Pourquoi Jürgen Klopp a perdu du crédit en Allemagne

  • il y a 10 heures
Dans l'After Foot ce mardi sur RMC, Polo Breitner explique pourquoi Jürgen Klopp, qui va devenir le patron du football chez Red Bull, voit son image dégradée depuis qu'il a fait ce choix. 

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00:00Bon, là il a basculé Jürgen Klopp. Je parle d'image, je parle de choix professionnel, mon cher Paulo, on l'a parlé la semaine dernière,
00:06il devient le patron de la galaxie Red Bull Foot. Plusieurs clubs, bien sûr, on ne va pas les rappeler, en Autriche, en Allemagne,
00:11mais maintenant en France, avec le Paris FC, puisque Red Bull va prendre 15% des parts du deuxième club parisien.
00:18Sauf que Jürgen Klopp, je ne sais pas s'il l'avait anticipé, l'homme parfait, comme tu le décris souvent en Allemagne et même en Angleterre,
00:26a sérieusement égratigné son image. A quel point, mon cher Paulo ?
00:30Alors deux choses. Déjà, la grande blague en ce moment en Allemagne, c'est, vous vous rappelez, the special one, the normal one,
00:36aujourd'hui c'est the dozen one, la canette numéro un, ou une, évidemment, par rapport à Red Bull, donc c'est la grande blague qui circule.
00:46La deuxième chose, c'est ce qui est très important avec Jürgen Klopp, c'est que j'ai commencé à changer d'avis sur lui,
00:54et j'étais un grand fan de lui, évidemment, je l'avais vu à Mayence, je l'ai vu dans sa révolution au Borussia Dortmund, c'était assez extraordinaire,
01:01et j'avais un copain allemand qui le suivait à Mayence, un journaliste qui s'appelle Daniel Moehren,
01:06et il faut savoir, on va beaucoup parler de Thomas Tourelle ce soir, c'est que lorsque Jürgen Klopp est passé au Borussia Dortmund,
01:14tu sentais qu'il maîtrisait déjà toute sa communication.
01:16Et Daniel Moehren, il faisait son boulot de journaliste à Mayence, et il disait quand même qu'en Thomas Tourelle joue,
01:21donc après, l'équipe de Thomas Tourelle joue, c'est quand même plus intéressant à voir jouer que celle de Jürgen Klopp.
01:27Jürgen Klopp n'a très mal accepté ce genre d'article, et il est revenu à Mayence, évidemment, avec le Borussia Dortmund, une plus belle équipe,
01:35et il l'emporte à Mayence. Et qu'est-ce qu'il fait Jürgen Klopp ? Il va voir Daniel Moehren, il le prend par les épaules et il commence à lui dire
01:41« alors c'est qui le meilleur ? ». Et donc c'est quand même très intéressant, je trouve, cette anecdote que Daniel Moehren m'a racontée,
01:49parce que c'est quand même loin de l'image extraordinaire qu'il a dans le monde, évidemment, qu'il avait au Borussia Dortmund,
01:59à Liverpool, où tout est maîtrisé. Aujourd'hui, on sort des choses en Allemagne, où il n'arrêtait pas de dire « mais je suis quelqu'un de gauche,
02:05moi je suis pour l'État qui redistribue dans tous les sens », et tout le monde lui dit « ça va mec, tu vas chez Red Bull, où il y a 15 jours,
02:12on avait parlé dans l'after, d'ailleurs Oliver Médislav, son patron, avait expliqué ce qu'allait être le football de demain,
02:16et ce n'est pas tout à fait la redistribution ». Donc ces choses-là sont assez intéressantes. Et il y a autre chose que je trouve géniale,
02:23c'est qu'en 2022, il fait une vidéo, c'est Bill qui l'a retrouvée, où il explique qu'il se considère du côté de ce qu'on appelle les traditions de sphère,
02:34donc les clubs historiques du football allemand, qui n'aiment pas tous ceux qui amènent de l'argent comme ça, il dit « j'en fais partie,
02:39mais je comprends Red Bull qui, finalement, n'est pas là pour faire de l'argent, mais là pour développer des jeunes, je ne savais pas que Red Bull
02:45était dans le football pour perdre de l'argent, moi, mais bon, ça c'est un autre débat ». Et finalement, on se rend compte qu'il était en négociation
02:52avec Red Bull depuis 2022, en fait, qu'il avait des discussions comme ça. Donc c'est un peu plus compliqué ces choses-là. Et aujourd'hui, en Allemagne,
03:00évidemment, il a perdu énormément de crédit, on parle de choc de culture, et c'est un journal très conservateur comme Kicker qui le dit,
03:07il dit « mais ce n'est pas possible ». Et pourtant, dans ce discours, ce n'est pas illogique qu'il aille chez Red Bull déjà, parce que ceux qui ont pensé
03:13que c'était un romantique, encore une fois, ils ont le droit de le penser, mais ce n'est pas pour ça qu'il a été...
