Café de Campagne #31 TRANSITION ENERGETIQUE ET RURALITES

  • il y a 2 mois
Quelles sont les énergies qui façonneront notre paysage énergétique demain ? En quoi les territoires ruraux sont-ils au cœur de la transition à mener et quels rapports envisager dans les liens énergétiques Ruraux - Urbains ? Quelles sont les conséquences de la loi d’Accélération de la Production des Énergies Renouvelables (APER) pour les collectivités ? Comment concilier enjeux de production de l’énergie et de protection des milieux agricoles et naturels ?

Nous aurons la joie de recevoir 3 intervenants :

- Yohann Didier, Consultant et facilitateur, spécialiste de la transition énergétique citoyenne, membre du Conseil d’administration de l’association Negawatt,
- Serge Delfils, maire de Blamont, commune de 1224 habitants dans le département du Doubs, secrétaire de l’AMRF 25 et membre de la commission Transition écologique,
- Samuel Le Berre, gérant d’Aezeo, entreprise spécialisée dans le développement des énergies renouvelables et de l'autonomie énergétique (études de projets et formations).

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00:00Après la grande phase de la métropolisation, c'est peut-être le temps de la ruralité qui est en
00:07train de s'ouvrir. C'est des solutions finalement coûteuses pour la collectivité mais toujours à
00:14chaque fois pleines de bon sens en fait. Moi je crois pas qu'il y ait une ruralité. La ruralité
00:20ça se conjugue en pluriel. Les cafés de campagne avec INSIT.
00:25Pardon, j'ai été perturbé par le recording in progress. Donc voilà, un modèle énergétique qui
00:43est encore essentiellement tourné autour des énergies non renouvelables fossiles et fossiles,
00:49à plus de 80%. En fait, c'est pas du tout un secret, mais bien sûr, les énergies fossiles
00:58ont un impact énorme sur le changement climatique et donc les émissions de gaz à effet de serre.
01:06Donc c'est un enjeu majeur de pouvoir réduire la consommation des énergies fossiles, sachant
01:15que s'il y a une double problématique autour des énergies fossiles, c'est évidemment la question
01:21du stock et la question du climat. Donc la question du climat, on l'a abordé rapidement,
01:25mais la question du stock c'est qu'on nous parle souvent du pic de production, notamment des
01:31pétroles. Pour le coup, il est probablement derrière nous, mais il y a encore des découvertes
01:38de nouveaux puits qui font que les quantités dont on va avoir à disposition sont encore
01:47considérables et il faut absolument qu'on laisse dans le sous-sol ce carbone fossile qui, si on le
01:54remet dans l'atmosphère, nous amène sur des trajectoires qui sont juste intenables, clairement.
02:00Donc typiquement, ce qu'on peut entendre s'adapter à plus 4 degrés, c'est juste pas comprendre la
02:05problématique, c'est qu'il faut absolument gagner tous les dixièmes qu'on peut et donc travailler
02:12d'abord l'atténuation pour ensuite travailler l'adaptation. Negawatt s'est penché depuis plus
02:20de 20 ans sur des scénarios qu'ils ont actualisés tous les cinq ans et qui sont basés autour d'un
02:25triptyque sobriété, efficacité, énergie renouvelable. Le premier enjeu, c'est de faire
02:32descendre la demande par les actions de sobriété, par les actions d'efficacité et une fois qu'on a
02:38réduit cette demande, on peut imaginer la satisfaire par les énergies renouvelables. Aujourd'hui,
02:43en fait, on voit qu'il y a une superposition de l'ensemble des outils de production, ce qui
02:49veut pas dire qu'il faut réduire la cadence, c'est qu'aujourd'hui les énergies renouvelables
02:56ont atteint des niveaux de performance économique et industrielle qui font que c'est les énergies les
03:03moins chères à installer aujourd'hui, même avec les solutions de stockage et d'équilibrage de réseau
03:10au niveau de la fréquence, au niveau de tout ça. Malgré aussi leur variabilité, aujourd'hui le
03:21scénario négaWatt amène un scénario 100% renouvelable à l'horizon 2050 et c'est basé sur
03:28trois sous-scénarios, donc un scénario de transition énergétique d'une manière générale, il y a un
03:34scénario agricole et il y a un scénario matière qui vient justement consolider les perspectives,
03:42les hypothèses pour être sûr que du coup on ne s'avance pas dans des options où on n'aura pas
03:51les ressources pour mener à bien ce qu'on imagine. Ok, merci pour ce panorama et en lien
03:59avec la thématique du café de campagne, un sujet qui est cher pour ENSIC, c'est la question des
04:03ruralités, pourquoi selon toi les territoires ruraux sont au cœur de cette transition énergétique à
04:09mener ? En fait c'est au cœur parce qu'aujourd'hui, je ne vais pas dire toutes, mais la quasi-intégralité
04:17des énergies renouvelables, elles sont produites en campagne et ça va durer. Le bois énergie mais
04:26en fait aujourd'hui l'éolien, le photovoltaïque, l'hydroélectricité, c'est quasi intégralement en
04:32zone rurale et donc de ce fait la place du rural est absolument prédominante. Ensuite viennent se
04:45poser la question des ressources, c'est-à-dire qu'on a besoin de ressources pour créer ces
04:59énergies renouvelables en zone rurale, des ressources la plupart du temps qu'on importe,
05:05mais donc il y a une absolue nécessité de bien qualifier ces quantités de ressources dont on va
05:12avoir besoin parce qu'aujourd'hui on voit par exemple apparaître des mines de lithium. Aujourd'hui
05:16le lithium est 100% importé en France et on voit apparaître des projets de mines de lithium en
05:23France, dans l'allié pour ne pas le citer, qui subit des oppositions assez féroces. C'est sans
05:34regarder justement le fait qu'aujourd'hui ce lithium est importé sans regard réellement sur
05:40la production qu'il peut y avoir dans les pays où ils sont produits. C'est un enjeu systémique en
05:47fait, il y a vraiment un enjeu sur le fait qu'on puisse aussi s'autonomiser sur ces productions
05:54parce qu'il y a une mainmise très importante de certains pays, notamment la Chine, sur les
06:01ressources, c'est-à-dire qu'elle ne possède pas forcément toutes les ressources sur son territoire
06:05mais par contre elle a sécurisé ses approvisionnements par des achats de mines à travers
06:09le monde. Aujourd'hui on est très indépendant d'acteurs comme la Chine. Sur la question
06:19plus spécifiquement, on a des liens, si on se concentre à l'échelle nationale, même si on a
06:24bien conscience que c'est des enjeux qui doivent être pensés à l'échelle globale, sur les liens
06:27qu'on peut envisager entre les ruraux et les urbains, les territoires ruraux et les territoires
06:33urbains, comment tu vois les choses ? En fait, là aussi, il y a vraiment matière à mettre en
06:39place des contrats de coopération. En fait, concrètement, c'est que, encore une fois,
06:46je vais me répéter, mais les énergies renouvelables sont essentiellement rurales,
06:50sauf que le capital est essentiellement urbain. Et donc, comment on peut mettre en place des
06:58contrats de coopération entre le rural et l'urbain pour que les ressources des territoires ruraux,
07:04c'est déjà les territoires ruraux qui produisent l'alimentation, mais en fait c'est aussi les
07:09territoires ruraux qui vont produire l'énergie. L'alimentation étant une forme d'énergie,
07:14ceci dit. Et donc, on peut tout à fait imaginer qu'il y ait des mécanismes de financement des
07:25énergies renouvelables en territoires ruraux pour que les territoires ruraux… Là, on est en plein dans
07:32la problématique politique qui était évoquée en introduction, c'est que ce qui génère aussi
07:38cette colère massive, c'est aussi la perte des services publics en zone rurale, c'est le fait
07:44de voir émerger des projets sans concertation ou avec des concertations à minima. Et du coup,
07:50une certaine forme de sentiment de spoliation des ressources. On vient dégrader mon paysage,
07:56mais je ne vois pas du tout l'intérêt pour moi de voir l'émergence de ces outils de production.
