• l’année dernière
On vous propose une édition de rentrée un peu spéciale avec une carte blanche aux co-auteurs de l’étude Jeunesse et mobilité : la fracture rurale, Victor Delage de l’Institut Terram et Félix Assouly de Chemins d’avenirs.

Saviez vous que les jeunes ruraux de +18 ans passent en moyenne 2h37 dans les transports chaque jour ? C'est 42 minutes de plus que pour les jeunes urbains majeurs soit près de trois quarts d’heure en moins par jour pour les loisirs culturels, la pratique sportive ou encore le temps en famille !

Comment tenir compte de cette situation et quelles pistes pour prétendre à une véritable égalité des chances en France ? En quoi traiter cet enjeu peut permettre aux acteurs locaux et nationaux de proposer une mise en adéquation entre goût pour la campagne et aspirations professionnelles des jeunes ?

Avec:
Victor Delage, fondateur de l'Institut Terram
Félix Assouly, responsable du plaidoyer pour Chemins d'Avenirs
Transcription
00:00:00Après la grande phase de la métropolisation, c'est peut-être le temps de la ruralité qui est en
00:00:07train de s'ouvrir. C'est des solutions finalement coûteuses pour la collectivité mais toujours à
00:00:14chaque fois pleines de bon sens en fait. Moi je crois pas qu'il y ait une ruralité. La ruralité
00:00:20ça se conjugue en pluriel. Les cafés de campagne avec InSit.
00:00:25Bonjour, allez je vous propose que nous démarrions 62. Bienvenue à toutes et à tous pour ce 32e café
00:00:37de campagne. 32, un chiffre important pour moi qui vient du département du Gers. Beau département
00:00:46du sud-ouest de la France et comme je le dis souvent, certainement le plus beau département
00:00:51de France bien sûr. Très content en tous les cas de vous accueillir à ce 32e café de campagne.
00:00:56Comme je le disais je suis en direct du salon des maires ruraux qui était un salon important de la
00:01:05vie démocratique de notre pays dans un moment un peu particulier. Nous avons reçu tout à l'heure
00:01:09la nouvelle ministre à la ruralité qui démarre. Un discours qui n'était pas vraiment un discours
00:01:16mais quelques éléments. En tous les cas elle se dit très à l'écoute du monde rural donc on est
00:01:21très content de l'apprendre. J'espère qu'on arrivera à travailler sur les semaines et peut-être les
00:01:28quelques mois que nous aurons et que le gouvernement aura devant lui. Très heureux d'ouvrir ce café de
00:01:34campagne dans un café de campagne un peu particulier. Un café de campagne où vous savez
00:01:41un des principes, un des buts d'Incite c'est de mettre en avant les initiatives innovantes,
00:01:47pertinentes que nous voyons sur le terrain. De donner à voir des gens qui pensent, qui font,
00:01:53qui agissent au service des territoires ruraux sur des thématiques diverses et variées. Mais
00:02:00un des objectifs aussi d'Incite en plus d'agir sur le terrain bien sûr comme nous le faisons
00:02:07avec nos jeunes sur les villages très ruraux, c'est aussi de penser, de réfléchir et de penser
00:02:13la ruralité. Et nous sommes d'ailleurs en train de créer, construire une première coalition avec
00:02:22quelques acteurs chers à notre chemin que sont Chemin d'Avenir et Boucheton-Cocq. Une petite
00:02:28coalition qui va faire parler d'elle je l'espère dans les semaines et les mois qui viennent qui
00:02:34s'appelle déjà On fait campagne pour justement participer à cette réflexion un peu collective
00:02:40et cette compréhension des territoires ruraux et des gens qui vivent dans les territoires ruraux.
00:02:45Et de sortir un peu des poncifs que l'on entend trop souvent sur les questions de ruralité.
00:02:51Aujourd'hui on a souhaité donner le micro à deux personnes que l'on connaît bien et qui ont entre
00:03:01autres mené une étude sur la jeunesse et la mobilité, une fracture rurale. Donc Victor
00:03:07Delage de l'Institut Terram et Félix Assouly de Chemin d'Avenir mais je laisserai la parole
00:03:12après à Marélie pour qu'elle les présente. Mais donc c'est un café de campagne un peu particulier
00:03:18où on n'est pas tant sur l'illustration par des projets mais bien l'analyse et un travail de
00:03:24compréhension d'un phénomène important, la question de la mobilité, de cette fracture.
00:03:30Une de plus j'aurais tendance à dire dans notre pays qui est autour de la mobilité.
00:03:36Donc un grand merci à tous les deux pour leur intervention et pour l'échange bien sûr que
00:03:41nous allons avoir ensemble pour mieux connaître, mieux parler, mieux dire et mieux agir sur nos
00:03:48territoires ruraux. Marélie tu as la parole. C'est bien aimable. Merci Thibault, bonjour à
00:03:56toutes et à tous et merci de nous avoir rejoints nombreux pour ce café de campagne. On était 170
00:04:01inscrits et là vous êtes déjà 75 à nous avoir rejoints. Donc un grand merci également à nos
00:04:07deux intervenants qui ont été à moitié présentés par Thibault, Victor Delage fondateur de l'Institut
00:04:13Terram qui est un groupe de réflexion collégiale et multidisciplinaire dédié à l'étude des
00:04:17territoires et Félix Assouly responsable du plaidoyer pour chemin d'avenir qui est une
00:04:21association qui informe, accompagne et promeut les collégiens, lycéens et étudiants des zones
00:04:25rurales et des petites villes. Donc c'est un format de rentrée un peu spécial puisque nos intervenants
00:04:29vont dialoguer autour de leur étude jeunesse et mobilité de la fracture rurale et on laissera
00:04:34évidemment comme d'habitude un temps d'échange avec les participants à la fin de leur intervention.
00:04:39Donc pour commencer sans plus tarder Victor et Félix pourquoi est-ce que vous avez fait le choix de
00:04:44vous associer pour réaliser cette étude autour du triptyque mobilité ruralité et jeunesse ?
00:04:48Je sais pas si tu veux, pardon excusez-nous parce que du coup on se connaît assez bien
00:04:56avec Victor, on a déjà pas mal parlé ensemble donc la question de qui répond en premier n'est
00:05:00pas complètement solutionnée pour toutes les questions qu'on va nous poser donc on aura ce
00:05:03petit temps de rodage spontané. Est-ce que tu veux que je commence et après je... Très bien, super.
00:05:09Donc du coup bonjour à toutes et à tous, Félix Assouly, Chemin d'Avenir. La question elle est assez
00:05:17marrante je pense, en tout cas la réponse. Donc nous Chemin d'Avenir on travaille sur la
00:05:21question de l'égalité des chances des jeunes des zones rurales et de petites villes comme vous le
00:05:24savez, comme ça a été présenté par Marélie. On a du coup un mandat qui s'organise autour de deux
00:05:30types d'actions. Le premier du coup qui est la question de l'accompagnement des jeunes dans les
00:05:34zones rurales pour leur permettre de pleinement réaliser leur potentiel, c'est-à-dire choisir ce
00:05:39qu'ils veulent se faire, s'affranchir des déterminismes qui s'opposent à eux, essayer de
00:05:43contourner les freins qui limitent leur décision et donc pleinement choisir. S'ils ont envie d'être
00:05:48toiletteurs canaillers itinérants ou ministres, on les accompagnera de la même façon, il n'y a pas
00:05:52de jugement, il n'y a pas de hiérarchisation de l'orientation et donc on travaille comme ça. On
00:05:57pourra revenir dans le détail dans les questions réponses si ça vous intéresse ou sur Chemin
00:06:01d'Avenir dans un point plus dédié mais en gros voilà ce qu'on fait et avec ça on a accompagné 12 000
00:06:06jeunes. Le point c'est que les jeunes des zones rurales et des petites villes c'est à peu près
00:06:0910 millions de jeunes, c'est à peu près 60% des moins de 20 ans qui grandissent du coup en dehors
00:06:14des grandes métropoles et de leurs banlieues. L'enjeu quand j'ai dit ça c'est que c'est pas en
00:06:19accompagnant 12 000 jeunes qu'on règle le problème des 10 millions. Donc il y a tout un travail à
00:06:23faire autour du coup du reste des acteurs, autour du reste de ces jeunes, ceux qu'on ne peut pas
00:06:27accompagner pour des questions de moyens, de pénétration géographique ou d'ampleur de la
00:06:33structure. Et donc tout l'enjeu c'est d'arriver à travailler sur le système, sur l'inégalité
00:06:36systémique qui est rencontré par les jeunes des zones rurales et des petites villes. Qu'est-ce
00:06:41qui fait qu'à la fin même si on peut accompagner le plus de jeunes possible, il n'empêche que la
00:06:45nouvelle génération de jeunes ruraux qui se représentera se retrouvera avec les mêmes problématiques
00:06:50que leurs prédécesseurs. Et donc sur cette stratégie du coup de changement de système, on
00:06:54travaille à pas mal de choses, et notamment du plaidrier et de l'influence, mais qui vont à la
00:06:58fois de réformes qu'on propose, de préconisations de politique publique, qui certaines se récupéreraient
00:07:03d'autres noms, et on pourra en parler aussi à la fin, mais aussi de la production de savoirs et de
00:07:07connaissances. Parce qu'un des gros problèmes qu'on a sur la jeunesse rurale, et de manière générale
00:07:11on pourrait attendre sur la ruralité, c'est que la ruralité et la jeunesse qui y grandit est
00:07:15méconnue. Il n'y a pas beaucoup de données, il n'y a pas beaucoup de représentations, il y a assez
00:07:19peu de matières qui permettent à connaître finement, justement, ce qu'est la jeunesse en zone
00:07:26rurale. Et généralement, côté chemin d'avenir, quand on vient de parler de jeunesse rurale, et je
00:07:30sais qu'INCITRE compte à peu près la même chose, on a tendance à nous poser la question de, mais
00:07:36ces jeunes, c'est quoi leur problème ? Ils n'arrivent pas à récupérer la ferme de leurs
00:07:39parents, c'est ça ? Et là-dessus, c'est un biais, c'est une idée préconçue, parce qu'il y a très
00:07:45très peu d'actifs en zone rurale qui travaillent effectivement dans l'agriculture, ce qui fait
00:07:49que, donc c'est bon, 5,7% au dernier comptage de l'INSEE, ce qui fait que les jeunes ruraux, leur
00:07:53problème, ce n'est pas de reprendre la ferme de leurs parents, c'est simplement un ensemble de
00:07:56facteurs qui limitent leur potentiel. Donc là-dessus, on est obligé de publier de la donnée,
00:08:00de travailler là-dessus, c'est un truc qu'on fait depuis des années. On a publié d'autres études,
00:08:03qu'on vous enverra aussi sur ces différents sujets. Et c'est dans ce cadre-là qu'on s'est
00:08:08rencontré avec Victor, au moment où Terram était encore en germe, prêt à être lancé, mais pas
00:08:15encore officialisé, et où on a eu cet espèce d'effet que, si vous êtes dans l'écosystème de
00:08:20la ruralité, j'imagine que vous ressentez aussi, de connecter avec quelqu'un qui comprend, qui sait,
00:08:25qui a vécu aussi la même chose que vous en termes de problématiques posées, compréhension des enjeux,
00:08:31capacité à se lire là où sont les vrais sujets. Et cette première conversation qu'on a eue,
00:08:36donc du coup il y avait Salomé Berlioux, la fondatrice de Chemin d'Avenir, Victor et moi
00:08:40dans une salle de réunion, enfin en tout cas, moi de mon côté, ça a été ressenti vraiment comme un
00:08:44point de connexion assez humain et intellectuel, en se disant il y a un certain nombre de choses
00:08:49qu'il faut traiter, et on va essayer de s'intéresser aux sujets qui sont importants,
00:08:52et la mobilité a fait partie de ceux qui ont émergé en priorité. Et donc je te laisserai la parole
00:08:57ensuite Victor, mais pourquoi la mobilité ? Parce que la mobilité sous-tend quasiment tout en ruralité,
00:09:04ou en tout cas dans les territoires peu denses, parce qu'il faut aller vers quelque chose,
00:09:07se déplacer pour accéder à, et que si cette mobilité à la fois géographique mais aussi sociale,
00:09:13c'est la conséquence généralement, si on ne peut pas bouger géographiquement, généralement il y a des
00:09:18entraves à la mobilité sociale derrière, on se retrouve à ne pas pouvoir parler d'inégalité des
00:09:22chances si on ne parle pas de mobilité. Voilà, c'est tout pour ma réponse. Victor, désolé c'était un peu long.
