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Plusieurs indicateurs financiers, économiques et militaires russes estiment que Vladimir Poutine pourrait s’engager dans une guerre conventionnelle contre l’Otan.

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00:00L'affrontement est-il devenu inévitable entre l'OTAN et la Russie ?
00:05Chaque camp veut être prêt pour vous le prouver.
00:07Deux images, deux exercices XXL.
00:10À gauche, l'OTAN qui vient de lancer son exercice nucléaire annuel Steadfast Noon
00:15au cours duquel plus de 60 aéronefs effectuent des vols d'entraînement au-dessus de l'Europe occidentale.
00:21À droite, la Russie en opération Océane 2024
00:24dont les manœuvres ont eu lieu en septembre.
00:27400 navires russes, 120 avions et hélicoptères
00:31et 90 000 personnes mobilisées pour cet exercice militaire géant.
00:36Hier, aujourd'hui encore, le Kremlin a parlé de cet affrontement entre les pays de l'OTAN et la Russie
00:41qui semble inéluctable.
00:43La faute à qui ? La faute à Volodymyr Zelensky.
00:47Zelensky pousse l'OTAN à entrer en conflit direct avec notre pays.
00:55Et insiste à nouveau pour obtenir l'autorisation d'utiliser des armes sur le territoire russe.
01:02Voilà pour les mots de Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères russes.
01:06On est avec le général Jean-Paul Palomeros.
01:09Bonjour général, merci d'être avec nous.
01:12On le rappelle, vous êtes ancien commandeur suprême de l'OTAN
01:14et ancien chef d'état-major de l'armée de l'air française.
01:17Vous êtes donc bien placé pour nous parler de ce sujet.
01:21Général, si on doit être honnête, deux secondes,
01:25est-ce qu'on a trop détourné le regard ?
01:26Est-ce qu'il faut s'attendre à cet affrontement face à la Russie ?
01:30Je crois qu'on est toujours honnête sur votre chaîne, en tout cas j'essaye de l'être.
01:36Non, on n'a pas détourné le regard.
01:38Simplement pour ceux qui ne regardaient pas au bon endroit,
01:42monsieur Poutine a ramené, si je puis dire, la mire à zéro.
01:48Là où il présentait l'OTAN comme étant évidemment le grand Satan,
01:53le grand envahisseur qui avait perturbé la vie de l'Europe orientale,
02:00en prenant contre leur gré, semble-t-il, les pays de l'Est après la guerre froide.
02:08Alors en fait, il vient de démontrer tout l'inverse.
02:11C'est peut-être pour ça qu'il est furieux,
02:13parce que non seulement il a renforcé l'OTAN,
02:16ne serait-ce que par l'arrivée de la Suède et de la Finlande,
02:19qui comblent un trou dans le nord de l'Alliance,
02:22mais ensuite il a crénibilisé l'OTAN,
02:26et on voit maintenant les pays de l'OTAN, la plupart en tout cas,
02:29qui réinvestissent dans leur défense et qui s'arment pour mieux se protéger ensemble.
02:35Donc c'est un gros échec pour monsieur Poutine,
02:37toute cette séquence depuis son invasion de l'Ukraine.
02:41Il n'était pas passé loin en 2014,
02:43mais bon, l'OTAN s'était renforcée,
02:46mais pas au point d'aujourd'hui.
02:48Alors évidemment, l'Ukraine, la guerre ouverte,
02:51et puis il ne faut pas se méprendre,
02:52l'OTAN ne fournit pas d'armes en tant que telles,
02:54ce sont les nations de l'OTAN et d'autres aussi
02:57qui aident l'Ukraine au quotidien.
03:00Mais on peut comprendre que ça rende monsieur Poutine furieux, oui, c'est vrai.
03:04Oui, on a entendu, Général, le Kremlin qui disait encore une fois
03:08que Volodymyr Zelensky faisait tout pour nous faire entrer en guerre.
03:13Pour être tout à fait concret,
03:14est-ce qu'il y a un élément en particulier
03:16qui ferait que oui, qu'on entrerait en guerre ?
03:18On parle souvent de lignes rouges,
03:20mais on a parfois du mal à y voir clair sur cette fameuse ligne rouge.
03:25Je crois que le fait que des alliés,
03:32un ou des alliés de l'OTAN,
03:35soutiennent de manière concrète avec les hommes in situ l'Ukraine
03:43pourrait être cet élément déclencheur.
