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Cette vidéo examine les événements tragiques et complexes qui ont marqué le conflit israélo-palestinien au cours de l'année écoulée. À travers des reportages, des témoignages et des analyses, elle met en lumière les souffrances des civils des deux côtés, les conséquences des violences et les efforts de paix souvent vains. En décrivant les réalités du terrain, la vidéo vise à sensibiliser le public sur les enjeux humanitaires et politiques qui perdurent dans la région, tout en cherchant à donner une voix à ceux qui vivent cette "année en enfer".

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00:00:00Ceci est ma maison. Du moins ce qu'il en reste. C'est devenu un champ de bataille.
00:00:30Je ne peux pas entrer. Je ne peux pas entrer, mon Dieu, je ne peux pas entrer.
00:00:41Je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile.
00:00:58Je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer.
00:01:18Je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:01:38je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:01:58je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:02:08je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:02:18je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:02:38je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:02:58je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:03:18je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:03:38il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:03:58il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:04:18il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:04:38il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile,
00:05:08il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer, il y a beaucoup de gens, c'est difficile, je ne peux pas entrer,
00:05:14Mes neveux m'appellent l'oncle rigolo parce que je mets toujours l'ambiance, je joue beaucoup avec eux, je les fais rire.
00:05:36Ma famille est originaire d'un petit village qui s'appelle Oulaykat, pas loin d'Isdoud.
00:05:45Ma grand-mère m'a raconté qu'elle n'avait que 6 ans quand ils ont été chassés de leur village en 1948.
00:05:53Ils ont dû partir pour se construire une vie nouvelle ailleurs.
00:06:03Le père de ma grand-mère l'a emmené, ainsi que toute sa famille, pour qu'ils puissent vivre ensemble.
00:06:09Ensuite, il est retourné au village pour chercher quelques affaires, et il n'est jamais revenu. Personne ne sait ce qui lui est arrivé.
00:06:17Les enfants de cette génération ont la vie dure. Ils se construisent avec l'idée qu'Israël est l'envahisseur, l'agresseur, car c'est effectivement ce que nous vivons ici.
00:06:25Je suis là pour vous saluer.
00:06:30Je suis heureux de vous avoir rencontrés.
00:06:34En fait, j'ai eu le plaisir de vous voir.
00:06:41Tu sais bien que je suis généreux.
00:06:45Je sais que vous êtes les meilleurs.
00:06:48Je suis heureux de vous avoir rencontrés.
00:06:51Je sais que vous êtes les meilleurs.
00:06:54Le 6 octobre au soir, la famille était au grand complet à la maison.
00:07:02Mon mari Tzari avait fait cuire du bœuf au four, il y avait du vin, de la musique, une
00:07:09soirée familiale par excellence.
00:07:11Mayan, notre aînée, était de passage.
00:07:18Une fille extraordinaire, tellement décontractée.
00:07:27Avec elle, tout était si simple.
00:07:34Chahar a 10 ans, il est très mignon, il a une faussette, c'est mon petit dernier.
00:07:45Yaël a 12 ans, elle a fêté sa bâte mitzvah en février, elle carbure au sushi.
00:07:55Yaël nous a ensuite rejoints, c'était une soirée de rigolade familiale comme une autre,
00:08:05sous notre pergola, dans notre joli petit coin de Nahal Oze.
00:08:11On est allés se coucher tard, et je me souviens avoir dit à mon mari, quelle chance d'avoir
00:08:20une si belle famille.
00:08:21Et puis, tout a changé, le 7 octobre.
00:08:41J'ai été réveillé à 6h30 par le son des explosions, des roquettes, on aurait dit
00:09:05la fin du monde.
00:09:06Mon frère est entré dans ma chambre et m'a demandé, qu'est-ce qu'il se passe.
00:09:09Je lui ai posé la même question, on ne comprenait pas ce qu'il se passait.
00:09:16Il y a eu des explosions, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes,
00:09:36des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes,
00:10:03des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes,
00:10:25des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes,
00:10:53des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes,
00:11:21des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes,
00:11:48des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes,
00:12:16des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des roquettes, des
00:12:47Elle avait quelque chose d'inhabituel.
00:12:49Elle retentissait les unes après les autres, sans interruption.
00:12:55Je suis vite allée chercher la petite dans sa chambre,
00:12:58et on est allé dans la pièce blindée, comme on en a l'habitude.
00:13:02Mais la porte ne fermait plus...
00:13:11On recevait des messages sur le groupe WhatsApp du kibboutz.
00:13:16L'un d'eux disait que des terroristes déguisés en soldats israéliens étaient dans le kiboutz.
00:13:26Ouad a vu que la situation était grave.
00:13:30Il est sorti de la pièce blindée pour nous protéger depuis l'extérieur.
00:13:36Il envoyait des messages à ses amis tout en criant qu'ils nous aimaient.
00:13:41On a entendu des hurlements en arabe depuis l'extérieur,
00:13:46des Allah ou Akbar, des cris, des discussions.
00:13:52Ils tiraient sur notre maison.
00:13:57Puis ils ont forcé notre porte.
00:14:02Et ils ont tout saccagé à l'intérieur.
00:14:06Ensuite, ils ont tiré sur Ouad.
00:14:11Ils hurlaient de douleur.
00:14:16Quatre terroristes sont entrés dans la pièce blindée.
00:14:21Ils hurlaient en arabe.
00:14:25L'un d'eux a dit « I shoot ». On était obligés de sortir.
00:14:30En quittant la pièce blindée, on a retrouvé Ouad à terre, en sang.
00:14:35Je lui ai demandé ce qu'il nous voulait.
00:14:39Il m'a répondu qu'il nous emmène à Gaza.
