense que le comte de Paris n'aurait même pas atteint 45%,
19:57et encore, on est gentil en pensant à cet étiquage.
20:00– Autour, est-ce qu'il pense pouvoir être roi ?
20:04Son père était un homme très tourné vers le monde culturel, vers la culture.
20:09– C'est un peintre, lui se prépare davantage,
20:14il a fait des études de diverses sortes, notamment philosophiques,
20:17mais aussi économiques, il a travaillé dans une banque,
20:19quelques années, parce que non plus un prince n'est pas fait pour travailler,
20:22mais au fond il s'est frotté à l'activité professionnelle,
20:26il a très certainement le souci de se tenir au courant de tout,
20:31on le voit au fil de ses conversations, il est vraiment au courant de tout,
20:34et voilà, il se tient à la réserve, ça dépend de nous, pas de lui,
20:37et ça dépend peut-être aussi de la Providence, c'est un prince très chrétien.
20:40– Il ne nous reste que quelques minutes, Paul-Marie, sur TVL,
20:43je découvre le dernier numéro de 14 du Nouveau Conservateur,
20:47je suis pour le moins un peu quand même surpris, d'ailleurs un peu interloqué,
20:50il y a quand même beaucoup de sujets d'actualité national et international,
20:53et vous faites le titre sur De Gaulle-Pétain, le glaive et le bouclier,
20:57est-ce que là aussi on n'est pas dans le passé, Paul-Marie ?
21:00– Alors, il n'y a pas de sujet plus important, je crois, que l'amour,
21:04vous ne voyez pas ce que je veux dire, j'imagine martial.
21:07– Non, mais vous allez m'expliquer.
21:09– Je vais vous l'expliquer, pour faire une nation,
21:12il faut que les citoyens, j'utilise ce vocabulaire, aiment leur pays,
21:20il faut qu'ils s'aiment, voilà, c'est utile pour tout,
21:25pour le respect des lois, pour l'esprit d'entreprise,
21:29pour l'accueil des étrangers, pour utiliser une formule
21:32qui m'arrache un peu la bouche, mais enfin,
21:37s'ils ne savent pas qui il est ou s'ils se détestent,
21:40c'est valable pour chacun de nous à l'échelle de nos pauvres personnes,
21:43si nous nous détestons, on ne fait plus rien, on reste au lit.
21:46Et si les Français ont beaucoup de mauvais vouloir,
21:48pour dire les choses gentiment aujourd'hui,
21:51si les hommes politiques, et je crois avoir fait,
21:54il y a un an, en octobre dernier, un Zoom avec vous, je disais,
21:58je dirais la même chose aujourd'hui, nos chefs nous ont trahis,
22:01c'est-à-dire que beaucoup des gens qui ont levé le drapeau national
22:04et que j'ai servi ont été très inférieurs à leur tâche,
22:07c'est parce qu'il y a une faille en nous-mêmes,
22:09nous ne nous aimons pas assez.
22:12Et pourquoi ? Parce que nous avons l'impression,
22:15évidemment nos adversaires ont réussi à nous mettre ça dans la tête,
22:18et la gauche en particulier, que la France est un pays fichu,
22:22qui s'est mal comporté, qui au fil de l'histoire n'a pas cessé
22:26d'égrainer les fautes, et on porte le poids des fautes,
22:29et donc nous ne nous aimons pas, et c'est dramatique pour l'avenir du pays,
22:33notamment sur ces pages importantes de l'histoire
22:38qui sont toujours dans les mémoires et qui pèsent lourd,
22:41qui reviennent sans cesse dans les conversations,
22:43cette affaire de l'attitude de la France sous l'occupation,
22:47dont je dis et je prouve, avec une dizaine d'autres auteurs
22:52dans ce numéro du Nouveau Conservateur, qu'elle s'est très bien comportée.
22:56Finalement il y a une sorte de providence qui fait que cette pauvre France
22:59qui était vraiment, parce qu'elle avait été très mal servie
23:02par la Troisième République, par terre en juin 1940,
23:06a réussi en 4 ans, 5 ans, à redevenir une grande puissance,
23:11elle a été attablée vainqueur, pour reprendre cette formule,
23:14grâce bien entendu au général de Gaulle, je suis un gaulliste impénitent,
23:18mais pourtant je reconnais qu'il ne serait peut-être pas arrivé tout seul
23:21s'il n'y avait pas eu le maréchal Pétain qui, en sous-main,
23:24a financé des réseaux de résistance, qui a joué un double jeu terrible,
23:27qui de toute façon s'est sacrifié, qui a réussi à imposer un armistice
23:30dont Hitler lui-même a reconnu qu'il avait été pour lui une faute,
23:34empêchant les troupes allemandes de traverser l'Espagne,
23:37de gagner l'Afrique du Nord, donc de reconstituer des forces françaises
23:40qui ont été très utiles à Libération, l'armée de Churchill,
23:43l'armée de Tassini, qui a réussi à redonner à la France
23:48un rôle majeur dans sa propre Libération,
23:51et puis peut-être que les Allemands seraient arrivés jusqu'au pétrole arabe,
23:57qui lui permit de ne pas attaquer.