03:17— Mais c'est ça, Polo, qu'est-ce qu'on lui reproche, finalement, de choisir Red Bull ou l'incohérence par rapport à l'image qu'il a toujours vendue ?
03:22— En fait, c'est par rapport à l'image qu'il a toujours vendue. C'est l'incohérence. Mais ce n'est pas idiot, encore une fois, on en a parlé cette semaine,
03:29je crois que Julien était là, Jürgen Klopp est un produit de la galaxie Red Bull, tout le monde est un produit de Ralph Rodney par rapport à la façon
03:37dont il joue. Donc il aille dans cette... En fait, c'est là où tu mets ta caméra. Si tu dis « je suis Guardiola ou je suis Ralph Rodney »,
03:44eh bien on va dire « lui, il est Ralph Rodney ». Donc c'est de logique d'aller chez Red Bull. Et Guardiola n'ira pas chez Red Bull, par exemple,
03:50pour changer le style de jeu, etc. Par contre, si tu dis « est-ce qu'on est du côté des prolétaires », entre guillemets, ou du « football populaire »
03:56ou du « football de riches », eh bien évidemment, c'est lui, ils ont toujours défini comme un peu le working class hero des classes populaires en Allemagne,
04:04en tout cas, mais c'est la même chose avec l'image de Liverpool. Forcément, partir chez Red Bull, c'est autre chose. Donc on ne comprend pas ces choses-là.
04:11Donc du côté du Borussia Dortmund, on ne comprend pas. Les journalistes, est-ce qu'ils se posent aussi là les vraies questions ?
04:15J'en suis pas persuadé. Mais il y a quelqu'un qui a dit « mais de toute façon, il a le droit, il peut y aller s'il veut, c'est pas problématique ».
04:21Mais c'est vrai que par rapport à une communication qui est complètement maîtrisée, c'est quand même un petit peu compliqué.
04:26Moi, j'aimerais avoir l'avis des copains parce que ce mec-là, encore une fois, vous êtes en Allemagne, vous allumez la télé, c'est comme YMCA,
04:33vous avez l'ouvrier, c'est clop, vous avez le mec ou le banquier, c'est clop, le mec qui achète une bagnole, c'est clop, le mec qui est dans le bâtiment, c'est clop, ce que vous voulez.
04:39Donc on n'a pas vu ça depuis Franz Beckenbauer. Donc c'est quand même intéressant, je trouvais ce choix qui est très décrié en Allemagne.
04:45Et moi, j'aimerais bien avoir l'avis des copains.
04:47Julien, tu en as parlé aussi un peu la semaine dernière. Est-ce que ce choix est décrié aussi en Angleterre ?
04:52Oui, beaucoup. Ils ont fait des montées un petit peu à Liverpool. S'il y a bien un club qui incarne une working class, c'est Liverpool.
04:59À l'opposé total du groupe Red Bull, c'est bien celui-là en plus. Donc les Anglais ont trouvé ça un peu dommage, vraiment dommage même, par rapport à son image, par rapport à tout ce que Polo vient d'expliquer.
05:10Peut-être qu'il en avait marre aussi de jouer au paddle dans sa jolie maison en Mayork, qu'il a acheté il n'y a pas longtemps, de s'occuper des petits-enfants.
05:16Son épouse qui avait voulu qu'il arrête justement et qu'il prenne une année sabbatique, peut-être qu'on avait marre de lui à la maison.
05:21Il faut trouver quelque chose à faire parce que là, tu me saoules. Je ne sais pas, peut-être l'argent, mais l'argent, il n'a pas besoin.
05:26J'ai du mal à un petit peu comprendre même la logique derrière. Alors lui, il dit, je vais apprendre plein de choses. Oui, peut-être parce qu'en termes de marketing, je ne sais pas, en termes de football, il ne va rien apprendre.
05:35Mais en termes de marketing, tout ça, peut-être, oui. Mais même ça, j'ai du mal pour s'occuper. D'accord, mais il aurait pu trouver autre chose à s'occuper.
05:41J'ai un peu de mal à comprendre finalement même pourquoi il a décidé de prendre ce job-là.
05:47Yoann ?
05:48Alors moi, dans un premier temps, si je décorelle le non-Red Bull de la fonction qu'il va avoir, moi, à l'inverse de Julien, je trouve ça passionnant pour lui.
