Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg

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00:00Actu locale, musique et bonne humeur.
00:03Allez, 8h moins le quart, un très bon début de journée avec France Bleu Alsace.
00:06La ville de Strasbourg, Louise Adelaïde, risque de devoir se serrer la ceinture.
00:10Comme toutes les communes et collectivités d'Alsace puisque le gouvernement demande
00:13un effort total de 5 milliards d'euros aux collectivités françaises.
00:17Des économies pour faire passer un budget national extrêmement alourdi par la dette
00:22laissée par le gouvernement.
00:23Et ce budget arrive aujourd'hui en commission à l'Assemblée Nationale.
00:27Alors comment honorer cette demande de l'État ?
00:29On en parle avec vous ce matin, Jeanne Barzéguian, bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Vous êtes la maire de Strasbourg.
00:33Alors selon l'Association Intercommunalité de France, les efforts qui vous seront demandés
00:38seront de l'ordre de 9 millions d'euros environ.
00:41Est-ce que vous confirmez cette somme ?
00:42Est-ce qu'on vous l'a déjà annoncé ou pas du tout ?
00:45Alors, on ne nous a rien annoncé officiellement, mais j'ai entendu, comme vous,
00:50les annonces gouvernementales.
00:51J'ai vu les documents qui sont proposés à la discussion au Parlement
00:55et c'est tout simplement inacceptable.
00:57C'est inacceptable et puis c'est complètement hors-sol.
01:01Moi, l'impression que ça me donne, c'est qu'on veut faire porter
01:05aux collectivités locales, qui sont de bonnes gestionnaires,
01:08dont la dette est stable, voire diminue depuis 30 ans,
01:12le fiasco budgétaire et financier de l'État,
01:16dont la dette explose pour le coup avec 90% du PIB.
01:22Donc c'est inacceptable.
01:24On dit aussi qu'on va faire porter l'effort aux plus grosses collectivités,
01:27sauf que les plus grosses collectivités, comme la ville et la métropole de Strasbourg,
01:30ce sont celles qui ont aussi le plus grand taux de pauvreté,
01:34celles dans lesquelles les besoins sont les plus forts,
01:36celles qui doivent investir le plus aussi dans l'adaptation
01:40et la lutte contre le changement climatique,
01:42puisqu'on concentre deux tiers des gaz, des émissions de gaz à effet de serre.
01:46Donc c'est inacceptable et profondément injuste.
01:51Et je compte, évidemment, on ne laissera pas passer ça.
01:53Je peux vous dire que toutes les collectivités locales sont remontées partout en France,
01:59quelle que soit leur sensibilité politique.
02:01J'étais à France Urbaine la semaine dernière à Lyon et on ne laissera pas passer ça.
02:06Et je compte sur le gouvernement pour revenir à la raison
02:09et sur les parlementaires pour lui faire entendre raison.
02:12Est-ce que vous pensez qu'il y a une marge de manœuvre qui est possible ?
02:14Donc voilà, on le dit aujourd'hui, ça passe en commission.
02:16Il y a encore des votes ensuite.
02:18Est-ce qu'on est déjà résignés ou il y a quand même un petit peu d'amplitude
02:22pour essayer de faire réduire cette somme de 5 milliards ?
02:25Ah non, on n'est vraiment pas résignés.
02:26Vous me trouvez résignés ce matin.
02:29Non, au contraire, je pense que vraiment, on doit tout mettre en œuvre
02:31pour que ces mesures soient retirées.
02:34J'entends aussi beaucoup de cacophonie au sein même du gouvernement.
02:39Je pense qu'ils ne sont pas d'accord entre eux.
02:43Il y a encore beaucoup de sujets incertains.
02:45Pour répondre plus précisément à votre question,
02:47nous, on a entendu parler d'une baisse des recettes de 9 millions d'euros
02:50pour la ville de Strasbourg, mais aussi du gel du fonds de compensation de la TVA
02:53et aussi d'une hausse des contributions aux caisses nationales
02:57des retraites pour les fonctionnaires locaux.
03:00Donc, en fait, cela ajouté, ça pourrait même monter
03:02si on va jusqu'au bout à plus de 14, 15 millions d'euros
03:07pour la ville de Strasbourg et bien plus encore pour l'euro métropole.
03:11C'est tout simplement impossible parce que ça signifierait quoi ?
03:14Ça signifierait sabrer dans nos services publics.