24:00Vous vous rendez compte, cet armistice, comme il a été utile,
24:03de ne pas attaquer la Russie, parce qu'il a attaqué la Russie,
24:05Hitler, parce qu'il avait besoin de pétrole.
24:07S'il avait pu avoir le pétrole en passant par l'Afrique du Nord,
24:10il ne devait peut-être pas attaquer la Russie,
24:12et le sort aurait été tout à fait différent.
24:14Je voudrais ajouter deux choses.
24:16– Un nouveau conservateur, mais très rapidement.
24:18– Bien entendu, tout est rapide.
24:20Il n'y a que les conversations qui sont calmes.
24:22– Oui, exactement, il n'y a pas de chandelier là, il n'y a pas de décorum,
24:26mais par contre, ce qui est sûr, c'est que le prochain numéro,
24:29numéro 15, il va être réduit de moitié.
24:31Ce n'est quand même pas une bonne nouvelle, non ?
24:33– Mais parce que nous devenons mensuels, mon cher Marcel.
24:35– Ah d'accord. – Vous avez de mauvais esprits, quand même.
24:37Non, nous avons simplement observé qu'il y a 160 pages.
24:40Nos contemporains n'aiment pas les grosses revues.
24:43Alors, il y a d'abord des dossiers, un dossier, le dernier, en effet,
24:47numéro 14, est consacré à cette répartition des rôles entre De Gaulle et Pétain,
24:52que je trouve assez providentielle.
24:54Le glaive et le bouclier, je fais foi tout à fait à cette analyse,
24:57qui finalement s'avère, petit à petit, un besoin de l'histoire, oui.
25:02Et, malgré ce qu'on dit, Bernard-Henri Lévy, etc.,
25:05qu'ils veulent absolument enfoncer la France,
25:07nous, on fait l'inverse, on montre que la France est bien comportée.
25:10Et, il y a ensuite des rubriques.
25:13Alors, ça fait un gros volume.
25:15Maintenant, nous faisons, nous coupons, si vous voulez,
25:18il y a de temps en temps un dossier thématique,
25:21et puis, le mois suivant, des rubriques et chroniques régulières,
25:25c'est-à-dire que nous paraissons, tous les mois,
25:27sous une forme, en effet, plus facile et rapide à lire,
25:30la prochaine livraison.
25:32– Donc, c'est une bonne nouvelle, je me suis trompé.
25:34– Mais oui, vous vous êtes trompé, ça vous arrête très rarement.
25:36– C'est une fake news.
25:37– Mais c'est parce que vous avez un petit mauvais esprit,
25:39vous savez titiller vos interlocuteurs.
25:41Et finalement, je finis là-dessus, début novembre paraîtra le numéro 15,
25:47à l'occasion de notre quatrième année d'existence.
25:50Nous avons les reins assez solides pour nous lancer
25:52dans une aventure un peu nouvelle,
25:54nous avons un travail supplémentaire, mais c'est absolument captivant.
25:57Et, pour finir là-dessus, nous faisons un dossier
25:59sur les élections américaines.
26:00Ce qui est intéressant, ce n'est pas le 5 novembre en réalité,
26:03c'est la façon dont les élections vont être acceptées
26:08par le camp perdant, ou pas, pouvant ouvrir à une guerre civile
26:14qui accélérera la démolition des États-Unis.
26:18Et pourquoi je vous dis ça ?
26:19Parce que petit à petit, on se rend compte que l'élection
26:23dont vous voyez venir, n'est pas le seul critérium du choix politique.
26:28Tout n'est pas fait par des élections dans l'histoire de France,
26:30ça ne s'est pas fait à coups d'élections.
26:32Et on voit bien que l'élection perd sa légitimité.
26:35Il me semble que ça peut contribuer à reposer à la question
26:38de la légitimité autre qu'électorale, c'est-à-dire la légitimité royale.
26:43– Voilà, et retour à la première minute de cet entretien.
26:46Merci Paul-Marie Couteau.
26:47– Je vous en prie.
26:48– Je vais avoir votre chance, bien évidemment, avec vos conversations
26:51qui rencontrent, c'est vrai, un grand succès sur TVL.
26:54– Nous allons avoir Alexandre Varrault bientôt,
26:56le comte Chérémé Thieff, enfin sa voisine.
26:59– Tout est en route, tout est en route.
27:01– Merci Martial.
27:04On a fait 30, non ?
27:07– Oui.
27:08– C'est grave ?
27:09– Oui.

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