Le Japon vu du ciel - Le Grand Nord sauvage

  • il y a 5 jours

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Voyages
Transcription
00:00Le Japon, un archipel aux paysages envoûtants, parfois aussi imprégnés de modernité.
00:16Un archipel aux traditions restées vivaces au cœur de la vie quotidienne, héritage d'une longue histoire culturelle et spirituelle.
00:24Un archipel qui continue de nous fasciner et de nous faire rêver.
00:31A l'origine de cette fascination, il y a les Japonais eux-mêmes.
00:35Un peuple à l'âme mystérieuse, ici révélé dans toute son intimité, au gré des saisons.
00:43D'Hokkaido au nord, à Okinawa au sud.
00:46Un voyage singulier et attachant au cœur du Japon.
01:16Le Japon, un archipel aux paysages envoûtants
01:21Le Japon au nord, à Okinawa au sud.
01:42Dans ce film, nous explorerons l'immense île d'Hokkaido, en commençant par sa partie orientale.
01:52Le lac Machu est l'un des plus beaux lacs du Japon et l'un des panoramas les plus célèbres d'Hokkaido.
01:59Il résume bien ce que la grande île du nord représente pour beaucoup de Japonais.
02:04Un immense espace sauvage composé de puissantes chaînes de montagnes enneigées,
02:10d'innombrables lacs aux eaux cristallines et de forêts profondes.
02:14Les imposantes falaises de près de 200 mètres de haut qui saignent le lac Machu en révèlent aussi les natures,
02:21et par extension, celles d'Hokkaido.
02:24C'est un lac de cratères, l'ancienne caldera d'un volcan.
02:29Hokkaido est une terre de glace et de feu.
02:36Un peu plus loin de l'île d'Hokkaido,
02:40un peu plus au sud, au sein du parc national auquel il a donné son nom,
02:45le lac Akan est lui aussi une ancienne caldera.
02:48Il est dominé par la masse encore enneigée du volcan Meakan, l'un des plus actifs de l'île.
02:59L'hiver à Hokkaido peut être particulièrement rude.
03:03A la même latitude que l'Italie, les températures peuvent tirer de l'eau.
03:07Au creux de cette nature spectaculaire mais rude, le vivant retient son souffle, en attendant des jours plus cléments.
03:15C'est pourtant ici, plus particulièrement dans le parc national des marais de Kushiro,
03:21que niche l'oiseau emblématique du Japon,
03:24véritable porte-bonheur national et symbole de longévité et de prospérité.
03:29La grue à couronne rouge, ou plus simplement, la grue de l'eau.
03:33Miyuki Kawase est la directrice du centre de conservation des grues dans le district d'Akan, et une véritable passionnée.
03:41Les grues du Japon bougent avec une telle souplesse,
03:47elles paraissent très élégantes, et peuvent soudain devenir violentes.
03:52Leurs expressions sont très riches.
03:54J'essaie de sauvegarder chacun de leurs mouvements sur la pellicule.
04:05Elles sont toutes blanches, mais avec un petit rayon de soleil,
04:10elles peuvent prendre des couleurs jaunes, ou oranges, et parfois roses.
04:14Mais elles restent toutes blanches.
04:17C'est ce que je trouve fascinant chez elles.
04:31Chez les grues du Japon, il y a une grande différence entre les grues de l'eau et les grues de l'eau.
04:37Chez les grues du Japon, il est difficile de distinguer le sexe d'un simple coup d'œil.
04:49Leur chant est ce qui permet de les différencier le mieux,
04:54surtout lorsque les couples se mettent à chanter au même moment.
04:58Comment les reconnaître ?
05:00Le mâle chante en premier,
05:02et la grue en suivant.
05:04Le mâle chante en premier,
05:06et la femelle lui répond.
05:12« I love you », « Je t'aime »,
05:15et la femelle répond « I love you », « Je t'aime ».
05:21Si on compte aujourd'hui près de 2000 grues à Kushiro,
05:25c'est auprès d'un effort de conservation locale formidable,
05:28sans lequel l'espèce n'aurait pas survécu.
