• il y a 2 mois
Le 2 octobre, Luc Chatel, ancien ministre et député et désormais président de la Plateforme automobile, était auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat. Au programme : une discussion suivie sur l’avenir de la filière automobile en France et en Europe, alors que le secteur fait face à des enjeux existentiels de transition écologique et de compétition internationale. Deux jours plus tard, les Etats membres donnaient leur aval à la Commission européenne pour instaurer une surtaxe de 35,3% sur les véhicules fabriqués en Chine. Une décision censée donner du souffle aux constructeurs européens, aux prises avec leurs concurrents chinois et américains. Revivez ces échanges. Année de Production :

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00:00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour un nouveau numéro de 100% Sénat, l'émission
00:00:14qui vous fait vivre les travaux de la Haute Assemblée.
00:00:16On va parler de voitures aujourd'hui, puisque les sénateurs ont auditionné Luc Châtel,
00:00:21ancien ministre de Nicolas Sarkozy et actuel président de la plateforme automobile qui
00:00:26représente les constructeurs automobiles, et il est venu dans cette audition dénoncer
00:00:30le projet du gouvernement d'augmenter le malus sur les véhicules les plus polluants.
00:00:35Je vous laisse écouter son audition.
00:00:36Donc Monsieur le Président, je le disais, vous êtes surtout connu du grand public pour
00:00:40votre riche carrière politique, puisque vous avez été maire de Chaumont, trois fois député
00:00:47et plusieurs fois ministre, mais votre vie professionnelle dans l'entreprise est tout
00:00:52aussi riche, puisqu'après avoir commencé votre carrière chez L'Oréal, vous avez
00:00:57changé d'univers, depuis 2017, vous êtes à la tête de la plateforme automobile qui
00:01:05rassemble quelque 3500 entreprises de la filière automobile française sur toute la chaîne
00:01:13de valeur.
00:01:14Vous êtes également président du comité stratégique de la filière automobile et
00:01:21à ce titre, vous avez signé en mai dernier, avec les ministres de l'économie, du travail
00:01:27et de l'industrie, le nouveau contrat stratégique de la filière automobile pour la période
00:01:332024-2027, qui selon vos propres termes, entend positionner la filière à l'avant-garde
00:01:41de la bataille pour le climat.
00:01:43La filière automobile est en effet confrontée au plus grand défi de son histoire, la transition
00:01:50écologique implique pour elle deux mutations profondes.
00:01:54D'une part, la réduction de l'impact environnemental de l'ensemble de ses activités de production
00:02:01et de distribution, d'autre part, et c'est là sa spécificité, l'adaptation de l'offre
00:02:08aux nouvelles exigences environnementales et aux nouvelles formes de mobilité.
00:02:14Dans le cadre du Green Deal, l'Union européenne a décidé d'accélérer cette transition
00:02:20en interdisant dès 2035 la vente de véhicules thermiques neufs et en fixant d'ambitieux
00:02:29objectifs intermédiaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre des véhicules
00:02:36en 2025 et en 2030.
00:02:39En France, le mouvement de transition est engagé, la part de marché des véhicules
00:02:45100% électriques s'établit désormais autour de 18% après avoir été multipliée
00:02:51par 10 en 5 ans.
00:02:53Cela sous l'effet des efforts d'innovation et d'investissement consentis par l'ensemble
00:02:59des acteurs de la filière mais aussi, et vous y reviendrez sûrement, grâce au soutien
00:03:04des pouvoirs publics.
00:03:06Cependant, cette hausse des ventes électriques a pour l'heure surtout profité à Tesla
00:03:13et aux acteurs chinois dont les parts de marché, bien qu'encore modestes, montent
00:03:19en flèche.
00:03:20Sans doute du fait de la difficulté des constructeurs français de trouver leur place face à la
00:03:25concurrence, des voix dissonantes se sont faites entendre parmi les ténors français
00:03:31et européens de la filière automobile.
00:03:34Les objectifs intermédiaires de réduction des gaz à effet de serre ont été explicitement
00:03:39remis en cause par certains constructeurs et l'Association des constructeurs européens
00:03:45d'automobiles s'est officiellement prononcée pour un paquet de secours à court terme avant
00:03:52le premier coup près en 2025, date à laquelle la réglementation européenne fixe un objectif
00:04:00intermédiaire de baisse des émissions de gaz à effet de serre des véhicules neufs
00:04:05de moins 15% par rapport à 2021.
00:04:08On ne sait pas très bien pour l'instant ce que recouvre ce paquet de secours, mais
00:04:13dans le même temps, l'Association des constructeurs européens d'automobiles a réclamé à plusieurs
00:04:19reprises un soutien public accru à la mise en place d'un écosystème favorable à l'électrification
00:04:27du parc.
00:04:29La plateforme automobile parle-t-elle d'une seule voie sur ce sujet ? Quelle est la situation
00:04:35Monsieur le Président des différents constructeurs français face à ces échéances ? Comment
00:04:42envisagez-vous par ailleurs les relations avec la Chine ? La Commission européenne
00:04:46a récemment décidé d'imposer aux véhicules électriques produits en Chine des droits
00:04:52de douane additionnels, mais cette mesure ne fait pas consensus parmi nos partenaires
00:04:58européens.
00:04:59Pensez-vous qu'il s'agit là de la bonne solution alors que la bonne santé des acteurs
00:05:04européens de la filière dépend aussi de leur débouché sur le sol chinois ?
00:05:11Lors du déplacement de notre Commission en Chine, et un certain nombre de mes collègues
00:05:16très certainement reviendront sur notre déplacement que nous avons effectué début septembre,
00:05:21nous avons aussi constaté l'avance technologique chinoise en matière de véhicules numériques.
00:05:28Craignez-vous qu'une nouvelle guerre douanière accroisse les difficultés de nos constructeurs
00:05:34à nouer des partenariats stratégiques avec ces acteurs chinois dans le domaine numérique ?
00:05:41Enfin, à l'approche du PLF, je me dois de vous interroger sur les mécanismes de soutien
00:05:47à la demande de véhicules électriques coûteux pour les finances publiques mais dont l'efficacité
00:05:53est bien réelle, comme on l'a vu en Allemagne avec l'arrêt brutal des aides à l'achat début 2024.
00:06:01En France, le système du bonus écologique a déjà été retravaillé en 2024 pour bénéficier
00:06:08davantage aux véhicules produits en Europe. D'autres ajustements pourraient-ils être
00:06:13imaginés pour soutenir l'industrie à un coût raisonnable pour les finances publiques,
00:06:20je pense en particulier aux dispositifs de leasing social, mais aussi, et on en a parlé
00:06:27puisque vous êtes arrivé avec un petit peu d'avance, sur le durcissement du barème du malus écologique
00:06:34qui serait porté par le gouvernement si cela a été confirmé.
00:06:39Quelles conséquences anticipez-vous sur le marché des véhicules thermiques ?
00:06:44Voilà, Monsieur le Président, quelques questions auxquelles je suis sûre que vous allez déjà pouvoir répondre.
00:06:49Et puis, je n'en doute pas, mais vu l'affluence des commissaires dans notre salle aujourd'hui,
00:06:56ils seront très nombreux à vous poser des questions une fois votre propos liminaire fait.
00:07:02Et en tout cas, je vous remercie encore de votre présence. Et je rappelle que votre audition fait l'objet
00:07:07d'une captation vidéo qui est diffusée en direct sur le site du Sénat.
00:07:12Monsieur le Président, je vous laisse bien volontiers la parole.
00:07:17Merci, Madame la Présidente. Mesdames et Messieurs les sénateurs, d'abord, je suis très heureux de me retrouver ici
00:07:23dans cette grande maison que j'ai eu l'occasion de pratiquer souvent dans ma vie antérieure.
00:07:31Vous avez rappelé, Madame la Présidente, que je présidais la plateforme automobile depuis fin 2017.
00:07:37C'est-à-dire que ça va faire bientôt 7 ans que je représente l'industrie automobile en France,
00:07:42c'est-à-dire les constructeurs, les équipementiers et les sous-traitants.
00:07:46Et notre mission est à la fois de travailler sur des coopérations en matière d'innovation dans l'automobile.
00:07:54C'est, vous le savez, le premier secteur en matière de R&D en France et en Europe, la filière industrielle automobile.
00:08:02Et mes adhérents, qui sont aussi bien les constructeurs que les grands équipementiers ou toute la filière de sous-traitance,
00:08:09s'ils sont concurrents entre eux, sont aussi capables de coopérer sur des grands chantiers,
00:08:17des grandes perspectives d'innovation de la filière automobile. Et donc c'est la première mission de la plateforme automobile.
00:08:23La deuxième mission concerne tout ce qui est lié à la compétitivité.
00:08:27Comment faisons-nous pour finalement faire en sorte tout simplement qu'il y ait encore une industrie automobile en France dans 10 ans ?
00:08:34Et, mesdames, messieurs les sénateurs, ça n'est pas écrit d'avance. Voilà. Je pèse mes mots aujourd'hui devant vous,
00:08:40mais notre filière est aujourd'hui en grand danger, la filière française, mais aussi la filière européenne.
00:08:48Et j'y reviendrai dans mon propos et naturellement en réponse à vos questions.
00:08:53Et donc nous travaillons collectivement sur des sujets d'amélioration de la compétitivité.
00:08:59Nous faisons travailler ensemble les entreprises de la filière. Nous les aidons à se moderniser, à se robotiser.
00:09:07Donc c'est la deuxième mission de la plateforme automobile. La troisième mission concerne l'emploi, les compétences et la formation.
00:09:15Nous sommes face à une mutation historique de notre filière. Vous l'avez évoqué, madame la présidente,
00:09:20qui va faire appel à de nouveaux métiers, à de nouvelles compétences et donc à de nouvelles formations.
00:09:27Et il nous faut à la fois travailler sur l'accompagnement des entreprises et des salariés qui vont voir leur métier disparaître.
00:09:34Et oui, des métiers entiers ont déjà disparu. Juste un chiffre. En 5 ans, cette filière a perdu 50 000 emplois en France.
00:09:42Nous sommes aujourd'hui à 350 000 emplois dans l'industrie automobile. Et on était à plus de 400 000 il y a un peu plus de 5 ans.
00:09:51Donc nous avons à accompagner les entreprises, finalement, qui sont victimes de ces mutations et à accompagner leurs salariés.
00:09:59Mais nous avons aussi surtout à inventer, à imaginer les formations au métier de demain dont nous aurons besoin dans l'automobile.
00:10:07Et c'est une mission particulièrement passionnante. Voilà. Alors je voudrais peut-être, pour la clarté de mon propos,
00:10:15évoquer rapidement cette mutation à laquelle vous avez fait référence, que la filière automobile est en train de traverser,
00:10:24je dirais dans le monde, en Europe en particulier et en France, compte tenu du poids de l'industrie automobile dans notre activité économique.
00:10:34Et puis j'évoquerai ensuite peut-être dans un deuxième temps les inquiétudes qui sont les nôtres aujourd'hui, les sujets d'actualité,
00:10:41et en particulier ceux que vous aurez à traiter dans les prochaines semaines dans le cadre du projet de loi de finances.
00:10:48La mutation à laquelle vous avez fait référence, elle est historique. Elle est en fait triple. Nous avons une première disruption
00:10:56qui est liée au mode de propulsion des véhicules. Et je résume souvent ces trois mutations de la manière suivante.
