Le Japon vu du ciel - Du pays de neige a Tokyo

  • il y a 5 jours

Category

🏖
Voyages
Transcription
00:00Le Japon, un archipel aux paysages envoûtants, parfois aussi imprégnés de modernité.
00:16Un archipel aux traditions restées vivaces au cœur de la vie quotidienne, héritage d'une longue histoire culturelle et spirituelle.
00:24Un archipel qui continue de nous fasciner et de nous faire rêver.
00:30À l'origine de cette fascination, il y a les Japonais eux-mêmes.
00:35Un peuple à l'âme mystérieuse, ici révélé dans toute son intimité, au gré des saisons.
00:43D'Hokkaido au nord, à Okinawa au sud.
00:47Un voyage singulier et attachant au cœur du Japon.
01:17Dans ce film, nous découvrirons le nord de l'île d'Honshu, en commençant par la région du Tohoku et la Omori.
01:48Le Japon
01:54Certains affirment que le Japon serait le pays le plus enneigé au monde.
01:59Il est vrai qu'il existe bien un pays de neige, expression consacrée pour décrire une vaste zone qui s'étend le long de sa côte occidentale.
02:07Chaque hiver, ce pays reçoit des quantités impressionnantes de neige qui s'accumulent parfois jusqu'à 12 m localement.
02:15En effet, au contact de la très tempérée mer du Japon, les vents glacés soufflant de Sibérie accumulent de gros nuages qui se déchirent en précipitations neigeuses sur les hautes montagnes de l'île d'Honshu.
02:30Pour les habitants, la vie est depuis toujours rythmée par la neige, à laquelle il a fallu s'adapter et qui ralentit tout.
02:39Tout ? Certainement pas le train de Tsugaru, une petite ligne d'intérêt locale qui dessert une douzaine de gares dans la plaine éponyme, à quelques kilomètres de la capitale régionale, à Omori.
02:57Une équipe de déneigeurs est en effet toujours à pied d'œuvre, entièrement dévouée à sa tâche, le déblayement des 20 kilomètres de voies ferrées.
03:06Kiyoji Nakagawa est le benjamin de cette équipe.
03:12Personne ne nous voit.
03:16On a tout le temps en tête l'idée que les trains ne doivent pas s'arrêter.
03:24C'est ce qu'on se dit quand on déblaie.
03:28C'est ce qui fait notre valeur.
03:31Ce pourquoi on travaille.
03:36Le train, qui est la propriété d'entreprises locales et de résidents de cette petite région, reste bien souvent en hiver le seul moyen de transport quand les routes sont trop enneigées.
03:54C'est peut-être exagéré de dire que le quotidien des gens dépend.
03:59Mais s'il y a du retard, vous n'allez peut-être pas pouvoir faire ce que vous aviez prévu.
04:04Alors on fait notre possible pour que tout fonctionne.
04:12Ah la neige !
04:15C'est sûr qu'on préférait qu'il ne neige pas.
04:25On doit vivre avec la neige.
04:28Même si c'est dur, il faut faire avec.
04:32C'est comme ça.
04:35On n'a pas vraiment le choix.
04:46C'est ce qui fait le charme du chemin de fer de Tsugaru.
04:53Aomori fait partie des dix préfectures les plus enneigées du Japon.
04:56Et l'on y vient de loin pour jouir des paysages, comme à travers tout le pays de neige.
05:01Mais ce quotidien, c'est une autre affaire.
05:07Les gens qui viennent de régions où il ne neige pas pensent que c'est génial.
05:12Et que c'est beau.
05:15Tout le monde est d'accord pour dire que trop de neige, ça pose problème.
05:22Mais nous, on a ce savoir-faire.
05:24On sait faire, et on compose avec les conditions météo.
05:45Il suffit qu'il neige de nouveau pendant la nuit, et tout le travail de la veille est à refaire.
05:50C'est comme ça jusqu'au printemps.
05:53On répète les mêmes gestes.
05:56Si le train s'arrête, tout est fichu.
