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Aujourd’hui je voulais vous parler de ce sentiment si fort dont Mona Chollet parle dans son dernier livre, il s’agit de la culpabilité, que mon amie Alice appelle aussi la CULPA.

Retrouvez Nora Hamzawi sur le site de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-nora-hamzawi

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00:00Nora Hamzaoui, très heureux de vous retrouver dans le 7, dit c'est à vous !
00:04Merci beaucoup, aujourd'hui je voulais parler de ce sentiment si fort dont Mona Cholet parle
00:08dans son dernier livre, il s'agit de la culpabilité, que mon amie Ali s'appelle aussi la Culpa,
00:12et dans les moments où elle est le plus irritante, putain je suis en Culpa 3000, j'avais dit
00:16que je buvais 15 Sprites ce soir, j'en suis à mon troisième pet'nâtre, et on s'est
00:19même pas occupé d'être voir de Ridis, est-ce que je culpabilise de l'avoir imité
00:21comme ça ? Evidemment que oui ! La culpabilité, ce sentiment qui fait qu'on dit pardon quand
00:27on nous bouscule, qui fait qu'on a l'impression d'avoir tout foiré, de ne pas avoir fait
00:30comme il faut, d'avoir parlé trop ou pas assez fort, d'être trop laxiste ou trop
00:32dure, bref d'être une merde, ce sentiment qui peut nous maintenir réveillés toute
00:36la nuit dans une dispute de couple par peur de l'abandon, et qui se traduit chez moi
00:39par me dis-moi ce que j'ai fait de mal, que je comprenne au moins ce qui ne va pas
00:41chez moi, je vois bien qu'il y a un truc qui cloche donc dis-moi s'il te plaît
00:43qu'au moins je puisse me remettre en question, échanger, et qui se traduit chez ton mec
00:46par écoute, il est 2h du matin, je suis fatigué, je bosse demain, il faut que je
00:50dorme.
00:51La culpabilité donc, ce sentiment que nous connaissons tous, pardon toutes, toutes évidemment
00:55parce qu'eux appellent ça « est-ce qu'on peut passer à autre chose maintenant ? » quand
00:58non, toi tu préférais pouvoir t'en vouloir toute la nuit, tout le mois, voire toute ta
01:01vie.
01:02Ce sentiment qui se trouve à la frontière de l'égocentrisme, il faut bien le dire,
01:05parce qu'à un moment quand tout est de ta faute dans la vie, même la grêle samedi
01:09dernier alors qu'on avait prévu d'aller à l'accrobranche, mais j'aurais dû anticiper
01:12c'était sûr qu'il allait pleuvoir, c'est sûr qu'on se donne une place un peu trop
01:15importante.
01:16Mais encore une fois, à l'échelle intime, ça se traduit très bien, le nombre de fois
01:18où je suis là « ça va, t'as pas l'air bien, tu fais la gueule, j'ai dit quelque
01:20chose qui t'a fait du mal, j'ai dit quelque chose qui t'a gêné » et que lui me répond
01:23très gentiment « ah non, pas du tout, j'ai une contrariété au taf, tout ne tourne pas
01:26autour de toi en fait ».
01:27« Oh la vieille crevure de merde, mais va bien me faire foutre avec tes remarques de
01:29vieille raclure là ! »
01:30Et ben oui, parce que la culpabilité peut aussi générer de la violence.
01:33Parce qu'à force de se remettre en question du matin au soir sans qu'on ne se soit rien
01:36demandé, le premier qui dérape, qui parle mal ou qui fait un truc de travers, il s'en
01:39prend une.
01:40Et alors si ça tombe sur ton enfant, là c'est plus de la culpabilité, c'est de la
01:43culpe à 3 000 comme dirait Alice.
01:45« Pour la 72ème fois, je te demande d'aller mettre ton pyjama en position debout, debout,
01:48tu n'y vas pas en rampant comme ça, je n'en peux plus te demander mille choses et j'touze
01:51pour que tu l'effaces.
01:52Alors maintenant, ça va me rendre dingue, tu files dans ta chambre, enfiler ce putain
