Le prêtre du diocèse de Paris, Simon de Violet, était l’invité de Morandini Live, ce jeudi 24 octobre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur une possible désacralisation de certains lieux de culte, comme le Sacré-Cœur : «Au-delà de l’aspect patrimonial, il y a des personnes qui font vivre ses lieux et il faut les respecter».
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00:00Il faut être bon a priori dans le sens où il faut quand même donner une chance à la personne pour voir un peu exactement…
00:06Parfois, très souvent, on se rend à l'affaire des gens qui n'ont absolument aucune connaissance du christianisme,
00:11qui sont très très loin du milieu ecclésial, qui ne connaissent même pas tellement le côté patrimonial.
00:15Donc il faut laisser une petite chance aux gens.
00:18Ça, c'est quand même quelque chose qu'on doit faire quand on est chrétien en tout cas.
00:21Après, c'est sûr qu'il faut rester lucide et il ne faut pas se faire non plus totalement mépriser.
00:26Quand il y a de la provocation typiquement, alors je ne sais pas si c'est concret cet appel à raser le sacré cœur,
00:32mais en tout cas, si vraiment ce genre de choses est dite, il faut répondre quand même avec fermeté et dire
00:37qu'au-delà de l'aspect patrimonial, il y a quand même des personnes vivantes qui font vivre ces lieux,
00:42qui y sont et il faut respecter ces personnes avant tout quand même.
00:45– Mais vous la sentez cette désacralisation qui est en marche ?
00:48Malgré tout, cette volonté de se dire qu'il n'y a plus vraiment de Dieu sacré, qu'au fond, tout se vaut.
00:53C'est-à-dire que le sacré cœur, c'est comme une vieille maison finalement qu'on pourrait raser si on a envie.
01:00Parce que c'est un peu ça qu'il y a derrière, c'est-à-dire que le côté sacré n'est même plus respecté.
01:06– Je pense surtout que c'est une espèce de déconnexion entre les personnes qui nous représentent parfois
01:11et les réalités que moi je constate sur le terrain.
01:14Les gens qu'on voit sur les plateaux ou qui sont à l'Assemblée nationale, pas tous bien sûr,
01:18mais parfois, on a l'impression qu'ils sont un peu sur une autre planète
01:22parce que mon quotidien à moi, c'est plutôt de croiser des personnes assez jeunes, entre 18 et 25 ans,
01:28qui, ces personnes-là, sont au contraire très attirées par le sacré.
01:32Pour eux, c'est un sujet et ce sujet, en fait, ils en parlent entre eux, ils en parlent avec leurs amis,
01:36ils amènent des gens à l'aumônerie, ce que moi j'aurais jamais fait à mon époque il y a encore 20 ans.
01:40Donc il y a quand même des changements qui sont en cours
01:43et je pense que nos représentants doivent tenir compte de tout ça
01:48et comprendre qu'il y a une réalité spirituelle en France qu'on ne peut pas la mépriser
01:51mais qu'on ne peut pas l'ignorer non plus, qu'elle n'est pas dangereuse pour la France ou pour les hommes politiques,
01:56mais qu'il faut quand même savoir bien faire les choses et être...
02:02– Alors, dernière question, si la liaison fonctionne, mon père, je voudrais savoir,
02:06est-ce que vous n'avez pas le sentiment qu'on se permet quand même de dire des choses sur la religion catholique,
02:09qu'on ne se permettrait pas de dire sur d'autres religions ?
02:12Et d'après vous, pourquoi ? Est-ce que ce n'est pas justement parce qu'il y a ce que j'ai dénoncé un peu tout à l'heure,
02:18en disant ce côté un peu trop bon de la religion catholique ?
02:22Voilà, un dixième de ce qui est dit souvent sur la religion catholique dit sur une autre religion,
02:27ça crée des scandales, ça crée des menaces, ça crée de la violence.
02:30On vous entend ce matin, et avec beaucoup de respect,
02:33on vous entend dire qu'il faut leur expliquer, il faut leur dire, il y a un travail d'éducation à faire.
02:41– Oui, en fait, je ne suis pas en train de dire évidemment qu'il faut aussi se laisser marcher dessus totalement,
02:46c'est une évidence.
02:48Bien entendu qu'il faut être un peu dans l'accueil,
02:50mais bien entendu qu'il faut être aussi dans la lucidité et la fermeté relative quand même avec les personnes.
02:55Je veux dire, c'est une évidence que quand on est chrétien, on doit faire des efforts à ce niveau-là.
02:59Mais par exemple, je pense qu'il y a un côté culturel aussi.
03:02Quand on est en famille, on va avoir plus facilement tendance à critiquer le cousin, la cousine,
03:06que critiquer les gens qu'on ne connaît pas ou qui sont totalement extérieurs à notre cercle.
03:11Eh bien, il y a un rapport familial quand même avec le christianisme en France,
03:14pas seulement parce que l'écrasante majorité des lieux de culte en France sont catholiques,
03:19chrétiens catholiques, mais aussi parce qu'il reste encore un petit substrat comme ça,
03:23il reste quand même une espèce de tissu qui fait que de loin,
03:26il y a quelques échos chez les hommes politiques, chez les journalistes.
03:29Ah oui, tiens, ça me rappelle quelque chose, etc.
03:31Et donc, quand on connaît très peu le christianisme, mais juste un tout petit peu culturellement,
03:35très souvent, on va se permettre des choses qu'on n'oserait jamais faire avec les autres
03:39parce qu'ils nous semblent très loin, très étrangers.
03:41Donc, les chrétiens doivent s'habituer un peu à ça.
03:44En fait, ils sont déjà habitués.
03:45Et en même temps, vous avez raison, il faut quand même rappeler aux gens
03:49qu'on est des personnes humaines et on a besoin aussi quand même de recevoir un respect
03:54qui est normalement, qui doit être le même pour tout le monde,
03:56pour les chrétiens, pour les musulmans, pour les juifs, pour les personnes qui ne croient pas, etc.
04:01On aimerait simplement être au même niveau que les autres.
04:03Et je pense que c'est ce qu'on essaie de faire le plus souvent possible
04:08quand on est en contact avec les responsables politiques, avec les médias, etc.