• il y a 2 mois

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Transcription
00:00Et chaque matin à 8h16, on discute ensemble.
00:03Avez-vous déjà été contrôlé par la Sécurité Sociale lors d'un arrêt de travail ?
00:08Ça, c'est la question qu'on vous pose ce matin en attendant vos témoignages au 04 67 58 6000.
00:13Si on en parle aujourd'hui, c'est parce que le service médical de l'assurance maladie,
00:17celui qui assure justement ces contrôles, qui accompagne aussi ceux qui sont en arrêt de travail,
00:21il est menacé, en tout cas, son indépendance est menacée, disent les syndicats.
00:25Il y avait une manifestation hier à Montpellier devant la CPAM.
00:30Alors, on va essayer de mieux comprendre comment tout ça fonctionne avec vous, Christophe Tursan.
00:34Bonjour.
00:35Bonjour.
00:36Vous êtes médecin conseil, justement, dans ce service médical de l'assurance maladie.
00:41Vous êtes aussi secrétaire adjoint de l'Union départementale de forces ouvrières.
00:45Alors, on va essayer de mieux comprendre ce que vous faites dans ce service.
00:48L'une de vos missions, c'est de contrôler les arrêts de travail, c'est ça ?
00:53Alors, en effet, le service médical de l'assurance maladie a été sanctuarisé en 1967,
00:59pour faire un peu d'histoire rapide, par les ordonnances d'Annenay.
01:02Pourquoi ?
01:03Pour justement assurer cette indépendance de la décision médicale et aussi le secret médical.
01:09C'est-à-dire que nous sommes en parallèle de l'assurance maladie,
01:13tout en étant indépendants, avec des avis évidemment indépendants.
01:18Et c'est ça qui est en danger aujourd'hui.
01:19On va le détailler, mais juste déjà, ces contrôles, vous les faites à la demande de qui ?
01:24C'est à la demande de l'assurance maladie ?
01:26On vous missionne pour vérifier que tout va bien ?
01:30Non, justement, c'est le service médical qui se missionne,
01:33s'autosaisit par rapport à un certain nombre de points sur la durée des arrêts de travail, etc.
01:42Mais à la fin, c'est le médecin qui doit justifier sa décision médicale de la poursuite d'un arrêt.
01:47Mais aussi des prestations, que ce soit au niveau des ordonnances, des soins,
01:53tout ça est aussi réglé par le médecin.
01:56C'est donc un service à part entière.
01:58On n'est absolument pas missionné par l'assurance maladie par elle-même.
02:03Donc là, ce qui va se passer, ce qui risque de se passer d'ici le mois d'avril,
02:06c'est que vous allez passer de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie,
02:09vous allez être rattaché en fait aux caisses primaires d'assurance maladie.
02:13Et c'est ce que vous dites, vous craignez pour votre indépendance et pour le secret médical.
02:17Mais qu'est-ce que ça va changer puisque vous restez médecin après tout ?
02:20Alors le risque, oui, mais le risque c'est qu'on soit dilué évidemment dans les CEPAM
02:25et surtout que nos décisions soient empreintes d'idées économiques.
02:30Pour l'instant, on n'a pas d'obligation en fait de décision par rapport à des oucas économiques.
02:38C'est-à-dire qu'aujourd'hui, nos décisions sont liées à des considérations médicales.
02:43Vous dites, si on schématise, il y a abus ou pas en fonction d'une décision médicale ?
02:49Il n'y a pas forcément abus, il y a simplement, on essaye d'accompagner et les assurer aussi
02:53dans le retour à l'emploi et aussi dans les prestations qui sont fournies en nature ou en espèce
02:58par l'assurance maladie pour justifier la poursuite ou pas, ou la validation de ces prestations.
03:05Donc on est totalement indépendant dans nos deux décisions puisque elles sont médicales.
03:10Aujourd'hui, si on se fait absorber, si c'est une fusion, on va peut-être, probablement,
03:17être une variable d'ajustement sur ça, sur l'économie.
03:22C'est-à-dire qu'on va nous dire, 20%, on va nous dire, il va falloir maintenant aujourd'hui
03:28faire 20% de personnes qui retournent au travail.
03:31Vous allez aussi ne pas valider des invalidités, des incapacités permanentes.
03:35Ça, c'est un risque qui est très très important et je pense que les assurés ne se rendent pas compte
03:40de la gravité de la situation.
03:42Il existe depuis 67, ça fonctionne, il y a un accompagnement.
03:46Certes, il y a un contrôle parce que la sécurité sociale, c'est notre bien à tous,
03:51que ce soit par les cotisations patronales ou salariées, c'est notre bien à tous
03:55et le médecin est là pour en faire bon usage au niveau médical et justifié.
04:01Aujourd'hui, s'il n'y a plus cette direction du service médical, le risque, c'est qu'on ne soit plus impartiaux.
04:07Il est 8h20, vous écoutez France Bleu Héros et nous recevons ce matin le médecin Christophe Tursan,
04:12secrétaire adjoint de l'Union Départementale Force Ouvrière.
04:16Vous parliez de secret médical, aujourd'hui, il y a donc cette séparation,
04:23vous, vous donnez votre avis médical et puis derrière, la CPAM, elle, finance ou acte des choses
04:29sur le côté administratif et financier, mais sans connaître finalement la raison de l'arrêt.
