« J’ai choisi le peuple de la bande-dessinée ». Auteur, cinéaste, français, syrien, il récuse les étiquettes et les nationalités. Sa série autobiographique L’arabe du futur s’est vendue à plusieurs millions d’exemplaires. Croquant avec autodérision et réalisme le passage de l’enfance à l’adolescence, et son histoire familiale, il revient aujourd’hui avec la biographie de son petit frère, Fadi. Une bande dessinée qu’il prépare depuis plus de 10 ans et qui décrit à nouveau une réalité familiale, mais cette fois avec les yeux et les mots de son frère, encore enfant. Comment raconter un drame familial ? L’histoire personnelle est-elle un matériau infini ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Riad Sattouf dans « un monde, un regard. »Une collection de grands entretiens inspirante dans un monde en manque de repères et de modèles. Année de Production :
Category
📺
TVTranscription
00:00Générique
00:22Quand on prononce le nom de notre invité,
00:24on pense immédiatement à deux de ses œuvres majeures,
00:27« L'Arabe du futur » et « Les cahiers d'Esther ».
00:29Il est l'un des plus grands dessinateurs de notre époque.
00:32Réalisateur aussi.
00:33Il appartient à ce qu'il appelle le peuple des auteurs.
00:36Chaque sortie d'album, chaque bande dessinée,
00:38chaque série, chaque tome est un événement.
00:41Des millions d'exemplaires vendus dans le monde entier,
00:43traduits dans des dizaines de langues,
00:44ses lecteurs attendent toujours une suite.
00:47Ils en redemandent, ils s'impatientent.
00:49En fait, ils l'attendent, lui.
00:50Car c'est souvent lui qu'il raconte dans ses livres.
00:52Son histoire entre la France et le Moyen-Orient,
00:54ses aventures d'ado, mal dans sa peau,
00:56ses observations crues, parfois cruelles,
00:59d'une réalité pas toujours rose,
01:00c'est le réel qui l'inspire.
01:02« Tout est vrai, je n'ai absolument rien inventé »,
01:04dit-il à propos de « L'Arabe du futur », par exemple.
01:07Aujourd'hui, ce n'est pas une autobiographie qu'il nous propose,
01:09mais la biographie d'un autre, celle de son petit frère Fadi.
01:13Il est le héros de Fadi, moi Fadi, le frère volé.
01:16Une bande dessinée qu'il prépare depuis plus de dix ans
01:19et qui décrit à nouveau une réalité familiale.
01:21Sauf que cette fois, il se met dans la peau de son frère,
01:24encore enfant.
01:25L'enfance, la jeunesse, l'adolescence,
01:27pourquoi cette période de la vie le fascine-t-elle autant ?
01:31Et cette BD est-elle encore plus intime que les autres ?
01:34Posons-lui la question.
01:35Bienvenue dans « Un monde, un regard ».
01:37Bienvenue, Riyad Satouf, merci d'avoir accepté notre invitation
01:39ici au Dôme Tournon au Sénat.
01:41Auteur, dessinateur, réalisateur.
01:44Avant de parler de Fadi, parlons de cette jeunesse
01:46que vous observez et décrivez un peu comme un documentariste.
01:50Vos héros et vos héroïnes sont souvent des jeunes,
01:53des enfants, des ados.
01:54Pourquoi ?
01:55Est-ce que c'est, je ne sais pas, cette parole sans filtre
01:58qui vous plaît ?
02:00Je crois que c'est aussi parce que j'ai gardé des souvenirs
02:03très clairs de ma propre enfance et de ma propre adolescence.
02:05Et donc, il y a une sorte de continuité logique.
02:10Bon, j'ai 46 ans maintenant, mais j'ai l'impression
02:12que j'étais un enfant il y a quelque temps.
02:14Il y a assez peu de temps.
02:15Hier.
02:16Hier, voilà.
02:17Mon enfance et mon adolescence n'étaient pas perdus
02:20dans une brume confuse.
02:22Et donc, je me souviens très, très bien de l'intensité
02:25qu'il peut y avoir à cet âge-là, des émotions qui sont découvertes,
02:31alors qu'elles peuvent parfois être brutales, très fortes.
02:35Même, comment dire, on peut se retrouver désarçonné un peu.
02:39Et ça m'a beaucoup marqué.
02:42C'est vrai que j'ai tendance à toujours retourner à l'enfance.
02:44Et je crois que de plus en plus, avec le temps qui passe,
02:47parce que je pense peut-être, je ne sais pas, quand on vieillit,
02:49on se rend compte finalement que tout semble être un peu toujours pareil.
02:53Et on est obligé de se repencher sur l'enfance pour voir le monde
02:58avec des yeux neufs, un petit peu.
03:01Oui, sur l'adolescence, vous dites, à cet âge, tout est plus puissant,
03:04tout est plus effrayant, tout est plus intense.
03:07Cette étape est aussi un moment important pour décrire l'humanité.
03:09C'est un éveil au monde que je trouve très intéressant.
03:12Une jeunesse qui, tout de même, aujourd'hui,
03:13s'éveille au monde beaucoup à travers les écrans.
03:15Est-ce qu'elle est toujours aussi intéressante, cette jeunesse ?
03:18Oui, je pense, de toute manière.
03:19Toutes les enfances et toutes les jeunesses sont intéressantes.
