Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique , était l’invitée du Face-à-Face sur BFMTV et RMC ce vendredi 18 octobre. Elle a notamment évoqué les inondations en Ardèche, les épisodes cévenols et le traitement de la catastrophe naturelle.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00BFM TV face à face. Apolline de Malherbe.
00:10Il est 8h32 et vous êtes bien sur AMC et BFM TV. Bonjour Agnès Pannier-Runacher.
00:14Bonjour Apolline de Malherbe.
00:16Merci d'être avec nous ce matin. Vous partirez juste après cet entretien en direction de l'Ardèche et de la Loire pour aller voir les sinistrés et l'ampleur des dégâts.
00:25Vous êtes la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques.
00:30Et c'est simple, on va parler de tout cela ce matin, du bilan de la situation bien sûr, mais aussi des conséquences, des conséquences pour les Français,
00:37des conséquences sur la facture aussi des Français et des moyens qui sont octroyés à la lutte contre ces situations qui se multiplient.
00:46Mais d'abord, au moment où l'on se parle, Agnès Pannier-Runacher, quelle est la situation en termes de sinistrés, en termes aussi de secours qui ont été apportés ?
00:56D'abord, je veux dire toutes les pensées que j'ai pour les sinistrés. Moi, je viens d'un département, le Pas-de-Calais, qui a été inondé plusieurs fois.
01:05Donc je sais vraiment le type de situation et de traumatisme que ça représente pour les personnes de se trouver dans cette situation de vulnérabilité,
01:13avec de l'eau qui monte dans les caves, avec leurs véhicules qui sont emportés comme des fétus de paille par des cours d'eau.
01:21Et je veux leur dire tout mon soutien. Nous avons aujourd'hui 18 départements qui sont en vigilance orange.
01:28Cela veut dire que nous n'avons plus de départements en vigilance rouge.
01:32Ça, c'est une bonne chose. Mais les précipitations continuent à tomber.
01:36Et pour vous donner une idée, à certains points de l'Ardèche, il est tombé jusqu'à 700 mm d'eau en 48 heures.
01:44C'est plus que les précipitations en une année à Paris. Donc c'est absolument gigantesque. On n'a pas de souvenir de cela.
01:54Vous avez dit de mémoire d'hommes. Ça n'était pas arrivé.
01:58Oui, tout à fait. Alors, les statistiques ne sont pas suivies depuis deux siècles.
02:04Là, on a un recul qui est de quelques dizaines d'années. Mais néanmoins, on s'aperçoit que là, on est face à quelque chose de massif
02:13et qui doit donc nous faire toucher du doigt collectivement que nous sommes face à des épisodes qui sont liés au dérèglement climatique.
02:21Des inondations...
02:22Vous faites immédiatement le lien. Il ne s'agit pas d'un épisode qui serait isolé.
02:27Non. Et on le voit ici. Des inondations, on en a connu. Des inondations très marquantes.
02:32On a tous en mémoire l'épisode de Vaison-la-Romaine qui avait été une meurtrissure pour les Françaises et les Français.
02:38Mais la répétition, la diversité des épisodes... On avait trois épisodes climatiques ensemble, à la fois sur les Alpes-Maritimes,
02:47un épisode méditerranéen sur l'Ardèche, la Loire et le Rhône, un épisode Sévenol.
02:53Et puis cette dépression qui est remontée depuis les Pyrénées-Atlantiques et qui a terminé ou est en train de terminer sur l'île de France et l'Oise
03:04avec les inondations qu'on a connues. C'est la cinétique sur les cours d'eau.
03:09C'est-à-dire qu'en quelques minutes, en quelques dizaines de minutes, un cours d'eau qui a l'air d'être relativement tranquille
03:16commence à se gonfler, à monter, à déborder et dépasse très largement ce qu'on a connu.
03:21Cela, nous devons nous y habituer, ces répétitions, cette situation, et nous devons nous armer pour y faire face.
03:29– Nous devons nous y habituer, nous devons nous armer.
03:31On va développer précisément ce que vous entendez par là et voir si vous avez les moyens de faire face.