05:59Alors on doit tout faire pour que ça n'arrive pas.
06:03Vous ne pouvez pas vous éterniser à un seul endroit.
06:08Il faut savoir doser, parce que sinon, un problème risque de survenir ailleurs.
06:13C'est important de se fixer soi-même des limites, quand on déblaie.
06:21De la neige, il y en a partout, et il y en aura encore demain.
06:31Il n'est pas sûr que les voyages à bord du petit train de Tsugaru,
06:35même avec ses poils de chauffage et de cuisine, forment vraiment la jeunesse et suscitent des vocations.
06:42C'est dommage, mais les jeunes ne sont pas attirés par ce métier.
06:47Mes collègues, qui travaillent ici, sont tous plus âgés que moi.
06:53J'ai 27 ans, et je suis le plus jeune.
06:58Mais si un petit nouveau arrivait, je serais prévenant.
07:03Je lui transmettrai tout ce que je sais, et lui donnerai plein de conseils.
07:17Nous partons à présent pour la préfecture de Yamagata,
07:21et la région de Tsuruoka, et des trois montagnes de Dewa.
07:31Au pied du mont Aguro, au cœur d'une forêt de cèdres pluriscentenaires,
07:36nous y trouvons le centre de la région de Tsuruoka.
07:40Au pied du mont Aguro, au cœur d'une forêt de cèdres pluriscentenaires,
07:45se dresse une pagode à cinq étages, la plus ancienne du Tohoku.
07:52Elle témoigne de l'importante vénération dont fait l'objet le mont.
07:56Depuis plus de mille ans, il est l'une des trois montagnes sacrées de Dewa,
08:00un site de pèlerinage de la tradition Shugendo,
08:03une branche japonaise du bouddhisme mêlée de Shintoïsme et de Taoïsme.
08:10Les Yamabushi, les moines et prêtres du Shugendo,
08:14se retiraient dans les montagnes pour méditer et prier.
08:18Ils y vivaient une vie de dénuement, en harmonie avec la nature et les éléments.
08:25Au sommet du mont, au bout d'un escalier de pierre de 2446 marches,
08:30se dresse le sanctuaire Dewa Sanzan,
08:33où l'on vénère encore les divinités de la montagne.
08:40Un lieu emprunt d'une profonde spiritualité
08:43qui attire encore aujourd'hui de très nombreux pèlerins.
08:46Dans le quartier des prêtres, le Saikan, le dernier de la région,
08:50ils sont accueillis par le chef Shinkichi Ito,
08:53qui perpétue des traditions culinaires tout à fait particulières au Shugendo.
09:02Je vis ici depuis 20 ans. Je suis très attaché à cet endroit.
09:10Je ressens des choses que je ne ressens pas ailleurs.
09:23C'est mon pays. Il me calme.
09:32Des pratiques des moines bouddhistes est née une cuisine spécifique,
09:36appelée Shogin Ryori.
09:37Elle est inspirée d'une part des principes végétariens commandés par le bouddhisme
09:42et d'autre part de la manière qu'ont toujours eu les habitants de la région
09:46de s'accommoder des ressources saisonnières de leur environnement.
09:49Son but est de faire ressentir l'esprit des trois montagnes de Dewa
09:53à travers la nourriture même.
10:01La cuisine du Dewa Sanzan est caractéristique des moines bouddhistes itinéraires.
10:08Des moines bouddhistes en retraite dans les montagnes.
10:14Développée à partir de cet usage, c'est une cuisine centrée sur les aliments de montagne.
10:27Les ascètes devaient bien se nourrir pendant leur retraite.
10:34On dit même qu'ils mangeaient cru.
10:37En retraite dans la montagne, ils ont évidemment mangé ce qu'ils trouvaient sur place.
10:46Et de cette cuisine personnelle, on est passé à une cuisine pour les visiteurs.
10:55Une cuisine que Shin Kishi propose dans le restaurant du monastère
10:59est toujours basée sur la cueillette d'ingrédients locaux
11:02qu'il conserve en général pour l'hiver dans la saumure.