08:04Et donc, gros intérêt de voir émerger ces ressources, mais avec des retombées sur les
08:13territoires à travers des services publics, avec des transports en commun, etc.
08:19Donc, je suis allé chercher quelques petits chiffres à réactualiser, parce qu'on évoque
08:25aussi le financement des énergies renouvelables dans les territoires ruraux, mais ça se fait
08:29aussi à travers les énergies renouvelables citoyennes. Donc, il y a des fonds, il y a
08:34aujourd'hui une belle expertise en France sur ces sujets. Et il faut savoir que l'épargne des
08:40Français, parce qu'en fait, on peut venir mobiliser cette épargne-là, donc hors immobilier,
08:45on est autour de 5 000 milliards d'euros. Avec l'immobilier, qui n'est pas de l'argent
08:54« frais » disponible immédiatement, on est autour de 13 000 milliards. Donc,
09:00avec 5 000 milliards d'euros, sans dire qu'on va tout mobiliser autour de ça, évidemment,
09:04mais il y a quand même moyen de faire du développement d'énergies renouvelables
09:09citoyennes sur nos territoires. Merci beaucoup, Johan, pour ton intervention. J'imagine qu'il y
09:16aura des questions aussi, par rapport notamment à cette question de la mobilisation des citoyens
09:21dans la transition énergétique. On va passer à Serge. Serge t'intervient avec plusieurs casquettes,
09:27celle de maire, mais aussi de membres de la MRF engagés sur les questions de transition. Et du
09:33coup, tu vas pouvoir nous amener un éclairage à la fois sur des actions concrètes que tu mènes sur
09:36ton territoire, mais aussi peut-être de cadre légal qui va pouvoir éclairer d'autres élus,
09:41mais aussi techniciens de collectivité et autres. Donc, pour commencer, est-ce que tu peux nous
09:45présenter ta commune et ce que vous y avez initié dans le cadre de la transition énergétique ?
09:50En tout cas, je vous remercie beaucoup, Marie-Elie, parce que vous me donnez la parole à un maire,
09:54un maire rural. Johan a bien campé le sujet. Nous, Johan, on aime bien dire que la ruralité
10:01représente 80 % du territoire, donc on est légitime, bien sûr, pour s'inscrire pleinement
10:06dans cette transition écologique et énergétique. Effectivement, je suis dans une commune de
10:111 250 habitants qui est située dans le Nord-Franche-Pontée, entre Belfort et la Suisse.
10:16Ma commune est un centre-bourg, donc on a un rôle de centralité, on a encore des services,
10:22on a une EHPAD, un collège, une caserne de pompiers, un gymnase, on a un nouveau
10:27carrefour contact, un magasin de proximité, des cabinets médicals, agences postales, etc.
10:33Effectivement, un maire ne travaille pas tout seul, il a besoin de se ressourcer. Je suis actif
10:37dans deux associations de maires, c'est totalement du bénévolat, l'association des communes
10:42forestières, beaucoup de forêts en Franche-Pontée, et l'association des maires ruraux de France. Je
10:49suis membre de la commission de transition écologique de l'AMRF, aux côtés de Fanny Lacroix,
10:53certains vous l'avez peut-être déjà rencontré, qui est notre vice-présidente en charge de cette
10:57question, de cette ambition, et je suis effectivement dans cette commission un peu le
11:02correspondant transition énergétique, en sachant que nous à l'AMRF, voilà, on aime bien avoir une
11:07vision un peu plus globale, on parle de transition écologique, ce que disait un petit beau en
11:11introduction, en ce moment, parce que pour ce qui est des énergies, la loi APER, on essaie
11:17bien d'approprier le sujet, donc nous, l'AMRF, on est aujourd'hui beaucoup sur les biens communs,
11:23une ambition transition écologique, que sont l'eau, la forêt, la biodiversité et l'alimentation.
11:29Voilà, donc pour finir, ma commune s'inscrit dans une grosse communauté d'agglomération de
11:35160 000 habitants, j'habite dans le pays où est né Automobile Peugeot, très industrielle, 73 communes,
11:43très périurbaine, où nous les ruraux, on a un peu perdu, on a du mal, pas d'être pris au sérieux,
11:51mais d'être un peu entendu par rapport à d'autres problématiques plus industrielles.
11:55Alors, au niveau de mon village, Marine et nous, on avait une petite commission développement durable
12:03qui vivotait un petit peu, je dirais, vous savez, je parle franchement, pour moi, c'est un peu une
12:07commission de bonne conscience, on avait quand même une ITM, développement durable, ça fait
12:12sérieux, à côté d'autres sujets, mais ça vivotait un petit peu, voilà, on nettoyait le village une
12:16fois par an, et en fait, on a, en 2023, créé une commission transition écologique et énergétique
12:26qui, en fait, on a remis un peu au cœur de la commune pour un peu une mise en cohérence avec
12:32le réchauffement climatique, avec l'idée de plus être spectateur, mais de devenir modestement un
12:38peu acteur de notre village. Alors, pourquoi je vous dis ça ? C'est parce que j'ai eu la chance
12:43d'être membre du grand atelier de la MRF, le grand atelier, c'est 100 maires, en 2023,
12:48qui se sont réunis quatre fois à Paris, quatre week-ends, il y a eu des webinaires entre temps,
12:53des séances de travail, où on a transmis à Christophe Béchut, à Agnès Pannier-Runacher,
12:59à l'époque, on a transmis au service de l'État et à la MRF, au bureau de la MRF, notre vision de
13:04cette transition écologique et énergétique, et c'est là que moi, je me suis énormément ressourcée,
13:10j'ai eu cette prise de conscience. Et ce qui est intéressant dans ce grand atelier, ce que j'ai dit
13:16à Marie-Élie, c'est de ne pas tomber dans une vision technique de la transition énergétique,
13:20mais plutôt dans une vision politique. La technique, on la trouve, on trouve des gens qui savent faire
13:25des éoliennes, de la biomasse, du photovoltaïque, de la méthanisation. Par contre, le maire,
13:31il est là pour avoir une vision politique, alors qu'on ne se trompe pas, on n'est pas dans les
13:35élections, le mot politique, c'est le mot aménagement du territoire. Moi, je suis un
13:39politique, je porte les valeurs de la ruralité. C'est quand même très important. C'est vrai
13:46qu'il y a eu à travers ce grand atelier une énorme prise de conscience, qu'on n'avait plus le choix.
