Liv Sansoz : la deuxième Française à atteindre le K2 sans oxygène et la première à sauter du sommet en parapente
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00:00Zed, on l'a fait, on l'a fait ensemble !
00:05Dingue !
00:07Cet été, j'ai passé deux mois au Pakistan.
00:08Je viens de grimper le K2 sans oxygène
00:11et de décoller en parapente du Place avec mon mari.
00:17Quelle est le plus important, l'ascension ou la descente en parapente ?
00:21Les deux forcément.
00:23Je veux dire, moi j'étais déjà très très contente d'être au sommet du K2 sans oxygène
00:26parce que c'est quand même pas rien.
00:29Et je pense que Zed répondrait non, c'est le vol, c'est sûr !
00:33De toute façon, on ne peut pas faire le vol si on n'arrive pas au sommet.
00:35C'était exceptionnel.
00:36On a vraiment eu de la chance avec une météo extrêmement favorable
00:41et pouvoir décoller du K2, avoir les pieds qui quittent le sol après 14h30 d'effort,
00:47presque une heure au sommet à installer la voile.
00:49Voilà, c'était un peu une libération parce que ça y est, on y est, on l'a fait.
00:53Il y avait un peu des thermiques donc on ne descendait vraiment pas vite
00:56et on est resté très longtemps haut.
00:58Et moi, je n'avais jamais été aussi haute dans le ciel que cette fois-là.
01:04On a mis 35 minutes pour descendre,
01:06mais ces 35 minutes de vol correspondent en fait à deux jours de marche, de descente.
01:11Quand on a réalisé l'ascension du K2, jusqu'à 8000-8100 mètres,
01:16on se sentait quand même plutôt bien.
01:17Arrivé sous le bottleneck, on s'est déshydraté très vite.
01:21Le soleil a apparu, ce n'était plus la nuit, il s'est mis à faire très chaud,
01:23on s'est déshydraté très vite.
01:25Et au-dessus de 8300 mètres, on a eu des distorsions temporelles.
01:28C'est-à-dire qu'on se parlait, on était lucide,
01:31mais malgré tout, quand on disait « Allez, on s'arrête 5 minutes pour se reposer »,
01:35je regardais la montre et en fait, on s'était arrêté 30 minutes ou 40 minutes
01:38et on ne s'en rendait pas compte.
01:40Nous avions prévu deux mois pour faire cette expédition.
01:43Il faut savoir que déjà, le trek d'approche pour arriver au camp de base,
01:45il dure quasiment une semaine.
01:47Il y a 100 kilomètres de glaciers à remonter.
01:50Ensuite, on arrive au camp de base, là, il faut compter trois semaines pour s'acclimater
01:53et une semaine pour rentrer.
01:55Et donc, le temps qui reste, c'est le temps où on a la possibilité d'aller au sommet.
01:58Finalement, on avait quand même un peu un temps imparti de deux mois
02:01et ça aurait été compliqué de rester plus longtemps.
02:04Et puis aussi, il faut voir que quand on vit à 5000 mètres d'altitude,
02:07on ne se repose pas bien, on ne fait que se dégrader.
02:10Donc, rester plus de deux mois à 5000 mètres,
02:13finalement, on ne faisait aussi que s'entamer physiquement.
02:16En deux mois, Zébulon a perdu 11 kilos, moi j'en ai perdu 6
02:19et pourtant, on a essayé de beaucoup manger.
02:22Plus on montait, plus ça devenait dur.
02:23À partir de 8400 mètres, on a fait du 50 mètres heure,
02:27c'est-à-dire qu'on progressait de 50 mètres de hauteur en mineur.
02:31Dans les Alpes, une journée normale avec un gros sac à dos,
02:35où on ne cherche pas à aller spécialement vite, on fait plutôt du 500 mètres heure.
02:39Et là, on se retrouvait à faire du 50 mètres heure, c'est extrêmement lent.
02:42On fait un pas, on s'arrête trois secondes.
02:44On fait un autre pas, on s'arrête trois secondes.
02:46Au bout de dix pas comme ça, on s'arrête cinq minutes et ainsi de suite.
02:49C'est le mental qui prend le dessus et qui fait que nous sommes arrivés au sommet.
02:53On est là, au sommet du K2, 8611 mètres.
02:58Bravo !
03:00Le K2 n'avait jamais été volé en parapente jusqu'à cette année
03:03et ça, c'était aussi notre petit challenge en plus.
03:06Il y avait parfois des personnes qui nous disaient
03:09« Non mais c'est hyper osé ce que vous allez faire,
03:11notamment toi Liv, tu n'as jamais fait de 8000. »
03:13On a vu que des fois, les gens ne croyaient pas trop en nous
03:16et je pense que c'est important quand on a un rêve
03:18ou quand on a un projet de croire en soi, de croire en son projet
03:21et de se donner les moyens de le faire.
03:23On a toujours plein de projets en tête
03:26mais c'est vrai que là, le K2 nous a quand même demandé beaucoup d'énergie
03:29et pour l'instant, on s'avoue.
03:30Avant de repartir sur un autre projet d'ampleur.