00:15:05Le garde nous a demandé de nous enfermer dans la pièce sécurisée
00:15:10et de ne faire aucun bruit.
00:15:15À partir de cet instant, nous étions dans la pièce sécurisée.
00:15:20On a commencé à faire du bruit.
00:15:25On a commencé à faire du bruit.
00:15:30On a commencé à faire du bruit.
00:15:34Nous étions dans un état d'effroi, de terreur absolue.
00:15:56On entendait des gens marcher sur du verre brisé.
00:16:01Je me suis demandé ce que je devais faire et j'ai attrapé Yaël.
00:16:11Zahri a saisi la poignée pour essayer de la bloquer.
00:16:15Maïam s'est jetée devant la porte pour aider Zahri.
00:16:20Mais des coups de feu ont retenti.
00:16:37Ils sont entrés et ont allumé la porte.
00:16:41Et là, j'ai vu Zahri à terre, les mains couvertes de sang.
00:16:46Il m'a dit « Non, non, non ! Gali, je t'en prie, aide-la ! »
00:17:01J'ai examiné son corps pour voir où elle était touchée.
00:17:06Je ne saisissais pas encore.
00:17:11Et je me suis rendue compte, en regardant sa tête,
00:17:16que ses yeux étaient ouverts.
00:17:20J'ai posé ma main et je me suis aperçue que sa blessure était mortelle.
00:17:27J'ai dit à Zahri, elle est partie.
00:17:31C'est fini.
00:17:42C'est fini.
00:17:46C'est fini.
00:18:04Les gens ont dit « Ne faites pas de bruit. »
00:18:08Soudain une personne, un véritable ange gardien, est arrivée en courant et a crié, sortez de là-dessous.
00:18:16On est parti en courant et en longeant la Seine, je me suis retourné et je les ai vu alignés.
00:18:22On était des cibles faciles, comme dans un entraînement.
00:18:26Ils ne bougeaient pas et se contentaient de nous canarder.
00:18:32Je me suis mis à courir tout en regardant en arrière.
00:18:36J'ai couru comme j'ai jamais couru.
00:18:41Le sol tremblait comme ça, les cailloux volaient.
00:18:48Je me suis dit, il faut se cacher.
00:19:06À l'armée, on nous a appris qu'il fallait bien se cacher dans les buissons, pour ne pas être repérés.
00:19:20Je répétais sans arrêt aux autres, ne faites pas de bruit, venez par ici.
00:19:28Mais les terroristes sont arrivés des deux côtés et se sont mis à mitrailler les buissons.
00:19:32Ils s'étaient aperçus que les gens venaient s'y cacher.
00:19:41Accepter l'idée qu'on va mourir, c'est une chose difficile à décrire.
00:19:46Ça y est, mon histoire se termine. L'écran va s'éteindre, comme au cinéma.
00:19:52C'est la fin.
00:19:55C'est insensé.
00:20:03Maïa n'était encore étendue dans la pièce sécurisée.
00:20:10L'un d'entre eux me demande, c'est votre portable ? Je réponds oui.
00:20:14Il me dit, je vais diffuser ça en direct.
00:20:33On était assis par terre, Zahri et moi, Yaël et Shachar.
00:20:38Avec des kalachnikovs pointés vers les enfants et vers moi.
00:20:45Les enfants demandent alors à Zahri s'il est blessé, parce que ses jambes et ses mains étaient couvertes de sang.
00:20:51Je lui répète, je ne suis pas blessé.
00:20:54Je ne suis pas blessé.
00:20:56Je ne suis pas blessé.
00:20:57Les enfants demandent alors à Zahri s'il est blessé, parce que ses jambes et ses mains étaient couvertes de sang.
00:21:02Et il était extrêmement pâle.
00:21:06Je leur réponds, ce n'est pas le sang de papa, c'est celui de Maïa.
00:21:28Les enfants pleuraient.
00:21:31Ils ne comprenaient pas ce qui se passait.
00:21:58J'étais en train de me demander quand est-ce qu'ils allaient tirer ?
00:22:02Quand est-ce qu'ils nous tueraient ?
00:22:05Qu'est-ce qu'ils comptaient faire de nous ?
00:22:27On se regarde et on se dit, ce n'est pas en train de nous arriver.
00:22:42Ce n'est pas croyable, ce n'est pas possible.
00:22:53Zahri était sous le choc.
00:22:56L'homme le plus courageux que j'ai connu, anéanti.
00:23:30Je regarde Zahri et il me dit, je t'aime ma chérie.
00:23:37Je lui réponds, je t'aime très fort, ne tente rien d'insensé, on a besoin de toi mon cœur.
00:24:00J'ai sorti mon portable et j'ai filmé tous ces gens en train de faire la fête.
00:24:06Au départ, le 7 octobre, tous les habitants de Gaza étaient heureux.
00:24:13A Gaza, on était assiégés en permanence.
00:24:16On ne savait pas ce qu'il allait se passer.
00:24:19On ne savait pas ce qu'il allait se passer.
00:24:22On ne savait pas ce qu'il allait se passer.
00:24:25A Gaza, on était assiégés en permanence.
00:24:31Les guerres et les offensives font partie de notre quotidien.
00:24:35On vit dans l'humiliation, tout est difficile.
00:24:39C'était donc naturel que les gens se réjouissent.
00:24:42Mais dans mon esprit, je savais qu'on courait droit vers l'abîme.
00:24:46Je suis contre la violence, que l'on soit israéliens ou palestiniens.
00:24:55Je suis contre les bains de sang.
00:25:05Le 7 octobre, le président de l'Assemblée nationale de l'Israël,
00:25:09le président de l'Assemblée nationale de l'Israël,
00:25:12a été le 7 octobre, j'avais 17 ans.
