• le mois dernier
Israël commémore ce lundi 7 octobre l'attaque menée par le Hamas sur son sol tout juste un an plus tôt. Plusieurs cérémonies sous haute sécurité sont prévues.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Et avec nous Olivier Jaoui, bonjour, vous êtes le cousin de Hadass Jaoui Calderon dont les enfants et l'ex-mari ont été enlevés le 7 octobre dans un kiboutz, le kiboutz Niroz.
00:14Les enfants Sahar, 16 ans et Erez, 12 ans, ont été libérés le 27 novembre 2023 au fer Calderon et lui toujours otage du Hamas.
00:23Merci d'être avec nous ce matin.
00:25Jérôme Cleche nous accompagne également, professeur de stratégie à Sciences Po, consultant en défense de BFMTV.
00:30On va regarder les images des premiers hommages qui ont été rendus depuis 5h30 ce matin aux victimes des attaques du 7 octobre,
00:38avec une première cérémonie qui s'est tenue dans ce kiboutz Reim, là où se tenait le festival Nova et où 364 personnes ont été tuées, dont la moitié des civils.
00:50Olivier Jaoui, le 7 octobre, 251 personnes ont été faites otages du Hamas. Combien restent-ils d'otages ce matin ?
00:59A ce que j'en sais, je crois qu'il reste officiellement une centaine d'otages.
01:05Mais d'après les sources israéliennes, peut-être 40 seraient décédés, donc peut-être 60 vivants.
01:12Évidemment, on ne sait pas qui est vivant, qui ne l'est pas.
01:17On sait aussi que parmi les otages, il y a une vingtaine de jeunes femmes qui servent d'esclaves sexuels aux criminels du Hamas.
01:25C'est évidemment une situation épouvantable de ne pas savoir.
01:30On n'a eu aucune nouvelle précise, sauf depuis la libération en novembre d'otages qui ont vu des otages.
01:37On n'a jamais eu de nouvelles, les ONG n'ayant jamais rencontré...
01:40Depuis un an, aucune nouvelle d'offert ? Rien ?
01:43Non, non. Novembre, Sahar se souvient l'avoir vu. D'autres otages se souviennent l'avoir vu.
01:50Mais ils ne savent plus exactement quand. Ils ont passé 52 jours, 52 nuits dans les tunnels.
01:55En tout cas, pas de nouvelles depuis le mois de novembre.
01:57Comment êtes-vous informé des événements ? Comment vous tenez-vous informé en l'occurrence ?
02:02Je me tiens informé par les chaînes d'infos qui nous disent beaucoup de choses, par ma famille en Israël,
02:08mais qui n'ont pas beaucoup d'informations en réalité.
02:11Le gouvernement israélien ne dit rien ?
02:13Le gouvernement israélien, je pense, ne sait pas non plus exactement où sont les otages, dans quel état ils sont.
02:20Les sources israéliennes sont dites proches du gouvernement ou de l'armée,
02:25qui indiquent qu'il y a des otages qui sont morts.
02:27Mais en tout cas, personne à aucun moment n'a dit qui était vivant, qui ne l'était pas.
02:33Par exemple, ce matin, le forum des familles d'otages annonce la mort d'un otage israélien,
02:38un an jour pour jour après le massacre du 7 octobre.
02:41Il s'agit d'Idansh TV, qui a 28 ans et dont le corps est toujours à Gaza.
02:46C'est ce que dit le communiqué du forum des familles d'otages.
02:49Ce n'est pas une source officielle, ce n'est pas une source du gouvernement israélien.
02:53Le forum des familles d'otages, c'est quasiment une bonne partie de la société civile israélienne.
02:59Donc s'ils le disent, c'est qu'ils ont eu l'info sans doute par des soldats.
03:02Israël, c'est un petit pays.
03:04Je dirais que tout le monde parle à tout le monde.
03:07Donc s'ils se permettent de l'annoncer...
03:09Et ce que vous dites, c'est un peu ce qu'on vit depuis un an.
03:11C'est-à-dire que les rumeurs courent.
03:13On sait, par exemple, les six otages qui ont été assassinés, je crois au mois d'août, par balles, par le Hamas.
03:20On savait la veille, mes amis en Israël, où ma famille nous disait
03:25il y a une mauvaise nouvelle qui va tomber demain.
03:27Mais on ne savait pas qui.
03:29Alors quels que soient les otages, c'est évidemment terrible.
03:32Nous, on est évidemment concernés par offert.
03:34Mais je rappelle qu'il est français, comme toute ma famille.
03:37Je me permets de le rappeler aussi.
03:39Je le rappelle toujours, je vous remercie de me le permettre.
03:41Ma cousine Carmela, 80 ans.
03:43Sa petite-fille Noya, 12 ans.
03:45Elles ont été assassinées, mitraillées, dans l'abri, toutes les deux.
03:49Elles ont été retrouvées en lacets, le corps calciné.
03:51C'est-à-dire que le Hamas les a non seulement assassinées,
03:53mais en plus les a brûlées pour aller encore plus loin, si je puis dire.