00:09:27Non, non, c'était parfait, merci beaucoup Félix, très heureux, bonjour à tous,
00:09:35merci Thibault, merci Marie-Ly pour cette invitation, je suis bien sûr très heureux de participer à ce
00:09:40campagne, qui plus est en échangeant avec Félix et plus tard avec tous ceux qui nous ont rejoints.
00:09:46Peut-être un mot, parce qu'effectivement Félix tu as dit l'essentiel sur les raisons
00:09:52effectivement de ce projet, nous à l'Institut Terram, c'est un tout nouveau think tank qu'on a
00:09:58lancé en avril 2024, donc avec plusieurs projets, comme ça a été dit on est un think tank
00:10:04pluridisciplinaire, donc on parle de jeunesse, d'intelligence artificielle, de santé, en fait on
00:10:08peut traiter de tous les sujets. Ce qui nous différencie un petit peu avec nos autres amis
00:10:12think tank, c'est qu'on aborde tous ces questionnements, toutes ces problématiques via le prisme des
00:10:19territoires, donc tout ce qu'on produit, toutes nos études, tous nos rapports etc, c'est vraiment à
00:10:23travers cette dimension territoriale. Et pourquoi effectivement ce rapport, nous ce qui nous
00:10:29intéressait vraiment c'était d'essayer d'apporter de nouvelles clés de compréhension sur un sujet
00:10:36qui comme ça paraît bien connu, mais tout l'intérêt justement c'était d'avoir ce triptyque
00:10:42jeunesse, mobilité et ruralité, parce que quand vous regardez les travaux académiques et des
00:10:47enquêtes d'opinion, toutes ces choses-là, il existe des choses sur la mobilité dans la ruralité,
00:10:54il existe aussi des choses sur la jeunesse au sein de la ruralité, INCIT, Chemin d'Avenir, fait plein
00:11:00de choses d'ailleurs sur tous ces sujets. Par contre d'avoir ce triptyque, c'était quelque
00:11:04chose qui était très peu étudié, et d'ailleurs on l'a bien vu parce que peut-être qu'on pourrait
00:11:07revenir plus tard, mais quand on l'a présenté ensuite à des décideurs politiques ou même qu'on
00:11:11a échangé avec des journalistes, on voit bien que c'est un angle mort de la politique. Donc pour nous
00:11:15c'était très important. Ce qui a été un peu délicat au tout début, en tout cas complexe, c'est que
00:11:21quand vous faites une enquête d'opinion, alors nous on fait très attention et on y tenait justement
00:11:27avec Salomé et avec Félix, c'est d'avoir la main sur presque tout le process. C'est-à-dire que c'est
00:11:32nous qui avons fait le questionnaire, on s'en souvient, on a passé des semaines et des semaines à
00:11:35le faire, à trouver des questions, à se mettre d'accord sur le rendu. La seule chose qu'on ne peut
00:11:40pas faire, c'est l'administration du questionnaire. Donc là vous passez par un institut de sondage,
00:11:43et souvent ce sont eux après qui vous font les infographies, vous remettent le rapport, etc. Nous
00:11:48on tenait vraiment à faire tout ce travail, donc on a passé là aussi des semaines, voire quelques
00:11:53mois, à analyser toutes ces centaines de milliers de données, à en faire une analyse, un rapport,
00:11:58et ensuite qu'on a publié. Là où on a rencontré une difficulté au début, c'était avec l'institut,
00:12:03c'était sur la méthodologie. Très rapidement je le dis, mais pour ceux qui nous écoutent,
00:12:06je pense que c'est important, parce que là aussi je pense qu'on a réussi à faire un petit peu bouger
00:12:12les choses. Pendant très longtemps, les instituts de sondage, tous les instituts de sondage confondus,
00:12:16quand ils réalisaient des enquêtes dans la ruralité, c'était vraiment via un prisme de
00:12:24citadins, c'est-à-dire qu'ils étaient considérés comme ruraux, tous ceux qui ne vivaient pas dans
00:12:30une aire urbaine. Donc ça c'est en réalité une définition très ancienne. Nous on a voulu se
00:12:34calquer sur la définition plus récente de l'INSEE, qui est aussi d'ailleurs appliquée dans la
00:12:40majorité des pays européens, donc ce qui permet des comparaisons, et donc on s'est basé, on s'est
00:12:45battu avec l'institut, on a battu entre guillemets, parce qu'ils étaient bien sûr partants, mais pour
00:12:48eux ça leur demandait quelques changements importants, mais on s'est basé en fait sur la
00:12:53définition de ce qu'on appelle le degré d'urbanisation, c'est-à-dire que ce qui correspond
00:12:58à la ruralité, ceux à qui nous avons posé des questions à travers
00:13:05cette enquête, ce sont uniquement ceux qui vivent dans des communes peu denses et très peu denses,
00:13:09et ça pour, je pourrais y revenir dessus si vous avez des questions, mais pour tout un
00:13:13tas de raisons en fait, ça permet d'éviter des biais méthodologiques importants. Merci beaucoup,
00:13:19on comprend bien à la fois vos motivations et les enjeux apportés, une attention particulière à ce
00:13:24triptyque et ces trois thématiques, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur les
00:13:28grands enseignements que vous tirez de l'étude ? L'étude est assez riche, il y a ce qu'on en a
00:13:44tiré nous en termes des données, donc avec l'analyse qu'on en a faite, il y aura certainement
00:13:48moyen de retravailler ces données aussi demain pour en extraire aussi un certain nombre de
00:13:52nouvelles choses, c'est des données qui sont assez nettes et qui ont la particularité,
00:13:56je reviens juste avant parce que ça va potentiellement émailler la totalité de la
00:13:59présentation sur les enseignements, c'est des données qui ont été comparées, c'est-à-dire que
00:14:02les répondants, on a pris un échantillon de répondants qui est à peu près de 4000 répondants,
00:14:07sur les 4000 répondants, on a 2000 jeunes de 15 à 29 ans qui sont donc en zone rurale et qui sont
00:14:14représentatifs des 15 à 29 ans en zone rurale et en face, on a un échantillon témoin qui aussi
00:14:18fait 2000 qui est représentatif de la jeunesse française dans son ensemble de 15 à 29 ans et
00:14:23avec à l'intérieur de ça, dans l'échantillon, à peu près 1000, 1000 et quelques, c'est 1050,
00:14:271100 jeunes qui sont urbains et donc c'était ça, c'est-à-dire qu'en fait donner des points en
00:14:32disant la jeunesse rurale vit-ci, vit-ça, c'est toujours un peu compliqué s'il n'y a pas d'éléments
00:14:37de comparaison, on ne peut pas parler d'inégalité si on n'a pas un point de comparaison et donc ça a
00:14:43été assez important et donc en gros pour commencer là-dessus, si on essaie d'avoir des enseignements,
00:14:47l'idée ça va pas être de vous balancer énormément de chiffres les uns après les autres parce que plus
00:14:51on en dit, moins on en retient et donc on vous renverra à la synthèse de l'étude ou à l'étude
00:14:54elle-même ou à des questions plus précises mais dans les grandes idées, la première à avoir en
00:15:00tête c'est, et là je commence par un chiffre, c'est que les kilomètres sont assez lourds à porter pour les
00:15:05jeunes qui grandissent dans les zones rurales, c'est assez compliqué, ça prend énormément de temps et
00:15:10donc en moyenne par jour, un jeune rural, qu'importe là où il est sur le territoire métropolitain, passe
00:15:152h37 dans les transports, 2h37 c'est assez colossal et donc en comparaison, c'est 1h55 pour les jeunes
00:15:23urbains, qu'importe l'endroit où ils sont en termes urbains, c'est-à-dire qu'ils peuvent être en extrême
00:15:27banlieue ou ils peuvent être en cœur de ville, il n'empêche qu'en moyenne ça fait 1h55, donc vous voyez
00:15:31qu'entre des jeunes ruraux qui ont 2h37 de transport et des jeunes urbains qui en ont 1h55, ça fait 42
00:15:36minutes de delta par jour et donc du coup 42 minutes en moins faire autre chose pour voir sa
00:15:42famille, pour pratiquer un sport, pour accéder à la culture, pour lire, pour regarder des films, pour
00:15:47passer du temps avec ses amis, se socialiser, etc. Et donc en gros, il y a une vraie conséquence de
00:15:52la mobilité, du temps que ça prend, donc de l'éloignement sur le quotidien des jeunes ruraux.