05:34On avait déclaré l'espèce éteinte ou presque,
05:38mais elles ont réapparu dans le marais vert de Kushiro,
05:41et plusieurs grues ont atterri dans ces champs.
05:48Monsieur Yamazaki, le propriétaire des champs,
05:52a commencé à partager sa nourriture avec elles.
05:56Si nous ne sommes pas là pour les aider,
05:59elles ne peuvent pas passer l'hiver.
06:00Dans ce cas, les nourrir est un geste vraiment très important.
06:08Des rations de maïs leur sont ainsi distribuées durant tout l'hiver.
06:20Sous la neige, elles ne trouvent plus de nourriture,
06:23alors elles reviennent ici,
06:26et c'est très beau de les voir danser dans ce décor blanc.
06:29En ce moment, au mois de février, on les voit beaucoup.
06:35Pour elles, c'est une période joyeuse,
06:38avec l'arrivée prochaine du printemps.
06:42Elles sont très fidèles, jusqu'à la fin de leur vie.
06:48Alors, j'imagine qu'elles s'engagent à nouveau pour l'année,
06:52en dansant ainsi pour l'amour.
06:59Je crois que c'est ça le plus beau.
07:21Nous quittons les marais gelés de Kushiro
07:24pour rejoindre l'extraordinaire péninsule de Shiretoko.
07:26Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.
07:32Shiretoko, qui signifie le bout de la terre au langage autochtone,
07:36est sans doute l'un des endroits les plus sauvages du Japon.
07:40S'avançant tel un sabre dans la mer de Kotsk,
07:43la péninsule s'allonge sur 70 km de crêtes volcaniques,
07:46recouvertes de forêts,
07:49et dominées par le mont Raosu.
07:57Le parc national de Shiretoko
08:00a été inscrit au patrimoine mondial
08:03en raison de sa très riche biodiversité.
08:06Le parc est en effet un exemple remarquable d'interaction bénéfique
08:10entre les écosystèmes terrestres et marins.
08:13Des écosystèmes très prolifiques
08:16pour une raison tout à fait unique au littoral de Shiretoko.
08:19La présence de glaces marines hivernales
08:22à la latitude la plus méridionale dans tout l'hémisphère nord.
08:27Des glaces provenant du gel des eaux douces
08:30déversées par le fleuve continental Amur
08:33dans la mer de Kotsk.
08:36Elles dérivent ensuite plein sud jusqu'à Shiretoko,
08:39portées par les courants marins sur plus de 1000 km.
08:42Des glaces dont le photographe sous-marin Katsunori Seki
08:46a fait sa spécialité.
08:50Ici à Raosu, sur la péninsule de Shiretoko,
08:53grâce à la banquise,
08:56nous avons des paysages variés en toutes saisons.
08:59Et en cette période de banquise,
09:02il y a des espèces qu'on ne voit jamais à d'autres saisons.
09:09Katsunori plonge au milieu des glaces dérivantes
09:12depuis une trentaine d'années.
09:15C'est un pionnier dans l'étude de l'influence biologique
09:18de ce phénomène sur l'environnement.
09:21L'hiver à Hokkaido paraît monotone avec la neige.
09:27C'est comme un monde en noir et blanc
09:30qui d'un seul coup devient très coloré
09:33une fois que l'on met la tête sous l'eau.
09:40C'est notamment grâce aux photographies et aux travaux de Katsunori
09:44que la population locale a pris conscience des bienfaits
09:47de l'arrivée annuelle des glaces dérivantes.
09:50Si on regarde, les glaces originairement bleues
09:53se colorent en jaune et en vert.
09:56C'est la couleur des algues glaciaires.
10:00En grandissant, elles se transforment en varek.
10:04Ça, c'est la base de la vie.
10:07Ça nourrit le plancton.
10:12Au début du printemps, le varek devient mou.
10:16En se brisant, les glaces s'ouvrent.
10:22Et à ce moment-là, les nutriments se déposent au fond de l'eau.
10:26Tout ça, c'est grâce à la banquise
10:29qui amène ces nutriments et les libère en fondant.
10:46C'est grâce à cet environnement rude, où il fait zéro degré,
10:50qu'on voit la vie s'animer.
