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Carole Zerbib, proviseure et co-dirigeante de l’observatoire de la laïcité du SNPDEN UNSA, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcription
00:00Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la professeure de lycée Carole Zerbib.
00:07Bonjour Carole Zerbib.
00:08Bonjour. Bienvenue sur Europe 1. Vous êtes l'approviseur du lycée professionnel Vauclin dans le 13e arrondissement de Paris. Vous co-dirigez aussi l'observatoire
00:16de la laïcité du SNPD, SNPD-EN, UNSA, le syndicat des personnels de direction de l'éducation nationale.
00:23Ce lundi, donc, une minute de silence est organisée dans les collèges et lycées de tout le pays à la mémoire de Dominique Bernard
00:29et Samuel Paty,
00:31assassiné par des islamistes parce que professeur. Comment va se dérouler
00:36cet hommage à leur mémoire dans votre établissement aujourd'hui, Carole Zerbib ?
00:40Alors moi j'ai choisi,
00:43après avoir réfléchi
00:45avec les équipes pédagogiques et l'équipe de direction,
00:50de faire un hommage collectif en plusieurs vagues et
00:55de l'organiser pour les élèves et pour les personnels
00:59qui le souhaitent
01:01avec un petit discours que je ferai, rappelant les faits, rappelant ce que vous venez de dire, que ces deux enseignants ont été
01:10assassinés par des terroristes pour ce qu'ils représentaient, pour ce qu'ils enseignaient, et que c'est bien une atteinte de l'école de la République.
01:18C'est bien cela qu'on a voulu atteindre
01:20à travers cet assassinat.
01:22Et puis,
01:24j'ai proposé la lecture de textes de Jean Jaurès sur la laïcité.
01:30Les élèves vont lire ces textes et puis ensuite nous ferons la minute de silence. Et puis j'ai aussi choisi
01:37de diffuser une chanson de Barbara qui s'appelle
01:41Perlin Pinpin.
01:44Voilà comment je vois cet hommage. Depuis quand vous avez prononcé le mot de laïcité,
01:48Carole Zermib ? Depuis quand, dans votre carrière de proviseur, la laïcité est-elle devenue un problème avec les élèves ?
01:56Eh bien, c'est vrai qu'au cours de ma carrière, moi ça fait 25 ans que je suis dans l'éducation
02:02nationale, il y a eu
02:04différentes époques. J'ai connu l'époque avant la loi de 2004 sur le port de tenue
02:12ostentatoire. Donc j'ai connu cette époque aussi où des élèves
02:16rentraient voilés dans les établissements scolaires. La loi de 2004 a permis de mettre un terme
02:25à cela en rappelant que les tenues religieuses ostentatoires étaient interdites. Et puis
02:32en 2011, vers 2011, j'ai connu aussi les premières abayas dans les établissements
02:40scolaires. Voilà, régulièrement en fait
02:43on a eu
02:44à faire face à des tentatives,
02:47soit de
02:49contourner la loi,
02:51soit de ne pas la respecter. Oui, ça arrive de temps en temps. Et est-ce que vous avez eu à faire, vous,
02:56personnellement, Carole Zermib, à des situations de conflits d'ordre religieux ?
03:00Oui, en 2011, dans un établissement de Seine-Saint-Denis, il y a des élèves qui sont arrivés,
03:05un jour, plusieurs élèves qui sont arrivés en tenue religieuse, en abaya à l'époque, et on leur a rappelé la loi.
03:13Et peu de temps après, alors elles avaient elles-mêmes reconnu que c'était une tenue religieuse. Et deux heures plus tard,
03:20il y a ce même imam qui a joué un rôle très important dans l'assassinat de Samuel Paty, qui s'est
03:27présenté dans l'établissement
03:30et qui a fait tout un esclandre, et qui a ensuite agité
03:35les réseaux sociaux et la toile. Alors, je pense que notre chance était qu'à l'époque, les réseaux sociaux étaient moins
03:42peut-être moins influents ou moins généralisés qu'aujourd'hui.
03:47Mais j'ai eu affaire à ce même monsieur, oui.
03:50Alors, le monsieur en question, c'est l'imam de la mosquée de Pantin, Ibrahim Doucouré, qui avait été formé au Yémen. Sa mosquée a depuis été fermée.
03:59Alors, Samuel Paty, Dominique Bernard,
04:01depuis leurs assassinats, Carole Zermib, diriez-vous que les choses ont changé positivement, en tout cas, dans l'éducation nationale ?
04:09Oui, pendant un moment,
04:12les affaires ont été un petit peu mis sous le tapis, ou en tout cas, on n'a pas vraiment pris la mesure.
04:18L'institution n'avait pas vraiment pris la mesure de l'ampleur de ces atteintes
04:25à la laïcité. Aujourd'hui, on le voit bien avec
04:28les réponses immédiates de l'institution,
04:32des ministres de l'éducation nationale qui se sont
04:37succédés. Mais il y a parfois des points
04:41d'achoppement. Vous voyez, ce qui s'est passé à Tourcoing,
04:44ça ne nous est pas étranger, cette volonté des élèves de pouvoir remettre leur voile dans les toilettes avant de quitter l'établissement.
04:53L'incompréhension aussi
04:55lors de certaines sorties scolaires, où les élèves pensent que quand on va au théâtre le soir,
05:00on n'est plus sous statut scolaire et on peut remettre son voile.
05:04Voilà, ça, ce sont des points d'achoppement que nous avons régulièrement. Alors, ce n'est pas forcément de la provocation de la part des élèves
05:12parce que, bon, parfois, la foi est plus forte que la loi, pour elles.
05:16La foi plus forte que la loi, c'est une phrase quand même importante que vous dites, Carole Zerbib.
05:21Dernière question, je voudrais vous faire réagir à une phrase
05:23prononcée par Isabelle Bernard dans un entretien qu'elle accorde au journal Le Monde ces jours-ci.
05:28Elle dit qu'après la mort de Samuel Paty, elle et son mari avaient pris conscience de leur vulnérabilité d'enseignants
05:33et ils s'étaient dit qui sera le prochain parce qu'il y en aura un.
05:36Est-ce que c'est quelque chose que tous les profs se disent, d'après vous, Carole Zerbib, en tout cas dans
05:40les profs que vous côtoyez ?
05:42Alors, évidemment, on espère que non. À chaque fois, on espère que plus jamais ça n'arrivera.
05:47Mais il est vrai que
05:50depuis ces deux assassinats, il y a une prise de conscience
05:54que l'école, que les enseignants,
05:57peuvent être une cible.
05:59Et ça, effectivement,
06:01on ressent ce sentiment
06:05d'inquiétude, de peur,
06:07parfois,
06:09qu'on ne connaissait pas avant. C'est-à-dire qu'un enseignant, aujourd'hui, peut se dire
06:16si j'explique mal
06:18une notion, ou si les élèves comprennent mal une notion un peu délicate,
06:26eh bien, il peut y avoir une réaction complètement
06:30démesurée. Oui, je pense que maintenant, nous avons tous cela à l'esprit.
06:34On ne peut pas balayer cela d'un revers de la main et banaliser. Nous avons effectivement, maintenant,
06:39tous à l'esprit que l'école et les enseignants sont une cible.
06:42Merci, Carole Zerbib. Je rappelle que vous êtes
06:46proviseur du lycée Vauclin, dans le 13e arrondissement de Paris, et
06:49vous co-dirigez l'observatoire de la laïcité du syndicat des personnels de direction de l'éducation nationale. Bonne journée à vous.

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