11:08Je pense que c'est bien de cueillir et de continuer à cueillir
11:13pour que les plantes ne disparaissent pas et qu'elles vivent encore longtemps.
11:26C'est vraiment une cuisine qui utilise la manne de la montagne
11:31tout en permettant de profiter des saisons.
11:35Même si leur aspect ne vous dit rien au début,
11:39quand on essaie, on se rend compte qu'on peut manger beaucoup de bonnes choses.
11:57Le tofu au sésame est le principal aliment du Saïkan.
12:02On en trouve partout dans le pays.
12:06Mais le cuisiner avec une sauce épaisse en kake est une spécialité du Shônai.
12:24Il y a aussi le gassandake, une pousse de bambou cuite.
12:28On ne peut la récolter qu'un mois par an, en été.
12:33Mais nous, nous la stockerons pour pouvoir la cuisiner toute la nuit.
12:43Quand on sale les plantes sauvages pour les conserver,
12:48d'abord on les recouvre de sel.
12:52Puis, pour les presser, on utilise une grosse pierre.
12:56Sous l'effet du poids de la pierre, l'eau s'écoule.
13:01A la suite de quoi, on peut les conserver longtemps.
13:09On utilise cette pierre depuis tellement longtemps
13:14qu'elle doit aussi avoir le goût des plantes sauvages.
13:27Plutôt que de m'expliquer mon métier,
13:32on m'a dit, regarde et apprends.
13:40A l'avenir, j'aimerais bien que mes recettes soient écrites
13:45et transmises pour les prochaines générations.
13:49C'est ce que j'espère.
14:19La saison préférée des cueilleurs japonais va bientôt commencer.
14:24Le printemps frappe à la porte et les bambous,
14:29qui symbolisent les trois montagnes sacrées de Dewa,
14:34sont en train de sortir de leur sommeil hivernal.
14:39Plus tard, en juin, leurs pousses tant appréciées pourront être récoltées.
14:44C'est la neige qui leur aura donné la force de pousser.
14:49C'est la neige qui leur a donné la force de pousser.
14:59Pour l'heure, un léger voile blanc saupoudre encore
15:04l'étendue infinie des rizières de la plaine du Shônai.
15:09A l'extrême nord de la plaine,
15:13le petit village de Suguse s'étend entre la côte et les pentes du mont Shôkai.
15:24C'est ici que vit et travaille Shuichiro Ogata,
15:29riziculteur et salmoniculteur.
15:39Depuis plus de cent ans,
15:43l'écloserie de Suguse contribue à la perpétuation du saumon local.
15:56L'agriculture et l'élevage de saumon me prennent chacun six mois.
16:01Du printemps à l'automne, c'est l'agriculture.
16:05Quand c'est fini, à partir de l'automne jusqu'au printemps suivant,
16:10j'attrape les saumons et j'élève les alevins,
16:14et ça se termine en mars avec les lâchés.
16:18Je répète ce cycle tous les cinq mois.
16:26L'environnement de l'écloserie a une influence majeure
16:30dans le succès de la reproduction des poissons.
16:34Si nous pouvons faire cette activité d'élevage de saumon,
16:38c'est grâce à l'eau du mont Shôkai.
16:41Évidemment, en hiver, il neige sur le mont Shôkai.
16:46Puis la neige fond, arrive dans la rivière et coule jusqu'à la mer.
16:52Cette eau venue de la montagne nourrit les saumons au moment du lâcher.
16:58C'est lié.
17:01Nous sommes en phase,
17:04en harmonie avec le cycle naturel.
17:15Les alevins, les saumons sont à notre merci.
17:21Si nous, les humains, ne nous en occupons pas bien,
17:25ils ne reviennent pas.
17:27Je n'ai pas de vacances pendant l'élevage.
17:30Ce sont des êtres vivants.
17:33Le moindre relâchement peut avoir des conséquences dramatiques,
17:36donc pas de récupération pour moi.
17:44La capacité de nos installations est de 10 millions d'alevins.