00:15:57Généralement, une fois qu'on a dit ça, c'est intéressant, ça ne met pas pour autant en évidence
00:16:04un deuxième point, c'est que face à cet éloignement des opportunités, les jeunes ruraux font face à
00:16:10une atrophie ou en tout cas une faible disponibilité des moyens de transport. C'est-à-dire qu'il y a des
00:16:17moyens de transport qui sont insatisfaisants, proches de leur lieu de vie et qui ne leur permettent
00:16:21pas de se déplacer à droite à gauche pour aller simplement accéder à tel ou tel service public ou
00:16:26privé. Et donc ça entame largement l'accès au droit, l'accès au service et du coup la capacité
00:16:31à faire autre chose que simplement le déplacement pour aller au collège, au lycée ou au travail et
00:16:36après revenir ou faire autre chose. Cette question des transports, elle marche pour le bus, c'est-à-dire
00:16:42qu'on a 53% des jeunes ruraux qui estiment qu'ils sont mal desservis par un réseau de bus et en
00:16:48comparaison, les jeunes urbains ne sont que 14% à déclarer la même chose. On est encore sur les
00:16:54mêmes problématiques pour le train, donc là, vous imaginez bien que les gares sont d'autant plus
00:16:58loin, 62% des jeunes ruraux s'estiment mal desservis par le réseau ferré et pour les jeunes
00:17:03urbains, on est uniquement à 24%. Vous voyez aussi la complexité, c'est-à-dire qu'on a une difficulté
00:17:08d'accès au transport et un éloignement, c'est-à-dire que vous êtes loin et en plus de ça, il n'y a rien qui
00:17:13vous permet de vous rapprocher physiquement de ces opportunités. Donc cet éloignement des
00:17:20transports, il amène à quelque chose qui est assez évident une fois qu'on l'a dit, c'est que la voiture
00:17:25est un indispensable. Les jeunes ruraux ont besoin de véhicules pour se déplacer, la mobilité en zone
00:17:30rurale dépend de l'accès à la voiture, la sienne, quand on est en capacité de conduire, ou celle
00:17:35d'un proche qui est véhiculé, qui vous permet de vous déplacer. Donc ça, c'est 69% des jeunes ruraux
00:17:41qui l'utilisent au quotidien. Par exemple, vous aurez d'autres données dans l'étude qui vous permettent
00:17:44de voir l'amplitude d'horaire moyenne que les jeunes ruraux passent dans la voiture. C'est toujours
00:17:48intéressant de le regarder, c'est toujours assez conséquent à observer. Et le deuxième point qui
00:17:53est important, c'est que des jeunes ruraux qui n'ont pas accès à une voiture parce qu'ils n'ont pas
00:17:58encore le permis, doivent se caler sur les usages de leurs parents. Et avec ça, on peut imaginer, par
00:18:03exemple, sur l'accès à des contenus culturels, que vous n'allez pas demander constamment à ce qu'on
00:18:08vous dépose à tel endroit pour aller voir tel type de cinéma ou de film, ou de vous amener à la
00:18:12bibliothèque, ou de vous amener ailleurs quand vos parents utilisent déjà la voiture pour faire des
00:18:15balanciers domicile-travail. Et donc, vous êtes condamnés, on peut mettre des guillemets dessus, à
00:18:21consommer les mêmes contenus culturels, les mêmes loisirs que ceux de vos parents ou de vos proches.
00:18:26Donc là, on est encore sur une question de reproduction du déterminisme. Le truc qui est,
00:18:31encore une fois, et je suis désolé Victor, je te laisse embrayer derrière, mais à tout ça, il faut
00:18:36ajouter aussi la question du coût de la mobilité. Et ça, c'est aussi un impondérable. C'est-à-dire
00:18:40que vous êtes loin, c'est difficile d'y accéder, il n'y a pas de transport, et en plus, lorsque vous
00:18:45voulez y accéder, vous devez payer très cher pour pouvoir y aller. Et donc, en moyenne, les jeunes
00:18:50ruraux, le budget de transport moyen par mois, il est de 528 euros. Et à l'intérieur de ça, par exemple,
00:18:57à titre de comparaison, c'est 307 euros chez les jeunes urbains. À titre de ça, vous avez à peu près
00:19:0180% qui est dédié à la voiture pour les jeunes ruraux et 24%, donc un quart du budget de mobilité,
00:19:06qui est uniquement sur le carburant. On imagine assez bien dans des contextes géopolitiques ou
00:19:11économiques où le carburant augmente, toutes les conséquences que ça a enchaînent sur la capacité
00:19:15à se déplacer. C'est-à-dire que tout d'un coup, on va se mettre à calculer combien ça coûte d'aller
00:19:19au cinéma, combien ça coûte d'aller voir des proches, combien ça coûte d'aller au travail et
00:19:23d'en revenir. Et avec ça, on va finir par se priver. Et c'est certainement la suite des apprentissages
00:19:28qu'on a. Et là, Victor, si tu veux, je te passe la suite. Mais il va y avoir une conséquence à cet
00:19:33entrave à la mobilité qui va être la privation et le renoncement. Non, sur ce que tu dis, sur cette
00:19:42dépendance à la voiture, je pense que c'est important de le rappeler, effectivement, parce
00:19:44qu'il n'y a pas très longtemps, j'ai été invité à différentes universités d'été, notamment Écolo,
00:19:52mais d'autres. Et c'est vrai que quand on entend les ruraux, s'ils prennent la voiture, c'est qu'ils
00:19:57adorent la bagnole, parce qu'aujourd'hui, le tout vélo est possible. Alors certes, sur certaines
00:20:02typologies de territoire, ça l'est. Mais moi, qui viens aussi d'une petite commune dans le Puy-de-Dôme,
00:20:07quand on leur répond qu'effectivement, même s'il y a des routes praticables, on ne laisserait jamais
00:20:13ses gosses prendre le vélo parce que c'est hyper dangereux. Ça, ils ont du mal à l'avoir en tête.
00:20:19528 euros, tu le rappelais, sur une année, c'est plus de 5 000 par an. Donc, je ne pense pas que
00:20:24ce soit vraiment un amour de la voiture. C'est tout simplement, s'ils veulent avoir une vie sociale,
00:20:27aller étudier, toutes ces choses-là, ils ont une ultra et une extrême dépendance à ce moyen de
00:20:33locomotion. Alors, comme tu le disais, ça amène à plusieurs types de renoncements. Ça amène à des
00:20:41renoncements dans sa vie privée, dans sa vie du quotidien. Ça, on l'a interrogé. Pareil, je vais
00:20:47essayer de ne pas dire trop de chiffres. J'ai vu que Marily avait mis le lien de l'étude. Donc,
00:20:53merci beaucoup dans la conversation. Ça amène à des renoncements privés. On voit que près de la
00:20:59moitié, je crois que c'est 49 % des jeunes que nous avons interrogés, déclarent avoir déjà renoncé
00:21:04à des activités culturelles ou à des loisirs uniquement pour des raisons de transport. Et
00:21:10quand vous regardez ce que nous disent ceux qui vivent dans des communes très peu denses, c'est
00:21:1557 %. On a testé cette question sur tout un tas d'items pour rendez-vous médical, pour aller faire
00:21:22ses courses, pour voir sa famille, toutes ces choses-là. Là encore, je ne vous donnerai pas tous
00:21:26les chiffres, mais c'est près de la moitié à chaque fois. Donc, on voit effectivement qu'il y a des
00:21:30renoncements dans la vie quotidienne qui sont multiples et très importants et coûteux d'un
00:21:38point de vue social. Ça amène aussi à des renoncements dans son orientation scolaire. Pour
00:21:44rappel, alors ça, ce n'est pas nous qui l'avons calculé, mais 70 % des formations post-bac se
00:21:51trouvent dans les grandes métropoles. Donc, ça veut dire que quand vous êtes un jeune rural,
00:21:54que vous avez, et c'est la plupart, pendant très longtemps vécu toute votre enfance dans la même
00:22:00commune, soit à la campagne, soit dans une petite commune, dans une petite ville, décidez de partir.
00:22:07Ça veut dire poursuivre ses études, mais là encore, ça a différents coûts. Ça va avoir un
00:22:12coût sur le portefeuille, parce que quand vous allez dans une métropole, il faut pouvoir se
00:22:17loger. Il y a certaines formations qui sont payantes. Si vous voulez aller voir vos proches,
00:22:21votre famille les week-ends, bien sûr, ça a des coûts de transport. Ça a aussi un fort coût
00:22:28social et ça, on l'a mesuré à travers ce qu'on a appelé un phénomène d'autocensure. Parce qu'en
00:22:33réalité, pour beaucoup qui ont les capacités, les possibilités en réalité d'aller étudier ailleurs,
00:22:39beaucoup ont le sentiment, si vous voulez, que s'ils partent, ils vont être un petit peu
00:22:44considérés comme des traîtres en quelque sorte, parce qu'ils vont se couper de leur famille,
00:22:49qu'ils vont se couper de leurs voisins, de leurs amis d'enfance, qui eux vont décider de rester.
00:22:55Et donc, on va avoir un phénomène d'autocensure qui est très fort au sein de cette jeunesse.
00:23:02D'ailleurs, sans dire qu'il y a une corrélation directe, ce n'est pas anodin de voir,
00:23:07parce qu'on a aussi posé des questions sur les enjeux de santé mentale, parce qu'on sait que
00:23:11c'est central au sein de la jeunesse, pas que de la jeunesse rurale d'ailleurs, au sein de la
00:23:15jeunesse française. Quand on regarde les chiffres, 76% des jeunes que nous avons interrogés,
00:23:23des jeunes ruraux que nous avons interrogés, nous disent avoir traversé des périodes de
00:23:28forte anxiété lors d'une période récente. Et puis un chiffre que j'ai trouvé terriblement alarmant,
00:23:3435% d'entre eux déclarent avoir déjà eu des pensées suicidaires. Donc, on voit bien qu'à
00:23:42cette période de la vie, à ce moment où il faut faire des choix, c'est une jeunesse qui est
00:23:46vraiment traversée par différents maux et qui est souvent très mal accompagnée et très peu informée.