13:50Pour reprendre ce que disait Yohann, moi j'ai eu accès lors du grand atelier à pas mal d'experts
13:57du GIEC et à pas mal d'experts de haut niveau. En fait, ce qui m'a le plus marqué, ce n'est pas
14:03ces experts, c'est une anthropologue qui est venue nous faire une petite conférence d'une heure en
14:06disant que la trajectoire qu'on avait actuellement pouvait amener à des risques d'effondrement,
14:10des micro risques d'effondrement sociétaux liés à des chocs climatiques, liés aux impacts du
14:16réchauffement climatique. On les voit aujourd'hui ces effondrements, des inondations, etc. C'est que
14:24le début d'effondrements sociétaux et que quelque part, notre société pourrait être amenée à changer
14:31beaucoup plus qu'on le pense. Donc pour moi, on était plus dans du comportemental que dans de la
14:37technique. Le conseil municipal a adopté cette ambition responsable d'avoir une trajectoire
14:44vers une décarbonation avec des moyens qui ne sont pas infinis. On est une petite commune
14:49urbaine, on n'a pas beaucoup de moyens, on a bien d'autres problématiques à gérer. Mais l'idée
14:54c'était quand même de dire qu'est-ce qu'on va transmettre demain aux générations futures
15:00dans notre village ? Vous savez que les jeunes aujourd'hui nous bousculent énormément. Qu'est-ce
15:04qu'on va transmettre par rapport au réchauffement climatique ? On constate déjà qu'effectivement
15:09les 1,5°C, on les a, qu'on va plutôt vers des 2,5°C, des 3°C. Et les actions qu'on mène
15:15aujourd'hui, elles n'auront un impact que dans 50 ans, 75 ans. Donc c'est aujourd'hui qu'il faut
15:19agir pour transmettre demain un village qui est un village responsable. Vous savez qu'on parle
15:27beaucoup d'acceptation. C'est compliqué de convaincre les gens. Déjà il faut que le maire,
15:32il faut que les élus, il faut que la collectivité soit exemplaire. On ne peut pas demander aux gens
15:36de faire des efforts, sinon on ne le fait pas. Donc moi j'ai publié des articles dans la
15:40revue municipale pour travailler l'acceptation. J'ai mis mes vœux, les vœux du maire au cœur,
15:47j'ai mis la transition écologique et énergétique au cœur de mes vœux. J'ai proposé en fait,
15:53on ne s'est encore pas mis en place que c'est un sujet un peu compliqué, j'ai proposé qu'on
15:57change complètement, vous savez, on a besoin de montrer, un show-me comme on dit, il faut
16:01montrer un peu nos actions. Et ce n'est pas que de la com. Donc moi j'avais proposé, alors je vous
16:05dis ça doucement parce qu'il y a peut-être des gens de villages fleuris, mais j'avais proposé
16:08qu'on remplace la pancarte à l'entrée des villages fleuris en montrant à travers un indicateur qui
16:15montre le chemin qui est fait par la commune vers une transition énergétique et écologique. Alors
16:20je ne sais pas si c'est des ampoules, je ne sais pas ce que c'est, mais montrer qu'il fait bon
16:23vivre dans le village et que c'est un village responsable, qui a une ambition et une ambition
16:29vers une transition énergétique. Alors je rejoins totalement Yoann, ça ne passe pas. Être plus
16:35sobre, première chose c'est d'être plus sobre. Et il y a eu beaucoup d'efforts de fait à travers
16:40le conflit russo-ukrainien, parce qu'on n'a plus de gaz, parce qu'on n'a plus de gaz, c'est marrant,
16:45on trouve quand même un peu de solutions pour réduire nos consommations. Il y a l'efficacité
16:48énergétique, évidemment. Et puis ensuite il y a cette transition. Voilà, donc je dirais quelque
16:54part, moi j'ai un peu comme Obélix, je suis tombé dans la marmite de cette commission transition
16:59écologique aujourd'hui, j'en suis totalement convaincu. Voilà, donc on a, nous dans notre
17:05village, bien sûr on fait beaucoup d'efforts sur les éclairages LED et ainsi de suite, mais le
17:10projet au cœur de la commune, nous on n'a pas fait le choix de l'éolien, on n'a pas fait le choix de
17:14la méthanisation, on n'a pas fait le choix de, on sait qu'on n'a pas d'hydraulique, mais nous on a
17:21fait le choix du réseau de chaleur, biomasse bois. Et en fait c'est parti d'une toute petite ambition
17:26au niveau de la commune, parce que nos chaudières arrivaient en fin de vie dans les écoles. Puis
17:29c'est marrant, mais on a eu une grosse épada de 160 résidents qui étudiaient pas de départemental,
17:34et eux aussi avaient le même sujet. Et en fait on s'est mis autour de la table ensemble et d'un
17:40petit projet, c'est devenu un projet majeur, on a même intégré le collège, on a réussi à amener
17:44le département avec nous, c'est pas simple, mais il a fallu qu'on montre qu'on était des gens sérieux,
17:48des gens de la ruralité, et qu'on pouvait faire d'un projet individuel un projet commun. On va
17:53créer un réseau de chaleur, une chaudière de 600 kilowatts, un kilomètre de réseau d'eau chaude,
17:58et nous fin 2025 on est totalement décarbonés, on a abandonné le fioul. Et on a réussi, le
18:06département va le voter je crois à la fin de la semaine, moi je le vote au conseil municipal la
18:10semaine prochaine, et l'EPAD l'a déjà voté, le fait de travailler ensemble vers une énergie
18:14décarbonée. Alors ça passe par une commune très très moteur, qui a un plan local d'urbanisme un peu
18:19à jour bien sûr, parce qu'il faut pouvoir créer une chaufferie, donc il faut avoir du foncier, et puis il
18:25faut chercher des partenaires, parce que moi à Blamon quand je me retourne j'ai que ma secrétaire,
18:28j'ai pas beaucoup de moyens. Donc il faut trouver des partenaires qui peuvent vous accompagner,
18:32qui en fait vous amènent de la compétence. Nous les élus on amène la politique, on va
18:37chercher de la compétence. La compétence je l'ai trouvée à travers les syndicats d'énergie.
18:40Les syndicats d'énergie du Doubs a pris le réseau de chaleur à son compte, et c'est eux qui investissent.
18:45Je vais t'interrompre parce que le temps c'est très lourd, mais effectivement il y a un petit enjeu de pouvoir avancer,
18:56parce qu'il y a plusieurs autres points à aborder ensemble, et tu as mentionné notamment tout à l'heure
19:00la loi APER, quand tu as introduit un petit peu le sujet, est-ce que tu pourrais nous en dire un
19:05peu plus sur les conséquences de cette loi, donc loi d'accélération de la production des énergies
19:09renouvelables pour les collectivités, et quels enjeux de formation, qui dans ce titre a évoqué
19:13aussi ce sujet de la formation ? Toutes les communes ont été incitées par l'État à déposer un zonage,
19:18ce qu'on appelait des zones d'accélération d'énergie renouvelable, qui ensuite sont synthétisées par
19:24l'État. Il y aura beaucoup de projets qui seront sans suite, il y a des projets qui seront validés.
