• il y a 2 semaines
Le 7 octobre 2023, le Hamas massacrait des Israéliens sur leur sol et capturait plus de 200 otages. Depuis, la guerre menée en représailles par Israël a détruit la quasi-totalité de la bande de Gaza, tué des dizaines de milliers de civils et le conflit, qui s’est déjà étendu au Liban, menace la région.

Comment couvrons-nous cette actualité ? Nos journalistes se sont-ils rendus à Gaza ? Comment garantissons-nous leur sécurité lorsqu’ils sont en reportage en Israël, en Cisjordanie ou encore au Liban ? Quelles difficultés rencontrent-ils sur le terrain ? Travaillons-nous avec des journalistes et photographes indépendants ? A quels intellectuels donnons-nous la parole dans nos pages et sur notre site ? Prenons-nous position ? Le conflit qui s’étend à la région peut-il évoluer en guerre mondiale ?

Cécile Prieur, directrice de la rédaction du « Nouvel Obs », et Céline Lussato, journaliste au service Monde, ont répondu en direct vidéo, lundi 7 octobre, à vos nombreuses questions. Voici le replay de notre live multidiffusé sur notre chaîne YouTube et nos comptes Instagram et Tiktok.

Retrouvez toute l’actualité, les reportages, les enquêtes, les opinions et les débats du « Nouvel Obs » sur notre site : https://www.nouvelobs.com

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et tous et bienvenue dans ce direct.
00:04On est ensemble pour une vingtaine de minutes en live sur Instagram,
00:08YouTube et TikTok depuis la rédaction du Nouvel Obs.
00:12Aujourd'hui, je suis avec Cécile Prieur, directrice de la rédaction
00:16et Céline Hutsato qui est journaliste au Service Monde et on va répondre
00:20ensemble à vos questions sur notre traitement de la guerre au Moyen-Orient
00:24à l'occasion de la sortie de ce numéro spécial couvrant un an
00:28de guerre entre Israël et le Hamas.
00:30C'est un nouveau rendez-vous qu'on lance qui suit notre revue de presse
00:34que vous allez peut-être un peu regarder au début de l'année,
00:36notre revue de presse hebdomadaire.
00:37Merci de l'avoir suivie, d'avoir été nombreux à réagir
00:40puisque ça nous a permis d'ajuster le format.
00:42On avait vraiment remarqué que c'était ce temps de questions-réponses
00:45avec les journalistes de la rédaction qui vous intéressaient le plus.
00:48Donc voilà, un format un peu remanié, ce temps de questions-réponses
00:52en direct sur les réseaux sociaux avec des journalistes de la rédaction.
00:56Vous pourrez le retrouver régulièrement au moins une fois par mois
00:58pour discuter de gros événements d'actualité et savoir comment
01:01est-ce que la rédaction travaille dessus.
01:04Aujourd'hui, je vous le disais, on va discuter de la guerre au Moyen-Orient
01:09et de ce numéro spécial sur un an de guerre à Gaza.
01:12Il est titré « La guerre sans fin d'Israël ».
01:14Il est disponible en kiosque depuis jeudi dernier.
01:17Ça fait donc un an que le Hamas a perpétré le massacre du 7 octobre
01:21sur le sol israélien et un an qu'Israël mène une riposte terrible
01:25sur la bande de Gaza avec un conflit qui menace d'embraser toute la région.
01:29Les questions qu'on va se poser sur ce direct,
01:31c'est comment est-ce que le Nouvel Obs traite de cette guerre ?
01:34Comment est-ce qu'on rend compte de sa réalité
01:36quand la bande de Gaza est inaccessible aux journalistes étrangers ?
01:40On a déjà recueilli des questions des internautes,
01:43mais si vous en avez, évidemment, c'est le moment de les poser dans les tchats
01:47et c'est le moment pour en discuter avec.
01:50Donc je le dis assez souple. Bonjour.
01:52Bonjour.
01:53Céline Huissato, vous êtes toutes les deux directrice de rédaction
01:56et journaliste au service Monde.
01:58On va commencer tout de suite par une première question
02:01qui est celle que la bande de Gaza, je le disais,
02:04est inaccessible aux journalistes étrangers.
02:07Pourquoi et comment est-ce qu'on fait pour parler de la guerre à Gaza
02:10sans être à Gaza ?
02:12Alors déjà, avant peut-être de parler de notre couverture
02:15de la guerre à Gaza en particulier,
02:17on peut parler déjà de ce qu'on a essayé de faire depuis le 7 octobre.
02:20Donc la guerre au Proche-Orient, c'est une thématique,
02:24c'est un sujet qui est couvert de façon historique au Nouvel Obs,
02:27au Nouvel Observateur,
02:29qui a toujours une longue tradition de couvrir une position très claire
02:32d'un point de vue éditorial,
02:34qui est que nous, nous sommes pour la création de deux États,
02:37la coexistence de deux États.
02:39Donc évidemment, le massacre du Hamas, l'attaque terroriste du Hamas
02:43a créé une énorme brèche, évidemment,
02:46pour l'ensemble de toutes les populations concernées.
02:49Évidemment aussi pour nous.