00:23:53Et puis ces renoncements, ça se poursuit, ça se poursuit presque pour toute la vie,
00:23:58puisqu'on l'a vu à travers nos données aussi, il y a beaucoup de renoncements lorsque vous
00:24:04travaillez. Par exemple, 38% de ces jeunes que nous avons interrogés nous disent avoir déjà
00:24:09renoncé à un entretien d'embauche uniquement pour des raisons de mobilité. Donc voilà,
00:24:17on voit bien qu'il y a un triptyque de renoncement, renoncement dans la vie privée, renoncement dans
00:24:21l'orientation scolaire et renoncement dans la vie professionnelle qui crée forcément de très
00:24:27fortes inégalités quand on compare les résultats avec leurs homologues urbains.
00:24:32Si tu les donnais Marie-Elia, je vais devoir réembrayer,
00:24:36j'ai simplement deux, trois compléments, parce qu'on est vraiment au cœur de
00:24:39mandat de Gemins d'Avenir et donc je me permets aussi des compléments. Ce qui est vraiment
00:24:43intéressant, je trouve, parce que l'étude permet, là où elle met des chiffres, là où elle permet
00:24:49du coup de rendre, je pense, beaucoup plus palpable ces enjeux d'inégalité, c'est à
00:24:52quel point la mobilité, en fait, elle façonne le quotidien et les trajectoires des jeunes ruraux.
00:24:57Il y a vraiment quelque chose qui est partagé sur l'ensemble des ruralités, si on peut le dire
00:25:02comme ça, du fait de la faible densité et de l'éloignement des opportunités, des territoires
00:25:08dans lesquels vivent et grandissent ces jeunes. Parce que tout est loin, parce que les transports
00:25:13sont nécessaires et le déplacement est nécessaire pour accéder à un certain nombre de choses,
00:25:16ça va véritablement donner une communauté de destin à ces jeunes-là. Il va y avoir un besoin
00:25:23de se déplacer, un sentiment d'éloignement, un sentiment du coup de ne pas forcément être légitime
00:25:27à aller faire tel type d'études ou à consommer tel type de contenu culturel. On va vraiment se
00:25:31retrouver face à quelque chose qui est profondément systémique, c'est-à-dire que les jeunes ruraux,
00:25:37aussi différents que soient les paysages qui les entourent, aussi particuliers que soient les
00:25:42vallées dans lesquelles ils grandissent, les littoraux dans lesquels ils sont, ils partagent
00:25:45quelque chose, ils ont un vécu collectif et ce vécu collectif est aussi fait d'entrave. Alors l'idée
00:25:50ce n'est pas de dire que c'est uniquement le territoire qui fait ça, c'est-à-dire qu'on voit
00:25:53bien que c'est deux mécanismes qui se nourrissent, c'est-à-dire que d'un côté on a le territoire et
00:25:57la faible densité de ce territoire dans lequel ils grandissent, et de l'autre côté on a la question
00:26:01de la catégorie socio-professionnelle ou du niveau de revenu de la famille qui joue un double effet,
00:26:08donc on va avoir un déterminisme social qui va être aussi nourri par un déterminisme territorial,
00:26:12et donc du coup les deux, se nourrissant l'un et l'autre, produisent une inégalité de destin,
00:26:16une asymétrie aussi des rêves, parce que les jeunes s'autocensurent, qui fait qu'à la fin on
00:26:20se retrouve avec des jeunes ruraux qui, à résultat scolaire équivalent, ne vont pas faire les mêmes
00:26:26choix d'orientation que des jeunes urbains, vont se poser la question différemment de
00:26:30est-ce que c'est possible de partir vivre ailleurs, avant de se poser la question de
00:26:33qu'est-ce que j'ai envie de faire de ma vie. Et ça c'est en cela profondément inégalitaire,
00:26:39de notre point de vue, le territoire dans lequel on est, la famille dans laquelle on est,
00:26:43ne devrait pas déterminer les trajectoires possibles, il devrait y avoir un enjeu de
00:26:47compensation de ces inégalités, un travail de redistribution pour permettre l'accès aux droits
00:26:51équitables à tous ces gens qui vivent en France, pareil que les autres, qui contribuent de la même
00:26:55façon et qui du coup ne devraient pas être déterminés par ça. Ce qui est assez, je pense
00:27:03aussi prégnant sur ce que disait Victor sur les choix de professionnels, c'est aussi la fragilité
00:27:09des situations, on se retrouve avec des jeunes professionnels qui vont avoir un emploi à telle
00:27:15distance de chez eux, faire le balancier, domicile, travail tous les jours pour y aller,
00:27:18et donc calculer sur leur reste à vivre, le coût de l'essence, le coût de l'assurance de la voiture,
00:27:22et toutes les complexités qu'il peut y avoir. Et à côté de ça, on se retrouve à un système qui est
00:27:28souvent, des jeunes ruraux vont refuser de se rendre à des entretiens, vont ne pas continuer
00:27:34dans un emploi parce qu'ils savent que le coût généré par le balancier va être trop important
00:27:39par rapport aux revenus qu'ils vont avoir. Et il y a véritablement, je trouve, une asymétrie entre
00:27:43la réalité vécue par des jeunes ruraux qui s'insèrent en emploi et les politiques d'accompagnement
00:27:47à l'emploi qui sont faites au niveau national. Il y a toujours une rationalité, je crois,
00:27:52dans un choix aussi marqué que celui de refuser un job ou de ne pas candidater, qui est généralement
00:27:57lié à une façon d'exister, à une façon de tenir son budget familial et du coup de ne pas entraver
00:28:02sa vie là-dessus. Donc on a remarqué que ce coût d'accès à l'emploi, ce coût de la mobilité qui
00:28:07détermine l'emploi fait qu'il y a un certain nombre de difficultés à excéder. Peut-être le dernier
00:28:11point, je suis désolé, je termine là-dessus, c'est vraiment sur la question de l'emploi encore une fois.
00:28:14Je crois qu'il y a 70% des jeunes ruraux qui ont répondu à notre question, des plus de 25 ans,
00:28:19donc dans les 25-29 qui sont en emploi, qui estiment avoir de forts risques de perdre leur job si leur
00:28:25moyen de transport actuel était compromis. Et donc on voit là encore la dépendance à la voiture et la
00:28:29fragilité potentielle de toute une économie familiale et de production de valeurs dans les
00:28:35territoires ruraux et qui est extrêmement corrélée à la disponibilité de l'essence, au coût du
00:28:40coût de la voiture et derrière à son inflation potentielle. Merci à tous les deux. Et c'est
00:28:48intéressant parce que je trouve que ça fait aussi écho à la question du vote, puisqu'il y a à la fois
00:28:53un double effet visiblement de diplôme et d'âge qui est beaucoup ressorti sur les questions des
00:28:57dernières élections européennes et visiblement qui se double en partie, même si c'est nuancé à
00:29:02pas mal d'endroits, d'un effet de localisation. Victor, ça me fait le lien avec une autre étude
00:29:08que vous avez faite au niveau de l'Institut Teram et c'est aussi peut-être l'occasion de se pencher
00:29:12sur les pistes de solutions pour engager des politiques publiques qui permettraient d'atteindre
00:29:16une véritable égalité des chances. Et du coup, la question c'est en quoi cette étude a engagé des
00:29:22choses pour vous, dans vos différentes structures, en termes de mise en dynamique autour de cette
00:29:27thématique ? Et là, je donne la parole à l'un ou à l'autre, mais Victor, peut-être que c'est à vous.
00:29:32Très vite sur le vote. Alors effectivement, on a sorti, pour ceux que ça intéresse,
00:29:38ce n'est pas la promo, mais tout est en libre accès sur notre site, une étude de Jérôme Pourquet et de
00:29:42Sylvain Monternach sur « Comprendre la géographie du vote Rennes en 2024 ». Donc, on a sorti ça il y a
00:29:48quelques jours. On avait aussi travaillé justement, non pas pour montrer qu'il y avait des causes,
00:29:54mais plutôt des corrélations entre ces enjeux de mobilité et le vote. Quand on regarde la
00:29:59présidentielle de 2022, chez les jeunes ruraux, le vote pour Marine Le Pen, c'est 39 %. Quand on
00:30:06compare à leurs homologues urbains, c'est 18 %. Et ce qui était intéressant, c'est que quand on
00:30:11met tout cela en perspective, avec par exemple le temps passé dans les transports, on voit que plus
00:30:18vous passez de temps, plus vous votez pour Marine Le Pen. Plus de deux heures, et je rappelle que la
00:30:23moyenne, c'est 2h36, mais plus de deux heures, c'était 49 %, et moins de 30 minutes, c'était 36 %.