03:17Moi, je ne sais pas faire ça.
03:18Ça veut dire quoi ? 9 millions d'euros, c'est notre budget de la petite enfance.
03:22Alors, on fait quoi ? On ferme les places de crèche.
03:25C'est nos subventions au centre socioculturel.
03:28On arrête les animations dans les quartiers.
03:31Ou encore, c'est le reste à charge pour la collectivité.
03:34Une fois que les parents ont payé le ticket de cantine, donc on fait quoi ?
03:37On empêche certains enfants de se rendre à la cantine le midi.
03:41On voit bien que c'est absurde.
03:44Nos collectivités sont de bonnes gestionnaires.
03:46Ce qui me met aussi en colère, c'est qu'on encaisse les crises
03:49depuis maintenant quatre ans, les crises sanitaires.
03:52Chaque fois, on nous caresse dans le sens du poil en disant c'est formidable.
03:55Les maires, les élus locaux, ils ont géré la crise sanitaire.
03:58Ils ont mis en place les centres de vaccination.
04:01Ils sont formidables.
04:02Ils ont accueilli les familles déplacées d'Ukraine.
04:05Ils sont formidables. Ils ont géré les émeutes urbaines.
04:07Et à la fin, voilà le résultat.
04:09Voilà comment on nous récompense d'assurer la cohésion sociale
04:12et de préparer l'avenir et d'encaisser ces crises.
04:15On nous remercie en sabrant nos budgets.
04:18Franchement, c'est injuste et inacceptable.
04:20Vous avez cité de nombreux postes de dépenses
04:22que sont représentés par ces 9 millions d'euros.
04:25Est-ce que vous prévoyez déjà quand même où est-ce que ces futures coupes
04:28sont possibles ?
04:29Est-ce que vous dites déjà avec ces 9 millions, peut-être que
04:31on va rénover un gymnase en moins ?
04:34On va arrêter des subventions, peut-être, pour des associations
04:37sportives, culturelles ?
04:38Est-ce que c'est déjà quelque chose que vous planifiez
04:41pour faire face à ce trou dans le budget qui arrive ?
04:43Non, je m'y refuse.
04:44Et puis, on voit bien que les besoins sont là.
04:48Nos collectivités, elles ne font pas des choses cosmétiques.
04:51Elles répondent aux services publics du quotidien.
04:53C'est tout ce qui fait le quotidien des personnes.
04:56Je parlais de la cantine.
04:57C'est les mobilités pour la métropole.
05:00C'est la gestion des déchets.
05:02C'est effectivement les gymnases, les salles de spectacle, les musées.
05:06Non, moi, je m'y refuse.
05:09Je pense aussi qu'au contraire, on doit accélérer
05:11dans un certain nombre de domaines.
05:13Vous avez parlé de la rénovation thermique des bâtiments.
05:16J'ai entendu aussi que le fonds vert allait être sabré.
05:19Donc là aussi, c'est des financements encore en moins pour nos collectivités.
05:22Au moment où il y a une dette aussi qu'il faut rembourser,
05:26c'est la dette écologique.
05:27Ces investissements, si on ne les fait pas maintenant,
05:30la facture va être salée tant du point de vue financier
05:33que du point de vue environnemental.
05:34Comment faire des économies ou faire des économies ?
05:37On en parle avec vous, Jeanne Barseguin, maire de Strasbourg,
05:39mais aussi avec vous au 03 88 25 15 15.
05:42Christian, bonjour.
05:43Bonjour, les auditeurs de France Bleue.
05:45Merci de me recevoir.
05:46Vous nous appelez de Fashtag, Christian.
05:47C'est quoi votre idée ? Vos solutions à vous ?
05:49Oui, je pense que les économies ne suffiront pas.
05:53Pour être un petit peu brutal, je dirais également
05:55que ceux qui nous ont mis dans la moide, il faut les appeler
05:59en compensation du passif.
06:01C'est-à-dire qu'on ne peut pas quitter un gouvernement
06:04en laissant une dette.
06:06Ils vont devoir.
06:07Ils vont devoir.
06:08Dans une entreprise, ça ne se passerait pas comme ça.
06:09Ils vont devoir, Christian, rendre des comptes.
06:12Sans doute. En tout cas, beaucoup le réclament.
06:13Mais vos solutions à vous pour faire des économies,
06:15concrètement, ce serait quoi ?