03:36Mais au moment où l'on se parle, on le disait, il n'y a plus de vigilance rouge.
03:42Il y avait six départements hier soir en vigilance maximale, c'était du jamais vu.
03:47En effet, en même temps, il y a certains maires, on avait tout à l'heure en ligne avec nous sur RMC,
03:54le maire de Rive-de-Gillet, qui disait que chez lui, il y avait eu 4 mètres d'eau de hausse de la rivière en 12 heures,
04:022 mètres de baisse en 12 heures dans l'autre sens.
04:05Donc ça descend aussi rapidement, mais évidemment moins rapidement que ça ne monte.
04:08Et il s'inquiétait immédiatement aussi des indemnisations qui allaient être données à ses habitants.
04:13On a vu des images de ces voitures qui sont encastrées les unes dans les autres.
04:18Est-ce que les assurances suivent ? Est-ce que la situation de catastrophe naturelle va être rapidement dénoncée ?
04:26Oui, tout à fait. Je crois que nous sommes dans le temps de la gestion de l'urgence.
04:31Il faut d'abord sécuriser les gens et je le redis, consignes de prudence absolues lorsqu'il y a des consignes de prudence des services de secours.
04:40C'est pour vous protéger et c'est pour protéger les interventions des services de secours.
04:45Donc on ne s'engage pas dans une rue qui est barrée.
04:48On a eu quelques cas de gens s'engageant dans des rues barrées et qui se sont retrouvés coincés face à l'eau qui montait.
04:54C'est extrêmement dangereux. On ne se rapproche pas des cours d'eau lorsqu'ils montent, évidemment.
05:01Nous sommes maintenant dans le moment où il faut prendre la mesure des dégâts et il faut réparer.
05:11Nous allons très rapidement traiter le sujet de la catastrophe naturelle.
05:16On sait bien que ceux qui sont sinistrés attendent toujours ce verdict pour pouvoir être indemnisés à la hauteur de la catastrophe.
05:24Vous savez que par exemple sur l'épisode d'inondation qui a eu lieu il y a quelques jours en Seine-et-Marne, nous avons très rapidement pris les mesures.
05:34Au moment où on se parle, on sait qu'hier il y a eu 1000 personnes évacuées sur la seule région Auvergne-Rhône-Alpes, des coupures d'électricité.
05:42Est-ce que vous avez les tout derniers chiffres ?
05:44Sur le service d'électricité, on a à peu près tout rétabli.
05:50Il reste encore des sinistrés qui sont plutôt de l'ordre d'une centaine qui n'ont pas encore retrouvé leur domicile.
05:59Mais effectivement, il y a une nette amélioration.
06:01J'en ai discuté tout à l'heure avec les services de pompiers du ministère de l'Intérieur, puisque le ministère de l'Intérieur est évidemment mobilisé.
06:11C'est eux qui assurent toute la partie sécurité civile.
06:15La nuit dernière a été moins pire que ce à quoi on s'attendait.
06:21Précisément sur cette question, Agnès Pannier-Runacher, vous êtes aussi ministre, je cite, de la prévention des risques.
06:26Est-ce que les systèmes de vigilance, est-ce que les alertes ont été à la hauteur ?
06:33Alors, nous avons, vous l'avez d'ailleurs vous-même dit, déclaré très vite la vigilance rouge et c'était inédit.
06:41Et le système FR Alert, qui est un système de textos qui sont envoyés aux personnes qui sont dans les zones à risque, a été utilisé en Ardèche à plusieurs reprises.
06:53Il n'a pas été utilisé dans le Rhône.
06:56Je crois qu'en Ardèche, on a un exemple, on sait qu'à Annonay, par exemple, l'alerte a été donnée à 10h10, à 10h25, le barrage cédait.
07:03Oui, tout à fait.
07:04Est-ce que ça a été suffisamment anticipé ? Est-ce que ça aurait pu être davantage anticipé ?
07:09Ça, c'est, je pense, un des enjeux du retour d'expérience qu'on doit faire sur ces épisodes.
07:14Mais il commence maintenant le retour d'expérience avec vous, madame la ministre.
