Gabriel Debru n'a que 18 ans mais est déjà installé sur le circuit secondaire. Vainqueur de son premier Challenger en juillet du côté de Troyes, il a ensuite confirmé à Côme en Italie, lui permettant de s'installer dans le Top 300. Sous les ordres, entre autres, de Ricardo Piatti, ancien mentor de Jannik Sinner, le Français a passé un cap malgré un début de saison difficile. Pour Tennis Actu, il s'est confié sur cette saison particulière, où il a dû apprendre à changer quelques aspects de son jeu, ce qui a nécessité du temps. Cette semaine, il affrontera Lucas Pouille au Challenger de Mouilleron-le-Captif en Vendée pour un derby qui s'annonce explosif.
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00:00Bon bonjour, merci d'accorder un peu de temps à Tennis Actu, Gabriel, t'es dans l'année
00:08de tes 19 ans, t'as eu quelques hauts et quelques bas cette année dans tes résultats,
00:13comment tu te sens ? Plus des bas, enfin plus commencer par les
00:17bas et les hauts après, mais non ça va je me sens plutôt bien, c'est une saison qui
00:21est relativement longue avec beaucoup de tournois, donc aussi il faut bien gérer les moments
00:27où on s'entraîne, les moments où on se repose, les moments où on est en tournoi,
00:30donc je pense que je l'apprends encore sur ça, là je viens de faire 2 semaines de préparation
00:35sur dur, je pense qu'elles ont été très bonnes pour moi, je me suis très bien entraîné,
00:39je me suis bien senti pendant ces semaines de préparation et ça m'a permis aussi de
00:43prendre du temps un peu pour retravailler physiquement, parce que quand on est en tournoi
00:47toutes les semaines, pendant 5 semaines, 6 semaines d'affilée, on s'entretient physiquement
00:50mais on ne progresse pas forcément, on ne fait pas d'exercices de force, d'exercices
00:54de vitesse qui nous font progresser, donc voilà, je me sens plutôt bien, je suis heureux,
01:00sur ça tout va bien.
01:01Tu as senti une évolution dans ton jeu, justement sur le début de saison, où tu avais des
01:05mauvais résultats, et puis ce premier titre en Challenger, et puis même tu as enchaîné
01:08après avec d'autres titres ?
01:09Oui oui forcément, on sent la différence, parce que déjà ça se ressent par le plaisir
01:15du jeu, d'être heureux sur le terrain, c'est vrai qu'en début d'année c'était un peu
01:19plus compliqué, on perd totalement ses sensations, on perd totalement des fois l'envie en fait
01:28quand on est sur le terrain, on ne joue pas bien, on ne se sent pas bien, on est à l'autre
01:32bout du monde, ce n'est pas évident, et des fois il faut trouver motivation, il faut trouver
01:37ressources de travail, comme je l'ai dit tout à l'heure, le travail c'est ce qui m'a permis
01:40aussi de remonter un peu la pente et de bien me sentir depuis juin, et le changement par
01:47rapport à la confiance, des fois des quelques points, on peut voir avant en roulant, je
01:51perds 7-6 Odair, une ou deux fois, je perds 7-6, 7-6, une fois, des tailles break en fait,
01:55un taille break c'est quoi dans un match de 7 points, ça ne sert à rien du tout, donc
01:59des fois ça ne joue à rien, mais ça a sûrement tourné aussi un peu à un moment, et petit
02:03à petit, en gagnant quelques matchs, en s'entraînant toujours bien, je me suis senti de mieux en
02:07mieux tout au long, et comme vous avez dit, j'ai pu gagner mon premier Challenger, et
02:11en fait le fait d'avoir gagné 5 matchs de suite, ça te met dans une dynamique de confiance,
02:17où tu vas oser faire des choix, que peut-être tu ne faisais pas avant, et moi c'est ce
02:20qui s'est passé, par exemple, où j'ai gagné la semaine d'a priori, je pouvais rentrer
02:26sur le terrain, je pouvais envoyer, sans me poser de questions, et des fois ça rentrait,
02:29des fois ça rentre un peu moins, mais cette semaine ça rentre un peu plus qu'en début
02:32d'année.
02:33Tu dis que David, qu'un match se joue sur des détails, souvent un taille break, je ne
02:39sais pas si tu as vu la vidéo de toi lors de ton dernier match en Pologne ?