03:24Je ne fais pas de hiérarchie,
03:26mais c'est vrai que montrer le monde à hauteur d'enfants,
03:28ça permet de montrer l'absurdité parfois des comportements adultes.
03:33Et s'interroger sur comment on est élevé,
03:37comment on grandit enfant,
03:41on peut parfois essayer d'entreapercevoir l'adulte que ça va faire plus tard.
03:45Et à quand une BD sur les personnes âgées ?
03:48L'expérience, la sagesse, tout ça, ça ne pourrait pas venir ?
03:51Non.
03:53Mais en même temps, c'est vrai que les livres et les bandes dessinées,
03:58ce sont elles qui parfois décident d'être faites.
04:01Je ne me dis pas qu'à un moment, je vais faire une BD sur des petits vieux
04:04ou je vais faire une BD de science-fiction.
04:07Il y a un moment, je ne sais pas, le livre apparaît de lui-même.
04:11Ça s'impose à vous.
04:12Oui, un petit peu, ça semble être une coquetterie, mais c'est vrai.
04:15Par exemple, je rêverais de faire de la science-fiction,
04:17parce que j'adore la science-fiction, j'ai gardé un côté ado.
04:20Je ne sais pas si c'est ado à tarder.
04:21On y revient toujours.
04:21J'adore l'héroïque fantasy, etc.
04:25Et à chaque fois, je me dis, je vais avoir 50 ans,
04:29je vais m'enfermer dans un donjon
04:30et je vais faire l'équivalent du Seigneur des Anneaux.
04:32Et en fait, mon inconscient me dit à chaque fois,
04:35c'est super, t'es gentil, tu te mets sur le côté,
04:37on va faire autre chose.
04:38Et je ne décide pas vraiment.
04:41Catherine Meurisse, qui est aussi une représentante du genre BD autobiographique,
04:45vante les vertus cathartiques de la BD autobiographique,
04:50du fait de se raconter dans ses livres.
04:52Est-ce que, pour vous aussi, la BD, le dessin,
04:56est un soin de vos traumatismes ou de vos névroses ?
04:59Il y a des vertus cathartiques à la BD autobiographique ?
05:04Moi, je ne le ressens pas exactement comme ça, personnellement,
05:07parce que, de toute manière, il y a quand même toujours une distance
05:09entre ce qui s'est réellement passé et moi, ce que j'en fais en tant que récit.
05:14On choisit de me raconter des choses, d'autres, on peut les passer sous silence.
05:18Moi, je sais que ce qui m'intéressait,
05:21mais c'était aussi un processus un peu inconscient,
05:23notamment avec l'histoire de l'Arabe du futur et l'histoire de mon petit frère,
05:26c'était que cette histoire familiale avait été quelque chose
05:29qui avait absolument désintéressé tout le monde pendant 20 ans.
05:33C'est-à-dire, comment rendre cette histoire intéressante pour les gens ?
05:38Et c'est vrai que quand la BD est sortie, le premier Arabe du futur est sorti,
05:41j'avoue que je n'y croyais pas tellement.
05:43Je me suis dit, je vais raconter cette histoire,
05:44parce que s'il ne me restait plus qu'une histoire à faire en BD,
05:47c'est cette histoire-là que j'ai envie de raconter.
05:49Et j'ai été stupéfait du succès que cette histoire a eu,
05:53et maintenant, les gens connaissent mieux l'histoire de ma famille.
05:56Et ont envie d'en savoir plus, justement, parlons de Fadi,
05:58ce petit frère qui est donc le héros d'une série qui prolonge l'Arabe du futur,
06:02« Moins Fadi, le frère volé »,
06:04créé à partir d'entretiens que vous avez eus avec votre frère en 2011 et 2012, dites-vous.
06:10Alors, sans trop dévoiler les choses, effectivement,
06:12je peux dire que c'est le regard de Fadi sur le drame qui a touché votre famille,
06:15son kidnapping par votre père.
06:18Il l'a enlevé à votre mère pour l'emmener en Syrie.
06:20Vous l'aviez déjà raconté à la fin du tome 4 de l'Arabe du futur.
06:24Sauf que là, c'est Fadi qui parle.
06:26Comment on se met à la place de son petit frère qui vit quelque chose comme ça ?
06:30Alors, mon frère en tant que tel,
06:32c'est un petit peu ce que j'ai raconté aussi dans l'Arabe du futur,
06:34mais ça a été un personnage avec lequel j'ai grandi.
06:39Il a été absent, c'était un frère fantôme, vraiment, c'était un...
06:43Et je sais que très tôt, sans que j'en aie vraiment conscience,
06:48mais il a été présent en tant que personnage.
06:51Moi, je savais ce qu'il devait potentiellement vivre en Syrie.
06:56Ma mère, bretonne, mes grands-parents,
07:00ils n'étaient pas allés à l'école du village en Syrie comme moi j'y ai été allé.
07:06Ils n'avaient pas vécu avec les enfants.
07:07Donc, je projetais tout le temps, je me disais, là, il a tel âge,
07:10il doit vivre ça, ci, ça, ça doit...
07:13Et c'est vrai que j'ai grandi avec ce personnage angoissant un petit peu,
07:18mais j'étais très friand, même quand j'ai commencé l'Arabe du futur,
07:22de me dire, il va y avoir un moment où je vais arriver à cette étape
07:28où je vais prendre son point de vue pour raconter tout ce qu'il a vécu
07:31durant toutes ces années en Syrie.
