Fausses procurations aux municipales de 2020 : le procès commence pour les 13 prévenus

  • il y a 11 heures
Treize personnes, dont deux ex-maires LR de secteur, Julien Ravier et Yves Moraine, sont jugées à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille dans l’affaire des procurations frauduleuses. Le scandale avait éclaboussé et bouleversé la campagne municipale de la droite à Marseille en 2020. La justice va particulièrement se pencher sur la manière dont les résidents d’un Ehpad ont voté sans avoir donné leur consentement.
Il y a des scoops qui changent la ville. En diffusant le 11 juin 2020 au JT de 20 h un reportage tourné en caméra cachée au cœur de la permanence de la candidate à la mairie de Marseille, Martine Vassal (LR), dévoilant une fraude aux procurations électorales orchestrée par son camp, le correspondant local de France 2 n’imaginait probablement pas déclencher un séisme politico-judiciaire d’une telle magnitude.

Dès le lendemain, la procureure de Marseille, Dominique Laurens, à cheval sur les questions de probité, ouvrait une enquête préliminaire. Les sidérantes révélations qui allaient suivre, laissant soupçonner une méthode de bourrage d’urne d’un nouveau genre, auront largement contribué, deux semaines plus tard, à déloger la droite de l’hôtel de ville après 25 ans de règne sans partage de l’équipe Gaudin.

Quatre ans après cette addition salée présentée par les électeurs marseillais, déjà mortifiés par la catastrophe de la rue d’Aubagne, c’est désormais au tour de la justice de demander des comptes.

À partir de ce matin et pendant une semaine, treize acteurs du scandale vont répondre devant le tribunal correctionnel de Marseille de "manœuvres frauduleuses tendant à l’exercice irrégulier d’un vote par procuration", "faux" et "usage de faux". Sur le banc des accusés de la caserne du Muy, un échantillon de la politique "à la marseillaise" : des élus de premier plan, des fonctionnaires municipaux zélés, des militants associatifs de quartiers monnayant leur influence puis jouant les rabatteurs, un directeur d’Ehpad introduit dans les sphères du pouvoir, et même, un commandant de police visiblement aux ordres…

En tête d’affiche de ce procès explosif, deux anciens ténors de l’ancienne majorité et ex-maires de secteur, qualifiés de "bénéficiaires de la fraude" par l’accusation : Yves Moraine (6e et 8e arrondissements), actuel vice-président LR du département, et Julien Ravier (11e et 12e), considéré à l’époque comme l’étoile montante de la droite locale. Devenu député, il avait préventivement été déclaré inéligible pour un an en 2022 dans le cadre de ce dossier.

La candidate LR à la mairie de Marseille à l’époque, Martine Vassal, également présidente de la Métropole et du Conseil départemental, a, elle, échappé aux poursuites. Entendue, elle a contesté toute connaissance de cette affaire. "Ses explications peuvent apparaître surprenantes dans la mesure où elle était tête de liste LR", mais "l’enquête n’a pas permis de mettre en évidence sa participation", a conclu le procureur adjoint de Marseille.

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