Le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, Frédéric Lauze, était l’invité de 100% Politique, ce mercredi 25 septembre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur le suspect dans le meurtre de Philippine, sur lequel il avait enquêté lors de sa première condamnation pour viol : «Il y a beaucoup d’émotions et une colère en tant que policier parce que cette affaire cumule des dysfonctionnements et des mauvais choix idéologiques depuis une trentaine d’années, cela représente tout ce qu’il ne faut pas faire».
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00:00Si je reviens quelques années en arrière, et vous m'arrêtez si je me trompe,
00:04vous étiez policier dans le Val-d'Oise et vous avez été responsable de l'enquête
00:09après ce viol commis par cet individu présumé coupable dans le meurtre de Philippine.
00:16Quand vous avez compris, quand vous avez fait l'association ces dernières heures
00:19entre ce suspect que vous avez interpellé et interrogé et le meurtre de Philippine,
00:23qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
00:25Alors, je n'étais pas le responsable direct de l'enquête,
00:27j'étais le directeur départemental de la sécurité publique
00:30et j'avais bien sûr sous mon autorité la sûreté départementale
00:34qui me rendait compte bien évidemment des affaires importantes dont celle-ci.
00:41Donc effectivement j'ai eu à rencontrer cet individu et la victime
00:44parce que c'était une affaire hors normes et surtout parce que la victime de ce viol en 2019
00:50avait fait preuve d'un courage, d'un sang-froid extraordinaire.
00:54Évidemment quand ce matin j'ai fait tout de suite le lien progressivement avec l'affaire de Tavernier,
01:01c'est un sentiment de beaucoup d'émotion,
01:08et en même temps une pensée pour la victime de 2019,
01:11une pensée pour Philippine, pour son entourage et puis une colère.
01:15Une colère en tant que policier,
01:18une colère parce que cette affaire cumule des dysfonctionnements à répétition,
01:24c'est un cas d'école,
01:26des mauvais choix idéologiques depuis une vingtaine, une trentaine d'années
01:31qui devraient d'abord dépasser les clivages politiques
01:34et aujourd'hui il y a des leçons à tirer,
01:39ce qui s'est passé est anormal, est scandaleux,
01:42ce n'est pas un ratage ponctuel, ce qui s'est passé est scandaleux.
01:48Je voulais aussi rendre hommage parce que s'il n'y a pas eu une autre victime,
01:51c'est aussi parce qu'on a une brigade criminelle qui a fait un travail exceptionnel
01:55avec un professionnalisme, un investissement,
01:57la brigade criminelle de la préfecture de police de Paris
02:00qui fait un travail remarquable
02:03et en très peu de temps qui a élucidé cette affaire,
02:06mais ça a été pointé, cette affaire recense tout ce qu'il ne faut pas faire
02:11au niveau migratoire, au niveau problématique des éloignements des étrangers,
02:19au niveau de la coordination entre l'autorité administrative, l'autorité judiciaire
02:25et puis elle traduit l'organisation de l'impuissance de l'État
02:30qui a été mise en place depuis une trentaine d'années.
02:32Frédéric Lauze, je vous ai entendu dire il y a 30 secondes
02:35que vous avez évoqué le caractère hors norme de cette affaire de viol qui date de 2019,
02:39pourquoi est-ce que vous la qualifiez de cette façon ?
02:42Alors quand je voulais dire une affaire hors norme,
02:45c'est qu'à l'époque, je n'en ai pas eu immédiatement conscience,
02:49mais quand j'ai pris connaissance de la procédure, qu'on a réussi à élucider l'affaire,
02:54ce qui était plutôt hors norme, c'est la façon dont la victime a sauvé sa peau
03:03parce qu'elle a compris qu'elle avait affaire à un prédateur sexuel
03:06et qu'elle était dans une position où elle risquait
03:09parce qu'elle était dominée physiquement, psychiquement par un individu déterminé,
03:13elle savait ce qui allait se passer,
03:16immédiatement, là où n'importe qui aurait perdu son sang-froid et se serait écroulé,
03:24elle a fait preuve, c'était une étudiante,
03:28elle a fait preuve d'un sang-froid, d'une maîtrise,
03:32elle a géré psychologiquement cet individu,
03:34elle lui a parlé, elle a compris qu'il fallait gérer l'après,
03:38après l'horreur, après avoir été violée par cette personne,
03:43elle a fait preuve d'un sang-froid extraordinaire, c'est ça qui est hors norme.
03:47C'est une victime qui m'a impressionné,
03:49quand je l'ai rencontrée, il y avait sa mère d'ailleurs à côté,
03:52moi j'étais descendu pour aller voir la procédure et également féliciter les enquêteurs,
03:57regarder exactement où on en était en termes d'élucidation
04:02et puis quand j'ai voulu parler avec cette victime,
04:06j'ai été très impressionné par sa maturité, son sang-froid, sa dignité
04:14et la façon dont elle a géré la fin de cette horreur qui lui est arrivée, de ce crime
04:24et pour sauver sa vie, elle a parlé avec cet individu, ça, ça m'a impressionné.
04:30Elle a récupéré des éléments, je ne sais plus si elle lui avait demandé son téléphone et vice versa,
04:37elle a réussi non pas à le mettre en confiance, c'est pas le mot,
04:40mais à avoir une relation à peu près normale, verbale avec lui.
04:46Elle a essayé de le calmer pour s'en sortir.
04:48Le calmer pour s'en sortir et ça, c'était impressionnant.