07:33Mais pour raconter ça,
07:35et ça a été aussi un des déclencheurs de l'Arabe du futur,
07:37c'était comment intéresser les gens à une telle histoire ?
07:40C'est-à-dire...
07:41Comment lui donner une valeur universelle ?
07:43Oui, c'est-à-dire, si j'avais commencé par raconter l'histoire de Fadi,
07:46je pense que, peut-être, les gens ne s'y intéresseraient pas.
07:49Il fallait que je raconte tout le cadre de l'Arabe du futur...
07:52Pour arriver à ça.
07:53Pour arriver à ça, voilà.
07:54C'était vraiment le...
07:56Enfin, j'ai pas tellement intellectualisé,
07:58mais je sentais instinctivement que c'était ça que je devais faire.
08:01Et c'est drôle, parce que quand j'ai fait Fadi,
08:03ce petit personnage que j'ai dessiné dans cette BD,
08:05je l'ai en moi depuis très longtemps, en fait.
08:07C'est marrant, quoi.
08:09Il l'a lue, la BD ?
08:10Elle lui a plu ?
08:11Ah...
08:12Eh bien...
08:13Je ne dirai rien.
08:15Ah, d'accord.
08:16Je vais commencer à être relou sur ce sujet.
08:17C'est votre jardin secret.
08:18Oui, c'est ça.
08:19De toute façon, il faut conserver une sorte de mystère,
08:22surtout ce que les gens en ont pensé, etc.
08:24C'est vrai que j'aime bien m'exprimer dans les livres,
08:26plutôt que de rentrer dans le réel et...
08:30En tout cas, dans cette BD,
08:31on comprend que vous avez été un peu dur avec lui,
08:33quand vous étiez tout petit en France,
08:35que vous ne le ménageiez pas.
08:37À un moment donné, il se perd,
08:38au moment d'une chasse aux œufs de Pâques,
08:40et c'est à cause de vous qu'il se perd.
08:42Ce qui m'amène à cette question qui est rituelle,
08:43dans cette émission.
08:45Elle n'est pas juste pour vous.
08:46À la lueur de celui que vous êtes aujourd'hui,
08:48quel conseil donneriez-vous aux petits garçons que vous étiez ?
08:51Et notamment, j'ai envie de dire aux grands frères de Fadi.
08:53Honnêtement, je pense que tous les grands frères
08:57et toutes les grandes sœurs
08:58qui ont eu des petits frères ou des petites sœurs
09:00ont été odieux avec leurs petits frères ou leurs petites sœurs.
09:04Je n'ai jamais rencontré...
09:05Enfin, ça change avec l'âge.
09:06C'est-à-dire en grandissant un peu.
09:07Mais bon, quand on est enfant...
09:10Je pense que c'est très...
09:11Surtout quand les parents ne sont peut-être pas très communiquants.
09:13Déjà, quand on est l'aîné,
09:14on a l'impression que ceux qui arrivent derrière
09:16sont là pour nous remplacer,
09:18qu'on a été potentiellement décevant,
09:20et donc ils ont fait un autre enfant
09:22pour nous remplacer, pour essayer d'être mieux.
09:25Quand j'étais au collège,
09:26je pense que vous avez certainement dû entendre ça.
09:30Le premier, c'est l'ESSEL.
09:31Le deuxième, c'est le chef-d'œuvre.
09:34Moi, j'étais très content de raconter mon personnage odieux
09:36avec mon petit frère,
09:38parce que c'est un truc assez universel.
09:40Et c'est vrai que le conseil que je me donnerais...
09:43Alors, vraiment, aucun...
09:45Je...
09:47Ça n'a aucun intérêt, le conseil que je me donnerais,
09:48mais je voulais vous le dire quand même.
09:50Je crois que le seul conseil que je me donnerais,
09:51si je me revoyais, c'est...
09:52Faites exactement tout pareil,
09:54sauf...
09:55Faites plus de sport.
09:57C'est le seul regret ?
09:58C'est le seul regret.
10:00Parce que l'auteur de BD,
10:01c'est vraiment le métier le plus éloigné de l'activité sportive.
10:05Et c'est pas bon pour la santé.
10:07Mais c'est bon pour la tête.
10:08C'est d'aucun intérêt.
10:10Je ne dirais pas...
10:11Je lui dirais, si, continue à traumatiser ton petit frère.
10:13Tu peux y aller, c'est normal, c'est comme ça.
10:16Alors, reprenons les choses depuis le début,
10:17même si vous l'avez déjà un petit peu dit.
10:19Vous êtes née à Paris,
10:20mais très vite, vous partez vivre en Libye et en Syrie
10:22avec vos parents,
10:23qui s'étaient rencontrés à la Sorbonne.
10:25Une mère bretonne, un père syrien
10:26venu faire une thèse en histoire contemporaine
10:28dans la seule université européenne
10:29qui avait accepté de lui donner une bourse.
10:31Un père assez atypique, vous l'avez dit,
10:33qui adulait les dictateurs arabes.
10:35Vous dites, mon père était un arabe d'extrême droite.
10:37Il n'aimait pas la démocratie.
10:38Il pensait qu'il fallait forcer les peuples à s'éduquer.