01:54de pyjama, d'accord ? Tu n'es pas le roi à la maison, d'accord ? C'est pas toi qui décide.
01:57Debout, reviens, pardon, excuse-moi, reviens, reviens, pardon pour le gros mot, pardon,
02:01je mettrai un euro dans ta tuilerie, d'accord ? Je suis fatiguée.
02:03Tu crois que ça m'amuse de me fâcher ? Je préférerais largement avoir des bonnes
02:05relations.
02:06Et quand j'ai dit « t'es pas le roi », je ne le pense pas, évidemment que si, tu es
02:08le roi, évidemment que si, tu es mon petit roi chéri.
02:10Allez, va chercher ton pyjama, je vais t'aider à le mettre.
02:12D'accord, c'est moi qui vais le chercher.
02:13Allez, je vais le chercher.
02:14Et puis après, je te ferai un petit massage pour que tu t'endormes tranquillement.
02:17Maman t'aimera toute ta vie, maman t'aimera toute ta vie, mais je n'en peux plus d'être
02:20dans cette dynamique, je n'en peux plus.
02:22Alors, on m'a dit que c'était une histoire de pression sociale, qu'il fallait apprendre
02:25à avoir du temps pour soi, faut déléguer, pour pas toujours juger toutes les tâches
02:28qu'on accomplit.
02:29Par exemple, en prenant une nounou pour la sortie d'école ou en prenant mamie une femme
02:31de ménage.
02:32Alors, la nounou, je n'ai pas trouvé parce qu'elles sont toutes jolies, c'est conne.
02:34Est-ce que je m'en veux d'avoir ce sentiment-là ? Évidemment que je m'en veux.
02:38La vieille sorcière qui critique les petites jeunes qui viennent postuler, tout ça parce
02:40que j'ai trop maté les histoires de Sienna Miller et de Jude Law, mais franchement quel
02:43cliché aussi lui.
02:44Mais j'avoue, j'ai essayé de prendre une femme de ménage, qui est très mignonne aussi,
02:47mais elle a 53 ans, pas le genre de mon mec, bref, je m'en veux aussi d'avoir ces pensées
02:50misogynes.
02:51Et pour en revenir à elle, tout m'a fait culpabiliser dans la démarche.
02:55Même le mot « femme de ménage » m'a fait culpabiliser.
02:56Ma pote Alice était là « Ah ouais, vous avez pris une femme de ménage ? »
02:59J'étais là « Non, pas du tout, on a quelqu'un qui nous aide ».
03:00Elle était là « Bah, elle vous aide à quoi au juste ? »
03:01Je dis « Bah, elle passe un coup, elle passe l'aspirateur si elle veut ».
03:04Elle était là « Bah oui, ça s'appelle une femme de ménage quoi ».
03:06Non mais franchement, qu'est-ce qu'elle est simpliste cette meuf !
03:08Non, ça ne s'appelle pas une femme de ménage puisque je fais le ménage avant qu'elle
03:10arrive, pour pas qu'elle ait trop de taf et pour qu'elle soit heureuse.
03:13Les gens passent leur vie à te dire « Traite les autres comme t'aimerais qu'ils te traitent
03:16».
03:17Eh ben, c'est ce que je fais.
03:18Je lui serre son café, je lui mets une petite série, il fallait vraiment qu'elle découvre
03:19le culte, c'était important, et je fais le ménage.
03:21Après ça, je vais au sport, mais ça pareil, qu'elle t'a née, franchement, mais parce
03:24que même ça, mentalement, ça me fatigue, j'oscille entre « Je veux le corps de cette
03:28meuf sur mon feed Insta, vas-y, tiens bon ton ménage, tiens le bon ! » jusqu'à « Mais
03:32qu'est-ce que je fous dans cette salle qui pue à me faire hurler dessus par un gars en
03:34Marcel, mais libère-toi des injonctions, ma grande bouffe, évite ta vie ! ».
03:37Et enfin, pour mettre fin à cette chronique, parce qu'elle est un peu trop longue et que
03:40j'ai menti sur la durée, je m'excuse auprès de la rédaction, pardon, pardon, pardon, je
03:44culpabilise aussi, je suis obligée de parler de ça, de la légèreté de cette chronique.
03:47Culpabiliser d'essayer de vivre normalement et culpabiliser de notre quotidien quand tout
03:50est chaos juste à côté.

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