00:25:20Ils sont arrivés très discrètement.
00:25:23On a entendu des cris en arabe.
00:25:26Les Juifs, les Juifs!
00:25:31Ils sont entrés dans la pièce blindée.
00:25:34J'ai entendu mon père crier, et ils lui ont tiré dessus.
00:25:37Je me souviens avoir poussé une sorte de soupir de soulagement en pensant que j'allais mourir.
00:25:54Je me suis dit, après cinq heures de terreur, c'est le moment.
00:26:00Je n'ai pas envisagé une seule seconde qu'il nous enlèverait.
00:26:06On est arrivés en voiture à Gaza. Il y avait ma mère et mes deux petits frères Galle et Tal.
00:26:33Les terroristes étaient à l'avant. Je me tourne vers ma mère et je la vois observer une ambulance.
00:26:39Puis elle fait un geste pour implorer l'aide du conducteur.
00:26:44Mais il secoue la tête pour signifier que ce n'est pas possible.
00:26:49Je vois tous les gens dehors prendre des photos, sourire, faire la fête.
00:26:55L'un des terroristes ouvre la fenêtre, met de la musique et lance des cris de joie.
00:27:02J'ai reçu le tout dernier message de ma sœur à 11h41.
00:27:14À midi, nous étions déjà à Gaza.
00:27:17Durant ce laps de temps, ils ont tué ma sœur et mon père et nous ont emmenés dans un tunnel.
00:27:23Tout s'est passé si vite. On s'est retrouvés accroupis, collés au mur.
00:27:29C'était étouffant.
00:27:42Le kiboutz était en feu. On n'arrivait pas à comprendre ce qu'on voyait.
00:27:48Je ballais la rue du regard à la recherche d'un moyen de prendre la fuite, mais les terroristes étaient partout.
00:27:59Puis on a été emmenés sur des mobilettes. Etanne sur celle de devant et les deux filles et moi sur celle de derrière.
00:28:07Et on circulait à travers le kiboutz.
00:28:14Deux chars sont ensuite arrivés. C'était le chaos.
00:28:18Les gens couraient partout, prenaient la fuite.
00:28:22Notre mobilette tombe. Et à partir de là, celle avec Etanne disparaît de ma vue et je perds sa trace pour de bon.
00:28:31Sa mobilette poursuit son chemin.
00:28:34J'ai profité de ce nuage de poussière pour attraper Yaël.
00:28:38La petite dernière était déjà dans mes bras. Elle était toute petite.
00:28:42J'ai attrapé Yaël et on s'est enfuis.
00:28:53Tout au long de notre fuite, j'étais rongée par l'idée d'être séparée d'Etanne.
00:29:02J'ai perdu Etanne et je ne peux rien faire.
00:29:08C'est inconcevable.
00:29:11C'est ce qui peut arriver de pire à une mère.
00:29:22Le jour de la mort
00:29:47Lorsque votre pays est frappé par une attaque d'une telle férocité,
00:29:52la douleur profonde qui vous accable n'épargne qu'un foyer.
00:30:02A mon avis, il n'y a pas une seule personne en Israël
00:30:06qui ne connaît pas quelqu'un qui a été tué ou pris en otage.
00:30:23J'ai compris qu'ils ne reculeraient devant rien.
00:30:28Ils n'ont aucune estime pour la vie, aucun égard pour l'être humain.
00:30:35Des enfants, des bébés, des femmes, des personnes âgées.
00:30:43Nous avons subi une tentative d'extermination du peuple juif.
00:30:53Le 7 octobre, j'ai pris conscience que personne n'était innocent à Gaza.
00:31:02On savait bien qu'ils nous haïssaient.
00:31:08Mais on croyait que leur cruauté avait ses limites.
00:31:12C'était une erreur.
00:31:16Je ne suis pas d'accord avec eux.
00:31:19C'était inconcevable que l'État d'Israël tolère une telle chose sans réagir.
00:31:41Chez nous, on appelle Gaza le Phénix.
00:31:44Quoi qu'il lui arrive, elle renaît toujours de ses cendres à travers la poussière et les débris.
00:31:54Elle se régénère à une vitesse incroyable.
00:32:07Mon père est de Gaza et ma mère aussi.
00:32:11Je suis né en 1966.
00:32:15Les Arabes ont une grande admiration pour les médecins.
00:32:19Les médecins et les ingénieurs.
00:32:23À Gaza, en raison des offensives et des soulèvements, on manquait cruellement de chirurgiens.
00:32:29Ils étaient peu nombreux.
00:32:40Ils étaient peu nombreux.
00:32:55Les Juifs contrôlaient chaque route, chaque large.
00:32:59Ils contrôlaient même l'air et l'eau.
00:33:05L'occupation israélienne était un poids sur nos poitrines.
00:33:08C'était une injustice pour nos vies, nos terres, nos familles, nos enfants, notre patrie.
00:33:38La première guerre que nous ayons connue à Gaza, après celle de 1967, est la guerre de 2008.
00:33:45Ensuite, il y a eu celle de 2012, puis 2014, puis 2021,
00:33:51puis cinq jours en mai 2023, et maintenant, la guerre du 7 octobre.
00:33:55Nous ne pouvons pas rester ici.
00:34:00Nous ne pouvons plus rester ici.
00:34:02Un jour en mai 2023, et maintenant, la guerre du 7 octobre.
00:34:32On n'a pas compris ce qui s'est passé le 7 octobre, et on ne comprend pas non plus
00:34:50ce qu'on vit ici depuis ce jour-là, on n'avait jamais connu de frappe d'une telle
00:34:54intensité.
00:34:55C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:35:22intensité.