03:56Donc on est dans cette attente permanente d'infos, de nouvelles, qu'on n'a pas.
04:01Avec des enfants qui sont revenus, peut-être qu'on en parlera.
04:04Et qui sont évidemment dans un état très très difficile.
04:07Alors, silence de la part du gouvernement israélien.
04:10Est-ce que vous en voulez à Benjamin Netanyahou,
04:12à qui on a beaucoup reproché de privilégier l'éradication du Hamas sur le sort des otages ?
04:17Moi, je suis français, parisien, ça m'est difficile.
04:20Clairement, le kiboutz Niros, auquel appartenait ma famille,
04:22enfin appartient ma famille, même si le kiboutz a été détruit,
04:25se targuait d'être le kiboutz le plus à gauche d'Israël.
04:28Donc j'aime autant vous dire que dans ma famille, on ne porte pas Bibi dans son cœur.
04:32En tout cas en Israël.
04:33Moi, je ne vais pas juger aujourd'hui, évaluer,
04:35même si j'avoue que la coalition de Bibi Netanyahou ne me plaît pas particulièrement.
04:40Beaucoup de familles, même des soldats, l'état-major,
04:44pensent que peut-être on aurait pu agir autrement.
04:46Mais je rappelle toujours et toujours, c'est le Hamas qui possède les otages.
04:49Quoi qu'on pense de la politique de Netanyahou,
04:52le meilleur moyen d'arrêter les combats et la souffrance des Gazaouis,
04:54c'est le retour des otages.
04:56Si le Hamas, le FPLP, rendent les otages,
04:58les combats s'arrêteront de manière quasi-automatique.
05:00Jérôme Clèche, est-ce qu'on sait où sont les otages ?
05:02Est-ce qu'Israël sait où sont les otages ?
05:04Je vous pose cette question parce que depuis 15 jours,
05:06Israël tape des objectifs de façon extrêmement précise.
05:09Comment peut-on imaginer que sur un territoire aussi petit que la bande de Gaza,
05:13le TSAHAL ne sache pas où se trouvent les otages ?
05:17La réponse, c'est un dédale de tunnel.
05:19C'est la réponse.
05:20Pourquoi ? Parce qu'en fait, vraisemblablement,
05:22les otages sont disséminés dans ce dédale.
05:24Et donc, le TSAHAL ne peut pas savoir,
05:26et les services secrets, le Mossad israélien,
05:29ne peut pas savoir précisément où sont les otages.
05:31Il est probable qu'ils aient une idée d'où ne sont pas les otages lorsqu'ils frappent.
05:35C'est-à-dire que lorsqu'ils frappent et qu'ils ont identifié des cibles
05:37qu'ils vont frapper de façon aérienne,
05:39ils aient une idée de l'ampleur des dommages collatéraux qui vont être causés
05:43et qu'ils aient une assurance raisonnable qu'il n'y ait pas les otages à cet endroit-là.
05:47Mais quant à savoir où ils sont précisément, c'est très difficile.
05:49Est-ce qu'il y a toujours des négociations ?
05:51Sous l'égide du Qatar, sous l'égide d'un certain nombre de pays ?
05:54Les chancelleries continuent à échanger, bien sûr,
05:57même si c'est relégué au second plan,
05:59derrière les frappes contre le Hamas, derrière les frappes contre le Hezbollah.
06:02Mais justement, est-ce que ces frappes ont ralenti, pour ne pas dire stoppé ?
06:05Alors, ralenti, sans doute pas.
06:07Mais il est évident que les négociations que l'on a pu connaître,
06:10mi-septembre, autour du plan Biden,
06:13ont connu un sérieux coup d'arrêt, en réalité,
06:16parce que les conditions n'étaient pas réunies pour Israël.
06:19Une des conditions centrales était garder le contrôle
06:22sur le fameux corridor de Philadelphie.
06:24Le point pour Israël, c'est d'éviter, dans tout cesser le feu,
06:27dans toute trêve, que le Hamas ne se régénère.
06:29On va rejoindre Patrick Sos, qui est en direct de Tel Aviv, pour BFM TV.
06:32Patrick, Olivier Jaoui en parlait à l'instant.
06:34Il y a une grande partie de la société civile israélienne
06:37qui est très remontée contre Benjamin Netanyahou.
06:40Est-ce que cette colère, elle se perçoit dans les hommages
06:43qui sont rendus aujourd'hui aux victimes du 7 octobre ?
06:46Alors, je ne sais pas s'il s'agit d'une majorité,
06:49mais j'ai pu constater une fracturation incroyable de cette société.
06:54On le sait, les gens ont des opinions diverses depuis toujours.
06:57Mais là, depuis que Bibi Netanyahou a choisi
07:02de mettre toute la lumière médiatique sur ce qui se passe au Liban,
07:05eh bien, il y a une vraie colère, effectivement.
07:07Ce matin, il y avait notamment un concert de sirènes et de klaxons
07:10devant son domicile à Jérusalem.