07:17C'est pour ça que je vous en parle.
07:19On a les bonnes alertes, mais on a une difficulté à prévoir la rapidité de la montée des eaux.
07:26C'est-à-dire que le régime d'eau aujourd'hui est beaucoup plus rapide que ce que nous modélisions.
07:32Tous les cours d'eau ne sont pas suivis non plus par Vigicru.
07:35Vos experts en météo...
07:38Tout à l'heure, Marc Eye disait qu'il y avait une difficulté à prévoir parce que certains cours d'eau n'étaient tout simplement pas surveillés.
07:43On n'a pas d'historique.
07:45On ne connaît pas leur cinétique parce qu'en fait, on n'a jamais eu ce problème.
07:48Et donc, c'est là où l'adaptation au changement climatique est une priorité absolue.
07:53Et à l'inverse, je veux préciser les choses.
07:55On a eu tout à l'heure un auditeur qui nous a appelés sur RMC.
07:57Il s'appelle Youssef. Il habite dans le Var.
07:59Et il disait que là, pour le coup, les écoles dans son coin du Var ont été fermées alors qu'il n'y a quasiment pas eu de pluie.
08:06Il a encore l'une de ses filles sur les bras, j'allais dire, aujourd'hui, ce matin, alors qu'il ne pleut plus.
08:13Est-ce qu'il n'y a pas un manque de réactivité ?
08:15C'est-à-dire, pour le coup, un excès parfois de zèle ?
08:17Alors, il ne faut pas non plus reprocher à certaines autorités de prendre des décisions pour protéger les Françaises et les Français.
08:25Mais à l'inverse, quand ça se calme, est-ce qu'on ne peut pas plus rapidement mettre un système, je ne sais pas, de SMS aux parents en disant que les écoles sont ouvertes ?
08:32C'est ce qu'on fait. Mais il faut quand même être conscient que, vu la rapidité avec laquelle les éléments interviennent,
08:36par exemple, le maire d'Anneau-Nez a pris des décisions très rapides à 8 heures du matin en disant à ses administrés
08:43« Peut-être que je suis trop précautionneux, mais je ne veux mettre personne en situation de difficulté. »
08:48Et vraiment, je salue le travail remarquable qu'a fait ce maire pendant tout l'épisode et au travers de lui, les élus locaux.
08:54Il était en première ligne, il a pris des décisions, il savait que peut-être il protégeait les enfants et qu'ils restaient à la maison à tort.
09:02Et finalement, il a eu raison de le faire parce que l'eau montait trop vite.
09:05Mais nos systèmes de modélisation aujourd'hui, notamment des cours d'eau, sont dépassés par les éléments météorologiques.
09:12C'est-à-dire que ce qui arrive est tellement inédit que nous n'avons pas le recul historique, le recul scientifique,
09:20pour correctement les matérialiser, les modéliser et avoir le niveau précis de vigilance.
09:27Mais précisément, avez-vous les moyens de faire face à cet inédit ? C'est-à-dire, je pense aux moyens financiers.
09:34Est-ce que Agnès Pannier-Runacher, face à la situation telle qu'on la voit depuis hier, mais aussi depuis des semaines,
09:40vous dites par exemple que Vigicru n'est sans doute pas suffisamment présent et n'a pas suffisamment de modèles réajourés.
09:48Est-ce que vous allez pouvoir investir, innover à la hauteur de la situation ?
09:53Il faut un budget qui soit à la hauteur de la situation et ce n'est pas le cas aujourd'hui.
09:58Ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
10:00Ce n'est pas le cas aujourd'hui, je vous le dis très clairement.
10:02Et je pense qu'aujourd'hui, et j'attends de la représentation nationale de se saisir de ce sujet.
10:07Je ne sais pas s'il faut encore attendre des drames pour comprendre que c'est une absolue nécessité d'investir dans l'adaptation au changement climatique.
10:15D'investir aussi, je me permets d'insister, parce que j'ai lu avec intérêt le contre-projet de budget du Rassemblement national qui coupe toutes les crédits à l'écologie.
10:25C'est évidemment extrêmement dangereux pour les Françaises et les Français, parce qu'il faut aussi investir dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre.