00:35:23C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:35:29intensité.
00:35:30C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:35:38intensité.
00:35:39C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:35:46intensité.
00:35:47Mon métier, à la base, c'est de photographier de belles choses, mais j'avais le devoir de
00:36:07filmer et documenter ce qui se passait ici, car à ce moment-là, j'étais le seul à
00:36:12pouvoir le faire.
00:36:13C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
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00:36:21C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
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00:36:43C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
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00:36:53C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:37:04intensité.
00:37:05La maison de ma sœur n'avait pas été touchée, le missile avait frappé quelques maisons
00:37:13plus loin.
00:37:14Je me suis retrouvé à participer au sauvetage des victimes, j'avais un portable et une lampe
00:37:25torche.
00:37:26C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:37:33intensité.
00:37:34C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:37:41intensité.
00:37:42C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:37:53intensité.
00:37:54C'est ce qui s'est passé le 7 octobre, et on n'a jamais connu de frappe d'une telle
00:38:15intensité.
00:38:17et que son mari était mort en martyr.
00:38:19Le bébé n'a pas survécu non plus, environ 18 personnes sont mortes, et plus de 50 personnes
00:38:46ont été blessées dans l'immeuble et les environs.
00:39:16J'étais responsable du service des urgences de l'hôpital, les victimes ont commencé
00:39:27à arriver par centaines, certaines étaient déjà mortes, d'autres blessées.
00:39:34Elles arrivaient de tous les côtés, nous avions 140 lits pour environ 900 blessés.
00:39:52Durant les guerres précédentes, ils étaient plus rationnels et visaient des cibles militaires.
00:40:01Mais cette fois, ils ont montré leur vrai visage, ils sont guidés par la haine et la
00:40:08soif de vengeance.
00:40:09Ce jour-là, j'ai reçu un appel de la fille de Mahmoud.
00:40:27Elle m'a dit « Tonton, notre maison a été bombardée, papa et tous les autres sont
00:40:35morts ».
00:40:36Ali, Mahmoud, les enfants, mon cousin Mahmoud Elran, 55 ans, Haïta, 50 ans, Ahlam, 35
00:40:57ans, Kifaya, 62 ans, Ramin, 42 ans, Sadam, 40 ans.
00:41:15Voilà les noms de nos martyrs.
00:41:18Ceux qui arrivent à retrouver leurs proches pour pouvoir les enterrer peuvent s'estimer
00:41:31heureux.
00:41:32On espère pouvoir honorer les siens en les enterrant, pour que leur corps ne soit pas
00:41:38dévoré par les chiens ou ne pourrisse pas.
00:41:40C'est étrange d'en arriver à ressentir de la joie parce qu'on a retrouvé le corps
00:41:54des êtres qu'on aime pour pouvoir les enterrer dignement.
00:41:57On se dit « grâce à Dieu j'ai pu les enterrer ».
00:42:03Il n'y a plus de logique, plus de normalité.
00:42:33Ça tourne ?
00:42:56Le micro ici et l'appareil là ? D'accord, je me lève.
00:43:06Je ne me souviens même plus qui était la Rada d'avant ou ma vie d'avant.
00:43:14Quand j'ai envie de me remémorer le passé, je regarde les photos dans mon téléphone.
00:43:24Je rêvais de créer mon entreprise dans le domaine de l'énergie solaire.
00:43:49Aujourd'hui, mon seul rêve, c'est que ma famille et moi sortions vivants de cette guerre.
00:43:58J'ai six sœurs et deux frères.
00:44:07Eline a très peur, elle n'a que trois ans.
00:44:11Elle devrait être à l'école, apprendre à lire.
00:44:19Elle a appris des choses qu'elle ne devrait pas connaître à son âge.
00:44:23Elle sait qu'on peut mourir à tout moment.
00:44:32Mon frère Mohamed passait beaucoup de temps avec papa.
00:44:37Il était sourd et muet.
00:44:41Mohamed était vraiment une belle personne.
00:44:45Je pense que les personnes handicapées sont souvent exceptionnelles.
00:44:50L'attaque du Hamas a surpris tout le monde.
00:44:55J'avais très peur.
00:44:59J'ai dit à ma famille, cette guerre ne sera pas simple.
00:45:04Avec le Hamas au pouvoir, on n'a pas notre mot à dire.
00:45:09Ils font ce que bon leur semble.
00:45:14On a vu des points brillants dans le ciel.
00:45:18On était inquiets.
00:45:44Pendant qu'on était en train de réfléchir au chemin le plus sûr pour notre itinéraire,
00:45:49ils ont bombardé juste à côté de nous.
00:45:53On a paniqué.
00:45:57On ne savait plus quoi faire.
00:46:01Maman a dit, on reste groupés, quoi qu'il arrive.
00:46:05Alors on est restés ensemble.
00:46:13Après la première semaine,
00:46:18j'ai pris conscience qu'afin de survivre,
00:46:23il me fallait établir un contact avec eux, parler leur langage.
00:46:28Avec ma mère, nous les avons interpellés en leur demandant,
00:46:33si quelqu'un rentrait chez vous et enlevait votre femme et vos enfants pour les emmener en Israël,
00:46:38que feriez-vous ?
00:46:43Ils nous ont répondu, vous resterez ici jusqu'à ce que votre premier ministre accepte de libérer nos prisonniers.
00:46:48Et j'ai dit, vous voulez donc échanger vos meurtriers contre mes petits frères de 9 et 11 ans ?
00:46:53Ma mère et moi ?
00:46:58Des femmes et des enfants contre des assassins ?
00:47:03Ils ne seront jamais d'accord, forcément.
