On les retrouve sur les réseaux sociaux, plus que sur les chaînes d’info. Mais qui sont ces éditorialistes nouvelle génération et quelles sont leurs nouvelles méthodes ? Paloma Moritz, journaliste spécialiste écologie et société pour Blast, Léa Chamboncel, autrice, journaliste et chroniqueuse pour Backseat, Ostpolitik, vidéaste streamer et chroniqueur pour Blast et enfin, Paul Elek, chroniqueur pour Le Média ont rejoint notre plateau Twitch pour en discuter.
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00:00:00Moi je regarde tout le temps BFM et tout, je suis accro de ça parce que quand je veux savoir ce que pense l'adversaire, j'allume BFM.
00:00:06En 5 minutes vous avez le pouls du système médiatique.
00:00:09Le problème c'est qu'on a des gens qui sont devenus des spécialistes en tout et que leur seule fonction c'est d'être éditorialistes.
00:00:14C'est-à-dire qu'ils ne font rien d'autre que de donner leur opinion sur des thèmes de façon un peu générale sans jamais le sourcer.
00:00:19Pour tous ces personnes-là, en fait, la politique tout ça c'est un spectacle.
00:00:22Alors que nous, on essaie de parler de ces sujets-là en disant en fait c'est nos vies, c'est vos vies.
00:00:27Quand t'es une meuf, jeune, tu te sens complètement délégitimée sur les plateaux télé en général.
00:00:31Donc du coup tu bosses comme une dingue en amont, enfin moi c'est ce que je fais pour être sûre de mes chiffres,
00:00:36pour être sûre d'avoir des arguments qui soient super solides et je me retrouve à face à des mecs qui sont totalement en roue libre.
00:00:42Ils ne sont plus sur les plateaux des chaînes d'info, ils sont sur les réseaux sociaux, pour le meilleur et parfois pour le pire.
00:00:47Ce plateau s'intitule « Nouveaux médias, nouvelles méthodes, les néo-éditorialistes ».
00:00:51Pour discuter de ce terme un peu barbare et du rôle de ces nouvelles figures qui s'imposent dans l'espace politique et médiatique,
00:00:57nous accueillons Emilie O'Malley, bonjour.
00:00:59Salut Théo.
00:00:59Ça va bien ?
00:01:00Ça va et toi ?
00:01:01Super, tu es grand reporter et journaliste à l'Humanité.
00:01:04Paloma Moritz, bonjour.
00:01:05Bonjour.
00:01:06Comment ça va ?
00:01:07Ça va très très bien.
00:01:08Super, tu es journaliste spécialiste écologie et société pour Blast et aussi réalisatrice de documentaires.
00:01:13Léa Chamboncel, bonjour.
00:01:14Bonjour.
00:01:15Tout va bien ?
00:01:16Tout va bien, merci.
00:01:17Tu es journaliste, autrice, chroniqueuse pour Backseat.
00:01:19D'ailleurs, tu es de nouveau sur le plateau ce soir, pas sur la nôtre mais sur l'Agora.
00:01:23Et tu es aussi fondatrice du média féministe Popol.
00:01:27Host politique, bonjour.
00:01:28Salut.
00:01:28Tu es vidéaste, chroniqueur pour Blast, streamer.
00:01:32Ton grand truc, c'est les revues de prêche sur Twitch, tu connais bien ce forum-là qu'on est en train de faire.
00:01:37Paul-Élec, bonjour.
00:01:38Bonjour.
00:01:38Tu es chroniqueur pour Le Média, mais tu es aussi doctorant en sociologie du travail.
00:01:42Oui, et puis je suis membre du comité de réaction de la revue Contre-Temps, revue marxiste à lire, petite pub.
00:01:50Peut-être Emilio, avant qu'on se lance dans le vif du sujet, c'est quoi exactement un éditorialiste ?
00:01:57Alors, comme je savais que tu allais me poser la question, je me suis dit, je vais ouvrir mon dictionnaire.
00:02:00Enfin, non, je n'ai pas ouvert un dictionnaire, j'ai pris Google et je suis allé voir sur le site de Larousse.
00:02:03Et le site de Larousse indique que c'est une personne qui est chargée de rédiger l'éditorial d'un journal de presse écrite au audiovisuel.
00:02:10Une fois que je vous ai dit ça, je ne vous ai pas dit grand-chose.
00:02:12Et donc, je suis allé voir à la case édito, ce que ça voulait dire.
00:02:15Et l'édito, c'est article de fond, commentaire qui exprime l'opinion d'un journaliste ou de la rédaction.
00:02:20Ça, c'est le truc officiel.
00:02:22Mais en réalité, dans l'esprit des gens éditorialistes, c'est Christophe Barbier, c'est Nathalie Saint-Cricq,
00:02:28François Langlais, Alain Duhamel, Benjamin Duhamel, pour signer toute la famille Duhamel.
00:02:34Et il y en a même, comme Christophe Barbier, eux qui ont théorisé le fait qu'aller sur le terrain,
00:02:39ça polluait la pensée de l'éditorialiste.
00:02:41Et donc, il fallait qu'il soit bien assis au chaud, confortablement, sur le siège du plateau de télé.
00:02:47– Alors, maintenant qu'on a dit ça, on se demande pourquoi on vous a tous réunis,
00:02:49parce qu'en fait, vous ne faites pas vraiment le même travail.
00:02:52D'ailleurs, en préparation de ce débat, vous n'étiez pas tous d'accord sur le terme.
00:02:55Non, moi, ce n'est pas vrai, moi, si, machin.
00:02:57On va regarder un petit extrait de votre travail à tous les quatre, et on en discute après.
00:03:02– On regarde où ?
00:03:04– Une nouvelle Assemblée nationale vient d'être élue.
00:03:06Et elle est toujours aussi peu représentative de la diversité de la société française.
00:03:10Elle est non paritaire, avec seulement 36,1% de femmes,
00:03:15et en décalage avec les réalités économiques et sociales du pays,
00:03:18puisque les cadres et les professions intellectuelles sont surreprésentés,
00:03:22à l'inverse des ouvriers et des employés,
00:03:24qui sont pourtant beaucoup plus nombreux parmi les actifs.
00:03:27La dissolution décidée par Emmanuel Macron a donc aggravé les défauts
00:03:30déjà bien connus de notre démocratie parlementaire,
00:03:33et risque d'accentuer encore la fracture entre la société et ses représentants.
00:03:38Tout ceci pose donc une question plus profonde.
00:03:40Pourquoi sommes-nous si mal représentés ?
00:03:43– On va devoir changer radicalement de culture politique.
00:03:46C'est la première fois qu'on se retrouve dans ce cas de figure
00:03:47avec un morcellement en trois blocs quand même assez évident
00:03:51au sein de l'Assemblée nationale.
00:03:53Dans un régime semi-présidentiel, c'est assez inédit,
00:03:56parce que du coup, on est au-delà d'une question de cohabitation.
00:03:59C'est-à-dire que la cohabitation, elle fonctionne à condition
00:04:02qu'on reste dans quelque chose de bi-partisan.
00:04:04Sauf que là, on est sortis du bi-partisme.
00:04:07Donc moi, je pense qu'on a des années politiques devant nous
00:04:10sur la pratique de la culture politique qui vont être assez passionnantes.
00:04:15– Le patron des socialistes a par ailleurs estimé qu'il fallait,
00:04:19avant de nommer un Premier ministre, une négociation entre formations politiques,
00:04:22groupes parlementaires qui permettent d'asseoir sur le fond
00:04:24un programme de gouvernement, et que cela pourrait encore prendre
00:04:26du temps, voire quelques semaines.
00:04:28– Après, je n'ai pas l'impression qu'on soit là dans une ambiance
00:04:32de négociation entre groupes parlementaires.
00:04:35Après, sur le principe, je peux être d'accord, mais disons que là,
00:04:39on a plutôt l'impression que c'est Macron tout seul qui décide,
00:04:42et qu'il n'y a pas vraiment de négociation et de discussion entre les partis.
00:04:45– Je pense que le sentiment dominant, en tout cas à gauche
00:04:48et dans notre camp social, c'est le soulagement.
00:04:51On a été face à une campagne extrêmement dure,
00:04:53où on a vu le Rassemble national être donné largement en tête
00:04:58par tous les différents instituts de sondage, y compris avec des projections
00:05:02qui le montraient avoisinant la majorité absolue.
00:05:06Et là, les résultats sont tombés, et il n'y a rien de tout cela.
00:05:09Au contraire, on a un Rassemble national qui prend une claque,
00:05:12quand même, il faut le dire.
00:05:15– Alors, on a vu votre travail, et on sait le débat dans lequel
00:05:17on se trouve, qui est intitulé les néo-éditorialistes.
00:05:19On a parlé de Christophe Barbier et compagnie.
00:05:21Paloma, toi, tu te sens comme Christophe Barbier ?
00:05:25– Je sentais qu'elle allait venir cette question.
00:05:27Non, je ne me sens pas du tout comme Christophe Barbier,
00:05:29et je ne me sens pas non plus forcément comme une néo-éditorialiste.
00:05:32Moi, je considère que je suis journaliste,
00:05:33et à la différence des éditorialistes qu'on a cités,
00:05:36qui sont quand même pour beaucoup, on ne va pas se mentir, des chiens de garde.
00:05:39En fait, moi, ce que j'essaie de faire en tant que journaliste,
00:05:42ce n'est pas de donner mon opinion, juste en l'assénant comme ça
00:05:45sur des plateaux télé ou à travers mon travail,
00:05:47c'est à travers des angles, d'essayer de comprendre l'actualité
00:05:52pour permettre à un maximum de personnes de prendre de la hauteur
00:05:55sur ce qui se passe, que ce soit sur les questions écologiques,
00:05:56les questions politiques, les questions sociétales,
00:05:58et en m'appuyant sur des études sociologiques, sur des rapports.
00:06:01En fait, je ne suis jamais en train de m'appuyer simplement sur mon opinion.
00:06:04Et on a l'impression souvent, avec ces éditorialistes,
00:06:06qu'il y a quand même ce truc de « oui, mais ça, c'est du bon sens »,
00:06:09« non, mais tout le monde pense comme ça »,
00:06:10mais en fait, il n'y a jamais de chiffres qui sont donnés,
00:06:12il n'y a jamais rien de sérieux, il n'y a jamais rien de concret derrière.
00:06:15Alors que moi, tout ce que je dis en général dans mes émissions
00:06:18est baqué, sourcé, et je mets toujours mes sources en dessous.
00:06:21En général, on voit rarement quand un éditorialiste parle
00:06:23pendant 20 minutes sur un plateau télé, les sources qui s'affichent en bas,
00:06:26parce qu'en fait, la plupart du temps, il n'y en a pas.
00:06:28C'est simplement eux-mêmes la source.
00:06:31Mais est-ce que c'est vous qui travaillez beaucoup,
00:06:35quasi exclusivement sur Internet, c'est un gros mot éditorialiste ou pas, Léa ?
00:06:40Moi, je n'ai pas vraiment d'opinion sur le mot.
00:06:42Pendant longtemps, on me qualifiait d'éditorialiste
00:06:44parce que je n'avais pas encore eu la chance de rentrer
00:06:47dans cette classe politique du journalisme.
00:06:49J'ai dû fonder un média et être reconnue service de presse en ligne
00:06:52pour qu'enfin mes pères me reconnaissent comme journaliste,
00:06:55puisque je n'ai pas fait d'école.
00:06:57Donc, c'est vrai que pendant très longtemps, on me qualifiait d'éditorialiste
00:07:02parce que c'est ce qu'il y avait de plus commode.
00:07:04On ne savait pas trop dans quel cas me mettre.
00:07:06J'étais podcasteuse, mais ça ne voulait pas dire grand-chose non plus.
00:07:08Donc, dans les médias traditionnels, ils préféraient dire éditorialiste
00:07:11jusqu'à ce que, finalement, le terme journaliste
00:07:14fût accepté assez récemment, d'ailleurs, par France Info et d'autres.
00:07:18Mais toi, c'est un truc que tu réclamais, de mettre journaliste à la place d'éditorialiste ?
00:07:21Non, pas forcément. En fait, moi, je m'en fous.
00:07:23Je n'ai pas non plus de revendications particulières.
00:07:26Enfin, moi, j'ai une expertise, c'est la politique.
00:07:28Et d'ailleurs, je suis journaliste autodidacte parce que je viens du monde politique.
00:07:31Je me suis formée sur la politique dans les fonctions que j'ai occupées auparavant.
00:07:38Donc, j'ai une expertise que j'ai voulu mettre au profit du plus grand nombre
00:07:42et de l'intérêt général en faisant de la vulgarisation
00:07:45et qui, de fil en aiguille, effectivement, m'a amenée vers un travail
00:07:49fondamentalement journalistique.
00:07:51Donc, je ne sais pas. Oui, je m'offusque pas,
00:07:54mais je ne m'identifie pas à Christophe Barbier, ça, c'est sûr.
00:07:58Il y avait un petit air, mais sans l'écharpe.
00:08:00Peut-être, mais il va falloir qu'on en discute quand même de ce petit air.
00:08:03Parce que je ne vois pas tout de suite. Ce n'est pas frappant.
00:08:07Et toi, Paul, je suis allé voir sur ton compte Twitter, ton compte X.
00:08:10Tu te définis comme analyste.
00:08:13C'est quoi ? Comment tu conçois ton travail ?
00:08:17Non, mais en fait, j'ai une position un peu bâtarde, en vérité.
00:08:20C'est qu'il y a des émissions, là, c'en était un extrait,
00:08:24dans lequel je suis dans un rôle qui ressemble en partie
00:08:27à ce que j'ai pu occuper quand j'ai fait de la sociologie électorale
00:08:30pour des partis, des organisations, des fondations politiques,
00:08:32quand j'ai travaillé à l'Assemblée.
00:08:33Donc, c'est ce que disait Léa, une espèce d'expertise
00:08:36qui me donne, je pense, une forme de légitimité
00:08:39et le rapport aux sciences sociales, aux sources.
00:08:42Tu disais, je suis doctorant, donc c'est une méthodologie,
00:08:44une façon de voir les choses qui me rapproche.
00:08:46Après, ce qui est vrai, c'est que moi aussi, j'ai fait des débats,
00:08:48des débats qui sont des débats d'opinion
00:08:50et dans lesquels je prends une position.
00:08:52Donc, en ce sens, on pourrait dire, ah mais ça, c'est de l'éditorialisme.
00:08:55Mais effectivement, moi, je n'aime pas forcément le terme,
00:08:57dans le sens où, si c'est pour se rapprocher des personnes
00:09:00que vous avez citées, alors c'est profondément insultant.
00:09:02Parce que c'est, voilà, cette espèce d'escroissance
00:09:05du journalisme télévisuel qui est l'expression de l'ordre dominant,
00:09:11dans ce cas-là, de plus intellectuellement malhonnête,
00:09:14voire paresseux, en termes de travail, tu vois.
00:09:16Après, ce que je trouve intéressant avec ce terme,
00:09:18c'est qu'il a l'utilité de, justement, séparer de journalisme,
00:09:22avec l'idée que, peut-être, le journalisme peut être investi
00:09:24d'un sens un peu plus noble que l'éditorialisme,
00:09:27quand on prend éditorialiste TV, quoi, je veux dire.
00:09:31– Paul, tu disais, j'utilise des chiffres sur des trucs,
00:09:34quand on entend François Lenglet, il utilise des chiffres,
00:09:37on a l'impression qu'il a un background, qu'il a quelque chose.
00:09:40– Oui, mais en fait, le problème, c'est que ce modèle-là,
00:09:43il est très paradoxal de l'éditorialiste TV,
00:09:45c'est-à-dire qu'ils vont pouvoir utiliser,
00:09:46on peut faire parler les chiffres comme on veut,
00:09:48mais il y a une prétention à l'objectivité chez eux,
00:09:51que moi, je n'ai pas, par exemple,
00:09:53et que je pense qu'ici, on ne partage pas.
