L'hommage en intégralité de Michel Barnier à Samuel Paty et Dominique Bernard
Samuel Paty en 2020, Dominique Bernard il y a un an: une minute de silence en hommage à ces deux professeurs assassinés par des islamistes radicalisés est prévue lundi dans les collèges et lycées de France, avec l'ambition de "continuer" à "lutter contre l'ignorance et le fanatisme". Au lendemain d'une cérémonie qui a réuni à Arras plus de deux mille personnes et plusieurs ministres pour un hommage à Dominique Bernard, professeur de français tué par un ancien élève radicalisé, Michel Barnier est lundi après-midi au collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où enseignait Samuel Paty
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00:00On va écouter peut-être le Premier Ministre.
00:04Merci beaucoup Madame.
00:06Bonjour à chacune et chacun d'entre vous.
00:11Pardon de ne pas pouvoir vous saluer tous.
00:13Je parle des élèves qui sont ici,
00:16et naturellement du corps enseignant,
00:19de la communauté éducative,
00:20et puis de tous les personnels de l'éducation qui sont ici.
00:23C'est un moment émouvant pour nous tous,
00:27important,
00:30et c'est pour ça qu'on est là,
00:32sans faire de protocole,
00:34ou sans faire trop de manières,
00:36mais pour dire quelques mots
00:38d'un homme, de deux hommes
00:41qu'on ne doit pas oublier,
00:43parmi beaucoup d'autres.
00:45Je veux rappeler qu'il y a 4 ans,
00:47le 16 octobre 2020,
00:49Samuel Paty,
00:52professeur d'histoire-géographie,
00:54enseignant moral
00:56et civique,
00:58a été ici sauvagement assassiné.
01:00Il était professeur
01:02dans cet établissement,
01:05où je viens pour la première fois,
01:07dans votre collège.
01:09Il était sans doute votre collègue,
01:11je le dis à plusieurs des professeurs
01:13que j'ai salués,
01:16et peut-être aussi le professeur
01:18de vos grands frères ou de vos grandes sœurs.
01:20Probablement.
01:22J'ai souhaité être présent aujourd'hui,
01:24simplement, comme je viens de vous le dire,
01:26avec le président du Sénat,
01:29qui est ici, la ministre de l'Éducation,
01:31le ministre secrétaire de l'État chargé
01:33de la Citoyenneté,
01:35ici,
01:37la ministre du Commerce extérieur aussi,
01:40la présidente de la région, Île-de-France,
01:42les parlementaires,
01:44que je vous remercie d'être ici,
01:46les élus locaux, départementaux, régionaux.
01:48Ce n'est pas pour faire des brouves,
01:51ce n'est pas pour faire de grandes cérémonies,
01:53c'est juste pour partager un moment avec vous,
01:55qui est un moment important aussi
01:57dans toute la France en ce moment,
01:59celui d'un hommage
02:01qu'on veut rendre à Dominique Bernard également,
02:04en même temps qu'à Samuel Paty,
02:06qui était professeur de lettres,
02:08qui a été assassiné devant son établissement
02:10à Arras, le 13 octobre 2023,
02:12il y a tout juste un an.
02:15Et là aussi,
02:17il y a eu une cérémonie qui a eu lieu hier,
02:19j'ai eu son épouse au téléphone,
02:21qui a aussi voulu marquer ce moment
02:23triste
02:26et tirer les leçons.
02:28Et tous deux, ils ont été victimes
02:30du terrorisme islamiste,
02:32notamment parce qu'ils étaient professeurs.
02:34Ils enseignaient l'histoire de France,
02:37la connaissance du monde,
02:39l'amour de la langue française,
02:41ils n'excluent pas d'ailleurs de parler d'autres langues,
02:43je vous y encourage,
02:45ils vous transmettaient
02:48le goût d'apprendre
02:50et ils transmettaient aussi tous les deux
02:52l'esprit de citoyenneté.
02:54Être citoyen d'une commune,
02:56citoyen d'une région,
02:58citoyen de la France.
03:01C'est une fierté qu'on doit partager,
03:03mais qui a aussi des devoirs
03:05et puis des droits.