04:33C'est là que le secret médical est protégé.
04:35Exactement, alors là, on est dans le cadre du risque maladie, puisqu'il y a des liens, on donne un avis,
04:40mais il n'y a pas de raison, il n'y a pas le motif médical initial d'un arrêt sur le risque maladie.
04:46C'est un peu différent sur le risque professionnel, puisque là, c'est un colloque qui s'établit
04:52entre le service médical et la CPAM, mais c'est un peu différent, puisqu'il n'y a pas de secret médical.
04:59Et là, avec une éventuelle fusion d'ici le mois d'avril, ce serait transparent finalement,
05:04la CPAM serait au courant de pourquoi telle personne est en arrêt ?
05:08Oui, c'est un risque, en tout cas, c'est un risque qui est extrêmement important,
05:11à tel point que de toute façon, toutes les organisations syndicales sont vents debout
05:17contre cette évolution néfaste pour tout le monde, les agents aussi, on connaît l'effet des fusions,
05:22mais aussi évidemment, à la fin, sur les assurés, sur les praticiens conseils,
05:27et on sait que le conseil de l'ordre s'est défini comme totalement opposé à cette réforme.
05:32Les unions régionales, les professionnels de santé également.
05:35On a quelques commentaires sur Facebook, vous allez nous dire si c'est comme ça que ça se passe,
05:40sur les contrôles justement, deux commentaires d'auditrices qui nous disent
05:44« moi j'ai été contrôlée lors d'un arrêt de travail, je sais que c'est à la demande de mon employeur,
05:50est-ce que c'est comme ça que ça fonctionne ? »
05:51Un patron peut vous appeler en disant « j'ai des doutes sur Bidule,
05:54vous pouvez vérifier que son arrêt est bien justifié ? »
05:57Non, comme je vous le disais, on choisit finalement, le service médical choisit les contrôles,
06:03c'est pas l'employeur qui va nous demander de contrôler, c'est pas possible.
06:08Il peut faire des informations…
06:09Et donc c'est au pif ?
06:10Non, non, évidemment, il y a les mailles d'un filet qui sont créées en fonction de tout un tas d'items,
06:17et ensuite le médecin conseil choisit de contrôler ou de convoquer un assuré.
06:23C'est comme ça que ça fonctionne ?
06:25Médicalement, on est d'accord, c'est absolument pas économiquement.
06:28Médicalement, mais il n'y a pas que des médecins dans ce service, puisqu'on l'a vu à la manifestation d'hier,
06:33il y a aussi plein d'autres corps de métiers, qu'est-ce que ça va changer pour ces métiers-là ?
06:38Comme je vous le disais, j'ai vécu, en étant médecin conseil RSI,
06:42déjà la fusion du RSI sur le régime, alors c'est les indépendants qui a disparu il y a 3 ans maintenant,
06:49une fusion avec le régime général, et en effet, l'idée première c'était qu'il y avait entre 10 et 15 milliards d'euros
06:57dans les caisses des indépendants, et pour les rebasculer dans le régime général, c'était une volonté politique.
07:03On sait que la fusion, qu'est-ce que ça fait ? On va prendre des agents qui sont spécialisés,
07:08et puis on va leur demander d'être agiles, c'est le terme à la mode aujourd'hui, pour faire autre chose.
07:12Donc ils ont déjà des dizaines d'outils à faire fonctionner,
07:15mais on leur demandait de faire fonctionner d'autres outils parce qu'à la CEPAM, ils ne recrutent pas suffisamment,
07:21donc il manque d'agents. À la fin, évidemment, vous comprenez bien que quand vous passez d'une spécialisation à une généralisation,
07:29l'assuré ne s'y retrouvera évidemment pas.
07:32Un peu, est-ce qu'on peut faire un parallèle avec ce qui s'est passé à Pôle Emploi à l'époque de la fusion à Sédic ?
07:38Oui, c'est toujours la casse, c'est la casse des agents, c'est la casse du système,
07:42c'est très facile de déconstruire, détruire un système dont je vous disais qu'il était la base au niveau de la France de son système de santé,
07:53parce qu'à la fin, c'est le système de santé aussi qui va être en difficulté par rapport à ça.
07:57On prend des décisions vers les hôpitaux, vers les cliniques, donc tout ça va être impacté notamment versant économique.
08:05Et alors, c'est censé intervenir au mois d'avril, vous avez espoir que ça change, il y a d'autres mobilisations prévues,
08:11vous avez des rendez-vous avec le gouvernement qui sont déjà à l'ordre du jour ?
08:15Oui, hier en tout cas, il y a eu une mobilisation massive en France, dans toute la France, et ça va continuer,
08:27parce qu'évidemment, ce n'est pas acceptable, le risque est trop grand pour les assurer en premier lieu.
08:34Je pense qu'il faut le répéter, le risque est très très important,
08:37pour que l'impartialité actuelle et l'indépendance de la décision médicale soient empreintes de décisions économiques.
08:45On a mieux compris avec vous les coulisses de ce service médical de l'assurance maladie.
08:50Merci beaucoup Christophe Turcin d'avoir été avec nous ce matin, et bonne journée.

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