10:53Les poissons plats se déplacent au plus profond de l'eau,
10:57ce qui les rend invisibles.
11:01Mais certains, au contraire, montent pour pondre leurs oeufs,
11:05car ils y sont plus tranquilles.
11:09Les crustacés remontent aussi pour l'accouplement.
11:13Quand je vois tout ça,
11:16ces êtres très robustes, amusants et extraordinaires,
11:20je suis très touché.
11:28Quand le soleil est bas,
11:31ces rayons entrent dans la mer en biais.
11:34C'est comme si les rayons de l'eau
11:37étaient des rayons de l'eau.
11:39Ces rayons entrent dans la mer en biais.
11:42Donc les faisceaux de lumière sont comme des jets d'eau
11:46que je repère très vite.
11:50Et ces lumières se mêlent aux algues.
11:53C'est éblouissant, étincelant.
11:57Avec ce froid,
12:00les plaques d'algues poussent d'un centimètre par jour.
12:05Donc chaque jour est différent.
12:10Nous n'avons pas besoin de changer notre regard,
12:13car devant nous, tout change.
12:18Nos modèles changent d'eux-mêmes.
12:25Les images d'hier ne peuvent plus être saisies aujourd'hui.
12:29C'est le plaisir unique que l'on a ici et pas ailleurs.
12:34La grandeur de la nature est devant nous.
12:38La nature est à notre portée
12:41et nous vivons quotidiennement avec elle.
12:57Il y a quelques années,
12:59au Caïdo n'était pas encore une île,
13:02mais une extrémité du continent asiatique.
13:05La faune y est arrivée à pied, comme les fameux ours bruns.
13:09La presqu'île de Shiretoko
13:12compte aujourd'hui l'une des plus importantes colonies au monde.
13:16200 individus environ,
13:19qui bien sûr hibernent l'hiver venu.
13:22Des plantigrades tout aussi pudiques l'été
13:25et qu'on aperçoit donc très rapidement.
13:27À la condition encore de longer les côtes sans bateau.
13:32Des côtes dont les falaises sont aussi les lieux
13:35où vient nicher le plus grand aigle du monde,
13:38le pigargue de Steller.
13:41Pour la plupart originaire du Kamchatka, en Russie,
13:44les oiseaux migrent au sud pendant la mauvaise saison,
13:47notamment à Okaïdo.
13:54Aucune route ne mène au Caïdo.
13:57Aucune route ne mène au Cap de Shiretoko.
14:00La vie sauvage peut s'y dérouler paisiblement,
14:03à l'abri du dérangement des hommes.
14:07Nous quittons Shiretoko
14:10pour découvrir la péninsule voisine de Nemuro,
14:13en passant par la lagune de Fouraine.
14:19L'hiver, pour les habitants du petit village de Yarimukashi,
14:23habituellement entourés par les flots somâtres de la lagune,
14:25la terre et l'eau ne font plus qu'un.
14:31Pour Kuji Hoshita et sa femme,
14:34il est l'heure d'enfourcher les motoneiges
14:37et de parcourir plusieurs kilomètres,
14:40embravant le froid et la glace.
14:43Pour eux, c'est une question de survie.
14:51Les Hoshitas sont pêcheurs,
14:53ils profitent du rassemblement de nombreuses espèces
14:56de poissons marins sous la surface gelée du lac,
14:59qui communiquent avec la mer d'Okhotsk.
15:02Les poissons y sont attirés en particulier
15:05par l'abondance du krill pacifique,
15:08une petite crevette appelée Isada au Japon,
15:11et dont ils sont particulièrement friands.
15:16Ayant au préalable scié la couche de glace
15:19à l'aide d'une tronçonneuse,
15:21les pêcheurs ont déposé au début de l'hiver
15:24plusieurs types de filets permanents
15:27qu'il leur faut relever régulièrement.
15:30Ils récoltent ainsi les poissons locaux
15:33comme le wakasagi et le navaga jaune
15:36ou encore le haran, tous très appréciés au Japon,
15:39et qu'ils feront sécher en plein air de retour au village.
15:51L'été, tout change à Hokkaido.
15:54Les 5600 hectares de la lagune de Fouraine
15:57redeviennent liquides,
16:00et la nature y reprend tous ses droits.
