L’animateur-producteur Arthur ce matin sur CNews: "Après le 7 octobre, j’ai perdu des amis et mon téléphone a arrêté de sonner. Je suis protégé 24h sur 24h" - Regardez
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00:00Moi, le manque de courage de tout ça, pas simplement dans votre milieu, les artistes qui parfois se planquent, qui ne veulent pas en parler,
00:08le manque de courage, effectivement, des politiques, le manque de courage des journalistes, je vous assure, ce qui se passe depuis un an, je trouve ça terrifiant.
00:17Je ne peux pas vous dire autre chose. Parce que ceux qui donnent parfois des leçons, notamment dans le milieu artistique, que je n'entends pas,
00:24veulent surtout pas, entre guillemets, se mouiller, parce que c'est leur public de temps en temps.
00:29Pascal, le sujet est radioactif.
00:31Oui, c'est ça le courage, c'est quand il est radioactif qu'il faut en parler, autrement, ça n'a pas d'intérêt.
00:36Pascal, vous savez, moi, après le 7 octobre, mon téléphone a cessé de sonner. J'ai perdu des amis chers.
00:42Mais c'est ce que vous disiez.
00:43J'en ai rencontré des formidables.
00:45Mais pourquoi vous avez perdu des amis chers ?
00:50Parce que les gens ont du mal à avoir de l'empathie sur ce sujet et je ne me l'explique pas.
00:57Je suis descendu dans la rue avec mes amis pour les femmes afghanes, pour les LGBT, pour toutes les causes, l'arménie.
01:05Enfin, j'ai été aller taper Arthur Manif, toutes les manifs.
01:09Et quand on a eu besoin d'eux, juste pour nous exprimer un peu d'humanité, ils ont répondu aux abonnés absents.
01:18Et ça, ça m'a perturbé.
01:20Alors, je ne les ai pas rappelés.
01:22Mais j'ai rencontré des gens tellement incroyables.
01:25Mais vous savez pourquoi ? Parce qu'ils pensent à eux.
01:28Ils pensent que de parler de ça, ils gèrent leur boutique.
01:33Pas uniquement. C'est vrai qu'il y a certains qui sont des petits boutiquiers.
01:36Mais il y a aussi des gens qui ne savent pas quoi dire, qui ont peur de dire une connerie.
01:40Et le fait qu'ils n'aient pas parlé ne veut pas dire qu'ils n'ont pas vécu le drame de la même manière que nous tous.
01:46Attention, ce ne sont pas des monstres.
01:49C'est juste que certains, et c'est une minorité me concernant, ont disparu du radar.
01:53Mais c'est la vie. On en apprend tous les jours.
01:56Et c'est dans l'adversité qu'on reconnaît ses amis.
01:58Dans ce moment de deuil aujourd'hui et de recueillement, un an est passé.
02:02Je sais désormais qui appeler quand j'ai des larmes.
02:06– Nathan Devers.
02:08– Je me demande, en vous écoutant, s'il ne faut pas être un peu plus pessimiste
02:13sur la nature du silence qu'il y a eu sur le 7 octobre.
02:15Vous dites que c'est de la lâcheté, que c'est la peur d'être, si vous voulez, de perdre des amis,
02:21que c'est peut-être une incapacité de parler.
02:24Est-ce que ce n'est pas plus ?
02:25Est-ce qu'il n'y a pas presque une sorte de réjouissance cachée ?
02:29Moi, j'ai été très frappé le 7 octobre de voir des gens exprimer publiquement,
02:33rare, mais leur réjouissance officielle.
02:35Et d'autres n'ont pas eu le courage, en quelque sorte, d'aller jusqu'au bout,
02:39mais ont utilisé toutes sortes d'arguments, relativisation, fausse contextualisation,
02:44destinées, si vous voulez, à bloquer l'empathie, à expliquer que, finalement,
02:49Israël était coupable, qu'Israël était bourreau dans le jour le plus noir de son histoire.
02:53Est-ce qu'il n'y a pas un peu de ça aussi ?
02:55– Il y a un sondage qu'avait fait l'American Jewish Committee en Europe
02:59qui montre que près de 90% des Français ont condamné les massacres du 7 octobre.
03:05C'est vrai que dans ce sondage, on découvre qu'il y a une grande solitude des Juifs de France
03:12et que nous avons l'impression de vivre dans un monde parallèle, quelque part,
03:15où les gens ne comprennent pas ce que nous avons vécu,
03:18qui est un changement, une bascule, que ce soit en France, mais dans le monde entier.
03:23Mais le problème, c'est qu'au-delà des mots, ce que nous attendons sont des actes, en fait.
03:30Et donc je suis toujours optimiste, parce que si je rentre dans ce schéma pessimiste,
03:35alors qu'est-ce qu'il nous reste ? Qu'est-ce qu'on va laisser ?
03:37Qu'est-ce qu'on va transmettre à nos enfants ?
03:39Je fais partie de ceux qui pensent qu'on peut changer les choses.
03:42Peut-être à temps, mais je ferai tout pour.
03:45Thomas, il nous attend.
03:47Thomas, vous allez prendre la parole sur Europe 1 jusqu'à 11 heures
03:52et on se retrouvera évidemment ensuite pour la suite des programmes d'Europe.
03:56Merci beaucoup, Thomas Hill.
03:58C'est vrai qu'il y a de l'inquiétude, bien sûr,
04:01et vous avez souvent parlé aussi de votre vie aujourd'hui,
04:04ce que vous recevez comme un insulte.
04:06En même temps que je parle, si je vais sur un compte ou TikTok ou Instagram ou Twitter,
04:11c'est un déferlement et de ce fait, votre vie a complètement changé aujourd'hui
04:14puisque vous ne pouvez plus aller prendre un café en bas de chez vous tranquillement.
04:18Oui, c'est vrai. J'ai perdu un peu de mon intimité.
04:21Je suis protégé 24 heures sur 24.
04:24Et là où j'aimais, comme je le dis souvent, appeler un copain et dire
04:27« Viens, on va prendre un café en bas de la maison »,
04:29c'est plus possible. Il faut prévenir, il faut donner l'adresse,
04:31il faut que quelqu'un aille sur place.
04:34Je suis une personnalité publique.
04:36Ça fait 30 ans que des millions de gens me regardent.
04:38Mathématiquement, il y a une minorité de timbrés.
04:43Il faut s'en méfier, tout simplement.
04:46Après, c'est le mot « minorité ».
04:48C'est tous ces mots-là qu'on a du mal.
04:53Les timbrés, sans doute.
04:55Quand je marche dans la rue, même si je suis accompagné,
04:57les gens me font un sourire.
04:59Les gens sont bienveillants avec moi.
05:01Il y a juste peut-être un crétin tous les dix jours qui va m'insulter.
05:06Quant au réseau social, on voit de moins en moins d'insultes.
05:09Puisque dès que ça dépasse 1000 messages par minute,
05:12Meta ferme.