03:45C'est pour ça que, comme on avait essayé de le dire et de le prévoir,
03:51il ne fallait pas que les alliés aillent trop loin
03:53pour pouvoir se permettre de continuer à faire ce qu'ils font pour l'Ukraine,
03:56c'est-à-dire soutenir la stratégie de l'Ukraine,
03:58mais grâce à des armements, grâce à des équipements,
04:03en l'aidant au maximum, sans à aucun moment pouvoir donner à penser,
04:09donner de l'argument à monsieur Poutine
04:11que l'OTAN en tant que telle s'attaque à lui.
04:14C'est un peu subtil, c'est vrai, c'était un scénario assez inattendu,
04:19mais l'OTAN reste défensive, c'est une organisation défensive
04:25qui a pour but la paix et la sécurité, en particulier en Europe,
04:29et elle joue parfaitement son rôle en ce moment.
04:33Mais général, je me permets de vous couper,
04:35qu'est-ce qui ferait qu'on pourrait passer à l'offensive en quelque sorte ?
04:39Qu'est-ce qui peut être une ligne rouge pour l'OTAN ?
04:42Que pourrait faire la Russie pour que nous, on entre en guerre ?
04:46La ligne rouge de l'OTAN, elle est fixée depuis que le traité de Washington,
04:51il y a 75 ans, a été signé par les 12 membres fondateurs, dont notre pays.
04:56C'est la défense collective, la défense de l'ensemble des membres de l'Alliance,
05:02tous pour un pour tous, c'est ça la ligne rouge.
05:05Il n'y en a pas d'autres, il n'y en a pas cinquante,
05:08elle est claire et les alliés, je me crois en tout cas,
05:12sont prêts à la faire respecter.
05:15Ils se donnent les moyens en ce moment, plus que jamais, de la faire respecter.
05:19Souvenons-nous quand même de la fin de la guerre froide.
05:22On ne va pas dire que c'est l'OTAN qui a gagné la guerre froide, ce n'est pas ça.
05:25Mais l'OTAN a protégé l'Europe contre les pires menaces pendant la guerre froide.
05:29Il faut s'en souvenir, on est dans une situation difficile aujourd'hui.
05:32On a eu et nos prédécesseurs ont eu affaire à des situations extrêmement graves
05:38et ils s'en sont sortis parce qu'ils étaient solidaires,
05:40parce qu'ils ont montré leurs muscles pour mieux à ne pas avoir à s'en servir
05:44et parce qu'ils n'ont pas cédé à la rhétorique soviétique à l'époque
05:49et pas plus qu'il ne faut céder à la rhétorique de M. Poutine aujourd'hui.
05:53Magali Barthès, on a quand même le sentiment parfois qu'on se voile la face,
05:57qu'on ne regarde pas la réalité en face.
05:59Il y a encore eu un appel lancé par les services de renseignement allemands
06:04qui disent qu'ils sont certains que la Russie attaquera l'OTAN d'ici 2030.
06:08On commence à avoir des précisions sur une éventuelle attaque de Vladimir Poutine.
06:12Ce n'est pas un hasard si ce sont les Allemands qui le disent aussi
06:15parce qu'ils sont victimes eux-mêmes d'une multitude d'attaques hybrides
06:19de la part de la Russie, mais dès maintenant.
06:22Il y a eu des arrestations d'Allemands qui travaillaient avec les Russes
06:28notamment pour tenter de saboter des bases qui espionnaient les livraisons d'armes à l'Ukraine.
06:36Il y a eu même une tentative d'attentat déjoué contre le patron de Ryan Metal
06:42qui était dans le viseur des Russes
06:48parce que les Russes cherchent à intimider l'Occident en essayant de marquer un grand coup.
06:54On connaît en période de campagne électorale américaine la déstabilisation.
06:59Les infox russes pullulent du côté américain pour essayer de déstabiliser le scrutin.
07:06On la voit cette espèce de retour, de sentiment de guerre froide,
07:11de cette guerre latente qui est déjà de toute manière en marche.
07:16Après, qu'est-ce qui pourrait nous amener à aller plus loin ?
07:20C'est l'attaque du territoire même de l'OTAN.
07:24Les Etats baltes notamment sont extrêmement inquiets.
07:28Ils mettent leur population en mode défense maximale.
07:33Et on sait que la Russie s'en amuse et ne cesse de jouer les provocations aussi de ce niveau-là.
07:39Volodymyr Zelensky est à Bruxelles. Il va aller voir les 27.
07:44Il va leur présenter son plan de victoire d'ailleurs.