17:48Nous faisons très attention à ce que ces poissons soient robustes
17:53et puissent remonter le courant.
17:58En effet, comme beaucoup de poissons et notamment les saumons,
18:02les alevins de l'écloserie vont bientôt partir pour un très long voyage.
18:12Les alevins costauds viennent de parents costauds,
18:17d'un élevage sérieux et d'un environnement sans stress.
18:27Les saumons que nous relâchons pèsent à peu près 1 gramme.
18:32Ces saumons de 1 gramme arrivent dans la mer du Japon,
18:38vont dans la mer d'Okhotsk, traversent le détroit de Béring,
18:43nagent environ 20 000 kilomètres et reviennent.
18:51Comment acquièrent-ils cette capacité à revenir ?
18:55C'est un mystère.
19:00C'est peut-être dans leur ADN,
19:04mais qu'un petit poisson de 1 gramme nage une telle distance
19:09pour laisser une descendance, je trouve ça romantique.
19:25Vers la fin mars, c'est l'heure de rassembler les petits saumons.
19:30Et pour sensibiliser les générations futures à la préservation
19:34de cette précieuse ressource écologique,
19:37c'est aux enfants de la région qu'on fait appel pour les relâcher.
19:41Quand on fait un lâcher,
19:45ils reviennent 4 ans plus tard.
19:49Pour le lâcher d'aujourd'hui,
19:52plus de 20 enfants étaient présents.
20:00Dans ce groupe, s'il se trouve ne serait-ce qu'un enfant
20:04qui désire plus tard travailler dans l'élevage de saumons,
20:07alors j'en serais très heureux.
20:11Les saumons reviendront quand ces écoliers finiront l'école primaire,
20:16alors j'aimerais bien qu'ils reviennent les voir.
20:21Pour le long hiver du Tohoku,
20:24il est enfin temps de tirer sa révérence.
20:29Dans la plaine du Shonai,
20:32véritable grenier harry du Japon,
20:35Yasumitsu Okuyama se prépare pour une longue saison.
20:40Quand je me lève à l'aube,
20:43j'ai l'impression d'être dans un jardin.
20:46J'ai l'impression d'être dans un jardin.
20:49Quand je me lève à l'aube,
20:52et que personne ne travaille encore dans ces immenses plaines,
20:56j'ai l'impression d'avoir le soleil rien que pour moi.
21:02J'aime ce sentiment que j'ai quand je suis seul à travailler dans les champs.
21:07C'est pour ça que je me lève si tôt.
21:14Et puis je pense qu'être agriculteur est une vocation.
21:19Au Japon, la culture du riz s'est développée dès le 3ème millénaire avant notre ère.
21:25Elle a donc profondément façonné les paysages de l'archipel.
21:29Et le riz reste l'aliment de base du repas japonais.
21:33Être réculteur ne s'improvise donc pas.
21:40En fait, ma famille travaille dans la culture du riz depuis le début du 18ème siècle.
21:45Je représente la 15ème génération.
21:51Très jeune, j'ai vu mon père travailler et se passionner pour le travail qu'il faisait.
21:56J'ai donc voulu très tôt devenir agriculteur, moi aussi.
22:09La mécanisation du riz a été très importante pour moi.
22:13La mécanisation de l'agriculture a été le plus grand bouleversement auquel nous avons dû nous adapter.
22:20Avant, tout se faisait à la main.
22:23Aussi bien le repiquage du riz que le désherbage et la moisson.
22:27Aujourd'hui, ce sont des machines qui s'en occupent.
22:30C'est sans doute cela le plus gros changement.
22:33La riziculture irriguée est la méthode la plus répandue dans le monde.
22:37Et elle exige que les jeunes plants prétaniers, fraîchement repiqués, poussent dans plusieurs centimètres d'eau.
22:44Sans eau, nous ne pouvons rien cultiver.
22:47C'est une ressource infiniment précieuse.
22:53Une ressource apportée ici par la rivière Aka, descendue des Moasai.
23:00En vérité, ce ne sont pas nous les agriculteurs qui faisons pousser le riz.