03:07Ils ont eu le courage de défendre les valeurs de la République
03:09et de vouloir protéger leurs élèves.
03:12Aujourd'hui, on est là pour dire
03:14qu'on pense à leur famille, à leurs proches,
03:16à toute la communauté éducative
03:19qui a été ébranlée, on ne les oublie pas.
03:21C'est pour ça qu'on est là,
03:23on ne les oubliera pas.
03:25Et par cette présence aujourd'hui à vos côtés, au milieu de vous,
03:27je veux vous dire le soutien
03:30et l'engagement de tout le gouvernement,
03:32actuellement de la ministre de l'Éducation nationale,
03:34en particulier,
03:36pour la sécurité,
03:38pour votre sécurité, pour la sérénité,
03:41la capacité de...
03:43Même si on n'a pas toutes les mêmes idées,
03:45les mêmes religions, on ne vient pas du même endroit,
03:47mais de se parler, de se respecter.
03:49Autre jour,
03:51j'avais un maire d'une commune
03:54qui a été agressé dans sa commune,
03:56moins gravement, heureusement,
03:58et il me disait
04:00qu'il faut qu'on retrouve la capacité
04:02de se parler,
04:05de se parler simplement,
04:07en se respectant.
04:09C'est ce que j'appelle la sérénité pour les professeurs
04:11et pour tous les autres personnels de nos écoles.
04:13Aujourd'hui, cette semaine,
04:16dans les écoles et les établissements scolaires de France,
04:18on rend hommage
04:20à ces deux professeurs.
04:23Une minute de silence,
04:25des échanges qui sont organisés
04:27pour faire comprendre aux élèves,
04:29l'ampleur de ces drames,
04:31et aussi qu'on essaie de tirer ensemble les leçons.
04:34Pourquoi ça s'est produit ?
04:36Quels sont les ressorts
04:38ou les racines de tel meurtre
04:40et de telle violence ?
04:42Et comment on peut faire ensemble, tous ensemble,
04:45parce que chacun a une idée,
04:47chacun peut avoir sa valeur ajoutée dans cette discussion,
04:49comment on peut éviter que ça se reproduise ?
04:51Tirer des leçons, c'est ça que je voulais dire.
04:53Je vous propose, si vous voulez bien,
04:56qu'on respecte tous ensemble
04:58à la mémoire de Jebel Patti
05:00et de Dominique Bernard, une minute de silence, tous ensemble.
05:14...
05:44...
05:58Je vous remercie.
06:01...
06:19Voilà l'hommage du Premier ministre à Samuel Patti
06:23et Dominique Bernard,
06:25deux hommes qu'on ne doit pas oublier,
06:27a dit le Premier ministre,
06:30c'est un terrorisme islamiste
06:32assassiné parce qu'ils étaient professeurs,
06:34ils ont voulu défendre les valeurs de la République
06:36et protéger leurs élèves.
06:38C'était important d'être aux côtés
06:41des collégiens et des lycéens.
06:43Il a répété à plusieurs reprises,
06:45ce n'est pas une grande cérémonie,
06:47le but c'était tout simplement
06:49de rendre un hommage important, émouvant
06:52à ces deux hommes qui ont été tués.
06:54Oui, partager ce moment.
06:56Il a parlé aux élèves,
06:58il n'y avait pas de discours écrit,
07:00il leur parlait comme un professeur
07:02aurait parlé à ses élèves dans une classe.
07:05Il a rendu effectivement hommage
07:07à ces deux professeurs,
07:09ils ont eu le courage de défendre les valeurs de la République,
07:11on ne les oubliera pas.
07:13Je veux dire, notre engagement
07:16pour votre sécurité,
07:18votre sérénité,
07:20a également ajouté le Premier ministre.
07:22Un Premier ministre
07:24qui veut aussi
07:27que cette minute de silence
07:29et le travail qui va suivre
07:31dans les classes, puisque des temps d'échange
07:34pourront avoir lieu
07:36aujourd'hui, demain, dans la semaine,
07:38qu'on essaie de tirer les leçons
07:40de ce qui s'est produit,
07:42de faire en sorte que cela
07:45ne se reproduise pas.