00:30:29Pareil, plus vous êtes dans un lieu géographique isolé, plus vous allez avoir tendance à voter
00:30:37pour le Rassemblement national. De mémoire, c'était 46 % dans les hameaux et 34 % dans les
00:30:46petites villes. Alors, bien sûr, à tout cela, il faut ajouter tous les critères socioéconomiques
00:30:52qui, eux aussi, ont un poids très important dans le vote. Mais on voit bien, en tout cas,
00:30:56qu'il existe des corrélations entre le vote et ses enjeux de mobilité, à la fois géographique,
00:31:01mais aussi sociale, comme le rappelait Félix. Sur l'accueil, peut-être juste un mot,
00:31:09nous on a… et peut-être Félix, tu pourras compéter, parce qu'on a fait quand même plusieurs
00:31:13choses. Dans l'espace public, politico-médiatique, ça a quand même beaucoup fait parler. On a eu
00:31:19énormément d'articles dans la presse et ce qui était intéressant, c'est qu'on a eu dans la presse
00:31:24de gauche, dans la presse de droite, dans la presse nationale, dans l'APQR, dans les médias
00:31:28spécialisés aussi. Ça compte beaucoup pour nous, comme le Courrier des mers, la Gazette, etc. Et
00:31:33puis, on a présenté à différents politiques. On était notamment aussi avec Salomé Berlioux,
00:31:39qui allait le présenter devant une douzaine, je crois, 12-13 conseillers à l'Élysée. C'était
00:31:46intéressant parce qu'ils étaient très demandeurs. C'était aussi inquiétant parce qu'on voit bien,
00:31:50comme je vous le disais en préambule, que c'est un angle mort. C'est-à-dire que… peut-être parce
00:31:57qu'aussi ce sont des cabinets en fin de course, mais qu'il y a peu d'idées, peu de réflexions sur
00:32:02le sujet, peu de propositions, qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est-ce qu'on va faire. On voit bien
00:32:09que de toute manière, sur ces sujets, généralement quand vous mettez des politiques publiques en place,
00:32:14qui sont souvent pensées à Paris, appliquées de manière homogène sur l'ensemble du territoire,
00:32:17ça ne marche pas. Quand c'est fait, ça se voit en tout cas sur les enjeux de mobilité au bout
00:32:23d'un certain nombre d'années, souvent 10-15 ans. Il y a beaucoup de politiques qui se disent qu'on n'a
00:32:27rien à y gagner parce qu'on ne sera plus là. Pas tous, bien entendu. Mais on voit bien qu'il y a
00:32:33beaucoup de choses à faire. Et c'est d'ailleurs pour ça que ce rapport pose un diagnostic. C'est
00:32:37ce qu'on voulait faire, vraiment poser un diagnostic sur cette jeunesse rurale et son rapport à la
00:32:41mobilité. On réfléchit à produire un autre rapport, ça serait une étude, une enquête du
00:32:48Cali, du Cantillon, on ne sait pas exactement quoi encore, sur des propositions et qui émaneraient
00:32:53justement de ces jeunes. Parce que justement, tu en parlais Félix tout à l'heure, la ruralité,
00:32:57il existe des ruralités. Quand vous habitez dans le massif central, dans la Drôme ou le long d'un
00:33:02littoral, ce n'est pas la même chose. Mais il y a vraiment cette communauté de destin, et notamment
00:33:06par rapport à tous ces enjeux de mobilité. Je pense que ce serait important de pouvoir leur donner
00:33:10leurs paroles et qu'ils puissent eux-mêmes réfléchir à concrètement ce qu'on peut faire
00:33:14pour que leur quotidien s'améliore par rapport à toutes ces problématiques de mobilité.
00:33:21Moi, je peux enchaîner aussi là-dessus. Je pourrais vous parler de ce qu'on en a fait
00:33:31côté chemin d'avenir, et par ailleurs, c'est entré dans un continuum. Mais juste pour répondre
00:33:35à ce que disait Lydor aussi, je pense que l'ensemble du surtexte qu'on a fait à l'intérieur
00:33:40de l'étude, donc l'introduction, la conclusion, les transitions, et je vous invite du coup à la
00:33:45lire in extenso, bien évidemment, puisqu'on y a passé beaucoup de temps et beaucoup de plaisir,
00:33:48mais aussi parce que c'est un petit peu intéressant. On a essayé de mettre en évidence à quel point
00:33:52cette jeunesse rurale, c'est un angle mort, un impensé, quelque chose d'incompris et de pas
00:33:57forcément assez regardé. J'ai vu qu'il y avait un certain nombre de personnes, et notamment du
00:34:04MRGC aussi dans la salle, je crois qu'on partage ce point de vue-là. C'est-à-dire que la question de
00:34:10la jeunesse rurale, c'est quasiment une erreur de logiciel dès qu'on arrive à un certain niveau
00:34:14de représentation nationale. Les gens ne comprennent pas de quoi c'est fait. Les gens
00:34:18ne comprennent pas quel est ce vécu quotidien. Il y a une véritable mauvaise représentation,
00:34:23et c'est l'enjeu principal, en tout cas, moi, de mes missions sur le plaidoyer chez
00:34:30Chemin d'Avenir. C'est un changement de mentalité qui doit s'opérer. On ne peut pas, nous,
00:34:34l'organisation de la société civile, courir en permanence derrière des conseillers, des ministres
00:34:39qui ont mal pensé une proposition de loi et qui, du coup, n'avaient pas réfléchi à l'application
00:34:43en ruralité. Il faut que dès le départ, quand ils sont seuls face à leur Word, face à leur
00:34:48Slide, face à leur fiche Bristol, ils aient un automatisme intellectuel où, quand ils pensent
00:34:54inégalité des chances, quand ils pensent jeunesse, ils associent immédiatement la question de la
00:34:57ruralité sans qu'on ait besoin de leur souffler, de leur pousser ou de passer du temps à produire
00:35:01des études avec 4 000 répondants. Donc, c'est le fond du sujet, c'est ça. Et c'est là aussi où je
00:35:06pense que c'est extrêmement important. On a tendance à poser constamment le côté, il n'existe que plein
00:35:12de ruralités. On a des difficultés à en faire des diagnostics transversaux et donc, pour ça,
00:35:16il ne faut que des réponses extrêmement localisées. Les réponses localisées sont essentielles. Pour
00:35:21autant, il y a vraiment besoin de travailler à cette compréhension des enjeux collectifs partagés
00:35:25pour qu'on puisse réfléchir à tout ça. Pour vous donner des mises en application concrètes,
00:35:30parce que l'enjeu, ce n'est pas que de poser un diagnostic, c'est aussi de donner un peu d'espoir,
00:35:34il y a énormément de choses qui existent en France menées par des associations locales,
00:35:40par des groupes nationaux, sur des dispositifs privés qui permettent de travailler sur ces
00:35:46enjeux d'assignation à résidence des jeunes ruraux. C'est généralement des petits dispositifs pour la
00:35:51grande majorité et du coup, il y a un enjeu à les faire connaître, à leur permettre de se déployer,
00:35:55à faire en sorte que ça réponde au quotidien et au plus proche des besoins des jeunes. Nous,
00:35:59côté chemin d'avenir, avec ce qui est notre rôle, je crois, à l'intérieur de cet écosystème,
00:36:04on travaille à un niveau plus national sur ce sujet-là de reconnaissance des sujets. Je vous
00:36:10renvoie à un autre rapport qu'on a fait, qui a été remis au ministère de l'Éducation nationale en
00:36:152020, qui s'appelle « Mission, orientation et inégalité dans les zones rurales et les petites
00:36:20villes de France ». Là-dedans, on a tout un volet diagnostique, mais aussi 25 recommandations,
00:36:26préconisations de politique publique. Sur ces 25-là, il y en a trois qui ont été adoptées
00:36:31encore aujourd'hui, qui sont le permis de conduire à 17 ans pour les jeunes ruraux,
00:36:35le plan de mentorat national avec son volet ruralité, qui a donné du coup le plan enjeux
00:36:41d'un mentor, et enfin les territoires éducatifs ruraux, sur lesquels on pourra revenir, qui sont
00:36:46aujourd'hui à la fois très déployés et pas forcément toujours bien compris d'un point de vue
00:36:51national. Ça, c'est le dernier sujet. Deux de ces préconisations de politique publique étaient,
00:36:57pour nous, extrêmement liées à ces questions de mobilité, et n'ont pas été récupérées par le
00:37:02ministère à l'époque. On a décidé, nous, côté chemin d'avenir, de déployer en propre à partir
00:37:08de cette année. En gros, l'idée générale, c'est qu'étant donné que ça n'a pas d'écho national,
00:37:12on a décidé de les déployer nous-mêmes au local pour tester, mesurer, témoigner de ce
00:37:17fonctionnement, pour après les proposer clé en main, bien mesurée, à des collectivités
00:37:21territoriales locales ou du national qui veulent reprendre. Ces deux politiques publiques qu'on
00:37:26met en test, il y en a une qui traite de la question du pass culture. Le pass culture,
00:37:32vous connaissez peut-être tous, c'est un budget qui permet à des jeunes entre 15 et 18 ans de
00:37:37profiter de ressources pour accéder à la culture, qu'importe là où ils sont, et leur niveau
00:37:43socio-économique. Il y a un problème avec le pass culture dans la ruralité, c'est que le pass
00:37:48culture ne permet pas de financer des déplacements, du transport, et donc d'accéder à la culture
00:37:52physiquement. On se retrouve avec des usages du pass culture qui sont très différenciés. En zone
00:37:57urbaine, les jeunes consomment du contenu culturel majoritairement en physique, du cinéma, des
00:38:02concerts, des expos, des musées, là où en ruralité, c'est majoritairement des abonnements OCS,
00:38:08des abonnements Netflix, des livres commandés en ligne, donc manga sur Amazon, ce genre de choses.
00:38:13C'est très bien, il n'y a pas de hiérarchie dans la culture et je trouve que c'est extraordinaire.
00:38:17Il n'empêche que ça joue un rôle, derrière, dans l'inégalité de ces jeunes, de sentiment à ne pas
00:38:22être autorisé à aller au théâtre, de ne pas être autorisé à candidater à telle ou telle formation
00:38:27qui va vous demander votre avis sur tel ou tel contenu culturel que vous auriez consommé. À titre
00:38:32d'exemple, il y a une épreuve encore aujourd'hui pour l'accès aux contenus de sciences au Paris
00:38:36qui demande de commenter une oeuvre d'art, qui n'est pas basée sur des compétences, mais à
00:38:40priori sur des savoir-être. Et si jamais on n'a jamais consommé de contenu culturel, si on n'est
00:38:46pas à l'aise avec l'idée d'exprimer son point de vue là-dessus, on se retrouve bien évidemment
00:38:49discriminés dans ces formations sélectives. Sur l'année 2024-2025, on accompagne cinq
00:38:54établissements dans différents types de ruralité, dont une classe témoin, qui vont consommer du
00:39:00contenu culturel via le pass culture, et dont nous finançons tous les enjeux de mobilité associés
00:39:04à des budgets de transport. Ce sera évalué, bien évidemment, à la fois en Cantiers et en Cali.