00:11:05Nous avons pendant 100 ans... Nos industriels, nos constructeurs ont produit des voitures dans leurs usines qui vendaient à leurs clients.
00:11:13Demain, ils seront prestataires de services de mobilité du quotidien avec des véhicules décarbonés. Voilà.
00:11:20Donc ça veut dire que vous avez 3 changements en même temps. Le changement du mode de propulsion. On passe du moteur thermique au moteur électrique.
00:11:28Et ça, c'est pas rien parce que ceux qui sont peut-être ingénieurs dans la salle le savent. Ce sont des changements absolument considérables
00:11:36en matière de technologie. C'est pas du tout le même principe, le même système. Il ne s'agit plus d'adapter une voiture avec des batteries,
00:11:45mais il s'agit de repenser complètement l'architecture d'un véhicule. Et donc ça nécessite des investissements absolument considérables.
00:11:53La deuxième mutation, elle est liée au passage du hardware au software. Aujourd'hui, si vous allez dans une concession automobile, un véhicule neuf,
00:12:03eh bien si vous l'achetez, il y a environ 100 millions de lignes de code. C'est plus que dans un Airbus A320. Donc aujourd'hui, une automobile,
00:12:13c'est un concentré de technologies absolument gigantesque qui fait appel aux technologies les plus avancées.
00:12:22On dit souvent que c'est finalement un iPhone à roulette. Eh bien c'est un petit peu ça. Alors tout ça est destiné d'abord à la sécurité.
00:12:30Il y a eu énormément d'avancées en matière de sécurité ces dernières années avec des aides à la conduite qui, progressivement, se mettent en place,
00:12:38qui sont des équipements assez lourds, assez coûteux, mais qui sont importants pour le consommateur, et puis qui sont liés à tout type de services.
00:12:46C'est-à-dire qu'aujourd'hui, en temps réel, vous pouvez connaître l'état de vos pneus, l'état de votre consommation. Votre véhicule est sans doute
00:12:54la personne qui vous connaît le mieux, qui est capable de retracer toutes vos habitudes et est capable donc, à terme, sera capable de vous proposer
00:13:02un certain nombre de services allant avec vos habitudes de consommation. Et puis enfin, troisième disruption, elle est liée au passage de l'industrie aux services.
00:13:14Regardez l'émergence des services de mobilité, même s'ils sont encore embryonnaires dans certains territoires. Aujourd'hui, regardez l'autopartage,
00:13:24regardez les locations courte durée, regardez le fait que nos concitoyens, de plus en plus, parlent d'usage et non pas de propriété.
00:13:33C'est-à-dire que ce qui est important, c'est le déplacement de point A à point B en un temps minimum, en émettant le moins de carbone possible
00:13:42et en me coûtant le moins cher possible, plus que d'être propriétaire de son véhicule. Et donc ça bouleverse complètement les modèles économiques,
00:13:50là où auparavant, encore une fois, les constructeurs avaient l'habitude de vendre leurs voitures à leurs clients finaux, d'où l'importance d'ailleurs
00:13:58des flottes, d'où l'importance des achats collectifs qui accompagnent et accélèrent les mutations auxquelles je viens de faire référence.
00:14:09Ces trois mutations, finalement, elles impactent une filière historique en France qui a décidé de prendre à bras-le-corps ce sujet
00:14:22et notamment d'être exemplaire, d'être à l'avant-garde du changement climatique. Nous devons décarboner les transports si nous voulons décarboner le monde.
00:14:33Et il y a un levier important sur les transports et donc un levier important sur l'automobile. Alors les constructeurs automobiles et toute la filière,
00:14:44leurs sous-traitants, n'ont pas attendu les réglementations européennes récentes pour travailler sur ce sujet. Un rapide rappel.
00:14:52Les véhicules que vous trouvez aujourd'hui dans vos concessions émettent deux fois moins en moyenne de CO2 qu'il y a 20 ans.
00:15:00Ils émettent 10 fois moins de particules qu'il y a 5 ans. Et ils émettent 3 fois moins d'oxyde d'azote qu'il y a 5 ans également environ.
00:15:12Donc il y a eu des efforts absolument considérables grâce à l'innovation que j'évoquais il y a un instant. Mais avec le passage à l'électrique,
00:15:21avec à la fois la réglementation CAFE, qui pose des jalons en matière d'émission de CO2. Et nous aurons un jalon à passer en 2025 qui est important,
00:15:32qui est compliqué, de baisse de 15% du niveau de CO2 au kilomètre pour les véhicules neufs par rapport à 2021. Et de l'autre côté,
00:15:40l'autre réglementation européenne, le Green Deal, qui va sur l'interdiction des véhicules thermiques en 2035, nous avons une feuille de route
00:15:48qui est extrêmement encadrée et qui est extrêmement compliquée parce qu'il s'agit d'un changement de modèle pour l'industrie automobile européenne.
00:16:00Ça se traduit par des investissements considérables dans la filière automobile depuis 3 ans. Songez qu'on parle d'environ 200 milliards d'euros
00:16:11au niveau européen, 200 milliards d'euros d'investissement. Donc ce sont des capacités considérables. En France, il n'y a jamais eu autant de projets
00:16:23dans le secteur de l'automobile depuis 50 ans. Je peux vous parler des usines d'assemblage sur les véhicules électriques dans la région Hauts-de-France
00:16:34pour Renault. Je pourrais vous parler, dans le Grand Est, des usines de moteurs électriques pour Stellantis. Je pourrais vous parler des projets
00:16:44de piles à combustible avec Symbio, l'alliance entre Michelin, Forvia et maintenant Stellantis. Nous avons des projets dans le domaine
00:16:55de l'extraction de lithium. Nous avons des projets absolument considérables dans le recyclage des batteries avec de nouveaux acteurs
00:17:03qui entrent sur la filière automobile. Et c'est aussi peut-être l'intérêt de cette transformation. C'est que nous sommes en train de créer
00:17:09de nouveaux écosystèmes industriels. Historiquement, l'automobile, c'était une industrie verticale avec ce qu'on appelait des donneurs d'ordre à l'époque
00:17:17et des sous-traitants. Aujourd'hui, tous ces gens-là travaillent en écosystème. Et au prochain Mondial de l'Auto, où vous serez les bienvenus
00:17:25et nous vous accueillerons avec plaisir, madame la présidente, eh bien vous aurez par exemple Suez et Eramet qui présenteront
00:17:32leur dispositif de recyclage des batteries et d'extraction des métaux rares dans le cadre de recyclage des batteries.
00:17:39Tout ça a été inimaginable il y a 5 ou 10 ans. Donc c'est une filière en pleine transformation avec des investissements à la clé
00:17:50tout à fait considérables. Je voudrais maintenant évoquer les difficultés que nous rencontrons dans le cadre de cette transition
00:17:59et les conséquences que cela pourrait avoir. D'abord, nous traversons cette transformation brutale à la pire période de l'histoire,
00:18:10puisque le marché automobile est à un niveau d'activité qui est encore 23% au-dessous de ce qu'il était avant le Covid.
00:18:20Et il est donc à un niveau anormalement bas. Le mois de septembre qui vient de se terminer... Nous avons publié hier les chiffres
00:18:27d'immatriculation de véhicules neufs au mois de septembre. Et le plus mauvais mois de septembre en termes de vente, depuis que les statistiques existent,
00:18:35elles existent depuis 2014. C'est quand même le plus mauvais mois depuis 2014 qui était une crise automobile que nous avons bien connue en 2013-2014.
00:18:46Nous sommes donc à un niveau d'activité extrêmement bas qui peut s'expliquer par plusieurs raisons. D'abord, la situation économique générale.
00:18:56Un achat de véhicules, ce n'est pas un achat d'impulsion. C'est un achat qui est mûrement réfléchi, qui peut toujours être décalé.
00:19:04Et donc nous vivons actuellement cette période d'attentisme. Les prises de commandes sont mauvaises. Je vous alerte sur ce point.
00:19:12Donc je ne vois pas d'amélioration sur le marché automobile dans les prochaines semaines. Et je dirais que les principaux marchés en Europe
00:19:20sont dans la même situation que nous. Voilà. Donc nous avons cet attentisme. Nous avons fait l'exercice. Le fait qu'aujourd'hui,
00:19:27j'allais acheter une véhicule, c'est assez compliqué, parce qu'on ne sait pas quel véhicule acheter et quel mode de propulsion acheter.
00:19:38C'est-à-dire qu'il y a encore à tort sans doute une aversion pour l'électrique en se disant « Attends, est-ce que mon véhicule va avoir la bonne autonomie ?
00:19:48Est-ce que je vais avoir les réseaux de bornes de recharge disponibles à un prix à peu près abordable pour recharger ma voiture ?
00:19:56Je pourrais revenir sur tous ces sujets. Il y a le prix, naturellement, qui est un élément très important,
00:20:03puisque une voiture électrique coûte entre 30% et 50% plus cher qu'une voiture thermique. Et donc on a vu le prix augmenter de manière significative
00:20:13dans les concessions. C'est la raison pour laquelle les dispositifs d'accompagnement, d'aide au bonus, d'incentives sur les ventes de véhicules électriques
00:20:23sont très importants. Et vous avez rappelé ce qui s'est passé en Allemagne, où dès qu'on les a arrêtés l'année dernière, les ventes se sont effondrées.
00:20:30Voilà. Donc nous avons aujourd'hui une période d'attentive qui nuit au marché. Et évidemment, c'est très difficile d'effectuer des transformations
00:20:38aussi importantes à un niveau d'activité bas. Et vous le voyez sur vos territoires, puisque nous avons aujourd'hui une filière de la sous-traitance
00:20:46qui souffre dans la mécanique, dans la plasturgie, dans tous ces métiers qui font l'excellence industrielle française, qui, aujourd'hui,
00:20:55traversent des moments particulièrement difficiles. Nos grands équipementiers ont annoncé des plans de restructuration ces derniers mois,
00:21:04ce qui veut dire que la filière ne se porte pas bien au moment où elle aborde ce virage historique. Deuxième élément sur la trajectoire
00:21:15qui nous guide jusqu'en 2035, finalement, jusqu'à l'interdiction des véhicules thermiques. Nous avons effectué des tas de projections depuis 2022.
00:21:25Et ça fait partie des responsabilités de la plateforme automobile. Nous le faisons avec l'État sur la planification sur la transition énergétique.
00:21:40Et donc nous croisons nos projections pour regarder, finalement, comment on arrive à 100% de véhicules électriques en 2035 en partant de 1,2% en 2018. Voilà.
00:21:52Vous avez rappelé, madame la présidente, que déjà en 5 ans, nous avons multiplié par 10 la part de marché des véhicules électriques.
00:22:00Ça, c'est considérable. Et les investissements que j'évoquais tout à l'heure de nos constructeurs en particulier leur ont permis d'avoir aujourd'hui des gammes
00:22:08qui sont extrêmement fournies. Vous avez des modèles électriques sur tous les types de modèles. Vous avez des niveaux d'autonomie qui sont supérieurs à 500 voire 600 km.
00:22:20Donc je dirais que l'effort... C'est là que vous voyez que l'industrie automobile est une industrie extrêmement agile, puisqu'en 2018,
00:22:27quand on avait évoqué la multiplication par 5 le nombre de véhicules vendus et de la part de marché par 10, on nous avait pris pour des fous.
00:22:39Et nous sommes allés au-delà dans le cadre du contrat stratégique de filière. Donc si vous voulez, nous avons une part de marché qui a rapidement explosé.