23:04C'est avant tout le soleil, une eau pure et la terre.
23:12Notre travail, notre contribution, c'est simplement d'accompagner ce processus.
23:21Yasumitsu, contrairement à beaucoup d'autres, a fait le choix d'une riziculture respectueuse de son environnement.
23:29Nous irriguons les rizières une fois par jour.
23:32Le pire ennemi de la riziculture, ce sont les mauvaises herbes.
23:38Il y a plusieurs façons de s'en débarrasser sans recourir aux pesticides.
23:44Ici, nous laissons en liberté des canards qui vont arracher ces herbes,
23:49ce qui nous permet de cultiver sans produits chimiques.
23:52Je crois que la technique d'utiliser des canards comme des herbans n'a pas plus de 20 ou 30 ans.
23:57Ce n'est pas si ancien.
24:02Il y a eu une période où les pesticides étaient très utilisés au Japon.
24:06Aujourd'hui, nous faisons attention, et je pense que c'est une bonne chose de le faire.
24:12La riziculture n'est pas une riziculture.
24:14Il y a eu une période où les pesticides étaient très utilisés au Japon.
24:19Aujourd'hui, nous faisons attention, et je pense que l'eau que nous avons est bien plus propre qu'à l'époque.
24:34Le printemps a passé, et l'été voit le riz s'épanouir.
24:38Ici, nous cultivons le riz japonais.
24:41C'est une variété particulière, appelée japonica.
24:44Elle a la particularité d'avoir des grains très courts et d'être collante.
24:51Les travaux des champs m'accaparent, et il m'arrive de manger sur place, dans les rizières.
24:56Et parfois, nous allons pique-niquer dans les champs avec mes enfants.
25:08Avant, toutes mes pensées étaient tournées vers mon exploitation.
25:12Mais le riz n'est pas le seul à pousser.
25:16Et il faut aussi cultiver les hommes, et s'en occuper.
25:20Comme pour le riz, il est important d'être attentif au développement des enfants,
25:25et de les préparer au moment où notre génération devra partir.
25:29C'est ce que nous faisons au Japon.
25:31Comme pour le riz, il est important d'être attentif au développement des enfants,
25:35et de les préparer au moment où notre génération devra passer la main.
25:40J'y pense beaucoup ces derniers temps.
25:43Comment nous préparer au futur ?
25:55J'aime bien l'automne, parce que c'est la saison des récoltes.
26:02Mais comme on ne peut pas récolter tant qu'il y a de l'arrosé,
26:06le matin, on décortique le riz.
26:09On fait ça de 9h30 à 10h.
26:12Et dès que l'arrosé s'est évaporé, et que le riz est sec,
26:15on peut commencer la récolte.
26:25La récolte du riz débute vers le 20 septembre.
26:28Elle dure à peu près un mois.
26:35Si les progrès techniques ont facilité la tâche des riziculteurs,
26:39les effets de la mondialisation, avec notamment la baisse de la consommation de riz au Japon,
26:44l'ont aussi complexifiée.
26:47La riziculture s'est fortement mécanisée au Japon.
26:50On peut donc faire l'essentiel avec seulement deux personnes.
26:59Autrefois, 4 hectares suffisaient à faire de vous un gros producteur.
27:04Mais aujourd'hui, pour vivre de la riziculture, il vous en faut au moins 20.
27:14Pour être tout à fait franc, j'aimerais n'avoir à penser qu'au riz.
27:18Mais l'agriculture aujourd'hui ne tourne plus exclusivement autour de ça.
27:23Il faut réfléchir à comment on va consommer le riz.
27:26Il faut réfléchir à comment on va commercialiser la production,
27:30comment gérer son business.
27:37Je considère le riz un peu comme mon enfant.
27:45J'essaie de l'élever du mieux que je peux,
27:48et lorsque les clients l'apprécient, ça me procure une fierté assez semblable à celle d'un père.
27:56C'est ce que j'aime le plus.
