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00:00Vous trouvez notre envoyé spécial Karim Yahoui, à Saïda,
00:05vous êtes à une quarantaine de kilomètres au sud de Beyrouth,
00:09et je crois que vous vous trouvez donc dans une école qui accueille des déplacés.
00:12C'est vrai qu'on a vu depuis hier des dizaines de milliers de personnes
00:16qui ont fui le sud du Liban.
00:20Les Libanais du sud ont fui et ont parfois trouvé refuge dans des écoles
00:24comme celle-ci où je me trouve.
00:26Il y a 400 personnes qui sont entassées ici, environ une cinquantaine de familles.
00:32On a croisé l'une d'entre elles tout à l'heure.
00:3515 personnes qui ont fui une ville qui s'appelle Marrakech, qui a été bombardée.
00:41Ils nous ont montré des images impressionnantes.
00:43Ils étaient partis à un enterrement et lorsqu'ils sont revenus,
00:46ils ont vu la moitié de leur maison détruite.
00:49Ils n'ont pas traîné, rassemblés quelques affaires et pris la route,
00:52une route éprouvante pour arriver ici du côté de Saïda,
00:56qui est un petit peu la porte d'entrée qui permet d'accéder à Beyrouth.
01:00Évidemment, on nous confiait ici que les gens sont dans un état psychologique de grande détresse,
01:07qu'il y a une énorme promiscuité, qu'ils sont soulagés évidemment.
01:11Mais évidemment, très rapidement, ils ont eu écho de cette frappe
01:14qui a touché une banlieue sud de Beyrouth, Bastion du Hezbollah.
01:19Et bien sûr, l'inquiétude ne s'est pas totalement évanouie,
01:23même si beaucoup d'entre eux nous expliquaient avoir échappé au pire.
01:28Karim, je disais tout à l'heure, le chef de l'ONU dit que le Liban est au bord du gouffre.
01:33Vous êtes arrivé dans le pays il y a quelques jours maintenant.
01:36Le Liban est un pays en faillite.
01:37Rappelons-le.
01:38Rappelons aussi les conditions dans lesquelles vivent les Libanais depuis plusieurs années maintenant.
01:45Le pays est en grande difficulté depuis des années.
01:47Et évidemment, cette nouvelle séquence dramatique
01:51va précipiter un peu plus ce pays dans le gouffre.
01:54On nous racontait, lorsque nous sommes arrivés,
01:57c'était juste après cette affaire des beepers,
02:00le système hospitalier était complètement saturé par les morts et les blessés,
02:05qui ne représentent qu'une infime partie de tous ceux qui sont morts depuis.
02:10Tout est en grande difficulté, tout est désorganisé.
02:13L'espace politique est complètement éclaté.
02:16Il y a pour certains une forme de vacances du pouvoir.
02:20On sait que le Hezbollah contrôle une très grande partie du pays,
02:24que le pays est divisé.
02:26D'ailleurs, un certain nombre de Libanais refusent ces divisions
02:29en expliquant qu'on cherche à les pousser vers le précipice
02:33en attisant les tensions entre eux.
02:36Certaines personnes nous expliquaient qu'ils ne sont pas du tout des sympathisants du Hezbollah,
02:40mais qu'ils considèrent que tous ceux qui sont en train d'être blessés ou de périr
02:44sont des Libanais et qu'aujourd'hui,
02:46ils doivent en quelque sorte faire face à une situation
02:50où tout le monde est concerné, tout le monde est en danger.
02:53Et d'ailleurs, ceux qui arrivent du côté de Beyrouth
02:56n'ont pas totalement le sentiment d'être à l'abri,
02:59tout comme ceux qui vivent dans les quartiers plus au nord,
03:03notamment les quartiers chrétiens de Beyrouth.
03:05Donc, un sentiment de grande vulnérabilité.
03:09Et évidemment, vous l'avez souligné,
03:10une situation qui était déjà critique avant qu'interviennent ces événements.