10:33Faut-il attendre que la situation devienne intenable pour agir ? Je ne crois pas.
10:38Donc, la question de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, premier pilier de notre action.
10:43La question de l'adaptation au changement climatique, comment on équipe les gens en bâtard d'eau, c'est ce que moi je vis dans le Pas-de-Calais.
10:49En bâtard d'eau, on a des digues plus élevés, on a des zones d'expansion de crues et on travaille avec, par exemple, les agriculteurs pour savoir comment...
10:57On va revenir dans les détails, mais ce que j'entends Agnès Pannier-Runacher, c'est qu'aujourd'hui, le compte n'y est pas.
11:03Tout à fait. Aujourd'hui, en matière budgétaire, sur l'adaptation au changement climatique et sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, le compte n'y est pas.
11:12Je crois qu'il faut ouvrir les yeux.
11:14Mais il faut ouvrir les yeux. Ce qui est étonnant, c'est que vous avez l'air d'avoir renoncé à pouvoir convaincre le Premier ministre.
11:21Désormais, vous vous tournez vers la représentation parlementaire. Vous espérez, en fond, si je vous entends bien, que les députés fassent le job là où Matignon ne l'a pas fait.
11:29Alors, je ne partage pas ce point de vue parce que le Premier ministre a été très clair sur l'enjeu de la dette écologique au regard de la dette financière.
11:36Il en a immédiatement parlé, d'ailleurs. Il a été à votre poste il y a quelques années.
11:40Il était à mon poste. Il a monté le fonds Barnier. Il souhaite qu'on revienne sur le fonds Barnier et justement qu'on y travaille pour hausser le niveau de jeu.
11:48Donc, je sais que le Premier ministre va prendre la mesure du sujet.
11:51En termes d'intention, oui. En termes de sous ?
11:53En termes de sous, c'est maintenant qu'on discute. Vous savez qu'une partie du budget va être amendée par voie gouvernementale.
12:00La copie, et ça, ça a été très clairement dit, qui a été présentée, elle a été construite par cette équipe en trois semaines.
12:07Donc, c'est très court par rapport au temps de construction d'un budget.
12:11Donc, vous êtes indulgente sur les erreurs qui auraient pu être faites en termes de chiffrage, le fait que le compte n'y soit pas.
12:16Et vous vous dites qu'aujourd'hui, peut-être, enfin, ça va être amélioré, gonflé par la représentation parlementaire.
12:23Tout à fait. Et puis, il y a aussi une chose très simple.
12:26C'est que sur les catastrophes naturelles, nous sommes aujourd'hui à un niveau inédit de catastrophes naturelles déclarées.
12:34Et nous avons encore trois mois, deux mois et demi avant la fin de l'année.
12:41C'est-à-dire que le gros des catastrophes arrive, en règle générale, en fin d'année, pas au mois d'octobre.
12:48Et c'est là aussi où il faut être extrêmement vigilant. Nous n'avons pas terminé l'année.
12:52Donc, effectivement, il va falloir se retrousser les manches.
12:55Moi, je suis quelqu'un de très responsable d'un point de vue financier.
12:58Vous ne vous menacez pas de démissionner si vous n'auriez pas les moyens de votre action ?
13:02Moi, je veux surtout travailler à avoir les moyens de mon action. C'est comme ça que je vois les choses.
13:06Donc, vous pensez que la situation ne se présentera pas, que les moyens, vous les aurez ?
13:09Exactement. En tout cas, je vais me battre pour ça. Si je ne les ai pas, j'en tirerai les conclusions.
13:13Mais aujourd'hui, on est sur l'action. Je serai sur le terrain ce matin avec mon collègue Nicolas Daragon.
13:20Je sais que le Premier ministre suit la situation de très près.
13:24Si je ne les ai pas, j'en tirerai les conclusions ?
13:28Tout à fait. Mais ça, je pense que dans toute l'action d'un ministre, il faut toujours savoir où on habite et pourquoi on est là.