02:51Donc dès le 7 octobre, on s'est mis en dispositif spécial,
02:54on a fait plusieurs numéros spéciaux,
02:56environ un mois de couverture non-stop,
02:58à la fois sur le live, sur le site,
03:00et sur plusieurs numéros spéciaux.
03:02Et pour l'anniversaire, si je puis dire,
03:05la commémoration du massacre du 7 octobre,
03:08et évidemment toute la guerre qui s'en est suivie
03:11et le pilonnage de Gaza par les troupes israéliennes,
03:17on a essayé justement d'avoir une couverture la plus équilibrée possible.
03:21On est toujours sur le fil avec ce conflit,
03:23on est toujours, nous, sur notre position
03:26qui est que les Israéliens ont une légitimité à être là
03:31puisque l'État d'Israël a été créé après des conditions qu'on connaît,
03:36historiques qu'on connaît.
03:37Les Palestiniens ont une revendication légitime
03:40de pouvoir eux aussi vivre en paix
03:42et que ces populations sont prises en étau
03:45dans des conditions, circonstances historiques très difficiles,
03:48politiques très dures,
03:49et c'est ça qu'on essaye de décrypter.
03:51Dans ces conditions, évidemment,
03:53la guerre à Gaza est très difficile à couvrir
03:56puisque c'est un territoire complètement interdit
03:59à tout regard journalistique.
04:01Et là je vais Céline vous expliquer,
04:02mais effectivement c'est un de nos défis.
04:04C'est la première fois que Gaza est entièrement fermée aux journalistes.
04:10Les précédentes guerres avaient permis une présence aux journalistes étrangers,
04:14il faut toujours le rappeler,
04:16il existe des journalistes palestiniens sur place évidemment.
04:19Néanmoins, le territoire gazaoui est entièrement fermé aux journalistes étrangers.
04:26Impossible pour nous de nous rendre sur place,
04:29on peut s'approcher à la frontière.
04:32D'ailleurs quand on se rend dans les localités
04:36qui ont été touchées le 7 octobre,
04:38on voit Gaza depuis les toits, etc.
04:42C'est frustrant puisqu'on ne peut pas rendre compte de ce qui se passe sur place.
04:47Néanmoins, le Nouvel Obs a couvert de nombreuses guerres
04:52et aussi des temps pacifiques sur place.
04:55Nous avons bien évidemment nourri des contacts sur place au fil des ans.
05:01C'est comme ça qu'on peut rendre compte avec des personnes de confiance
05:07ou des personnes que nous ne connaissions pas avant
05:10mais qu'on nous a recommandées, etc.
05:13Évidemment, il y a une question de la fiabilité de l'information.
05:17On ne peut pas reprendre tout ce qui est publié sur les réseaux sociaux
05:22et parfois on a ce sentiment qu'une vidéo postée par quelqu'un semble authentique.
05:28On a comme ça une conviction que ce qui s'est passé est terrible
05:33mais on ne peut pas le vérifier.
05:35Et nous, notre travail de journaliste, c'est de vérifier l'information.
05:39Il y a différentes méthodes et on ne va peut-être pas s'éterniser
05:43mais c'est compliqué, très compliqué.
05:46Dans le numéro de cette semaine, il y a plusieurs articles
05:50notamment ce reportage avec les enfants rescapés de Gaza.
05:53Il est écrit par Paul Boyer, envoyé spécial aux Emirats arabes unis
05:57et aussi le texte d'un écrivain, l'écrivain Atef Abou Saïf.
06:03Ces papiers-là, comment est-ce qu'ils sont organisés ?
06:06Comment est-ce qu'ils sont reçus ?
06:07Est-ce que c'est vous qui les proposez ? Est-ce qu'on vous les propose ?
06:09Comment ça fonctionne ?
06:10Alors peut-être je peux répondre pour Atef parce que j'en suis un peu à l'initiative
06:15et Cécile répondra pour le reportage.
06:18Atef Abou Saïf est donc un auteur palestinien
06:22qui est devenu ministre de la culture de l'autorité palestinienne à Ramallah.
06:27Il est originaire de Gaza.
06:29Il a déménagé à Ramallah quand il est devenu ministre il y a quelques années
06:34et il était le 7 octobre sur place avec son fils, venu visiter ses parents.
06:40Et donc évidemment, il a été comme tous les Gazaouis,
06:43enfermé dans la bande de Gaza
06:45et il nous a semblé pertinent de publier le journal qu'il écrivait au fur et à mesure.
06:53Et donc, dès le mois de novembre ou décembre, je ne me souviens plus, décembre,
06:59on a publié des premiers textes d'Atef qui est donc un personnage public.
07:05Et donc c'est ça qui nous a semblé important.
07:07C'est qu'en tant que personnage public,
07:09évidemment son propos avait une certaine garantie de véracité.
07:14On se permet moins de raconter n'importe quoi
07:18quand on peut être ensuite mis devant ses propos
07:22et pas disparaître derrière un compte de réseau social fantôme ou je ne sais quoi.
07:28Et donc Atef Abou Saïf est sorti finalement de la bande de Gaza.
07:35Je vous rappelle qu'il est avec son fils.