00:09:54Moi, je suis là pour une question politique.
00:09:57Le média sur lequel j'interviens, c'est un média qui dit,
00:10:00nous sommes un média de gauche, donc il n'y a pas de secret, quoi.
00:10:04Et je pense que la question se joue sur cette frontière.
00:10:06– C'est ça, la différence principale ?
00:10:08Le fait qu'on assume un point de vue, qu'on assume une opinion ?
00:10:12– Oui, en tout cas, déjà, je trouve que c'est plus honnête intellectuellement.
00:10:15Après, on peut voir, je pense qu'il y a d'autres choses qui nous séparent.
00:10:19– Mais Oz, toi, tu les regardes tous les jours, tous les journaux,
00:10:22tu les lis, les éditorialistes, tu peux même faire des comparaisons,
00:10:26mais toi, tu définis ton travail comment ?
00:10:30Tu te sens journaliste, éditorialiste,
00:10:32précréateur de contenu, ni l'un ni l'autre ?
00:10:35– Moi, je dirais plutôt journaliste dans le travail que je fais actuellement,
00:10:37c'est-à-dire que ce soit sur mes revues de presse
00:10:39ou sur le format que je fais pour Blast sur l'international,
00:10:41c'est de la revue de presse.
00:10:42Alors, c'est du travail de bureau, je n'ai pas sur le terrain,
00:10:44mais c'est une compilation d'articles, c'est une analyse d'articles
00:10:46et je crée un propos à partir de ce qui se fait dans la presse.
00:10:49Donc, pour moi, c'est un travail de journaliste.
00:10:51Il y a d'autres journalistes qui font des revues de presse,
00:10:52ça se fait beaucoup aussi en radio, donc pour moi, c'est vraiment du journalisme.
00:10:55Après, sur la question de l'éditorial,
00:10:57moi, avant, avec Usul, on faisait un format « ouvrez les guillemets » pour Mediapart,
00:11:00où là, nous, on n'a pas hésité à dire dans un épisode,
00:11:02« ouais, on est des éditorialistes », en fait, pour se réapproprier ce terme.
00:11:11Et le problème du terme, ce n'est pas le problème d'avoir un journalisme d'opinion,
00:11:15ça peut être intéressant d'avoir des journalistes qui donnent leur opinion,
00:11:18même sans forcément sourcer, pour que les gens aient un peu une idée
00:11:20de ce que pensent les gens qui produisent l'information.
00:11:22Le problème, c'est qu'on a des gens qui sont devenus des spécialistes en tout
00:11:25et que leur seule fonction, c'est d'être éditorialistes,
00:11:27c'est-à-dire qu'ils ne font rien d'autre que de donner leur opinion
00:11:30sur des thèmes de façon un peu générale, sans jamais le sourcer.
00:11:32Et ça, c'est un problème et qui est accompagné d'un autre problème
00:11:35qui est une hégémonie, une homogénéité idéologique
00:11:38de tous ces éditorialistes télévisuels.
00:11:40Donc l'idée d'ouvrir les guillemets, c'était vraiment ça,
00:11:41c'était de donner un peu un contre-discours en disant
00:11:43« Regardez, on peut faire de l'éditorial autrement. »
00:11:46Vous voulez réagir ?
00:11:47Non, j'allais dire, je pense qu'en fait, en réfléchissant et en regardant,
00:11:50il y a un commentaire qui dit « J'adore comment à chaque fois,
00:11:52les gens de gauche, avec une expertise, ne sont jamais sur de rien,
00:11:54quand les éditorialistes de droite sont certains qu'il neige en décembre,
00:11:57donc qu'il n'y a pas de réchauffement climatique. »
00:11:59Ça me parle beaucoup en plus, parce que je dois souvent débunker ce genre de choses.
00:12:03Mais c'est vrai, c'est-à-dire qu'en fait, je pense qu'il y a un rapport aussi
00:12:06à l'esprit critique, au fait de se remettre en question en permanence.
00:12:08Moi, je doute en permanence de moi-même.
00:12:10C'est aussi pour ça que je m'appuie sur énormément de sources
00:12:12pour qu'on ne puisse jamais me remettre en question,
00:12:14parce que qu'est-ce qu'on va faire à l'inverse aussi avec des personnes
00:12:16comme nous qui défendent des valeurs, qui défendent certains sujets
00:12:18pour les mettre dans le débat public ?
00:12:20C'est qu'en fait, on va nous taxer de militantisme pour essayer
00:12:23de faire en sorte qu'on ait plus de voix, qu'on soit plus pris au sérieux.
00:12:26Alors qu'à l'inverse, je pense que tous les quatre,
00:12:28c'est un peu notre point commun, on bosse énormément nos sujets,
00:12:31en fait, pour qu'ils soient inattaquables en quelque sorte.
00:12:34Et je ne vois pas ce même travail de précision chez les éditorialistes,
00:12:39notamment Télé. Et pour prendre l'exemple de François Langlais,
00:12:43il se trouve qu'il y a quelques années, il y a eu une convention citoyenne
00:12:46pour le climat. Donc, c'était une assemblée citoyenne de 150 personnes
00:12:49tirées au sort pour trouver des mesures pour réduire nos émissions
00:12:52de gaz à effet de serre sans que ça pèse sur les plus démunis.
00:12:54Et à ce moment-là, tous les éditorialistes, quand ils ont sorti
00:12:58leurs mesures, qui étaient assez radicales par rapport à ce qui était proposé
00:13:01jusqu'alors, tous les éditorialistes de tous les plateaux se sont mis
00:13:03à devenir fous en racontant n'importe quoi. Et il y avait des gens qui disaient
00:13:07qu'ils n'avaient pas vraiment été tirés au sort, qu'en fait,
00:13:10ils avaient fait un casting pour prendre que des écolos zadistes,
00:13:12ce qui était totalement faux parce que moi, je les ai vus, ces gens-là.
00:13:15Vraiment tous, ils étaient déchaînés et notamment François Langlais,
00:13:18en faisant une chronique soi-disant économique sérieuse, avait dit
00:13:22avec les mesures de la convention citoyenne, ce sera le confinement,
00:13:26le Covid à perpétuité. C'est hallucinant de dire des choses comme ça.
00:13:30Et il terminait sa chronique en disant un chômeur à vélo, ça reste un chômeur.
00:13:33En fait, des phrases comme ça, je peux en citer des milliards,
00:13:36malheureusement, parce que c'est aussi notre travail à Blast
00:13:38et dans tous ces médias de les décrypter, d'essayer de montrer les inepties
00:13:43de ces types d'éditorialistes. Mais ça montre qu'il n'y a pas de travail
00:13:46parce qu'en fait, la convention citoyenne n'a jamais proposé
00:13:48un confinement à perpétuité. Et en fait, à chaque fois,
00:13:50ça n'était jamais sur le fond. Et aucun d'entre eux avait vraiment
00:13:54pris le temps de comprendre ce qu'était cette assemblée citoyenne,
00:13:57quelles étaient les mesures qu'ils proposaient, parce qu'il y en avait 149.
00:13:59Donc c'est vrai que c'était un peu long et compliqué.
00:14:01À chaque fois, je trouve qu'il y a quand même une sorte de fainéantise
00:14:04qu'on peut retrouver chez beaucoup d'entre eux.
00:14:06Je veux bien réagir, si je peux.
00:14:08Vas-y, vas-y.
00:14:09Parce que je me reconnais tout à fait dans ce que tu racontes.
00:14:11Et je voulais juste apporter un regard un peu genré sur cette question-là.
00:14:14Parce qu'en fait, quand tu es une meuf jeune,
00:14:17tu te sens complètement délégitimée sur les plateaux télé en général.
00:14:21Donc du coup, tu bosses comme une dingue en amont.
00:14:23Enfin, moi, c'est ce que je fais pour être sûre de mes chiffres,
00:14:26pour être sûre d'avoir des arguments qui soient super solides.
00:14:28Et je me retrouve face à des mecs qui sont totalement en roue libre
00:14:32et qui vont genre complètement...
00:14:33Moi, je me suis retrouvée sur un plateau où on a remis en question
00:14:37mon statut de journaliste.
00:14:38C'était un député macroniste.
00:14:40Et alors que j'intervenais en tant que journaliste
00:14:42et que j'étais invitée en tant que telle sur la question,
00:14:45en l'occurrence, je ne sais plus, je crois que c'était lié
00:14:48certainement à la réforme de la retraite à l'époque, mais peu importe.
00:14:51Et le macroniste qui me dit
00:14:53« Mais vous avez le droit d'être militante, genre en plein plateau comme ça. »
00:14:56Et donc, ça a créé un putain de bad boss,
00:14:58parce que forcément, heureusement, la présentatrice l'a repris
00:15:01en lui disant « Attendez, madame est journaliste
00:15:02et c'est à ce titre qu'elle est invitée, etc. »
00:15:04Donc la délégitimation constante à laquelle on doit faire face,
00:15:07déjà, c'est épuisant.
00:15:09Et ça veut dire qu'effectivement, en amont, on se blinde
00:15:11parce qu'on sait très bien qu'on va être face à des personnes
00:15:13qui n'ont pas d'arguments.
00:15:14Je me souviens, il y a des années, j'acceptais encore d'aller sur LCI.
00:15:16Maintenant, c'est bon, finito, quoi, ça va.
00:15:19Il y a quatre ans, j'étais sur un plateau d'LCI face à Olivier Babaud,
00:15:23ou je ne sais pas quoi, le mec…
00:15:25Oui, oui, il faisait partie des éditorialistes qui expliquaient
00:15:28que la Convention citoyenne, c'était une blanche fois, etc.
00:15:30Ah, c'était lui ?
00:15:32Et donc, bref, je me souviens, c'était…
00:15:35Il y avait à la fois la question de la réforme de la sur-en-chômage
00:15:39et la question de la réforme des retraites.
00:15:40Et c'était suite à une prise de…
00:15:43Pardon, une prise de…
00:15:45Un discours de Macron qui parlait des deux
00:15:47et qui dressait un peu un calendrier.
00:15:50Et donc, bref, je parle de ce calendrier et le mec
00:15:53prend la parole derrière moi, donc Olivier Babaud, machin, là,
00:15:55prend la parole derrière moi et me contredit
00:15:58alors que je disais la vérité.
00:16:00Et moi-même, je me suis mise à douter.
00:16:01Donc, du coup, on se retrouve avec des personnes qui ont en fait une telle,
00:16:04comment dire, une telle acceptation sur ce type de format,
00:16:07qui sont capables de dire tout et n'importe quoi,
00:16:10et on n'aura pas de journalistes face à eux et elles qui vont dire
00:16:12« Non mais attendez, vous êtes en train de dire n'impe »
00:16:14et que les personnes qui se baquent et qui taffent à fond
00:16:16sont quand même délégitimées en direct.
00:16:18C'est taré, quoi.
00:16:19Et je pense que le fait d'être une meuf joue quand même beaucoup.
00:16:21– Mais c'est en fait, je trouve que tu as une…
00:16:24Quand tu as une éditoriale de droite libérale assumée,
00:16:27tu as une présomption de crédibilité en fait.
00:16:29C'est pour ça aussi qu'ils n'ont pas besoin de travailler.
00:16:31C'est que de fait, parce qu'ils sont délibéraux,
00:16:34le libéral est devenu le neutre finalement dans le débat public
00:16:37et c'est le point de départ de toute réflexion
00:16:39et tout ce qui s'en écarte en fait devient du militantisme.
00:16:42Et alors, il y a un truc à rappeler, je te donne la parole juste après, Paul,
00:16:45mais c'est quand même que, et on se le voit tous les jours dans ces revues de presse,
00:16:48c'est qu'on a parlé d'éditorialisme.
00:16:50Et dans l'éditorialisme, il y a éditos qui donnent lignes éditoriales.
00:16:53Chaque média, en fait, a une ligne éditoriale.
00:16:55Tous nos médias ici ont une ligne éditoriale qui ont des points communs.
00:16:58Mais on prend La Croix, Le Monde, l'Ibé, le Figaro,
00:17:01ils ont tous des lignes éditoriales,
00:17:03sauf que la plupart de leurs éditorialistes et de leurs journalistes
00:17:05considèrent qu'ils sont le neutre.
00:17:07Et c'est peut-être le point de départ en fait.
00:17:11– Et c'est même souvent contre-productif parce que des médias
00:17:13où il peut y avoir des éditos assez indigents intellectuellement,
00:17:16et je pense que là où je vous rejoins sur tout ce que vous avez dit sur le travail en fait,
00:17:20il y a un journaliste qui travaille pour Le Monde,
00:17:22sur des sujets très spécifiques, qui écrit des articles hyper fouillés,
00:17:25et en fait, ce que les gens se retrouvent à voir et à connaître de ces médias,
00:17:28c'est les éditos, qui ne sont souvent pas le truc le plus qualitatif
00:17:31qui est dans les journaux, notamment dans la presse écrite.
00:17:33Moi, je sais que je dis aux gens d'aller au-delà des éditorialistes
00:17:36comme vous le disiez de la presse écrite,
00:17:37parce que souvent, le travail de qualité, il n'est pas là.
00:17:39Et ça peut être même contre-productif pour des journaux
00:17:42qui, par ailleurs, peuvent produire du contenu très intéressant,
00:17:44très poussé, très travaillé.
00:17:45Et vraiment, le truc du travail, c'est vraiment central pour moi, je pense.
00:17:48Mais c'est pour ça que je pense que dans ce combat-là,
00:17:50en tout cas, moi, de mon point de vue personnel,
00:17:52je ne veux pas jouer cette espèce de conflit sur l'objectivité journalistique
00:17:57qui me protégerait de dire n'importe quoi.
00:17:59Je pense que je travaille énormément, j'obsite beaucoup de sources,
00:18:01je montre la méthodologie pour qu'effectivement, si on a un débat sérieux,
00:18:05ça soit inattaquable ou que je sois tributaire de ce que j'ai raconté
00:18:08et qu'on puisse me dire « là, t'as fait une connerie ».
00:18:11Mais je ne pense pas qu'il faut se battre sur…
00:18:14Arriver en disant « on a un débat au niveau de l'objectivité ».
00:18:17Non, il faut rentrer dedans.
00:18:19Enfin, au moins, de citer les chiens de garde, là.
00:18:20Moi, je suis un fan absolu de Misan.
00:18:23Et dans un de ses romans qui s'appelle « La Conspiration »,
00:18:24c'est des jeunes étudiants qui veulent faire la révolution,
00:18:26ils créent un journal qui s'appelle « La guerre civile »,
00:18:28donc en termes d'engagement, voilà.
00:18:30Et il y a un mec dans le roman qui a une phrase et il dit
00:18:32« la fonction du philosophe consiste exclusivement dans la profanation des idées ».
00:18:37Moi, j'adore cette phrase-là.
00:18:39Moi, mon rôle, c'est de profaner les idées, au sens de, en face,
00:18:43leur rôle, c'est de garder l'idéologie du monde.
00:18:45Tu disais, le point de vue neutre, c'est le libéralisme.
00:18:48En tout cas, mon but, c'est de profaner ça,
00:18:50c'est-à-dire d'attaquer les représentations générales
00:18:54qui sont présentées comme le fait réel
00:18:58et qui sont souvent simplement des justifications d'un ordre inégalitaire
00:19:03sous toutes les formes qu'il peut prendre,
00:19:04qu'il soit l'ordre patriarcal ou capitaliste, etc.
00:19:06Et donc, moi, ce qui m'intéresse, c'est de faire en sorte
00:19:08que lorsque j'engage mon discours avec des arguments
00:19:11qui peuvent être scientifiques, appuyés sur les sourds,
00:19:14je vienne tirer le voile de prétentions objectives
00:19:18qui s'expriment là-dessus et que c'est ça l'objectif
00:19:22et c'est ça qui nous sépare, c'est qu'on n'a pas la même fonction sociale.