00:39:08Cantiers, avec le faible volume de jeunes, ça ne donnera pas des apprentissages généraux,
00:39:12mais le Cali nous permettra d'avoir quelque chose de très pointu là-dessus. Et la seconde
00:39:18politique publique qu'on est en train de tester, en tout cas le prototype de politique publique,
00:39:22c'est une expérience de la mobilité des jeunes, donc du cours ruraux et de QPV, au cours de l'année.
00:39:28En gros, nous, on se base sur le fait qu'expérimenter la mobilité quand on est jeune,
00:39:32avant la terminale, ça permet derrière d'avoir beaucoup plus de chances de se sentir légitime
00:39:36à le faire. Il y a un certain nombre de générations pour en parler. Et l'idée,
00:39:39là, c'est de travailler à ça et à la cohésion sociale au niveau national. On va jumeler deux
00:39:46classes. Il y a deux classes qui sont jumelées, une à Marseille, dans les quartiers nord,
00:39:49et une à Clamsy, dans la Nièvre. Et ces deux classes vont être jumelées sur l'ensemble de
00:39:55l'année scolaire. Ils vont pouvoir correspondre les jeunes avec les jeunes, les enseignants avec
00:39:59les enseignants, et deux voyages seront organisés. À un moment, les jeunes de Clamsy iront à Marseille,
00:40:04et les jeunes de Marseille iront à Clamsy. Et l'enjeu derrière, c'est d'avoir vraiment cette
00:40:08question à la fois de l'expérience de la mobilité, de la découverte d'un territoire qui nous paraît
00:40:12extrêmement exotique, et du coup, de pouvoir se projeter là-dedans. Et donc, c'est des classes
00:40:16de secondes, potentiellement avec un espoir que ça démouche sur des stages de secondes dans un
00:40:21territoire ou dans l'autre. Et derrière, ça permet aussi de tisser des liens entre des
00:40:25milieux qui sont régulièrement mis en opposition, qui sont régulièrement poussés dos à dos dans
00:40:33l'espace politique et médiatique. Et donc, nous, on essaie de travailler à cette cohésion nationale
00:40:37beaucoup plus avec cette expérimentation-là. Voilà. Donc ça, c'est les deux trucs qu'on est
00:40:40en train de tester. On aura des résultats d'ici fin 2025. On vous en reparlera à ce moment-là.
00:40:45C'est super intéressant. Merci. En plus, vous avez même tenu le timing,
00:40:50donc c'est parfait. Je vois qu'il y a déjà une question dans le chat. Corinne Lacombe,
00:40:55si vous voulez la poser, ouvrir le micro et la poser. Sinon, on ouvre un temps,
00:41:00de toute façon, d'échanger de questions. Oui. Là, vous y avez un petit peu répondu.
00:41:06Ça rejoint, bonjour Corinne Lacombe, La Poste, sur l'inclusion numérique et sociale. Oui,
00:41:12c'est sur l'identification dans votre étude d'innovation, d'expérimentation en territoire,
00:41:19parce que là, effectivement, au niveau des politiques publiques nationales, je partage,
00:41:22ce n'est pas évident. Donc, des expérimentations en territoire sur l'amélioration de l'accès à la
00:41:27mobilité, justement, en faveur de ces jeunes. Alors là, vous avez un petit peu répondu,
00:41:32là, sur... Effectivement. Mais dans cette étude-là, est-ce qu'il y a des choses qui remontent ou que
00:41:37vous n'avez pas pris en compte, sinon, parce que ce n'était pas l'objet de l'étude ? Moi,
00:41:42je peux donner deux ou trois éléments au tout départ et après, docteur, je te laisse. Mais
00:41:44je commençais en introduction avec ça. Ce dont on manque cruellement sur cette population,
00:41:52que sont les jeunes des rurales et des petites villes, c'est de donner de connaissances,
00:41:55d'appropriation du diagnostic initial. Donc, l'objet qu'on avait, qui était derrière cette étude,
00:42:00c'était déjà de faire la part belle à cette connaissance et de permettre qu'il y ait une
00:42:04meilleure compréhension de ce qui se joue. Du coup, on a plutôt décidé de mettre les solutions dans
00:42:10un deuxième volet, qu'on s'apprête potentiellement à produire avec Terram ou potentiellement d'autres
00:42:16acteurs en plus. Il y a énormément de choses en local. Je serais incapable de toutes les lister
00:42:22et je trouverais ça un peu déloyal d'en citer quelques-unes et pas d'autres. Du coup, on pourrait
00:42:26en rediscuter en parallèle. Il n'empêche que c'est un... L'approche générale qu'on nous sert
00:42:32habituellement, c'est on ne va pas construire un musée du Louvre dans les 36 000 communes de France.
00:42:35Donc, si on parle uniquement d'accès à la culture, par exemple, on ne va pas mettre la sorbonne
00:42:39partout. Donc, il y a un véritable enjeu, je crois, à ne pas pousser l'idée que l'enjeu, c'est que les jeunes
00:42:46des zones rurales partent ou que c'est l'enjeu que les jeunes des zones rurales restent, mais véritablement
00:42:51penser la mobilité comme une autorisation à partir, une autorisation à revenir, que les territoires soient
00:42:56attractifs plutôt qu'en position de rétention et que du coup, toute la responsabilité ne repose pas
00:43:02sur les épaules des jeunes et que les jeunes puissent choisir qu'un porte-froid dans lequel
00:43:06ils grandissent, ce qu'ils ont véritablement envie de faire et sans pour autant suivre tout le reste.
00:43:10Partiellement répondu, Corinne, je suis confus. Non, non, non, mais merci beaucoup. Je suis en train de
00:43:16penser à faire venir les services. L'éducation est une bonne entrée. Je pense au campus INOV aussi,
00:43:21des universités. Enfin, bon, il y a de quoi faire effectivement avec l'entrée éducation.
00:43:25Et je pense que La Poste, pour revenir, vous êtes un des rares acteurs à avoir une obligation de
00:43:30proximité. Et donc, du coup, vous êtes nécessairement un réseau assez intéressant.
00:43:34On peut en reparler intérieurement, effectivement. Merci.
00:43:39Peut-être, alors pas pour compléter, parce qu'effectivement, tu l'as dit Félix, le problème,
00:43:45c'est quand vous faites des enquêtes comme ça, un peu d'expérience, quand vous faites à la fois
00:43:48le diagnostic et les solutions, propositions, l'espace public ne va traiter qu'une chose et ce
00:43:53qui est bien dommage. Donc, c'est bien, souvent, effectivement, on préfère commencer par un
00:43:56diagnostic, le sujet comme ça émane dans le débat public et ensuite, on peut arriver avec des
00:44:00propositions, des recommandations plus précises. Néanmoins, effectivement, moi, quand j'ai pu
00:44:05discuter avec des acteurs locaux, des collectivités, des élus, tous ces gens-là qui connaissent pour le
00:44:11coup vraiment bien ces problématiques, effectivement, comme tu disais Félix, il y a pas mal de choses qui
00:44:18se passent. Moi, ce qui m'intéresse notamment, c'est tout le côté innovation. Vous le savez
00:44:23certainement, mais toutes les navettes, ce n'est pas vraiment mon sujet, mais qui sont guidées par
00:44:29l'intelligence artificielle, autonome, qui permettent d'aller dans des zones. Justement,
00:44:32on parlait tout à l'heure des transports, des jeunes qui étaient mal desservis par les transports
00:44:38en commun. C'était 53 % pour les bus et 64 % de mémoire pour les trains. Mais il faut savoir aussi
00:44:45que dans des communes très peu denses, notamment sur des territoires montagnards, il n'y a pas du
00:44:48tout d'arrêt de bus. Ou alors, il faut faire des kilomètres et des kilomètres parce que tout
00:44:51simplement, le bus ne peut pas accéder dans le territoire dans lequel vous êtes. Donc,
00:44:56effectivement, il y a notamment des entreprises privées qui sont en train de financer ce type
00:45:04d'expérimentation et de projet pour voir justement de quelle manière des navettes autonomes qui
00:45:09pourraient prendre entre 5 et 10 personnes pourraient répondre à cette demande. Pour
00:45:15rappel, un jeune pour aller au collège dans la ruralité, c'est en moyenne 11 kilomètres par
00:45:20jour et ce n'est pas l'autoroute pour y aller. Et pour aller au lycée, en moyenne, c'est 22
00:45:26kilomètres. Donc, on voit bien qu'il y a une demande très importante et que par rapport à tous
00:45:32ces enjeux de mobilité, il faut que les pouvoirs publics, à la fois, aient une vision et donnent
00:45:36plus de moyens aux collectivités. Je vois une question de Cécile Dublanche dans le chat. Si
00:45:46vous voulez ouvrir votre micro pour la poser, sinon je peux vous en faire le relais. C'est
00:45:52autour de la question du genre. Je n'ai pas de caméra. Bravo pour cette étude très intéressante
00:46:00et qu'on a envie d'éplucher dans le rapport. Je voulais savoir si vous avez regardé la question
00:46:06des filles et des garçons, s'il y a des changements, des différences quand même de comportement ou de
00:46:10besoin dont vous n'avez pas eu le temps de nous présenter là. Mais est-ce que dans votre étude,
00:46:15il y a cette distinction ? C'est une très bonne question et ça nous a donné pas mal de cheveux
00:46:23blancs avec Victor au moment de l'épluchage des données. Elle a été abordée à certains endroits
00:46:32où les données étaient particulièrement et précisément marquées. Il n'empêche qu'il y
00:46:36aurait tout un travail à refaire en réépluchant les données à l'aune de cette perspective-là et
00:46:41je pense que ça pourrait vraiment faire l'objet d'un travail complémentaire. Je ne sais pas où
00:46:46ça en est, Victor, mais on parlait de rendre disponibles les données brutes de l'étude pour
00:46:51permettre à un certain nombre de personnes de s'en saisir. Je pense que c'est aussi la possibilité
00:46:55de s'en ressaisir par d'autres organisations qui sont beaucoup plus spécialisées sur les enjeux
00:46:59d'égalité femmes-hommes et donc filles-garçons potentiellement dans cette configuration. Je
00:47:04pense que c'est beaucoup plus éclairant que ce que nous, on peut en apporter. En revanche,
00:47:08je peux vous dire… Pardon, je suis désolé, j'ai coupé la parole.
