• il y a 11 mois
Ce vendredi, François Morel veut prendre le temps de nous présenter ses vœux. Il a noté que cette année, ceux qu'il reçoit sont mitigés. Le monde aurait-il envahi l'intimité ?

Le billet d'humeur de François Morel dans le 7/9 (8h55 - 12 Janvier 2024)
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-francois-morel/le-billet-de-francois-morel-du-vendredi-12-janvier-2024-7627644
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Amusant
Transcription
00:00 François Morel, bonjour et bonne année François !
00:08 Justement, justement, c'est ma première chronique en cette année 2024, ce qui se
00:13 fait en général c'est de présenter ses voeux.
00:15 Je veux bien le faire, mais j'ai peur que ça casse l'ambiance.
00:19 Les voeux que j'ai reçus depuis le début de l'année, de la part de connaissances,
00:23 de collègues, d'amis, de copains, sont tous absolument sinistres.
00:26 Je suis désolé de le dire, ce sont des voeux, mais du genre inquiétants, du genre angoissants,
00:32 presque des menaces, des soupes à la grimace.
00:34 Ça part toujours d'un bon sentiment, bien sûr, mais chacun voit bien que souhaiter
00:38 des voeux en ce moment, c'est un peu inopportun, un peu saugrenu, pas loin d'être obscène.
00:43 Donc, on souhaite la bonne année quand même, par habitude, par sympathie, par convenance,
00:49 par sincérité, souvent, mais on ajoute aussitôt une formule du style « malgré tout, en dépit
00:54 du contexte actuel, dans les circonstances dramatiques que nous connaissons, si bien
00:59 qu'à la place de promesses de bonheur, de félicité, de joie qu'on serait en droit
01:04 d'attendre, on se tape un rappel obsédant de la folie du monde, des guerres en Ukraine,
01:09 à Gaza, de l'ambiance sinistre et des perspectives inquiétantes dues notamment au réchauffement
01:15 climatique ». J'ai l'impression qu'avant, je ne sais pas quand, mais avant, il y avait
01:20 d'un côté la vie intime, familiale, personnelle, qui bon an, mal an, n'allait pas si mal,
01:25 quoi qu'on en dise, puis de l'autre côté, le monde, toujours en crise, toujours au bord
01:30 de l'explosion, à feu et à sang, comme ça a l'air d'être sa vocation depuis
01:34 toujours.
01:35 Éruptions volcaniques, tremblements de terre, un Attila qui envahit l'Europe, une peste
01:39 qui tue la moitié de la population, un Napoléon qui envoie les greniards se faire tuer en
01:44 Russie, des communards qui se font massacrer, des poilus agonisant dans les tranchées,
01:49 des armements envahissent en Paris, un Hitler génocident à tout va, des exterminations,
01:53 de la torture en Algérie, des tours qui s'écroulent à Manhattan, des attentats terroristes, j'oublie
01:58 un certain nombre d'autres catastrophes au cours de l'histoire, par souci de ne pas
02:02 dépasser mon temps imparti, mais tous les ans, au mois de janvier, sans aucune arrière-pensée,
02:07 tout le monde se disait « bonne année, bonne santé ». Aujourd'hui, on dirait que ce
02:11 n'est plus tout à fait possible, le monde a envahi l'intimité, l'univers s'est
02:16 missé dans la vie privée, le chaos s'est installé dans la chambre d'amis.
02:20 Alors, pour ne pas le réveiller, afin qu'il nous laisse un peu de répit, je vous le dis,
02:24 mais sans insister discrètement dans le creux de l'oreille, la formule consacrée par la
02:28 grand-mère d'un copain « bonne année, bonne santé, beau coup de sou dans le porte-monnaie ».
02:33 Merci François Pau, Morel et on vous retrouve la semaine prochaine.

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