19:28Moi je suis membre de la commission qui valide ces projets au niveau de la Bourgogne-Franche-Comté,
19:33et donc en fait, les zones d'accélération, on doit soumettre, pour le moment c'est un zonage,
19:42en disant, nous on a un projet de photovoltaïque, on a un projet éolien, on a un projet de biomasse
19:46bois, et on propose d'aller vers une production d'énergie renouvelable. Alors l'État, pour le
19:55moment, ils sont très tournés vers l'énergie renouvelable électrique, nous on a une ambition
20:00qui va au-delà, par exemple sur la biomasse bois. Et pour ce qui est des élus, parce que c'est un
20:06sujet complexe, on a une montée en compétences qui est faite par l'État déjà, parce qu'on est
20:13quand même un peu plus accompagnés qu'on était, même si l'État va très très vite. La MRF a
20:19proposé un certain nombre de formations, ce qu'on appelle les jeudis de la formation, pour nos
20:23adhérents, et on est aussi nous adossés au CLAIRE, je crois que Megawatt en fait partie, peut-être
20:29aussi sur le CLAIRE, qui est en fait un réseau vers la transition énergétique, et le CLAIRE a
20:35proposé cinq modules de montée en compétences des élus pour répondre à ce défi, à ce challenge des
20:41énergies renouvelables. Il y a aussi l'ADEME, qui vient de mettre en place un réseau qui s'appelle
20:46Élus pour Agir. Voilà. Ok, super, merci. Je vois déjà qu'il y a des questions dans le chat, si ça vous
20:53embête pas, on va les garder pour après les interventions, mais Christophe, on a bien vu
20:57ta question. Comment concilier pour toi, Serge, les enjeux de production d'énergie et de protection
21:03des milieux agricoles et naturels, puisque ça a été aussi mentionné dans l'intervention de Johan,
21:07et c'est un vrai enjeu. C'est un sujet compliqué, parce que sur l'énergie photovoltaïque, il y a
21:14du photovoltaïque sur les bâtiments, sur le patrimoine, c'est le volet le plus simple,
21:18puis ensuite vous avez ce qu'on appelle l'agrivoltaïsme. Là, on est sur des enjeux
21:21complètement différents, où tous les projets sont soumis à ce qu'on appelle la commission
21:27préfectorale qui s'appelle la CDPNAF, Commission Départementale de Préservation des Espaces
21:32Naturels Agricoles et Forestiers, où pour qu'un projet soit éligible, il faut déjà mesurer les
21:38impacts environnementaux. Aujourd'hui, la terre, l'agriculture, la terre, elle est déjà pour
21:43produire de l'alimentation, donc on va produire des énergies renouvelables sur des terres agricoles
21:48qui sont plutôt pauvres, ou qui sont plutôt en état de friche, qui ne sont pas capables de
21:53produire pour nous nourrir, donc c'est un vrai défi. On était un peu parti comme une balle de
22:00fusil aujourd'hui, ça ralentit un petit peu, parce qu'il y avait de nombreux projets, mais il n'y
22:05aura peut-être peu à l'arrivée, parce que les impacts de ces énergies renouvelables en milieu
22:10agricole doivent tenir compte notamment du respect de la biodiversité, etc. C'est surtout
22:20l'agrivoltaïsme qui pose question, ce n'est pas tellement le photovoltaïque sur un bâtiment
22:23agricole. Merci beaucoup Serge, on reviendra à toi par le biais des questions des participants
22:34et des participantes. Samuel, c'est bon pour toi, on aimerait que tu nous présentes ESEO,
22:40ce que vous faites et pourquoi vous le faites. Alors ESEO, notre objectif c'est d'apporter
22:47l'autonomie énergétique dans les maisons, c'est avant tout réduire la dépendance au réseau des
22:57personnes et puis aussi, techniquement, c'est réduire la dépendance au réseau et puis alléger
23:04aussi le réseau des consommations des maisons. On considère que l'autonomie énergétique, ça passe
23:11par l'utilisateur, d'où notre notion de dire on apporte de la formation. Pour nous, l'autonomie
23:18énergétique, c'est la personne elle-même qui va utiliser son système, le système le plus autonome,
23:24je dis souvent avec des batteries ou des systèmes très sophistiqués. Si on ne sait pas l'utiliser et
23:33si on ne le maîtrise pas, et bien s'il tombe en panne, on est moins autonome que ce qu'on était
23:38limite avant quand on était raccordé au réseau. Donc voilà, ça passe par vraiment l'utilisateur,
23:43donc c'est pour cette raison. Tout à l'heure, vous aviez du mal à prononcer ESEO, donc en deux mots
23:51je vais dire ce que ça veut dire. Ça résume ça, ça veut dire, c'est un mot breton parce qu'on est
23:57situé en Bretagne, le siège est situé en Bretagne, qui veut dire c'est facile et notre objectif, c'est
24:02justement de mettre en avant que cette technique de l'autonomie énergétique, ce n'est pas quelque
24:08chose qui est réservé à des professionnels, mais qui justement est quelque chose qui doit revenir
24:14dans la compétence de l'utilisateur. Et puis à l'époque, quand j'ai fondé ESEO en 2010,
24:21la compétence, même chez les professionnels, était assez rare. Et puis voilà, c'était aussi
24:31cette raison de dire qu'il faut que pour développer les énergies renouvelables, qu'on diffuse via
24:36directement l'utilisateur et que ça fasse tâche d'huile, parce que la compétence, elle, n'a pas
24:42de limite. Du coup, aussi, on propose à la fabrication, à l'autoconstruire des produits,
24:55ça va dans le même sens de ce que je disais d'apporter de l'autonomie à l'utilisateur,
25:00c'est-à-dire si on achète un produit de l'extérieur qui vient en plus maintenant,
25:05on fabrique énormément à l'étranger, l'idée c'est aussi de dire ce qui va nous apporter le
25:10maximum d'autonomie pour la maison, on doit avoir la compétence de le fabriquer. On a aussi
25:17développé un panneau solaire et un poêle bouilleur, c'est un poêle à voie type chaudière, qui
25:22permettent d'apporter 80 à 90% des besoins énergétiques de la maison, étant donné que les
25:27besoins énergétiques de la maison sont des besoins de chaleur. En deux mots, ça revient à ce que je
25:33disais au début sur réduire sa dépendance au réseau, si on arrive à éviter de dépenser de
25:42l'électricité pour produire de la chaleur, à la fois on allège le réseau, on contribue en
25:49même temps à réduire le nombre de centrales nécessaires à la fabrication, puisqu'on allège
25:53énormément. Il faut savoir que le chauffage électrique en France, en hiver, ça prend deux
25:59fois le parc nucléaire dans les pieds de consommation, le parc nucléaire ne peut pas
26:04suivre à cause de ça, c'est vraiment l'électricité pour faire de la chaleur qui est énormément
26:09consommateur. Donc l'autonomie commence par là, un peu comme à l'échelle nationale, l'autonomie
26:13commence par le fait, au niveau de sa maison, c'est la même chose à petite échelle pour réduire la
26:18partie chauffage. Nous, c'est ça qu'on enseigne et c'est vers ça qu'on amène les personnes pour
