À Poitiers, ces agriculteurs en colère attendent mieux du gouvernement Barnier

  • il y a 10 heures
Comme son prédécesseur, Michel Barnier fera-t-il face à la fureur des tracteurs ? Alors que le budget d’une France dans le rouge était annoncé par le nouveau Premier ministre, jeudi 10 octobre, des agriculteurs ont de nouveau fait entendre leur colère, à peine neuf mois après un mouvement de la profession qui a secoué la France.

À titre d’exemple, à Poitiers, ce sont quelques dizaines d’exploitants, à l’appel de la Coordination rurale, qui ont renoué jeudi soir avec une manifestation à leur image, devant la préfecture de la Vienne. Des bennes de gravats ont été déchargées et une montagne de mousse a été pulvérisée, à l’aide d’un canon, devant le bâtiment .

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Transcription
00:00La trêve n'aura pas duré.
00:01Neuf mois après avoir secoué la France,
00:03la colère des agriculteurs ressurgit lentement mais sûrement,
00:06comme ici à Poissy aujourd'hui devant la préfecture.
00:09Revenus agricoles, normes jugées trop contraignantes,
00:11les raisons n'ont pas changé,
00:13mais la météo catastrophique des derniers mois
00:15et les mauvaises récoltes ont aggravé le ressentiment.
00:18À peine nommé, Michel Barnier pourrait donc lui aussi faire face
00:20à la fureur des tracteurs.
00:27Qu'est-ce qui a changé depuis l'hiver dernier ?
00:29Rien du tout, il s'est rien passé.
00:31Que des promesses non tenues, comme d'habitude.
00:34Choc d'désimplification, moi je l'ai pas vraiment vu.
00:38Une baisse de nos coûts, au final, non,
00:41je dirais qu'ils ont pas augmenté plus.
00:43On est au pied du mur parce que nos trésoreries sont à rater pas crête.
00:48Nos coproductions dépassent nos produits.
00:50Je suis installé depuis un certain temps
00:54et là ça devient de plus en plus compliqué.
00:56Ces derniers mois, la dissolution de l'Assemblée
00:58a encore retardé la loi d'orientation agricole
01:00qui devait répondre à certaines revendications.
01:02Retardé aussi l'étude d'une refonte des lois EGalim
01:06qui assure un juste prix aux agriculteurs face à la grande distribution.
01:09Bref, on ne peut pas dire que beaucoup de choses ont changé depuis janvier dernier.
01:13Y'a des mesurettes de droite et gauche, c'est des pansements.
01:15Mais on s'attaque pas au nœud du problème.
01:17Tant que ce sera pas rémunéré correctement, il faut qu'il y ait une refonte.
01:20À la base, c'est ça.
01:22Qui, qui va bosser pour rien ?
01:24Moi je suis exploitant, je suis tout seul, j'ai 5 hectares 20.
01:27Je fais 4 marchés par semaine, mes parents en font 4 aussi.
01:32On vend tout au marché mais le problème c'est les charges qui nous assomment.
01:37Moi j'ai du mal à sortir un salaire,
01:39ma femme heureusement qu'elle est là pour avoir un salaire
01:40pour qu'on puisse vivre, on va dire, avec mes enfants.
01:42Y'a des mesures qui ont été annoncées pour aider les jeunes à s'installer
01:45sauf qu'aujourd'hui en pratique c'est pas du tout le cas, c'est pas en place.
01:48Vous aimeriez vous installer à terme ?
01:50À terme j'aimerais bien mais aujourd'hui c'est pas possible
01:54au vu des politiques et des banques qui aujourd'hui ne suivent pas forcément les projets.
02:07Eh les gars, vous pouvez couper le moteur ?
02:15Vous comprenez pas, vous serez pas à la place des meufs, des gamins.
02:21Vous êtes obligés de vous interpeller ?
02:22Mais non, mais vous méritez pas ça monsieur, vous avez déjà vous travaillé au régime.
02:26Sortirez le préfet là, on n'en serait pas là.
02:28Stop, stop, c'est bon, c'est bon.
02:31C'est réglé, espèce de connard.
02:32Après sa prise de fonction, Michel Bernier a annoncé une pause normative pour les agriculteurs
02:37et des aides pour faire face aux difficultés, notamment la fièvre ovine.
02:41Mais il a aussi dit ne pas vouloir raconter d'histoire au monde paysan
02:44car la situation financière du pays est très grave.
02:52On est peut-être écoutés, mais pas assez.
02:54Nous, on se sent esclaves de notre métier quand même, et on l'aime notre métier, je peux vous dire, on l'aime.
03:01Mais vous voyez, à 57 ans, être ici, c'est pas trop ma place, je veux vous dire.
03:06Cette colère, elle peut ressortir ?
03:09Je pense que ça va être pire, parce qu'on a une année de pauvreté,
03:13on a une année de pauvreté, on a une année de pauvreté,
03:16on a une année de pauvreté, on a une année de pauvreté,
03:18parce qu'on a une année de plus avec une année où on a mangé énormément d'argent sur les exploitations,
03:25donc ça va être terrible.
03:26Donc là, quand les gens vont revenir, ce ne sera pas de la colère,
03:28après, les gens n'ont plus rien à perdre quoi.

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