00:19:24Eux, ils doivent garder en place un système qui n'a, en plus,
00:19:29pas de réalité tangible pour la vraie vie des gens.
00:19:33C'est ça que les gens nous disent.
00:19:34Ça fait du bien de vous écouter, que ce soit les uns et les autres,
00:19:37parce qu'en fait, vous nous parlez de trucs où on se reconnaît plus
00:19:39que quand on allume la télé.
00:19:40Et donc, on est vraiment dans une vision très antagoniste
00:19:44de nos rôles sociaux.
00:19:45Eux, ils sont là pour garder la sacralité de l'idéologie dominante
00:19:49et nous, on est là pour essayer de la fracturer,
00:19:51de trouver des brèches et d'appuyer là où ça fait mal.
00:19:54– Je suis complètement d'accord avec ce que tu dis
00:19:56et nous, c'est des retours qu'on a beaucoup eus à Blast,
00:19:59notamment pendant la période politique et les législatives
00:20:01qu'on vient de vivre.
00:20:02Il y a beaucoup de gens qui nous écrivaient en disant
00:20:03« on a vécu sous assistance respiratoire grâce à vous ».
00:20:06En fait, pendant cette période-là, vous nous avez redonné de l'espoir,
00:20:08vous nous avez redonné un espace aussi de réflexion,
00:20:11de prise de hauteur sur la société qu'on n'avait pas ailleurs.
00:20:14Et je pense que justement, c'est exactement ce que tu disais,
00:20:16c'est qu'aujourd'hui, la plupart des personnes qu'on entend
00:20:19sur les plateaux télé, ce n'est pas que les éditorialistes,
00:20:20je pense que c'est aussi toute l'économie des médias aujourd'hui,
00:20:23où finalement, on essaie d'économiser de l'argent
00:20:25en mettant 10 personnes autour d'un plateau
00:20:27et en leur faisant parler de tout et n'importe quoi.
00:20:29Il n'y a pas longtemps, j'ai fait une vidéo en mettant un extrait de RMC
00:20:32où quand même la bannière, c'était 40 départements en alerte canicule,
00:20:36on s'en fout ou pas pour l'interrogation.
00:20:38C'était ça, l'éditorialisation du débat.
00:20:40Donc à partir de là, super, vraiment, on est bien barrés.
00:20:44Donc c'est cette économie des médias qui fait qu'en fait,
00:20:47vraiment n'importe qui autour d'un plateau télé pour commenter l'actualité,
00:20:50il y a des gens qui débarquent,
00:20:51ils ne savent même pas de quoi on va parler,
00:20:52on dit « on va parler de ci, ça, ça ».
00:20:54Évidemment qu'en fait, ça ne peut rien donner en termes d'intelligence collective
00:20:57et ça ne peut rien apporter aux gens.
00:20:58Et le problème général avec ces éditorialistes un peu plus connus,
00:21:01on va dire, dont on parle depuis le début,
00:21:03c'est qu'ils ne sont qu'en train de dire « il y a des états de faits,
00:21:06c'est comme ça et pas autrement » et de défendre le statu quo.
00:21:09Et la différence, je pense qu'on porte tous les quatre,
00:21:11c'est en fait de dire « nous, on a des combats,
00:21:12il y a des choses qui nous semblent très importantes dans la société
00:21:14et on veut parler de ce qui vous préoccupe en fait,
00:21:16des vrais besoins des Françaises, des Français
00:21:19et de ce qui les inquiète en permanence
00:21:21ou ce qui potentiellement, ils ont du mal à comprendre.
00:21:23Et voilà, moi, je sais que ça va être sur les questions sociétales, sociales,
00:21:27les questions écologiques, les questions féministes,
00:21:28mais du coup, c'est un rôle hyper important
00:21:31et inquiétant en fait de se dire que de plus en plus,
00:21:34ce sont les médias indépendants, les streamers,
00:21:36toutes ces personnes-là qui en fait sont en train d'ouvrir
00:21:39ces espaces de respiration dans la société
00:21:40et de parier sur l'intelligence des citoyennes et des citoyens
00:21:43et le service public le fait de moins en moins
00:21:45et les chaînes privées, n'en parlons même pas
00:21:47parce qu'elles sont au service de l'extrême droite.
00:21:49Ah non, mais c'est clair, mais le service public,
00:21:50moi j'ai un exemple concret là, assez récent.
00:21:53On m'invite pour commenter la succession potentielle d'Eric Ciotti chez LR
00:22:00pendant une heure à se demander, est-ce que ça va être David Lignard
00:22:03ou est-ce que ça va être, je ne sais plus qui, Xavier Bertrand ou quoi.
00:22:07Et c'était en plein pendant la campagne des élections législatives.
00:22:13Et je me dis, en fait, la question maintenant qu'on doit se poser quand même,
00:22:16c'est de savoir est-ce que LR a un programme,
00:22:18parce qu'on est en pleine campagne.
00:22:21Quel est le programme sur lequel les candidats LR sont en train de faire campagne ?
00:22:26Et cette question n'a absolument pas été abordée de tout le débat.
00:22:29Du coup, à un moment donné, j'ai recentré le débat sur France Info TV
00:22:32en disant, attendez, là, on est en train de se demander,
00:22:35de se poser des questions de peuple, vraiment.
00:22:38Et pourtant, Dieu sait que je suis quand même assez fan de ce terme.
00:22:40Mais voilà, c'est vraiment de la politique politicienne.
00:22:44Tout le monde s'en tape.
00:22:45Je veux dire, David Lignard, personne ne sait qui c'est, vite fait.
00:22:47Et les personnes qui nous écoutaient, certainement pas des masses.
00:22:50Xavier Bertrand, on voit un peu plus.
00:22:51La vraie question, c'est de savoir, là, il y a une campagne législative,
00:22:54il y a une Assemblée nationale qui va être élue.
00:22:56Qu'est-ce que ce parti propose ?
00:22:58Quelle est la ligne idéologique dans laquelle le parti va s'inscrire ?
00:23:01Qu'est-ce qu'il fait ?
00:23:02Et en fait, aucune question n'avait été posée là-dessus.
00:23:04Donc du coup, je réponds, je dis ça aux journalistes présentateurs
00:23:07qui bloquent et qui, je lui dis, on pourrait peut-être parler du programme.
00:23:10Il se trouve que sur le site des LR, qui était complètement pété
00:23:13à cause de l'histoire Ciotti et machin, il n'y avait pas de programme, en l'occurrence.
00:23:18Bon, certes, mais du coup, je lui dis, on pourrait peut-être parler
00:23:21vraiment des mesures concrètes et de savoir donc quoi LR s'inscrit idéologiquement, etc.
00:23:26Et là, il bloque, il me dit, non, non, mais oui, enfin bon,
00:23:28il commence à essayer de se justifier.
00:23:29Il me dit, non, mais on en a un peu parlé quand même et tout sur d'autres émissions.
00:23:32Je dis là, mais vous êtes le service public, quoi.
00:23:35Vous êtes en train de prendre du temps de parole sur une campagne
00:23:38qui est quand même assez fondamentale, une campagne éclair en plus.
00:23:40On a trois semaines, on a des sujets qui sont quand même très importants
00:23:42dont on peut parler.
00:23:43Il y a 10 millions de pauvres en France.
00:23:47Il y a des personnes qui s'enfoncent dans la précarité de jour en jour.
00:23:50Parlons de vraies choses, quoi.
00:23:51Et là, non, on veut juste savoir qui va reprendre la tête d'un parti mourant par ailleurs,
00:23:55mais qui va finalement gouverner.
00:23:57Enfin, c'est une autre question.
00:23:58– Mais c'est vrai, moi, je trouve ça hyper intéressant ce que tu dis,
00:24:00parce qu'en fait, il pourrait y avoir l'intérêt de parler de Popol
00:24:03au sens de si les commentaires sur les personnalités
00:24:06sont les illustrations idéologiques de ce qui est Popol.
00:24:09Là, on a intérêt de voir les 50 nuances de fave
00:24:12qu'il y a à l'intérieur de la droite française.
00:24:14– Oui.
00:24:14– Non, mais c'est intéressant de comprendre,
00:24:16bon, quelle est la différence entre Éric Ciotti et Marine Le Pen.
00:24:19C'est intéressant si on regarde quelle classe sociale il représente historiquement,
00:24:23pourquoi il y a un alignement et qu'il y a la construction
00:24:26de cette espèce d'arc réactionnaire de la Macronie ORN aujourd'hui.
00:24:29Mais ça, même ça, ils n'en sont pas capables.
00:24:31Parce que, honnêtement, c'est un égoût,
00:24:33la télévision du service public aujourd'hui, c'est un égoût.
00:24:35Moi, je dis ça tranquillement, je ne suis pas invité, donc je m'en fous.
00:24:38Mais c'est un vrai problème.
00:24:40– C'est intéressant d'ailleurs ce que vous dites par rapport à la question
00:24:42de la mise à l'agenda, c'est-à-dire de quoi on parle à la télévision.
00:24:45Elle te disait que tu avais recentré le débat sur le programme,
00:24:47et en fait, moi je le sais en faisant des revues de presse,
00:24:49ces thèmes-là qui ne sont pas abordés à la télévision,
00:24:51ils existent, et pas que dans les médias indépendants.
00:24:53Il y a des articles dans tous les journaux, dans toute la presse,
00:24:56qui sont très, très confidentiels et qui sont beaucoup moins lus,
00:24:58qu'on gagnerait à discuter, qu'on gagnerait à publier
00:25:03pour que les gens puissent en parler entre eux.
00:25:04Il y a aussi la question de parler de ce qui touche les gens,
00:25:07mais aussi de parler de ce que les gens ne connaissent pas.
00:25:08Il y a des situations économiques, des situations sociales,
00:25:11des situations internationales que les gens ne connaissent pas du tout,
00:25:13simplement parce qu'on préfère parler de,
00:25:15mais qui donc va être nommé Premier ministre ?
00:25:17Il y a un nom qui circule dans des sources proches de l'Elysée,
00:25:19et on ne parle pas d'autres choses qui sont pourtant un boulot hyper intéressant,
00:25:22et même l'essentiel du taf des journalistes dans ce pays,
00:25:25qui est de faire des articles sur des sujets différents,
00:25:27sur des sujets variés, avec une expertise,
00:25:29parce qu'il y a des journalistes qui ont bossé toute leur vie sur un sujet
00:25:32et qui ne sont quasiment jamais invités à la télé,
00:25:33sauf quand il y a une grosse actu dessus.
00:25:35Et cet enjeu-là, on doit l'avoir aussi à l'esprit,
00:25:37c'est-à-dire la mise à l'agenda de choses
00:25:39qui sont autres que simplement la politique politicienne,
00:25:43et c'est ce que tu as fait.
00:25:44Il faut un peu forcer la porte pour réussir à faire ça.
00:25:46C'est clair, et puis le présentateur tombait nul,
00:25:48il était en mode « mais qu'est-ce qu'elle fait ? »
00:25:49Tu vois, genre…
00:25:50« Tenez, elle fait de la politique ! »
00:25:51C'est ça, oui.
00:25:53Mais justement, Paloma, Léa, vous y allez quand même dans ces médias mainstream,
00:25:57les médias, le médium télé, au-delà de…
00:25:59Un petit peu.
00:26:00De quoi ?
00:26:01Un petit peu.
00:26:01Oui, de temps en temps.
00:26:02Oui, oui, de moins en moins, mais ouais.
00:26:03De moins en moins, peut-être moins sur les chaînes d'info
00:26:05que sur les formats qui laissent un peu plus le temps de parole,
00:26:07comme les émissions de France 5, etc.
00:26:09Mais vous qui avez un pied dans ces deux mondes,
00:26:12à la fois dans les médias mainstream,
00:26:14où de temps en temps, vous y allez,
00:26:15et vous êtes quand même un peu invitée, justement,
00:26:17la caution de gauche, souvent, de ces plateaux.
00:26:21Bah oui.
00:26:22Et dans les médias indépendants, pourquoi vous continuez d'y aller ?
00:26:26J'ai compris.
00:26:27Allez, patate chaude, Paloma, pour toi.
00:26:29Merci beaucoup.
00:26:30Parce que je considère que c'est d'autres espaces,
00:26:32et qu'on ne va pas se mentir, c'est-à-dire qu'en fait,
00:26:34avec les médias indépendants de gauche,
00:26:38généralement de gauche, engagés, etc.,
00:26:41on touche un certain public.
00:26:42Alors, on touche un public de plus en plus large,
00:26:44et nous, à Blast, on se rend compte que ce public grandit,
00:26:48et que les gens qui nous écoutent ne sont pas forcément ce qu'on pense,
00:26:51c'est-à-dire que des jeunes de gauche, par exemple,
00:26:53on est hyper répartis sur toutes les classes d'âge,
00:26:56c'est plutôt 25-40, on va dire, les personnes qu'on touche le plus,
00:26:59mais bref.
00:27:00Et donc, ça permet aussi de toucher d'autres personnes,
00:27:03et je pense que c'est aussi d'ouvrir des brèches, en fait,
00:27:06dans des espaces où on ne nous attend pas,
00:27:08c'est-à-dire, justement, de changer la conversation par notre présence.
00:27:12Et je sais que moi, ça m'est déjà arrivé de recevoir des messages,
00:27:15par exemple, après des débats sur C'est Ce Soir,
00:27:17qui est quand même plutôt une bonne émission du service public,
00:27:19c'est quand même une des rares qui restent,
00:27:21où on peut encore développer un peu une pensée,
00:27:24même si parfois, il y a un peu trop d'invités.
00:27:26Déjà, des gens qui sont spécialistes,
00:27:27dessus du chat, du commentaire, en général.
00:27:29Ce qui n'est pas le cas des émissions de chaînes d'info.
00:27:31Mais voilà, ça m'est arrivé de recevoir des messages après,
00:27:33en me disant, je vous ai découvert en regardant ma télé,
00:27:35et merci, ça m'a vraiment fait du bien de vous entendre,
00:27:36parce qu'en écoutant les autres personnes parler,
00:27:39j'avais l'impression de devenir fou,
00:27:41et qu'on était dans une réalité parallèle,
00:27:42et vous avez remis le truc bien.
00:27:44Je ne dis pas que j'arrive toujours à le faire,
00:27:45parce que c'est très difficile aussi, en fait,
00:27:46de prendre la parole dans ces moments-là,
00:27:48surtout en tant que femme.
00:27:49Enfin, moi, j'ai vraiment remarqué que, déjà, on m'appelle par mon prénom.
00:27:51Les hommes ont toujours des noms de famille,
00:27:54nous, les femmes, on a des prénoms, on n'a pas de nom de famille, voilà.
00:27:56Et en fait, on me coupe la parole très souvent,
00:27:58ou on va essayer de reformuler ce que je dis
00:27:59alors que je suis en train de parler, en disant,
00:28:05je l'ai vécu plein de fois, même, sur France Inter,
00:28:06c'est-à-dire que j'ai été dans un débat
00:28:08où la personne face à moi n'avait d'ailleurs aucun argument rationnel à me poser,
00:28:16mais en plus, me disait Paloma toutes les deux secondes.
00:28:18Donc, en fait, c'est usant, vraiment, c'est usant,
00:28:20parce qu'il faut arriver à tenir le coup,
00:28:23à ne pas trop montrer sa colère,
00:28:24parce que sinon, en tant que femme,
00:28:25on va nous catégoriser comme hystériques et tout ça.
00:28:28Enfin, c'est quand même un sacré exercice,
00:28:30c'est pour ça que moi, en général, je choisis d'y aller à certains moments
00:28:32quand je pense que c'est vraiment important,
00:28:34et que parmi les invités qu'on m'a présentés,
00:28:36je sais qu'on ne me présentera pas le point de vue que j'ai envie de présenter,
00:28:38mais si, par exemple, dans les invités,
00:28:39il y a quelqu'un qui, je sais, qui dira à peu près la même chose que moi,
00:28:42je ne vais pas y aller, je ne mets pas d'ego là-dedans.