16:03De précieuses forêts d'épicéa de Sakhalin
16:06y prospèrent sur les bancs de sable,
16:09et de très nombreuses espèces d'oiseaux y nichent
16:12ou y font des tapes.
16:15On en recense près de 300.
16:18La région prend des airs de petit paradis.
16:21Dans une grande partie de l'est de Hokkaido,
16:24l'élevage laitier s'est fortement développé,
16:27attirant de jeunes actifs en quête d'espace.
16:31C'est ici que Fumiko et Ryota Kikuchi
16:34ont ainsi décidé de s'installer,
16:37après avoir tout quitté à Tokyo.
16:40S'il n'est pas là, il n'y a pas de fromage.
16:45Tout seul, je ne peux pas vendre le fromage.
16:48Nous sommes vraiment partenaires.
16:52Ce n'est pas une collègue de travail.
16:56Tous les deux, on ne fait pas un, mais presque.
17:04Oui, c'est ça, deux font un.
17:07On est tout le temps ensemble.
17:10Même sans rien dire, on se comprend.
17:22Ma soeur et mon beau-frère ont acheté une ferme.
17:29L'ancien gérant de cette ferme faisait du fromage.
17:34Il leur a laissé sa fromagerie avec la ferme.
17:39Une fromagerie complètement opérationnelle, pour pas cher.
17:44Nous n'avons qu'une vie.
17:47Alors même si ça ne marche pas,
17:49comme nous sommes deux, c'est moins grave.
17:53C'est dans cette optique, sans stress, que nous sommes venus.
17:57Donc, nous sommes venus le cœur léger pour tenter l'aventure.
18:04Un Paris osé, dans un pays où le fromage n'est pas une spécialité,
18:09surtout quand on doit tout réapprendre.
18:12Mais la ténacité et la passion de Fumiko et de Ryota ont payé,
18:15alliés à l'effet de niche et au côté artisanal de leur production.
18:23Ici, nous n'avons pas beaucoup de vaches.
18:31Ma soeur a un élevage de petite taille.
18:36En été, les vaches sont au près et broutent de l'herbe.
18:40Donc l'été, j'utilise du lait de vache, qui n'en mangeait que cela.
18:43Le lait a donc un bon goût, un goût très riche.
18:52Le couple n'a aucun regret d'avoir quitté la ville pour s'installer dans un lieu très rural.
19:00Comme j'habitais en ville, j'assimilais Tokyo à tout le Japon.
19:04Je me disais, c'est ça le Japon.
19:07Mais ici, il y avait un autre monde.
19:14À la ville, on ne connaît pas son voisin.
19:18On ne lui a jamais dit bonjour.
19:21C'est normal.
19:24Mais ici, c'est impensable.
19:27Après les récoltes, on se donne des légumes.
19:31Les pêcheurs donnent leurs surplus.
19:34Cet échange est le lien de la communauté.
19:44Jusqu'à maintenant,
19:47je n'avais pas eu l'occasion de me frotter au consommateur final.
19:52Mais vendre ce qu'on a produit nous-mêmes,
19:57quand on a fait l'expérience d'un client qui revient vous dire que c'était très bon,
20:02on ne peut plus s'en passer.
20:14Aujourd'hui, je pense en priorité au mode de vie que je veux avoir.
20:22Prendre le temps de penser à tout un tas de choses
20:26est devenu naturel.
20:31Le lait qui se solidifie,
20:34un liquide qui devient solide après le pressage du petit lait,
20:38c'est ce que je préfère.
20:41Et en fin de compte,
20:44un fromage qui n'avait aucun goût,
20:47après six mois d'affinage, a développé un goût profond.
20:51C'est magique.
21:11Tous les deux, on aime bien manger.
21:15Quand la journée est finie, on mange et on boit un petit verre.
21:19C'est mon moment le plus heureux.
21:25Chaque jour me rend heureuse.
21:28Est-ce que j'ai vraiment le droit d'habiter dans un endroit pareil ?
21:31C'est un peu ça mon état d'esprit.
21:35Nous vivons en harmonie
21:37avec la nature.