26:24atteindre cette autonomie. Oui, on voit bien la complémentarité dans ce que Serge évoquait tout
26:30à l'heure, entre des acteurs qui sont experts et techniques et des enjeux de vision et de politique
26:35qui peuvent être portés aussi par des élus locaux sur ces questions-là. Mais quelque part,
26:40votre démarche est aussi politique, quand vous faites le choix de la formation pour favoriser
26:46l'autonomie et la portée qu'elle peut avoir en milieu rural, comment vous investissez cette
26:51question-là ? Nous, depuis le début, c'est beaucoup orienté pour des personnes qui veulent
26:58faire pour eux-mêmes. Donc nous, on se positionne en accompagnateur de projet et c'est depuis le
27:05début, essentiellement des personnes qui ont une maison, qui ont un peu de terrain, qui ont un bout
27:08de toiture, qui peuvent du coup avoir accès à l'énergie gratuite, qui est le soleil. Donc il
27:14faut un peu de surface pour capter le soleil, c'est un toit, c'est un bout de jardin, il faut
27:18accès à la biomasse, j'entendais tout à l'heure Serge évoquant l'aspect de la biomasse, donc ça
27:23revient à ça aussi, c'est de dire qu'on ne va pas faire de la chaleur avec de l'électricité qui a
27:27un rendement qui est autour de 15-20%, alors qu'on peut faire de la chaleur avec du bois qui est
27:32local, qui ne nécessite pas une industrie de l'énergie, un simple morceau de bois localement
27:39qui va nous apporter un rendement de 80%, donc c'est pour dire que
27:46le côté ruralité, historiquement, c'est orienté vers des personnes qui ont l'accès
27:53à un réseau de distribution simple de bois ou même faire leur propre bois et accès au solaire,
28:02et l'aspect de la formation, d'enseigner ça, c'est de dire qu'il n'y a pas des artisans partout
28:08qui ont cette compétence d'installer, et on le voit encore aujourd'hui, il y a peu d'artisans
28:14qui ont cette compétence globale du solaire, de la biomasse et de cette combinaison des énergies,
28:19et souvent ça se solde avec des devis qui sont un peu hors cadre, on va dire simplement, et puis
28:27même après dans l'entretien, il y a une dépendance de l'entretien, donc toujours encore une fois,
28:32cette demande vient aussi de ce type de personnes, de particuliers qui ont envie, avec les ressources
28:42qu'ils ont sur leur terrain, leur maison, de dépendre le moins possible du réseau. Et par
28:50rapport à ça, effectivement, les particuliers aujourd'hui, ils n'ont pas, par rapport aux aides
28:58de l'État qui sont énormément mises en avant, et bien les particuliers aujourd'hui, c'est des
29:04démarches via l'autoconstruction qui leur coûtent moins cher, du coup par rapport aux aides de
29:08l'État ça se tient, mais en gros nous on aspire à ce que vraiment, demain, ils aient par un
29:16dispositif ou un autre une reconnaissance, parce que leur action a immédiatement un impact sur le
29:24CO2, etc. Et si c'est réellement ça notre objectif à l'échelle nationale, si on est honnête sur
29:30l'objectif, alors eux faisant cette action et accomplissant par un résultat cette réduction de
29:37CO2, ils devraient aussi être réduits. Donc ça c'est aussi notre idée. Tu fais la transition avec
29:43la dernière question, la question des freins et des leviers que tu peux identifier dans le
29:47déploiement des politiques publiques en matière de transition énergétique, donc tu as commencé à
29:52l'aborder, mais dans les échanges il y avait aussi d'autres dimensions. Et j'en profite aussi pour
29:56compléter sur le volet formation, tu as amené aussi toute la question de la formation des
29:59collectivités au-delà des personnes et des individus, je pense que ça peut être intéressant
30:05aussi, vu les profils des participants, que tu puisses étayer un peu ça. Tout à fait, donc oui,
30:11rapidement pour les collectivités, on a fait autour de chez nous, en Bretagne, différentes
30:21formations pour les agents ou les techniciens territoriaux, pour qu'ils aient une maîtrise
30:25suffisante pour derrière eux pouvoir porter des projets qui aillent dans ce sens. Il faut savoir
30:31qu'autour des énergies, c'est vraiment la compétence qui pêche souvent, on se fait avoir
30:36par le fait de dire il faut produire plus de centrales, mais en fait la question c'est qui
30:40est-ce qui consomme en fait, et on va pouvoir travailler sur la consommation, etc. Ça c'est à
30:44l'échelle nationale, mais à l'échelle d'une collectivité ou d'un particulier, c'est la même
30:47question, c'est d'avoir la compréhension de comment ça marche, et de à quel moment je consomme,
30:53est-ce que je peux décaler mes consommations, est-ce que je dois tout simplement changer d'appareil
30:58pour consommer de l'énergie, qui va faire le même résultat, mais ils vont pas consommer de
31:02l'électricité, mais une autre énergie. Voilà, donc c'est toute cette réflexion qui est nécessaire
31:05si on veut pouvoir faire des installations intelligentes, c'est plus qu'une question de
31:09gros sous sur la table pour dire on va produire plus, c'est une question d'optimisation. Donc
31:14les collectivités sont demandeuses de ça, on a par exemple une formation plus chantier-école,
31:20où on pose aussi des panneaux photovoltaïques pendant cette formation-là, avec une commune
31:26pas très loin de chez nous, donc il y a aussi cette demande. Et puis par rapport à ce que je
31:33disais par rapport aux particuliers, et à l'impact des particuliers, faire du lien avec ce que
31:39l'utilisateur qui maîtrise peut avoir comme impact, à la différence de l'utilisateur qui
31:45fait appel simplement à une demande, qui demande la pose d'un simple système, et bien c'est nous,
31:54par exemple dans nos chiffres, on a un impact par rapport à la moyenne nationale qui est 50
32:01fois supérieure, le fait que ce soit les particuliers qui installent, parce que c'est
32:06beaucoup plus facile de former du monde que de faire une installation les unes après les autres.
32:11Et voilà, donc c'est en gros 500 installations depuis qu'on existe, et puis chaque année c'est
32:20230 000 litres de fioul qui sont non brûlés, et donc ça c'est chaque année ce résultat grâce
32:29aux installations qui sont réalisées par les particuliers eux-mêmes qui le font dans leur
32:36région un peu à peu, grâce à ça. Merci Samuel, on va passer du coup aux échanges avec les
32:45participants, ça sera peut-être l'occasion de réaborder la question des politiques publiques,
32:49je vois que Yves a tout, tu lèves la main, il y avait une question dans le chat d'abord mais
32:57on pourra la prendre après, Yves vas-y si tu veux intervenir. Est-ce que vous m'entendez ? On t'entend
33:02très bien. Moi je suis comme Serge, d'une commune rurale, je suis maire rural dans les Deux-Sèvres,
33:09et je vous rapporte ce qui s'est passé quand les communes ont été consultées sur les ENR récemment.
