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00:00Allez, place tout de suite à derrière l'image notre rendez-vous pour décrypter l'info à partir de photos qui font sens.
00:06Et aujourd'hui nous recevons Tiffany Fillon. Bonjour Tiffany, vous êtes journaliste pour Enter, le média des 18-35 ans qui parle Europe sur les réseaux sociaux.
00:14Alors vous allez nous faire découvrir votre image, votre cliché c'est évidemment la tradition dans quelques instants.
00:19Vous vous revenez de Serbie où depuis cinq mois un mouvement de contestation anticorruption secoue le pays.
00:24Pour aborder le sujet, vous avez choisi justement une image aérienne, on va peut-être la découvrir à l'écran et puis vous allez nous expliquer ce qu'on y voit.
00:33Donc c'est une image de drone du centre de Belgrade qui a été prise par l'agence AFP.
00:38Elle date du 15 mars et elle est assez impressionnante parce qu'elle nous permet de prendre conscience du monde qu'il y avait ce jour-là dans les rues de la capitale serbe.
00:46Donc ce jour-là le 15 mars, d'après un organisme de comptage indépendant, il y aurait eu entre 275 000 et 325 000 personnes dans les rues.
00:54Alors que les autorités serbes ont dénombré plutôt 107 000 manifestants.
00:59Donc Enter a choisi de couvrir cette manifestation parce que comme vous le disiez, c'est un mouvement qui dure depuis plus de cinq mois.
01:05C'est un sujet qui fait beaucoup réagir, notamment dans la communauté serbe.
01:09Dès que l'on traite le sujet, nous on reçoit beaucoup de commentaires.
01:13Certains de nos abonnés nous avaient même prévenus en nous disant que ce serait sûrement cette manifestation un tournant pour le mouvement de lutte contre la corruption en Serbie.
01:22Je vous propose de regarder un extrait de ce reportage qu'on a réalisé avec Anaïs Delmas.
01:35Pendant toute la journée, on a croisé ce signe partout, celui de la main ensamblantée.
01:39En gros, c'est un symbole du mouvement pour dire que le pouvoir a du sang sur les mains.
01:47Dans le cortège, on entend aussi la corruption tue, et puis toujours autant de boulouser là et de siffler,
01:52avant que la ville entière plonge dans le silence.
01:56Là, les manifestants font 15 minutes de silence.
02:05C'est devenu le rituel de ces rassemblements anti-corruption.
02:1015 minutes pour 15 morts, le nombre de victimes au moment de notre tournage.
02:13Voilà, on va revenir évidemment sur cette séquence.
02:27Une minute de silence déjà, on sait ce que ça fait.
02:3015 minutes, c'est extrêmement long et fort, sachant que ça se passe dans tout le pays, vous me disiez.
02:35Oui, quand il y a des manifestations, en même temps là, c'est vrai qu'en fait, les gens étaient réunis à Belgrade.
02:40Ils sont arrivés de tout le pays à Belgrade.
02:43Et donc, ils ont observé ces 15 minutes de silence en hommage aux 15 personnes qui sont mortes à Novissade,
02:50la deuxième ville du pays.
02:52Donc voilà, 15 minutes de silence pour 15 morts.
02:55Donc c'était le 1er novembre 2024.
02:57Le haut vent de la gare de Novissade s'est effondré.
03:00Et parmi les victimes mortes sur le coup, on compte notamment deux enfants.
03:03Depuis notre tournage, une 16e victime a succombé à ses blessures.
03:07Donc cet hommage a été rallongé d'une minute.
03:10On voit sur les images cette jeune fille qui vous accompagne, qui est une étudiante,
03:16et elle vous a conduit au cœur de la manifestation.
03:20Oui, en fait, c'est Vania, c'est l'une de nos abonnées.
03:23Elle a 27 ans, elle apprend le français.
03:25Et elle nous avait écrit d'ailleurs sur le compte Instagram d'Enter en français.
03:29Donc on l'a suivie pendant la manifestation.
03:31Parce que, en fait, Vania est étudiante.
03:33Et ce mouvement a pour particularité d'être d'abord un mouvement étudiant.
03:38Donc ce sont les étudiants qui sont à l'origine de toutes ces manifestations.
03:41Mais aussi de blocage de route, de blocus de leur fac, ou encore de grandes marches à travers le pays.
03:46Et ensuite, le mouvement s'est vraiment propagé à travers toutes les catégories de la population.
03:51Pourquoi est-ce qu'ils manifestent aujourd'hui, tous ces jeunes ?
03:54Parce que le drame de Novissade, ça a vraiment choqué la population.
03:58Parce qu'en fait, cette gare, elle venait d'être rénovée.
04:02Donc il n'y avait vraiment pas de raison pour qu'elle s'effondre.
