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00:00Ensuite, c'est l'heure d'accueillir l'invité du jour. Et c'est vous, Esther Ruiz. Bonjour.
00:05— Bonjour. — Vous êtes porte-parole spécialiste de la protection de l'enfance au bureau régional de l'UNICEF.
00:10Pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, on voulait évoquer avec vous justement ce rapport de votre organisation, l'UNICEF,
00:16sur les violences sexuelles faites aux femmes, mais surtout et aussi aux jeunes filles.
00:21370 millions de filles et de femmes, soit 1 sur 8, ont été victimes d'un viol ou d'une agression sexuelle avant leurs 18 ans.
00:30C'est la conclusion de votre rapport. Justement, un mot tout d'abord sur la méthode pour recueillir ces chiffres.
00:36J'ai cru comprendre à la lecture justement de ce rapport que ça avait été très compliqué d'obtenir ces données.
00:42Oui, c'est vraiment compliqué. Les estimations sont basées sur des données provenant d'un sous-ensemble des pays
00:48pour lesquels des informations étaient disponibles. Ça faisait des années pour avoir ces informations.
00:54Il y a des enquêtes représentatives au niveau d'un 120 pays. Ça représente 80 % de la population féminine mondiale, plus ou moins.
01:07C'est pour ça que c'est très important qu'on ait cette information, finalement. Ça prenait, comme je dis, des années.
01:13Parce que la capacité de produire des estimations globales et régionales, c'est assez compliqué, surtout quand on parle de filles et de garçons.
01:24L'un des enseignements, justement, de votre rapport à l'UNICEF, c'est sur les zones géographiques qui sont particulièrement touchées.
01:31C'est l'Afrique subsaharienne qui est particulièrement touchée, avec 22 % des victimes. Comment l'expliquer ?
01:40Oui. Dans le cas de cette région, on a 79 millions de filles et de femmes qui sont affectées, selon les estimations.
01:51Et on sait que dans les conflits armés, on a des conflits armés dans la région où les personnes et le micro sont plus exposés à la violence sexuelle.
02:00Ça, c'est une des raisons pour lesquelles les filles et les femmes de cette région sont plus exposées à la violence.
02:07Mais ce que je veux dire aussi, c'est que la violence sexuelle, c'est partout. On le sait bien. C'est dans tout le monde, c'est dans tous les pays.
02:15Et on a peut-être plus de données de certains pays que d'autres, mais c'est toujours difficile de savoir exactement combien de filles et de femmes sont victimes.
02:24Parce que les personnes ne dénoncent pas les données qu'on a. Comme je dis, ce sont des estimations.
02:30Mais combien de filles et de femmes sont vraiment victimes, c'est vraiment difficile. On ne le saurait jamais.
02:37Difficile donc d'avoir des chiffres précis. Ces violences, elles, qui touchent les jeunes filles et également les femmes,
02:45elles interviennent souvent dans un cadre familial. C'est bien ça ?
02:50Oui, c'est vrai que la majorité des cas sont des cas dans les familles ou des personnes proches.
02:56Aussi, comme je dis, dans les conflits, ça peut être pour des groupes armés. Mais c'est une chose qu'on doit travailler aussi dans la maison.
03:04Et c'est pour ça qu'on travaille dans des programmes de prévention et d'attention à la victime, à ce vivant de la violence sexuelle.
03:11Et c'est important de travailler avec tout le monde. C'est important de travailler avec les enfants,
03:16depuis qu'ils sont petits, qu'ils connaissent leur corps, qu'ils savent si quelque chose se passe, à qui ils doivent parler, avec qui ils se sentent commodes.
03:25Mais aussi, c'est important de travailler avec les écoles, la santé et la famille même.
03:31On travaille beaucoup dans la parentalité positive. On travaille avec les mères, les parents, d'autres personnes qui sont chargées des enfants,
03:38parce qu'ils ont aussi les outils pour répondre si on découvre un cas de violence sexuelle.
03:45– Ces violences, vous l'avez dit, elles touchent les jeunes filles, bien sûr, les femmes,
03:50mais lorsqu'elles interviennent à un âge très jeune, elles ont des conséquences dévastatrices sur le point de vue psychologique.
03:57– Oui, elles ont des conséquences psychologiques, mais aussi physiques.
04:00On sait que les filles qui sont victimes de violences sexuelles, c'est plus facile qu'elles aient des maladies de transmission sexuelle,
04:08même les OIH, ils sont plus faibles à ça.
04:11Mais aussi, comme vous le disiez, c'est des conséquences psychologiques, anxiété, dépression,
04:18mais elles peuvent faire mal à elles-mêmes.