10:42Il est pourtant venu en France,
10:43par faire sa formation.
10:45La France, le pays des libertés.
10:46Il y a quand même un énorme paradoxe.
10:48Et ça n'a pas effrayé votre mère ?
10:51Oui, non, c'est vrai que ça ne l'a pas effrayé.
10:53Et je pense que c'était...
10:56Peut-être a-t-elle pensé que c'était une plaisanterie
10:59ou que c'était...
11:00Parce qu'il avait quelque chose...
11:01Il était assez marrant.
11:03Enfin, assez marrant, dans le sens...
11:05Disons...
11:08Assez tôt, il m'a fait penser
11:11au personnage de Tintin, le général Alcazar.
11:14Je ne sais pas si vous voyez...
11:15Tintin, grande source d'inspiration.
11:16J'ai toujours adoré Tintin.
11:18Et le général Alcazar, notamment dans les Picaros,
11:20il rêve de faire un coup d'État
11:21et de chasser son adversaire, Tapioca.
11:24Et à un moment, il fait des blagues en disant,
11:26je vais tous les passer par les feux, les fusiller.
11:28Puis Tapioca...
11:29Tintin, il dit, non, ne fusillez pas Tapioca.
11:32Je vous en supplie, c'est la seule chose que je vous demande.
11:34Je vous aide à faire la révolution si vous ne le fusillez pas.
11:37Et Tapioca, après, supplie Alcazar de le fusiller
11:41parce que c'est un déshonneur de ne pas être fusillé.
11:43Il y a quelque chose de cynique et de noir,
11:45mais en même temps de rigolo dans ses blagues.
11:47Et mon père était un peu comme ça.
11:49Donc, ça pouvait passer pour du second degré, quelque part.
11:52Mais il était vraiment fasciné, en effet,
11:54par la figure de l'homme fort arabe.
11:56Il était vraiment d'extrême droite.
11:58Aujourd'hui, je ne sais pas, peut-être on refuse de lire
12:02ce qui se passe au Moyen-Orient sous des prismes politiques
12:04en se disant, je ne sais pas, quand quelqu'un est d'origine arabe,
12:06il est forcément de gauche, je ne sais pas quoi.
12:07Non, mon père était vraiment d'extrême droite.
12:09C'est-à-dire, il adorait Pinochet, Saddam Hussein.
12:12Et les deux étaient les mêmes,
12:14avaient les mêmes façons d'organiser l'État.
12:17Je ne sais pas, c'était un...
12:18Et quand il y a eu la guerre en Irak,
12:20Jean-Marie Le Pen a été rencontrer son homologue Saddam Hussein.
12:24Il a accepté de le rencontrer.
12:26Mon père était dans cet univers-là.
12:27Mais d'ailleurs, c'est une époque où les leaders arabes
12:29fascinaient le monde occidental.
12:31Je voudrais vous montrer justement un document
12:33qui nous a été transmis par nos partenaires,
12:35les archives nationales.
12:37C'est une photo du colonel Kadhafi,
12:39président de la République arabe de Libye.
12:40Nous sommes là le 24 novembre 1973.
12:43Il est reçu en grande pompe à l'Élysée par le président Pompidou.
12:46Et à ce moment-là, les relations franco-libyennes
12:48sont au beau fixe.
12:50La France conclut même un énorme contrat sur la vente
12:52de plus d'une centaine d'avions de combat.
12:54Il y avait cette fascination pour le pan-arabisme,
12:57ces leaders arabes et leurs projets.
12:59Finalement, votre père n'était pas le seul
13:01à les trouver fréquentables.
13:02Non, absolument pas.
13:03Je pense qu'en effet, c'était quelque chose de tout à fait normal.
13:06Mais aujourd'hui, c'est toujours le cas.
13:08Enfin, je veux dire, il y a quelque temps,
13:12je ne sais pas, le président russe s'était invité en France
13:14avec tous les honneurs.
13:15On essaie de garder des relations avec des pays
13:19en espérant peut-être gagner beaucoup d'argent
13:22en leur fourgant des trucs.
13:23Je ne sais pas, ça n'a jamais arrêté.
13:27On y voit un intérêt.
13:28Qu'est-ce qui reste de l'extrémisme de votre père en vous ?
13:31Est-ce que ça a forgé le citoyen démocrate que vous êtes ?
13:37Est-ce que ça l'a dégoûté, écoeuré de la politique à tout jamais ?
13:41Non, c'est très compliqué comme question.
13:44C'est vrai que je me pose souvent la question
13:45parce qu'on me le demande souvent, en fait.
13:48Il y a un truc qui m'est resté.
13:50En fait, je pense à lui tout le temps.
13:51C'est complètement nul, ce que je vais vous dire.
13:52J'ai quand même le dire.
13:53Il y a un truc qui m'est resté, auquel je pense tout le temps.
13:55C'est qu'en fait, j'ai une passion pour le piment.
14:00En fait, mon père bouffait des trucs méga pimentés tout le temps.
14:03Il y allait tout le temps.
14:04Quand il allait au resto, ça n'arrivait pas souvent,
14:06mais il emmenait avec lui des piments hyper forts
14:08et il transpirait.
14:09En fait, j'ai gardé ce tic-là.
14:11Je dirais que c'est la seule chose que j'ai gardée peut-être de lui.
14:14Oui, le piment qui est très extrême.