00:22:48Et grâce au mécanisme d'incitation, le bonus, on a réussi en France depuis 2 ans, depuis d'ailleurs les dispositifs qui ont été annoncés sur le Green Deal,
00:23:00on a réussi à avoir une part de marché qui progressait régulièrement dans les ventes de véhicules électriques. Et puis en début d'année, cette trajectoire s'est cassée.
00:23:13Alors elle s'est cassée en Europe d'abord, où en Europe, il faut vous aller en tête qu'il y a une disparité énorme selon les pays.
00:23:20Entre les pays du Nord historiquement et les pays du Sud, la part de marché des véhicules électriques en Italie, elle est de moins de 3%.
00:23:27Allez chercher une borne de recharge en Espagne. Donc on a un énorme sujet avec les pays du Sud. Et l'Allemagne qui était, compte tenu de l'histoire et du poids
00:23:36que représente l'industrie automobile, qui c'était plutôt une performance, avait effectué un bon départ en matière de trajectoire sur les véhicules électriques.
00:23:43C'est complètement effondré à la suite de la décision de la cour allemande de mettre un terme aux incentives en fin d'année 2023, il y a presque un an.
00:23:56Le marché s'est totalement effondré depuis, à tel point que le diesel est repassé devant l'électrique en Allemagne. Voilà.
00:24:03Donc nous avons aujourd'hui une trajectoire qui n'est pas du tout celle que nous avions évoquée et qui devrait nous permettre d'abord de passer
00:24:12les jalons que j'évoquais tout à l'heure en 2025, mais aussi de tenir la trajectoire pour 100% en 2035. Pour avoir les choses en tête,
00:24:22nous avions – nous – la plateforme automobile prévue d'être à 25% de part de marché sur les véhicules électriques l'année prochaine, en 2025.
00:24:31Les chiffres qui ont été publiés hier montrent que nous sommes à 17% en cumul depuis le début de l'année 2024.
00:24:39Je parle des VE, c'est-à-dire véhicules 100% électriques. D'accord ? Donc nous sommes à 17% au cumul. Et nous devrions, pour respecter cette trajectoire,
00:24:50être à 25% l'année prochaine, 50% en 2030 pour atteindre 100% en 2035. Mais en parallèle – je l'évoquais à l'instant –,
00:24:59il y a une autre réglementation européenne qui s'appelle CAFE, qui prévoit des jalons et qui prévoit donc qu'en 2025, les constructeurs européens
00:25:11devront baisser de 15% leurs émissions de CO2 au kilomètre par rapport à 2021. Et donc c'est une moyenne européenne.
00:25:22Pour réussir à passer ce jalon, il faudrait que la part de marché en Europe des véhicules électriques soit en 2025 d'environ 22%. Voilà.
00:25:33Elle est aujourd'hui de 12%. Donc vous imaginez le gap et les difficultés que rencontrent les constructeurs européens pour les raisons
00:25:41que j'évoquais tout à l'heure, c'est-à-dire des marchés très disparates en Europe sur la pénétration de l'électrique, des politiques
00:25:49qui sont malheureusement pas européennes en la matière – et j'y reviendrai –, mais vous n'avez pas deux pays où il y a le même système de bonus
00:25:55et pas de système où il y a la même politique d'accompagnement de l'industrie, alors que nos constructeurs automobiles, leurs équipementiers
00:26:01sont des entreprises mondiales, européennes, présentes dans tous ces marchés, et donc doivent s'adapter à la situation dans chaque marché.
00:26:08Et que les moyennes que j'évoquais à l'instant, pour déclencher les seuils, sont calculées au niveau européen. Voilà.
00:26:15Donc nous sommes à la veille de grandes difficultés, parce que les constructeurs estiment qu'en Europe, le fait de ne pas tenir ces jalons de 2025
00:26:26devrait occasionner de l'ordre d'une quinzaine de milliards d'euros d'amende à cause de la non-obtention de ces objectifs. Voilà.
00:26:37Avec finalement que des mauvaises solutions pour y répondre. Première mauvaise solution serait de dire qu'on tire un trait sur la réglementation.
00:26:47Nous sommes engagés dans une transformation historique. Et il est important que l'automobile soit exemplaire en la matière.
00:26:56Deuxième mauvaise solution serait par exemple d'aller acheter des quotas carbone aux Chinois, ce qui donc aboutirait à une subvention
00:27:06directe à ceux qui vont être nos principaux concurrents sur l'électrique. Troisième mauvaise solution serait de vendre des véhicules chinois
00:27:16importés en Europe ou produits en Europe via des constructeurs européens. Quatrième mauvaise solution serait de travailler le mix,
00:27:25c'est-à-dire puisqu'on ne vend pas 22% de véhicules électriques, pour tenir les engagements d'émission de carbone, pour un véhicule électrique non vendu,
00:27:36il faudrait ne pas vendre 4 véhicules thermiques. Voilà. Donc ça, ça veut dire un affaissement du marché. Les constructeurs l'ont déjà pratiqué en 2021.
00:27:44C'est-à-dire avant le premier jalon. Ils ont retiré du marché un certain nombre de véhicules thermiques qui se vendaient,
00:27:52qui étaient des véhicules appréciés des consommateurs, mais uniquement pour, dans la dernière ligne droite, réguler leurs émissions de CO2.
00:28:02Tout ça est assez kafkaïen. La vérité, et je m'adresse à vous de manière forte, c'est que nous manquons en Europe d'une vraie stratégie pour l'automobile.
00:28:14Les pouvoirs publics ont décidé – le Parlement, la Commission, le Conseil – de réglementer cette industrie.
00:28:23On est en train de s'apercevoir qu'on ne transforme pas une industrie aussi importante et une technologie aussi pointue par un règlement
00:28:34s'il n'y a pas d'accompagnement de cette industrie, s'il n'y a pas d'investissements massifs dans l'innovation,
00:28:42s'il n'y a pas d'investissements massifs dans les forces vives, dans la formation et dans la reconversion,
00:28:49s'il n'y a pas de coordination en Europe pour une politique commune en matière d'incentive et donc de bonus.
00:28:57Je l'évoquais tout à l'heure. Il n'y a pas deux pays où c'est le même système. On est en train de s'apercevoir que ça ne marche pas.
00:29:02Et à la fin – excusez-moi du peu – si vous voulez que ça marche, il faut qu'il y ait juste un client à la fin.
00:29:08On s'aperçoit qu'aujourd'hui, il n'y a pas suffisamment de clients. Et donc la trajectoire que nous avions envisagée ne sera pas respectée,
00:29:17ne sera pas tenue, ce qui pose de vraies difficultés. Je serai prêt à répondre à vos questions sur ce point.
00:29:26Nous avons enfin – et je terminerai peut-être mon propos limitaire par là – un autre sujet d'inquiétude que vous avez évoqué, Madame la Présidente,
00:29:34qui est plus lié à vos fonctions de parlementaires, notamment dans le cadre de la préparation de la loi de finances.
00:29:41Vous avez évoqué tout à l'heure le dispositif des bonus-malus, qui est un dispositif – je crois – vertueux dans le cadre d'une transition de ce type,
00:29:51qui a bien fonctionné, encore une fois, sur les bonus, avec une réserve près. C'est que le dispositif – excusez-moi du peu – a changé 15 fois en 5 ans.
00:30:0015 fois en 5 ans. Donc vous voyez, je vous parlais tout à l'heure des attermoiements et de l'incertitude et de l'incapacité des consommateurs à se décider.
00:30:07Vous vous rendez dans une concession. On va vous demander votre niveau de ressources pour savoir si vous êtes éligible à tel ou tel type de bonus.
00:30:15On va vous demander combien de kilomètres vous faites pour aller travailler. Bref, c'est incompréhensible. Voilà.
00:30:21Les Américains, ils ont beaucoup de défauts, mais ils ont mis en place du jour au lendemain l'IRA. Eh bien sur le bonus, vous avez 7 500 dollars,
00:30:31la moitié si votre voiture est produite aux États-Unis, l'autre moitié si votre batterie est produite aux États-Unis. Point barre. Voilà. Simple, lisible, efficace.
00:30:39Sur les bonus – je l'ai dit 17 fois au gouvernement précédent, au pluriel, au gouvernement précédent –, nous avons besoin de stabilité, de lisibilité,
00:30:50de simplicité. Voilà. C'était créé dans le contrat stratégique de filière que j'ai signé avec l'État au mois de mai dernier.
00:30:57Donc à cette réserve près, le dispositif des bonus a bien fonctionné. Et je vous ai dit que notre part de marché, la pénétration des véhicules électriques
00:31:08en Europe, en France, est la deuxième après la Belgique envers de la part de marché. Et la Belgique, c'est parce qu'ils ont justement
00:31:13des dispositifs d'incentive fort. Donc ils fonctionnent bien. Le sujet, aujourd'hui, ça va devenir le malus. Voilà. Pourquoi ça va devenir le malus ?
00:31:23Parce que dans son esprit, nous sommes sur un système de péréquation. C'est-à-dire que les malus, en gros, on va prendre au pollueur, le plus important,
00:31:33pour donner au véhicule électrique qui est plus vertueux. C'est ça, l'esprit. Et globalement, si vous regardez sous réserve des derniers calculs
00:31:42que je croise avec Bercy, je vois le ministre de l'Industrie cette semaine, en gros, l'année dernière, il y a eu 1,5 milliard de bonus
00:31:50qui devraient cette année être ramenés... Enfin l'année prochaine, pour le Premier de loi Finances 2025, être ramenés autour d'un milliard d'euros.
00:31:57Donc on a quand même une baisse de 30% du bonus. Et en face, vous aviez un malus qui s'élevait autour d'un milliard 300 millions,
00:32:06donc qui peut ou proue compenser ce bonus. Les projections que nous ne connaissons pas, puisque nous n'avons pas été consultés,
00:32:15nous n'avons rien lu, mais nous avons lu des articles ici ou là, des fuites, etc., comme vous les avez lus, mesdames et messieurs les sénateurs.
00:32:22Donc moi, ce que je vois, c'est que si on continue à diminuer chaque année le seuil d'émission de CO2 pour le déclenchement des malus,
00:32:32d'abord, à partir de l'année prochaine, il n'y a plus d'un véhicule sur deux thermique vendu en France qui va être concerné. Plus d'un véhicule sur deux.
00:32:39C'est-à-dire qu'on n'est plus du tout sur les 10% ou les 15% ou les 20% les plus pollueurs pour prendre de l'argent et le redistribuer aux électriques.
00:32:49On est sur M. et Mme Tout-le-Monde. Et d'ailleurs, des véhicules courants, toute la gamme Clio, toute la gamme 208 pourraient être touchés.
00:33:00Les véhicules utilitaires légers seront touchés. Bon. Donc moi, j'ai entendu le Premier ministre expliquer qu'il ne voulait pas taxer ceux qui travaillent.
00:33:09Là, on va taxer ceux qui travaillent. Et comme on va avoir 1,8 milliard de recettes pour 1 milliard de dépenses, ça s'appelle un impôt déguisé. Voilà.
00:33:17Et ça, si vous voulez, au moment où la filière traverse... Autant, nous sommes... Encore une fois, il n'y a pas de sujet.
00:33:23Nous voulons être acteurs du changement climatique. Nous voulons être à l'avant-garde de ce changement.