00:47:11Oui, ça serait très important et c'est bien déjà que vous ayez cette possibilité d'accès parce que
00:47:15pendant longtemps, c'est une grosse critique de la politique de la ville justement où on parle des
00:47:20jeunes et on sait qu'il y a quand même beaucoup de différences de jeunesse et puis entre les filles
00:47:24et les garçons, ce n'est pas du tout les mêmes besoins, les mêmes comportements et du coup,
00:47:28ça induit des biais quand même et du coup, ça serait important. Bien sûr, on ne peut pas tout
00:47:32faire d'un coup et merci en tout cas d'avoir pris la capacité de pouvoir l'analyser peut-être par
00:47:37d'autres ou plus tard, mais c'est quand même un sujet qui est très important, je pense.
00:47:40Je pense qu'on est 100 % d'accord là-dessus et je pense qu'en vérité, chaque sous-critère
00:47:47spécifique, donc femme-homme, c'est l'évidence absolue et il faudrait l'analyser en priorité,
00:47:52mais il y a aussi les questions par tranche de revenus ou de faire des focales aussi sur la très
00:47:56faible densité. Ce seraient des éléments qui seraient d'autant plus intéressants aussi à
00:48:00creuser. Il y a des analyses spécifiques à en faire, il y a du contenu spécifique à en tirer
00:48:05et au même titre qu'on n'a pas pu traiter spécifiquement chaque tranche d'âge à l'intérieur
00:48:09de la jeunesse, puisque 15-29 ans, on a globalement trois grosses phases de la jeunesse qui sont 15-18,
00:48:14collège-lycée, ensuite on enchaîne sur les études supérieures avec du 20-25 et on embraye avec
00:48:19l'insertion de pros sur du 25-29. Il y aurait possibilité de creuser plus en détail chacune
00:48:23de ces focales-là et d'en tirer des enseignements extrêmement importants. Je me permets de renvoyer
00:48:27vers au moins trois sources pour ce sujet, le travail de Yaël Ansemengui qui s'appelle les
00:48:33filles du coin et que je ne peux que vous recommander, le second qui est une étude qui a
00:48:39été faite par le Labo de la mobilité dans lequel il y avait le secours catholique qui est à la
00:48:44manœuvre initiale et qui a testé spécifiquement sur des cibles plus particulières et qui a notamment
00:48:50un chapitre sur les femmes et enfin le troisième auquel je pensais, c'est une évidence pour
00:48:56un certain nombre de personnes qui sont autour de la table mais qui sont les travaux de Benoît
00:48:59Coquart sur ce qui reste et notamment sur la différenciation genrée d'un certain nombre de
00:49:05choses et notamment des tâches du foyer qui induisent aussi un non-accès à un certain
00:49:11nombre de choses, de lieux de socialisation, de socialisation collective, etc. Un des éléments
00:49:17qu'on voyait dans l'étude et qui était les plus marquants, c'était à partir du moment où les
00:49:21jeunes filles en ruralité s'insèrent sur le marché de l'emploi ou tombent à une phase où elles
00:49:26veulent avoir des enfants, au moment où elles commencent à se mettre en couple pour avoir des
00:49:29enfants, n'expriment plus les mêmes envies en termes de mobilité et donc on peut avoir là le
00:49:34poids d'un certain nombre de différenciations genrées, des tâches intrafamiliales ou du coup
00:49:39une pratique sociale collective qui fait qu'il y a moins de désir de partir à l'étranger parce
00:49:45qu'on sait qu'il va falloir à ces âges-là s'installer en couple, potentiellement avoir des
00:49:49enfants, créer un budget à l'intérieur de la famille, une économie familiale, c'est le premier
00:49:53point et donc là aussi on a tout un focus sur la mobilité internationale et le souhait de mobilité
00:49:57internationale qui évolue avec le temps et avec le genre et la même chose sur la socialisation et le
00:50:03sentiment d'avoir une vie sociale épanouie où on a fait un focus spécial sur la question du coup des
00:50:08jeunes filles ou des femmes avec une véritable évolution à partir du moment où il y a du coup
00:50:14une mise en couple et qu'on se retrouve avec des hommes qui sont beaucoup plus à l'extérieur et
00:50:18qui ont une vie sociale qui est beaucoup plus importante, là où les femmes ont tendance à
00:50:22avoir une vie sociale qui est moins importante au fur et à mesure du temps, supposément par l'analyse
00:50:26des textes et des données dues à des responsabilités familiales un peu plus importantes, ou beaucoup
00:50:33plus parfois. Victor, tu veux compléter ? Non, tu te dis que ça dit beaucoup de choses, effectivement on l'a
00:50:39abordé, je me souviens quand on réfléchissait au sujet justement dans cette première rencontre qu'on
00:50:44voulait traiter à travers cette étude, on s'était demandé si on n'était pas uniquement un focus
00:50:49sur les femmes, on l'aborde si ou là à plusieurs reprises quand même dans l'étude, ce qui est
00:50:55intéressant c'est de voir que, tu en parlais Félix, quand on interroge sur la désirabilité de rester
00:51:03ou de partir, de rester sur son territoire ou de partir, les femmes sont plus nombreuses à vouloir
00:51:08partir quand on prend la moyenne globale, par contre effectivement plus l'âge avance, plus ça
00:51:13diminue, et simplement ajouter quelque chose sur le fait de rester ou de partir, ce qui est
00:51:18intéressant c'est de voir en fait que ce sont en réalité les plus aisés qui souhaitent absolument
00:51:25rester dans le territoire dans lequel ils vivent, quand ils viennent de la ruralité, c'est à dire
00:51:30ceux qui sont propriétaires, ceux qui ont plusieurs voitures, ceux qui ont une vie sociale assez riche,
00:51:37ce sont vraiment ces personnes là qui ne souhaitent pas partir, quand à l'inverse,
00:51:43quand on compare avec des personnes qui ont des revenus plus modestes, ne sont pas propriétaires,
00:51:46etc., eux ont ce désir très prégnant justement de découvrir d'autres territoires, ce qui peut
00:51:52d'ailleurs poser problème parce que pour ceux qui souhaitent aller dans des villes moyennes ou des
00:51:55plus grandes villes, le coût de la vie est souvent encore plus cher. Super, merci à vous, donc je
00:52:03repars dans le chat puisque je vois qu'il y a pas mal d'échanges qui se passent. Antoinette,
00:52:08vous aviez une intervention, une question, si vous voulez ouvrir votre micro. Oui, bonjour à
00:52:16tout le monde. Donc, dans le chat, d'abord les constats que vous avez faits, nous on a fait le
00:52:24choix avec mon mari de venir vivre en ville rurale il y a 40 ans et tous les constats que vous faites,
00:52:28je suis contente de les voir sortir, c'est des constats qu'on a faits avec nos enfants et les
00:52:36copains de nos enfants. Bon, par contre, on a monté un Sylvain qui travaille sur les questions
00:52:41de mobilité dans notre stude du Tarn et on est sollicité en particulier par les collèges pour
00:52:48l'accès au stage 3e et comme je dis dans le chat, moi j'ai vu les amis de nos enfants qui ne faisaient
00:53:00leur stage 3e que chez la tente parce qu'ils n'avaient pas accès à un logement ailleurs.
00:53:05Bon, vous savez sûrement tout ça et je voulais savoir s'il y a des solutions qui ont été proposées
00:53:11parce qu'on essaye de travailler, de proposer des choses mais c'est très compliqué parce que les
00:53:16jeunes sont mineurs. Donc, toutes les solutions de covoiturage, ça bloque, etc. Je voulais savoir
00:53:22si vous connaissez des expérimentations par rapport à ça. Je peux vous parler de ça parce
00:53:28qu'on s'est un peu cassé les dents sur la question du stage de seconde plus particulièrement. Donc,
00:53:35stage de 3e, on travaille pas mal pour les jeunes qui sont accompagnés par Chemin d'Avenir à
00:53:40financer des bourses de mobilité qui leur permettent d'accéder à des stages, d'avoir
00:53:44accès à un logement, etc. Pendant la durée de ce stage aussi et de pouvoir trouver le stage déjà
00:53:51et après pouvoir financer le coût d'accès. Mais je n'ai pas de connaissances de dispositifs
00:53:55généralisés qui sont un peu partout. Je pense que c'est véritablement un problème, c'est que
00:53:59cette politique publique et à fortiori celle du stage de seconde, et je vais revenir dessus plus
00:54:03particulièrement derrière, ont été pensées dans un bureau parisien sans se poser la question de la
00:54:08réalisation dans des territoires où c'est compliqué et où la disponibilité horaire des parents ou des
00:54:15services publics locaux à amener les jeunes à tel endroit ou à tel autre pour qu'ils puissent
00:54:18réaliser un stage n'a jamais été pensé. Et donc on se retrouve avec effectivement ce truc où des
00:54:23jeunes vont en gros faire un stage ou à un endroit où ils sont capables d'y aller le matin et de
00:54:28revenir le soir tout seuls, donc en transport en commun, ou ils vont dans la boîte de leurs parents
00:54:32s'il y a ce genre de dispositif prévu parce qu'ils montent dans la voiture et leurs parents on les
00:54:36amène et on les ramène le soir et c'est réglé. Et donc en termes d'ouverture sur des métiers qu'ils
00:54:40ne connaissaient pas, on rate un peu le coche quand même. Et le dernier point c'est ou alors ils sont
00:54:45tous à l'intérieur du village dans lequel ils sont et il y a une concurrence qui s'opère entre les
00:54:49jeunes de la même génération pour choper le stage au tabac, pour choper le stage au snack, pour avoir
00:54:54le moyen d'avoir telle ou telle chose. Donc ça c'est un vrai un vrai élément et en plus de ça si
00:54:58on rajoute l'inégalité des chances qui est induite par les stages de troisième qui est que ça n'a de
00:55:02valeur et ça n'a d'impact sur les jeunes que si ils ont un tiers à qui ils peuvent en parler le
00:55:07soir et débriefer de ce genre de choses, on se retrouve avec quelque chose qui ne fonctionne
00:55:11vraiment pas quoi. Donc une fois qu'on s'est dit ça, il y a eu le stage de seconde qui a été
00:55:16implémenté en novembre dernier. Donc en novembre on a dit que tous les jeunes de seconde devaient
00:55:21faire un stage de deux semaines sur le mois de juin, de la mi-juin à la fin juin je crois,
00:55:26au début juillet, mi-juillet. Et tous les jeunes de seconde de France se sont retrouvés dans la
00:55:30même situation au même moment. C'était la même chose en pire, c'est-à-dire qu'on s'est retrouvés
00:55:35avec besoin de trouver pour, je te promets il y a des centaines de milliers de jeunes en seconde
00:55:39de France en même temps, mais il fallait faire en sorte que les jeunes puissent trouver un stage,
00:55:43que ces stages les prennent pendant deux semaines, que ce stage soit non rémunéré et qu'en gros on
00:55:46puisse pas les loger ailleurs que chez eux parce que s'ils sont des jeunes et en regroupement
00:55:50collectif ça tombe sous le pouls d'un séjour collectif pour mineurs et donc en gros c'est
00:55:55colonie de vacances ou rien. Donc c'est extrêmement compliqué d'organiser ça,
00:56:00nous on a tenté côté chemin d'avenir de trouver des parades à ça et en fait on s'est retrouvés
00:56:04face à une difficulté d'exécution assez folle, donc on a décidé de réorienter vers d'autres
00:56:12dispositifs qui existaient plutôt que de créer un dispositif ad hoc qui nous paraissait non
00:56:16performant et donc on repart cette année avec des nouvelles idées, mais je sais qu'il y a
00:56:20un certain nombre de structures qui ont décidé de faire des stages à distance qui semblent pour
00:56:24l'instant être la seule solution qui permet de répondre au volume de jeunes en seconde en ruralité,
00:56:28c'est je trouve problématique en termes d'égalité des chances, on n'est clairement pas à quelque chose
00:56:33de parfait et donc il s'agit de trouver, d'inventer de nouvelles façons de faire, à minima de ne pas
00:56:37laisser un week-end au milieu de deux semaines pour des jeunes qui du coup seraient loin de chez
00:56:41eux et avec tous les frais pour leur famille, pour pouvoir leur payer le logement, la nourriture, le
00:56:46coût de la vie sur place et tous les enjeux de sécurité qu'on peut imaginer aussi. Je suis un
00:56:50peu remonté contre cette politique publique vous l'aurez entendu. On ne l'aurait pas soupçonné,
00:56:54Victor tu as un complément ? Je pense qu'on est parfaitement raccord avec ce que vient de dire Félix.