21:42C'est bien,
21:45on ne fait pas un,
21:48mais treize.
21:59Nous survolons à présent le centre d'Hokkaido
22:03et le parc national de Daisetsuzan,
22:05où se dresse notamment le mont Tokachi.
22:11Le centre de l'île est parfois surnommé
22:14le toit d'Hokkaido.
22:17Plusieurs chaînes de montagnes y regroupent
22:20les plus hauts sommets de la région,
22:23qui dépassent les 2000 mètres.
22:26Tous sont inclus dans le périmètre
22:29du parc national de Daisetsuzan,
22:32dont le nom signifie « grandes montagnes enneigées ».
22:35On recense encore plus d'une trentaine de volcans actifs à Hokkaido,
22:38dont le mont Tokachi au sud du parc.
22:41Sa dernière éruption d'envergure remonte à 2004,
22:44et on estime qu'il entre en éruption régulièrement
22:47depuis près d'un million d'années.
22:55Nous prenons à présent la direction du parc national
22:58de Shikotsutoya et de la station thermale
23:01de Noboribetsu.
23:05Si les éruptions et les séismes
23:08sont le versant catastrophique,
23:11le volcanisme a aussi ses bienfaits,
23:14depuis longtemps exploités et intégrés
23:17à la vie courante des Japonais.
23:20La nature donne et reprend,
23:23et il faut s'en accommoder pour le pire et pour le meilleur.
23:26À Noboribetsu, la nature volcanique du terrain
23:29a engendré une vallée de l'enfer,
23:32appelée Jigokudani en japonais,
23:35une activité géothermique
23:38où jaillissent sans cesse fumeroles, jets de vapeur
23:41et émanations aux odeurs puissantes.
23:44Il s'agit en fait d'un des cratères d'un volcan dormant.
23:47Surtout, Jigokudani donne naissance à 15 sources chaudes
23:50qui ont fait de Noboribetsu l'une des villes d'Onsen,
23:53les bains chauds traditionnels,
23:56les plus réputées du Japon.
23:59Chaque source possède de supposées vertus thérapeutiques.
24:02L'économie locale est entièrement tournée
24:05par cette activité thermale
24:08et on ne compte plus les onsens ici,
24:11qui désignent à la fois les sources et les établissements où l'on s'y baigne.
24:14Nobuyuki Harukimachi travaille dans l'un de ces établissements.
24:17L'eau, c'est son élément.
24:24Les onsens de Noboribetsu sont très souffrés.
24:31L'eau sort à une température moyenne de 70 degrés.
24:36Elle est ensuite acheminée dans les différents hôtels.
24:44Dans ces hôtels, les températures d'utilisation sont différentes.
24:50Ici, nous proposons de l'eau froide à 38 degrés
24:54et de l'eau chaude à 43 degrés.
24:57Chaque établissement possède son yumori,
25:00une sorte de docteur des sources
25:03qui veille au bon acheminement des eaux chaudes jusqu'au bas.
25:06C'est le travail délicat de Nobuyuki.
25:14Le travail le plus difficile en tant que yumori,
25:17c'est de gérer la température de l'eau
25:20depuis la source jusqu'au bassin.
25:22Le plus difficile, c'est de gérer ça
25:25pour pouvoir offrir au client une température constante.
25:53Quand il fait beau comme aujourd'hui,
25:56il n'y a pas de problème.
25:59Mais quand il y a du vent ou de la pluie,
26:02la température de la source baisse.
26:06Avec la pluie, la température de la source baisse
26:09jusqu'à 20 degrés.
26:12On ne peut plus l'utiliser.
26:17C'est délicat pour un onsen de ne plus avoir d'eau chaude,
26:22mais c'est la nature.
26:25On est impuissant, on ne peut rien faire.
26:38Lorsque j'effectue ma ronde du matin,
26:42je vérifie la température de la source au thermomètre,
26:47mais aussi la température de l'eau dans les bassins.
26:50S'il y a une différence d'un ou de deux degrés
26:53avec les températures de la veille,
26:57j'ajuste à la source si je peux.
27:10Je travaillais ici dans l'électricité
27:13quand le précédent Yumori a arrêté.