00:28:45Donc, je pense que c'est important de savoir quand est-ce que ça sert à quelque chose
00:28:47et quand est-ce qu'on va le faire juste pour l'ego ou pour se faire plaisir
00:28:50ou pour faire un extrait sur Instagram qui ne va pas servir à grand-chose.
00:28:54Donc, moi, j'essaie de trouver le bon juste milieu,
00:28:57mais c'est sûr qu'il faut être en forme quand même
00:28:59quand on va sur ces plateaux-là le plus long du temps.
00:29:02Juste une toute petite aparté, je vois plein de messages du tchat
00:29:05qui vous remercient tous les quatre, notamment Oxymus qui dit aux invités du plateau
00:29:08merci d'apporter un point de vue différent sur l'actualité,
00:29:10de suivre les médias mainstream et de rendre votre travail facilement accessible
00:29:13à toutes et tous sur Internet.
00:29:15Voilà, merci à vous.
00:29:16Merci, oui.
00:29:17C'est le tchat, c'est le tchat.
00:29:19Merci, c'est le tchat.
00:29:20Vous voyez le tchat, vous ne le voyez pas, désolé, on n'a pas deux écrans.
00:29:23Prochaine fois.
00:29:24Prochaine fois, prochaine fois, on n'a pas encore les moyens de backseat, bientôt, bientôt.
00:29:27Et t'es d'accord avec ce que disait Paloma, toi, Léa ?
00:29:29Oui, à 100%, j'ai quasiment la même approche,
00:29:32sachant que j'y vais de moins en moins parce qu'effectivement, c'est une épreuve.
00:29:36Souvent, c'est une épreuve.
00:29:37Et en plus, il se trouve que moi, j'ai vraiment une autre expérience
00:29:41qui est radicalement opposée, à savoir backseat,
00:29:44où je me sens vraiment moi à 100%,
00:29:48où je sais que je peux parler comme je veux, avec mon propre style,
00:29:51que je n'ai pas besoin d'être là.
00:29:53Bref, à parler comme les autres et à vous voyer la terre entière,
00:29:56parce que ça me casse les pieds,
00:29:57que je peux vraiment apporter un point de vue qui est audible,
00:30:01ce qui n'est pas toujours le cas sur les plateaux traditionnels.
00:30:03Néanmoins, je pense qu'il est aussi important, effectivement,
00:30:05de porter une parole qui n'a pas été portée pendant très longtemps.
00:30:10Je vous donne un exemple.
00:30:11Moi, pendant très longtemps, au début, quand je débarquais sur les chaînes de télé,
00:30:17on ne disait pas que j'étais féministe.
00:30:18C'était genre un gros mot.
00:30:19Maintenant, on me présente quand même journaliste politique féministe.
00:30:22Alors ça y est, hop.
00:30:23Et déjà, rien que ça, ça ne semble pas grand-chose,
00:30:26mais c'est une énorme évolution en genre 3-4 ans que j'ai quand même perçue.
00:30:30Ça y est, on peut inviter des féministes sur un plateau et dire,
00:30:34voilà, journaliste politique féministe.
00:30:35Et ça, je trouve que c'est une certaine avancée.
00:30:37Mais voilà, c'est aussi un énorme effort.
00:30:42C'est se dire, je vais débarquer, je ne sais pas face à qui je vais être.
00:30:46Parfois, on veut nous faire débattre de choses qui n'ont aucun sens.
00:30:49Moi, je refuse beaucoup de choses, beaucoup, beaucoup.
00:30:51De moins en moins, parce qu'il y en a plein qui ont compris que je refusais.
00:30:53Donc du coup, ils m'appellent moins.
00:30:55C'est aussi comme ça que ça marche.
00:30:56Mais il y a aussi des atmosphères.
00:30:58Et ça, c'est difficile à expliquer de manière objective.
00:31:00Mais quand on débarque en plateau,
00:31:01il y a des plateaux sur lesquels je débarque et je ne me sens pas bien.
00:31:04Tout de suite, je suis en mode...
00:31:06Ouais, des regards, des façons de...
00:31:11Ouais, c'est vraiment genre, on sent que tu es décrédibilisé, délégitimisé
00:31:15au moment même où tu rentres en plateau.
00:31:17Il y a certains médias où il y a cette ambiance assez évidente.
00:31:20Ça, c'est vraiment, vraiment très désagréable.
00:31:22Donc ça, c'est fini. Je ne citerai pas les noms, mais je n'y vais plus.
00:31:25Il y a des fois aussi où je me suis fait reprendre en plateau
00:31:27par un journaliste en me disant, tu ne peux pas dire ça.
00:31:29J'étais là, d'accord.
00:31:31Ça, c'était...
00:31:32Finalement, j'ai claqué la porte en me disant,
00:31:33vous savez quoi, votre truc, je ne viens plus.
00:31:36Et des choses comme ça qui sont quand même assez hallucinantes.
00:31:37Donc du coup, moi, je continue.
00:31:39Les médias qui me plaisent et des sujets sur lesquels je suis compétente.
00:31:42Parce que m'inviter pour venir parler de tout et de rien,
00:31:44parce qu'effectivement, il faut quand même avoir un peu une parole de gauche,
00:31:47mais que ce n'est pas mon sujet, ça, je ne peux pas.
00:31:50Je me souviens d'une fois, on m'a invitée,
00:31:51c'était en plein pendant la mise en place du pass sanitaire.
00:31:53Et c'était sur BFM, on m'appelle, on me dit,
00:31:56oui, vous pouvez venir parler du pass sanitaire et tout.
00:31:58Je dis, bah, moi, je veux, pourquoi pas ?
00:32:00Mais quelle est l'angle et tout ?
00:32:01Elle dit, vous êtes pour ou contre ?
00:32:02Je dis, ah bah non, en fait, c'est mort.
00:32:04Ce n'est pas ça.
00:32:05Moi, je veux bien dire politiquement ce que ça peut coûter potentiellement à Macron,
00:32:08comment ça va se jouer à l'Assemblée, etc.
00:32:11Mais me demander si je suis pour ou contre, en fait, c'est mort.
00:32:14Et ça n'intéresse personne.
00:32:14On s'en tape, quoi.
00:32:16Non, mais voilà, si c'est pour des trucs comme ça,
00:32:19on sent qu'on cherche la polémique directe.
00:32:20Moi, je sens que quand c'est ce genre de truc, je ne veux pas.
00:32:23Après, il y a des plateaux aussi où on a le temps de parler.
00:32:26Moi, je sais que parfois, je vais me déplacer,
00:32:28je vais prendre une heure pour aller,
00:32:29parce qu'en plus, c'est toujours des trucs qui sont au fin fond du monde,
00:32:32genre Boulogne et compagnie.
00:32:33Moi, j'habite à l'autre bout de Paris,
00:32:34donc il faut quand même que je traverse tout Paris pour débarquer, super.
00:32:38Ou je sais que je vais avoir la parole cinq minutes.
00:32:39Et ça, ce n'est pas possible, en fait, si tu n'as pas le temps de dérouler.
00:32:42Moi, je suis sur un média où je fais des podcasts qui durent une heure,
00:32:44où j'ai le temps de parler, de bien dérouler les informations,
00:32:47le propos, la réflexion, tout ça.
00:32:49Donc ça, c'est super important.
00:32:50Donc au final, je me retrouve à accepter France 24.
00:32:53France 24, je y vais souvent en anglais,
00:32:55parce que je trouve déjà que pour le coup,
00:32:57les anglo-saxons ont une approche plus respectueuse,
00:33:01notamment quand tu es une meuf et que tu débarques en plateau,
00:33:03on ne te regarde pas, genre en mode, c'est moins latin, disons.
00:33:07Et France Info encore de temps en temps.
00:33:09Mais tu vois, là, ils m'ont appelée plein de fois
00:33:11pour que je vienne commenter la potentielle nomination de je ne sais pas qui
00:33:14au poste de premier ministre.
00:33:15Et j'étais là, mais franchement, si c'est pour qu'on fasse de la politique fiction
00:33:18pendant une heure pour savoir si c'est une telle, un tel machin qui va accepter,
00:33:22franchement, appelez-moi après et on en discute.
00:33:24Mais c'est vrai que c'est pénible.
00:33:26Et en plus, parfois, tu te demandes vraiment l'intérêt.
00:33:29Mais parfois, tu te dis bon, ça vaut le coup.
00:33:31Mais ouais, c'est difficile parfois, il faut trier.
00:33:34Dans la continuité de ça, Paul, toi qui bosses pour Le Média,
00:33:37on a vu que Le Média avait déposé une demande de fréquence TNT
00:33:41qu'il n'a pas obtenue.
00:33:44Il y a un recours qui va être déposé là, parce qu'en fait, le processus de l'ARCOM,
00:33:48il y a une présélection pour ceux qui peuvent postuler à une fréquence.
00:33:52Et cette présélection n'a aucune véritable base légale, en vérité.
00:33:55Et donc, on a une vraie question jurisprudentielle ouverte
00:33:59pour pouvoir faire sauter ce processus en disant en fait,
00:34:02c'est un problème que l'ARCOM sélectionne des gens.
00:34:05Toi, tu viens, toi, tu viens pas.
00:34:06On ne sait pas sur quels critères.
00:34:08Ce n'est pas un processus et c'est histoire de porter le combat.
00:34:13Au-delà de l'ARCOM, pourquoi le Média veut aller à la table des médias mainstream en télé ?
00:34:19Est-ce que vous n'êtes pas bien sur le web avec nous, les médias indépendants ?
00:34:25Bon, on est déjà...
00:34:28Je pense qu'on a quand même un projet qui percute.
00:34:31Premier exemple, on est donc sur la Freebox,
00:34:34vous êtes sur le Canal 165, vous pouvez regarder à la télé, entre guillemets.
00:34:37Mais les autres, pour des raisons politiques, ne veulent pas nous passer.
00:34:40Donc, ça veut dire que ça gêne notre potentiel d'entrée.
00:34:43Et puis, ça pourrait être une brèche.
00:34:45On parlait de brèche à ouvrir.
00:34:47Nous, le but avec le Média, c'est une coopération avec plein d'autres médias
00:34:49pour pouvoir aller rentrer.
00:34:50Mais l'idée, c'était quand même de dire oui, on veut aller se mettre dans l'arène.
00:34:54Tous les médias indépendants ont un rôle, à mon avis, absolument majeur dans la période.
00:34:57On en parlait ensemble.
00:34:59Mais sans doute, ils vont toucher un certain public,
00:35:02des gens qui vont rechercher ces contenus parce qu'ils sont en partie convaincus par la ligne.
00:35:06Nous, on voudrait mener cette bataille sur la TNT pour dire,
00:35:09au milieu de cet égout-là, on va venir mettre un pavé dans la mare
00:35:13plutôt que de faire des ricochets.
00:35:14Et c'est une option politique.
00:35:17Moi, je la comprends dans le sens où il y a une espèce de tradition à gauche
00:35:21depuis que les bourdieux, les intellectuels, à l'époque, ils disaient,
00:35:25bon, moi, je n'y vais plus parce qu'on n'a plus les moyens intellectuels de mener le débat.
00:35:28Et je comprends cette position parce qu'en tant que personne
00:35:30qui a aussi envie de parler longtemps toutes mes émissions,
00:35:33moi, j'ai énormément de temps pour m'exprimer, etc.
00:35:35J'ai besoin de ce temps, c'est précieux.
00:35:38Et ça fait peur de voir les débats où, effectivement, en dix minutes,
00:35:42on a le droit de parler deux fois et tout.
00:35:44Mais en même temps, on se dit, c'est quand même un espace trop large à laisser,
00:35:48justement, à cette reproduction permanente d'une espèce de consensus télévisuel.
00:35:55Moi, je regarde tout le temps BFM et tout, je suis accro à ça
00:35:58parce que quand je veux savoir ce que pense l'adversaire, j'allume BFM.
00:36:01C'est vraiment...
00:36:02Dites-vous, vous voulez savoir ce que pense l'adversaire, allumez BFM.
00:36:05En cinq minutes, vous avez le pouls du système médiatique,
00:36:07c'est-à-dire quel est le cycle, de quoi on va véritablement parler
00:36:11pour ne pas parler du fond.
00:36:12Et deuxièmement, quels vont être plus ou moins les éléments de langage
00:36:15que tous vont reprendre, parce que c'est une espèce de chaîne.
00:36:17Et en fait, on s'est dit, il faut aller mener la bataille au milieu de ça
00:36:20pour dire, non, en fait, on peut montrer que même avec les codes de la télé,
00:36:23qui sont des codes qui se sont imposés, qui sont encore importants
00:36:26pour énormément de foyers, de personnes, on peut proposer quelque chose.
00:36:29C'est-à-dire qu'à l'intérieur, mais en décalage, c'est un petit pas.
00:36:33Et bon, voilà, c'est de dire, on ne va pas leur laisser cet espace
00:36:37parce qu'il n'empêche pas de construire des espaces à côté,
00:36:39de les construire différemment et sur d'autres normes.
00:36:41Et ça, c'est une bataille qu'il ne faut, à mon avis, pas abandonner.
00:36:44En tout cas, c'est la position du Média.
00:36:46– Juste, après, on regardera à l'Ouest.
00:36:47Tu parlais de chien de garde, tu parlais de BFM, etc.
00:36:50On va regarder un petit extrait, parce que nous, on a eu le droit
00:36:52à un traitement de faveur, on a souvent le droit à un traitement de faveur
00:36:54à l'humanité, on regarde un petit extrait, après, on en discute.
00:36:58– Avec notre enquête sur ces millionnaires qui nous gouvernent,
00:37:01nous avons manifestement touché un point sensible.
00:37:03Premier prix de démagogie pour l'humanité, regarde en bas,
00:37:06ces millionnaires qui nous gouvernent.
00:37:07– Hier, le journal l'Humanité, qui rêve du grand soir,
00:37:10a ciblé le nouveau gouvernement.
00:37:12La jalousie est un moteur puissant.
00:37:14– Ce matin, le journal, il ne fallait pas le lire,
00:37:15il fallait le mettre à la poubelle.
00:37:17– Eh ben non, nous ne sommes ni jaloux, ni démagogues,
00:37:19mais il y a des faits et il y a de la politique.
00:37:21La moitié des membres du gouvernement sont millionnaires
00:37:23et un tiers d'entre eux font partie du 1% des Français les plus fortunés.
00:37:28– Voilà, un petit extrait qui fait toujours plaisir.
00:37:30Os, tu veux réagir là-dessus ou tu veux continuer la discussion d'abord ?
00:37:33– Je vais juste rebondir sur…
00:37:34– Vous êtes jaloux déjà en tout cas, vous n'êtes pas déjà jaloux.
00:37:35– Vous nous dites communistes alors qu'on utilise Twitch.
00:37:38– C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai, c'est vrai ça.
00:37:40– Blague pour déconverti à Murray je crois.
00:37:42– Je crois que par rapport à ce que disait Paul tout à l'heure,
00:37:45je suis totalement d'accord, c'est l'espace de la télévision.
00:37:47Parce que tu disais dans ta question,
00:37:49est-ce que vous voulez rejoindre les médias mainstream à la télévision ?
00:37:51Et en fait, justement, c'est tout le problème,
00:37:53c'est qu'il n'y a que du mainstream à la télévision et ce n'est pas normal,
00:37:55c'est un endroit qui est hyper verrouillé.
00:37:57Alors que nous, on a un peu cette impression-là
00:37:59qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent et c'est vrai,
00:38:01et de plus en plus c'est vrai, mais la télévision ça reste,
00:38:04et notamment le 20h, ça reste le truc majeur
00:38:07avec lequel les gens s'informent en France.
00:38:08Je crois que c'est encore aujourd'hui le plus important
00:38:10nombre de personnes qui regardent le 20h
00:38:11que n'importe quelle émission d'information ou d'actualité sur Internet.