07:47Effectivement, ne pas les oublier,
07:49c'est un moment de mémoire,
07:51une minute de silence à la mémoire de ces deux hommes,
07:53mais aussi comprendre pourquoi ça s'est produit,
07:55c'est l'objectif, c'est tout l'objet aussi des discussions
07:58qu'il va y avoir, notamment entre le Premier ministre
08:00et les collégiens, il va s'adresser à eux maintenant,
08:02mais aussi plus globalement,
08:04ils souhaitent que c'est ça qui se passe dans toutes les écoles de France.
08:06Oui, il y a de multiples thèmes
08:09qui peuvent être abordés
08:11par les enseignants
08:13avec les élèves, mais Delphine Girard
08:15pourra aussi en parler, je ne sais pas s'il est toujours
08:17en ligne avec nous.
08:20On peut à la fois revenir aux origines
08:22de la laïcité, évidemment, mais c'est dans le programme
08:24d'éducation morale et civique,
08:27on peut aussi revenir
08:29sur les fausses informations,
08:31les rumeurs, parce que
08:33c'est cela le point de départ
08:35de l'affaire
08:38Samuel Paty, c'est
08:40un mensonge véhiculé par une jeune fille
08:42qui va, pour se protéger
08:44d'avoir été exclue pour des raisons disciplinaires,
08:46dire qu'en fait, elle a été exclue
08:49par son professeur parce qu'elle était musulmane
08:51et parce que le professeur voulait montrer
08:53les caricatures de Mahomet.
08:55Et puis il y a l'amplification des réseaux sociaux.
08:57Et cette rumeur, elle va être reprise
09:00par son papa, Abraham Schneider,
09:02qui va appeler à punir
09:04ce professeur. Et puis un islamiste
09:06radical, un prédicateur
09:08reprendra également à son compte
09:11cette rumeur
09:13qui courra sur les réseaux sociaux
09:15jusqu'à Abdullah Kanzouroff,
09:17celui qui a été le bras armé
09:19finalement de ce torrent
09:22de haine. Et d'ailleurs, le procès
09:24va démarrer, le procès des adultes,
09:27les mineurs, il a déjà eu lieu, mais de ces adultes-là,
09:29notamment le père de cette collégienne, il va démarrer
09:31d'ici peu, dès le début du mois de novembre ?
09:33Oui, absolument. Dans cette affaire, donc,
09:356 mineurs ont déjà été jugés en décembre 2023
09:38à 8 clos. L'un d'eux a écopé, par exemple,
09:40de 2 ans de prison, dont 6 mois fermes
09:42sous bracelet électronique pour avoir notamment
09:44communiqué à l'assassin la description et le trajet de Samuel Paty.
09:46La jeune fille qui avait menti avait écopé
09:4918 mois avec sursis, des peines qui n'étaient pas à la hauteur
09:51des faits, pour les proches de Samuel Paty.
09:53Et à partir du 4 novembre
09:55jusqu'au 20 décembre prochain,
09:57là, 8 personnes,
09:598 adultes, seront jugées par la Cour d'Assises
10:02Spéciales de Paris.
10:047 hommes et 1 femme qui sont
10:06soupçonnés d'être impliqués à des degrés divers,
10:08à la fois pour une complicité technique,
10:102 amis d'Abdoula Kanzouroff,
10:13et puis 6 autres
10:15qu'on paraitront pour Association de Malfaiteurs
10:17Terroristes Criminels, dont le père de la jeune
10:19collégienne qui a menti, et le prédicateur
10:21Abdel Hakim Sifrioui.
10:24Il risque 30 ans de prison.
10:2630 ans de prison, on suivra évidemment
10:28ce procès sur BFMTV.
10:30Journée donc très importante, journée de mémoire,
10:32de souvenirs, on a vu le Premier ministre qui s'est rendu,
10:35il a précisé lui-même que c'est la première fois qu'il se rend dans ce collège.
10:37Alexis Cuvillier, il n'est pas seul,
10:39il y a plusieurs autres membres du gouvernement,
10:41il y a le patron du Sénat également.