02:42C'est dramatique, je suis censé être frais mentalement, j'ai envie de tout casser,
02:45il y a les 6 raquettes que j'ai dans mon sac, qui sont brisées une par une.
02:48Est-ce que c'est parce que tu as un caractère fort sur le cours ? Tu es pareil en dehors
02:53?
02:54Pas forcément, je pense que je ne suis pas non plus reconnu pour mes pétages de plomb
03:00sur circuit, après voilà, ça arrive d'avoir des moments comme ça, où forcément on
03:05perd 3 points de suite au filet, on a un peu d'effet, je pense que c'est un peu ça
03:09pour tout le monde, il y a certaines personnes qui arrivent à mieux le garder pour eux,
03:12je me mets 4-1 donc forcément un peu frustrant, après je ne suis pas quelqu'un de nerveux,
03:18je suis quelqu'un de joyeux, je pense que c'est plutôt fun à côté, j'aime bien
03:22rigoler avec mes amis, j'aime bien avoir des bons moments à côté où je ne me prends
03:26pas la tête, je m'amuse, je fais les choses que j'aime faire et je pense que ça permet
03:33aussi techniquement de bien me sentir au niveau du terrain et de pouvoir m'amuser énormément
03:40sur le terrain, peut-être pas à ce moment là, 4-4, 0-40, 3 volets, mais la plupart
03:46du temps je m'amuse énormément.
03:47Alors au début de l'année tu as changé de coach, tu es avec Riccardo Piatti, comment
03:51ça se passe cette relation, tu as modifié ton programme d'entraînement, la manière
03:56de t'entraîner ?
03:57Alors ça se passe super bien, je ne suis pas qu'avec Riccardo bien évidemment, en
04:01fait on a une structure de coach, donc mes entraîneurs tennistiques sont, il y a Riccardo
04:05qui est mon main coach, mais j'ai aussi donc Lucas Vanny qui va être ici, j'ai
04:10Gianluigi Quinzi et Leandro Muschini en physique avec Dalibor Ciroula qui est aussi entraîneur
04:18de VRF qui me supervise.
04:19Ça c'est donc ma structure et voilà je pars avec certains coachs, certaines semaines.
04:23Ce qui a changé je pense que j'ai changé à peu près toute ma technique déjà en
04:27cours, c'est pour ça que c'était très compliqué en début d'année quand on te
04:34fait évoluer en fait et qu'on te change ton cours droit, au début on n'a pas confiance
04:38en ce coup parce qu'on arrive à l'entraînement, c'est robotisé, l'entraînement quand
04:42on fait des diagos, quand on fait du 2-1, c'est des choses, on voit la balle venir,
04:44mais quand il y a des points, quand il y a de la certitude, on peut perdre un peu confiance
04:48en ce coup.
04:49Et petit à petit en fait je me suis habitué, petit à petit j'ai pris de la confiance
04:54avec des sets d'entraînement et comme je disais avec les matchs et tout, donc ouais
04:57j'ai changé beaucoup de choses, mon service aussi a changé, a évolué, mes qualités
05:03physiques aussi ont largement évolué, j'ai pu jouer des fois sur des tournois de match
05:08dans la journée, on s'entend bien à la fin du match, on fait 2-3 sets, on fait 1-3 sets,
05:131-2 sets, enfin on va dire que la plupart des fois je me sens bien mieux, ce qui a changé
05:18c'est pas du tout la même version du tennis en Italie, et ça je l'ai compris aussi
05:22cette année, en fait le tennis je pensais que c'était un sport où on jouait un peu
05:26comme on voulait, avec la passion et le talent, et ben non pas forcément, il y a de la tactique,
05:31énormément de tactique, et bien plus qu'on ne le pense en fait, je pensais beaucoup moins
05:36sur le terrain avant, et je me rends compte que petit à petit en fait la tactique a une
05:41importance incroyable sur les choix qu'on fait, les zones où on joue, le placement
05:48qu'il faut avoir pour les jouer, et en fait petit à petit quand ça intéresse ça devient
05:51hyper intéressant, je pense que c'est là où j'ai bien évolué aussi cette année.
05:55Je pense que c'est une des raisons pour laquelle le tennis italien devient de plus en plus
05:59bon, et on a de plus en plus de joueurs italiens dans le top 50, dans le top 20.