05:59Je trouve qu'être la tête pensante d'un projet comme ça, qui est sur plusieurs continents, pour implémenter une idée de jeu, peut-être la faire évoluer, peut-être la changer totalement,
06:10en ayant aussi un oeil sur la formation, comment on recrute, qui on recrute, quelles bases on jette sur ce nouveau projet. Moi, je trouve ça passionnant.
06:21Il va rester 18 mois, yo. Il prendra la sélection allemande après 2026. Qu'est-ce qu'il va faire en 18 mois ? Il ne va rien faire du tout.
06:28Non, moi, je pense qu'en 18 mois, tu peux avoir un impact important sur un groupe. Et je ne crois pas du tout que ça va être un mec qui va être dans un bureau, devant un ordinateur, et qui va attendre sagement les 18 mois.
06:39Je pense qu'il aura un impact, il sera limité. De toute façon, le groupe Red Bull ne veut pas un changement, il va conseiller à Marco Roseu.
06:48Si tu le nommes, il faut bien lui donner des prérogatives, quand même.
06:52Oui, mais si tu regardes Peplinders, à Salzbourg, c'est son gars, il sera joué à l'Everpool. Schwarz, à New York Red Bull, il l'avait à Mayence. Roseu, il l'avait à Mayence.
07:02Donc, à ce niveau-là, je comprends, mais même ça, finalement...
07:06Oui, il n'y aura pas de révolution avec l'arrivée de clubs. Non, mais c'est peut-être faire passer un step.
07:11C'est peut-être faire passer un step, parce qu'il y a aussi quelque chose, c'est que, Polo le dit souvent, à Leipzig, on ne sait pas ce que veut finalement ce club-là.
07:19Salzbourg, ça piétine depuis un petit moment maintenant aussi. New York, ça n'a jamais été exceptionnel en termes de résultats et de jeux.
07:25Donc peut-être que lui, il va mettre sa patte pour améliorer toutes ces productions-là, individuellement, au sein du groupe.
07:31Je ne sais pas. Moi, je trouve que c'est un projet passionnant. Et attention, oui, tout le monde dit qu'en 2026, il prendra l'Allemagne.
07:37Ça, on verra. On verra.
07:39Oui, on verra.
07:40Polo, vas-y.
07:41On verra. Mais moi, en fait, ce qui m'intéresse, si tu veux, c'est que c'est considéré du côté de Red Bull comme une prise de guerre.
07:46Et ce n'est pas juste une évolution logique.
07:49C'est que si on va chercher Jürgen Klopp et qu'on va et qu'on réussit...
07:53Moi, je n'ai jamais cru à ce mec-là. Une fois, avec Daniel, on en a discuté.
07:56J'avais dit, c'est John Wayne, ce type. Il ne va jamais aux chiottes. Il est toujours parfait.
08:01Il fait toujours... Non, mais c'est le George Clooney du foot.
08:04Même John Wayne, pour les anciens, comme John Ford, parfois, il sort les toilettes.
08:09Mais Jürgen Klopp, jamais.
08:10Tu le trouves trop parfait pour que ce soit vrai ?
08:12Mais il est parfait. Tout son discours est parfait.
08:14Je suis d'accord avec toi. Chaque compte de Klopp, c'est toujours très bon, ultra bright.
08:18Et le fond, la forme est excellente.
08:20Mais bon, il y a un moment quand même, il a été très apprécié à Liverpool.
08:22Ça, ce n'était pas fin.
08:23Mais oui, mais non, mais bien sûr.
08:26Mais non, mais encore une fois, à Mayence, ce qu'il a fait, c'était génial quand il était au Borussia Dortmund.
08:30Enfin, c'est 2011-2012, les deux titres, il faut voir les branlées qu'il a mis au Bayern Munich.
08:34C'est la révolution.
08:35Aujourd'hui, le pressing, la perte du ballon, tout le monde en parle comme ça.
08:39Mais à l'époque, c'était un truc qui débarquait d'une façon complètement folle.
08:42Moi, j'ai adoré.
08:43Mais ensuite, je vois le personnage globalisé qui est parfait partout.
08:48Le mec, il y a un pub à Liverpool, il est là, il sort la bonne phrase.
08:52Je ne sais pas, il y aurait la guerre Iran-Irak en 88, il tombe d'un avion,
08:55il trouve exactement celui qui va gagner le truc, qui va gagner la guerre.
08:58C'est Mike Gaiver, on va l'appeler comme ça.
09:00Voilà donc pour Jürgen Klopp, l'homme protéiforme.
09:03On verra ce que ça va donner, on va le voir à Charletti peut-être.
09:06Klopp à Charletti, les amis, ça va être marrant.
09:08Il sera très, très bon, il va serrer des mains en tribune, il va faire des grands sourires
09:12et tout le monde sera très content.
09:13Un Leipzig Liverpool qui arrive aussi en Ligue des champions.

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