07:37Et donc au début, il a voulu rester.
07:39Et puis en tant que ministre, évidemment, il avait quand même des facilités pour sortir.
07:43Il a refusé longtemps.
07:44Et puis voilà, pour son fils adolescent, il a accepté de sortir et il est retourné à Ramallah.
07:52Et donc il nous a fait l'amitié d'écrire un texte cette semaine depuis Ramallah
07:58pour raconter la suite de son périple.
08:05Pour le reportage, peut-être, Cécile.
08:08Concernant ces reportages qui ne sont pas forcément issus de journalistes du Nouvel Obs,
08:13comment est-ce que ça se passe aussi de ce côté-là ?
08:15Eh bien, nous, on a cherché avec la rédaction
08:18à pouvoir à plusieurs reprises s'approcher au plus près des populations gazaouies.
08:22Donc c'est, comme vous l'a expliqué Céline, très difficile, voire impossible.
08:27Et c'est vrai que là, on a eu une proposition de journalistes indépendants
08:32qu'on appelle des journalistes pigistes dans notre jargon.
08:35Donc en l'occurrence de Paul Boyer, qui est journaliste indépendant,
08:37accompagné de Sadak Souetzi, qui est photographe,
08:41et qui ont eu la possibilité de monter dans un des avions
08:44qui fait la navette entre la bande de Gaza et les Émirats arabes unis
08:51pour prendre en charge des enfants qui ont été blessés,
08:56mais qui sont quand même potentiellement prenables, en charge, si je puis dire.
09:01Et donc voilà, ils sont montés dans cet avion.
09:04C'est une exclusivité, c'est quelque chose qui est très difficile à obtenir.
09:08Ils avaient les autorisations, ils nous ont proposé ce reportage.
09:11Et comme nous, on est toujours en recherche de paroles le plus proches possible
09:15de ce que vivent en ce moment les populations palestiniennes,
09:19on a accepté le reportage qu'on a publié cette semaine.
09:22On a des reportages de pigistes.
09:24On a aussi Bad qui nous demande sur TikTok,
09:26est-ce qu'on a des journalistes-reporteurs en Cisjordanie, par exemple ?
09:29Alors oui, régulièrement, on en envoie, dont Céline, puisque Céline revient d'Israël.
09:36Tu ne t'es pas rendue en Cisjordanie pour ce reportage,
09:39mais tu es déjà très régulièrement, mais tu es évidemment,
09:43tu t'es rendue à plusieurs reprises.
09:45Et on a publié aussi des reportages en Cisjordanie après,
09:48de Doan Bui notamment, après le 7 octobre.
09:52D'accord.
09:53Est-ce que vous faites aussi travailler des journalistes palestiniens depuis Gaza ?
09:58Alors on a essayé et on a réussi dans une certaine mesure.
10:02Je te laisse peut-être raconter, Céline.
10:04Oui, alors c'est encore une fois toujours un peu compliqué.
10:11Mais on travaille en collaboration régulièrement.
10:18Sarah Di Fala, chez nous, vient justement,
10:21va publier prochainement un article en collaboration avec un journaliste palestinien.
10:27Évidemment, voilà, son nom m'échappe à cet instant précis.
10:33Et j'ai très honte, pardon, mille excuses.
10:37Sur le portrait du directeur d'un hôpital qui a été bombardé en fait.
10:41À Gaza et aussi pour une question de langue, évidemment.
10:46On travaille beaucoup avec des fixeurs sur place,
10:51donc en Cisjordanie, palestiniens, évidemment.
10:55Et à Gaza, voilà, il nous arrive d'avoir ce travail
11:00avec des journalistes locaux qui nous servent entre guillemets de fixeurs,
11:04c'est-à-dire d'intermédiaires pour pouvoir mener des interviews sur place,
11:08surtout en langue arabe, que personnellement je ne maîtrise pas.
11:12Donc voilà, il faut évidemment passer par ce biais, oui.
11:18Et ces journalistes-là ou les journalistes du Nouvel Obs,
11:20quand ils sont dans ces zones-là,
11:22est-ce qu'on peut s'assurer de leur sécurité ?
11:24Si oui, comment est-ce qu'on peut le faire ?
11:28Notre sécurité à nous quand on est sur place ?
11:30La sécurité de votre sécurité, celle potentiellement des journalistes palestiniens ou pigistes ?
11:34Les journalistes palestiniens, dont certains sont encore dans l'enclave,
11:40ou qui n'ont pu l'être, prennent des risques immenses pour leur vie.
11:44C'est vrai qu'au moment des bombardements les plus intensifs,
11:48entre novembre et février-mars,
11:54c'était difficile de faire la part des choses entre leur métier de journaliste et leur vie de citoyen.
12:00Donc ils étaient évidemment ciblés comme n'importe quelle autre population,
12:06en tout cas sous les bombardements du régime.
12:12Et donc on a eu souvent des témoignages, d'ailleurs on avait fait un papier, un article,
12:18reprenant plusieurs témoignages de journalistes palestiniens,
12:22mais toujours avec la même question aussi de pouvoir vérifier d'où viennent ces informations.
12:28Pour nous c'est très important de pouvoir s'assurer que nos contacts sur place sont fiables et professionnels.