10:43L'objectif c'est aussi de rappeler que ça reste une priorité
10:46de ce gouvernement, comme ça l'était du gouvernement précédent.
10:48Oui, c'est vrai qu'on voit sur l'image que Michel Barnier
10:50est venu accompagner,
10:53il est en compagnie de la présidente de la région
10:55Île-de-France Valérie Pécresse, en compagnie
10:57de Anne Jeantet, la ministre de l'Éducation nationale
10:59qui a évidemment la charge de ces dossiers
11:02maintenant, depuis qu'elle a succédé
11:05à Mme Belloubet le mois dernier,
11:07et puis aussi la présence d'Othmane Nassrou,
11:09qui est un élu local dans les Yvelines,
11:11qui a été nommé secrétaire d'État
11:13en charge de la situation,
11:16secrétaire d'État en charge de la citoyenneté,
11:19et qui, chez nos confrères du Journal du Dimanche
11:21ce week-end, a fait un certain nombre de propositions,
11:24notamment sur la question de ces contextes
11:26dont Véronique parlait, où parfois il y a
11:28des outrages ou des remises en cause du pacte républicain.
11:32Eh bien lui, le secrétaire d'État à la citoyenneté,
11:35il estime qu'il faut que la protection fonctionnelle
11:38pour les professeurs puisse être mieux activée,
11:41plus automatiquement, plus rapidement,
11:43même si, et j'allais dire malheureusement,
11:45depuis les drames que l'on évoque depuis quelques minutes,
11:48on sait que sur ce type d'événements,
11:51il y a évidemment une sensibilité plus importante,
11:53notamment du côté des forces de l'ordre.
11:56Sur cette question de la laïcité,
11:58il y a eu un certain nombre de personnalités
12:02au sein de la classe politique qui ont estimé
12:05que lors de son passage au ministère de l'Éducation nationale,
12:08passage écourté par sa nomination à l'époque à Matignon,
12:11Gabriel Attal avait contribué à faire évoluer
12:14un certain nombre de points,
12:16un bilan qui est parfois reconnu comme positif
12:18sur les questions de lutte contre les dérives
12:22et le non-respect des valeurs républicaines,
12:25notamment, on s'en souvient bien sûr à l'époque,
12:27sur l'interdiction de l'Abaya, qui avait été très commentée,
12:29et toute la mission du gouvernement actuel,
12:32et notamment d'Anne Jeuneté, c'est de poursuivre dans cette voie.
12:357 minutes de silence, Véronique.
12:37Elle est régulièrement émaillée d'incidents plus ou moins graves,
12:40mais en tous les cas, on les comptabilise,
12:43ces incidents, évidemment, chaque année,
12:45c'est important pour l'Éducation nationale.
12:47On a les derniers chiffres, d'ailleurs, pour l'an dernier ?
12:50Alors, lors du dernier hommage, l'année dernière,
12:52qui était l'hommage à la fois à Dominique Bernard et Samuel Paty,
12:56les contestations lors de ces minutes de silence
12:59ont donné lieu à 600 signalements,
13:02qui ont tous été donnés lieu à des sanctions,
13:06sans une exclusion définitive,
13:09et face à cette exclusion temporaire,
13:12il y a également des signalements au procureur de la République.
13:15Les cas les plus graves, c'est lorsque, vraiment,
13:18un élève conteste jusqu'au bout la nécessité
13:21de rendre hommage au professeur.
13:25Donc, il y a des réponses qui sont fermes.
13:27C'est vraiment quelque chose qui est demandé.
13:29Je crois que c'est vrai que ce qui a été marquant
13:32dans le passage de Gabriel Attal,
13:34c'est vraiment ce retour à la fermeté,
13:38avec davantage d'exclusions,
13:41qu'elles soient avec sursis, définitives.
13:44Il y a aussi, après la mort de Samuel Paty,
13:47différents textes qui ont été votés,
13:49qui permettent de définir des délits,
13:52d'entrave au métier d'enseignant,
13:56pour sanctionner également
13:59toutes les pressions qu'il peut y avoir sur les enseignants.
14:02Et les établissements s'adossent à ces textes aussi
14:05pour sanctionner disciplinairement.