00:47:18Plusieurs fois, ils nous ont ordonné en hurlant de mettre un hijab
00:47:23et d'enfiler des robes parce qu'il fallait partir à toute vitesse.
00:47:28On entendait des coups de feu dans les rues.
00:47:33Il y avait des détonations et des explosions partout autour de nous.
00:47:38On était au cœur des combats.
00:47:43Un mur nous est même tombé dessus.
00:47:48Il y a eu des coups de feu.
00:47:53Les ondes de choc à elles seules étaient déjà douloureuses.
00:47:58À ce stade-là, je devais accepter le fait que ma vie dépendait d'un groupe terroriste.
00:48:03Je devais maintenant me fier au Hamas.
00:48:08Je ne leur faisais aucune confiance, évidemment.
00:48:13J'étais terrorisée.
00:48:18Mais j'étais totalement à leur merci.
00:48:23La guerre est terminée.
00:48:28On va aller à...
00:48:33Où ?
00:48:36À Gaza.
00:48:39On va aller à Gaza.
00:48:42On va aller à Gaza.
00:48:45On va aller à Gaza.
00:48:48On va aller à Gaza.
00:48:51On va aller à Gaza.
00:48:54On va aller à Gaza.
00:48:57On va aller à Gaza.
00:49:07Le 27 octobre, tous les réseaux de communication ont été coupés.
00:49:12Plus d'Internet, plus de téléphone.
00:49:15Ils nous ont isolés du monde.
00:49:42Je ne sais pas.
00:49:44Peut-être qu'on va vivre ce matin.
00:49:47Et on va descendre.
00:50:04Je discutais avec mon frère, quand soudain, tout est devenu flou.
00:50:13Tout s'est obscurci. J'étais totalement désorienté.
00:50:18Lorsque j'ai repris connaissance, la moitié de mon corps était hors de la maison
00:50:22et l'autre moitié était enfouie sous les décombres.
00:50:42Tout était anéanti.
00:50:45Tout ce qu'on possédait, notre vie toute entière, notre maison,
00:50:48ce foyer qu'on croyait sûr, dans lequel on avait grandi,
00:50:51tous nos souvenirs.
00:51:02C'est mon père, Riad Nofal.
00:51:05Grâce à Dieu, il a survécu.
00:51:08C'est mon père, Riad Nofal. Grâce à Dieu, il a survécu.
00:51:32À l'hôpital, je suis tombé sur l'islam.
00:51:36C'est le fils de Resk. Il tremblait. Il m'a demandé où est mon père.
00:51:40Je lui ai répondu, ton père va bien. En réalité, je venais de le voir mort.
00:51:52Il était déjà en état de choc. Je ne voulais pas en rajouter.
00:51:55Ce n'est qu'un enfant.
00:51:58Je ne pouvais pas lui avouer que je venais de voir le corps de son père.
00:52:07Hamoud, ne t'en fais pas. C'est moi, Ammou Ibrahim.
00:52:11Tu me connais ? C'est moi, Ammou Ibrahim.
00:52:28Au petit matin, je suis retourné à la maison.
00:52:31C'est ma chambre. C'est ma chambre.
00:52:34C'est ma tâche. Je suis sorti de là-bas.
00:52:38Tout le monde nous a tués.
00:52:48On creusait de minuit à huit heures du matin
00:52:51à la recherche des corps enfouis sous les décombres.
00:52:54Je leur avais dit qu'on les trouverait à cet endroit précis.
00:52:57Effectivement, on les a retrouvés.
00:52:59Mais ils avaient tous brûlés.
00:53:30C'était une enfant merveilleuse.
00:53:33Elle était belle de l'intérieur et de l'extérieur.
00:53:36Elle était intelligente, gentille.
00:53:39Tout le monde l'aimait.
00:53:42Je lui disais, Mila, donne-moi mon fromage.
00:53:45Alors, elle me tendait sa joue et je lui faisais un bisou.
00:53:49C'est bon, c'est bon.
00:54:11C'est bon, c'est bon.
00:54:14C'est bon.
00:54:18Maintenant, on va les traquer.
00:54:23J'ai dû fuir comme un animal sans défense.
00:54:26À présent, je suis la bête sauvage.
00:54:31J'ai du mal à me l'expliquer.
00:54:35Je m'apprête à rentrer dans Gaza.
00:54:39Difficile de croire qu'on est à 30 minutes de chez soi.
00:54:46Il n'y a ni eau, ni électricité, ni nourriture.
00:54:49Des corps gisent au sol.
00:54:52C'est un autre monde.
00:54:55C'est plus la même dimension.
00:54:58Plus le même univers.
00:55:01Tout est détruit, sans vie.
00:55:04C'est un lieu irréel.
00:55:07C'est un lieu irréel.
00:55:20J'ai une longue mitrailleuse qui date des années 80.
00:55:30C'est l'arme la plus puissante de mon unité par sa portée et le nombre de munitions.
00:55:38Si je l'avais eu dans les buissons, ça aurait été une toute autre histoire.
00:55:41Avec 700 ou 800 munitions, tout devient possible.
00:55:59On a découvert beaucoup de choses.
00:56:02Des armes à feu, des couteaux, des munitions.
00:56:05Des accès à des tunnels en plein salon.
00:56:08Dans des maisons privées ?
00:56:11Oui.
00:56:29Le moment le plus dur qu'on a vécu, c'est le début de la guerre.
00:56:33Le moment le plus dur qu'on a vécu, c'est quand on était dans une maison.
00:56:38Un sniper nous tirait dessus et une des balles a touché un mur
00:56:42qui en explosant a frappé le visage d'un de mes amis.
00:56:46Le gars à côté de lui est mort sur le coup.
00:56:54Tout est une question de chance, ou de hasard si vous préférez.