04:04Alors qu'est-ce qui s'est passé ?
04:05Les gens ont commencé à demander des comptes au gouvernement qui avait lancé ce chantier.
04:10Mais ils se sont vite retrouvés face à un mur.
04:13Parce que le gouvernement a nié sa responsabilité dans cette affaire.
04:16Alors les étudiants ont commencé à se mobiliser pour réclamer la vérité et la justice.
04:20Et c'est ce qu'explique Vania dans cet extrait.
04:25Nous sommes ici pour que notre pays soit libre.
04:32Donc on ne veut pas la corruption.
04:35La corruption est dans chaque coin de notre pays.
04:39Dans les grandes villes, dans les petits villages, il est partout.
04:43Et on ne peut pas en étasser.
04:47On veut la vérité et on veut la justice pour les 15 morts à la gare à Novissade.
04:55C'est un accident qui a suscité beaucoup de colère allant jusqu'à provoquer des manifestations.
05:00Pourquoi ?
05:01Oui, parce qu'en fait, les Serbes ont réalisé que cette corruption avec laquelle ils vivent depuis tant d'années,
05:06cette fois-ci, cette corruption, elle tuait.
05:07C'est ce qu'ils se sont rendus compte de ça.
05:09Donc le drame de Novissade, ça a vraiment été un électrochoc pour la population.
05:13Et notamment pour les habitants de Novissade, comme Vania.
05:15Donc nous sommes allés dans le cadre de notre reportage sur les lieux du drame.
05:20Et d'ailleurs, je vous propose de l'écouter.
05:45Je pense qu'il n'y a jamais été le même.
05:50C'était pas leur faute.
05:52Ces gens, ils ont des enfants aussi.
05:55Donc je pense que les responsables des gens devraient être dans la prison.
05:59Parce que je peux être cette personne là-bas.
06:04Aussi, vous pouvez être cette personne.
06:07Ma famille peut être.
06:08Ma grand-mère, qui va de là chaque semaine à sa maison.
06:13Donc nous avons besoin d'empathie et d'entendre pour ces familles.
06:20Et nous avons besoin d'arrêter la corruption et toutes les choses mauvaises dans ce pays.
06:26Donc là, on peut voir vraiment l'émotion de Vania dans cette séquence.
06:31C'est émouvant parce que c'est le cas aussi de tous les serbes qu'on a croisés dans cette manifestation.
06:37En tout cas, de beaucoup de serbes.
06:38On voyait que c'était vraiment un moment puissant et fort pour eux.
06:41On a vu des gens se prendre dans les bras et très émus pendant cette manifestation.
06:45Et ça a été presque un point de bascule finalement, ce drame qui est presque aujourd'hui devenu le symbole de la corruption dans le pays.
06:53Oui, tout à fait.
06:53Parce que selon plusieurs ONG, le secteur du bâtiment est particulièrement touché par cette corruption.
06:58Et c'est vraiment connu de tous en Serbie.
07:00D'ailleurs, le 15 mars, on a vu des manifestants qui tenaient des banderoles sur des bâtiments en construction.
07:06Alors, comme le dit l'ONG Transparency International, je cite,
07:09« Le gouvernement serbe s'appuie largement sur des accords inter-étatiques et sur une législation spéciale sans contrôle anti-corruption approprié. »
07:18Dans le cadre de grands plans de construction, évidemment.
07:21Donc, ce qui est reproché au gouvernement du président Aleksandar Vucic,
07:25ce sont des contrats opaques de projets immobiliers qu'on soupçonne d'alimenter des filières de corruption,
07:31souvent au profit des proches d'Aleksandar Vucic.
07:34D'ailleurs, sous la pression de la rue,
07:36le gouvernement a été contraint de publier une partie des documents sur la rénovation de la gare.
07:42Et ces documents ont alimenté des soupçons autour de contrats qui ont été passés pour rénover la gare,
07:47en particulier ceux qui impliquent des pays étrangers.
07:50Et les manifestants accusent aussi le gouvernement d'avoir surévalué le projet sur le plan financier.
07:56Donc, en fait, les manifestants se demandent où est passé l'argent.
07:59Qu'est-ce qui ferait que les manifestants acceptent de mettre fin à leur mouvement ?
08:04Pour l'instant, ça continue.
08:05Oui, tant qu'en fait que leurs revendications ne seront pas entendues
08:08et surtout que des réponses concrètes ne seront pas apportées,
08:12les étudiants nous ont affirmé qu'ils continueraient les blocages, les marches, les manifestations.
08:17Alors, ils ont quatre revendications qui sont les suivantes.