13:36Et c'est donc pour vous essentiel. Il y a, au-delà de la question des enveloppes sur les catastrophes climatiques,
13:41il y a aussi des points sur la rénovation énergétique, par exemple, qui, dans le budget tel qu'il est, ma prime rénove.
13:47J'ai regardé les chiffres. C'était un milliard de plus en 2024 que ce qui est prévu dans le budget 2025.
13:55Là, il y a prévu 2,3 milliards pour ma prime rénove en 2025. C'était donc un milliard de plus en 2024.
14:00Qui va en faire les frais ?
14:03Pour le coup, sur ce sujet-là, la réalité, c'est qu'on aura consommé, en tout cas, c'est les prévisions, 1,7 milliard, semble-t-il, d'ici la fin de l'année.
14:13On est à peu près dans ces eaux-là. Donc, en fait, le budget tel qu'il est prévu va au-delà de la consommation 2024.
14:21Donc, ce n'est pas forcément là que je mettrai...
14:23Donc là, vous estimez qu'il y a quand même de la marge et que vous avez les moyens.
14:26Moi, je constate aujourd'hui que nous ne consommons pas le budget de ma prime rénove et donc que l'enjeu est ailleurs.
14:32C'est probablement un enjeu d'accessibilité à ma prime rénove, de facilité d'emploi de ma prime rénove.
14:38Et nous devons y travailler. Nous voulons y travailler avec Valérie Lézard.
14:41Le fonds vert, le fonds vert, un milliard de moins également dans le projet de loi de finances que l'an dernier.
14:46En revanche, il y a clairement deux sujets sur lesquels on a des projets. On a des élus locaux qui sont mobilisés.
14:52On a la possibilité de baisser la facture pour les Français.
14:55C'est d'un côté le fonds chaleur qui est ce fonds qui permet de développer des énergies renouvelables
15:01et de baisser le coût du chauffage dans un certain nombre de villes moyennes.
15:05Ça, on peut faire des progrès. Et effectivement, vous le mentionnez, le fonds vert,
15:09c'est un fonds qui est plébiscité par les collectivités locales.
15:12C'est un fonds qui couvre notamment les financements d'adaptation au changement climatique,
15:16c'est-à-dire tous ces efforts pour faire en sorte de résister à des crus, à des inondations.
15:22Et là, pour le coup, il faut être à la hauteur des enjeux.
15:25Donc là, vous demandez à ce que ce fonds-là soit abondé davantage ?
15:28Je pense qu'on en a absolument besoin, effectivement.
15:30Agnès Pannier-Runacher, la taxe sur l'électricité, il y a eu une certaine confusion dans les derniers jours
15:35et on a compris qu'effectivement, le budget prévoyait de récupérer de l'argent,
15:40c'est-à-dire que la baisse soit moindre qu'elle n'aurait pu l'être pour les Français,
15:44qui étaient en fin au fameux bouclier tarifaire, mais donc en remontant les taxes sur l'électricité.
15:49Or, hier soir, la commission des finances a fait sauter cette possibilité
15:53pour le gouvernement de remonter cette taxe. Est-ce que vous vous en réjouissez ?
15:58Écoutez, moi, je ne cache pas qu'aller au-delà de la fin du bouclier énergétique me paraît dangereux
16:07au moment où nous avons besoin de développer l'électrification de notre système énergétique
16:12puisque ça fait baisser les gaz à effet de serre.
16:15Nous sommes producteurs d'électricité, nous ne sommes pas producteurs d'énergie fossile,
16:19donc c'est bon pour l'économie, c'est bon pour la facture des Français et c'est bon pour le climat.
16:24Et je note que sur ce sujet-là, il y a un certain consensus.
16:29Il y a un consensus, c'était pas dans le budget.
16:31On va repréciser bien les groupes politiques.
16:33Les Français comprennent parce qu'effectivement, il y a eu une certaine confusion.
16:36En gros, il y avait un très haut niveau de taxes, je parle de avant la crise de l'inflation,
16:41cette taxe a été très largement baissée pour faire face, c'était le fameux bouclier tarifaire.
