Les géants de la tech mondial : un risque de krach financier sans précédent [Pierre Gruson]

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Xerfi Canal a reçu Pierre Gruson, professeur à KEDGE Business School, pour parler du nouveau risque systémique.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00Bonjour Pierre Gruson, bonjour Jean-Philippe Denis, Pierre Gruson, vous êtes professeur de
00:13finance à Kedge Business School, campus de Bordeaux. Papiers publiés dans le monde qui
00:18m'a beaucoup interpellé et je pense qu'il va en interpeller beaucoup après avoir vu cette
00:23émission s'ils n'ont pas vu passer le papier. Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Tesla,
00:28Nvidia, donc les GAFAM en gros, plus Tesla, plus Nvidia, ces valeurs pourraient se retrouver en
00:34première ligne lors d'un krach financier, c'est le titre du papier du monde. En fait vous nous
00:38dites il y a un nouveau risque systémique qu'on n'a pas appréhendé, c'est ce que pèsent ces
00:42sept entreprises mondiales qui sont des monstres. Voilà, un montant gigantesque qu'on n'avait
00:49jamais imaginé auparavant, en plus un montant qui ne cesse de progresser, c'est-à-dire que de
00:55mémoire, Apple avait progressé, avait dépassé les 1000 milliards de dollars en 2018. Aujourd'hui,
01:00il y a trois valeurs de ces sept valeurs qui sont déjà à plus de 3000 milliards. Nvidia,
01:05qui est connue aujourd'hui, était quasiment ignorée il y a 5-7 ans. Donc on se demande
01:10également maintenant où va s'arrêter le fait que ces sept valeurs ensemble, malgré les frasques de
01:16Tesla, avoisinent aujourd'hui 15 000 milliards de dollars de valeur. C'est monumental. Vous
01:23comparez au bilan de la Fed, etc. C'est incroyable. Alors c'est vrai que les financiers, nous n'aimons
01:28pas beaucoup comparer une valeur de flux et de stock, mais ça voudrait dire par exemple que ces
01:3115 000 milliards représentent à peu près cinq fois le produit intérieur brut français. Et donc,
01:37il faut imaginer que lorsqu'on investit 15 000 milliards, les épargnants qui ont investi sont
01:42peu des particuliers, mais beaucoup des fonds de pension, des fonds de retraite américains,
01:46des fonds mutuels, des Blackstone et autres, et aussi nos six caves. Par conséquent, si la valeur
01:52de ces titres devait chuter, et on en a parlé ensemble, le feu peut venir de partout aujourd'hui,
01:59on en a encore la preuve très récente, et bien à ce moment-là, tous ces fonds se trouveraient
02:03démunis. En outre, à une vitesse vertigineuse, puisqu'on a vu il y a un an que la faillite
02:09d'une banque moyenne aux États-Unis qui a perdu 40 milliards de dollars en une journée. Nous
02:14gérons tous nos portefeuilles aujourd'hui avec nos smartphones. On appelait ça le « swipe
02:21crash », puisque en un mouvement, on peut annuler son portefeuille. Donc nous avons des valeurs très
02:28élevées, des valorisations très élevées, adossées à des rentabilités qui effectivement attisent la
02:33gourmandise des investisseurs. Et en tant que financier, on essaie toujours après de mettre
02:38en comparaison le risque-prix et la rentabilité, qui est un véritable indicateur de performance.
02:46Là, même si tous les indicateurs de rentabilité sont très favorables, le risque est encore plus
02:54élevé que ne justifie cette rentabilité. On a, pour mémoire, un indice de volatilité aux
03:01États-Unis que les Américains, qui ont beaucoup d'humour, appellent l'indice VIX, comme l'indice
03:05VICE, et cet indice tourne actuellement aux alentours de 13%. Alors on s'est promis de ne
03:11pas donner beaucoup de chiffres. Ça voudrait dire que si aujourd'hui les bourses américaines
03:14devaient bouger, elles pourraient avoir 70% de probabilité de monter ou baisser de 13%.
03:20Quand on regarde ces 7 valeurs, ces 7 magnifiques, comme on les appelle maintenant,
03:26eh bien cet indice est à 40%. On est donc potentiellement dans une situation normale
03:32de les voir encore progresser de 6 000 milliards de dollars ou bien de baisser de 6 000 milliards.
03:39Tous ces indicateurs, depuis le mois de janvier, font fi tout de même des inquiétudes au niveau
03:46international. On nous dit que l'année 2024, c'est l'année de toutes les élections et nous ne
03:51sommes pas au bout de nos surprises. On a un contexte géopolitique qui est compliqué et on
03:56a l'impression pour l'instant que les financiers sont autistes, sont immunisés, totalement immunisés,
04:01totalement hermétiques à ce qui pourrait se produire. Et ça, on sait qu'en général, lorsqu'on
04:07écarte une valeur de rappel, une valeur de sa position d'équilibre, les forces de rappel
04:12emmènent très vite dans l'autre sens. Donc, nous ne sommes pas à l'abri, de mon point de vue,
04:17d'un krach financier qui serait tellurique et instantané et qui serait gavé, alimenté et gavé
04:24par les valeurs monumentales que sont les 7 magnifiques. À suivre de manière... Voilà,
04:30parce que ça fait peur quand même, ça fait peur. Voilà, on est rentré en zone de turbulence
04:35maximale. Merci à vous. Merci beaucoup.

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