Pierre Sage : "Dès ma première séance, je convoque à l'issue de l'entraînement Maxence Caqueret et Alexandre Lacazette, et je leur ai dit qu'on ne pouvait pas s'entraîner comme ça. Il n'y avait aucune rigueur sur le fait de réussir les choses."
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00:00Comment vous avez orienté votre travail finalement ?
00:04Pour rester dans l'analogie, j'ai prôné la médecine douce,
00:07c'est-à-dire jouer sur quelques leviers au départ,
00:11de manière à redonner de la confiance,
00:14surtout donner de la stabilité à l'effectif dans l'enchaînement des matchs.
00:18Ça veut dire quoi ça ?
00:20Ça veut dire d'aligner le même 11 trois fois de suite,
00:21les trois fois où on gagne nos premiers matchs,
00:23ça a été un élément important.
00:26Pourquoi on fait ça ? Pourquoi on aligne trois fois le même ?
00:28Pour la simple et bonne raison que les joueurs ont besoin de repères,
00:30d'habitudes collectives, et il est nécessaire de créer les conditions
00:34quitte à abandonner peut-être les premiers matchs, d'une certaine manière,
00:38en se disant que de toute façon,
00:40on sait qu'il y aura des effets positifs au bout d'un certain temps,
00:44et c'est à ce moment-là qu'il faut être capable de garder la tête froide et le cap,
00:47et faire en sorte que, justement,
00:50le temps laisse aux habitudes la possibilité de se mettre en place.
00:56Mais les Thauliers, ils n'ont pas douté quand ils vous ont vu arriver ?
01:00Bien sûr que si.
01:01Ils ne se sont pas dit, parce qu'ils avaient eu quand même...
01:03Loël a échoué avec des entraîneurs qui avaient quand même une réputation.
01:07Bien sûr.
01:08Et là, vous vous arrivez, qu'est-ce que vous vous dites ?
01:09Qu'est-ce qu'il faut faire ?
01:10C'est qu'à la fois aller chercher Alex Lacazette, Anto Lopez,
01:15Thaulissot, les Lyonnais,
01:18c'est avec eux qu'on essaye de construire ?
01:19Comment ça se passe ?
01:20Pour être assez clair,
01:22vu que je n'avais aucun argument en termes de référents,
01:25j'ai essayé de créer mes propres références avec la manière d'entraîner,
01:29la simplicité dans la relation,
01:31un maximum de proximité,
01:35des valeurs qui fédèrent plutôt que celles qui éloignent.
01:40C'est-à-dire, il y a quoi comme valeurs ?
01:42Qu'est-ce que vous avez mis en avant ?
01:43Faire en sorte que la passe soit un élément central de notre entraînement,
01:46le fait de toucher le ballon soit un élément central de notre entraînement,
01:49que le plaisir soit omniprésent,
01:51de faire en sorte que les joueurs aient envie déjà,
01:54dans un premier temps, de s'entraîner avec l'idée de préparer les matchs pour les gagner,
01:58et que petit à petit, ça nous amène à mieux jouer,
02:01qu'on arrive à avoir des résultats,
02:02et que ce soit un cercle vertueux qui se mette en place.
02:05Et ça, ça se fait avec les cadres.
02:06Vous êtes obligé d'en mener avec vous à Lyon,
02:09dans la période qui est celle-là,
02:11avec l'histoire récente du club.
02:13Vous êtes obligé d'emmener Alex Akazet, Thaulissot, Antho Lopez avec vous ?
02:16Bien sûr, parce que l'idée,
02:19c'est de se servir de ceux qui sont regardés par les autres.
02:21Vous savez, quand certains joueurs rentrent dans un vestiaire,
02:23la dynamique du vestiaire change,
02:25tout le monde les observe.
02:26Chacune de leurs actions, qu'elles soient positives ou négatives,
02:29qu'elles soient vraiment non-verbales ou qu'elles soient une prise de parole,
02:33impactent la température du vestiaire.
02:36Et donc, ça a été important que ces joueurs soient sensibilisés les premiers.
02:40Dès la première séance, je convoque à l'issue de celle-ci,
02:45Maxence Cacré et Alexandre Akazet.
02:46Je leur dis, mais les gars, on ne peut pas s'entraîner comme ça.
02:49C'est impossible de s'entraîner comme ça.
02:51Et donc, je comprends...
02:52Pourquoi ? Il y avait quoi à l'entraînement ?
02:54Comment ça, rien ?
02:55En fait, il n'y avait aucune intensité,
02:58aucune rigueur dans le fait de réussir les choses.
03:02Simplement,
03:05une émotion plutôt négative qui prend rapidement de la place
03:08plutôt qu'une endurance à être performante dans le temps.
03:12Ce n'est pas étonnant que ça ne marche pas le week-end après.
03:15Si à l'entraînement, il n'y a pas les bonnes passes,
03:17il n'y a pas la bonne intensité.
03:19Et dans tous les cas,
03:20je me doutais que je n'allais pas résoudre ce problème en cinq semaines
03:23parce qu'on était à cinq semaines de la trêve hivernale.
03:29Je savais dans un premier temps qu'il fallait réunir des conditions
03:32pour avoir un groupe en confiance capable d'enchaîner avec les mêmes joueurs
03:37pour que les performances arrivent.
03:39Par contre, à partir du moment où la trêve hivernale a été finie
03:43et que mes fonctions se sont confirmées,
03:46j'ai travaillé sur l'entraînabilité de l'équipe
03:48en faisant en sorte que l'intensité devienne un élément central
03:51de notre système d'entraînement.