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C’est l’affaire qui inquiète le Rassemblement national. Aujourd'hui, après neuf ans d’enquête, s’ouvre un procès hors norme : deux mois d’audience, 27 personnes sur le banc des prévenus, dont Marine Le Pen et Bruno Gollnisch.

La justice soupçonne le parti d’extrême droite d’avoir eu recours à des emplois fictifs au Parlement européen entre 2004 et 2016. Des assistants parlementaires d’eurodéputés FN auraient, en réalité, travaillé pour le parti. Le préjudice pour les finances publiques atteindrait près de 7 millions d’euros. "Complément d’enquête" s’est plongé dans ce dossier tentaculaire.

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Transcription
00:00Depuis des années, Marine Le Pen dénonce une persécution.
00:04Les Français savent exactement faire la différence entre des vraies affaires et des cabales politiques.
00:10Le Front National s'est-il servi de l'argent de l'Europe pour payer les salariés du parti ?
00:15Complément d'enquête ce soir sur les accusations de détournement de fonds publics du FN au Parlement européen.
00:30Bonsoir. Nous sommes à quelques jours d'un procès à haut risque pour le Rassemblement national.
00:44Il pourrait valoir à Marine Le Pen une peine d'inéligibilité et compromettre ses ambitions présidentielles.
00:50La justice la soupçonne d'avoir joué un rôle majeur dans un vaste système d'emploi fictif.
00:55Des témoins-clés nous racontent ce qu'ils ont vécu de l'intérieur.
00:59Ce qui me choque, c'est de l'imprudence totale. Et c'est vrai que moi, je vous le dis à ce moment-là, à mon député, c'est vraiment pas une bonne idée.
01:07Des assistants parlementaires payés par l'Europe auraient-ils en fait travaillé pour le parti ?
01:12Nous avons découvert une affaire dans l'affaire. Révélation ce soir sur de fausses preuves de travail qui auraient servi à justifier ces emplois.
01:20Qu'est-ce que vous pensez de ces anomalies ?
01:21Je sais pas, mais vous me montrez un document dont j'ai pas connaissance, en votre cas que j'ai pas en tête, donc je peux pas vous répondre.
01:26Et pour répondre à nos questions, ce soir, l'ancien numéro 2 du parti, il a été député européen pendant 30 ans et il est mis en examen dans cette affaire.
01:34Nous avons posé les fauteuils rouges chez Bruno Gollnisch. Monsieur Gollnisch, bonsoir.
01:38Bonsoir.
01:39Merci beaucoup de nous recevoir ce soir.
01:41Merci d'être venu.
01:42Avant de commencer notre interview, je vous propose qu'on regarde tout de suite l'enquête signée Charlotte Gillard, Thomas Lelon, Brice Leborgne, Thomas Guéry et Swanny Thiebaud.
01:50Après complément d'enquête, revoilà complément d'enquête.
01:56Dès le départ, c'était limpide. Notre intérêt pour l'affaire des assistants parlementaires n'avait pas suscité grand enthousiasme au Rassemblement National.
02:06Faites un deuxième complément d'enquête, faites un troisième complément d'enquête, faites un quatrième complément d'enquête et on diffusera même les extraits dans nos meetings.
02:20Ce feuilleton judiciaire démarré en 2015, on aimerait bien au RN qu'il passe sous le radar médiatique, qu'on ne s'attarde pas trop sur ses protagonistes et sur ce que la justice leur reproche.
02:34C'est complément d'enquête.
02:35Oui.
02:36Je me demande pourquoi vous obstinez sur nous quand il y a d'autres parties.
02:38Nous on ne s'obstine pas sur vous.
02:39On n'a rien à cacher.
02:42Le décor, c'est le Parlement européen à Strasbourg et Bruxelles.
02:49Sur le banc des accusés, onze frontistes qui ont été ou sont encore eurodéputés.
02:55Parmi eux, des figures du parti.
03:00Et celles et ceux qui dans l'ombre aident ces élus au quotidien, les fameux assistants parlementaires.
03:06Sont renvoyés aussi un cadre du FN et trois experts comptables.
03:11Tous vont être jugés.
03:13Certains pour détournement de fonds publics, d'autres pour recel ou complicité.
03:18Tous contestent.
03:21Ce qui me choque, c'est l'imprudence totale.
03:23Et c'est vrai que moi, je vous le dis à ce moment-là, c'est vraiment pas une bonne idée.
03:26Parce que c'est un délit.
03:28Vous encourez une peine d'inégibilité, Mme Le Pen.
03:30Est-ce que votre avenir présidentiel se joue durant ce procès ?
03:33Vous n'allez pas continuer comme ça.
03:35Je vous ai répondu gentiment, mais c'est bon.
03:40Les juges soupçonnent l'existence d'un vaste système d'emploi fictif entre 2004 et 2016.
03:47Des assistants parlementaires payés avec de l'argent public,
03:51mais qui auraient travaillé en réalité pour le parti d'extrême droite.
03:55On critique d'un côté l'institution européenne,
03:57mais il y a une seule chose qu'on ne critique pas du côté du RN, c'est l'argent de l'Europe.
04:03La justice s'interroge sur la responsabilité de Marine Le Pen dans cette affaire.
04:14Le Front national aurait-il organisé une fraude à grande échelle ?
04:18Vous n'avez plus de questions ?
04:21Témoignage inédit et plongé dans les méandres d'un dossier inflammable pour le RN,
04:25qu'il tente sans succès d'éteindre depuis des années.
04:34Générique
04:55C'est l'un des plus vieux compagnons de route de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch.