28:26Le riz s'étend sur centaines de kilomètres, englobant notamment le littoral d'Iwate.
28:34Inclus dans le parc national de Sanriku-Fuku,
28:37c'est une côte rocheuse, tourmentée et généralement haute,
28:41dont les falaises s'élèvent parfois jusqu'à 200 m au-dessus de l'océan Pacifique,
28:46accrochant à leur sommet de nombreux pins rouges du Japon.
28:49Ces falaises s'indentent parfois de petites baies,
28:52enjambées par les viaducs de la ligne de train locale
28:54qui longe le littoral entre les villes de Sakari et de Kuji.
29:01Sauvage et superbe par endroits,
29:04c'est aussi la côte qui a subi de plein fouet la puissance dévastatrice du tsunami de mars 2011.
29:11Les Japonais, au cours de leur histoire, ont connu de très nombreuses catastrophes naturelles
29:15et ont appris à les accepter avec courage et philosophie.
29:19Les autorités ont également décidé de protéger les habitants de la côte est du Tohoku,
29:25en reconstruisant de puissants murs anti-tsunami,
29:28certains hauts de près de 15 m sur presque 400 km de littoral.
29:33Un investissement colossal, dont certains doutent pourtant de l'efficacité
29:37en cas de nouvelles catastrophes majeures.
29:42Le mur qui protégeait la centrale nucléaire de Fukushima
29:45n'a pas résisté à la puissance des vagues du 11 mars 2011.
29:52Dans les environs de la centrale,
29:55les zones de stockage temporaire de terres radioactives
29:58sont un constant rappel des efforts considérables
30:01déployés pour tenter d'éviter l'irréparable conséquence.
30:11Nous partons dans la région du Kanto
30:13et rejoignons le cœur vibrant du Japon,
30:16la capitale, Tokyo.
30:27Arrivé de nuit à Tokyo par le Rainbow Bridge,
30:30l'un des symboles de la ville, est une expérience inoubliable.
30:36La nuit, le centre de Tokyo offre un spectacle féerique et envoûtant.
30:44Constellé de lumière, il semble ordonner autour de lui
30:48une agglomération comme étalée à l'infini,
30:51et dont les gares, telles que celles de Shibuya, sont les maillons essentiels.
30:58Shibuya, avec son célèbre carrefour, l'un des plus empruntés au monde,
31:03est un quartier vibrant de Tokyo, en perpétuelle agitation.
31:07Non loin, l'autre grand symbole de la ville, la Tokyo Tower,
31:11version nippone de la tour Eiffel,
31:14veille sur cette nuit où l'amusement et l'oubli des conventions d'hyurts ne sont de mise.
31:25C'est l'heure où les salarimens japonais ont enfin quitté leur bureau,
31:29perchés dans les étages des innombrables tours des quartiers de Shibuya et de Shinjuku.
31:33qui font de Tokyo la troisième plus forte concentration de gratte-ciel au monde.
31:45Au cœur de ce labyrinthe ultra-moderne,
31:48mécanique parfaitement huilée d'infrastructures foisonnantes et souvent infaillibles,
31:53demeurent de nombreux îlots de tradition.
31:58Il en va ainsi de l'autre côté de l'île,
32:01il en va ainsi du quartier de Tsukiji,
32:04dont le nom signifie littéralement « gagné sur la mer »,
32:08et qui rappelle que Tokyo s'est beaucoup agrandi aux dépens de sa baie.
32:13Ici se trouve l'un des lieux les plus emblématiques de la ville,
32:17le marché aux poissons et fruits de mer, le plus grand du monde,
32:20installé depuis 1935 dans ses actuels entrepôts.
32:24Il s'y négocie des centaines d'espèces différentes,
32:27pêchées dans les eaux japonaises ou beaucoup plus loin,
32:30pour productionner et vendre ses marchandises de première fraîcheur.
32:33Ils sont des milliers à travailler presque quotidiennement,
32:36dès les premières heures du jour.
32:38Notamment de petits grossistes familiaux,
32:41comme c'est le cas de Yasuhiro Yamasaki.