14:15Oui, qui est très extrême.
14:16J'ai tout mis là-dedans.
14:19Mais toute sa façon de penser, elle m'est très étrangère.
14:22C'est vrai que c'est un...
14:23Déjà, je ne suis pas du tout violent physiquement.
14:27Je n'ai jamais...
14:29Vous avez pris contre-pied, au fond.
14:30Oui, et puis vraiment, il considérait que le dessin
14:32était un univers d'homosexuel.
14:33Il était extrêmement homophobe.
14:36Il avait exprimé sa sensibilité.
14:39C'était... Non.
14:40Il fallait être fort.
14:41Mais en même temps, lui-même était très fluet aussi.
14:43Enfin, je ne sais pas.
14:45Plein de paradoxes.
14:46Je n'ai pas gardé.
14:47Mais je crois quand même qu'avec le recul,
14:50j'ai eu la chance, par sa...
14:53ses névroses ou sa façon de voir le monde,
14:56de voir des choses que tout le monde n'a pas vues.
15:00Je me suis retrouvé dans une petite école en Syrie.
15:03J'ai fréquenté des enfants.
15:04J'ai vu des gens vivre...
15:06Ça me donne une autre vision par rapport parfois
15:08à des débats qu'on peut avoir aujourd'hui.
15:10Votre particularité dans cette famille,
15:12c'est que vous dessinez très vite, très tôt,
15:14et apparemment extrêmement bien.
15:15En tout cas, votre mère et surtout votre grand-mère
15:17trouvent que vous avez du génie.
15:18Ce qui va d'ailleurs vous donner des ailes.
15:21Et vous allez croire en vous,
15:22notamment grâce aux compliments de votre grand-mère.
15:24Et vous dites quelque chose que j'ai trouvé très mignon.
15:25Vous dites...
15:26Je dis aux grands-parents,
15:28n'hésitez pas à valoriser vos petits-enfants.
15:29Ça peut marcher.
15:30Vive la valorisation.
15:31Pour donner des ailes à...
15:32Après, c'est vrai que peut-être valoriser,
15:35ce n'est pas suffisant.
15:36Parce qu'en fait, ce qui se passait,
15:37c'est que ma grand-mère bretonne,
15:38elle y croyait à 100 000 %.
15:39C'est-à-dire qu'elle ne le faisait même pas
15:41pour me faire plaisir.
15:42Et honnêtement, avec le recul,
15:43je n'étais pas un si bon dessinateur.
15:45J'étais un peu...
15:46Je dessinais un peu mieux que la moyenne
15:48parce que j'avais vu vaguement des BD
15:49et je m'étais enfermé là-dedans.
15:51Mais elle-même me voyait comme un...
15:54comme quelqu'un d'exceptionnel.
15:55D'exceptionnel, d'à part.
15:57Et ce n'était pas une...
15:58Ce n'était pas pour me faire plaisir, en fait.
16:00Mais elle avait vu juste.
16:01Vous êtes exceptionnel, vous êtes à part.
16:02Je veux dire, en tout cas, le grand public le trouve,
16:04puisque vous vendez des millions d'exemplaires.
16:05Il y a de ça tout fou.
16:06Vous n'êtes pas...
16:07Il y a des dessinateurs bien plus doués en dessin que moi.
16:09Après, c'est vrai que j'ai tout mis là-dedans.
16:12C'est vrai que c'était un...
16:13Je me rappelle de ma grand-mère bretonne
16:15qui, quand j'ai signé mes premiers contrats de bande dessinée,
16:19elle se mettait dans un coin de la table comme ça,
16:21elle se frottait la tête comme ça,
16:23puis elle était extrêmement embêtée,
16:24pas du tout contente.
16:26Et elle disait,
16:27ça va, il va y avoir tellement de problèmes avec...
16:29Il va être tellement connu,
16:30il va y avoir des problèmes avec...
16:31C'est dingue.
16:33Elle était anxieuse.
16:34Pourtant, elle avait tout fait pour que vous réussissiez.
16:35Oui, mais voilà, c'était une famille très anxieuse
16:36et angoissée avec que des drames qui remontent jusqu'au paléolithique.
16:38Je pense que c'était une succession de malheurs sans fin.
16:42Donc, tant bien même,
16:44quand même j'avais du succès,
16:46c'était...
16:47Ça allait forcément s'effondrer à un moment.
16:49Donc voilà, il y avait...
16:51Mais il y a quelque chose de très sincère.
16:52Oui.
16:53Vous dites qu'avec le dessin,
16:54vous avez trouvé votre peuple à vous.
16:55C'est pour ça que j'ai utilisé le peuple des auteurs
16:58en introduction pour vous présenter
16:59parce que c'est votre expression.
17:00C'est ni le peuple de votre père, ni le peuple de votre mère,
17:03c'est votre peuple.
17:04Est-ce que le dessin est un espace de réconciliation des peuples,
17:08si je dois pousser l'image un peu plus loin ?
17:10C'est plutôt une fuite.
17:13Enfin, je...
17:14Oui, c'était...
17:17Disons qu'à l'époque, quand j'étais plus jeune,
17:20on n'avait pas, évidemment, accès à tous les moyens d'information
17:23qu'on a aujourd'hui.
17:24On ne pouvait pas voir comment vivaient les auteurs de BD,
17:26on ne pouvait pas voir comment vivaient les écrivains,
17:27hormis ce qu'ils pouvaient en raconter dans des livres, etc.