12:34Et donc ça c'est toujours une question quand on est à distance.
12:38Mais de fait on a publié des témoignages différents de palestiniens qui sont journalistes,
12:46et qui nous racontaient la réalité de ce qu'ils vivaient.
12:50Une question que nous a posée Eddy sur Twitter et qui fait partie de cette question de comment rendre la réalité quand on n'est pas forcément sur place.
12:58On nous demande comment vont les otages et comment est-ce qu'on continue à écrire sur eux en ayant si peu d'informations ?
13:06On ne sait pas. On ne sait pas comment vont les otages israéliens à Gaza.
13:12Personne ne sait, leur famille n'a aucune nouvelle.
13:16Les dernières nouvelles en fait datent de, on va dire, fin novembre 2023,
13:24quand plusieurs dizaines d'entre eux ont été libérés.
13:30Puisqu'en sortant, ils ont pu témoigner de comment allaient ceux qui étaient encore sur place.
13:38Et alors de manière totalement parcellaire, parce qu'ils n'étaient évidemment pas tous ensemble.
13:44Donc on a pu avoir, je me souviens d'une dame âgée qui témoignait de,
13:50« Ah oui, je l'ai vu le deuxième jour, il était vivant. »
13:54Bon, voilà, depuis, rien.
13:56Et parfois, c'est beaucoup plus dur parce qu'il y a eu évidemment des témoignages de gens qui disaient,
14:02« Ah oui, je l'ai vu le dixième jour, il était blessé. »
14:06Blessé ? Avec quelle gravité ? Est-ce que ces jours étaient comptés ? Est-ce que non ?
14:12Et donc, évidemment, les familles restent avec cette incertitude.
14:18On peut souligner qu'il n'y a eu aucune visite de croissants rouges,
14:24de croix rouges autorisées auprès d'eux.
14:28Ce qui, évidemment, entraîne encore une fois l'absence totale de nouvelles.
14:34Sur ce conflit qui dure depuis un an, est-ce que notre façon de le couvrir,
14:38est-ce qu'elle a évolué ?
14:40Est-ce qu'on a changé peut-être de méthode ou autre chose ?
14:44Je ne pense pas qu'on ait changé de méthode fondamentalement.
14:48On essaye de s'approcher toujours plus près de la réalité,
14:52d'en rendre compte le mieux possible,
14:54rendre compte de la réalité, de la souffrance des deux côtés, si je puis dire,
15:00et aussi des développements diplomatiques ou géopolitiques.
15:04Évidemment, quand je dis diplomatique, c'est un mot qui est assez vain en ce moment,
15:09mais en tout cas, du développement de la guerre ou des guerres,
15:12puisque aujourd'hui, le conflit s'est étendu aussi au Sud-Liban,
15:17avec Israël qui a attaqué le Hezbollah, avec les menaces de représailles iraniennes.
15:25Donc là, c'est vrai, on est dans une seconde phase, si je puis dire, du conflit,
15:29qui finalement vient de s'ouvrir depuis 15 jours, 3 semaines,
15:34et qui donne aussi, au 7 octobre, un relief encore plus particulier.
15:39On voit bien que cette attaque terroriste, la fracture que cette attaque a créée,
15:46produit des effets qui seront…
15:50Voilà, une déflagration qui amène de multiples répliques.
15:54Ce qu'on a essayé de faire aussi, en plus de la couverture au jour le jour,
15:58ou hebdomadaire, qu'on peut faire dans le magazine,
16:01c'est de donner aussi du recul historique.
16:03C'est aussi d'essayer de replacer ce qui s'est passé le 7 octobre,
16:07non pas dans une histoire qui commence au 7 octobre,
16:09mais qui est une histoire qui s'inscrit depuis la création de l'État israélien en 1948,
16:15mais bien avant aussi, évidemment.
16:17Et ça, on a publié un numéro spécial à la fin de l'année dernière, en fin 2023,
16:22qu'on a appelé « La tragique histoire de la Palestine »
16:28et sur le conflit israélo-palestinien.
16:31Et c'est vrai qu'on a eu beaucoup de retours positifs de cette démarche historique.
16:35On avait fait remonter cette histoire à moins 3000 ans avant notre ère,
16:39parce qu'elle remonte à ça.
16:42Et on a fait une coédition de ce livre qui a eu pas mal de succès.
16:48Et donc là, on voit bien que pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui,
16:51il faut qu'on continue à l'inscrire dans le temps long
16:54et qu'on se garde aussi de…
16:57C'est ce qu'on essaye de faire à la rédaction de lunettes
17:02ou de cadres de réflexion, de pensée pas trop rapides
17:08ou prises par l'émotion énorme qu'on a tous aujourd'hui.
17:12– Tu parles de réactions positives qui ont été reçues pour ce numéro-là.
17:15On a un internaute sur Instagram, Sabouche, qui nous demande
17:18est-ce qu'on a reçu des pressions par rapport à notre couverture du conflit ?
17:22– Pour là, non aucune.
17:24On est absolument libre de notre couverture.
