L’Italie « externalise » ses migrants en Albanie, pourquoi cette solution est fragile

  • il y a 4 heures
L’extrême droite italienne a-t-elle trouvé sa solution miracle ? Un peu moins d’un an après la signature d’un accord migratoire controversé entre l’Italie et l’Albanie, les premiers migrants arrêtés dans les eaux italiennes sont arrivés sur le sol du petit État européen, mercredi 16 octobre, une externalisation de la demande d’asile jamais vue sur le continent.

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Transcription
00:00Ceci n'est pas une prison de haute sécurité,
00:02c'est la solution qu'a trouvée l'Italie pour ses migrants.
00:05Et elle se trouve en Albanie.
00:06Mercredi 16 octobre, la marine italienne a débarqué
00:09les premiers exilés dans ce centre de rétention
00:12en vertu d'un nouvel accord entre Rome et Tirana.
00:14On vous explique.
00:22Fin 2023, Giorgia Meloni a donc convaincu l'Albanie
00:26d'externaliser l'asile sur son petit territoire.
00:29Pour les migrants interceptés par la marine italienne
00:31dans les eaux internationales,
00:33l'accord d'une durée d'au moins 5 ans instaure ce parcours.
00:36D'abord, un premier contrôle sur un navire militaire,
00:39puis un transfert vers le port albanais de Schengen.
00:42Là-bas, des forces de l'ordre italienne délocalisées
00:45les identifient et recueillent leur demande d'asile.
00:48Pendant l'examen de celle-ci,
00:49les exilés sont retenus sur une ancienne base militaire
00:52dans un centre qui a tout d'une prison.
00:54Des cellules ont même été installées en cas d'expulsion.
00:57Cet accord concerne seulement les hommes repêchés
01:00et jugés non vulnérables, ni les femmes, ni les enfants.
01:03Les premiers arrivés sont un groupe de 16 hommes
01:05originaires d'Egypte et du Bangladesh.
01:08Alors, est-ce que l'extrême droite italienne
01:09a trouvé sa solution miracle ?
01:11Eh bien, ça reste à prouver.
01:13D'abord, tout cela a un coût.
01:1465 millions d'euros pour la construction du camp,
01:17puis 160 millions par an pour son fonctionnement.
01:20C'est aussi une galère logistique.
01:22Il faut délocaliser les fonctionnaires italiens.
01:25La capacité du camp est aussi limitée.
01:27Les migrants déboutés,
01:28mais dont le rapatriement dans leur pays se complique,
01:31devront être retournés en Italie.
01:33Ça fait beaucoup de va-et-vient.
01:34Et enfin, il y a le droit.
01:35Plusieurs ONG pointent un transfert en Albanie
01:37qui ne correspondrait pas à un débarquement rapide
01:40en lieu sûr réclamé par les traités.
01:42Amnesty International dénonce aussi une détention
01:45automatique, arbitraire et potentiellement prolongée.
01:48Le tout selon un critère de non-vulnérabilité mal défini.
01:55Malgré tout, cette expérimentation pourrait faire des petits.
01:58L'Allemagne et le Royaume-Uni se sont montrés intéressés.
02:00Et même la présidente de la Commission européenne
02:03a affirmé que l'Europe pourra tirer les leçons de cette expérience.
02:06Un encouragement au lieu, pressé, rappelons-le,
02:09par un contexte bien particulier,
02:11celui d'une montée de l'extrême droite sur le continent.
02:25— Sous-titrage Société Radio-Canada

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