27:16Je ne connaissais même pas le nom de ce métier.
27:22Je n'aurais jamais pensé devenir le responsable
27:25de la maintenance d'un des onsen les plus célèbres de Noboribetsu.
27:34Quand il y a un processus que je ne connais pas,
27:37que je ne maîtrise pas, je le fais.
27:41Quand je commence à le faire,
27:43et jusqu'à ce que j'ai fini,
27:46je ne peux pas vraiment savoir si ça va marcher.
27:50Je ne le sais que lorsque l'eau chaude coule dans les bains.
27:55Et je dois reconnaître que parfois, c'est assez angoissant.
28:05Les Japonais sont en effet très attachés à la pratique de l'onsen,
28:08qui remonte à l'Antiquité.
28:10Ils sont donc très exigeants quant à la qualité
28:13et à la température de l'eau.
28:17Certains clients connaissent la température de chaque bain
28:20et me demandent s'il n'y aurait pas un demi-degré de différence.
28:24Alors je regarde le thermomètre
28:27et je corrige.
28:31Je pense que si je peux proposer une température régulière
28:34chaque jour,
28:37sans que les gens remarquent si je fais de l'effort,
28:40si je fais quelque chose ou pas,
28:43alors c'est bien.
28:59Le parc national de Shikotsutoya
29:02est comme un musée volcanique à ciel ouvert.
29:05Il abrite notamment le mont Yôtei.
29:07A 1 900 mètres, c'est un magnifique exemple
29:10de stratovolcan.
29:13Sa forme parfaitement conique et ses pentes abruptes
29:16lui ont d'ailleurs valu le surnom de Mont Fuji d'Hokkaido.
29:24Le lac Toya, situé à une quarantaine de kilomètres plus au sud,
29:27est quant à lui un lac de caldera.
29:30Peut-être l'un des plus beaux de l'île, si ce n'est du Japon.
29:33C'est aussi l'un des lacs les plus septentrionaux de l'archipel
29:36à ne jamais geler l'hiver.
29:39La vue de ces eaux pures peut s'apprécier toute l'année,
29:42ainsi que celle qu'ils ménagent sur le mont Yôtei.
29:50Nous partons à présent pour le sud-est d'Hokkaido,
29:53à Orakawa, au pied des monts Hidaka.
30:02Entre les montagnes et l'océan Pacifique
30:05s'étend le district d'Orakawa.
30:09De petites plaines littorales,
30:12sillonnées par des rivières descendues des monts Hidaka,
30:15s'épanouissent entre les reliefs.
30:20Orakawa est reconnu comme le fief d'un élevage tout à fait spécifique,
30:23les chevaux de course.
30:26Si Hokkaido concentre 90% des élevages du Japon,
30:29soit près de 800 fermes,
30:32le district d'Orakawa en compte à lui seul plus de 300.
30:36De nombreux champions y sont nés,
30:39essentiellement des pursans qui ont remporté des courses prestigieuses.
30:43Des animaux qui pour certains sont révérés comme des dieux,
30:46les courses hippiques étant devenues extrêmement populaires au Japon.
30:50Le revers de cet engouement
30:53et de l'économie florissante qui en découle,
30:56c'est que la retraite des chevaux de course
30:59n'est encore souvent pas prise en considération.
31:02La retraite s'y a battue.
31:06A Orakawa, une femme,
31:09Atsumi Kuroiwa, a décidé de changer cela.
31:15Je ne connais personne qui déteste les chevaux.
31:19La première fois qu'il rencontre des chevaux,
31:22la plupart des gens les trouvent plutôt mignons,
31:25grands et gentils.
31:28Je voudrais que les gens puissent rencontrer des chevaux
31:30et se rendre compte de leur gentillesse.
31:41Pour les chevaux à la retraite, rien n'est prévu.
31:47Pour ceux qui ont beaucoup gagné,
31:50il y a bien des allocations mensuelles sous condition,
31:53mais ils sont très peu nombreux.
31:57Pour tous les autres,
32:00c'est l'élimination.
32:05Atsumi a donc créé une ferme pédagogique
32:08axée sur l'accueil des chevaux blessés aux retraités.