17:32Moi, j'adorais les bandes dessinées d'Hergé
17:35parce que c'était les seules choses que j'avais lues
17:37et c'était les seules choses que ma grand-mère bretonne
17:40m'envoyait en Syrie.
17:41Donc, je m'étais fait tout un fantasme
17:43autour de la vie des auteurs de BD,
17:44mais je ne savais pas quel pouvait être leur quotidien,
17:46qu'est-ce qu'ils pouvaient faire de leur journée,
17:49comment on faisait une page de BD.
17:50Je glanais parfois des petites infos ici ou là.
17:53Il y avait un petit reportage des fois à la télé
17:55où vaguement on voyait comment vivaient les mecs.
17:57Je me rappelle d'un reportage sur Bilal
18:00dans le journal télévisé où on le voyait qui se levait très tôt.
18:03Je m'étais dit qu'il fallait se lever très tôt pour faire des BD.
18:06Chercher des modèles.
18:07Des modèles, voilà.
18:08Je me rappelle aussi avoir été très marqué
18:10par Saint-Exupéry dans Terre des Hommes
18:12qui racontait quand il écrivait ses romans dans son hangar à Cap-Juby.
18:16Je prenais des petits trucs comme ça
18:18et je me disais que j'aimerais trop être comme ça,
18:20que mes galères dans la vie,
18:22ce soit de rendre mes dessins à mon éditeur à temps
18:24et d'être obligé de faire des nuits blanches.
18:27C'est une fuite, en fait.
18:28Parce que c'est la découverte de Tintin
18:30qui va vous amener aux dessins, vers 4-5 ans.
18:32Votre mère vous offre Le secret de la licorne,
18:34votre tout premier livre, et vous dites
18:36« J'ai été éblouie par les dessins, les couleurs,
18:38par l'idée que je pouvais moi-même tourner les pages,
18:40commencer par la fin ou le début sans que personne m'en empêche.
18:42Je ne comprenais pas l'histoire,
18:44mais je voyais des paysages extraordinaires,
18:47des personnages sur lesquels je projetais mes propres sentiments. »
18:49Et vous dites « des dessins simples et rassurants ».
18:52Ce qui est drôle, c'est que dans vos premières BD,
18:54vous êtes tout sauf simple et rassurant,
18:57est-ce que vous espérez avoir, vous aussi,
18:59inspiré des enfants ?
19:02C'est vrai que je n'ai pas fait de crise d'adolescence,
19:06parce que j'étais très inhibé,
19:10je ne voulais pas être un poids supplémentaire
19:11à tout ce qui arrivait à ma famille.
19:13Donc je me suis renfermé sur moi-même.
19:15Et pour le coup, j'étais fasciné par la bande dessinée
19:18trash ultra provocante.
19:21Mon dieu, et il l'est toujours aujourd'hui,
19:23c'est Robert Crumb, par exemple.
19:25Il adorait les BD sexuelles qui provoquaient le...
19:30En fait, quelque part, j'avais envie de provoquer ma famille.
19:33Quelque part, ma grand-mère...
19:34– Et ça marchait, ça les choquait.
19:35– Oui, bien sûr, elles détestaient mes premiers dessins, etc.
19:37Comme je n'avais pas le droit de dire de gros mots...
19:41Et le fait que je puisse faire des BD comme ça,
19:43ils étaient outrés devant mes BD.
19:45Et à un moment, en effet,
19:47quand est venu le moment de faire « L'Arabe du futur »,
19:49ma grand-mère n'était plus là, elle était décédée,
19:50j'avais perdu mes grands-parents.
19:52Je me suis dit « mais quelle bande dessinée j'aurais pu faire ? »
19:55qui aurait plu à ma grand-mère,
19:57elle qui n'aimait pas les trucs trash que je faisais.
20:00Et c'est en réfléchissant comme ça que j'ai fait « L'Arabe du futur »
20:03et que j'ai eu le plus de succès.
20:04Donc c'est assez marrant, je me suis calmé,
20:05mais il a fallu du temps pour que j'arrive à cette conclusion.
20:11C'est pour ça que ce que je fais n'est pas très intellectualisé.
20:13Je suis allé d'un coup dans le trash,
20:15j'avais envie d'être un auteur de BD entre guillemets « indépendant »,
20:19de provoquer les provocateurs, voilà.
20:22– Est-ce que ce n'est pas aussi l'époque
20:23qui fait que c'est plus compliqué de choquer aujourd'hui ?
20:25C'est même plus dangereux de choquer aujourd'hui,
20:27notamment quand on dessine ?
20:28– Peut-être, mais après je sais que « L'Arabe du futur »
20:33aussi ça choque des gens,
20:34enfin il y a des gens qui,
20:35la façon dont je représente le monde arabe ou ce soit,
20:37mais moi j'avoue que je n'évite d'y penser, disons,
20:40parce qu'en fait je me dis que les livres,
20:45ce que je vais dire ça peut paraître un petit peu…
20:48mais c'est vraiment les gens intelligents qui lisent les livres,
20:51c'est-à-dire qu'en fait mes lecteurs sont extrêmement intelligents,
20:54en fait je suis ébahi de voir que les lecteurs m'ont suivi autant,
20:57jusqu'au tome 6 de « L'Arabe du futur » avec autant de succès.