00:38:14– Entre 10 et 12 millions de personnes tous les soirs à 20h
00:38:17sur TF1 et France 2 qui regardent la grand-messe du 20h.
00:38:21– Après il y a des biais générationnels évidents.
00:38:22– Oui, forcément, les gens plus âgés vont plus regarder,
00:38:24il y a peut-être des gens qui regardent le 20h
00:38:26et qui s'informent aussi sur Internet, forcément,
00:38:27il y a de plus en plus de gens qui s'informent sur Internet,
00:38:29mais cette idée de l'aller à la télévision…
00:38:31– Les gens qui regardent le 20h sur Internet aussi.
00:38:32– Qui regardent le 20h sur Internet, ça réannule les chiffres.
00:38:36Mais cette idée d'aller à la télévision…
00:38:37– Il faut les enfermer, il y a un truc, il faut comprendre.
00:38:38Regarder le 20h sur Internet, ça n'a quand même aucun sens.
00:38:41– Peut-être que tu peux mettre le 20h sur ton ordi
00:38:42et le brancher à ta télévision.
00:38:43– C'était vraiment déperturant.
00:38:46– C'était juste pour dire que c'était encore quelque chose
00:38:48de très très central et qu'on ne se rend pas forcément compte
00:38:49en travaillant sur Internet ou dans des médias indés
00:38:56dans nos médias à nous, dans notre public à nous,
00:38:58et on ne voit pas tout un plan de la population
00:39:00qui s'informe totalement autrement.
00:39:01Et c'est pour ça que c'est important d'aller à la télévision.
00:39:03– Mais justement…
00:39:04– Pour les ramener sur, aussi, nos plateformes et nos médias.
00:39:07– Mais est-ce que ça vous donne de l'optimisme aussi
00:39:09de voir que finalement les médias mainstream,
00:39:11tu parlais de la fracture générationnelle, Paul,
00:39:13c'est les jeunes qui investissent davantage
00:39:15et s'informent davantage maintenant sur Internet,
00:39:18parfois pour le meilleur et parfois pour le pire,
00:39:20mais que vous êtes de plus en plus regardés, écoutés,
00:39:24ça vous donne de l'espoir un peu pour la suite,
00:39:27pour l'avenir, pour le débat public ?
00:39:30– Je ne sais pas si ça donne de l'espoir dans le sens où
00:39:32qu'est-ce que regardent les jeunes, parce que là on a eu l'exemple
00:39:34de la campagne de Vardela où on a vu qu'il y a énormément de jeunes
00:39:38qui avaient accès à cette campagne-là, il y a de l'information entre guillemets
00:39:41sur la base de comptes d'extrême droite, notamment d'influenceurs
00:39:45qui ont mené une bataille culturelle sur Internet
00:39:47depuis des années et des années, qui est extrêmement puissante.
00:39:50Maintenant on voit de l'extrême droite dans des vidéos sur la bouffe,
00:39:53on voit de l'extrême droite dans des vidéos sur la muscu,
00:39:55des vidéos lifestyle, ils ont vraiment infiltré chaque pan
00:39:58de ce qui peut se faire comme création sur Internet.
00:40:00Donc quand on dit que de plus en plus de gens s'informent sur Internet,
00:40:03ça peut vouloir dire qu'il y a des gens qui regardent Le Média,
00:40:05des gens qui regardent Blast ou qui regardent Brexit,
00:40:07mais ça peut aussi vouloir dire des gens qui regardent des vidéos
00:40:09d'influenceurs d'extrême droite.
00:40:11Moi je ne sais pas si on peut être optimiste ou pas,
00:40:13il n'y a que l'avenir qui pourra nous dire de quelle façon
00:40:15les personnes qui s'informent sur Internet se sont informées
00:40:17et quelle est la ligne politique, quelle est l'idéologie
00:40:20qui a plus infusé toute une génération.
00:40:23Après ça reste de la prédiction.
00:40:25Moi je n'ai pas vraiment de réponse toute faite à cette question.
00:40:31Moi je serais un petit peu plus positive,
00:40:32même si je suis évidemment d'accord avec tout ce que tu viens de dire,
00:40:35sur le fait que pour moi quand même les médias indépendants,
00:40:37et en tout cas ce que je connais le mieux, donc Blast ces dernières années,
00:40:40a fait quand même la démonstration d'un certain nombre de choses
00:40:42qui peuvent nous donner de l'espoir.
00:40:43C'est que, et on en a tous parlé, c'est la nécessité du temps long,
00:40:47c'est qu'en fait ça ne rebute pas les gens de faire un entretien d'une heure,
00:40:50s'il est intéressant, s'il est bien travaillé, etc.
00:40:53De faire même des vidéos, nous on a fait,
00:40:55pendant les législatives avec Salomé Saké,
00:40:57on a fait une vidéo qui durait presque une heure,
00:40:59qui s'appelait « A quoi ressemblerait nos vies si le RN arrivait au pouvoir ? »
00:41:04En fait elle a été énormément regardée.
00:41:06La durée n'a pas rebuté les gens.
00:41:08De faire aussi des contenus de qualité,
00:41:10je pense que ça joue beaucoup et ça marche.
00:41:14En fait on voit que même quand tu parlais de la nécessité aussi
00:41:17de mettre des sujets sur la table dont on ne parlait pas dans l'actualité,
00:41:20je pense que c'est vraiment quelque chose qu'on essaie de faire avec Blast
00:41:22et on voit bien que ça fonctionne.
00:41:23Et puis en fait, quand bien même parfois certaines vidéos ne font pas de vues,
00:41:26on s'en moque, pour nous c'est important d'en parler
00:41:28et on ne peut pas garder cette idée.
00:41:30Et c'est ça qui est compliqué aussi pour des médias comme nous
00:41:32parce qu'on est aussi beaucoup sur la question du nombre de vues,
00:41:36du nombre de personnes qu'on touche.
00:41:37C'est hyper important de ne pas être tout le temps,
00:41:39de ne pas devenir esclave de ça non plus
00:41:42et de se dire « En fait il y a ce sujet-là, on sait qu'il ne va pas faire un carton,
00:41:44mais c'est essentiel qu'on en parle et donc on s'en fiche en continuant d'en parler. »
00:41:47Et c'est notamment ce qu'on a fait avec Gaza
00:41:49et on a fait certaines vidéos justement sur la situation à Gaza
00:41:52qui malheureusement ne sont pas les vidéos qui sont les plus vues.
00:41:55C'est terrible aujourd'hui, mais il faut le dire.
00:41:56Donc je pense qu'il y a un peu tout ça
00:41:58et il y a aussi quelque chose sur le fait de former des gens en fait,
00:42:01de former des gens sur des sujets essentiels
00:42:04comme l'écologie, les questions internationales, la politique.
00:42:08Je pense qu'on a vraiment contribué à former énormément de personnes
00:42:10qui ensuite forment d'autres personnes.
00:42:12Moi je suis hallucinée par le nombre de gens qui nous disent à Blast
00:42:15« j'envoie vos vidéos pour avoir des débats ou pour convaincre des gens,
00:42:19j'utilise les arguments de vos vidéos pour avoir des débats
00:42:22sur l'écologie, sur la société, etc. »
00:42:24Donc tout ça en fait, je pense que ça crée aussi quand même un effet de boule de neige
00:42:27qui est hyper positif,
00:42:28qui ne va peut-être pas contrer entièrement
00:42:31l'impact dans la bataille culturelle que peut avoir l'extrême droite aujourd'hui.
00:42:36Mais je pense que c'est hyper important de le mentionner
00:42:38et c'est pour ça qu'il faut quand même continuer à dire aux gens
00:42:40que c'est important de soutenir les médias indépendants
00:42:42et que surtout c'est hyper important de partager notre travail en fait,
00:42:45de partager autour de vous, de le faire connaître
00:42:47parce que c'est que comme ça que cet effet positif
00:42:50et le fait de créer un débat public qui soit d'une meilleure qualité va fonctionner.
00:42:55– Avant de passer un petit magnéto sur l'extrême droite
00:42:57parce qu'on est en train d'en parler, il y a une question du tchat.
00:43:00Une question pour Paul, c'est étonnant que l'ARCOM ne favorise pas
00:43:02le pluralisme sur les fréquences TNT,
00:43:04aurait-elle des doutes sur la solidité financière du média ?
00:43:08Est-ce que c'est ça le critère ?
00:43:09Il n'y a pas vraiment de critères, on ne les connaît pas,
00:43:11est-ce que ça s'en est pas ?
00:43:12– Il y a une question qui a été posée pendant l'audition là-dessus
00:43:16parce qu'effectivement ça coûte cher d'avoir le moyen de concurrencer
00:43:21ou d'avoir une capacité à faire la même chose
00:43:24que font les chaînes qui ont des budgets astronomiques.
00:43:27Mais en vérité encore une fois, il y a des questions qui se posent aussi déjà
00:43:31sur qui sont les gens de l'ARCOM, comment sont-ils nommés,
00:43:34quel est leur caractère indépendant et leur caractère de compétence
00:43:38quant à leur évaluation, parce que c'est beaucoup de hauts fonctionnaires
00:43:40et c'est des gens qui ont des compréhensions techniques, plein de choses,
00:43:43mais quel est leur rapport à la profession, au métier, à la compréhension ?
00:43:47Donc ça c'est tout un système de questions qui à mon avis pèsent plus lourd
00:43:50que simplement la question financière sur ça.
00:43:53Mais pour reprendre sur le débat, moi je n'étais pas comme eux là,
00:43:56un peu les guest stars du Média indépendant,
00:44:00et je ne suis toujours pas par rapport à eux,
00:44:01mais j'ai vu cette année quelque chose de l'ordre de l'explosion quand même.
00:44:05En fait depuis le 7 octobre, il y a eu une explosion à mon avis des contenus,
00:44:09en tout cas des audiences sur un certain nombre de nos contenus,
00:44:12parce que justement là ça a marqué,
00:44:15ça a été vraiment une caricature de l'unilatéralisme médiatique,
00:44:18et on disait c'est le gardien de la pensée dominante,
00:44:20mais enfin là on est arrivé à la justification d'une politique de génocide sur un peuple,
00:44:24ce qui est hallucinant de tous points de vue,
00:44:26intellectuellement, en termes de morale si on le veut, politique etc.
00:44:31Et effectivement, quand cette idée de, on était sur assistance respiratoire,
00:44:37c'est revenu, moi on me l'a dit plein de fois quand les gens je les rencontrais etc.
00:44:40Donc on pourrait se dire, mais c'est trop bien,
00:44:42ça veut dire qu'il y a quelque chose de nouveau etc.
00:44:44Mais en tout cas les études de socios disent,
00:44:47attention sur les questions de format internet par internet, la télé ou quoi,
00:44:50le problème c'est qu'une partie de la façon dont on s'informe,
00:44:53elle est vraiment organisée en fonction de notre orgie sociale,
00:44:57de nos capitaux culturels, ceux auxquels on a accès,
00:45:00et en fait ce qu'on rend compte c'est que les gens qui s'intéressaient à l'information
00:45:03de telle ou telle manière, que ce soit par la presse écrite ou la télé,
00:45:06sur internet ils vont faire la même chose.
00:45:07S'il s'agissait juste d'avoir un petit peu d'actualité et de picorer,
00:45:11et qu'ils faisaient ça à la télé en regardant juste les titres,
00:45:13et bien c'est un peu ce qu'ils font sur internet.
00:45:14Donc moi ce que j'ai l'impression c'est que dans nos publics là,
00:45:18il y a un vrai appel d'air qui est, on a besoin de respirer et c'est intéressant,
00:45:21mais on est aussi une bulle, une bulle sociale,
00:45:24une bulle d'une jeunesse diplômée, déjà engagée etc.
00:45:27Et que la question pour nous ça va être de dire, si on veut avoir de l'espoir,
00:45:30c'est justement de dire mais quelles sont les conditions dans lesquelles
00:45:33on dépasse la bulle sociale qu'on a tendance à reproduire,
00:45:38parce qu'en plus on partage un peu les mêmes trajectoires sociales,
00:45:41les mêmes façons d'avoir abordé notre métier.
00:45:44Et ça c'est, voilà si on veut être plus pessimiste c'est,
00:45:47oui il y a de l'envie, oui il y a un développement, il y a une soif de contenu,
00:45:51mais comment on l'élargit et comment on ne s'en ferme pas
00:45:56dans un milieu social particulier ?
00:45:59Tu voulais réagir ?
00:46:00Ouais, moi je pense qu'effectivement il y a de l'espoir,
00:46:02moi je le vois à la fois comme ce que tu disais tout à l'heure Paloma
00:46:06par rapport aux foire-malons, les gens n'ont pas peur des foire-malons.
00:46:09Moi je fais des foire-malons depuis 2018 en podcast
00:46:11et je vois très bien que les gens continuent jusqu'au bout,
00:46:13enfin ils ne s'arrêtent pas à la quinzième minute.
00:46:17Souvent on me dira je veux lancer un podcast,
00:46:18mais il ne faut pas que ça dure plus de dix minutes parce que ça fait chier les gens.
00:46:21Ce n'est pas vrai, arrêtez de prendre les gens pour des teubés,
00:46:23surtout les jeunes parce que c'est quand même très pénible.
00:46:26Les gens s'y intéressent, les gens s'intéressent,
00:46:28les gens comprennent si on leur explique et en plus c'est empouvoirant.
00:46:32C'est vraiment ça que je cherche notamment sur la vulgarisation politique, etc.
00:46:37Donc ça c'est vraiment la partie plutôt optimiste
00:46:39de voir qu'effectivement quand on propose un contenu
00:46:42qui ne rentre pas forcément dans les codes de ceux dont on a l'habitude
00:46:46ou alors de ceux qu'on peut imaginer comme étant ce qui fonctionne
00:46:50en respectant les codes internet, des réseaux sociaux, etc.
00:46:54En fait ça peut quand même fonctionner.
00:46:55Néanmoins moi je suis pessimiste à deux égards.
00:46:58Déjà financièrement parce que je pense que la question du financement
00:47:01des médias indépendants est quand même assez centrale
00:47:03et des médias de manière générale.
00:47:05Donc ça c'est un véritable sujet qui est quand même très important
00:47:09et qu'il va falloir à un moment donné qu'on prenne vraiment à bras le corps
00:47:11mais collectivement parce que seul on n'y arrivera pas.
00:47:14Deuxième élément aussi sur lequel je suis un peu pessimiste, voire beaucoup,
00:47:18c'est notre dépendance aux plateformes.
00:47:20C'est-à-dire qu'aujourd'hui on est quand même très présent sur les réseaux sociaux,
00:47:23on a bien vu ce qu'avait créé le rachat de Twitter slash X par Elon Musk,
00:47:29de la ligne éditoriale qui a été imposée du jour au lendemain sur ce réseau
00:47:34sur lequel j'étais excessivement présente,
00:47:35où je ne suis quasiment plus du tout et je pense que je ne suis pas la seule,
00:47:38de la politique récente aussi d'Instagram de ne plus pousser les contenus politiques.
00:47:43Donc toute cette dépendance que l'on crée par rapport à ces plateformes,
00:47:47mais Twitch en fait partie par ailleurs, YouTube en fait partie,
00:47:49c'est-à-dire comment on arrive aussi à décentraliser notre présence
00:47:52et à faire en sorte d'être présent peut-être sur nos propres sites internet, etc.
00:47:57Et ça c'est un véritable enjeu.
00:47:58Et c'est un enjeu qu'on n'anticipe pas trop, je trouve, en tout cas dans les médias en France.
00:48:04J'avais fait un voyage d'études à Londres où j'avais rencontré plusieurs médias,
00:48:08notamment des gens du Guardian qui disaient que c'était leur priorité absolue,
00:48:12se barrer des réseaux sociaux, ne plus avoir emmené leur audience...
00:48:16Les Guardian ils sont toujours en avance.