06:04Quand je vois en fait les joueurs qui se sont entraînés avec moi à l'académie, c'est
06:09assez marrant, à l'entraînement forcément ils jouent mieux qu'en match, donc forcément
06:15ça montre qu'il y a le stress des fois en match et tout, mais de manière générale
06:19ouais quand je les vois, même quand je m'entraîne avec, moi je suis à côté de Monaco, donc
06:23je m'entraîne avec tous les joueurs des fois qu'il y a là-bas, et c'est assez impressionnant
06:27de voir l'intensité qu'il y a, et la rigueur de travail qu'ils ont, ils ont leur travail
06:33à eux, après la méthode de Piatti c'est une méthode, c'est pas pour tous les Italiens,
06:37mais c'est une méthode qui est franchement bonne et que moi j'adore finalement.
06:42Alors tu as joué Luc Capouille à l'Open de Vendée, il y a Richard Gasquet qui est
06:47présent dans le tournoi aussi, est-ce que tu demandes beaucoup de conseils quand tu
06:51vois des joueurs expérimentés comme ça que tu croises en tournoi ou venir à l'entraînement ?
06:55C'est assez compliqué, à l'entraînement oui, mais pas forcément en tournoi, parce
06:59que on est dans notre but aussi, après bien évidemment c'est des joueurs qui ont tellement
07:03d'expérience que quand on va encore à l'entraînement et qu'ils nous donnent un ou deux tips, on
07:07va les prendre bien évidemment, mais quand on est dans un tournoi notre objectif c'est
07:11de les gagner, et pour les gagner il faut aussi les gagner, donc on va pas forcément
07:14aller leur parler de « ah mon coup de bras je me sens un peu moins bien aujourd'hui »,
07:18donc à la fois oui et à la fois non, je pense qu'on fait aussi notre propre expérience
07:24par nos propres chemins, bien évidemment c'est encore mieux quand il y a des personnes
07:27qui sont là pour nous aider, pour des fois nous accompagner, nous donner quelques conseils,
07:31mais c'est vrai que je pense que quand on est dans des tournois comme ça où ils ont
07:35leur chance de gagner comme j'ai mes chances de gagner, on essaye de se sentir le mieux
07:40possible et de pas forcément donner peut-être des indications à nos adversaires sur comment
07:45nous jouer.
07:46Mais à 18 ans ça t'impressionne déjà plus du tout de côtoyer des grands joueurs ?
07:52Si, enfin je peux pas dire que ça ne nous impressionne pas, bien évidemment quand
07:55on voit Richard Gasquet, Kambo et Lukaku qui ont été top 10, c'est forcément imposant,
08:02après il faut bien s'y faire, il faut aussi se créer un chemin parmi ces gros noms,
08:08il faut essayer de apprendre aussi, apprendre d'eux en les regardant jouer, et je pense
08:15qu'on se fait notre propre expérience petit à petit, donc je dirais que oui c'est toujours
08:20imposant, et après maintenant je m'y habituais, ça fait quand même 1 ou 2 ans que je joue
08:25les tournois qu'ils font aussi, donc je pense que maintenant je m'y suis un peu habitué
08:32et l'objectif maintenant c'est de les jouer et d'essayer de les gagner, et de faire les
08:37meilleurs résultats possible.
08:38D'ailleurs à Comme en Italie, tu devais jouer Kaynissi Cori, finalement il a déclaré
08:42fort fait, t'étais plutôt content de passer sans jouer ou un peu frustré de ne pas jouer ?
08:47Du coup Ricardo était défait, même si j'allais gagner, c'est ce qu'on a discuté à la fin
08:53du match, les challengers sont faits pour nous faire évoluer, ils ne sont pas faits
08:57pour nous faire gagner de l'argent, pour nous faire gagner bien sûr des points, mais
09:00c'est pas ça le plus important, c'est justement de jouer des matchs comme ça à référence
09:04qui vont nous servir, donc à la fois on est content d'être ennemis, et à la fois non
09:07parce que j'aurais aimé jouer à un joueur comme ça en fait, me confronter, de voir
09:11mon niveau, sachant qu'on avait fait des sets d'entraînement les jours d'avant qui étaient
09:16très accrochés, donc je pense que ça aurait fait un bon match, et oui quand on voit les
09:20résultats qu'il a, même là maintenant, il s'est beau arrêter un an ou peut-être
09:26plus, il joue toujours très bien le tennis, et donc je pense que ouais, avec mon entraînement
09:31on était un peu défait de ne pas pouvoir jouer quoi.
09:34Merci beaucoup, c'était un plaisir pour moi.