16:46Et alors que les tarifs globaux de l'électricité dans le monde ont très largement baissé,
16:53le gouvernement s'est dit dans ce dernier budget, c'est peut-être l'occasion de remonter les taxes
16:58et peut-être même de les remonter au-delà du niveau initial pré-inflation.
17:03C'est cela auquel vous vous opposez.
17:06Mon groupe, Ensemble pour la République, a effectivement indiqué qu'il ne souhaitait pas
17:11aller au-delà du niveau de taxes qui était présent avant la crise de l'énergie.
17:18Je me réjouis que le débat ait eu lieu.
17:20Vous savez que le texte, lorsqu'il va arriver à l'Assemblée nationale, sera présenté,
17:25que le débat va avoir lieu à nouveau.
17:28C'est important aussi de repréciser les choses.
17:30Tout cela est complexe et d'ailleurs, à la fin, ce sera peut-être tout simplement le 49.3 qui décidera.
17:33Ce débat a lieu aujourd'hui sur le budget, mais la copie telle qu'elle sera dans sa décision,
17:39vous resterez vigilante parce que le gouvernement dont vous faites partie,
17:45cette situation est quand même un peu cocasse,
17:47disons qu'en tout cas, le Premier ministre aura le dernier mot
17:49et s'il veut remettre cette taxe et la remonter davantage, il pourra toujours le faire.
17:52Non, c'est l'Assemblée nationale et le Sénat qui ont le dernier mot
17:55dans cette configuration politique et tout le monde l'a compris.
17:58S'il y a un 49.3 ?
18:00Il faut à la fin voter un texte avec un 49.3.
18:05Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que nous devons effectivement porter ce texte.
18:12Nous sommes un gouvernement de coalition.
18:14Le Premier ministre a dit qu'il serait à l'écoute des groupes politiques.
18:17Hier, tous les groupes politiques ont dit qu'aller au-delà de la taxe antérieure,
18:25du mégawattheure, c'était un problème en termes de pouvoir d'achat,
18:30mais c'était aussi un problème pour la compétitivité des entreprises.
18:35Aujourd'hui, compte tenu de la rapidité avec laquelle on a monté le budget,
18:40on a eu des échanges, évidemment.
18:42Moi, j'ai remis sur la table un certain nombre de propositions,
18:47mais il fallait remettre la copie au Parlement.
18:49Je crois qu'il faut aussi redire très clairement que lorsqu'on a trois semaines pour préparer,
18:53et on l'a dit avec beaucoup d'humilité, ce budget, c'est un document martyre
18:58qui est fait pour être discuté avec les politiques.
19:00Vous espérez donc que le débat de l'Assemblée va garder la suppression,
19:02en tout cas le chapeau de cette taxe.
19:05Est-ce que vous avez le sentiment parfois que l'écologie,
19:08et c'est d'autant plus paradoxal quand on voit l'épisode que traverse la France,
19:12que l'écologie est un peu sacrifiée ?
19:16Alors, je ne le dirai pas dans ces mots parce qu'il est normal,
19:20lorsqu'on a une situation financière difficile, que tout le monde fasse des efforts.
19:24En revanche, il faut lever l'oeil de la copie
19:28et il ne faut pas avoir une approche brutalement comptable.
19:31Lorsqu'on regarde ce qui se passe aujourd'hui,
19:34où on va dépenser des dizaines de millions d'euros pour réparer,
19:38alors qu'on aurait pu utiliser ces dizaines de millions d'euros pour protéger,
19:43ce n'est pas une bonne façon d'utiliser l'argent public.
19:46L'enjeu aujourd'hui, c'est de faire en sorte de prévenir les dégâts du dérèglement climatique
19:52pour ne pas avoir à payer des dizaines, voire des centaines de millions d'euros demain du fait de ces dégâts.
19:59Merci beaucoup Madame la Ministre d'être venue dans ce studio ce matin,
20:03faire ce premier bilan.
20:05Agnès Pagny-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l'énergie et du climat.
20:09Juste après cet entretien, vous partez justement en Ardèche et dans la Loire.
20:13Je rappelle qu'il y a toujours 18 départements qui sont en vigilance orange.
20:17Il est 8h52 sur RMC-BFMTV.