00:48:17Oui voilà exactement, on peut effectivement les écouter,
00:48:22on peut leur faire confiance, c'est clair.
00:48:23Et donc eux c'était vraiment leur priorité au moment où on les a rencontrés,
00:48:26c'était en début d'année, en disant, nous il faut qu'on se casse d'Instagram,
00:48:29il faut qu'on se casse de Facebook, il faut qu'on soit vraiment mais totalement décentralisé.
00:48:33Donc ça c'est quand même un aspect sur lequel il faut réfléchir,
00:48:36mais je pense encore une fois collectivement et il n'y a que comme ça qu'on arrivera à avancer
00:48:40en ayant une réponse qui soit vraiment aussi forte.
00:48:44On parlait de bataille idéologique, parce que c'est un peu là-dedans qu'on s'inscrit.
00:48:48Donc si on veut une réponse être aussi forte que nos adversaires,
00:48:51comme tu l'as nommé tout à l'heure, il va falloir qu'on le fasse ensemble.
00:48:54Elle dit ça au moment où l'humanité lance sa chaîne Twitch,
00:48:56moi je trouve ça un peu insultant mais...
00:48:58Oui c'est vrai, vous la jouez tellement perso !
00:49:01Tout le monde s'est dit que j'étais jalouse en fait.
00:49:02Oui c'est ça.
00:49:03Je tiens juste à dire que Blast c'est sur Peertube,
00:49:06donc nous on essaie de prévoir un tout petit peu ça,
00:49:08c'est-à-dire que toutes nos vidéos sont sur Peertube,
00:49:10pour ne pas être que dépendant de YouTube,
00:49:12mais voilà en termes de nombre de vues,
00:49:14c'est sûr que ça n'a rien à voir avec les vues qu'on fait sur YouTube.
00:49:16Et puis en plus cette plateforme, encore une fois, ça enferme.
00:49:20YouTube, l'âge est plutôt élevé,
00:49:22moi mes darons regardent sur YouTube maintenant.
00:49:24Twitch, c'est...
00:49:25Enfin non mais je veux dire,
00:49:26et ensuite ça scinde des audiences, etc.
00:49:27Moi je le vois quand les gens ils me rencontrent et tout,
00:49:29les gens qui m'ont vu sur le média, ils sont plutôt âgés,
00:49:31les gens qui me connaissent qui sont plus jeunes,
00:49:34ils m'ont vu sur Twitch chez quelqu'un d'autre,
00:49:36ou des trucs comme ça, enfin ça va très vite quoi.
00:49:38On commençait à en parler tout à l'heure un peu de l'extrême droite
00:49:40parce que c'est quand même une partie des influenceurs
00:49:42slash éditorialistes qui pèsent beaucoup.
00:49:44Avant d'en parler, on regarde un petit magnéto.
00:49:47Vous êtes prêts à la régie ? C'est parti.
00:49:49Plus une femme aille de partenaire sexuel, plus sa valeur diminue.
00:49:51La tromperie des hommes est moins grave que celle des femmes.
00:49:54Courir après une femme, c'est être un sous-homme.
00:49:56C'est le genre de conseil qu'on peut entendre
00:49:58dans la bouche de coachs en séduction
00:50:00sur les réseaux sociaux qui propagent des idées masculinistes.
00:50:02Une femme se doit de vous donner du sexe.
00:50:05Le masculinisme, c'est une idéologie qui considère
00:50:08que les hommes souffrent d'inégalités
00:50:10dans une société désormais dominée par les femmes.
00:50:12Je ne suis pas féministe, alors évidemment
00:50:14qu'une femme devrait toujours respecter l'autorité de son mari.
00:50:17Depuis plusieurs années, ces pseudo-experts de la drague
00:50:19ont investi massivement YouTube, TikTok ou encore Instagram
00:50:22pour apprendre aux hommes à devenir des mâles alpha.
00:50:24En gros, c'est vrai bonhomme.
00:50:26Et surtout, comment attirer un maximum de femmes ?
00:50:28Les mascus ont bien compris deux choses.
00:50:30D'abord, que l'algorithme joue en leur faveur.
00:50:32Plus leurs contenus sont polémiques, plus ils ont de chances d'être mis en avant.
00:50:35Ensuite, leurs cibles.
00:50:36Ce sont souvent des jeunes garçons ou des jeunes hommes
00:50:38en manque de repères face aux diverses injonctions de la société
00:50:41ou parfois en grande souffrance,
00:50:42qui vont trouver du réconfort dans ces entre-soi masculins.
00:50:45Et ça, pour les mascus, ça vaut de l'or.
00:50:47Presque tous surfent sur le malaise de jeunes hommes
00:50:49pour proposer des coachings et des formations payantes
00:50:52avec des accès privilégiés à des salons de discussion
00:50:54où parfois les propos sont encore plus extrêmes.
00:50:5699% des femmes racontent de la merde.
00:50:5899% des femmes sont débiles.
00:51:00Je suis désolé, je suis obligé de le dire,
00:51:01les femmes de maintenant sont débiles.
00:51:03Pour les mascus, tout est de la faute de la société,
00:51:05mais surtout du féminisme.
00:51:11Est-ce qu'eux aussi c'est des éditorialistes ?
00:51:13Est-ce que c'est eux aussi les nouveaux éditorialistes ?
00:51:15Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:51:15Je vous voyais tous vomir, faire des têtes affligées.
00:51:17Alors évidemment, le fond du propos est dégueulasse.
00:51:20Est-ce que la forme reprend pas aussi certains de vos formats host ?
00:51:26Pour moi, ça s'inscrit globalement dans une bataille culturelle.
00:51:29Comme je disais tout à l'heure,
00:51:30il y a toute une théorisation à l'extrême droite
00:51:32en reprenant Gramsci.
00:51:34On parle de gramscisme de droite.
00:51:35C'est-à-dire d'infiltrer toutes les strates de la société
00:51:38pour gagner la bataille culturelle.
00:51:40Pour moi, ça, c'est pas d'éditorial.
00:51:41C'est un influenceur politique
00:51:44qui se cache derrière une idée un petit peu de
00:51:47« je vais vous apprendre à être des vrais hommes ».
00:51:49Mais on a la même chose sur les influenceurs muscu.
00:51:51Ils reprennent des codes quand même.
00:51:52Oui, ils reprennent.
00:51:53Les codes de la télé, les codes des réseaux sociaux,
00:51:56des plateformes que vous utilisez.
00:51:57Ils reprennent les codes de YouTube, tout simplement.
00:51:59Ça fait longtemps que ça existe, ces codes-là,
00:52:01de parler face caméra et d'expliquer la vie aux gens,
00:52:03entre guillemets, ou de vulgariser des sujets.
00:52:05C'est les codes YouTube qui existent depuis super longtemps.
00:52:07Ils n'inventent rien.
00:52:08Oui. On est plus proche de dérives sectaires,
00:52:10à certains cas, que de véritablement des médias
00:52:13avec des éditorialistes.
00:52:14Et ça, c'est extrêmement dangereux parce que,
00:52:15comme toujours, l'extrême droite avance masquée.
00:52:17Elle ne va pas assumer son positionnement.
00:52:19Elle va simplement dire,
00:52:20« Regardez, on a eu tous ces tissus de conneries
00:52:23sur les influenceurs muscu. »
00:52:25Mais on a aussi, je prends d'autres exemples,
00:52:27pendant le gros pic du Covid,
00:52:29on a eu tout un tas d'influenceurs santé aussi,
00:52:31avec des liens avec l'extrême droite,
00:52:33qui ont diffusé un discours très dangereux
00:52:35avec les mêmes codes, avec la même façon de faire.
00:52:37On a des influenceurs,
00:52:38là, c'était un peu à la mode à un moment,
00:52:39c'était les banquets viandards en mode vrai français
00:52:42qui se présentaient comme des youtubeurs gastronomie,
00:52:44qui, eux aussi, diffusaient un discours d'extrême droite.
00:52:46En fait, on retrouve ce discours partout.
00:52:48Et là, on est au-delà de simplement
00:52:49la question d'éditorialistes.
00:52:50Là, on est sur une infiltration culturelle
00:52:52dans plein de milieux.
00:52:53Parce que depuis le début des années 2020
00:52:55et notamment l'invasion du capital,
00:52:56c'est beaucoup plus compliqué pour l'extrême droite
00:52:58de faire des vraies chaînes d'extrême droite
00:53:00sur YouTube.
00:53:01Il y en a plein qui ont été, on dit, déplatformées,
00:53:02c'est-à-dire retirées de YouTube.
00:53:04C'est quelque chose qui fonctionne,
00:53:05de simplement les virer de YouTube.
00:53:06Il a fallu 15 ans pour s'en rendre compte, mais voilà.
00:53:08Donc, ils ont trouvé...
00:53:09Ils trouvent toujours des moyens un peu détournés
00:53:11de continuer à Twitch.
00:53:13Twitch, qui est aussi un petit peu plus strict
00:53:15sur l'idéologie d'extrême droite.
00:53:16Ils vont notamment sur d'autres plateformes
00:53:18qui sont connues pour être un peu plus laxistes,
00:53:20mais ils ont moins d'audience.
00:53:21Mais ils...
00:53:22Comment ?
00:53:23Kik, par exemple ?
00:53:24Kik, c'est ça, je cherchais le nom.
00:53:25Tout à fait.
00:53:26Mais, de fait, on partage tous un même espace.
00:53:29Je parle quand même de la capitale.
00:53:30Sur le marché de l'attention,
00:53:31finalement, ça reste des concurrents.
00:53:32Bien sûr.
00:53:35Après, en fait, moi, ce que je trouve compliqué,
00:53:37c'est qu'il y a une forme de confusionnisme.
00:53:39C'est-à-dire que, parfois,
00:53:40il y a certains de ces influenceurs,
00:53:41si on regarde leur vidéo,
00:53:42on ne sait pas ce qu'on regarde.
00:53:43On ne sait pas si on est en train de regarder
00:53:44une vidéo de quelqu'un
00:53:45qui essaie de nous apprendre quelque chose,
00:53:47quelqu'un qui essaie, en fait,
00:53:48juste de défendre une idéologie
00:53:50en avançant masqué, en quelque sorte,
00:53:52ou quelqu'un qui essaie
00:53:53de nous vendre des compléments alimentaires.
00:53:54Donc, il y a un peu de tout ça à la fois.
00:53:57Moi, l'exemple qui m'a le plus marquée...
00:53:59Je ne connais pas hyper bien cette question-là,
00:54:00mais j'ai creusé un exemple il n'y a pas longtemps,
00:54:03c'est l'exemple du Raptor dissident.
00:54:04Donc, il y a un youtubeur d'extrême droite
00:54:05qui a arrêté de faire des vidéos depuis deux ans
00:54:07et qui, comme par hasard,
00:54:08est revenu avec une vidéo climato-sceptique
00:54:10qui dure une heure douze
00:54:11sur laquelle le format a complètement changé.
00:54:14C'est-à-dire que ça fait très sérieux.
00:54:15Il est sur un bureau,
00:54:16il est avec une chemise,
00:54:17il balance un graphique à la seconde, etc.
00:54:20Et, en fait, tout ça,
00:54:21c'est quand même aussi, en effet,
00:54:22pour reprendre des codes journalistiques sur YouTube
00:54:24pour avoir l'air sérieux.
00:54:25Parce qu'il chapitre sa vidéo.
00:54:26C'est quelque chose qu'on fait aussi avec Blast, par exemple.
00:54:28On chapitre nos vidéos
00:54:30et on annonce notre plan au début.
00:54:31Donc, il chapitre sa vidéo
00:54:32presque comme un papier scientifique,
00:54:34tu vois, avec 1.2, 1.3, etc.
00:54:36Donc, tout ça, en fait,
00:54:37donne l'impression que c'est sérieux,
00:54:39donne l'impression qu'il prend les gens au sérieux.
00:54:41Et, en fait, derrière,
00:54:42il peut dire absolument n'importe quoi
00:54:44et servir, d'une certaine manière, une idéologie
00:54:46parce que ça reste un youtubeur d'extrême droite
00:54:48et qu'évidemment qu'aujourd'hui,
00:54:49il y a des gens,
00:54:50il y a énormément de personnes
00:54:51qui ont intérêt à ce qu'il y ait
00:54:52beaucoup de Françaises, de Français
00:54:54et des doutes sur l'existence du changement climatique.
00:54:56Donc, c'est aussi ça,
00:54:58la question qu'il faut se poser
00:55:00par rapport à ce type de contenu
00:55:02et c'est qu'est-ce qu'on fait
00:55:03face à ces contenus-là.
00:55:04Et je pense que les débunker, simplement,
00:55:06ça ne va pas suffire.
00:55:07Ce qu'il faut, c'est, en fait,
00:55:08essayer de comprendre pourquoi ils font ça,
00:55:10quels intérêts ils essaient de servir,
00:55:11qui, potentiellement, les a aidés
00:55:13à faire ce contenu-là
00:55:14et, justement, quel mal ça peut faire derrière
00:55:17parce que c'est pas pour rien
00:55:18que, voilà, le Raptor a fait 600 000 vues
00:55:21en à peine 3 jours.
00:55:22Et il faut aussi comprendre
00:55:23qui a vu et pourquoi
00:55:25parce que je pense qu'il y a beaucoup de gens
00:55:26qui ont regardé juste par curiosité,
00:55:27pas parce qu'ils sont climato-sceptiques.
00:55:28Donc, il ne faut pas forcément aussi
00:55:30faire des raccourcis aussi simples
00:55:32dans ces moments-là, je pense.
00:55:33Moi, je pense qu'il y a aussi un élément
00:55:35qui me semble assez intéressant,
00:55:36c'est de savoir quand on communique
00:55:38sur ces plateformes
00:55:39et qu'on sait envers qui on communique
00:55:41et contre qui, surtout,
00:55:43on cherche à argumenter,
00:55:45on peut débunker, etc.
00:55:46Mais je pense qu'il y a aussi
00:55:48la façon dont on s'exprime,
00:55:49la façon dont on façonne un récit
00:55:53parce que c'est de ça dont il s'agit, en réalité.
00:55:56C'est de savoir quel est le récit
00:55:58qui va finalement l'emporter.
00:55:59Et souvent, on le voit, hélas,
00:56:01le fact-checking ne suffit pas.
00:56:03Ça peut aider.
00:56:04On l'a vu, d'ailleurs,
00:56:05sur le dernier débat Harris-Trump
00:56:07où ABC a enfin fait en direct,
00:56:10en live du fact-checking
00:56:11pendant le débat
00:56:12et ça a clairement desservi Trump.
00:56:13Donc, c'est fondamental.
00:56:14– Tu crois ?
00:56:15– Mais ça ne suffit pas.
00:56:16– Tu crois que ça ne polarise pas davantage ?
00:56:19– Pas forcément.
00:56:20Vraisemblablement,
00:56:21de ce que disaient les commentateurs
00:56:23juste après le débat,
00:56:24ça l'a quand même pas mal desservi.
00:56:25Ça l'a quand même pas mal desservi
00:56:26pour une première fois
00:56:27et ça l'a quand même pas mal décrédibilisé.
00:56:29Moi, je me rendais compte quand même
00:56:30dans l'audience,
00:56:31t'entendais des gens
00:56:32qui se tapaient des barres en fait
00:56:33quand ils disaient
00:56:34« il y a des idées d'or,
00:56:35il y a des idées de cat »
00:56:36tu vois, tout le monde était là
00:56:37« pfff, il y a quand même des idées »
00:56:38enfin bref.
00:56:39Donc, il y a quand même ça
00:56:40qui fonctionne assez
00:56:41mais il y a aussi de savoir
00:56:42comment on porte ce récit,
00:56:43quels sont finalement les affects
00:56:45qu'on convoque auprès de notre audience.