17:27D'autant plus libre que cette position qu'on essaye de tenir,
17:31qui est justement une position qu'on pourrait appeler médiane,
17:34la voie étroite de la paix,
17:36elle est évidemment de plus en plus contestée par les faits.
17:39Elle est de plus en plus…
17:41On pourrait dire qu'elle est presque aujourd'hui quasiment utopique,
17:45mais on y tient.
17:46Je pense qu'on n'est pas les seuls à y tenir.
17:49Au final, la parole prend toujours le pas à un moment donné sur les armes
17:56et que du coup on tient bon sur cette tentative de dialogue.
18:02Je vous réfère à cette semaine dans le Nouvel Obs.
18:05On a modestement à notre niveau tenté justement le dialogue
18:10avec deux intellectuels français, Eva Elouz qui est franco-israélienne
18:16et Didier Fassin qui est français,
18:18et qui ont une position, on va dire, assez différente,
18:22le mot est faible,
18:23sur l'écho du conflit israélo-palestinien dans la société civile française,
18:28mais au-delà, c'est-à-dire les fractures que ça a réveillées.
18:32Globalement, c'est un conflit qui a coupé les populations en deux
18:37et qui oppose de façon assez manichéenne deux manières différentes de penser.
18:43Et donc Didier Fassin et Eva Elouz nous ont fait l'honneur quelque part
18:48d'accepter de dialoguer dans nos colonnes alors qu'ils ne se parlent vraiment très peu.
18:53C'est un dialogue pas facile, un dialogue vraiment extrêmement intéressant
18:58parce qu'en fait, au gré des réponses, on se sent d'un côté ou de l'autre
19:03qui prouve que rien n'est manichéen dans cette histoire.
19:06Et ça, c'est la position du Nouvel Obs.
19:09On essaie de tenir sur cette ligne de crête qui, j'espère, pourra,
19:14et on espère tous, devenir de plus en plus importante les années passantes.
19:18Merci. Et Cécile, je rappelle une dernière fois...
19:21Oui, pardon. Voilà.
19:24Voilà. C'est donc ce fameux dialogue Didier Fassin, Eva Elouz,
19:28Israël et Gaza, le débat impossible. Voilà.
19:32Merci. Je rappelle pour ceux qui nous rejoignent
19:34que nous sommes en direct depuis la rédaction du Nouvel Obs.
19:37On évoque notre traitement de la guerre au Moyen-Orient
19:40avec Céline Lussatto, journaliste au Service Monde,
19:42et Cécile Prieur, directrice de la rédaction.
19:44On enchaîne avec une question qui nous a été posée plusieurs fois
19:48sur TikTok, à Macron et Mohamed, qui nous dit
19:51« Pourquoi ne parlez-vous pas des 75 ans avant le 7 octobre ? »
19:54Ce qui rejoint une réflexion d'Alé sur Instagram qui disait
19:57« Ce serait peut-être une bonne idée d'arrêter de donner comme point de départ
20:00le 7 octobre. Je pense que c'est vu comme une provocation par la communauté arabe.
20:03Le conflit palestinien remonte à bien plus longtemps que ça.
20:06De plus, le 7 octobre marque un événement tragique vécu par les Israéliens.
20:10Or, ce genre d'événement tragique représente malheureusement
20:12le quotidien des Palestiniens enfermés dans une prison à ciel ouvert depuis des décennies.
20:16Céline ou Cécile, c'est une question que reçoivent beaucoup de médias.
20:20Pourquoi toujours peut-être ramener la guerre à la date du 7 octobre ?
20:24Toujours non. Comme Cécile l'a rappelé, on a édité une édition spéciale
20:29et un livre pour expliquer que tout cela remonte à moins 3 000.
20:34Je pense qu'il faut prendre acte du fait que le 7 octobre a créé un retentissement.
20:42Il y a eu ce jour-là 1 200 morts israéliens.
20:46Ce n'est pas quelque chose qui est arrivé souvent jusque-là.
20:51Cela fait un an qu'une guerre ouverte perdure au Proche-Orient.
20:57Ce n'était pas arrivé dans l'histoire d'Israël.
21:02On peut considérer qu'il n'y a jamais eu de traité de paix avec la Syrie,
21:06jamais de traité de paix avec le Liban, mais les pays n'étaient pas en guerre ouverte.
21:10Donc on ne peut pas nier la spécificité du 7 octobre.
21:15Maintenant, effectivement, il faut aussi écrire des articles de fond
21:20pour expliquer combien cette histoire remonte à bien avant.
21:24On ne peut pas ne pas se poser de questions sur Pinoire
21:28qui a monté cette opération pendant des mois et des mois auparavant.
21:33Il faut chercher la source des événements.
21:35Je pense qu'on l'a fait dans nos colonnes après le 7 immédiatement,
21:40dans le mois qui a suivi et toutes les éditions spéciales qu'on a écrites après cette date-là.
21:46On l'a fait dans notre numéro spécial à la fin du mois de décembre, comme on l'a expliqué.
21:52Est-ce qu'il faut le refaire ? Peut-être. Je ne suis pas du tout contre cette idée.
21:57Il faut continuer aussi d'expliquer ce qui se passe en Cisjordanie,
22:02qui a été un peu occulté par la guerre à Gaza.
