Handicap et accessibilité : Raphael Venet, directeur de l'association APF France Handicap dans la Loire et la Haute-Loire

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Il n'y a toujours pas de ministre nommé sur la question du handicap. Oubli symbolique de la question du handicap qui parfois dérange. La preuve avec l'accessibilité dans les lieux publics qui reste un gros point noir.

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00:00C'est l'un des points noirs de la vie de personne porteuse de handicap, l'accessibilité,
00:08se déplacer, pouvoir profiter d'un restaurant, se rendre dans une administration, dans une
00:12salle de concert, dans un centre médical, David.
00:15Autant de lieux destinés à accueillir du public qui doivent parfois se mettre en conformité
00:19avec la loi, faire des aménagements, ils avaient jusqu'à mercredi pour déposer des
00:22ADAP, des agendas d'accessibilité programmés, pour se mettre en conformité.
00:27On part ce matin avec Raphaël, venez, bonjour, directeur de l'association APF France Handicap
00:32dans la Loire et en Thaulois, on est également avec Dominique à Saint-Etienne, bonjour
00:36Dominique.
00:37Bonjour.
00:38Vous êtes non-voyante, et vous, l'accessibilité, la difficulté à vous déplacer, vous connaissez
00:44concrètement ça donne quoi ?
00:45C'est de plus en plus difficile parce que les espaces partagés notamment deviennent
00:51dangereux pour nous, parce que les espaces partagés c'est vélos, piétons, etc.
00:56On a essayé de mettre en place des repères tactiles au sol pour qu'on puisse détecter
01:01aux pieds, mais ça c'est très bien, mais les gens ne respectent pas les vélos ou les
01:07gens vont et viennent là où ils veulent, donc c'est pas simple.
01:12Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas accessibles pour nous non plus visuellement
01:16parce que comme les interphones des bâtiments ou bâtiments publics ou privés, c'est souvent
01:21à défilement, donc pas sonore, pas tactile, donc voilà.
01:24Il y a aussi le non-respect de l'espace aussi, les gens font n'importe quoi, roulent n'importe
01:32comment, regardent aussi leurs téléphones portables parce que c'est vachement intéressant,
01:36donc ils ne regardent plus où ils vont, ils nous rentrent dedans, on se fait disputer,
01:40donc…
01:41Ça fait beaucoup.
01:42Est-ce que vous avez l'impression, Dominique, pour terminer, que c'est pire qu'avant ?
01:45J'ai presque envie de dire oui.
01:48Presque oui ?
01:49Oui.
01:50On ne s'en prend pas en compte, effectivement, malgré des obligations légales qui reposent.
01:55Oui, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, ou alors on nous fait, comme mettons
01:59il y a eu un projet pour la patinoire, la nouvelle patinoire qui va se faire, mettre
02:04une annonce sonore comme quoi on y vienne à la patinoire, oui, mais nous, en tant que
02:08non-voyant, c'est quoi après ?
02:09En tout cas, ce sont des exemples concrets.
02:13Merci Dominique de nous avoir passé ce coup de fil ce matin sur France Bleu Saint-Etienne
02:16Noir.
02:17On l'entend, Raphaël Venet, les difficultés existent toujours.
02:20Malgré ces obligations de se mettre aux normes, il y aura toujours des hors-la-loi ?
02:25Oui, très clairement.
02:27Il faut rappeler que quand même, les ADAPT viennent dix ans après l'obligation d'être
02:31accessible, c'est-à-dire que le gouvernement prend la décision de prolonger, de permettre
02:36aux établissements, alors qu'en 2015, tous les établissements devaient être accessibles.
02:39On dit qu'aujourd'hui, il y a à peu près deux millions d'établissements recens du
02:42public.
02:43En 2015, 350 000 étaient en accessibilité, 700 000 avaient déposé un ADAPT, ce qui veut
02:48dire que déjà à cette époque-là, pratiquement la moitié n'était pas dans une démarche
02:51d'accessibilité.
02:52Et une chose importante à savoir, quand on dépose un ADAPT, ça ne veut pas dire qu'on
02:56est accessible.
02:57Oui, on dit qu'on va l'être ?
02:59On dit qu'on va l'être, on met en place un programme sur trois, six ou neuf ans, avec
03:04une grosse difficulté aujourd'hui, c'est le contrôle, c'est-à-dire que l'État n'a