07:47Il va aller voir l'OTAN pour essayer justement d'obtenir davantage.
07:50On sait que depuis le début, il veut recevoir au moins une lettre d'invitation officielle
07:54à rejoindre l'alliance atlantique.
07:56Et aujourd'hui, il ne l'obtient pas.
07:58Et on voit bien ces manœuvres d'intimidation, de déstabilisation de la Russie
08:03qui s'inscrivent dans ce contexte-là justement pour dissuader d'aller plus loin.
08:08Finalement, peu importe ce que tentera de faire Volodymyr Zelensky,
08:12si Vladimir Poutine a décidé d'attaquer l'OTAN, il ira jusqu'au bout.
08:16Vous disiez François, est-ce qu'il faut se mettre cette idée dans la tête ?
08:18Nos soldats seront bientôt engagés dans une guerre.
08:22Alors, ce qui est « nos soldats vont tout faire » pour justement,
08:26c'est la phrase du chef d'état-major des armées et c'est le but de l'OTAN,
08:29c'est empêcher la guerre avant la guerre.
08:31Et le meilleur moyen d'empêcher la guerre, c'est d'être fort.
08:34Parce que si on est fort, on ne vous attaque pas.
08:36C'est ça l'idée. Et pour ça, la prise de conscience,
08:39ce que vous nous disiez tout à l'heure, est très importante.
08:41Elle a commencé dans des pays, et c'est ce que rappelait
08:44le général Paroloméros, la Finlande.
08:47Pendant toute la guerre froide, on a été élevés,
08:50alors moi qui suis un peu vieux, vous voyez bien,
08:52sur la Finlande. Vraiment, c'était quasiment,
08:55c'était les rois de « on s'engage pas »,
08:58c'était la neutralité absolue.
09:00On disait même « finlandisation » quand on parlait d'un pays,
09:02c'est-à-dire que, grosso modo, on cédait tout aux Russes,
09:04ou aux Soviétiques, pour ne pas être emmâtés.
09:07Cette Finlande qui était,
09:10c'était un peu faux évidemment, comme toutes les caricatures,
09:13mais la Finlande, elle est rentrée dans l'OTAN il y a 18 mois.
09:16C'est une des premières choses qu'elle a faites,
09:18comme le rappelait le général Paroloméros.
09:20Elle a arrêté d'être neutre, elle est rentrée dans l'OTAN,
09:23et là, pour la première fois de sa vie,
09:26elle vient de participer à l'exercice de tests d'armes nucléaires.
09:31Alors, elle n'a pas d'armes nucléaires chez elle,
09:33et elle n'en a toujours pas besoin,
09:35mais elle a participé avec tous les pays de l'OTAN
09:38qui faisaient partie de cet exercice,
09:39donc la France est un peu particulière,
09:40parce qu'on a notre dissuasion à nous,
09:42mais à travailler avec les quelques pays
09:44dans lesquels sont déposées des bombes nucléaires dites tactiques,
09:49pour justement les aider,
09:51avec du ravitaillement en vol, du renseignement, etc.
09:54Vous voyez bien que cette solidarité
09:56prouve qu'en fait, on est plus fort
09:59si on se rend compte de la menace qui existe.
10:02Et ce que nous dit le renseignement allemand,
10:05qui est très important,
10:06ils ne disent pas, tel jour, à telle heure,
10:08dans 30 ans, ils vont attaquer.
10:09Ils disent quand même d'ici 2030.
10:10En revanche, une chose extrêmement importante,
10:12vous avez raison,
10:13c'est que la Russie, aujourd'hui,
10:15vu ce qu'on est en train de voir comme trajectoire,
10:18en termes de mobilisation,
10:20la capacité, avant ils pouvaient recruter 250 000 hommes par an,
10:23aujourd'hui c'est 500 000,
10:24en termes de fabrication d'armements, etc.,
10:26se met en mesure d'être capable
10:29de pouvoir affronter des forces conventionnelles
10:32de type de celle de l'OTAN en 2030,
10:34à nous de prendre ça en compte,
10:36et de faire en sorte qu'on augmente un peu
10:38notre densité, nos budgets, notre masse,
10:41pour les dissuader.
10:43Et pas seulement avec le nucléaire,
10:45sinon ils essaieront de passer en dessous,
10:46et ça, il y a un risque.
10:47Donc soyons conscients de ça.
10:49Ne soyons pas paranoïaques,
10:52mais ne soyons pas des bisounours.

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