07:13Mais au-delà de ça, on sent vraiment qu'il y a quelque chose
07:16d'assez viscéral chez une partie de la population
07:19qui se sent totalement abandonnée.
07:21Ce qu'il faut savoir, c'est que toutes les personnes
07:23que j'ai interrogées depuis que je suis arrivé à Tel Aviv me disent
07:26« nous sommes restés bloqués sur le 7 octobre 2023 ».
07:30C'est une journée sans fin, avec l'idée que dans la seconde,
07:34il va y avoir une bonne ou une mauvaise nouvelle.
07:36Hier encore, Tsaïl, sur les réseaux sociaux,
07:38annonçait qu'il ne fallait absolument pas tenir compte
07:41des rumeurs de libération, qu'il y avait beaucoup de fausses informations
07:45qui circulaient. Le fait est que Benyamin Netanyahou,
07:48lui, ne parle quasiment jamais des otages.
07:51Il parle stratégie militaire, il parle de guerre à gagner.
07:55Il va se rendre régulièrement sur le front du côté libanais.
07:59Et puis, il faut quand même en parler, cette cérémonie
08:02qui est prévue à Ofakim. Oui, Ofakim, c'est une ville
08:05qui a été touchée par les attaques du 7 octobre,
08:08qui est clairement à la marge. On n'est pas à Béry ou à Niros.
08:11Pourquoi Ofakim a été choisi ? C'est parce que c'est une ville
08:14qui est totalement, mais alors totalement acquise au Likoud
08:17et à Benyamin Netanyahou. Et donc, ça permet d'obtenir des images
08:20de soutien extrêmement fort. Et ça aussi, ça a mis en colère
08:24énormément de monde ici. Voilà pourquoi il y aura notamment,
08:27non pas une contre-manifestation, mais une contre-cérémonie
08:30au parc Hayarkon, ici à Tel Aviv.
08:33Olivier, que disent les otages qui sont sortis des jaules du Hamas ?
08:37Alors, d'abord, on a vu, moi j'ai eu l'occasion d'écouter
08:43Saar, 16 ans, cette jeune fille de 16 ans.
08:46Eres, qui a 12 ans, ils se sont exprimés.
08:49Eres s'est exprimé récemment, ce qui est difficile pour lui,
08:52il est jeune, il va avoir 13 ans dans un mois, c'est sa barmite va.
08:55L'équivalent de la communion, on va dire.
08:58Et donc, il a lancé un appel pour que son père soit présent,
09:02parce qu'il n'a plus son père depuis un an.
09:05Saar, qui est très forte, a pris souvent la parole.
09:10Et Saar, ce qu'elle dit, c'est que son corps est en Israël,
09:13mais sa tête, son âme, son cœur sont toujours à Gaza.
09:16D'abord parce qu'il y a son père là-bas.
09:19Et puis, je le disais tout à l'heure, ils ont vécu des choses épouvantables.
09:23J'ai lu, là récemment, Saar raconter qu'ils ont vu à Niros,
09:30avant d'être emportés, ils ont vu des morts, des cadavres.
09:33Ils ont vu l'ancienne nounou de Hérès se faire violer.
09:36Et Hérès, qui a 12 ans, ils étaient cachés dans un buisson,
09:39ils n'avaient pas encore été kidnappés par le Hamas.
09:42Et Hérès demande à sa sœur, mais qu'est-ce qu'ils lui font ?
09:45Et elle, qui était une jeune fille de 16 ans, qui était terrifiée,
09:48a rassuré son frère, elle lui expliquait ce qu'était un viol,
09:51en lui disant, mais ne t'inquiète pas, ils ne violent pas les garçons.
09:54Vous voyez, à 12 ans, ils ont été donc enfermés 52 jours, 52 nuits,
10:00en pensant que toute leur famille avait été massacrée,
10:03puisque les terroristes du Hamas étaient rapportés par de nombreux otages.
10:06Ils ont vraiment joué la torture psychologique, au-delà des coups et des choses de ce type-là,
10:10en leur faisant croire que leur famille était morte, qu'on ne s'intéressait plus à eux.
10:13Il y a eu plein de possibilités horribles.
10:15Ils reviennent, ils se découvrent que leur père est toujours otage,
10:18ils l'ont entrevue à Gaza, ils découvrent que leur grand-mère,
10:21Niros, c'est 400 habitants, donc Carmela, ils la voient tous les jours,
10:24que leur grand-mère est morte, que la cousine Noya, qui a le même âge qu'Hérès,
10:27ils ont été élevés ensemble et mortes, que le kiboutz a brûlé.
10:30Évidemment, dans ces conditions, ils vont extrêmement mal.
10:34Par exemple, Hérès ne supporte pas une porte fermée.
10:36Il a besoin qu'on lui ouvre la porte, parce qu'il pense que derrière, il y a un terroriste.
10:40Tout est dit.
10:41Merci Olivier d'être venu ce matin sur le plateau de première édition.

Recommandations