32:47« Depuis tout petit, je vis avec les poissons et la mer,
32:51donc c'est ancré dans mon ADN.
32:57Je me souviens d'avoir joué avec des poissons,
33:00des crabes à la place des petites voitures.
33:16Distinguer les bons produits est ce qui est le plus important pour nous.
33:23Cela ne s'apprend pas en quelques jours.
33:26Cela peut prendre dix ans, voire vingt ans.
33:30Nous apprenons tous les jours.
33:38Quand vous entrez dans le marché de Tsukiji,
33:41vous remarquez que ça ne sent pas le poisson.
33:46Ne pas répandre l'odeur du poisson
33:49est le savoir que nous avons appris de nos aînés.
33:55De plus, il n'y a pas de mouches, ni d'insectes nuisibles.
33:58C'est parce que chaque magasin est alimenté par de l'eau de mer.
34:02Grâce à ça, les insectes ne pondent pas.
34:09La moitié de notre clientèle est à Tokyo.
34:17Trente pour cent se répartissent dans d'autres provinces japonaises,
34:21et les vingt pour cent restants sont à l'étranger.
34:24Je vends des poissons dans quinze pays différents.
34:29Ce sont des produits frais.
34:33Ça prend du temps de les envoyer à Abu Dhabi ou à Dubaï.
34:37Et là-bas, il fait très chaud, 45 degrés.
34:40On fait donc très attention.
34:43Mais j'en expédie tous les jours pour promouvoir les poissons japonais.
34:50En effet, depuis quelques années,
34:53la Poste japonaise en Amérique du Sud
34:55propose d'expédier des produits frais par avion
34:58sous 48 ou 72 heures.
35:01Destination, les quatre coins du monde,
35:04notamment l'Europe et les riches pays du Golfe.
35:09Il y a encore dix ans,
35:12personne n'aurait imaginé envoyer des poissons au Moyen-Orient.
35:17Quand j'ai commencé à travailler avec ces pays étrangers,
35:21on m'a demandé si j'allais bien.
35:23Vingt ans plus tard, les gens ont enfin compris.
35:36Retour au centre de Tokyo.
35:39Dans sa partie ouest,
35:42le quartier d'affaires de Nishichinjuku
35:45dresse ses nombreux gratte-ciels,
35:48parmi lesquels on trouve quelques-uns des plus anciens de la ville.
35:53Parce que presque quotidiennement ébranlés par des secousses terrestres,
35:57le Japon est devenu le leader mondial
36:00dans le développement des systèmes antisismiques.
36:03Les normes encadrant la construction des nouveaux édifices y sont drastiques.
36:08Grâce à ces technologies de pointe,
36:11le Japon a pu ériger l'impressionnante Tokyo Skytree,
36:14le plus haut édifice du pays,
36:17qui domine la ville du haut de ses 634 mètres.
36:20La tour était encore en construction
36:23jusqu'en 2011, mais elle résista,
36:26prouvant l'efficacité de son système antisismique.
36:33A l'extrême est de la ville,
36:36circonscrit entre deux rivières,
36:39s'étend le quartier des Dogawa.
36:44Comme une grande partie de l'agglomération tokyoïte,
36:47il est composé de petits immeubles et de maisons
36:50qui font de Tokyo une ville où il fait bon vivre.
36:53Les habitants peuvent y perpétuer
36:56de nombreuses traditions, comme fréquenter les bains publics,
36:59les sento, autrefois très nombreux
37:02et lieu incontournable de la sociabilité japonaise.
37:05Aujourd'hui, bien sûr, la plupart des Japonais
37:08disposent d'une salle de bain et n'ont plus autant besoin
37:11de se rendre aux sento pour se laver.
37:15Avec eux survit une tradition de peinture murale,
37:18que seuls quelques experts pratiquent encore,
37:20comme la jeune et passionnée Mitsuki Tanaka.
37:24A Tokyo, le motif reste presque invariablement le même.