00:56:48Et là où il faut être peut-être
00:56:51assez attentif,
00:56:53et où il faut faire vraiment preuve
00:56:56à mon avis d'analyse,
00:56:57en tout cas moi,
00:56:58c'est ce que je cherche à faire
00:56:59notamment lorsque j'écris
00:57:01parce qu'il y a aussi bien sûr le média
00:57:03mais j'écris des livres
00:57:04et là je viens d'écrire une utopie.
00:57:06Et je me suis beaucoup intéressée
00:57:07au rôle des émotions en politique,
00:57:10des affects que l'on convoque
00:57:12lorsque l'on s'adresse à une audience.
00:57:14Et ce dont on se rend compte,
00:57:16c'est que souvent l'extrême droite
00:57:17et majoritairement l'extrême droite
00:57:19mais pas que,
00:57:20même le gouvernement a actuellement en place,
00:57:21les populistes de manière générale,
00:57:23vont convoquer des affects négatifs
00:57:25tels que le ressentiment,
00:57:27la peur, etc.
00:57:28La question que souvent je me pose,
00:57:29et parfois j'ai envie,
00:57:31parce que c'est vrai que la situation me fait peur,
00:57:33donc j'exprime de la peur
00:57:34par rapport à une extrême droite
00:57:36qui s'implante de plus en plus
00:57:38dans nos institutions, etc.
00:57:40Mais je me dis qu'il faut faire attention
00:57:41de ne pas, nous,
00:57:42rentrer dans ce jeu-là,
00:57:44justement de convoquer des affects
00:57:46aussi négatifs que ce que le font
00:57:48les populistes, etc.
00:57:50Comment aussi on façonne le récit,
00:57:52comment on façonne nos discours
00:57:53pour essayer de porter quelque chose d'autre
00:57:58et surtout en politique, en fait.
00:57:59C'est quand même assez important.
00:58:00Et l'espoir, à mon avis,
00:58:01peut être une très bonne réponse.
00:58:03Paul ?
00:58:04Je dirais qu'on est en train d'observer
00:58:06que dans les masses, dans les classes populaires,
00:58:08il y a une tendance,
00:58:10une repolarisation autour d'un axe droite-gauche
00:58:12mais qui s'exprime sous la forme de la radicalité
00:58:14que la crise politique implique.
00:58:16C'est-à-dire une gauche assez radicale,
00:58:17ou en tout cas qui reprend du poil de la bête
00:58:19et de l'autre côté, du coup,
00:58:20l'extrême droite comme une option
00:58:23pour une partie importante des classes populaires.
00:58:25Donc c'est normal que chaque camp
00:58:28se dote, entre guillemets,
00:58:30d'intellectuels organiques,
00:58:31de gens qui sont là pour porter leurs discours.
00:58:33Mais je pense qu'encore une fois,
00:58:34on a une fonction très différente.
00:58:36Si on dit que les éditorialistes
00:58:37sont en charge de la naturalisation
00:58:40de l'ordre inégalitaire
00:58:41et que nous, on est en face,
00:58:42ceux qui devons, en fonction de nos idéaux,
00:58:44pour pousser nos agendas,
00:58:45défaire cette espèce d'idéologie dominante,
00:58:47les influenceurs de l'extrême droite
00:58:49sont dans une troisième catégorie.
00:58:51Ils sont des producteurs de mythes.
00:58:52C'est pour ça, d'ailleurs,
00:58:53que le rapport à la vérité
00:58:54n'a absolument aucun intérêt pour eux.
00:58:56Et c'est pour ça aussi
00:58:57que la mobilisation affective
00:58:58de l'extrême droite
00:58:59se brise sur le fact-checking,
00:59:01le debunkage,
00:59:02parce que, peu importe...
00:59:04Quand Trump, il dit que...
00:59:06Il accuse, je crois,
00:59:07les immigrants haïtiens, je crois.
00:59:09C'est ça ?
00:59:10Oui, c'est ça.
00:59:11Peu importe que ce soit vrai ou pas.
00:59:13Il exprime et il raisonne
00:59:14avec des affects réels,
00:59:16xénophobes,
00:59:17ancrés dans l'électorat
00:59:18auquel il parle.
00:59:19Et c'est ça, notre difficulté.
00:59:20D'ailleurs, souvent, à gauche,
00:59:21on a une difficulté
00:59:22à avoir raison sur le front,
00:59:24être dans un débat rationnel
00:59:25et de ne pas pouvoir,
00:59:26malgré le caractère réel
00:59:28du propos délivré,
00:59:30pouvoir toucher plus.
00:59:32Et donc, c'est pour ça
00:59:33que la question de la mobilisation affective
00:59:34est importante.
00:59:35Et nous, on le fait aussi.
00:59:36Quand on s'engage,
00:59:37quand on met en avant nos causes,
00:59:38c'est parce que ce sont des convictions,
00:59:40ce sont des...
00:59:42C'est important,
00:59:43ça peut être de la colère,
00:59:44mais je vais faire
00:59:45une cégolienne royale,
00:59:46une colère saine.
00:59:47Vraiment, quand on dit
00:59:48qu'on se bat contre les inégalités,
00:59:49contre le racisme,
00:59:50contre le sexisme, etc.,
00:59:51il n'y a pas de problème.
00:59:52Mais du coup,
00:59:53je pense qu'ils sont,
00:59:54encore une fois,
00:59:55ils sont des producteurs de mythes
00:59:56au sens où,
00:59:57non seulement,
00:59:58ils veulent réorganiser
00:59:59l'ordre inégalitaire
01:00:00et le naturaliser,
01:00:01mais à partir
01:00:02de visions mystifiées
01:00:03de la société
01:00:04qui n'ont aucune existence réelle.
01:00:05Ni...
01:00:06Je ne sais pas,
01:00:07le meilleur truc,
01:00:08c'est le grand emplacement
01:00:09de cette espèce
01:00:10de théorie complotiste.
01:00:11C'est toujours du complotisme,
01:00:12mais ça n'a aucune réalité concrète.
01:00:15Si on regarde les chiffres,
01:00:16les statistiques, etc.,
01:00:17le problème,
01:00:18c'est que la réponse
01:00:19à y apporter
01:00:20ne peut pas être
01:00:21oui, mais regardez,
01:00:22je ne sais pas,
01:00:23des arguments classiques
01:00:24qu'on entend sur la scène politique.
01:00:25Oui, mais il y a beaucoup
01:00:26de mariages mixtes en France
01:00:27et ça se passe bien.
01:00:28Oui, il n'y a pas
01:00:29les immigrés
01:00:30qui nous coûtent moins
01:00:31qu'ils nous rapportent.
01:00:32Des trucs qui sont horribles,
01:00:33d'avoir des arguments
01:00:34comme ça, rationalistes.
01:00:35Il va falloir trouver mieux
01:00:36et donc, du coup,
01:00:37je séparais vraiment
01:00:38ces fonctions.
01:00:39Ça ne veut pas dire
01:00:40qu'ils ne sont pas dangereux,
01:00:41mais ils sont des producteurs
01:00:42de mythes
01:00:43et il faut les prendre
01:00:44en tant que tels.
01:00:45C'est-à-dire qu'il faut
01:00:46leur rentrer dedans
01:00:47et, au-delà du démonquage,
01:00:48montrer que c'est du complotisme
01:00:50et surtout que c'est des gens
01:00:52qui sont perdus
01:00:53dans leur coin
01:00:54et à mon avis,
01:00:55il ne faut pas
01:00:56les prendre au sérieux.
01:00:57C'est-à-dire que des fois,
01:00:58en les démonquant,
01:00:59on leur donne
01:01:00une sorte de légitimité
01:01:01alors qu'il faut en permanence,
01:01:02je pense,
01:01:03les ramener à leur truc
01:01:04de « c'est des gens
01:01:05qui ne vont pas bien
01:01:06»
01:01:07pour pouvoir s'y confronter.
01:01:08Il faut trouver
01:01:09une manière intelligente
01:01:10de l'amener
01:01:11pour pouvoir s'y confronter
01:01:12parce que sinon,
01:01:13on les fait rentrer
01:01:14dans la raie.
01:01:15C'est ça le problème à chaque fois.
01:01:16On les fait rentrer dans la raie
01:01:17en disant
01:01:18« oui, mais il faut leur répondre. »
01:01:19Je pense qu'il faut leur répondre
01:01:20d'une manière
01:01:21à vraiment les mépriser
01:01:22et les mettre
01:01:23à distance.
01:01:24En plus,
01:01:25si on se positionne
01:01:26constamment
01:01:27en réponse A,
01:01:28en fait,
01:01:29ils gagnent.
01:01:30C'est-à-dire
01:01:31qu'on reçoit
01:01:32des réponses
01:01:33qui ne sont pas
01:01:35C'est-à-dire qu'on reprend.
01:01:36Parce que c'est toujours eux
01:01:37qui décident
01:01:38du thème du débat.
01:01:39Pourquoi ne pas
01:01:40justement,
01:01:41finalement,
01:01:42le recentrer,
01:01:43le redresser ?
01:01:44Comment ?
01:01:45Et pas toujours être en réponse.
01:01:46C'est une vraie question.
01:01:47En plus, on est dans un contexte
01:01:48où ils ont de plus en plus
01:01:49d'espace pour s'exprimer.
01:01:50C'est-à-dire des gens
01:01:51qui, il y a 10 ans,
01:01:52étaient dans des obscurs blogs
01:01:53racistes.
01:01:54Aujourd'hui,
01:01:55ils peuvent être invités
01:01:56à CNews.
01:01:57Sur les chaînes d'info.
01:01:58Et même sur l'EFM.
01:01:59L'EFM est remplie maintenant
01:02:00d'éditorialistes,
01:02:01les fachos de Valeurs Actuelles,
01:02:02maintenant,
01:02:03ils sont là, tranquille.
01:02:04Nous, on n'est jamais invités.
01:02:05Ou très, très rarement.
01:02:06Mais ils sont là installés.
01:02:07Mais il faut considérer CNews
01:02:08comme le plus grand
01:02:09stand-up de France.
01:02:10C'est ça qu'il faut dire,
01:02:11en fait.
01:02:12Mais vraiment,
01:02:13Pascal Praud est hilarant.
01:02:14Parce que quand on l'écoute,
01:02:15moi, vraiment,
01:02:16ça peut m'arriver
01:02:17de le regarder en disant
01:02:18au début,
01:02:19je suis vraiment,
01:02:20mais ça peut m'énerver,
01:02:21me mettre en colère
01:02:22les propos.
01:02:23Mais quel enfer
01:02:24de l'écouter.
01:02:25Et en fait,
01:02:26après je switch,
01:02:27je me dis mais en fait,
01:02:28c'est hilarant.
01:02:29C'est intéressant,
01:02:30ce qu'ils racontent.
01:02:31Ouais,
01:02:32pas de réchauffement climatique,
01:02:33il fait moins sette
01:02:34dans les Yvelines.
01:02:35Mais c'est génial.
01:02:36C'est du délire.
01:02:37Il est où,
01:02:38le réchauffement climatique ?
01:02:39Il faut les prendre
01:02:40en tant que tel.
01:02:41Ils ont un anger démon,
01:02:42leur émission folle
01:02:43du dimanche.
01:02:44Il faut les renvoyer
01:02:45à ce qu'ils sont.
01:02:46Un délire de gens
01:02:47qui sont attachés
01:02:48à un passé
01:02:49qui n'a jamais existé.
01:02:50C'est ça,
01:02:51leur paradoxe.
01:02:52Ils ont un désir
01:02:53de passé qui n'existe pas.
01:02:54Et donc,
01:02:55il faut leur dire,
01:02:56bon écoutez,
01:02:57ils sont dans leur boucle
01:02:58sans aucun encrage.
01:02:59C'est des gens
01:03:00qui parlent tout le temps
01:03:01d'enracissement,
01:03:02ils n'en ont aucun.
01:03:03Ils sont hors-sol
01:03:04en permanence.
01:03:05Un bon exemple
01:03:06de ce qui peut être fait,
01:03:07c'est par exemple
01:03:08la parodie,
01:03:09la moquerie.
01:03:10Typiquement,
01:03:11ce qu'a fait Malik Bentalla
01:03:12avec Pascal Pro,
01:03:13je pense que ça a eu
01:03:14un impact considérable
01:03:15sur la façon
01:03:16dont les gens
01:03:17voient Pascal Pro.
01:03:18Je sais qu'il y a
01:03:19une émission belge aussi
01:03:20où il y a une grosse parodie
01:03:21de Pascal Pro
01:03:22et ça,
01:03:23ça peut être une réponse
01:03:24parce qu'on n'est pas
01:03:25dans le cadre de la rationalité
01:03:26mais on est dans le cadre,
01:03:27des fois,
01:03:28des gens qui mettent
01:03:29en parallèle
01:03:30des extraits de parodies
01:03:31et des extraits de choses
01:03:32qui sont vraiment dites
01:03:33sur CNews,
01:03:34que ce soit Pro ou Morandini
01:03:35et on a l'impression
01:03:36de voir exactement
01:03:37la même chose,
01:03:38à peine exagérée.
01:03:39Je pense que ça,
01:03:40ça marche
01:03:41et je pense que ça
01:03:42les énerve aussi.
01:03:43Ça,
01:03:44ils doivent moins supporter
01:03:45d'être tournés en ridicule
01:03:46que simplement d'être
01:03:47on va débattre avec eux,
01:03:48on va discuter,
01:03:49on va point par point
01:03:50revenir sur ce qu'ils ont dit
01:03:51mais le fait de juste
01:03:52on se fout de votre gueule,
01:03:53je pense qu'ils ne doivent pas
01:03:54être très très contents
01:03:55quand ils voient
01:03:56que le journalisme
01:03:57est obligé
01:03:58de les prendre
01:03:59par d'autres biais.
01:04:00Après c'est un autre métier
01:04:01c'est pas ce qu'on fait nous.
01:04:02Je pense qu'il y a vraiment
01:04:04aussi ce truc
01:04:05de ne pas le prendre au sérieux,
01:04:06de ne pas prendre trop de temps
01:04:07comme tu disais
01:04:08à débunker
01:04:09ce qui relève du spectacle
01:04:10et ce qui est intéressant
01:04:11pour revenir
01:04:12à ce qu'on disait au début
01:04:13c'est que tout ça,
01:04:14ça raconte
01:04:15que ce soit
01:04:16les chaînes de Bolloré
01:04:17ou que ce soit
01:04:18les éditorialistes
01:04:19dont on a parlé au début
01:04:20qui sont un peu
01:04:21les nouveaux chiens de garde,
01:04:22en fait ça raconte
01:04:23un rapport au réel.
01:04:24C'est des gens qui n'ont pas
01:04:25le même rapport au réel
01:04:26que nous
01:04:27et qui n'ont pas
01:04:28le même rapport au réel
01:04:29que la grande majorité
01:04:30des Français.
01:04:31Ils sont ailleurs,
01:04:32ils sont dans un monde parallèle.
01:04:33Et donc peut-être
01:04:34qu'il faut commencer
01:04:35à ne plus trop
01:04:36s'occuper d'eux
01:04:37et se rendre compte
01:04:38que le problème
01:04:39dans la façon
01:04:40dont ils façonnent
01:04:41l'information
01:04:42et donc dont ils dirigent
01:04:43le débat public
01:04:44c'est aussi que pour eux
01:04:45tout ça c'est un spectacle.
01:04:46Et c'est ce que disaient
01:04:47Usul et Loumi
01:04:48dans l'émission Rhinocéros
01:04:49sur justement
01:04:50la dynastie du Hamel.
01:04:51Pour tous ces personnes-là
01:04:52la politique,
01:04:53tout ça c'est un spectacle.
01:04:54Alors que nous
01:04:55on essaie de parler
01:04:56de ces sujets-là
01:04:57en disant en fait
01:04:58c'est nos vies
01:04:59et c'est vos vies.
01:05:00Donc ça n'a rien à voir.