00:33:27Je suis complètement en phase avec le discours du Premier ministre d'hier quand il dit qu'il y a des industries entières à réinventer.
00:33:34L'automobile est cet exemple. Elle est la première à suivre ce chemin. Voilà. Donc il y a un chemin pour aller vers une industrie verte qui décarbone les transports.
00:33:43Mais il y a un moment où il faut arrêter de nous taper dessus, si vous voulez. Je vous disais tout à l'heure. Nous sommes dans une situation avec un marché à thône,
00:33:52des investissements gigantesques, la concurrence des Chinois... Je vais y venir. Et donc des difficultés qui s'ajoutent les unes aux autres.
00:34:02Donc je peux peut-être terminer par la concurrence des Chinois. Et puis je répondrai aux autres questions.
00:34:08Si vous voulez, la concurrence des Chinois... Si vous voulez, quel est finalement le paradoxe de tout cela ? C'est que les Européens ont décidé
00:34:18d'abandonner la technologie qu'ils ont inventée et sur laquelle ils étaient leaders mondiaux et pour lesquels ils maîtrisaient toute la chaîne de valeur.
00:34:27Quand on parle beaucoup de souveraineté industrielle, les Européens maîtrisent l'ensemble de la chaîne de valeur de l'industrie automobile. Voilà.
00:34:35Donc ils ont décidé de l'abandonner. C'est assez courageux de dire « J'abandonne pour choisir une technologie propre ». Sauf qu'ils ont choisi la technologie
00:34:45sur laquelle notre principal concurrent, premier marché mondial, premier exportateur mondial, a 15 ans d'avance et est en train d'inonder le monde
00:34:56à grand renfort de concurrence déloyale. Voilà. Donc si vous voulez, c'est un énorme sujet. C'est que nous nous sommes faits à Rakhiri
00:35:06pour choisir la technologie qui est celle de nos principaux concurrents avec des abandons de souveraineté à la clé,
00:35:14puisque nous ne maîtrisons pas la chaîne de l'électrique, puisque nous sommes en train de devoir rattraper ce retard en investissant massivement
00:35:22dans des gigafactories, dans de l'électronique de puissance. Et nous travaillons sur l'approvisionnement en métaux rares,
00:35:28là encore que nous ne maîtrisons pas, alors que les Chinois ont depuis des années gelé le sourcing en la matière. Voilà.
00:35:36Donc nous avons un énorme sujet en la matière. Donc après qu'on dise « L'Europe veut se défendre par rapport à cela »,
00:35:43nous, nous ne sommes pas favorables aux barrières douanières. C'est-à-dire que quand on fait... L'industrie automobile, c'est une industrie mondiale.
00:35:51Donc moins il y a de barrières douanières, plus il y a de développement économique, plus il y a de commerce. Mieux c'est pour l'économie
00:35:58de manière générale. Voilà. Simplement à condition que la concurrence soit loyale, à condition qu'on ait les mêmes règles du jeu.
00:36:05Vous êtes allés en Chine, mesdames et messieurs les sénateurs. Vous avez vu ce qui nous attend. Voilà.
00:36:10Donc la Commission européenne, à juste titre, a fait une enquête sur les subventions qui ont été accordées aux différents constructeurs chinois.
00:36:20Et elle a proposé un barème qui nous paraît une mesure provisoire importante pour réguler le marché des importations
00:36:31le temps que les constructeurs d'automobiles européens, en particulier les Français, aient rattrapé ce retard et soient compétitifs
00:36:39sur ce nouveau marché de l'électrique. Donc voilà quelle est aujourd'hui la position. Quand vous regardez aujourd'hui le marché européen,
00:36:46les Chinois n'ont jamais dépassé 1% du marché européen en matière automobile. Ils sont aujourd'hui à 22% du marché électrique automobile. Voilà.
00:36:57Donc vous voyez un peu. Et en France, l'année dernière... Alors ça a été compensé par le bonus écologique que nous avons soutenu.
00:37:08L'année dernière, une voiture électrique sur 3 vendue en France était produite en Chine. Voilà. Y compris des voitures de constructeurs européens. Voilà.
00:37:21Donc il était temps de réguler. Et nous avons soutenu la démarche de la Commission en la matière. Voilà, madame la présidente.
00:37:28J'ai déjà été trop long. Mais je suis évidemment à votre disposition pour prolonger, répondre aux questions. Et d'ailleurs, je vais commencer par répondre
00:37:36à vos propres questions. — Merci. Merci beaucoup, monsieur le Président. Et je pense qu'à travers les questions que je vous ai posées,
00:37:44un certain nombre de mes collègues vont certainement rebondir. Et ça vous donnera l'occasion d'y répondre. En tout cas, vous avez pu voir
00:37:51combien notre auditoire était intéressé et attentif à vos propos, mais combien aussi cela a suscité un certain nombre de réactions
00:38:00qui, je pense, seront traduites dans les questions qu'ils vont nous poser. Donc je le dis à l'ensemble de nos collègues, qui sont très nombreux
00:38:07et très nombreux à vouloir poser des questions. J'ai une liste à l'après-vers très très longue. Donc vraiment, je vous demande d'être courts
00:38:16dans les questions que vous avez à poser, percutants. Et si vous le voulez bien, monsieur le Président, on va prendre les questions 3 par 3,
00:38:23de façon à ce que vous puissiez y répondre. Donc les trois premiers. Je laisse la parole à Daniel Fargeau.
00:38:30— Merci, madame la présidente. Merci, monsieur le Président, pour cette présentation. Alors je voudrais revenir très rapidement
00:38:36sur le secteur concurrentiel automobile. Vous le savez qu'à la suite du diesel-gate chez Volkswagen et des moteurs PureTech
00:38:43chez Stellantis, je voudrais savoir si nous assistons à une perte de confiance face à la concurrence asiatique.
00:38:49Et quelles seraient les stratégies pour la contrer, sachant que la R&D au sein de la filière automobile est de 6 milliards d'euros en France,
00:38:59alors qu'elle est deux fois plus importante en Chine, une fois et demie plus importante en Corée, 3 fois au Japon et aux États-Unis
00:39:07et 4 fois en Allemagne. Ça, c'est la deuxième question que je voulais vous poser. À la suite de cela, on a parlé des Chinois.
00:39:15Effectivement, nous savons que les Chinois financent aussi de l'ordre de 300 milliards d'euros la dette française.
00:39:21Alors quelles sont en réalité, en étant pragmatiques, les capacités de négociation de l'État français au regard de la position européenne,
00:39:29qui doit statuer ce vendredi sur la taxation des droits de douane ? Enfin, doit-on s'attendre à une nouvelle guerre commerciale
00:39:36ou plutôt, justement, à une solution négociée avec la Chine, notamment ? Alors je voudrais juste connaître, monsieur le Président,
00:39:44votre lecture sur cette situation de tension commerciale. Merci à vous.
00:39:50Merci, Daniel. Franck Mononville.
00:39:52Oui, merci, madame la Présidente, monsieur le ministre. Moi, je voudrais revenir sur la stratégie européenne du tout électrification
00:39:59horizon 2035 et vraiment savoir votre appréciation, parce que je pense que nous sommes nombreux à douter de cette capacité
00:40:12à horizon 2035 et ce, pour différentes raisons. Vous l'avez évoqué, les enjeux, bien évidemment, technologiques,
00:40:22mais aussi peut-être un enjeu stratégique, c'est de se priver aussi des progrès possibles en matière de e-carburant, de moteurs thermiques
00:40:31à très basses émissions. Le président de Renault, monsieur Sénard, l'évoquait notamment. Et puis une question qui s'oppose à nous
00:40:42au-delà de ce que vous avez évoqué avec la Chine, c'est notre capacité à demeurer exportateur sur des continents et des espaces mondiaux
00:40:53qui ne seront pas d'ici 2035 suffisamment équipés en matière de réseaux électriques. Donc pour toutes ces raisons,
00:41:02moi, je ferai un parallèle. Permettez-moi de faire un parallèle un peu particulier. Mais je pense qu'on s'enferme dans le tout électrique horizon 2035,
00:41:12comme la France a su s'enfermer avec le ZAN. Et heureusement, nous allons sans doute en sortir.
00:41:18— On va ouvrir ce débat français. Allez. Serge Meyrilou. Serge.
00:41:22— Madame la présidente, monsieur le président, moi, je voudrais vous interroger sur l'avenir de la filière des biocarburants,
00:41:30puisque la transition vers un parc automobile propre passe essentiellement ou majoritairement par le développement des véhicules électriques.
00:41:39Pourtant, il existe d'autres solutions pour décarboner ce parc, et je pense notamment aux biocarburants et à l'hydrogène.
00:41:47Cependant, les biocarburants ne sont mentionnés qu'une seule fois dans le contrat stratégique de la filière automobile.
00:41:54Les soutenir me paraît particulièrement pertinent afin de renforcer notre souveraineté technologique, industrielle et écologique.
00:42:03Quel rôle, si elles ont encore un rôle, ces filières devraient jouer à l'avenir pour l'industrie automobile ?
00:42:11— Merci, Serge. Voilà, monsieur le président. Trois premières séries de questions.
00:42:14— Très bien. Merci. D'abord, je veux pas dramatiser au-delà du raisonnable, mais vous savez, en Europe, nous avons déjà perdu plusieurs industries.
00:42:26Nous avons perdu l'industrie de la chimie. Nous avons perdu l'industrie des télécoms. Nous pouvons perdre l'automobile.
00:42:33Donc je veux dire... Nous sommes dans cette situation de... Je suis d'un naturel optimiste. Et j'ai essayé de vous montrer
00:42:41que notre filière française a pris à bras-le-corps ce sujet. Elle investit absolument massivement. Mais nous traversons une période
00:42:49horriblement compliquée. Et on ne sait pas... La fin de l'histoire n'est pas encore écrite. Bon. M. Fargeau, je dirais que la réponse
00:42:59pour être dans le coup – c'est un peu ça, face aux Chinois et autres –, c'est qu'un seul mot. C'est l'innovation.
00:43:05C'est la capacité à investir. C'est la capacité à produire des voitures dans des délais de plus en plus courts. Nous avons fait des progrès.
00:43:16Nous n'avons pas encore fait des progrès suffisants pour concurrencer aujourd'hui les Chinois. Faut imaginer qu'en Chine, on développe
00:43:23une automobile en environ 18 mois aujourd'hui. 18 mois. Moi, je me souviens, quand j'étais ministre de l'Industrie, il y a presque 20 ans,
00:43:3115 ans, 17 ans, il fallait 6, 7 ans pour développer une voiture. Quand je suis devenu président de la plateforme automobile il y a 7 ans,
00:43:39c'était 5 ans. Aujourd'hui, les constructeurs français, européens en matière générale sont autour de 3 ans, 3 ans et demi.
00:43:46Sur certains modèles, ils arrivent à descendre un petit peu en dessous. La Renault 5 que vous verrez au Mondial de Paris,
00:43:55qui va devenir le produit phare de Renault, a été développée en moins de 3 ans. Donc on est en train de réduire considérablement les process.
00:44:03Et ça, ça fait partie de la réactivité, la capacité d'adaptation pour en permanence innover. Et je citais tout à l'heure la réactivité des constructeurs
00:44:13depuis 5 ans. Regardez la gamme. Moi, je me souviens, une de mes premières sorties comme président de la plateforme automobile, c'était un salon automobile
00:44:22en 2018. Eh bien les deux stands des deux constructeurs principaux français, il n'y avait pas une voiture électrique en 2018, 2018.