21:01Par exemple, je ne sais pas moi,
21:03j'ai lu peut-être le premier tome d'Harry Potter personnellement,
21:06un peu tard, mais je n'ai pas lu les autres,
21:08au bout d'un moment j'en avais ras-le-bol,
21:09je me suis dit…
21:11– Alors que vos lecteurs vous suivent.
21:13– Et moi ils m'ont suivi jusqu'au bout,
21:15et je me dis mais c'est vrai qu'ils sont intelligents,
21:17ils comprennent ce que je veux dire.
21:18– Le second degré.
21:19– Le second degré, etc.
21:20Donc je ne me pose jamais la question de me dire
21:22il ne faut pas que j'en fasse trop ou gna gna gna.
21:24– Mais vous vous prenez des lettres d'insultes ?
21:27– Non, franchement non,
21:28mais je sais que quand j'ai commencé « L'Arabe du futur »
21:31j'ai eu quelques remarques sur ce sujet,
21:34mais j'ai pas l'impression de m'être spécialement polissé,
21:37quand j'ai représenté les gens de mon village,
21:40je me suis dit que je vais exactement raconter
21:42les souvenirs tels que je les avais.
21:44– Et vous êtes légitime pour le faire en l'occurrence.
21:47– Oui, légitime, je ne sais pas,
21:48en même temps je trouverais ça gênant de ne pas le raconter,
21:51vu qu'on a la possibilité de le faire.
21:54– J'ai des photos à vous proposer,
21:56Réad Satouf, ne riez pas, attendez !
22:01Alors, la première photo c'est l'Opéra National de Paris,
22:03à qui il a été reproché de ne pas laisser assez de place
22:06aux femmes dans sa programmation.
22:08La saison 2024-2025 ne comporte aucune metteuse en scène,
22:11aucune compositrice, aucune librettiste.
22:15Seules cinq femmes figurent parmi les 98 noms
22:18relatifs aux 34 spectacles.
22:20Une tribune a même été publiée dans Libération
22:22par 250 professionnels.
22:24Là, je m'adresse au dessinateur qui a quand même fait plier
22:27le festival d'Angoulême sur la parité
22:29en refusant de participer à une liste de nommées
22:32pour le Grand Prix 2016 qui ne comportait aucune femme.
22:35On ne plaisante pas avec le féminisme, Réad Satouf ?
22:39– Eh bien, en fait, ce qui s'était passé,
22:42là aussi vous allez voir que ce n'est pas complètement
22:44toujours intellectualisé, je ne me suis pas dit
22:46je vais faire un acte politique ou quelque chose comme ça.
22:49En fait, ce qui s'était passé, c'est que je m'étais retrouvée
22:53dans une liste d'auteurs potentiellement éligibles
22:57au titre de Grand Prix du festival d'Angoulême,
23:00avec plein d'autres auteurs très importants.
23:03Mais dans cette liste-là, en effet, il n'y avait aucune autrice.
23:08Et donc, moi déjà, je me considérais comme étant trop jeune,
23:13parce que j'ai toujours l'impression d'avoir 14 ans ou 15 ans,
23:15et donc je me disais, j'ai aucune raison d'être dans cette liste,
23:18je commence à peine à faire des livres, etc.
23:20Et surtout, je me suis dit, mais il n'y a que des mecs, en fait.
23:22Alors que j'étais, je me rappelle, en train de lire
23:24les bandes dessinées de Posi Simons,
23:26qui est une autrice anglaise incroyable, que j'adore,
23:31je me suis dit, elle n'est pas dans la liste, alors qu'elle a une carrière dingue.
23:34Et moi, je suis là, alors que j'ai 14 ans et demi,
23:36je ne peux pas, décemment, je suis obligé de laisser ma place,
23:40ce n'est pas possible.
23:41Et donc, c'est vrai que j'ai dit que j'allais retirer…
23:43– Vous vous indignez de façon juste, même si ce n'est pas théorisé.
23:45– Mais je ne me suis pas dit, voilà, je ne me suis pas dit,
23:47je vais faire un truc politique.
23:50Moi, c'était vraiment, voilà, je pensais qu'il y avait,
23:52je ne sais pas, que par exemple Julie Doucet pouvait avoir le prix également,
23:55mais il y avait des autrices qui avaient des œuvres majeures
23:57qui, peut-être, avaient été oubliées, c'est vrai.
23:59Après, en bande dessinée, c'est vrai qu'il y a beaucoup plus d'auteurs masculins.
24:02– Pour l'instant.
24:04– Voilà, mais c'est de moins en moins, mais quand même, voilà,
24:07c'est comme ça que ça s'est passé.
24:09– Une deuxième photo, il s'agit d'une des tenues d'astronaute
24:12créée par la maison Pierre Cardin,
24:14l'imaginaire de la conquête spatiale est au cœur des collections de Pierre Cardin
24:17depuis les années 60, nous dit la maison de couture.
24:20Le fan des récits futuristes que vous êtes, et vous l'avez dit tout à l'heure,
24:25se dit qu'il aurait pu ou voulu aussi dessiner la tenue des astronautes,
24:30ou pas du tout ?