06:17Je pense qu'il faut faire un examen des dépenses indues
06:20et puis des dépôts sur lesquels on peut grignoter.
06:22Mais il faut surtout agir sur le levier des recettes.
06:25C'est-à-dire qu'il faut partir du postulat qu'un résident
06:28égale un contribuable, donc une taxe de résident
06:33au nombre de membres de la famille, que chacun mette la main à la poche.
06:37Il ne faut pas considérer qu'il y a des gens qui sont exonérés
06:40de taxes, d'impôts ou bénéficient de transactions.
06:43Donc des impôts pour tout le monde, Christian ?
06:45Des impôts pour tout le monde.
06:46Et puis un impôt qui n'a jamais été mis en place sur les camping-cars.
06:50C'est-à-dire que c'est une résidence secondaire.
06:52Les camping-cars, les vannes et tout ça, c'est une résidence secondaire.
06:54Ça doit être taxé.
06:55Bien, Christian.
06:56On entend votre idée.
06:57La maire de Strasbourg, on l'entend également.
06:58Jeanne Barséguian, impôts pour tout le monde ?
07:01Non, alors d'abord, là où Christian a parfaitement raison,
07:04c'est que c'est quand même l'État qui laisse un bilan catastrophique
07:08et une dette.
07:08Et il l'a dit, il a dit, une entreprise, on ne laisserait pas faire.
07:11Et une collectivité locale, on ne laisserait pas faire,
07:13puisqu'on a l'obligation d'équilibrer nos comptes.
07:15Moi, je constate quand même qu'il y a un certain nombre de dépenses
07:19qui ont été faites de manière, à mon avis, indulge.
07:22Je pense au crédit d'impôt pour un certain nombre de grandes entreprises.
07:25On voit le débat en ce moment sur Sanofi à propos du doliprane.
07:30C'est-à-dire que l'État finance des grandes entreprises,
07:34parfois à coût de milliards d'euros, sans avoir aucune garantie derrière.
07:39Que ces entreprises vont rester en France,
07:41qu'elles vont garantir et maintenir leurs emplois.
07:44Donc moi, je pense que s'il y a des économies à faire,
07:46ça n'est pas sur le dos de nos collectivités locales.
07:49Je ne pense pas non plus que ce soit à tous les contribuables de devoir payer.
07:53Je pense, par contre, qu'il y a un enjeu de justice sociale et fiscale.
07:57Et ça, bien sûr, je le porte pour le niveau national,
08:01en revoyant d'abord les plus grosses fortunes
08:05et puis aussi les crédits qui ont pu être faits
08:08sans aucun emploi garanti et sans aucun impact social derrière.
08:14Alors, difficile quand même d'imaginer que le gouvernement va effacer
08:18d'un coup les 5 milliards qui sont demandés aux collectivités.
08:21Si on refuse de couper les dépenses, si on refuse d'augmenter des impôts locaux,
08:26comment on fait ? Parce qu'il y a quand même de l'argent qui va devoir sortir à un moment.
08:29Nous, depuis 4 ans que nous sommes aux responsabilités,
08:33on encaisse les crises, on a dû encaisser l'explosion aussi de la crise énergétique,
08:39l'inflation, tout cela, ça a eu des conséquences évidemment sur nos budgets.
08:44Donc, c'est ce que j'essaye de dire, c'est que la coupe est déjà pleine.
08:48On est responsable, on fait beaucoup d'efforts et ces dernières années,
08:52encore plus parce que les crises s'accumulent et il faut les gérer.
08:56Bien sûr, bien sûr. Et nous le faisons.
08:58Dans les collectivités locales, il n'y a pas de vacances du pouvoir.
09:02Il n'y a pas de gouvernement démissionnaire.
09:03On est sur le front en première ligne tous les jours, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
09:09Donc voilà ce que je peux vous dire, c'est qu'on compte en tout cas sur le débat parlementaire
09:14pour que le gouvernement revoie sa copie.
09:17Et ensuite, j'ai envie de dire comme toujours, de manière responsable, on fera les choses au mieux.
09:23Mais je me refuse à ce que ce soit les habitants de Strasbourg qui payent la facture de l'État.
09:29Merci beaucoup Jeanne Barséguian. Je rappelle que vous êtes la maire de Strasbourg.
09:33La colère de Jeanne Barséguian ce matin sur France Bleu Alsace.

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