08:20Ils réclament l'arrestation des personnes qui se sont attaquées aux étudiants,
08:24la libération des manifestants arrêtés,
08:26une hausse du budget de l'enseignement supérieur
08:28et la publication des documents relatifs à la reconstruction de la gare de Novissade.
08:34Ça fait quatre mois que ces étudiants, ces manifestants s'organisent.
08:38Comment est-ce qu'ils y parviennent ?
08:40Et quelles sont les particularités de ce mouvement qui reste un mouvement jeune, vous le disiez ?
08:43Oui, tout à fait.
08:44Alors, déjà, c'est un mouvement qui n'a pas de leader.
08:47Donc, l'idée, en fait, c'est de faire corps,
08:49de se protéger ensemble,
08:50d'être une masse qu'on ne peut pas attaquer individuellement.
08:53L'autre point intéressant, c'est que les étudiants se veulent apartisans.
08:57Donc, ils refusent de s'associer à n'importe quel parti politique.
09:01Ils s'organisent aussi sur les réseaux sociaux.
09:03C'est comme ça, d'ailleurs, qu'ils communiquent entre eux.
09:05Mais c'est aussi un moyen d'informer la population sur leurs actions.
09:08Autrement, en contournant les médias pro-gouvernement.
09:12On est trois semaines après la grande manifestation du 15 mars.
09:15Où est-ce qu'il en est ce mouvement ?
09:17Alors là, il y a une petite centaine d'étudiants
09:19qui est partie jeudi de Belgrade à vélo pour rejoindre Strasbourg.
09:22Donc, l'idée, c'est de traverser l'Europe
09:24et d'arriver dans un peu moins de deux semaines en France.
09:27Alors, pourquoi Strasbourg ?
09:29Parce que c'est là où sont situées les institutions européennes,
09:32notamment le Parlement européen,
09:33la Cour européenne des droits de l'homme,
09:35le Conseil de l'Europe.
09:36Et donc, les manifestants espèrent attirer l'attention
09:39des leaders européens sur ce qu'il se passe dans leur pays.
09:42Et en fait, ils aimeraient le soutien de l'Union européenne.
09:45Le problème, c'est que Bruxelles reste quand même plutôt silencieuse
09:49depuis le début du mouvement.
09:50parce que la Serbie est un pays candidat à l'adhésion de l'UE.
09:55L'Union européenne est aussi le premier partenaire commercial de la Serbie.
10:00Et puis, l'Union européenne a signé un protocole d'accord en juillet
10:03pour exploiter les réserves de lithium en Serbie.
10:07Et je rappelle que le lithium est une ressource stratégique
10:09puisqu'elle permet de faire fonctionner des batteries de voitures électriques.
10:13Alors, la Commission européenne a dit sur le sujet qu'elle soutenait
10:17l'état de droit et la liberté de réunion.
10:19Mais de son côté, le président Aleksandar Vucic n'a pas du tout
10:22l'intention de plier face au mouvement.
10:25Il accuse les manifestants de fomenter un coup d'État,
10:28de préparer des actions violentes,
10:30d'être financés par des puissances étrangères.
10:32Aleksandar Vucic a d'ailleurs nommé dimanche un nouveau Premier ministre,
10:36l'endocrinologue Juro Matsut,
10:39qui n'a pas d'expérience en politique,
10:42mais qui est connu pour être un soutien du président Vucic,
10:45selon le média Courrier des Balkans.
10:47L'opinion publique le connaît pour avoir donné des cours
10:50à des étudiants qui s'opposaient au mouvement anticorruption.
10:54Donc, Vucic a donc chargé Juro Matsut
10:57de former un nouveau gouvernement avant le 18 avril.
11:00Sa nomination doit cependant être approuvée par le Parlement.
11:03Et sinon, cela ouvrirait la voie à de nouvelles élections.
11:07Voilà, donc beaucoup de choses peuvent encore bouger.
11:09Et puis évidemment, on suivra l'arrivée de ces jeunes,
11:11cette centaine de jeunes qui étaient attendus à Strasbourg dans une semaine.
11:15Dernière question, où est-ce qu'on peut retrouver votre reportage ?
11:17Alors, on peut le retrouver sur la chaîne YouTube d'Enter.
11:20Donc, il suffit de taper dans la barre de recherche de YouTube
11:22ENTR plus loin FR, parce que c'est la chaîne francophone d'Enter.
11:27On existe en plusieurs langues.
11:28Ou sinon, vous pouvez aller sur le site internet de France 24
11:31et cliquer dans la rubrique Enter.
11:34Et n'hésitez pas à vous abonner à nos comptes sur les réseaux sociaux.
11:37Voilà, c'est jeune, c'est frais.
11:39Et ça parle d'Europe.
11:40Merci beaucoup, Tiffany Fillon.
11:41C'était derrière l'image consacrée.