33:17La quasi-totalité des communes se sont posées aux zones d'accélération éolienne, et beaucoup
33:24vont vers le photovoltaïque. Marélie tu parlais de l'acceptabilité, il y a une forte tension sur
33:33les éoliennes, pourquoi ? Parce que ce sont souvent des porteurs privés, c'est toujours des porteurs
33:38privés, dont la population ne voit pas vraiment le modèle économique, quand on creuse un peu,
33:44on voit un peu comment c'est organisé. Par contre il y a une forte tendance vers l'autoconsommation
33:49individuelle et collective par le photovoltaïque, ça c'est une tendance quasi-totale. Comme Serge,
33:55moi je suis dans une marmite, mais une autre marmite, la libre administration des collectivités
34:00territoriales, et il ne faut pas nier que la consultation des conseils municipaux a été totale,
34:07tout le monde a pu s'exprimer. Il ne faut pas oublier qu'en dernier ressort, c'est le préfet
34:12ou la préfète qui donne une autorisation environnementale, donc les communes ne sont
34:18pas, ont été consultées, mais au total ce n'est pas elles qui décideront, puisque un comité
34:24régional de l'énergie va trancher. Ensuite, ce dessaisissement, on le voit, Serge, dans le dernier
34:32décret qui est sorti sur l'agrivoltaïsme, les maires ont été dessaisis du permis de construire,
34:36au profit du préfet. Je ne sais pas si tu as vu ça Serge, mais bon alors évidemment ça évite des
34:42ennuis, parce que c'est le préfet qui va s'opposer au projet, mais c'est quand même gênant que les
34:47maires comme ça, dans un décret, soient dessaisis d'une responsabilité importante. Voilà, moi je
34:53vous rapporte les retours des communes. C'est vrai que les Deux-Sèvres sont très sensibles à la
35:01saturation visuelle des éoliennes, puisqu'il y a une sursaturation d'éoliennes, mais il y a quand
35:07même globalement dans tout le pays une réserve totale sur les parcs éoliens. Je voulais demander
35:15à Johan aussi, il n'a pas parlé du nucléaire, il parle des énergies renouvelables, mais quelle
35:19est sa position sur le nucléaire ? Merci. Aïe, aïe, aïe. Alors juste, je me permets avant de répondre
35:29sur la question du nucléaire, juste rajouter un petit élément sur l'éolien. Moi j'entends tout à
35:34fait la question de la sursaturation, juste pour aussi donner à voir où on en est. En fait, si par
35:44exemple on appliquait le scénario NégaWatt, on a chiffré que sur l'éolien terrestre, il faudrait
35:50à peu près 18 500 machines, et aujourd'hui on est à 11 000. Donc ça permet juste de se rendre
35:55compte que des arguments type « on va couvrir la France d'éoliennes », etc. ça ne tient pas la
36:02route. Ce qui n'empêche pas qu'effectivement, il y a certaines zones qui ont été largement équipées,
36:08voire suréquipées, parce que des potentiels, etc. Ça n'enlève pas ce songe-là. Dans le scénario
36:15NégaWatt, en tous les cas, on fait le choix sur l'aspect nucléaire. Je reviens tout petit peu en
36:23arrière. On parle du scénario 2022. Il est mis en place tous les cinq ans, il est réactualisé tous
36:31les cinq ans, juste avant les présidentielles, pour essayer d'imprégner les programmes présidentiels.
36:46Dans le scénario NégaWatt 2022, on disait qu'il faut laisser fermer les centrales nucléaires
36:58progressivement et on n'allume pas Flamanville, l'EPR de Flamanville. Je dis ça parce qu'il est
37:07en cours d'allumage. Ça, c'est un fait. En tous les cas, pour nous, il n'y a pas de prolongation
37:16au-delà de 50 ans possible. On a acté une prolongation possible au-delà de 40 ans sur
37:23certains réacteurs, sous condition évidemment des autorisations décennales qu'il y a sur tous
37:31les réacteurs. Mais en tous les cas, nous, on fait le choix de ne pas poursuivre le nucléaire parce
37:38qu'on estime qu'il n'y a pas de durabilité autour de ça. J'envoie encore pour preuve une info que
37:47j'ai lue ce matin. On vient de perdre encore l'autorisation d'exploitation de la mine au
37:53Niger, qui fait perdre un peu plus d'indépendance. Je mets des grosses guillemets à ce mot-là parce
38:00qu'il n'y a plus un seul gramme d'uranium qui vient du sous-sol français. Du coup, tout est
38:04importé. Notamment, un de nos gros fournisseurs d'uranium, c'était le Niger, avec le Kazakhstan
38:15notamment. Pour nous, il n'y a pas de sujet. Enfin, il y a un sujet évidemment autour du
38:21nucléaire, vu la place que ça prend dans le modèle électrique français. Mais pour nous,
38:27en tout cas, il y a une fin de cette industrie. Sachant que, je ne l'ai pas forcément évoqué au
38:35début, mais il y a un gros plan de réindustrialisation de la France sur des matières
38:43stratégiques, typiquement sur l'acier, sur tout un tas de métaux, des matériaux essentiels.
38:53Dans le scénario Negawatt, il y a intégré un plan de réindustrialisation.
38:59Tu peux compléter, Marie-Louise ?
39:01Vas-y, Serge.