04:21Et c'est très important d'avoir les services adéquats pour les enfants,
04:25parce que ce ne sont pas les mêmes psychologues qui travaillent avec des femmes adultes
04:29qu'il y a un psychologue qui travaille avec des petits-enfants.
04:32C'est important d'avoir ça, c'est important de travailler avec le gouvernement,
04:36parce qu'ils ont les moyens pour répondre à la victime de violences sexuelles.
04:40Avoir des juges qui sont spécialisés, la justice, ça joue un rappel très important.
04:46La police, avoir des polices qui sont femmes qui s'approchent à des filles,
04:52parce que ça va être plus facile pour raconter ces histoires.
04:55C'est vraiment un travail multisectoriel et c'est très important d'avoir ça en compte.
05:00C'est pas seulement un ministère ou une personne qui doit répondre,
05:03c'est un travail de la société et du gouvernement en conjoint.
05:08Des violences qui touchent les jeunes filles, on l'a dit, vous l'avez dit,
05:11qui touchent aussi les femmes adultes.
05:12Ici en France, il y a une affaire qui fait beaucoup de bruit ces dernières semaines,
05:16c'est celle des viols de Mazan avec Gisèle Pellicot,
05:20qui a été violée par plus de 50 hommes.
05:23C'est un procès plus largement qui résonne dans toute l'Europe et dans le monde généralement.
05:28Est-ce que vous pensez que ça peut être le début d'une forme de prise de conscience ?
05:32Aminima, en Occident, vis-à-vis des violences sexuelles faites aux femmes.
05:36J'espère, oui, je crois qu'on doit travailler beaucoup avec ces cas
05:41pour faire la conscience aux jeunes de ce qui se passe.
05:44Il y a de nouvelles formes de violences, comme ce cas concret,
05:48qui a été terrible et je crois que tout le monde qui a suivi le cas,
05:52on espère que ça aide à changer les choses,
05:55que ça aide à changer comment la justice approche ces cas,
05:58comment les différents services approchent les survivants de ces cas.
06:04Et je crois que c'est une opportunité pour faire des changements aux lois
06:07et d'améliorer les services pour toutes les victimes de violences sexuelles.
06:12Un dernier mot avec vous, Esther Ruiz.
06:15Votre rapport s'axe vraiment sur les violences faites aux femmes et aux jeunes filles,
06:19mais les jeunes garçons également sont aussi victimes de ces violences sexuelles.
06:24Oui, le rapport raconte les estimations qu'il y a pour les garçons,
06:29ce n'est pas aussi précis parce qu'il y a moins d'informations sur les garçons
06:33et comme on sait, il n'y a plus de stigmes pour les garçons pour parler
06:37et il n'y a plus de stigmes dans beaucoup de sociétés
06:40pour parler de la violence sexuelle contre les garçons.
06:43C'est pour ça que c'est aussi important d'avoir des spécialistes
06:47et de parler de ça aux enfants
06:50et qu'ils saient que personne ne peut les toucher et qu'ils doivent être tranquilles
06:57pour raconter à quelqu'un qui se sent bien ce qui s'est passé pour l'aider.
07:02Parce que comme je l'ai dit d'abord, et c'est le même pour les filles et les femmes,
07:06ça peut avoir des conséquences pour toute la vie si on ne fait pas une approche de dévouement.
07:12Et je vais vous raconter qu'il y a beaucoup de gouvernements qui vont vraiment faire la différence.
07:19Cette année, on va avoir la première conférence globale des ministères
07:23pour travailler contre la violence contre les enfants.
07:31Ça va être à Colombie-Haut-de-Roue en novembre.
07:35Il va y avoir des ministres de tous les pays du monde
07:38et dans ces régions, il y a un compromis très grand.
07:41On a 20 pays de les 24 qui vont être là
07:45et on croit que c'est très important que les différents ministères,
07:48comme je l'ai dit, ce n'est pas seulement celle des affaires sociales,
07:50c'est aussi la justice, l'éducation, la santé, même l'économie,
07:56doivent être là pour vraiment faire un compromis réel qu'on va changer les choses.
08:01On doit changer les lois, par exemple, comme je l'ai dit d'abord,
08:04on doit investir dans la prévention de la violence,
08:06on doit avoir des services spécialisés, de santé pour les jeunes filles.
08:12Tout ça, on doit faire la différence.
08:14C'est important qu'il y ait un compromis à haut niveau de tous les gouvernements.
08:19Mais le message est passé.
08:20Merci beaucoup Esther Ruiz d'avoir répondu à nos questions ce midi sur France 24,
08:23porte-parole spécialiste de la protection de l'enfance au bureau de l'UNICEF.