32:14On ne peut pas les laisser seuls
32:17sous prétexte que ce sont des animaux
32:20ou qu'ils résistent au froid.
32:23Ce n'est pas bien.
32:25Ils sont élevés par des humains
32:28depuis leur naissance.
32:31Donc, le bonheur pour eux,
32:34c'est qu'on s'occupe d'eux jusqu'à la fin,
32:37sans les tuer,
32:40alors qu'ils peuvent encore vivre.
32:49Atsumi a ainsi épargné une vingtaine de chevaux,
32:52un nombre qu'elle aimerait accroître.
32:55Mais pour subvenir aux frais de sa ferme,
32:58elle doit continuer à travailler à Tokyo.
33:01Son activité n'est pas encore vraiment reconnue.
33:05Le fait que je fasse ce travail
33:08est vu comme quelque chose d'assez étrange.
33:18Encore ici, on connaît les chevaux.
33:22Mais les gens qui viennent dans ma ferme pédagogique
33:25depuis Tokyo ou Osaka
33:28ont peu de contacts avec eux
33:31et ne les connaissent en général
33:34que par les courses ou le club d'équitation.
33:41Donc, ils ont l'habitude de beaux chevaux,
33:44brossés et propres.
33:48Quand ils viennent ici,
33:51où les chevaux se roulent dans la boue,
33:53je sais que je ne m'en occupe pas bien.
33:56Ça arrive.
33:59Je leur dis qu'ils se trompent.
34:08Ils me donnent l'énergie de vivre.
34:11Ils m'apaisent.
34:14Ils représentent beaucoup de choses différentes pour moi.
34:19Je ne peux pas m'imaginer
34:21sans leur contact.
34:30Il reste à espérer que l'initiative courageuse d'Atsumi
34:33entraînera une prise de conscience
34:36chez les éleveurs de la région d'Urakawa et de Kaido en général
34:39pour réserver un sort meilleur à leurs chevaux retraités.
34:42Nous laissons Urakawa derrière nous
34:45pour découvrir Sapporo,
34:48la capitale de l'île et sa région.
34:52Implantée entre mer et montagne
34:55dans la plaine d'Ishikari,
34:58Sapporo est aujourd'hui la 5e ville du Japon
35:01en termes de population,
35:04avec près de 2 millions d'habitants.
35:07Développée à partir de 1867,
35:09Sapporo a accompagné la colonisation de l'île de Kaido
35:12opérée par les Japonais à la fin du 19e siècle.
35:15Il s'agissait alors de neutraliser toute véléité russe
35:18de contrôle sur l'île,
35:21mais également de faire de celle-ci un grand territoire agricole.
35:24Ville dynamique et prospère,
35:27Sapporo est aujourd'hui une capitale
35:30dont l'activité reste en partie orientée vers la transformation
35:33et la vente des produits agricoles issus de son vaste arrière-pays.
35:36À l'échelle de l'histoire du Japon,
35:39l'occupation et l'aménagement d'Okaido sont extrêmement récents,
35:42150 ans à peine.
35:45L'île est pourtant devenue le principal espace agricole du pays,
35:48avec 25% des surfaces cultivées.
35:51Son atout majeur a été l'espace,
35:54Okaido disposant, malgré de nombreuses montagnes,
35:57de très vastes zones de plaine qui ont été largement aménagées,
36:00comme celle d'Ishikari.
36:05Okaido fournit, entre autres,
36:0865% des récoltes de blé du Japon,
36:1180% des pommes de terre
36:14et la moitié de la production de lait.
36:17Une surexploitation du sol
36:20qui s'est parfois effectuée au détriment des équilibres écologiques.
36:27À l'extrême nord de la plaine d'Ishikari,
36:30nous faisons maintenant étape près de la ville d'Asahikawa.
36:36Dans les montagnes environnant la ville,
36:39sur le lieu d'un ancien village traditionnel,
36:42se retrouvent souvent les trois chanteuses du groupe vocal Mare Ureo.
36:45Toutes trois sont d'origine Ainu,
36:48le peuple autochtone d'Okaido,
36:51qui a occupé l'île depuis la nuit des temps.