03:07pas les moyens, ne met pas les moyens pour contrôler.
03:09Nous, participons nous par exemple à la commission accessibilité, ce sont des dossiers qui sont
03:14présentés, mais derrière, aujourd'hui, il n'y a pratiquement plus de visites sur
03:16site.
03:17Et malheureusement, les témoignages que vous avez eus hier avec nos adhérents montrent
03:20que dans la réalité, même avec la bonne intention, la norme n'est pas l'usage.
03:25Et on peut faire des choses qui respectent la norme, mais qui n'est pas du tout pratique
03:29à l'usage.
03:30Dans la Loire, on n'est pas meilleur ou moins bon élève qu'ailleurs ?
03:34Non, non, non.
03:36Et puis c'est très difficile, effectivement, d'avoir des données chiffrées entre les petits
03:41établissements, si on prend les heures P, cinquième catégorie, vous avez une boulangerie
03:45qui ferme, demain vous avez un coiffeur qui ouvre à la place, etc. avec des problèmes
03:48d'accessibilité.
03:49Si on parle de Loire et Haute-Loire, la ville du Puy, avec les bâtiments de France qui
03:54s'opposent à la mise en accessibilité, donc il y a une réglementation qui est tellement
03:58complexe.
03:59Et puis, il faut le dire aussi, pour des petits commerçants coûteux, quand vous reprenez
04:02un établissement, ce n'est que l'année dernière, à l'occasion de la conférence du handicap,
04:06qu'on a annoncé la mise en place d'un fonds territorial.
04:08Il faut savoir, je crois qu'à l'été, le ministre a annoncé 500 demandes pour un budget
04:12de 100 millions d'euros.
04:13Autant dire que tout n'a pas été consommé, faute à une communication, je pense que beaucoup
04:17de commerçants ne savent même pas l'existence de ce fonds territorial, donc il y a beaucoup
04:22à faire encore.
04:23Peu de communication, peu de contrôle également, peu d'engagement, bon, peut-être le meilleur
04:29moyen de contraindre, c'est la sanction, on risque quoi si on ne se met pas aux normes ?
04:33Alors, notre président avait annoncé qu'en 2024, justement, les sanctions seraient mises
04:39en œuvre.
04:40L'association défend ça depuis quelques années, alors même si on défend aussi pour
04:45les petits commerçants, on l'a dit, la mise en place d'aides, mais à un moment donné,
04:47c'est la mise en place de sanctions.
04:48C'est des sanctions pénales financières, ça peut être aussi la suspension d'établissement,
04:52c'est-à-dire suspendre la fermeture d'un établissement, puis après ça va sur les
04:55suspensions des amendes, qui sont relativement importantes, de 45 000 euros jusqu'à plus
04:59de 200 000 euros pour les personnes morales.
05:01Elles tombent souvent ces sanctions ?
05:02Aucune.
05:03Très clairement, je crois qu'il n'y a eu aucune sanction appliquée depuis la mise en
05:06place de la loi, et c'est pour ça que l'association défend à un moment donné, notamment sur
05:10les grands ERP, de prendre des sanctions pour faire avancer les choses.
05:14Et quand on voit que Michel Barnier a presque oublié de nommer un ministre en charge du
05:17handicap, il l'a annoncé mercredi, on ne l'a toujours pas, le signal n'est pas bon ?
05:20On ne l'a toujours pas vu, on le cherche désespérément.
05:24Non, c'est une erreur stratégique, on sort des Jeux paralympiques qui ont été un événement.
05:30Nous, on a des adhérents, des bénévoles qui sont montés à Paris, c'était exceptionnel.
05:35L'ambiance était encore mieux que les Jeux olympiques, il y a eu un engouement aux Jeux
05:39paralympiques.
05:40Il y a un engagement par exemple qui a été pris entre l'association à accompagner la
05:44mairie sur les métros, parce qu'il faut voir quand même qu'on était loin d'être
05:47accessible si on compare à d'autres grandes villes qui se sont mises en accessibilité
05:51sur leurs métros.
05:52Il y a quand même du travail.
05:55Et il y a du travail, vous êtes là pour le faire, il faut que vous ne soyez pas seul.
05:58On l'a bien compris ce matin sur France Bleu, Raphaël Venet, directeur de l'association
06:03APF France Handicap dans la Loire et en Thauloir.
06:05Merci d'être venu jusqu'à nous.

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