00:44:30Vous verrez les stands que nous présenterons au Mondial de Paris. Et regardez aujourd'hui le catalogue de nos constructeurs.
00:44:39Donc il y a eu des efforts, des investissements, une réactivité, une agilité absolument sans précédent dans l'histoire de l'automobile
00:44:47pour changer complètement de mobile. Quelle est notre capacité de négociation vis-à-vis des Chinois ? Elle existe. Pourquoi elle existe ?
00:44:56Parce que les Chinois, contrairement à ce qu'on peut penser, les Chinois ont besoin de nous. Ils ont besoin de nous parce qu'ils ont aujourd'hui certes
00:45:05le premier marché mondial. Mais la situation économique – vous l'avez vu – en Chine n'est pas bonne. Ils cherchent des relais de croissance.
00:45:13Et donc ils cherchent à ouvrir, à dépasser leurs frontières. Ils ne peuvent pas aller aux États-Unis, puisqu'on leur ferme complètement la porte.
00:45:20100% de droits de douane et d'énormes difficultés. Par exemple, on ne peut pas aux États-Unis produire de voitures si on a des systèmes
00:45:30d'information chinois. Donc il y a des règles de droits de douane, de fermeture du pays absolument considérables vis-à-vis de la Chine.
00:45:40Donc l'Europe, avec ses 13, 14 millions actuellement de véhicules vendus, mais le marché est monté jusqu'à 16 millions en Europe,
00:45:51pour eux, est un réservoir de croissance, de développement important, parce qu'ils ont besoin d'amortir...
00:45:57Il faut imaginer qu'aujourd'hui, vous avez 300 constructeurs chinois qui sont des véhicules électriques. Il n'y en a pas un qui gagne de l'argent.
00:46:06BYD, l'année dernière, a commencé à être à l'équilibre. Mais j'aimerais voir les comptes de plus près. Voilà.
00:46:14Et si vous voulez, moi, j'ai rencontré mon homologue chinois à plusieurs reprises. Ils sont assez transparents là-dessus.
00:46:21Ils vous montrent. Ils vous disent. « Mais attendez. Nous, on ne gagne pas d'argent. Il va y avoir des morts. Ils vont se regrouper.
00:46:30Et ils ont besoin d'aller à l'étranger ». Voilà. Donc ils nous font la danse du ventre, parce qu'ils veulent venir en Europe.
00:46:35Ils veulent investir en Europe. Et donc je réponds à votre question. Ils ont besoin de nous. Donc la réciprocité, c'est aussi être conscient de cela.
00:46:44Maintenant, il faut être intransigeant sur un certain nombre de choses. Je le disais tout à l'heure. On ne peut pas accepter...
00:46:49Alors que nous, nous sommes en train d'entamer ce virage qu'ils ont... Ils ont le premier marché mondial.
00:46:56Donc pour amortir les investissements, évidemment, c'est beaucoup plus facile quand vous avez un marché avec 30 millions de véhicules.
00:47:01Ça vous permet d'amortir vos capacités de production et d'innovation beaucoup plus fortement que quand vous vendez 1,6 million de voitures,
00:47:09ce qui est le cas en France. Bon. Donc pour revenir aux capacités de négociation, moi, je pense qu'il faut être ferme sur les sujets
00:47:20de concurrence déloyale et la commission a raison dans les sanctions qui sont sur la table aujourd'hui.
00:47:29Par contre, moi, je pense qu'il va falloir monter des partenariats avec les Chinois. Vous savez, l'industrie automobile,
00:47:37elle a connu l'arrivée des Japonais dans les années 70. Souvenez-vous, je fais partie de cette génération. J'étais jeune, j'étais enfant.
00:47:44Mais oh là là, les voitures japonaises arrivent. Ils vont nous bouffer. Ça va être terrible, etc. Bon. Toyota, certes,
00:47:51est premier constructeur mondial aujourd'hui. Mais je dirais en part de marché relative, les constructeurs européens
00:47:59continuent d'occuper la part belle en Europe. Et nous avons su, avec les Japonais, monter des partenariats.
00:48:07Nous avons un exemple en France qui est très parlant, qui est l'usine de Valenciennes. L'usine de Valenciennes, non seulement,
00:48:13est aujourd'hui entre nous l'usine qui assemble le plus de véhicules dans notre pays, mais en plus, elle a travaillé à la japonaise,
00:48:21c'est-à-dire qu'elle a développé autour de son usine, dans le bassin d'emploi de Valenciennes, tout son écosystème de fournisseurs
00:48:30qui font qu'aujourd'hui, il y a à Valenciennes un vrai écosystème automobile qui n'existait pas. Et nous le devons aux Japonais, donc à Toyota.
00:48:37Donc si nous avons des accords bien établis, avec de la réciprocité, avec des règles... Les Chinois nous ont fixé des règles il y a 25 ans.
00:48:47Quand le marché chinois s'est ouvert, ils nous ont demandé aux constructeurs européens... Et à l'époque, les Français en faisaient partie.
00:48:55Citroën, un peu Renault, bref. Mais aux Allemands, surtout, ils ont fixé les règles. Ils ont dit « Vous allez venir chez nous
00:49:02pour nous aider à fabriquer des voitures ». Mais première règle, joint venture. Donc jamais 100%. Toujours avec un partenaire chinois.
00:49:12Deuxième règle, vous utilisez l'écosystème local. Troisième règle, pas de transfert de technologie chez vous. Voilà.
00:49:21Bon, eh bien il me semble que ces règles pourraient faire l'objet de discussions dans le cadre d'une réciprocité.
00:49:28Les Chinois veulent venir en Europe. On peut très bien imaginer. Il y a aujourd'hui une surcapacité de production en Europe dans l'industrie automobile.
00:49:36On pourrait tout à fait imaginer des partenariats de long terme avec des constructeurs chinois sérieux pour que, plutôt que d'aller nous vendre
00:49:43des voitures bradées, fabriquées en Chine avec un impact sur l'environnement, eh bien les produire avec les règles européennes sur le sol européen.
00:49:53M. Ménonville, sur le tout électrique 2035. Voilà. Le tout électrique 2035 n'est pas la solution que nous avions recommandée. Je rappelle.
00:50:08L'industrie automobile française européenne avait prôné ce qu'on appelle la neutralité technologique, avec un principe simple.
00:50:17Les politiques font les règlements et les lois. Les industriels font les technologies pour s'adapter aux règles et à la loi.
00:50:24Et nous avions proposé... Vous savez, on est dans une période de pionniers, aujourd'hui. Moi, j'ai des adhérents, des grands adhérents, pas des PME.
00:50:34J'ai des grands adhérents multinationales dans ma fédération. Vous en avez un qui ne croit pas du tout à l'hydrogène.
00:50:41Et vous en avez un qui, l'inverse, mise tout sur l'hydrogène. Voilà. Donc on est revenus à l'époque des pionniers, où vous avez des ingénieurs qui travaillent,
00:50:51qui font tous les jours des progrès fantastiques, qui vont trouver les solutions. Ce qui est encourageant, c'est ça, c'est qu'on va trouver la solution.
00:50:59Il faut juste du temps. Et il faut être capable de gérer cette période de transition. Mais on va y arriver. Nous, nous pensions que c'était mieux
00:51:08de travailler plusieurs solutions en même temps et donc d'avoir de l'électrique, d'avoir de l'hydrogène. On peut l'avoir, puisque c'est de l'électrique.
00:51:17Sauf que l'hydrogène, si l'hydrogène... Si on produit des piles à combustible et que l'hydrogène n'est pas vert, ça sert à rien. Bon. Et on déplace le problème.
00:51:25L'e-fuel, les e-carburants, qui pavaient être une piste à voir. Je réponds à votre question, M. le sénateur, les biocarburants. Voilà.
00:51:37Et donc nous pensions qu'il fallait laisser finalement la concurrence s'installer, les ingénieurs travailler et faire émerger une solution technologique.
00:51:46Ce combat est derrière nous. C'est-à-dire que l'Europe, dans son aspect collégial, conseil, parlement, commission, a décidé.
00:51:57Et donc il n'y aura plus de véhicules thermiques en 2035, donc plus d'hybrides, plus d'hybrides rechargeables. Pour l'instant, avant clause de revoyure,
00:52:08donc pas d'e-fuel. Pas d'e-fuel. Bon. À voir. Donc ça fait partie des sujets. Alors nous avons maintenant une clause de revoyure qui est prévue en 2026.
00:52:17Et là, nous ne souhaitons pas revenir en arrière. Attention. Ce que nous souhaitons, c'est discuter de la pente, la trajectoire.
00:52:24Puis nos amis allemands seraient favorables à réintroduire l'e-fuel. Si vous voulez, il faut raisonner même au-delà de l'automobile dans ce sujet.
00:52:33Au sein de France Industrie, on travaille beaucoup là-dessus, sur les sujets, les problèmes d'énergie en général. Et il faut essayer d'avoir une vision macro 360
00:52:42sur l'ensemble du cycle de vie. Ce que nous avons contesté, c'est que cette décision européenne a été prise sans analyse 360, c'est-à-dire ce qu'on appelle
00:52:50du berceau à la tombe. Et donc depuis l'extraction de la mine de lithium jusqu'au recyclage de la batterie. Bon. La vérité, c'est que si on regarde
00:53:01objectivement les choses, demandez même à des pétroliers le moteur électrique, la batterie est le meilleur moyen de décarboner les transports,
00:53:11à condition de ce que je viens de vous dire, c'est-à-dire qu'on analyse l'ensemble du cycle de vie, c'est-à-dire que l'électricité soit propre déjà.
00:53:18Vous avez aujourd'hui en Pologne 80% de l'électricité qui est de la lignite. En Allemagne, on est à 60%. Bref. Donc tant qu'on a cette période
00:53:28où on n'est pas encore 100% avec de l'énergie verte, le problème n'est pas résolu dans sa globalité. Mais sur le fond, le moteur électrique
00:53:38est celui qui a un meilleur rendement et qui est la meilleure réponse au problème que nous rencontrons. Monsieur le maire sur les biocarburants.
00:53:52Alors si vous voulez, les biocarburants, je connais ça par cœur, de par l'ancienne vie, etc. On y est forcément favorables. Simplement, on va avoir
00:54:01à un moment un sujet d'affectation des biocarburants. Est-ce qu'on les affecte pour les usages des transports terrestres ou bien qu'on les réserve
00:54:10à certains usages comme par exemple les transports aériens ? On a la même chose sur l'hydrogène. Tout le monde parle de l'hydrogène,
00:54:17l'hydrogène, mais l'hydrogène propre, il va être réduit, limité. Donc est-ce qu'il faut pas d'abord l'utiliser pour décarboner nos grands sites pollueurs,
00:54:25les aciéries, les grandes usines, les grands sites industriels, avant d'imaginer l'incorporer dans la filière des transports ?
00:54:33Donc tout ça serait à un moment un sujet d'arbitrage, mais dans l'absolu, bien sûr, je crois à la filière biocarburant.
00:54:39Merci, monsieur le Président. Donc je demande à nos collègues d'être concis. Sylvia de Noël.