24:31– Ah non, alors, j'ai eu longtemps un projet sur la conquête spatiale,
24:35justement, dans mon premier film, Les Beaux Gosses,
24:39je me rappelle, j'en avais profité pour proposer aux cosmonautes français
24:44Jean-Pierre Aigneret, un petit rôle,
24:47et donc c'est lui qui joue le rôle du prof de sciences physiques dans le film,
24:51si un jour vous le revoyez…
24:52– Les Beaux Gosses, multirécompensés, énorme succès au cinéma.
24:55– Et donc j'avais envie de, voilà, il m'avait pistonné un petit peu
24:59pour que j'aille voir l'entraînement des cosmonautes à Cologne,
25:01j'avais tout un projet autour de la conquête spatiale que j'adore,
25:04vraiment, je trouve que c'est un…
25:05tout ce qui fait notre monde moderne, on déteste de principe la conquête spatiale,
25:10parce que c'est très polluant, ça coûte très très cher, etc.
25:14– Et on se dit qu'il y a déjà beaucoup de choses à faire sur Terre.
25:15– Il y a déjà beaucoup de choses à faire sur Terre,
25:17mais on oublie que tout ce qui fait notre monde moderne,
25:20quelque part, la technologie a été inventée par la conquête spatiale,
25:23les Américains ont inventé quasiment de zéro l'informatique pour les fusées américaines.
25:29Alors après on peut dire, oui, mais est-ce une bonne chose l'informatique ?
25:32Mais voilà, la conquête spatiale, on se doute bien qu'il n'y a rien dans le…
25:35– Mais vous seriez partant alors pour du tourisme spatial ?
25:37Comment ça se fait aujourd'hui ?
25:38– Mais moi si la NASA veut étudier les effets de l'appesanteur sur un auteur de BD
25:43qui a une scoliose et qui n'a pas fait de sport pendant des années,
25:45je suis prêt, je… – L'appel est lancé.
25:48– L'appel est lancé. – Génial.
25:49Il regarde l'émission, j'en suis sûre.
25:51Une toute dernière photo plutôt en guise de clin d'œil,
25:53vous le reconnaissez évidemment, Arnaud Schwarzenegger,
25:56ancien acteur et gouverneur de Californie,
25:58il paraît qu'il a été le plus grand choc esthétique de votre enfance.
26:01J'avoue que c'est la plus belle chose que je n'ai jamais vue,
26:03j'étais persuadée que j'allais devenir comme ça,
26:05qu'un jour ça allait être moi plus tard.
26:08Finalement soulagé de ne pas être devenu comme ça ?
26:10– Non, pas du tout, je ne vois pas ce que vous voulez dire.
26:12Je pense encore, je pourrais potentiellement,
26:14il me reste quelques années pour y arriver.
26:16Non, mais c'est vrai qu'en fait Arnaud Schwarzenegger,
26:19je l'ai vu pour la première fois dans Conan le Barbare,
26:21quand j'étais tout petit, et je l'ai vu,
26:23c'était un film, pas du tout pour mon âge,
26:24mais que j'ai vu dans un…
26:27mon père avait loué au Vidéoclub à Homs,
26:29il avait mis sur savoir ce que c'était,
26:31dans le magnétoscope, et j'avais été stupéfait
26:34devant déjà la violence et la beauté de ce corps
26:37que je n'avais jamais vu,
26:38une sorte de corps masculin complètement hypertrophié.
26:42Je pensais que dans le futur je deviendrais comme ça.
26:45– Il a coupé le film en cours de route votre père ?
26:46– Pas du tout. – Il l'a laissé courir ?
26:48– Il l'a laissé courir, tout à fait.
26:49Et c'est drôle parce que j'ai, il y a quelques temps,
26:51j'ai voulu montrer à mes enfants des petits extraits de Conan,
26:54mais pas tout parce que quand même c'est giga violent.
26:56Et ils ont eu un choc aussi en voyant Arnold.
26:59Ils ont dit, c'est qui le monsieur ?
27:02Comme quoi il fait quand même…
27:03– Vous l'aurez dit, vous ne deviendrez pas comme ça ?
27:05– Pas du tout, je leur dirai, si si, tu peux y arriver.
27:07J'essaie de leur transmettre ça.
27:10– J'ai une dernière question qui est en lien avec le lieu
27:12dans lequel nous sommes, Riad Satouf.
27:13Nous sommes entourés de quatre statues
27:15qui représentent chacune une vertu.
27:16Il y a la sagesse, la prudence, la justice et l'éloquence.
27:21Est-ce qu'il y a une de ces vertus qui vous parle particulièrement,
27:23qui vous ressemble, qui vous caractérise ?
27:25– Eh bien, en fait, pour ne pas être trop, comment dire, démago,
27:32je vais dire l'éloquence.
27:33Parce que je trouve que c'est la plus…
27:36C'est celle qui m'interpelle le plus.
27:40Parce que je pense que maîtriser le langage
27:42est quand même la chose la plus importante pour un jeune.
27:46Et qu'être capable de parler, d'avoir différents niveaux de langage,
27:51je pense qu'on peut s'en sortir dans la vie quand on sait parler.
27:56– Merci, Riad Satouf, d'avoir été notre invité dans cette belle émission.
27:59Merci à vous de nous avoir suivis comme chaque semaine.
28:01Émission à retrouver en replay sur notre plateforme publicena.fr
28:04et bien sûr en podcast.
28:05À très bientôt sur Public Sénat, merci.