39:02Je te dis, Johanne, juste pour équilibrer un peu. Parce qu'au Grand Atelier, il est venu le
39:07directeur d'EDF, qui était accompagné de sa ministre, donc c'est l'État. Évidemment,
39:11on n'est naïf de rien, mais ils sont venus nous faire un diagnostic. Ils ont voté la mise en
39:16route de 6 à 8 centrales nucléaires. On est pour, on est contre, peu importe, mais c'est quand même
39:21bien l'énergie électrique qui est au cœur de tout. Ce que nous expliquait ce garçon-là, c'est
39:27qu'il faudra probablement multiplier les budgets par 3 et puis 30 à 40 ans pour faire ces 6 à 8
39:33centrales et que la seule façon de répondre aux besoins de consommation électrique, si on va tous
39:38vers la voiture électrique, etc., etc., etc., c'est les énergies renouvelables. Donc les énergies
39:44renouvelables sont de toute façon incontournables pour les 30 à 40 ans qui viennent, mais il y a
39:49quand même cette volonté, Johanne, si j'ai bien compris, de mise en route d'un nouveau parc de
39:52centrales nucléaires par l'État. Alors après, vous allez me dire, il y a des élections, ça change,
39:57mais ça semble engagé. Merci beaucoup. C'est engagé sur un modèle EPR2 dont les plans ne sont
40:12pas finalisés et dont il y a des aspects économiques qui ne sont absolument pas bouclés,
40:17en fait. Mais clairement, il y a une volonté qui est clairement affichée. Merci à toi. Je peux
40:25rajouter encore un mot ? C'est la dernière intervention. C'est pour bien comprendre comment
40:35ça se passe. Christophe Béchut est allé dans toutes les régions de France. Il est venu en
40:39Bourgogne-Franche-Montée pour ce qu'on appelle les objectifs de planification écologique et il
40:44nous a présenté un mur. Comme je vous dis, c'est une diapo avec des briques. Chaque brique avait
40:48une dimension différente. Chaque brique, c'était comment on va vers une transition écologique,
40:52comment on va vers une transition énergétique. La part que doivent faire les particuliers,
40:56l'industrie, à travers la mobilité, l'alimentation, etc. Et en fait, aujourd'hui,
41:01dans la transition énergétique, on s'inscrit dans ce mur. Chaque mur, c'est un objectif qui
41:08représente un pourcentage pour aller vers cette décarbonation 2050. Je pense qu'on revient à la
41:15question des choix et des orientations politiques et stratégiques qu'on peut et qu'on veut se donner,
41:20et visiblement, la majorité présidentielle actuelle est plutôt favorable à développer le
41:25nucléaire dans le mix énergétique français. Merci à tous les deux pour ces réponses. Christophe,
41:31je vois une question dans le chat et ensuite, Jean-Michel, si vous voulez les poser directement,
41:35sinon je peux les dire, c'est comme vous voulez. Je vais poser la question de Christophe. C'est
41:43plutôt pour toi Serge. Quels sont les partenaires, les appels à projets sur lesquels la commune de
41:47Blamance est appuyée, notamment Généalysienne, pour développer le système ? Sur Photovoltaïque,
41:54vous êtes plutôt, enfin, je pense qu'Yohann le sait, Samuel aussi, on est très démarché par
42:00Total Énergie, Boralex, Jean Passe et des meilleurs. Ils sont tous devant votre porte à
42:07vous dire qu'ils vont vous donner des gros moyens et qu'ils peuvent déployer du photovoltaïque ou
42:11de l'agro-voltaïsme. Là-dessus, on est très prudent et avant de trouver un partenaire,
42:17il faut déjà que la commune donne du sens à ce qu'elle veut faire et justement à cet équilibre
42:22avec l'agriculture et puis le foncier déjà. Et puis pour la Biomasse, notre projet de Biomasse,
42:29qui est un projet majeur même à l'échelle du département, le syndicat d'électricité du Doubs
42:34devient un syndicat d'énergie renouvelable. Ils sont en train de prendre un virage et c'est avec
42:39eux qu'on porte ce projet. On leur a donné la compétence, notre compétence. On avait une
42:44compétence chaleur, je ne le savais même pas. Donc, on leur a donné notre compétence chaleur
42:48et nous, on va créer une régie. On va avoir un abonnement à cette régie, un ticket d'entrée,
42:54puis on paiera le chaud qu'on consomme. On est sur la base d'une Biomasse bois.
42:58Donc, il faut trouver un partenaire.
43:00Souvent, il faut trouver des partenaires. C'est souvent comme ça que ça marche le mieux.
43:09Il y a une question également de Jean-Michel Clerget.
43:12Vous pouvez la dire ou vous intervenez directement, comme vous voulez.
43:19Oui, je peux la reposer. En fait, je suis animateur d'un conseil de développement au
43:26pays de Sarbourg et donc, je pose la question aujourd'hui de savoir comment impliquer les
43:31habitants du territoire dans le développement des ELR. Parce qu'on voit fleurir des projets qui
43:37sont conduits soit par la commune, soit par des agriculteurs dans le monde rural avec parfois
43:44des oppositions qui naissent au moment où s'implantent les sites. Donc, on cherche aujourd'hui
43:50avec les collectivités à voir comment impliquer, d'abord faire prendre conscience des problèmes,
43:55des nécessités de développer des ELR et éviter que les habitants ne protestent sur l'implantation
44:05d'une eolienne, l'implantation d'un métalmiseur à proximité de chez eux, avec les risques que
44:11ça peut comporter, etc. La solution étant peut-être de faire en sorte que les habitants
44:19puissent profiter soit directement, soit indirectement des bénéfices de ces développements.
44:25Donc, ma question, c'est comment s'y prendre ? Merci. Je pense, Yoann, peut-être que je peux
44:29te donner la parole en premier, puis potentiellement Serge et Samuel si vous avez des éléments pour
44:34compléter, etc. Moi, ce que je pense sur ce sujet, c'est que s'il y a autant de contestations
44:42aujourd'hui, c'est parce qu'on n'est pas bon du tout sur l'implication des citoyens et la
44:47compréhension globale des enjeux. Je pense qu'il faut vraiment informer les citoyens sur les enjeux
44:54et les risques. On a tout à l'heure évoqué des petits risques d'effondrement. On peut les
45:02multiplier. Clairement, on a des vrais enjeux autour de ces sujets et que les énergies
45:08renouvelables, par défaut, c'est des outils de résilience des territoires. Et donc, il y a un
45:16vrai intérêt à faire comprendre les enjeux, encore une fois, mais à impliquer les citoyens dans les
45:22prises de décision. Encore une fois, je pense qu'il ne faut pas ni avoir une position d'opposition
45:28de principe, ni avoir une position de validation de principe. Il y a des projets qui sont pourris,
45:35et donc, il faut essayer de lutter contre ces projets pourris. Ça, ça se fait par l'information,
45:47la connaissance. En tout cas, je regrette la position de certains partenaires depuis longtemps,
45:55mais qui aujourd'hui ont des positions tranchées, par exemple sur l'agrivoltaïsme,
46:00qui sont en opposition de facto. Je pense qu'il y a des vraies choses intéressantes qui sont en
46:08train de sortir en termes de biodiversité, en termes de... Aussi, la question de l'humidité des
46:16sols, avec des travaux qui sont menés sur les rendements, qui montrent évidemment qu'il y a
46:27une perte de soleil. C'est une évidence. On l'estime à 40 %, mais ça ne veut pas dire pour
46:33autant que les plantes s'en portent plus mal. Je ne vais pas forcément approfondir là-dessus,
46:39mais il y a vraiment beaucoup de travaux qui sont menés par l'INRA en ce moment là-dessus.
46:43Sur cette question qui est quand même essentielle de participation et d'implication des habitants,
46:49Serge, tu parlais tout à l'heure d'acceptation, d'acceptabilité. C'est peut-être aussi une
46:54piste... Oui, j'ai assisté à une petite présentation d'une association que vous connaissez peut-être,
47:01qui s'appelle Parlons Climat. Cette association a fait une étude un peu sociologique de nos
47:08villages sur comment réduire les freins à la transition énergétique. C'est très intéressant,
47:15parce que moi ça m'a un peu réveillé. On doit connaître la population de nos villages. Et dans
47:22la population des villages, vous avez tout. C'est un peu la carte politique d'ailleurs. Vous avez les
47:26identitaires, vous avez les écolos, vous avez des gens qui sont plutôt passifs mais plutôt pour,
47:33vous avez des gens qui sont plutôt, plutôt, plutôt. Et en fait, il disait quand un maire doit
47:38mener une action d'acceptation, quand il doit mouiller le maillot pour dire qu'il faut aller
47:43vers une transition, il dit ne perdez pas de temps avec les 5% d'opposants à fond. Il dit,
47:47vous allez vous épuiser. Ce n'est pas eux qu'il faut convaincre. En fait, il faut adapter notre
47:53langage et notre communication en fonction des gens qu'on a en face de nous. Ça devient complexe.