00:56:58Ça a été le seul moment presque aussi stressant que lors du festival Nova.
00:57:10Ce ne sont pas deux armées qui s'affrontent.
00:57:13L'ennemi se déploie dans des hôpitaux et dans des écoles pour tirer depuis ces lieux.
00:57:21Ils se font dans la population au point qu'on ne peut plus les distinguer.
00:57:27Mais on fait vraiment de notre mieux pour limiter les victimes civiles.
00:57:35C'est une question de compassion.
00:57:38On est des êtres humains, pas des monstres.
00:57:45Pourquoi les Arabes nous détestent-ils ?
00:57:48Que leur a-t-on inculqué ?
00:57:51On voit bien en rentrant chez eux comment ils ont grandi.
00:57:57Vous constatez alors que dès leur plus jeune âge, dès l'enfance,
00:58:00on leur transmet la haine d'Israël
00:58:03et l'idée que cet état se trouve sur des terres qui ne lui appartiennent pas.
00:58:17C'est comme avec le cancer.
00:58:20Vous pouvez les éliminer jusqu'au dernier, ça n'arrêtera rien.
00:58:23C'est quelque chose qui est profondément enraciné
00:58:26et qui refera surface chez d'autres.
00:58:46Les gens pensaient que les hôpitaux étaient des lieux sûrs.
00:58:49Beaucoup de civils venaient s'y réfugier.
00:58:52Ils n'avaient plus de maison ni nulle part où aller.
00:58:56Tous les jours, des tapis de bombes embrasaient les abords de l'hôpital indonésien.
00:58:59Il y avait des hommes qui se sont mis en prison.
00:59:03Ils se sont mis en prison mais ils n'ont pas été interrogés.
00:59:22Les gens ont été menacés.
00:59:25Soudain, on a entendu une grosse explosion. Un obus de char venait de frapper le deuxième
00:59:43étage de l'hôpital. J'ai vu une vingtaine de corps déchiquetés, tous morts. J'ai
00:59:51filmé un instant, puis je me suis effondré. Je n'y arrivais plus.
01:00:21Les juifs nous ont demandé d'évacuer l'hôpital.
01:00:39On ne comprenait pas ce qui se passait. On voyait que ça tirait d'en haut, d'en bas,
01:00:47de tous les côtés. Puis, on a vu les chars s'avancer vers l'hôpital et se mettre à
01:00:54défoncer les barrières et les véhicules.
01:01:08Au début de la guerre, on réagissait à ce genre de situation avec compassion,
01:01:14affection, sensibilité. Mais, croyez-moi, à la longue, on s'endurcit.
01:01:20Vous ne pouvez pas imaginer ce qu'on éprouve dans ces moments-là. Mais voilà, c'était comme ça.
01:01:38On marchait depuis près de 40 minutes dans le tunnel. Lorsqu'on tombe sur six jeunes
01:01:44Israéliennes portant tout un hijab, je ne peux pas décrire l'émotion à ce moment-là. Le fait
01:01:54de voir d'autres personnes en vie dans ce lieu si atroce, si cruel. On était vraiment déchirés de
01:02:04voir que ces filles avaient dû être si longtemps seules avec ces terroristes, avec leurs ravisseurs.
01:02:09Nous, au moins, on était tout le temps en famille. Mais ces filles ont dû survivre seules
01:02:17dans la peur. Je n'en dirai pas plus, par respect pour elles. Et leur récit n'est pas le mien. Mais
01:02:26je peux vous dire qu'elles étaient à bout. Ils s'en sont pris à elles physiquement, sexuellement.
01:02:39Ils nous ont fait sortir du tunnel. Tout le monde prenait des photos,
01:02:56comme à notre premier jour là-bas. Ils hurlaient en arabe « les Juifs, les Juifs ». Et là,
01:03:06j'ai vu les véhicules de la Croix-Rouge. C'était à la fois triste et émouvant. J'allais retourner
01:03:20dans le pays où la vie de mes proches avait été fauchée. C'est un simple trajet de dix minutes,
01:03:30mais il y a un véritable fossé entre ce monde et celui de derrière la barrière. Là-bas,
01:03:36c'est l'obscurité et le désespoir. C'est un fossé si profond. Sans parler des différences
01:03:46culturelles. Je croyais que dans un autre univers, on aurait pu vivre ensemble. Mais
01:03:55ça n'est plus possible. Je continue ? C'était au début de la famine.
01:04:23Imaginez-vous, les enfants mangeaient de la nourriture avariée alors qu'il n'y avait
01:04:38ni médicaments ni hôpitaux pour les soigner. J'étais profondément attachée à moi,
01:04:45plus qu'à n'importe qui d'autre de ma famille. Il nous aidait beaucoup. On était des filles et mes
01:04:55autres frères étaient plus jeunes. On était heureux quand il nous apportait un sac de farine
01:04:59et on lui témoignait encore plus d'attention.
01:05:14La farine était devenue une denrée rare. Les gens risquaient leur vie pour un sac de farine.
01:05:45La situation empirait de jour en jour. Ils se menaçaient avec des couteaux. Donne-moi la
01:05:52moitié du sac ou je te tue. Vous imaginez la gravité de la situation ? Un sac de farine
01:06:02valait plus qu'une vie humaine.
01:06:15Mohamed avait filmé cette scène. Un homme qui portait un sac de provision s'est pris une balle
01:06:20dans la tête. La scène était atroce. Mon cerveau gisait sur le sol et les boîtes de
01:06:29conserve étaient tout autour. La vie ne valait plus rien. Seule comptait la nourriture.