00:57:02Ok ça marche, Christophe si tu veux poser ta question.
00:57:05Oui pardon, je l'avais posé dans le chat, il s'agit juste en fait pour moi, parce que je n'ai pas le
00:57:16temps de confronter votre étude, de savoir si vous aviez des données aussi, des questions qui
00:57:20portaient sur le bien-être ou la satisfaction de la vie pour ces deux catégories de population,
00:57:26justement les urbains et les ruraux, parce que ça me paraît intéressant aussi de se poser la
00:57:31question du rapport qu'il peut y avoir entre le bien-être et les problèmes éventuels de mobilité.
00:57:38Alors c'est une excellente question et ça permet aussi d'avoir un peu de positif parce qu'on dresse
00:57:47un portrait assez noir, alors qu'on sait bien dans la réalité il y a beaucoup d'environs qui
00:57:52n'échangeraient pour rien au monde leur territoire. On a notamment posé des questions sur la vie
00:57:59sociale. Est-ce que vous estimez avoir une vie sociale riche ou pas ? Et ce qu'on observe, ce
00:58:05qui est assez intéressant, c'est que ce sont les jeunes ruraux qui sont les plus nombreux à répondre
00:58:09par l'affirmatif. C'est 71% des jeunes ruraux que nous avons interrogés qui disent avoir une vie
00:58:14sociale riche, contre je crois de mémoire que c'est 65-66% pour leurs homologues urbains.
00:58:21Donc ça veut dire que le fait d'être dans un territoire où tout le monde se connaît,
00:58:27où malgré tout vous êtes hyper content d'aller dans une association, d'aller voir vos copains sur
00:58:34le terrain de foot, de connaître vos voisins, d'aller quand il en reste malheureusement mais
00:58:39dans des commerces de proximité et que voilà vous connaissez ceux qui tiennent ça, ça apporte
00:58:45quelque chose dans la vie de ces jeunes. Alors qu'on pourrait croire que c'est plutôt les jeunes
00:58:49urbains qui ont accès facilement au cinéma, à des scènes musicales, toutes ces choses-là. En tout
00:58:57cas beaucoup d'activités culturelles. On pourrait penser naturellement que ce sont eux qui vont
00:59:01répondre le plus oui à cette question et en réalité c'est bien le contraire. Donc on voit
00:59:07bien qu'il y a des entraves à cette mobilité. Ils sont d'ordre géographique mais aussi social mais
00:59:15que pour autant dans la vie de tous les jours, beaucoup de ces jeunes malgré tout disent avoir
00:59:22une vie qui leur convient au niveau de la relation sociale. Alors c'est là où moi je
00:59:28rajoute une couche de modération là-dessus. Même si on est d'accord sur les chiffres et les
00:59:33jeunes, je remets absolument pas. L'idée n'est pas du tout de remettre en cause le fait que les
00:59:37jeunes soient heureux ou pas heureux en réalité. La question c'est véritablement des enjeux d'accès
00:59:41au droit et d'égalité entre citoyens et donc ce sondage qu'on a fait est un sondage où on a
00:59:48posé des questions à des jeunes. C'est-à-dire que c'est eux qui répondent à l'aune de leur
00:59:51propre ressenti et donc les jeunes en ruralité estiment être plus à l'aise là où ils sont,
00:59:56sont plutôt enclin à vouloir rester vivre en ruralité. Je crois que c'est 63% des jeunes
01:00:01interrogés disent quand ils viennent de ruralité vouloir rester en ruralité. Là où chez les
01:00:05jeunes urbains, on est sur une répartition quasiment équivalente entre petites villes,
01:00:09grandes villes, zones rurales, étrangers. Vous retrouverez les chiffres mais globalement c'est
01:00:13un quart, 20% partout et 14% pour l'étranger. Le point qu'il y a derrière ça c'est que
01:00:20un travail de recherche qui serait beaucoup plus abouti et qui prendrait beaucoup plus de temps
01:00:25d'analyse et de comparaison de ces questionnaires-là aurait potentiellement plus tendance à modérer ces
01:00:29résultats-là sur la question du bien-être, du plein accomplissement. Les données qu'on a,
01:00:35c'est un instantané de jeunes et quand on demande à quelqu'un s'il est heureux,
01:00:37il a plutôt tendance à répondre majoritairement oui et donc il faut je crois aussi au-delà de
01:00:45ces données ne pas invisibiliser le besoin de compensation et d'équitabilité pour les jeunes
01:00:51qui grandissent dans les zones rurales et c'est pas parce qu'ils sont heureux qu'ils sont pleinement
01:00:55épanouis ou en tout cas qu'ils ont pu tout choisir. Il y a un certain nombre d'autres études qui
01:00:59démontrent qu'il y a pas mal de choses où à la fin on est heureux aussi parce qu'on s'auto-censure
01:01:04dans les choses qu'on aurait pu faire et à la fin on se retrouve à se contenter de ce qui est
01:01:09ok et disponible. Donc bien évidemment vivre en ruralité est quelque chose qui apporte énormément
01:01:14de choses, qui permet un plein épanouissement et qui est je crois souhaitable pour ceux qui ont
01:01:20envie de le faire. Pour autant c'est la dimension du choix qui à mon avis est extrêmement importante
01:01:24et qu'il ne faut pas invisibiliser derrière des chiffres qui présentent le fait que pour les
01:01:29jeunes ruraux potentiellement tout va bien. Tu as parfaitement raison Fénix et d'ailleurs je
01:01:35parlais de la vie sociale, on peut estimer avoir une vie sociale riche et pour autant ne pas être
01:01:38heureux, épanoui etc. D'ailleurs quand on regarde toutes les données justement, j'en parlais un
01:01:44petit peu tout à l'heure mais c'est plus explicité dans l'étude, sur la santé mentale de ces jeunes
01:01:49ruraux notamment c'est très alarmant. Mais en tout cas au niveau de la vie sociale c'est vrai
01:01:54que je trouvais ça intéressant de voir quand même que ces jeunes ruraux étaient plus nombreux à
01:01:57estimer avoir une vie sociale riche que leurs homologues ruraux. On a passé le cap fatidique des
01:02:0314 heures et donc il y a pas mal de gens qui doivent nous quitter. Thibaut je te rends peut-être le micro pour un mot de la fin.
01:02:09Merci infiniment pour ce café de campagne, merci Marélie pour la préparation et l'animation, merci
01:02:15Félix et Victor. Sur les derniers propos de Félix, je plus sois totalement à ce que tu dis, c'est en
01:02:23effet un phénomène complexe la notion de bonheur, de se sentir heureux dans un territoire, ça me fait
01:02:29faire le lien avec le prochain café de campagne qui aura lieu le 24 octobre prochain qui sera sur
01:02:35les questions de convivialité. Comment la convivialité est elle aussi un facteur de structuration, de lien
01:02:44social et in fine de bonheur et dans nos territoires ruraux, cette question de la convivialité n'est
01:02:50pas neutre parce qu'elle permet aussi de faire du lien avec les gens avec lesquels on n'est pas
01:02:54forcément toujours en lien. La question du cloisonnement est peut-être un peu moins importante
01:02:59dans nos territoires ruraux qu'elle l'est dans les territoires urbains. En tous les cas, je l'introduis
01:03:04comme ouverture à ce prochain débat café de campagne qui aura lieu le 24 octobre, je vous invite à vous
01:03:09y inscrire rapidement. Merci infiniment en tous les cas pour ce premier café de campagne réflexif un
01:03:16peu au sens privilégié et où on a pris de la hauteur de l'analyse surtout sur ce phénomène de la
01:03:25mobilité et plus généralement sur les questions d'ultra-ruralité. Merci Victor, merci Félix, à très
01:03:30bientôt sur le chemin d'une société meilleure, plus juste, un peu plus éclairée on l'espère.
01:03:34Merci à toutes et à tous, faites attention à vous, marchez à l'ombre, il fait frais, couvrez-vous et
01:03:40surtout à très très bientôt.

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