00:54:44Merci, madame la Présidente. Monsieur le Président, j'ai eu l'occasion récemment de rencontrer bon nombre d'industriels de mon département
00:54:53qui m'ont exprimé leurs grandes inquiétudes, car ces entreprises industrielles de la filière mécanicienne, sous-traitantes de l'automobile,
00:55:02sont au cœur d'injonctions parfois contradictoires, décarboner leurs activités alors que les utilisateurs finaux et les consommateurs
00:55:10n'en perçoivent pas la valeur et ne veulent pas en payer le prix, changer leur modèle d'affaires quand leurs clients n'ont pas d'attente particulière à ce sujet
00:55:18ou encore produire des sous-ensembles qui finiront dans de gros SUV électriques, ce qui est, vous en conviendrez, un peu contre-productif
00:55:27quant à la recherche de décarbonation des transports. Alors certes, les mécaniciens doivent se réinventer, mais la synchronisation
00:55:35est extrêmement difficile à opérer, car vous l'avez rappelé, ces modèles d'équipement sont spécifiquement dimensionnés pour le secteur automobile
00:55:45et avec des programmes de très long terme qui ralentissent encore la transformation alors que les Chinois se dotent à vitesse grand V
00:55:52de fabricants de composants performants et à moindre coût. La question de la compétitivité de notre industrie mécanique est véritablement en jeu.
00:56:03J'aurais donc souhaité connaître comment la plateforme automobile envisage d'accompagner ces mécaniciens dans cette mutation
00:56:12et va continuer à aider l'ensemble des acteurs de l'écosystème automobile de rang 1 au rang 3, voire 4, à capter des relais de croissance.
00:56:21Merci, Sylviane. Alain Kaddak. Merci, Madame la Présidente. Merci, Monsieur le Président, cher Luc, pour votre exposé objectif et réaliste de la situation.
00:56:37C'est la première des choses. Alors moi, j'ai eu la chance de faire partie avec certains collègues qui sont ici présents ce matin du déplacement en Chine.
00:56:45Et je suis rentré terrifié, comme vous le disiez tout à l'heure, littéralement terrifié. Nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer un certain nombre d'acteurs de l'industrie automobile chinoise.
00:57:02Je pense à Nio, à Geely, à Libe Motors et à d'autres. Vous avez évoqué tout à l'heure d'ailleurs... Vous parliez d'un iPhone à roulettes.
00:57:14Nous sommes allés chez Xiaomi, qui est un fabricant d'iPhone et qui désormais fabrique des automobiles.
00:57:20On a bien constaté que la Chine avait, allez, 10 ans d'avance sur nous en matière de recherche et développement, de technologie, changement de batterie, un certain nombre de choses.
00:57:37Ils ont une technologie extrêmement avancée. Ce ne sont pas mes collègues qui me démentiront. Et donc les craintes sont là.
00:57:45Alors il y a deux stratégies de la part de l'industrie automobile française. Il y a la stratégie que je qualifierais de Luca De Meo et il y a la stratégie Tavares.
00:57:57Tavares, Stellantis, il dit, et il a fait, on va investir en Chine. Et il a acheté 21% de Libe Motors.
00:58:09Libes Motors qui, dans maintenant 3 semaines, dans les concessions Citroën et Peugeot, les Libes Motors vont arriver à des prix extrêmement concurrentiels, même avec 30% de taxes.
00:58:22Ils sont largement en dessous de nos prix. Donc comment l'industrie automobile... Vous avez essayé déjà de nous l'expliquer.
00:58:33Votre présentation était remarquable, franchement. Comment on peut s'en sortir ? Surtout, Franck le soulignait et quelques autres, avec cette échéance de 2035,
00:58:45Luca De Meo, la semaine dernière dans l'Express, dit, on n'y arrivera pas. En 2035, on pourrait être peut-être à 50%, mais sûrement pas à 100%.
00:58:56Alors il y a une cloche de revoyure, comme vous l'avez évoquée. J'ose espérer que le triptyque européen Commission, Parlement et Conseil puissent revenir sur cette houkasse,
00:59:10parce que pour l'industrie automobile européenne et française en particulier, c'est suicidaire. Et tout ça, évidemment, avec l'objectif de décarbonation, qui est le nôtre à tous ici.
00:59:23Mais il faut être réaliste et pragmatique. Donc...
00:59:26— Merci, Alain. Bernard Buy, qui a fait partie aussi du déplacement en Chine. — Merci. Effectivement. Merci, madame la présidente.
00:59:32M. le Président, le marché français des voitures neuves a enregistré un cinquième mois de baisse consécutif en septembre,
00:59:38un recul marqué chez nos constructeurs nationaux Stellantis et Renault, selon les chiffres publiés par votre plateforme.
00:59:44Vous l'avez évoqué dans vos propos introductifs. J'ai fait partie effectivement de la délégation de la Commission des affaires économiques qui s'est rendue en Chine en début de mois.
00:59:52Et nous avons pu constater tout le retard pris par l'UE sur la question des voitures électriques.
00:59:57Alors que les voitures électriques chinoises sont mieux finies, plus rapides et moins chères, que la Chine représente le premier marché automobile mondial,
01:00:05que les entreprises américaines bénéficient de l'IRA – vous l'avez évoqué –, comment garder une compétitivité pour nos entreprises françaises ?
01:00:12Comment continuer à exister face à ces concurrences, avec moins de normes, en augmentant les droits de douane au risque qu'ils se détournent du marché européen ?
01:00:20Vous avez évoqué votre aversion à ces propositions. En investissant dans un contexte de rigueur budgétaire, en s'associant, comme le fait Stellantis
01:00:30– et vient de le dire mon collègue – avec Libmotor, qui commercialise deux voitures de cette marque en France...
01:00:36Donc aujourd'hui, nous sommes assez inquiets par rapport à l'avenir de notre secteur automobile. Je vous rejoins pleinement là-dessus.
01:00:44Vous avez confirmé récemment les propos de Luca Demeo sur l'absence de coordination européenne avec une politique commune en matière de stratégie industrielle
01:00:54dans le secteur des automobiles. Alors quelques questions se posent. Une telle coordination est-elle concrètement possible au vu des divergences des intérêts ?
01:01:02Et si la coordination européenne est possible, comme nous pouvons le penser, quelles sont selon vous les différentes étapes pour y parvenir ?
01:01:09Voilà. En tout cas, sur les deux dernières questions, vous pourrez faire une réponse commune. Je vous laisse la parole de nouveau.
01:01:14Oui, voilà. Alors à Sylviane Noël, que je salue, je n'enlèverai pas un mot de ce qu'elle a dit sur la situation de la sous-traitance.
01:01:25Et c'est vraiment notre lot quotidien, puisque je rappelle que mes adhérents sont les deux constructeurs, les quatre grands équipementiers
01:01:32et toutes les PME de la filière automobile et notamment la filière de la mécanique qui est celle qui subit le plus cette transformation.
01:01:39Alors comment on les aide, comment on les accompagne ? De plusieurs moyens. D'abord, on les aide à trouver des moyens de se moderniser, d'innover, d'investir.
01:01:54Je vous prends deux, trois exemples. Nous avons créé en 2021, juste après le Covid, un fonds d'innovation qui s'appelle le Coram,
01:02:02qui est financé à 30% par l'État et ce qui permet, si vous voulez, d'amorcer la pompe. Vous savez, l'intérêt de la subvention publique,
01:02:11c'est qu'elle permet de stimuler les dossiers dans les entreprises. Et donc nous avons un fonds qui permet à une cinquantaine d'entreprises par an
01:02:22et ça concerne autant les PME que les ETI et les grands groupes comme Renault ou Stellantis, de répondre à des projets d'appel d'offres
01:02:32et d'obtenir un accompagnement sur l'innovation. Nous aidons les entreprises à se moderniser. Et donc, là aussi, on a mis en place des dispositifs
01:02:43avec l'État dans le cadre des contrats stratégiques de filière où il y a eu plus d'un milliard d'euros d'investissement sur le dernier contrat de filière
01:02:51pour aider. Je crois que 500 PME de la sous-traitance ont été concernées pour les aider à se moderniser. Nous les associons systématiquement
01:03:00à nos travaux sur les perspectives en matière d'innovation, en matière de partenariat entre les constructeurs, etc. Voilà. Donc c'est un combat permanent,
01:03:11quotidien, mais je n'en veux rien à ce que vous avez dit. C'est-à-dire qu'ils traversent une tempête. Ils sont en bout de chaîne.
01:03:17Ils reçoivent des instructions de leur donneur d'ordre de passer à l'électrique le plus vite possible pour respecter les engagements européens.
01:03:24Et de l'autre, leurs clients continuent à leur demander leur métier historique. Donc c'est eux, finalement, qui supportent ce changement brutal de technologie.
01:03:34Donc c'est un énorme sujet. Et en ce moment, nous rencontrons une augmentation des défaillances et une baisse des emplois qui est assez préoccupante
01:03:43sur toute cette filière-là. Sur, cher Alain Kaddek, sur ce que vous avez dit, finalement, quelle est la solution ?
01:03:53Il n'y a pas 50 solutions. C'est un mot, compétitivité. Voilà. Je suis désolé de vous dire aujourd'hui, mais malgré les efforts significatifs
01:04:07qui ont été réalisés depuis 7 ans en matière d'accompagnement des filières industrielles, en matière de politique de l'offre,
01:04:17notre pays n'est pas suffisamment compétitif, en tout cas dans notre secteur qui est très concurrentiel, qui est celui de l'industrie automobile.
01:04:27Et je voudrais prendre 3 ou 4 exemples. Premier exemple, l'énergie. Mes adhérents payent leur électricité 30% à 50% plus cher que les Américains ou que les Chinois.
01:04:40C'est pas possible, surtout quand on va passer à l'électrique, où on va avoir besoin de beaucoup plus d'énergie pour notamment nos gigafactories.
01:04:50Et donc le coût de l'énergie devient un enjeu concurrentiel considérable. Donc on a besoin d'un vrai marché européen qui soit aligné sur,
01:05:02non pas le coût du kWh marginal, mais sur le marché réel. Et en particulier en France, nous avons un avantage concurrentiel en la matière.
01:05:13Deuxième exemple, les impôts de production. Les impôts de production, il faut continuer. Je ne veux pas sortir de ma réserve.
01:05:23Et donc on pourrait parler de la façon de réduire la dépense publique. Je ne le ferai pas. Mais je suis conscient des contraintes budgétaires qui s'imposent aujourd'hui,
01:05:33très conscient, pour avoir eu à les gérer par le passé. Mais la question de l'impôt de production est absolument vitale dans le choix d'investissement
01:05:44de la part de grands acteurs internationaux dans notre filière. La question a été évoquée, la question du financement de la protection sociale et le fait
01:05:54qu'il pèse aujourd'hui quasiment exclusivement sur le travail dans notre pays. C'est un sujet. Quand vous avez 40% d'écart sur un coût de main-d'œuvre,
01:06:04tout compris entre... Je ne vous parle pas de la Slovaquie ou du Maroc. Je vous parle de l'Espagne. Voilà.
01:06:12Pourquoi est-ce que l'Espagne est devenue le deuxième producteur d'automobiles en Europe ? Mais parce qu'ils sont compétitifs en matière de production
01:06:22et notamment de coût du travail. Le crédit impôt recherche. Chaque année, on voit la tarte à la crème ressurgir des amendements tout à fait légitimes.
01:06:32Mais moi, je vous donne des... Ce que j'en pense de part... On parlait tout à l'heure de PME de la filière qui, aujourd'hui, utilise le crédit impôt recherche.
01:06:40Les entreprises de la filière, très en amont, qui innovent, qui investissent et qui veulent faire la différence par rapport à leurs concurrents.