01:06:44J'ai pris ma petite sœur, qui a deux ans, pour qu'elle comprenne qu'il n'y a pas de
01:07:07nourriture. On mangeait ce qu'on trouvait, y compris la nourriture pour animaux.
01:07:55Dès qu'ils sont arrivés, ils nous ont bandés les yeux.
01:08:24Ils nous ont mis des blouses en nylon, ont ligoté nos mains et nos pieds et nous ont balancés dans
01:08:29un camion. J'ai assisté à des scènes que je n'imaginais pas possibles. Ils ont amené
01:08:48quelqu'un en bonne santé et leur a amené totalement brisé, anéanti, incapable de voir.
01:08:53Heure après heure, dans ces centres de torture et de détention, nous restions là,
01:08:59les yeux bandés, les mains et les pieds ligotés, à genoux pendant 18 heures d'affilée. Au moindre
01:09:08geste, au moindre souffle, on nous tabassait. Lors des interrogatoires, les Juifs nous disaient
01:09:23« Nous le savons, tu as soigné des otages, tu as vu les otages ». Ils lançaient des accusations
01:09:30et il fallait s'en défendre. Ou alors « Tu es un leader du Hamas », etc. Ma réponse aujourd'hui
01:09:39est la même que celle que je leur ai donnée. Je ne sais rien sur les otages, je ne les ai
01:09:45jamais vus ni soignés et c'est pareil pour mes confrères. Je leur ai expliqué que chez nous,
01:09:52comme ailleurs, il y a des bons et des méchants. Ils m'ont répondu « Non, le 7 octobre nous a
01:09:56forcés à considérer les habitants de la bande de Gaza différemment. Vous êtes tous pro-Hamas,
01:10:02vous avez cautionné les attentats, vous les avez célébrés, vous avez applaudi.
01:10:07Votre objectif à tous est d'éradiquer l'État d'Israël ».
01:10:10On a appris qu'il ne faut pas rester dans une zone dangereuse. Quand on nous ordonne de partir,
01:10:28on part. Nous avons été déplacés environ 15 fois cette année. C'est épuisant d'être
01:10:43constamment en mouvement. Dès qu'on commençait à être enfin installés quelque part,
01:10:47ils nous ordonnaient d'évacuer. On est restés plantés à l'angle de notre rue. Le
01:11:17quartier a été méconnaissable. Je n'arrivais même pas à identifier notre immeuble. L'ampleur
01:11:24de la destruction a été inimaginable. Il y avait une mosquée appelée Mosquée de Palestine,
01:11:28avec un parc à côté, et puis l'école de Mohamed plus loin. Il ne restait plus rien de tout ça.
01:11:32Notre étage, le cinquième, était toujours là. Mais il n'y avait plus d'escalier pour y accéder.
01:11:44Je me suis retournée. Mohamed arrivait, alors je lui ai dit qu'on devait trouver un moyen pour
01:11:52monter chercher quelques affaires. Il a réfléchi et est parti chercher une échelle. Il est monté et
01:11:58il m'a fait le signe par la fenêtre. Je croyais qu'il me disait que tout allait bien, mais pas du
01:12:03tout. Il voulait dire que tout avait brûlé, qu'il ne restait plus rien.
01:12:14Maman a fondu en larmes. Je ne l'avais jamais vue dans cet état. J'ai dit à papa, il faut accepter,
01:12:22on ne peut rien y faire, on est comme tous les autres. Il s'est mis à pleurer lui aussi. Il m'a
01:12:29répondu, j'ai travaillé dur toute ma vie pour construire tout ça. Vous êtes des filles,
01:12:33où allez-vous dormir ? On est resté là à pleurer pendant une heure environ.
01:12:44Regarde qui est arrivé dans l'arrière-plan. Il est sorti de l'hôpital de Lajunissi, du nord de l'étage. Il a perdu son
01:13:00visage. Il a traversé des points de contrôle pour l'armée israélienne. Et voici Prahim.
01:13:14Sur la route, j'ai vu des scènes insupportables.
01:13:28J'ai décidé de partir, car ma soeur voulait partir avec ses enfants. Elle avait perdu son
01:13:46mari et sa maison. Je ne voulais pas la laisser voyager seule. Mon père m'a dit,
01:13:56va avec eux, on vous rejoindra. Mais ils ne sont jamais venus.
01:14:17Je veux quitter Gaza. Je ne supporte plus de voir le sang couler,
01:14:25ni les bombes tomber. Je ne supporte plus l'odeur des bombes.
01:14:30Ça vous tourmente au plus profond de votre âme.
01:14:39Comment vas-tu maman ? Tu me manques. Tout est dévasté ici, la ville est en ruine.
01:14:53Notre pays est mort maman. Tout est anéanti.
01:14:58C'est la première fois qu'on voit une telle destruction. Je veux partir, quitter ce pays.
01:15:06Pour aller où ? Quelque part où je ne risquerai pas de mourir
01:15:10sous une bombe ou par une balle dans la tête. Si tu penses que c'est bon pour toi, fais-le.
01:15:15Prie pour que j'arrive à partir, ou au moins que je puisse vous rejoindre.
01:15:21Tu m'entends ?
01:15:26Allo ?
01:15:29Ça a coupé.
01:15:36Je suis persuadée que chaque être humain est investi d'une mission.
01:15:58C'est de Mohamed était s'occuper de nous pendant la famine. Dieu nous l'a envoyé.
01:16:11Les bombardements étaient intenses ce jour-là. Maman pleurait. Elle m'a dit Mohamed est mort.
01:16:27Je lui ai dit non tu mens. Je me suis effondrée en plein milieu de la rue.
01:16:40Puis j'ai couru sans m'arrêter jusqu'à l'hôpital.
01:16:47Cousin était là. Je lui ai demandé ce n'est pas Mohamed n'est-ce pas ?