01:05:01Et si on considère
01:05:02que tout est un spectacle
01:05:03et qu'on met ça loin
01:05:04et bien évidemment
01:05:05qu'on n'appréhende pas
01:05:06le sujet de la même manière
01:05:07et je pense qu'il y a
01:05:08un sujet justement
01:05:09au milieu de tout ça
01:05:10qui peut être une arme aussi
01:05:11enfin je considère
01:05:12qui peut être importante
01:05:13aujourd'hui
01:05:14c'est la sincérité.
01:05:15Je pense que toutes et tous
01:05:16on porte nos sujets
01:05:17avec une immense sincérité
01:05:18en fait.
01:05:19C'est des sujets
01:05:20qui nous tiennent à cœur
01:05:21on les traite honnêtement
01:05:22et on les traite
01:05:23dans justement
01:05:24cette couverture
01:05:25de l'information
01:05:26dans le fait de
01:05:27rapporter une version du réel
01:05:28aux gens qui soient
01:05:29la plus proche justement
01:05:30de la vérité.
01:05:31Et ça pour moi
01:05:32c'est un combat
01:05:33qui peut complètement persévérer
01:05:34et je voulais juste dire
01:05:35une dernière chose
01:05:36on parle beaucoup des chiffres
01:05:37on dit tu vois
01:05:38tu disais le 20h
01:05:39c'est 10 millions de personnes
01:05:4012 millions de personnes
01:05:41mais quelle est l'intention
01:05:42de ces gens
01:05:43quand ils regardent la télé ?
01:05:44Je pense qu'il faut
01:05:45commencer quand même
01:05:46à faire une différence
01:05:47entre le quantitatif
01:05:48et le qualitatif.
01:05:49Et nous ce qu'on essaie d'apporter
01:05:50c'est du qualitatif
01:05:51qui va créer tellement
01:05:52d'impact chez les gens
01:05:53qui va tellement transformer
01:05:54parfois leur vision du monde
01:05:55ou commencer
01:05:56à poser des questions
01:05:57à créer une brèche
01:05:58en fait dans leur réalité
01:05:59que ensuite
01:06:00les conséquences
01:06:01vont être bien plus grandes.
01:06:02Et c'est pas pour rien
01:06:03qu'aujourd'hui par exemple
01:06:04la plupart des éditeurs
01:06:05de bonnes maisons d'édition
01:06:07veulent absolument
01:06:08que leurs auteurs
01:06:09et autrices aillent
01:06:10dans des médias indépendants
01:06:11plutôt que dans les grands plateaux
01:06:12parce qu'ils savent très bien
01:06:13que ça ne vend plus
01:06:14d'aller sur les grands plateaux.
01:06:15Et ça, ça raconte quelque chose
01:06:16justement de l'attention
01:06:17qu'ont les gens
01:06:18quand ils écoutent
01:06:19et de la transformation
01:06:20qu'on peut faire
01:06:21de notre audience aujourd'hui.
01:06:22Il nous reste à peu près
01:06:23cinq minutes.
01:06:24Je vais prendre une question
01:06:25du chat que je pense
01:06:26que je vais poser à Emilio
01:06:27parce qu'elle te concerne,
01:06:28elle nous concerne.
01:06:29Est-ce que ça a encore du sens
01:06:30de produire un journal papier
01:06:31en tant qu'objet
01:06:32avec sa une,
01:06:33ses articles carachisés,
01:06:34etc. ?
01:06:35À quel point ça touche
01:06:36les gens au-delà de la une
01:06:37affichée, commentée ?
01:06:38J'ai l'impression
01:06:39que même les journaux
01:06:40plus traditionnels
01:06:41sont plus lus en ligne.
01:06:42Ben c'est nous
01:06:43toute la question
01:06:44à laquelle on est confronté
01:06:45depuis des années.
01:06:46C'est que le papier
01:06:49est parfois vécu
01:06:50comme une contrainte.
01:06:51C'est que de toute façon
01:06:52on arrive le matin
01:06:53et on sait que le lendemain,
01:06:54nous contrairement à vous,
01:06:55on a tant de pages
01:06:56à remplir
01:06:57et donc en fait
01:06:58il faut mettre
01:06:59des choses dedans,
01:07:00il faut remplir des cases.
01:07:01Du coup ça,
01:07:02c'est un impératif
01:07:03alors que ça nous rapporte
01:07:05de moins en moins d'argent
01:07:06et alors qu'on y met
01:07:07beaucoup d'énergie
01:07:08et en même temps
01:07:09c'est aussi
01:07:10ce qui nous fait vivre
01:07:11parce que
01:07:12comme on est un média indépendant
01:07:13on n'a pas de milliardaires
01:07:14derrière nous
01:07:15et comme on attaque
01:07:16les puissants
01:07:17on a très peu de pubs
01:07:18qui arrivent d'avoir
01:07:19de l'aide
01:07:20notamment des pouvoirs publics
01:07:21et c'est conditionné
01:07:22au papier.
01:07:23Et donc c'est là
01:07:24où c'est très très compliqué.
01:07:25Est-ce que ça a toujours du sens ?
01:07:26On voit que oui
01:07:28parce que
01:07:29on a repensé le journal,
01:07:32l'objet journal.
01:07:34D'autres l'ont fait,
01:07:35le New York Times par exemple.
01:07:36Eux ils ont décidé,
01:07:37ils ont pris le pari
01:07:38de réduire le nombre d'articles
01:07:39mais par contre
01:07:40de consacrer plus de temps,
01:07:41plus de moyens
01:07:42à la façon
01:07:43dont ils allaient produire
01:07:45et fournir de l'information aux gens.
01:07:48C'était aussi concomitant
01:07:50avec l'arrivée de Donald Trump.
01:07:51Mais en fait il y a une appétence
01:07:52des gens pour l'information.
01:07:54Il y a aussi des magazines
01:07:56qui fonctionnent extrêmement bien
01:07:57et qui se vendent très très bien
01:07:59parce que les gens ont besoin
01:08:00de s'informer,
01:08:03de prendre le temps de s'informer.
01:08:04Mais par contre
01:08:05quelque chose qui a fait beaucoup de mal
01:08:06et c'est tout le sujet d'Antoine
01:08:07dont on parle depuis tout à l'heure,
01:08:08qui a fait beaucoup de mal
01:08:09y compris au journalisme écrit,
01:08:11c'est les chaînes d'info,
01:08:12on continue,
01:08:13c'est qu'on est revenu
01:08:15dans un système
01:08:16où on ne cherche plus
01:08:17ce qu'on peut apporter
01:08:18journalistiquement,
01:08:19la plus-value journalistique.
01:08:20C'est des discussions
01:08:21qu'on a tous les matins
01:08:22en conférence de réaction.
01:08:23Quelle plus-value on a ?
01:08:24Qu'est-ce qu'on apporte ?
01:08:25Ou est-ce qu'on suit
01:08:26le flux continu de l'actu ?
01:08:27Et en fait de toute façon
01:08:28on ne pourra jamais gagner
01:08:29face aux chaînes d'info
01:08:30parce qu'on ira toujours
01:08:31moins vite qu'elles.
01:08:32Et donc il faut juste réussir
01:08:34à installer le papier
01:08:36comme un rendez-vous
01:08:38qui permette de nourrir
01:08:40l'intellect.
01:08:42En fait on ne fait pas
01:08:43un journal d'information,
01:08:44on ne fait pas un journal
01:08:45d'actualité.
01:08:46Et je pense que c'est ça
01:08:47l'important,
01:08:48mais ce qui ne nous empêche pas
01:08:49aussi de débarquer
01:08:50sur le web,
01:08:51sur Twitch.
01:08:52On est obligé aussi
01:08:53de toute façon
01:08:54de s'adapter aux nouveaux usages.
01:08:55Il nous reste deux minutes,
01:08:56ça vous fait 30 secondes
01:08:57pour conclure chacun,
01:08:58chacune.
01:08:59Aust, vas-y.
01:09:00Je voulais juste dire
01:09:01que le journal papier
01:09:02c'était aussi un enjeu
01:09:03d'accessibilité
01:09:04parce qu'on parle beaucoup
01:09:05de fractures numériques
01:09:06notamment pour l'accès
01:09:07aux services publics
01:09:08et dire qu'en tant que média
01:09:09d'information,
01:09:10si on peut permettre
01:09:11l'accès à l'information
01:09:12de qualité,
01:09:13et qu'on n'a pas forcément
01:09:14l'habitude de s'informer
01:09:15sur internet,
01:09:16le papier ça peut être
01:09:17une bonne alternative.
01:09:18C'est aussi une question
01:09:19générationnelle.
01:09:20Je pense qu'on en parlait
01:09:21tout à l'heure sur
01:09:22quels médias
01:09:23et regardés par qui.
01:09:24Je pense que si on voit
01:09:25l'âge des gens
01:09:26qui achètent un journal papier,
01:09:27on aura aussi un clivage
01:09:28générationnel,
01:09:29c'est une hypothèse.
01:09:30Je te confirme,
01:09:31en tout cas pour nous,
01:09:32quand on regarde
01:09:33la ventilation des chiffres,
01:09:34notre électorat
01:09:35est très très très âgé.
01:09:36Mais donc c'est un enjeu
01:09:37d'accessibilité aussi
01:09:38pour des gens
01:09:39qui ne s'informeraient pas
01:09:41J'ai le Monde
01:09:42en version papier
01:09:43et je me rends bien compte
01:09:44qu'il y a
01:09:45une énorme différence
01:09:46entre la version web
01:09:47qui finalement
01:09:48m'enferme un peu
01:09:49dans les sujets
01:09:50qui m'intéressent,
01:09:51donc la politique,
01:09:52les questions de société,
01:09:53etc.,
01:09:54et que je passe totalement
01:09:55à côté des questions internationales
01:09:56alors qu'à la base
01:09:57c'est quand même
01:09:58ma spécialité.
01:09:59Et maintenant,
01:10:00depuis que je relis
01:10:01le Monde en version papier,
01:10:02ça fait à peu près deux ans
01:10:03que je suis abonnée
01:10:04et que je le reçois tous les jours
01:10:05dans ma boîte aux lettres,
01:10:06les premières pages du Monde,
01:10:07c'est les questions internationales.
01:10:08Et je recommence à avoir
01:10:09un peu l'impression
01:10:10que quand je regardais uniquement
01:10:11sur le web,
01:10:12c'est totalement différent.
01:10:13Et je pense que les deux
01:10:14sont totalement compatibles.
01:10:15Je suis très attachée
01:10:16à la presse papier
01:10:17mais je trouve qu'il y a
01:10:18des choses fabuleuses
01:10:19qui se font aussi.
01:10:20Et puis il y a une tendance
01:10:21qui s'inscrit de plus en plus,
01:10:22je parlais du New York Times,
01:10:23dans la formation
01:10:24de manière générale,
01:10:25ce qu'on appelle
01:10:26les slow news,
01:10:27c'est la façon
01:10:28justement de donner
01:10:29plus de temps
01:10:30à l'investigation,
01:10:31etc.,
01:10:32qu'on peut faire
01:10:33plus facilement
01:10:34avec des formats
01:10:35type podcast,
01:10:36Facebook,
01:10:37Twitter,
01:10:38podcast,
01:10:39documentaire,
01:10:40etc.
01:10:41Mais il y a vraiment
01:10:42cette tendance
01:10:43à ne plus être forcément
01:10:44toujours en réaction
01:10:45à l'actualité
01:10:46mais de prendre le temps
01:10:47de décrypter,
01:10:48etc.
01:10:49Il y a aussi savoir
01:10:50comment on arrive
01:10:51à répondre.
01:10:52Nous, par exemple,
01:10:53on ne réagit pas
01:10:54à l'actualité
01:10:55ou assez peu
01:10:56dans Popol.
01:10:57La dernière chose
01:10:58que je voulais dire,
01:10:59abonnez-vous à Popol Média
01:11:00bien évidemment.
01:11:01Et à l'humanité.
01:11:02Quelques mots
01:11:03pour conclure
01:11:04et après Palomar.
01:11:05Je pense que si tu parlais
01:11:06de temps
01:11:07je pense que ça donne
01:11:08aussi un signal
01:11:09sur notre société
01:11:10qu'on n'a plus
01:11:11le temps de rien.
01:11:12Le modèle de
01:11:13on lit une petite note
01:11:14sur son téléphone
01:11:15entre deux transports
01:11:16c'est dire aussi
01:11:17quelque chose.
01:11:18Hegel avait cette phrase
01:11:19il disait
01:11:20la lecture du journal
01:11:21est la prière
01:11:22de l'homme moderne,
01:11:23quotidienne de l'homme moderne.
01:11:24C'est l'idée
01:11:25qu'avant c'était un rituel
01:11:26c'est pour ça
01:11:27que c'était générationnel
01:11:28c'était ancré
01:11:29mais ça veut dire
01:11:30qu'on a du temps
01:11:31pour se consacrer
01:11:32à autre chose.
01:11:33Je pense que c'est pour ça
01:11:34qu'il faut qu'on trouve
01:11:35une solution
01:11:37pour essayer
01:11:38d'utiliser cet argument
01:11:39pour pouvoir trouver
01:11:40des temps sociaux
01:11:41qui sont disposés
01:11:42pour d'autres choses
01:11:43que l'espèce de règne
01:11:44de l'instantanéité
01:11:45et du rythme infernal
01:11:46que représentent
01:11:47toutes sortes
01:11:48de contenus
01:11:49que ça soit
01:11:50sur les chaînes en continu
01:11:51ou sur les réseaux sociaux
01:11:52etc.
01:11:53Palomar.
01:11:54Moi j'ai envie de dire
01:11:55ne perdez pas votre temps
01:11:56à regarder des chaînes
01:11:57d'information en continu
01:11:58si vous avez l'impression
01:11:59qu'elles vous polluent le cerveau
01:12:00et de regarder des débats
01:12:01qui ne servent à rien.
01:12:02Abonnez-vous
01:12:03aux médias indépendants
01:12:04abonnez-vous
01:12:05à Blast
01:12:06et n'oubliez pas
01:12:07parce que c'est vrai
01:12:08on l'a dit
01:12:09malheureusement pour le moment
01:12:10on n'est pas encore
01:12:11des plateformes
01:12:12de partager les contenus
01:12:13qu'on fait
01:12:14parce que malheureusement
01:12:15quand on a des vidéos
01:12:16qui sortent
01:12:17quand on a des contenus
01:12:18qui sortent
01:12:19s'il n'est pas partagé
01:12:20s'il n'est pas liké
01:12:21vu plusieurs fois
01:12:22dès qu'il vient de sortir
01:12:23l'algorithme va dire
01:12:24toi tu nous intéresses pas
01:12:25et hop
01:12:26on te met dans un trou
01:12:27et tu n'existeras pas
01:12:28et parfois
01:12:29il y a des vidéos
01:12:30qui n'ont même pas
01:12:31la chance d'exister
01:12:32juste parce que
01:12:33pendant les premières heures
01:12:34on a pas réussi
01:12:35à mettre les algorithmes
01:12:36dans tout ça
01:12:37malheureusement on en est dépendant
01:12:38on va trouver d'autres solutions
01:12:39mais donc partagez nos contenus
01:12:40abonnez-vous
01:12:41et abonnez-vous
01:12:42à tous les médias indépendants
01:12:43autant que vous pouvez
01:12:44abonnez-vous à Blast
01:12:45abonnez-vous aux médias
01:12:46soutenez les streamers
01:12:47soutenez Backseat
01:12:48et achetez l'Huma
01:12:49achetez l'Huma
01:12:50abonnez-vous à l'Huma
01:12:51je vous le rappelle
01:12:52on a une offre en ce moment
01:12:53pour vous
01:12:54les viewers
01:12:55les vieweuses
01:12:565 euros
01:12:57pour 5 mois d'abonnement
01:12:58et faites des dons
01:12:59vous avez une commande
01:13:00pour l'exclamation
01:13:01don dans le chat
01:13:02merci beaucoup
01:13:03merci beaucoup
01:13:04de m'avoir épaulé