01:06:46Et vous en parlez avec eux. C'est absolument vital pour leur compétitivité. Voilà. Donc vous avez 3 ou 4 exemples-là où j'allais dire,
01:06:54mesdames et messieurs les sénateurs, vous avez quelque part la main. Et c'est une réponse. C'est le fait d'être compétitif qui permettra d'investir davantage,
01:07:03d'innover toujours plus et donc de relever ce défi. On n'a pas... Notre industrie, elle n'a pas peur sur le plan concurrentiel au niveau technologique.
01:07:12Les Chinois... Je ne me permettrai pas de reprendre les propos du sénateur Bui quand vous dites que leurs véhicules sont mieux finis et plus rapides.
01:07:22Ils sont beaux. Ils font de belles voitures. Mais nous faisons, nous produisons de très belles voitures. Et ils nous envient à bien des égards en la matière.
01:07:32Mais nous avons affaire à des concurrents très sérieux. Voilà. Très sérieux. Et donc la réponse, c'est la compétitivité.
01:07:39M. le Président, vous étiez ministre à l'époque où la France présidait l'UE et a adopté le premier paquet, y compris le règlement CO2 de l'automobile,
01:07:53qui est très clair, d'ailleurs, qui est un règlement, comme vous le savez, de neutralité technologique. Simplement, ça dit à la sortie du pot d'échappement, il doit y avoir zéro CO2.
01:08:04Donc c'est de la neutralité technologique, mais qui, à un moment donné, impose un certain nombre de choix. Et à l'époque, on parlait déjà de crise automobile.
01:08:12Il y avait déjà 100 000 emplois perdus dans le secteur automobile par an dans notre pays par décennie. Donc là, on a la chance – et vous l'avez bien dit –
01:08:21au fond de redynamiser notre industrie automobile, de recréer des industries sur nos territoires. Et c'est une opportunité compliquée, difficile,
01:08:30mais qu'on doit voir positivement. Alors moi, j'aurais deux questions. Un, bon, reconnaissons que sur l'échéance 2025, c'est aussi des choix industriels
01:08:44de l'industrie automobile d'avoir fait des véhicules plus lourds, plus gros, quand il s'agit du thermique, qui ont compensé l'efficacité gagnée sur les moteurs.
01:08:54Mais de manière plus générale, on a eu le président Sénard, qui est venu ici, et qui a dit « Renault sera prêt en 2030 sur la vente des véhicules électriques pour l'Europe ».
01:09:04Dans un autre cadre sénatorial, le président ou le directeur général Tavares a dit « Nous, on est prêt en 2030 ». Et il dit à longueur d'interview
01:09:14« Surtout, ne changez pas les règles », parce que ce qu'on a besoin, c'est de visibilité, on a besoin de stabilité dans les règles pour construire nos transitions.
01:09:23Donc reconnaissons que l'industrie automobile sera prête. La question, c'est évidemment l'accompagnement, l'accompagnement des territoires,
01:09:32l'accompagnement social, l'accompagnement des transitions. Un, moi, ma première question, c'est au fond les divergences européennes.
01:09:40C'est vrai qu'il nous manque de politique industrielle. J'ai toujours défendu. Mais on n'a pas de politique industrielle, parce qu'on a des divergences.
01:09:46Et reconnaissons que la stratégie de Volkswagen, qui est d'investir toujours plus en Chine et de produire toujours plus en Chine,
01:09:53est incompatible avec tout ce qu'on essaye de défendre ici sur la souveraineté et la relocalisation de l'industrie automobile européenne.
01:10:00Donc comment vous gérez, en tant que patron de la PFA, ces divergences européennes ?
01:10:05Et puis une seconde question, les flottes. Vous avez raison de mentionner que c'est un levier extraordinaire.
01:10:12Est-ce qu'on ne pourrait pas être plus contraignant sur les flottes, notamment les flottes d'entreprise,
01:10:18pour s'assurer qu'elles constituent un vrai débouché sur les véhicules électriques, pour, encore une fois, pour s'assurer que le marché s'enclenche ? Merci.
01:10:30Fabien Guay. Fabien.
01:10:33Oui. Merci, Madame la Présidente. Monsieur le Président, moi, une question sur l'aspect social.
01:10:42Je vais revenir sur ça. Vous l'avez abordé. Vous posez un constat. Mais je crois qu'il faut qu'on essaye d'aller plus loin,
01:10:49parce qu'une fois qu'on a posé le constat, que faisons-nous ? Je vais poser la question peut-être de manière un peu provocatrice.
01:10:56Mais est-ce qu'on est condamné à, demain, dans les 10 prochaines années, à ne produire que des bouts de la chaîne de valeur de l'automobile
01:11:06et à faire et à abandonner tout le reste ? Moi, j'entends la réindustrialisation du pays depuis ces temps.
01:11:12C'est des gigafactories et des datacenters. Datacenters, d'ailleurs, très peu pourvoyeurs d'emploi. Les gigafactories, tant mieux.
01:11:20Mais après, et le reste ? Vous dites qu'on voit bien que c'est complexe. Ce n'est pas complexe pour les sous-traitants. C'est un désastre.
01:11:28Moi, je viens d'un département qui va être sinistré en matière automobile. Je ne parle même plus de PSA. Olné s'est déjà fait.
01:11:34Le dernier grand fabricant sous-traitant de PSA, qui était MaFrance, ça fait 6 mois qu'ils sont en grève. Et ils ont été accompagnés.
01:11:45En une semaine, ça a été rayé à la barre du tribunal de commerce. Imperial Wheels à Châteauroux. J'ai été les voir au mois de mai.
01:11:52Les derniers en Jeanne-Talut finissent aussi 350 emplois. Bref, on pourrait faire la liste comme ça.
01:11:58Donc moi, je pose une question. Il y a un contrat de filière qui a été fait. Mais il n'y a rien en termes de volume.
01:12:09C'est-à-dire est-ce que sur les 2024-2027, combien nous ambitionnons ? Je dis pas après que c'est simple.
01:12:16Mais combien nous ambitionnons ? Rien. En termes d'emplois ? Rien. Et sur la question des fermetures d'entreprises ?
01:12:24Parce que là, on a une question. C'est qu'on est en train de perdre toute une chaîne de sous-traitants. Donc voilà.
01:12:29Je pense qu'une fois qu'on a posé ce constat, il faut maintenant apporter des solutions. Et je finis par vous dire...
01:12:34Je vais pas être trop long. Mais le modèle peut pas être dire compétitivité, compétitivité, on va gagner face aux Chinois.
01:12:40Bon, évidemment, les Chinois, aujourd'hui, c'est plus ce que c'était il y a 20 ans. L'ouvrier moyen gagne ce que gagne un ouvrier moyen portugais.
01:12:49Très bien. Mais la question peut pas être le modèle social chinois appliqué chez nous, et au moins, disons, social et écologique.
01:12:57Pardon. Ça peut pas être ça, l'ambition de l'entreprise et du patronat français d'avoir le même modèle social et écologique que la Chine.
01:13:08Si c'est ça, ça sera, à mon avis, sans nous. — Merci, Fabien. Monsieur le Président, c'est à vous.
01:13:16— Merci. Alors madame Loisier, non, il n'y a pas d'inquiétude sur les batteries. Et il faut que vous sachiez, je vous encourage, madame la présidente,
01:13:27à aller visiter le site industriel de Flyn, qui est emblématique sur le reconditionnement des véhicules usagés.
01:13:40Là, en l'occurrence, c'est sur la fin de vie des Zoé, où on reconditionne complètement les véhicules, on leur met de nouvelles batteries et on les remet sur le marché.
01:13:52Donc c'est un très bel exemple d'économie circulaire, où on met en place finalement une nouvelle filière qui n'existait pas.
01:14:01Donc oui, c'est possible. D'abord, les durées de vie des batteries sont assez longues, pas plus courtes que le moment où on commence à avoir
01:14:10des révisions sur son véhicule thermique. Et ça a moins d'entretien. Et ensuite, on peut recycler la batterie.
01:14:16Il n'y a pas encore toute la chaîne de valeur en France là-dessus. Mais on y travaille. Et on a des premières avancées.
01:14:22Et on peut reconditionner, ce qui est une bonne nouvelle. Sur le bilan carbone, vous avez raison. Le problème de toute cette réglementation,
01:14:35encore une fois, je l'évoquais tout à l'heure, c'est qu'on n'a pas fait d'analyse de cycle de vie global et qu'il faudrait mesurer l'ensemble de l'impact carbone sur la chaîne.
01:14:42Mais je vous le redis. Ça peut vous paraître surprenant. Mais à la fin, si vous avez de l'électricité propre, si vous recréez une chaîne de valeur
01:14:53– et je répondrai à M. Guay là-dessus –, une chaîne de valeur où vous êtes souverain, vous maîtrisez donc une énergie propre,
01:15:02vous maîtrisez le recyclage, à la fin, vous aurez décarboné la filière automobile. Donc je veux dire qu'il faut voir la direction dans laquelle on va.
01:15:12Ce qui est très compliqué, c'est encore une fois la période de transition. C'est passer d'un modèle à l'autre. C'est compliqué sur le plan industriel, parce qu'on prend des paris.
01:15:21Et donc quand on prend des paris, on essaie de gagner, mais on peut perdre. Et puis c'est compliqué en matière d'emploi, parce que vous avez des gens
01:15:29qui ont fait toute leur vie le même métier, et parfois le même que leurs parents, leurs grands-pères, etc., à qui on va expliquer qu'il n'y a plus ce métier
01:15:36et qu'il y a un nouveau métier qui n'a rien à voir, qui nécessite des compétences qui n'ont rien à voir. Et donc il va falloir les accompagner.
01:15:42C'est ça qui est passionnant dans le cadre de cette transition. Sur le véhicule autonome, je ne suis pas sûr qu'on retrouve notre souveraineté avec le véhicule autonome.
01:15:52Je ne veux pas être pessimiste, mais le véhicule autonome, d'abord, il existe. Vos véhicules ont une partie d'autonomie.
01:15:59Vous avez vu les progrès qui ont été faits en la matière. Actuellement, où nous parlons, vous avez plusieurs endroits dans le monde où vous avez des tests
01:16:09qu'Endermature, à San Francisco, à Austin, à Las Vegas, en Chine, de véhicules de robotaxi, c'est-à-dire de véhicules complètement autonomes.
01:16:20Donc ce n'est pas pour demain matin. Moi, quand je suis arrivé à la présidence de la PFA, certains experts bien pensants m'ont expliqué que dans 5 ans, à Paris,
01:16:28il y aurait des robotaxi. Voilà. Donc il va falloir un peu plus de temps. Mais il ne faut pas oublier cette disruption. C'est l'aboutissement du software,
01:16:41donc l'aboutissement de la deuxième révolution que j'évoquais au début. Ce sont des investissements encore plus gigantesques et qui, aujourd'hui, travaillent là-dessus.
01:16:50Ce sont malheureusement les GAFA. Ce sont ceux dont c'est le métier de maîtriser tout ce software et autres. Et nos constructeurs font plutôt appel à ces technologies-là,
01:17:01parce que les investissements qu'il faudrait réaliser pour être autonome, sans jeu de mots, pour être souverain en la matière, sont disproportionnés compte tenu
01:17:12des autres investissements qu'ils ont à faire, notamment dans l'électrique. Voilà. Alors M. Jadot, merci de souligner notre volonté.
