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Le Bon Dieu a des états d’âme. Aujourd’hui, Il est content. Depuis que l’église Sainte-Rita, dans le quinzième arrondissement de Paris, est devenue une salle d’escalade, ses fidèles, plus qu’autrefois, réussissent à se rapprocher du ciel.

Le billet d'humeur de François Morel dans le 7/9 (8h55 - 18 Octobre 2024)
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Transcription
00:00Bonjour François Morel ! Bonjour ! Le bon Dieu a des états d'âme, aujourd'hui
00:11il est content.
00:12Depuis que l'église Sainte Rita, dans le 15ème arrondissement de Paris, est devenue
00:16une salle d'escalade, ses fidèles, plus qu'autrefois, réussissent à se rapprocher
00:21du ciel.
00:22Et le bon Dieu, préférant ignorer que son église a été désacralisée, distingue enfin
00:27tous ces grimpeurs qui atteignent les nus.
00:29Et là-haut, dans ces nuages, parmi tous les anges de la consolation et de la résurrection,
00:35voltant joyeuse et insouciant autour de lui, le bon Dieu y voit un motif de satisfaction.
00:40Le bon Dieu est content.
00:42Le bon Dieu a des états d'âme, aujourd'hui il est méfiant.
00:46Depuis le temps qu'on le donne sans confession à tous ces braves gens, pères de familles
00:51honorables, estimables citoyens, qu'on retrouve dans les prétoires, les tribunaux, les salles
00:56d'audience, poursuivies pour crimes divers ou viols aggravés, le bon Dieu ne sait plus
01:02du tout à quel sein se vouer.
01:03Et le bon Dieu repense tristement à cet abbé, jadis champion de la charité, athlète du
01:10dévouement, tête de gondole de la bonté qu'il a été obligé de renvoyer du paradis
01:15pour le rétrograder dans les limbes infernaux du châtiment éternel.
01:20Le bon Dieu est méfiant.
01:22Aujourd'hui, le bon Dieu est désespéré.
01:25Il a des états d'âme.
01:27Depuis le temps qu'on trucie dans son nom et qu'on tue et qu'on massacre et qu'on
01:31assassine et qu'on égorge et qu'on poignarde et qu'on décapite et qu'on lynche et
01:35qu'on en appelle à son jugement pour le montrer toujours plus vengeur, toujours plus
01:40justicier, toujours plus cruel, le bon Dieu pleure toutes les larmes de son corps immatériel.
01:46Et le bon Dieu là-haut, sur son nuage de regrets et de chagrin et de consternation
01:51et d'accablement demande à Jean-Sébastien si ça ne le dérange pas de bien vouloir
01:56lui jouer quelque chose pour le consoler dans sa peine et profonde, sa tristesse infinie.
02:03Si c'est dur d'être aimé par des cons, se dit-il, c'est encore plus dur d'être
02:07aimé par des vicieux et des assassins et des salauds en tout genre.
02:11Alors le bon Dieu, saisissant ses jumelles anti-buées qu'il peut utiliser même quand
02:18il éclate en sanglots, tout en pensant à Saint Trita, la patronne des causes désespérées,
02:24tournant la molette centrale, un œil fermé, fait sa mise au point sur ce lieu de culte
02:29sans charme spécifique du 15e arrondissement, l'église Saint Trita, où eurent lieu les
02:36bénédictions d'animaux et les rites traditionnalistes de doctrinaire passéiste.
02:41Et le bon Dieu, pour se calmer, pour s'apaiser et se distraire un peu, observe les grimpeurs
02:47qui, patiemment, vaillamment, sans souci de rachat ou de pardon, tentent de monter
02:52toujours plus haut, sans prendre la peine à aucun moment de s'occuper de lui.
02:57Et le bon Dieu, souriant, plein de gratitude, murmure dans un soupir, « Merci de m'oublier un peu. »

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