22:05Alors c'est pareil, en fait.
22:07Il faut aussi rappeler, et on parle du 7 octobre comme, évidemment, les massacres et les 1 200 morts.
22:16On écrit systématiquement dans nos articles qu'il y a aujourd'hui plus de 41 000 victimes à Gaza.
22:25À quel moment de l'histoire israélo-palestinienne on a eu un tel nombre de victimes ?
22:32Jamais. Donc cette période mérite un traitement particulier.
22:36Pour moi, c'est une évidence.
22:38Tu parles de traitement particulier.
22:40Toi, tu es journaliste au Service Monde du Nouvel Observatoire.
22:43Est-ce que tu as couvert beaucoup de conflits ?
22:45Est-ce que ce conflit-là a des spécificités particulières à tes yeux ?
22:49Je n'ai pas couvert beaucoup de conflits.
22:51J'ai couvert l'Ukraine et différentes guerres israélo-palestiniennes.
22:56Ce qui m'apparaît clairement, c'est la grande différence entre cette guerre-ci et les guerres précédentes à Gaza.
23:04On parlait au tout début de cet entretien de la manière dont les journalistes étrangers sont interdits à Gaza depuis le 7 octobre.
23:15Ce n'était pas le cas pour les précédents conflits où on a pu couvrir sur le terrain ce qui se passait, par exemple.
23:23C'est vraiment pour moi l'énorme différence.
23:26D'une part, un conflit qu'on peut couvrir sur le terrain et là, depuis un an, une guerre dont on n'est pas témoin directement.
23:35Une des réflexions qui revient souvent et qu'on a reçu en commentaire pour tous les médias, je pense, pas seulement le Nouvel Obs,
23:43c'est que vous roulez pour l'un, vous roulez pour Israël, vous roulez pour le Hamas.
23:47On a eu un commentaire de Rafi sur Facebook qui nous accuse d'être favorable au groupe terroriste du Hamas.
23:53La question qui en découle, finalement, c'est comment est-ce qu'on a une position dans un tel conflit ?
24:01Comment est-ce qu'on réussit à ne pas céder à l'un ou à l'autre ou à être trop partiels ?
24:08C'est évidemment compliqué, je dirais, en étant convaincu, et c'est notre cas, que notre position, et on l'assume,
24:18elle est vraiment cette fameuse voie médiane que j'ai essayé de décrire.
24:23Ce conflit suscite des passions, et elles sont absolument légitimes,
24:30plus que des passions, des colères, du chagrin, de la peine, et aussi pour les peuples différents qui peuvent être liés à cette histoire,
24:43une résonance personnelle dans l'histoire de chacun qui emporte souvent toute autre considération.
24:52C'est évidemment, je ne sais pas pour minimiser absolument les critiques, mais si on est, nous, la cible de critique qui nous pense trop pro-israélien
25:04ou la cible de critique qui nous pense trop palestinien ou trop proche de tel ou tel mouvement, c'est peut-être qu'on est à la bonne place.
25:11Ce n'est vraiment pas pour nous rassurer, mais en tout cas, on essaye justement de, parce que pour nous, cette histoire est tragique,
25:24mais à la fois, elle symbolise aussi la difficulté de la paix, en général.
25:29On essaye de rester sur cette idée, et l'histoire est toujours pleine, parfois, de contradictions.
25:37Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui, on voit les choses tout à fait en noir et qu'on commémore un massacre terroriste atroce et ses conséquences dans une guerre sans fin
25:48que dans 10 ans ou dans 15 ans, on ne sera pas sur une autre échelle de temps, peut-être même dans 2 ans ou dans 3 ans.
25:55C'est très difficile à dire. Nous, on n'est pas là, justement, pour clamer le parti des uns ou des autres.
26:03On est là pour raconter les faits de façon, non pas en neutralité, pas du tout, mais en conscience, en honnêteté intellectuelle, de là où on est.
26:11Donc nous, on soutient la solution à deux États. On maintient qu'il n'y a pas d'autre possibilité que la coexistence des deux peuples,
26:18qu'aucun peuple ne peut éliminer l'autre. Ce n'est ni envisageable, ni même tenable sur le plan humain et éthique.
26:28Et donc que bon an, mal an, si je puis dire, même si ce mot est évidemment extrêmement trivial, une solution devra être trouvée à moyen, à long terme.
26:38Voilà comment on tient cette position qui peut complètement paraître très utopique à l'heure actuelle, au moment où on l'énonce,
26:44mais qui, c'est elle qui a quand même fait avancer l'histoire. C'est elle qui a permis, à certains moments de l'histoire des Palestiniens et des Israéliens, d'avancer ensemble.
26:56Oui, alors on est dans une grande, grande période de recul, c'est certain. Mais parfois, de ces périodes de recul peut naître autre chose.
27:02En tout cas, c'est comme ça que nous, on tient cette position.
27:06Sur ce que tu disais, juste vraiment sur la question de tenter de décrire tout ce qui s'y passe et dans tous les partis,
27:16on nous demande sur TikTok pourquoi Israël ne respecte pas le droit international.
27:20Cette question du droit international, c'est quelque chose qu'on a souvent traité dans les colonnes.