01:17:25Attendez, parce que j'ai perdu mon papier, ce qui est embêtant, pour noter vos questions. Vous avez raison, en fait. Il ne s'agit même pas de redynamiser la filière.
01:17:43Il faut réinventer le modèle. C'est un nouveau départ. Je vous disais tout à l'heure, la France, l'Europe a inventé l'automobile. Mais pendant 100 ans, on a fait le même métier.
01:17:53Il y a eu un choix de technologie dans les années 20 qui a été celui du moteur à combustion. Alors qu'avant, il y avait 3 technologies, je vous rappelle.
01:18:00Il y avait le moteur à vapeur et il y avait l'électrique. Le premier record de vitesse sur route a été battu par une voiture électrique.
01:18:10Donc il y avait 3 technologies. Puis c'est imposé pour des tas de raisons, notamment de popularisation du modèle de l'automobile et de distribution du réseau d'essence,
01:18:21le moteur à explosion. Et pendant 100 ans, on a fait ça. Aujourd'hui, c'est complètement un autre modèle qu'il faut inventer. Donc c'est une rupture où on change complètement.
01:18:32Et c'est difficile pour ces entreprises. Vous avez des passionnés d'automobiles, des ingénieurs qui sont des – excusez-moi – des génies, des génies,
01:18:42à qui il faut expliquer que leur métier va disparaître et qu'il faut qu'ils nous inventent le nouveau, le futur. Donc c'est plus qu'une révolution.
01:18:52Il faut réinventer. Mais là, j'essaie de positiver. Le positif, c'est qu'on doit inventer des écosystèmes nouveaux qui vont avec. Je vous prends des exemples.
01:19:02Nous, on travaille, on pilote des projets collaboratifs sur le véhicule autonome. On fait des essais à Montlhéry et tout. On travaille avec les gens de la téléphonie,
01:19:16des télécoms, Orange et Inde, nos partenaires. On travaille avec les infrastructures, les Vinci et compagnie, les autoroutes. On travaille avec les énergéticiens.
01:19:27Historiquement, les constructeurs n'avaient pas du tout l'habitude de travailler comme ça, de manière horizontale, en partenariat, en écosystème.
01:19:35Donc ça, c'est tout à fait nouveau. Alors j'ai un désaccord avec M. Jadot. C'est que c'est pas les constructeurs qui ont décidé d'alourdir les véhicules et de faire que des SUV.
01:19:49Nous, on essaie de vendre les produits qu'achètent les clients. Voilà. Et ensuite, vous avez un phénomène que vous connaissez bien, qui a été d'ailleurs très utile aux clients finales,
01:20:00qui sont les normes en matière de sécurité, qui ont énormément fait de progrès en matière de sécurité routière, mais qui ont énormément alourdi le véhicule.
01:20:09Et à chaque année, vous avez de nouvelles normes en matière de sécurité, de protection qui ont alourdi le poids des véhicules. Donc l'un dans l'autre, on a abouti à ce phénomène,
01:20:22qui a donc compensé l'allègement qui a eu lieu quand même sur la caisse, le châssis, alors qu'il y a eu des progrès importants en termes d'allègement.
01:20:32Tout le monde a intérêt à faire des voitures plus légères. C'est-à-dire qu'on consomme moins, ça use moins, ça consomme moins de matière, ça coûte moins cher, etc.
01:20:39Simplement, à la fin, quand vous avez de nouvelles technologies, j'évoquais le software tout à l'heure, qu'il faut implanter, ça a un impact à la fin sur le poids du véhicule.
01:20:50Sur les divergences européennes. Il y a des divergences, mais qui sont assez légitimes, qui sont liées à des différences de stratégie d'entreprise.
01:21:05Moi, j'anime une fédération où on dégage des lignes de force, mais mes adhérents sont concurrents entre eux. Et ils ont chacun...
01:21:16Et d'ailleurs, on est très vigilants en matière de compliance. Moi, quand je fais mon conseil avec les présidents autour de la table, j'ai un avocat en droit de la concurrence au bout de la table.
01:21:25Parce que la réglementation européenne en matière de concurrence, elle est la plus dure au monde. Vous avez aujourd'hui des patrons d'automobiles qui sont en prison en Allemagne pour ces raisons-là.
01:21:36Et dans d'autres domaines... Donc ça, c'est normal. Donc on respecte la réglementation. Et donc moi, je fais du collaboratif, je fais du collectif, mais je m'immisce pas dans les stratégies de chacun des adhérents.
01:21:49Or, là, on est sur du domaine concurrentiel. C'est-à-dire que chacun... Je vous l'ai dit tout à l'heure, on est autant des pionniers.
01:21:55Donc chacun va choisir son mix énergétique, son type de modèle, la gamme qui va développer, qui va pousser, le nouveau produit qui va lancer, etc.
01:22:04Et ça va avoir des conséquences sur son mix énergétique et donc sur le fait qu'il passe ou pas le seuil. Ensuite, il y a une inconnue. C'est comment le marché va prendre.
01:22:14Vous lancez un produit, vous savez jamais si ça va être un grand succès, un petit succès ou un bide. Donc on est dans un domaine...
01:22:21Moi, j'ai le sujet aujourd'hui. C'est que mes deux constructeurs ne sont pas complètement alignés sur ce sujet de la révision du café. Mais je l'assume, parce qu'ils ont des stratégies différentes.
01:22:30C'est leur droit. Et moi, je dois plutôt travailler par le haut, c'est-à-dire comment on sort de ce sujet. Et là, je suis plus optimiste que vous sur le fait que malgré
01:22:40la différence de stratégie des constructeurs en Europe, on serait capable de se mettre d'accord sur 3, 4, 5 grandes mesures. C'est-à-dire un fonds d'innovation,
01:22:49d'investissement majeur dans la R&D en Europe pour l'automobile, des mesures d'accompagnement sur la mutation, la formation, l'emploi, les compétences coordonnées en Europe,
01:23:05une harmonisation intracommunautaire sur les règles de subvention, des bonus harmonisés en Europe. Rien que ça, vous faites ça, déjà. Ça change la donne. Ça change la donne.
01:23:18Donc moi, je pense que malgré... Et vous avez raison, parce que même les responsables politiques ont usé ces tactiques ou ces stratégies différentes
01:23:27à certains moments. Mais c'est de bonne guerre, j'allais dire. Mais moi, j'assume ces différences. C'est normal. C'est la vie des affaires.
01:23:35Simplement, moi, je fais en sorte de dégager des lignes de force et de dégager une stratégie de filière. Moi, je pense qu'en Europe, on peut...
01:23:44Et c'est ce que nous dirons avec nos amis allemands, espagnols et italiens au Nouveau Parlement et à la nouvelle Commission.
01:23:52On pense qu'on doit être capable de pousser un tel pacte automobile. On fait le Green Deal. C'est le car deal ou le automotive deal de la même manière.
01:24:05Sur les flottes, moi, je vais vous dire. Moi, je suis plutôt un adepte de l'incitation que de la contrainte. Voilà. Je pense qu'il y a quand même moyen
01:24:14d'améliorer la pénétration des véhicules électriques dans les entreprises en les incitant. On a fait l'inverse l'année dernière.
01:24:24On a coupé le bonus sur les flottes. Voilà. Alors M. Guay, non, moi, je me résigne pas à ce que l'industrie automobile ne produise plus que des bouts de chaînes.
01:24:41Et c'est l'inverse que nous essayons de faire en ce moment. C'est-à-dire qu'il se passe... La bonne nouvelle de tout ce que je vous ai dit ce matin,
01:24:48c'est qu'il y a un fourmillement d'innovations, de réflexions, d'investissements en France comme il n'y en a pas eu depuis 50 ans dans l'automobile. Voilà.
01:24:58Avec des risques, avec des enjeux, des inquiétudes. Mais on essaye précisément de reconstituer cette chaîne de valeurs dont nous avons perdu la maîtrise de souveraineté.
01:25:11C'est-à-dire qu'on maîtrisait toute la chaîne. On fait en France – excusez-moi – les meilleurs moteurs de petites cylindrées diesel au monde. Les meilleurs. Voilà.
01:25:18Et on a toute la chaîne qui va avec. Tout ça disparaît. Bon, on essaie progressivement des petits bouts. On n'avait pas les batteries. Ça a démarré.
01:25:28On travaille en électronique de puissance. Boum. L'hydrogène. On travaille sur Renault et Valeo. On travaille sur des moteurs électriques sans métaux, avec terre rare.
01:25:43On a des investissements considérables pour justement reconstituer cette souveraineté et cette chaîne de valeurs. Voilà.
01:25:54Sur les volumes, non. Quand on a écrit le contrat de filière, nous, on s'est fiés aux prévisions qu'avait fixées d'ailleurs le président de la République
01:26:05lorsque, dans France 2030, il a évoqué les 2 millions de véhicules électriques produits en France en 2030. Voilà.
01:26:15Alors on sait maintenant que la pente va être raide, comme aurait dit un de vos illustres prédécesseurs. Mais on sait que la pente va être raide.
01:26:23Mais c'est l'objectif. On n'est pas dans une logique de réduire, qu'on s'il va rendre la pente à la France.
01:26:29Je dirais le niveau de production en France sera la conséquence de tout le reste. C'est-à-dire d'abord qu'il y a la demande qui va en face.
01:26:37Et puis ensuite qu'on ait les conditions de compétitivité que j'évoquais tout à l'heure qui permettent d'implanter, de développer des activités.
01:26:43Mais Renault produit sa nouvelle R5 en France, produit sa prochaine R4 en France. Bref. Donc il y a des paris industriels qui sont faits.
01:26:55Nous n'avons pas en tête le modèle social chinois. Non. D'ailleurs, tout à l'heure, j'ai pris comme exemple l'Espagne.
01:27:02Je n'ai pas pris la Chine. J'ai pris l'Espagne, parce que – excusez-moi – l'Espagne, regardez la réussite de l'industrie espagnole,
01:27:08regardez ce qu'elle est en train de faire dans l'automobile. Donc voilà. Donc il ne s'agit pas du tout d'un nivellement par le bas.
01:27:13Il ne s'agit pas de renier des avantages sociaux. Il s'agit de se comparer et de regarder ce qu'on peut faire pour ne plus être dans le peloton de queues.
01:27:21Voilà. Je vous l'ai dit sur l'énergie. C'est un sujet que M. Jadot connaît bien. Je veux dire aujourd'hui, comment vous pouvez réussir
01:27:28en stratégie industrielle dans le domaine de l'électrique si vous payez votre électricité 50% plus cher que vos principaux concurrents ?
01:27:36Vous démarrez avec un sac de plomb sur les épaules. Voilà. Donc on a un énorme sujet en la matière.
01:27:42Voilà pour cette audition au Sénat de Luc Châtel, ancien ministre de Nicolas Sarkozy et actuel président de la plateforme automobile
01:27:48qui représente le secteur de la construction automobile. Luc Châtel a dénoncé devant les sénateurs le projet du gouvernement
01:27:54d'augmenter le malus automobile sur les véhicules les plus polluants. Il dénonce, je cite, un impôt déguisé qui va toucher les Français qui travaillent.
01:28:03Voilà, c'est la fin de cette émission. Merci de l'avoir suivie. Continuez à suivre l'actualité politique et parlementaire
01:28:08sur notre site internet publicsénat.fr. Je vous souhaite une très bonne journée sur Public Sénat.

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