47:57En gros, il faut connaître son village, il faut connaître sa population pour bien cibler la
48:03communication qu'on veut faire. Parce que vous ne communiquez pas de la même façon un écologique
48:07ou avec un identitaire. Moi, ça m'a fait du bien parce que ça m'a paru évident quand on me l'a dit.
48:14Et en fait, moi ma communication est globale. Merci beaucoup Serge. Yves, on te laisse l'intervention
48:27de la fin, ou la question de la fin, parce qu'il est 13h57. Vas-y, tu as la parole.
48:31Moi, comme Serge, effectivement, on est confronté à une difficulté de relation avec les citoyens.
48:39En termes d'acceptabilité, moi j'ai observé qu'il y a quand même une prise de conscience
48:45générale de la population. Globalement, on peut dire que maintenant, ce n'est plus remis en cause.
48:50Par contre, ce que j'observe, moi, c'est qu'il y a deux modes d'action différents. Il y a le
48:55nôtre, basé sur les AMI, les appels à projets, les subventions, les financements, et les jeunes
49:01qui ont des modes d'action tout à fait différents. Pour être concret, quand on fait des réunions,
49:07on n'a aucun jeune, en fait. Par contre, les jeunes font des amènes des actions plus radicales,
49:11plus spontanées, et donc il y a deux chemins qu'on a du mal à faire converger. Ça, c'est clair.
49:16Par ailleurs, moi, ce que j'observe, c'est que tous les dispositifs, maintenant, sont peints en
49:20vert. Il n'y a plus un dispositif d'un financeur régional, départemental, État, où il n'y a pas de
49:27vert. Moi, ce que j'observe aussi, pour terminer, c'est que s'il y a une prise de conscience
49:34générale, c'est réel. Par contre, les gens, en ce moment, font plus un arbitrage économique
49:39qu'écologique. C'est-à-dire qu'avec l'inflation, il y a eu un moment donné où les gens faisaient
49:44plus un arbitrage plus écologique. Maintenant, c'est clair que c'est plus un arbitrage économique.
49:51On peut l'observer dans la consommation. Serge, qu'est-ce que tu penses de ces deux modes d'action,
50:01nos actions, nous, institutionnelles, et l'action des jeunes, comme tu disais ?
50:06Pour ce que tu dis, c'est vrai. De toute façon, les gens regardent déjà leur porte-monnaie. Ça peut
50:13faire bouger les lignes. C'est ce que disait un peu Samuel, vers plus de sobriété et d'efficacité
50:18individuelle. Je vais vous donner un exemple. J'ai deux filles de 27 et 30 ans. Je vais vous dire
50:24qu'elles me bousculent vachement. Les jeunes, c'est ceux qui nous font… C'est ce que je disais
50:29tout à l'heure. Vous allez nous laisser quoi ? Dans quelle transmission on est ? Je ne dis pas
50:32que les jeunes ne sont pas responsables parce qu'ils ont des téléphones. Mais quelque part,
50:39il y a quand même ce problème. Moi, c'est les jeunes qui nous bousculent énormément. Ce n'est
50:42pas les retraités. Ce ne sont pas les gens de les pattes de Blum. Merci Serge pour cette
50:48intervention qui fait le lien avec notre conclusion. Parce qu'en effet, avec INCIT,
50:54en tous les cas, c'est que nous marions à la fois le soutien à l'innovation, l'engagement
50:59de tous ces élus locaux dont je fais partie, de ces petits maires et petits, n'est pas péjoratif,
51:06des territoires qui font des choses extraordinaires et l'implication des jeunes au service de ces
51:11dynamiques vertueuses. Merci en tous les cas, à tous les trois pour vos interventions extrêmement
51:15riches. Je crois qu'une des conclusions, c'est qu'on voit bien que cette problématique est tout à
51:21fait essentielle. Il manque deux choses, me semble-t-il. La question de la puissance publique
51:25localement. On sait bien que le développement beaucoup des énergies localement est trusté
51:31par le privé. Et deux, l'implication des citoyens et l'engagement des citoyens. Et ensuite,
51:35troisième élément peut-être, la fongibilité des territoires. Parce que les choses ne se posent
51:39pas de la même façon d'un territoire à un autre, que les atouts et les faiblesses des territoires
51:44ne sont pas les mêmes. Et donc, ça nécessite d'être décliné de façon extrêmement précise,
51:51au cas par cas. Et pas non plus avec des politiques publiques qui des fois descendent un peu trop
51:58verticalement. Et donc, le fait main, le fait local, l'implication des gens et l'intérêt
52:04général. Si, comme on fait en Espagne, le photovoltaïque n'est fait que par des urbains dans
52:11des territoires ruraux, géré par des urbains et qui n'alimentent que des urbains, forcément,
52:16à un moment donné, ça ne marche plus, ça n'est plus acceptable. Donc, il faut que les gens soient
52:19pleinement investis. Et si on veut faire le lien avec ce que disait Yves tout à l'heure sur la
52:23question du porte-monnaie, il faut aussi que les gens soient partie prenante de ces schémas-là,
52:28pour en avoir, pour que ce soit non seulement acceptable, mais qu'ils puissent le développer
52:32aussi en collaboration. Voilà, en tous les cas, un grand merci à vous. Merci à tous les trois,
52:41Serge, Johan et Samuel, pour vos interventions extrêmement riches. On se retrouvera au mois
52:47de septembre pour le 32e café de campagne. C'est le numéro du Gers, donc ça sera forcément un très,
52:54très beau café de campagne. Et je vous souhaite un bon été. Quand il fait un peu noir, on a besoin
53:03de se rapprocher auprès d'une bougie. Espérons que notre dynamique de défense des territoires
53:09innovants, dynamique, solidaire et joyeux puisse continuer longtemps. En tous les cas, on se battra
53:16pour que ce soit le cas, quelles que soient les majorités de demain. En tous les cas, comptez
53:22sur nous pour ça et pour faire en sorte que les territoires gros soient perçus pour ce qu'ils sont,
53:28des territoires de solidarité avec beaucoup d'humanité et pas des territoires d'exclusion,
53:35de rejet de l'autre et des différences au contraire. En tous les cas, ça sera notre combat
53:41dès le 8 juillet. Ça l'était déjà depuis six ans, mais ça ne sera encore plus. Merci beaucoup à
53:48chacune, à chacun. Marchons à l'ombre, il va faire chaud. Et à très, très bientôt. Merci à vous.
53:56Merci. Bonne journée à tous et toutes.

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