05:01Et là, le groupe FN à la région Renal, les présidentielles de 2017.
05:08Adhérant au Front national depuis 1983, il a aussi été pendant 30 ans député au Parlement européen.
05:17Est-ce qu'on peut dire que c'est une petite partie finalement de la mémoire du parti qui vit ici ?
05:21Oui absolument, même menacer les grandes parties.
05:25S'il a accepté de nous ouvrir ses archives,
05:27c'est pour nous montrer qu'il a tout pour prouver le travail de ses collaborateurs à l'époque.
05:34Il s'estime mis en examen à tort dans l'affaire des présumés emplois fictifs du FN.
05:42Voilà, ils notent leurs archives.
05:45La France confirme préparer avec l'Allemagne une feuille de route sur la zone euro, etc.
05:50Tout ça, c'était le boulot de mes assistants.
05:52Parmi les assistants parlementaires de Bruno Gollnisch, un certain Guillaume Lully.
05:59Censé avoir été à son service de 2005 à 2008, puis de 2011 à 2015.
06:08Il faudra un camion pour apporter toutes les preuves du travail de mon assistant au tribunal.
06:14C'est d'ailleurs un problème.
06:16Ça, ce sont des notes et ce sont des travaux faits personnellement par Guillaume Lully.
06:22Ça fait 28 ans que j'entends dire que par exemple en matière de migration, il faut s'attaquer aux causes.
06:27Mais le problème, c'est qu'on ne sait jamais s'attaquer aux causes.
06:32Bruno Gollnisch est renvoyé devant le tribunal pour détournement de fonds publics.
06:38Notamment parce que la justice soupçonne son assistant parlementaire d'apporter des preuves.
06:44La justice soupçonne son assistant parlementaire d'avoir été en réalité directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen à cette période.
06:53Où est-ce qu'il travaillait Guillaume Lully en tant qu'assistant parlementaire ?
06:57Il travaillait principalement à Montretout.
07:01Montretout, à Saint-Cloud.
07:04C'est l'hôtel particulier de Jean-Marie Le Pen depuis 1976.
07:09C'est le 1er de l'an russe qui est le 13 janvier.
07:13Et je l'ai convert bien sûr à la Sainte-Russie et à son chef, le président Poutine.
07:22Pourquoi l'assistant parlementaire de Bruno Gollnisch travaillait-il chez Jean-Marie Le Pen ?
07:28Alors qu'il était payé par de l'argent public ?
07:33Aurait-il bénéficié d'un emploi fictif au Parlement européen au profit du Front National ?
07:40Sur la page Youtube de Jean-Marie Le Pen, nous avons retrouvé ce journal de bord daté du 31 octobre 2014.
07:51380ème journal de bord, Jean-Marie, bonjour.
07:55Bonjour.
07:57Nulle question de Parlement européen ni de Bruno Gollnisch.
08:01L'assistant parlementaire joue les interviewers plutôt complaisant.
08:09Alors, autre sujet, Bernard Tapie qui avait qualifié les électeurs du Front National de salauds.
08:15Dans la presse à la même période, Guillaume Lhuillier est présenté comme directeur ou chef de cabinet de Jean-Marie Le Pen.
08:25Ce que le patriarche de Montretout ne nie pas face au juge d'instruction.
08:40De nombreux SMS traitent d'une activité professionnelle à vos côtés et aucun message ne semble correspondre à un travail d'assistant parlementaire pour Bruno Gollnisch.
08:50Comment l'expliquez-vous ?
08:52C'est moi le chef, c'est moi le plus important, c'est normal.
08:57Que faisait M. Lhuillier pour vous concrètement ?
09:01Quand on a un collaborateur, il fait ce qu'on lui demande.
09:03Il faisait des travaux que je lui confiais sur les discours, tout le travail administratif, les relations avec les électeurs, des choses qui me paraissent banales.
09:14Mais il était assistant de Bruno Gollnisch.
09:17Qu'il travaille pour moi ou pour Bruno Gollnisch, cela n'avait pas d'importance.
09:21Quand je vois toutes les investigations que cela entraîne...
09:24Si ça posait problème, il appartenait à ce moment-là à l'administration compétente de nous dire, écoutez, non, là, c'est une activité qui est trop extérieure.
09:36On ne peut pas continuer comme ça, il faut modifier le contrat ou bien il faut que vous embauchiez un autre assistant, que sais-je.
09:45C'était à eux de nous prévenir.
09:47Et en tant qu'élu représentant du peuple français au Parlement européen, est-ce que ce n'est pas aussi de votre sort de vous informer de ces règles ?
09:53J'étais parfaitement informé des règles et les règles ne me paraissaient pas du tout contraires à notre pratique.
09:59Au départ, la seule chose, la seule prohibition légitime, c'est que votre assistant ne soit pas votre amant, votre maîtresse ou une personne que vous utilisez pour faire votre jardin, faire la cuisine ou faire le ménage chez vous.
10:18Aujourd'hui, vous dites effectivement que vous n'avez rien à vous reprocher, mais comment vous expliquez que vous êtes mis en examen alors ?
10:25Mais il y a des dynamiques de groupe perverses.
10:33Les premiers chrétiens sont brûlés, enduits de poids et brûlés dans le cirque à Rome parce qu'ils ont été accusés d'avoir mis le feu à la ville, faussement.
10:45C'est absurde.
10:46Je crois que je vous en ai assez dit là quand même. Je pense qu'on peut peut-être s'arrêter là.

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