01:16:55Il a dit si c'est lui. Je lui ai dit s'il te plaît je veux le voir. Il l'a montré.
01:17:18Je lui ai demandé comment c'était arrivé.
01:17:24Il m'a répondu que l'explosion qu'on avait entendue avant venait du magasin de papa.
01:17:32J'ai cherché à trouver quelque chose pour mon père.
01:17:44J'ai cherché à trouver quelque chose pour mon père.
01:17:49Je n'ai rien trouvé. Je ne sais pas quoi faire.
01:17:57Je n'ai rien trouvé. Je ne sais pas quoi faire.
01:18:10Je revois souvent papa dans mes rêves. Il va bien mais il est blessé.
01:18:16Alors je m'imagine qu'il va rentrer un jour.
01:18:21Parfois je rêve qu'il est heureux avec Mohamed. Il rit.
01:18:37Eline n'a que 3 ans et elle est orpheline. Elle me demande parfois où est son papa.
01:18:44J'évite de répondre et j'essaie de la distraire parce que je n'ai pas de réponse simple à lui donner.
01:19:04Les 16 premiers jours, j'étais tout seul.
01:19:11Je n'avais personne à qui parler.
01:19:16J'entendais des explosions.
01:19:21J'avais peur.
01:19:41Avant sa captivité, Etan était le fils dont rêve toute mère.
01:19:49Un garçon affirmé et charismatique.
01:20:00A son retour, c'était la même personne.
01:20:07Mais il avait profondément changé.
01:20:15Il t'arrive de repenser à cette période ?
01:20:20Oui. Enfin, pas vraiment. J'essaie d'oublier cette période.
01:20:30Il a perdu son innocence.
01:20:35Malheureusement, il ne voit plus le monde comme un endroit où il fait bon vivre.
01:20:42Il n'y a plus rien.
01:21:02Il fut un temps où les deux peuples cohabitaient.
01:21:08Les Palestiniens et les Israéliens.
01:21:14Mais dans cette guerre, nous n'avons pas affaire aux Juifs qu'on a connus dans le passé.
01:21:20Ni l'armée ni le peuple.
01:21:32La résistance n'est pas réservée aux Hamas.
01:21:37Les Palestiniens ont le droit de résister pour défendre ses droits, son peuple, ses biens, son honneur, sa terre.
01:21:43Avec l'aide de Dieu, nous obtiendrons la reconnaissance de l'état de Palestine.
01:21:48Et ce sera vraiment une épine dans le pied de l'agresseur.
01:22:07J'étais très favorable à une solution à deux états.
01:22:13Et à ce qu'on donne aux Palestiniens de Gaza leur plein droit.
01:22:19Mais le 7 octobre, j'ai pris conscience que la haine envers les Israéliens et les Juifs
01:22:25était de plus en plus forte.
01:22:31Je ne crois plus que deux états puissent vivre côte à côte lorsque l'un de ces états est déterminé à vous anéantir.
01:22:37Je n'y crois plus.
01:23:01Vous avez rencontré des Palestiniens de Gaza ?
01:23:07Non, à part le 7 octobre.
01:23:13Mais j'aurais beaucoup aimé en rencontrer.
01:23:19Même ceux qui sont entrés dans ma maison.
01:23:25Je dois avouer que j'essaie vraiment de ne pas penser à ce que Oad peut subir là-bas.
01:23:31Je ne peux pas imaginer ce qu'il va vivre là-bas.
01:23:37Je ne peux pas imaginer ce qu'il va vivre là-bas.
01:23:43Je ne peux pas imaginer ce qu'il va vivre là-bas.
01:23:49Je ne peux pas imaginer ce qu'il va vivre là-bas.
01:23:55J'espère de tout cœur qu'il reviendra auprès de nous.
01:24:11Et j'espère que les Palestiniens aussi pourront mener une vie paisible.
01:24:17Personne ne s'en ira, que ce soit eux ou nous.
01:24:23J'ignore quelle est la solution, mais elle sera forcément douloureuse pour tout le monde.
01:24:29Si on souhaite une existence sans guerre, il faudra en trouver une.
01:24:35Mais si le Hamas garde le pouvoir, rien ne changera.
01:24:41Ce cercle vicieux de massacre continuera.
01:24:47Le Hamas répète sans arrêt qu'il y aura d'autres cet octobre.
01:25:11C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:17C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:23C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:29C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:35C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:41C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:47C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:53C'est la dernière fois qu'il y a de l'eau.
01:25:59Ce sont leurs actions qui ont façonné notre opinion sur eux.
01:26:05Ce sont leurs actions qui ont façonné notre opinion sur eux.
01:26:12Ils ne veulent pas d'une paix durable.
01:26:18Je doute fort qu'avec le gouvernement actuel,
01:26:24Voilà ce que l'armée israélienne appelle victoire.
01:26:31C'est une victoire, ça ? Quelle victoire ?
01:26:39Je pense que le Hamas va continuer à gouverner politiquement.
01:26:45Et bien qu'Israël s'y oppose et conditionne la fin de la guerre à l'éradication du Hamas,
01:26:50je ne crois pas à la fin du Hamas.
01:27:20Nous sommes toujours assiégés, toujours en guerre.
01:27:25Ma famille et moi pouvons mourir à tout moment.
01:27:28Je vis au jour le jour, sans penser au lendemain.
01:27:49Je ne sais pas ce qui va m'arriver demain.
01:27:53Je me contente d'être vivante, c'est tout.
01:27:54De toute façon, il n'y a pas d'avenir.
01:28:19Je ne sais pas ce qui va m'arriver demain, je ne sais pas ce qui va m'arriver demain.

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