36:54Un peuple en très forte symbiose avec la nature
36:57et dont ses femmes essaient de préserver l'héritage.
37:00Je m'appelle Mayun Kiki de Mare Ureo.
37:02Je m'appelle Rekpo.
37:05Et moi, Isaé.
37:08Le nom de notre groupe a un sens.
37:11Le « ma » de Mare Ureo veut dire « s'arrêter »
37:14et « ureo » « battre des ailes ».
37:17S'arrêter et battre des ailes, c'est le papillon.
37:33Et les chants Ainu
37:36sont composés de phrases
37:39qui se superposent.
37:46Nous sommes en quelque sorte en trance,
37:49donc ne pas savoir qui chante quoi et comment.
37:52C'est un peu comme si on ne savait pas
37:55qui chante quoi et comment.
37:58C'est comme si on ne savait pas
38:00qui chante quoi et comment.
38:04Parfois, on ne sait plus trop où on en est.
38:07On ne sait plus si on est en train
38:10de chanter le bon couplet.
38:13Oui, ça arrive.
38:22Rendre les bruits de la nature,
38:25c'est ce que faisaient les Ainu autrefois.
38:28Les bruits de la nature étaient comme les voix des dieux.
38:31C'est ce qu'ils croyaient.
38:34Je pense qu'ils observaient beaucoup la nature.
38:45Il y a beaucoup de contes avec des dieux et des plantes.
38:48Et quand on les écoute ou qu'on les raconte,
38:51on a une vision du monde différente
38:54de celle du Japon.
38:57...
39:20Parmi les plantes qu'on trouve à Hokkaido,
39:23beaucoup ont des noms Ainu et pas de nom japonais.
39:25Seulement des noms Ainu.
39:34Je veux faire entendre ce que l'on ne voit pas.
39:37C'est très excitant pour moi.
39:40Le plus important, c'est de faire entendre
39:43les éléments invisibles qui sont autour de nous.
39:45...
40:01Le feu, dans la vie quotidienne,
40:04c'est une chose indispensable pour les Ainu.
40:07Pour faire la cuisine ou se réchauffer.
40:11Donc le feu, c'est le dieu le plus important.
40:15...
40:22Quand on prie, on allume toujours un feu.
40:25Et on prie la déesse du feu.
40:28C'est une divinité essentielle.
40:31...
40:37Aujourd'hui, à Asahikawa,
40:40il y a très peu de gens qui animent la communauté Ainu.
40:42Alors il faut continuer de transmettre
40:45pour qu'un jour les Ainu se retrouvent et avancent à nouveau.
40:50C'est pour cela que j'essaie de retenir toutes ces choses.
40:54...
40:59Malgré l'omniprésence de leur héritage dans la toponymie locale,
41:03les Ainu ne seraient plus que quelques dizaines de milliers à Hokkaido.
41:07Mais leur culture fait aujourd'hui l'objet d'un regain d'intérêt
41:10et donc d'une protection accrue.
41:13...
41:20Dernière étape de notre voyage à Hokkaido,
41:23l'extrême sud et la ville d'Akodate.
41:26...
41:31Au pied du mont auquel elle a donné son nom,
41:34Akodate est la ville la plus méridionale d'Hokkaido
41:37et surtout l'une des plus anciennes.
41:40Longtemps avant la colonisation officielle de l'île par les Japonais,
41:44le site fut occupé par des clans venus de l'île voisine d'Honshu
41:48à partir du XIVe siècle.
41:51Au XIXe siècle, l'administration japonaise fut contrainte par les Etats-Unis
41:56de rouvrir le pays aux relations commerciales.
41:59Akodate fut ainsi le premier port du Japon
42:03à échanger avec les Américains à partir de 1854.
42:06L'année suivante, le fort Goryokaku fut construit sur un plan à Lavauban
42:12pour y installer les autorités municipales et défendre la ville.
42:16Le fort fut transformé au début du XXe siècle en parc public.
42:20Habitants et visiteurs viennent y admirer au printemps
42:24la floraison de ses 1600 cerisiers.
42:27Un spectacle d'une rare beauté, célèbre dans tout le pays
42:31et sur lequel se referme notre itinéraire japonais.
42:33...
43:03...