27:24Comment on en parle ? Et d'ailleurs, pourquoi cette question, Israël ne respecterait pas le droit international ?
27:30Ce n'est pas à moi de dire qui respecte le droit international ou pas. Il y a des tribunaux pour cela.
27:40Le tribunal international, la cour de justice a été saisie. On sait que le procureur Karim Khan a demandé que des mandats d'arrêt internationaux soient édités.
27:53Ils ne le sont pas pour le moment. Est-ce que c'est parce qu'ils ne sont pas totalement justifiés ou est-ce que c'est une question de temps ?
28:02Est-ce que c'est des questions de procédures ? Voilà. Ça, c'est après des questions d'interprétation.
28:07En tout cas, à ce jour, ils n'ont pas été édités. Ils le seront peut-être et on pourra en rendre compte quand ce sera nécessaire.
28:17La question du droit international est évidemment très précise.
28:27Notre seul travail possible, c'est de demander à des experts ce qu'on a fait. On fait des interviews.
28:35Les experts ne sont pas toujours d'accord entre eux. Il y a beaucoup de questions d'interprétation en droit.
28:41Déjà, est-ce qu'Israël respecte ou pas ? C'est une chose. Ensuite, il faut savoir que les Etats sont partis au traité international ou pas.
28:52Est-ce qu'ils ont signé les traités internationaux ou pas ? Israël ne signe pas ses traités internationaux.
28:58Peuvent-ils, de ce fait, tomber sous le coup de cette justice-là ? Ça, c'est encore un autre débat. C'est sans fin.
29:08On a Bad qui nous demande sur TikTok. Est-ce que les négociations continuent entre Israël et le Hamas sur un éventuel cessez-le-feu ?
29:17La question que je rajouterais, c'est si ces négociations perdurent, tu le disais, sur un conflit qui pourrait perdurer dans le temps,
29:24comment est-ce qu'on pourrait continuer à traiter ça sur le long terme ?
29:29Les négociations, officiellement, elles sont closes, évidemment, à cet instant précis.
29:36Israël a saisi l'opportunité de décapiter le Hamas. Ismail Haniye a été assassiné.
29:43Donc c'est un petit peu compliqué de négocier quand il n'y a plus le négociateur en face.
29:48Ces négociations, elles perdurent toujours néanmoins par des intermédiaires à plus ou moins haut niveau.
30:00Il existe toujours des personnes qui sont ouvertes à la négociation, qui ne représentent pas forcément les États, les mouvements,
30:09mais qui continuent de se rencontrer pour essayer de faire avancer la paix.
30:13Ces personnes-là, évidemment, ne sont pas décisionnaires, mais elles peuvent faire émerger des solutions au fur et à mesure du temps.
30:22Elles sont encouragées par d'autres États, la France, les États-Unis, etc., qui espèrent que des négociations vont pouvoir ouvertement recommencer.
30:32C'est difficile d'en rendre compte puisque, de toute façon, c'est vraiment des moments où on ne sait pas si ces initiatives-là peuvent aboutir à quelque chose à un moment donné ou pas.
30:42Donc comment rendre compte ? On ne peut pas non plus donner des espoirs, dire « Ah tiens, j'espère ».
30:50C'est une question encore compliquée que j'ai posée. Iliana, sur Instagram, nous demande.
30:56Pensez-vous que le nombre d'environ 40 000 morts à Gaza, qui est le chiffre du ministère de la Santé du Hamas, est sous-estimé ?
31:05Que vous disent les journalistes palestiniens avec lesquels vous travaillez ?
31:10Il est probablement sous-estimé puisqu'il faut déjà ajouter un chiffre, on va dire officiel, du même ministère qui parle de 10 000 disparus.
31:21Quand on parle de 10 000 disparus dans une région en ruine où les immeubles se sont effondrés sur leurs habitants, évidemment, il y a peu d'espoir.
31:35Atef Abou Saïf, dans le texte que nous publions, parle de la famille de son épouse, sa sœur et ses proches, dont les corps n'ont toujours pas été retrouvés sous les décombres.
31:50Évidemment, c'est cette situation-là qui est en ce moment à Gaza. Le nombre de morts aujourd'hui, on ne peut pas le connaître.
32:00Une question sur ces un an de couverture. Est-ce qu'il y a un article, un sujet ou un angle qui vous a particulièrement marqué durant cette année et que vous recommandez aux internautes ?
32:11Je me souviens, c'est vrai, Céline vient d'en parler, du témoignage du ministre de la Culture palestinien Atef Abou Saïf, qu'on a réussi à publier en décembre, je crois, ou en janvier,
32:36et qui était extrêmement poignant et frappant. Il racontait les premiers mois de la guerre, au fond. Il racontait une réalité de l'intérieur, un texte par ailleurs extrêmement bien écrit.
32:52Et moi, ça m'a vraiment bouleversée. C'est vrai que c'était un des textes qui nous permettait d'approcher la réalité de ce qu'était la guerre à Gaza à ce moment-là.
33:03Et on n'en avait une idée que très infime. C'était au tout début des bombardements, qui étaient extrêmement violents. Au bout d'un mois, un mois et demi, on ne pouvait qu'imaginer ce qui se passait.