37:28La montagne sacrée et adorée des Japonais,
37:31le Mont Fuji, stylisé selon la sensibilité du peintre,
37:34est destinée à permettre aux clients de s'évader de la ville
37:37pendant leur moment de détente.
37:40Pour Mitsuki, les fresques murales des sento
37:43sont devenues une véritable vocation.
37:46À l'université, j'ai étudié l'histoire de l'art.
37:53Ensuite, pour mon mémoire,
37:56je me suis renseignée sur les peintures de sento.
37:59C'était le premier contact.
38:02J'ai vu les peintres en action
38:05et je ne voulais pas que ça disparaisse.
38:08Et c'est comme ça que ça a commencé.
38:16Je pense que nous sommes seulement trois spécialistes.
38:19Les deux autres sont des hommes.
38:22J'essaie de m'améliorer.
38:26Et ce serait bien aussi
38:29que l'on trouve un moyen d'assurer la succession.
38:33Qu'il y ait encore des peintures de sento dans 100 ans.
38:46Armée de sa riche palette de couleurs,
38:49Mitsuki achève l'une des quelques fresques murales
38:52qu'elle peint chaque mois.
38:55Le gros des demandes qu'elle honore
38:58intervient entre le printemps et le début de l'été.
39:01En particulier pour les fresques représentant le Mont Fuji.
39:04La reproduction picturale de cette montagne
39:07a toujours été une forme d'art très appréciée des Japonais,
39:10quel que soit l'endroit.
39:13Au Japon,
39:16les gens sont habitués au Mont Fuji.
39:19Donc cette tradition s'est sans doute naturellement retrouvée
39:22dans les bains publics.
39:26Chaque artiste reste libre de sa représentation.
39:29Parfois un lac où l'océan s'étend à ses pieds
39:32et connecte métaphoriquement les baigneurs
39:35aux eaux pures et sacrées qui s'écoulent du Fuji.
39:38Le Mont Fuji,
39:40j'essaie de le peindre sans trop de détails,
39:43assez harmonieux,
39:46afin qu'il soit relaxant.
39:53J'essaie de peindre un Mont Fuji
39:56qui correspond à la représentation que les gens en ont.
39:59Une représentation que l'on peut trouver
40:02sur un guide, par exemple,
40:07ou sur une carte postale,
40:11ou une brochure de voyage.
40:21Avant, l'image que j'avais du Mont Fuji
40:24était semblable à celle de la plupart des Japonais.
40:27C'était une vision du sol.
40:33Mais quand je l'ai vue du ciel,
40:36ce fut une expérience incroyable.
40:41Ma façon de le regarder a complètement changé.
41:05On est surpris de voir une montagne si magnifique.
41:07Il a une présence qui se passe de mots.
41:13Je pense qu'il y a longtemps,
41:16les Japonais qui pouvaient voyager
41:19devaient être pareillement impressionnés.
41:26C'est toujours particulier de le voir en vrai.
41:30Ce n'est pas vraiment correct,
41:33mais il a une présence qui nous protège.
41:35Ça rassure.
41:38Ça donne du courage.
41:41C'est l'effet que ça me fait.
41:48Du haut de ses 3776 mètres,
41:51le Mont Fuji domine le Japon
41:54et l'imaginaire de ses habitants.
41:57Il inspira de nombreux grands artistes
42:00comme Okusai et Hiroshige,
42:02et chacun lui dédière des séries d'estampes
42:05devenues mondialement célèbres.
42:08Volcans à la symétrie parfaite,
42:11silencieux depuis 1707,
42:14le Mont Fuji est entouré de champs de fleurs,
42:17de lacs et de forêts,
42:20et parcouru chaque année par des millions de visiteurs et de pèlerins.
42:23Montagne exceptionnelle et sacrée,
42:26le Mont Fuji a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2013.
42:32Le Mont Fuji est un des plus beaux monuments du Japon.
42:35Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:38Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:41Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:44Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:47Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:50Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:53Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:56Il est un des plus beaux monuments du Japon.
42:59Il est un des plus beaux monuments du Japon.
43:02Il est un des plus beaux monuments du Japon.