33:17Il y avait très, très peu de témoignages qui sortaient. Et donc ça, c'est vrai que c'est un texte. Et d'ailleurs, on a essayé de rester fidèles à ce témoin, puisqu'on le fait témoigner très souvent.
33:27Donc voilà, ça, c'est un des textes dont je me souviens. Je me souviens aussi du dialogue qu'on a réussi à faire entre Kamel Daoud, écrivain algérien, et Delphine Orviller, qui est rabbin,
33:40sur le dialogue des religions, la paix, comment arriver à retisser au-delà de toutes les fractures que le conflit a suscité ou ressuscité, si je puis dire,
33:54la question de l'antisémitisme, qui a été extrêmement prégnante et qui a été un moment de déssureur très forte pour notre société. Le 7 octobre, c'était il y a un an.
34:07Au mois de novembre, mi-novembre ou fin novembre, il y a eu une très grande manifestation contre l'antisémitisme en France, qui a été diversement suivie, si je puis dire.
34:17Ça a aussi créé énormément d'émois. Il y a eu des manifestations dans le monde entier, des protestations contre la guerre à Gaza.
34:24Tout ça a créé énormément d'émotions légitimes, évidemment. Voilà. Donc je me souviens de ces deux moments, ainsi que de tous les reportages que nos reporters ont faits,
34:36tous les décryptages qu'on a faits, les lives qu'on a pu faire, les unes qu'on a réussi à faire, dont celle de cette semaine. Voilà. Donc l'histoire n'est malheureusement pas terminée.
34:45Merci, Cécile. Céline, toi aussi, un article ou un angle, un format qui t'a marqué pendant cette année de couverture ?
34:52C'est un peu compliqué, mais peut-être ça répondra à une question tout à l'heure sur ce 7 octobre et pourquoi cette date était importante.
35:04Cécile m'a envoyée dès le 9 ou 10 octobre en Israël. Et j'ai travaillé auprès des familles, des personnes qui ont pensé à l'époque otages.
35:2380% des personnes que j'ai rencontrées à ce moment-là – des mères, des frères, soeurs, petits-enfants – de personnes qui ont pensé otages m'ont ensuite annoncé que non,
35:39la personne en question n'était finalement pas otage, puisque son corps avait été retrouvé. Alors évidemment, après, on lit les articles des confrères,
35:50mais on reste forcément soi-même marqué par ce genre d'expérience. Et voilà, ce jour du 7 octobre, encore une fois, on a beau le mettre en perspective,
36:06il n'empêche qu'il reste quelque part en nous ce fait que 1 200 personnes ont été tuées en une journée.
36:14– Merci Céline. Une dernière question avant qu'on termine. Une question de Sabouche sur Instagram qui nous demande
36:21« Ne ressentez-vous aucune frustration dans l'accomplissement de votre travail de journaliste face aux obstacles que vous rencontrez ? »
36:27– On ne ressent que ça.
36:29– Il y a bien sûr une frustration énorme. Je pense que là, pour le coup, c'est le lot de tous les journalistes du monde entier.
36:37Il y a eu des protestations de journalistes, de rédactions internationales, dont le New York Times mais beaucoup d'autres,
36:44sur l'interdiction pour les journalistes de faire leur métier. Mais quand on dit l'interdiction pour les journalistes de faire leur métier,
36:51on a l'impression que c'est nous qui revendiquons un droit. Mais au travers de nous, c'est toute la société civile du monde entier
36:57qui est coupée d'images, de sons, si je puis dire, de témoignages de la réalité de ce qui se vit là-bas.
37:05Et donc c'est un scandale, absolument. Scandale total en termes de liberté de la presse, bien sûr,
37:12mais donc de liberté aussi de chacun à pouvoir se raconter et raconter cette réalité.
37:19– Merci beaucoup, Cécile. Donc c'est Cyprien. Je rappelle que tu es directrice de la rédaction du Nouvel Obs.
37:24C'est Linus Sato. Tu es journaliste au Service Monde. Merci à vous d'avoir suivi ce direct.
37:32Donc c'est un direct qui sera disponible dès maintenant sur YouTube et à partir de demain en vidéo à l'écrit sur le site du Nouvel Obs.
37:39La fin d'une session de questions-réponses est un format que vous retrouverez régulièrement ici au Nouvel Obs
37:46pour évoquer des gros sujets d'actualité environ une fois par mois ou quand l'actualité le demandera.
37:52Concernant ce dossier, ce numéro spécial, la guerre sans fin d'Israël sur les un an de la guerre au Moyen-Orient,
38:02il est disponible depuis jeudi dernier et il sera disponible encore jusqu'à mercredi dans les kiosques.
38:07Donc vous y trouverez un grand papier de Pierreski, des reportages avec, je le disais,
38:12les enfants rescapés de Gaza aux Émirats abunis, un reportage en Israël avec des rescapés du 7 octobre,
38:19puis des interviews, des décryptages. Il est disponible en kiosque.
38:23Et moi, je vous remercie beaucoup d'avoir suivi ce direct avec nous. Bonne soirée.

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